Intervention de Monique Cerisier-ben Guiga

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 9 octobre 2008 : 1ère réunion
Moyen-orient — Communication sur un déplacement

Photo de Monique Cerisier-ben GuigaMonique Cerisier-ben Guiga :

a souligné qu'Israël était sorti vainqueur du conflit israélo-arabe, aucun Etat arabe ne représentant une menace réelle pour la vie du pays. La sécurité semble globalement assurée, ce qui donne l'illusion que l'on peut gérer le conflit sans véritablement le résoudre. Les députés israéliens ont confirmé à la délégation que tous les regards se portaient vers l'Iran, son programme nucléaire et les déclarations antisémites de son président. La question palestinienne est devenue secondaire.

Elle a indiqué que du côté palestinien, la situation politique était catastrophique. La fragilisation de l'Autorité palestinienne et de ses responsables, en l'absence de progrès sur le terrain et de percée perceptible dans les négociations, est extrême.

La situation politique voit l'affrontement de deux légitimités issues des urnes : celle du président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, élu en janvier 2005, soutenu par la communauté internationale et dont le mandat expire en janvier prochain, et celle du parti Hamas, sorti démocratiquement vainqueur des élections législatives de janvier 2006 au grand désarroi de cette même communauté internationale. Les prochaines élections législatives devraient avoir lieu en février 2010.

Le morcellement des territoires palestiniens résultant de l'augmentation des entraves à la libre circulation des personnes et des marchandises, de l'amplification de la construction des colonies, notamment autour de Jérusalem-Est, ainsi que les incursions répétées de l'armée israélienne dans les zones sous contrôle de l'Autorité palestinienne, délégitiment celle-ci aux yeux de la population et aboutissent en réalité à renforcer l'influence du Hamas auprès d'elle.

a formulé un constat d'échec de la diplomatie occidentale, qui a manqué l'occasion offerte par l'accord de la Mecque, conclu en février 2007 sous l'égide de l'Arabie saoudite, qui permettait de maintenir un seul interlocuteur du côté palestinien sous la forme d'un gouvernement d'Union nationale. Elle a souligné que la prise du pouvoir par la force à Gaza en juillet 2007 avait consacré une rupture profonde entre les Palestiniens. Il faut désormais faire face à deux Palestine : Gaza et la Cisjordanie. Le blocus quasi complet de la bande de Gaza imposé par Israël après le coup de force n'a pas fait plier le Hamas. Dans ce territoire, misère et radicalisme s'alimentent mutuellement.

a rappelé que les affrontements interpalestiniens avaient fait resurgir le spectre de la guerre civile et que les perspectives du dialogue national interpalestinien souvent annoncé semblaient bien incertaines. Tels sont pourtant les partenaires avec lesquels Israël doit faire la paix.

Résumant les principaux enseignements retirés de cette visite, Mme Monique Cerisier-ben Guiga a souligné que six mois après la conférence d'Annapolis, censée relancer le processus de paix et alors que l'objectif restait de parvenir à un accord avant la fin de l'année 2008, la situation s'était nettement dégradée sur le terrain. Pour autant, elle a estimé que bien que très dégradée, elle n'est irréversible que si les Etats-Unis et l'Union européenne restent passifs et que rien ne serait possible sans une implication extérieure ferme, durable et acceptée par les deux parties.

Elle a considéré que le choix fait par le Président de la République lors de sa visite en Israël de restaurer la confiance en réaffirmant l'amitié de la France ouvrait peut-être une opportunité. Cette manifestation de confiance dans son discours à la Knesset a été l'occasion de rappeler la force des liens qui unissent la France à ce pays, mais aussi de réaffirmer des principes et de dire clairement notre attachement à une solution juste pour le conflit. Ce discours a été très bien reçu par les responsables palestiniens et les personnalités rencontrées, toutes tendances politiques confondues.

a estimé qu'il fallait poursuivre dans cette voie et se concentrer sur un préalable indiscutable : l'arrêt de la colonisation.

Du côté palestinien, elle a souhaité que la communauté internationale enraye le processus de dislocation politique et réintègre le Hamas dans un processus gouvernemental, la stratégie de « containment » du Hamas n'ayant pas porté ses fruits, bien au contraire. Citant Hubert Védrine, selon lequel la diplomatie a été « inventée pour parler à des monstres », elle a considéré que le dialogue ne signifiait pas l'adhésion aux méthodes ni aux discours de l'interlocuteur. Elle a souligné que les islamistes du Hamas étaient nationalistes et que tout l'enjeu était qu'ils le restent alors que, d'ores et déjà, des factions minoritaires à Gaza sont tentées par le jihadisme internationaliste et idéologique.

En conclusion, elle a souligné qu'une part importante de la stabilité régionale se jouait sur cette portion de terre entre Méditerranée et Jourdain, que cette question avait pris un tour nouveau avec le renforcement du Hamas. Par conséquent, la politique de la France et de l'Europe ne peut rester bloquée sur des schémas inopérants.

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