Je me permettrai de rappeler à Mme Gourault les engagements que le Président de la République et moi-même avons pris. Nous n'avons d'autre choix que de favoriser une agriculture plus respectueuse de l'environnement : il serait dommage de se priver du fruit des efforts consentis par les agriculteurs depuis plusieurs années. En outre, la société française souhaite que nous oeuvrions en ce sens ; or, en démocratie, c'est le peuple qui décide. D'ailleurs, il est dans l'intérêt des agriculteurs de réduire leur dépendance aux intrants, notamment phytosanitaires, et de diminuer ainsi leurs coûts de production, si c'est possible techniquement. Mais nous ne pouvons leur demander les mêmes efforts en période de crise, alors même que l'Etat se dispense de ses propres obligations budgétaires. D'après l'Inra, le coût des règles environnementales pour une exploitation de 125 ha, qui s'élève aujourd'hui à 1 500 euros, pourrait atteindre 3 200 euros en 2012 ! Je suis en discussion avec Jean-Louis Borloo à ce sujet. Prenons l'exemple des particularités topographiques : j'y suis très attaché, car elles sont essentielles à la biodiversité, à la préservation des sols et au contrôle du ruissellement. Mais l'objectif de 5 % en 2012 pourrait être différé, à moins que l'on définisse un mode de financement qui allège les charges pesant sur les exploitants.
En outre, il convient de ne pas imposer toujours à nos agriculteurs des règles plus restrictives qu'à leurs collègues européens ! A marché unique, règles uniques. On peut rêver d'une agriculture répondant parfaitement aux exigences environnementales, mais mon rôle est de veiller à ce nos objectifs soient économiquement réalistes. Dans le secteur de l'arboriculture ou celui des légumes, nous sommes près du point de rupture. Mme Gourault a fait référence à l'abrazine, mais celle-ci est interdite en Espagne comme en France. Sans doute pensait-elle aux méthomyles, deux molécules interdites en France mais autorisées partout ailleurs en Europe. Ne serait-il pas raisonnable de nous aligner sur nos voisins ? N'est-il pas paradoxal de dire aux agriculteurs qu'ils appartiennent à un marché unique, mais sont soumis à des règles spécifiques ?