En France, le fermage et le foncier sont très faibles, mais les charges et les emprunts très élevés. D'où une agriculture qui souffre d'un manque de compétitivité. Nous devons lutter contre ce phénomène de distorsion de concurrence. Après Aymeri de Montesquiou, je veux dénoncer l'absurdité des certifications de procédure. Il est anormal que les agriculteurs passent 30 % de leur temps à remplir des papiers !
J'en viens à la lutte contre la disparition des terres agricoles : pas moins de 65 000 hectares disparaissent par an en France ! Monsieur le ministre, vous avez pris de saines mesures, mais peut-être auriez-vous dû vous rapprocher de l'Allemagne qui, par des moyens plus sévères, est parvenue à enrayer le phénomène : il y trois ans, elle perdait 85 000 hectares, contre 30 000 aujourd'hui.
Je crois à l'adaptation et à la moralisation de la loi de modernisation de l'économie. Ce texte est aujourd'hui décalé par rapport aux problèmes agricoles. Entre autres, il faudrait résoudre le problème des retours en nature, que la grande distribution exige depuis la suppression des marges arrière, problème qui paralyse le commerce entre exploitants, industries agro-alimentaires et grande distribution. De même, l'État doit s'engager pour protéger les agriculteurs. Nous avons besoin d'un système de réassurance musclé et de mesures compensatoires pour les petits exploitants et éleveurs qui aménagent nos territoires. Nous ne pouvons pas les laisser mourir la bouche ouverte ! Un milliard suffirait, alors qu'on a dépensé 3,5 milliards pour les restaurateurs. Mais encore faudrait-il trouver des exploitations conformes aux standards européens.
Enfin, la prévention alimentaire. Que de temps perdu, en ce domaine, depuis vingt ans ! Que de place laissée à l'industrie pharmaceutique et à l'Afssa aux dépens de la DGCCRF ! Cela est regrettable car nous pourrions avoir un système d'alimentation moins coûteux pour l'assurance maladie que les compléments alimentaires vendus sous protection pharmaceutique. L'innovation sera un élément déterminant du développement de notre agriculture, avez-vous dit M. le ministre.
Ces suggestions sont conformes à l'esprit du projet de loi, mais vont plus loin. Nos agriculteurs et nos exploitants le méritent. Si nous ne prenons pas de mesures fortes, demain, il n'y en aura plus dans les piémonts des Pyrénées, des Alpes et du Massif central comme les médecins manquent aujourd'hui en zone rurale.