Notre groupe aborde cette discussion avec gravité et détermination, parce que cette crise agricole est sans précédent. Ce n'est pas une crise de plus, c'est « la » crise, une crise qui frappe toutes les filières. Si on n'y apporte pas une réponse forte, c'en est fini du modèle agricole français. Si, au terme de l'examen du Sénat, ce projet de loi n'était pas modifié, nous aurions des comptes à rendre sur le terrain à nos agriculteurs : ils ne nous le pardonneraient pas.
Ce n'est pas une loi de modernisation : en période de crise, une loi de modernisation est impossible. Je crains que le président de la République n'ait choisi un mauvais moment pour annoncer cette loi, car notre agriculture n'est plus française, elle est européenne et nos marges de manoeuvre sont ténues face aux décisions qui, pour la plupart, viennent de Bruxelles.
Si nous n'apportons pas des réponses rapides et conjoncturelles, le changement structurel ne servira à rien. Nous voulons que l'agriculture continue à jouer son rôle d'aménagement du territoire et que persiste le maillage territorial de l'agriculture familiale.
Cette loi tombe au mauvais moment, alors qu'il nous faut apporter des réponses rapides et aller de l'avant : c'est la quadrature du cercle.
Notre tissu agricole ne peut subsister face à un libéralisme effréné, car la loi du plus fort le détruit à coup sûr. Nous avons donc la responsabilité de réorienter ce texte pour qu'il apporte des réponses structurelles mais aussi conjoncturelles : faute de réponses immédiates, nos campagnes s'embraseront.