Intervention de Jean-François Le Grand

Commission des affaires économiques — Réunion du 27 juin 2007 : 1ère réunion
Evolution de la situation d'eads — Examen du rapport d'information

Photo de Jean-François Le GrandJean-François Le Grand, rapporteur :

a ensuite détaillé les propositions des rapporteurs pour sortir l'entreprise des difficultés. Il a tout d'abord estimé qu'un processus de normalisation devait se mettre en place, marqué par un dépassement des clivages nationaux -la gouvernance définie en 2000 n'ayant plus de raison d'être- et par une redéfinition du pacte d'actionnaires visant à clarifier le rôle des Etats, ceux-ci ayant vocation à contrôler, et non à gérer. Le rapporteur a ensuite souligné que les Etats devaient pouvoir protéger leurs intérêts stratégiques : l'Etat français comme l'Etat allemand doivent pouvoir contrôler par un droit de veto un champ restreint de décisions qui concerneraient leurs intérêts stratégiques. Pour cela, a-t-il relevé, l'Etat allemand doit participer au capital. La traduction concrète d'une telle évolution serait la création d'une action préférentielle (golden share), possible du fait de la soumission de l'entreprise au droit néerlandais, ou une modification du pacte d'actionnaires permettant aux Etats de s'assurer que la majorité du capital ne basculerait pas entre les mains d'investisseurs n'offrant pas les garanties suffisantes au regard des intérêts essentiels français et allemands.

a également jugé indispensable que la gouvernance soit simplifiée, avec un seul président du conseil d'administration (Chairman) et un seul président exécutif (CEO), qu'elle permette une meilleure intégration pour dépasser les logiques nationales et que l'exécutif du groupe soit dans les mains du CEO, et non des Chairmen.

Il a enfin estimé qu'avec une gouvernance efficace et une organisation restructurée, EADS pourrait affronter trois défis majeurs sur le long terme. Evoquant tout d'abord la faiblesse du dollar, il a jugé plus que jamais nécessaire de rééquilibrer les monnaies et a cité à ce sujet les récentes déclarations du Président de la République indiquant : « On n'a pas fait l'euro pour qu'on ne puisse plus produire un seul avion en Europe ». Il a relevé qu'en l'absence d'un tel rééquilibrage, EADS serait contraint de délocaliser sa production en zone dollar.

Abordant le deuxième défi, celui du retournement cyclique prévisible en 2011-2012, il a précisé que celui-ci devait être envisagé et préparé par l'entreprise dans la mesure où l'augmentation des cadences pouvait provoquer une réalisation plus rapide que prévu du carnet de commandes. Relevant que les besoins de capitaux nécessaires au financement du programme NSR (le successeur de l'A320) devraient également être pris en compte et pourraient apparaître dès 2009, il a ajouté qu'un développement des activités militaires permettrait de réduire l'exposition au cycle sectoriel.

Enfin, s'agissant du troisième défi, la concurrence des Etats-Unis dans le secteur stratégique de l'aéronautique, il a souligné qu'actuellement les aides, indirectes mais réelles, reçues par Boeing constituaient une vraie distorsion de concurrence et jugé d'autant plus étonnant que le dispositif européen d'avances remboursables soit attaqué à l'OMC par les Etats-Unis. Ce système, a-t-il estimé, doit être défendu par l'ensemble des partenaires européens. Enfin, il est nécessaire d'augmenter le soutien public au secteur de l'aéronautique, surtout dans le domaine de la recherche, notamment pour le réseau de sous-traitants constitué par les PME, les régions pouvant notamment soutenir le tissu local du secteur.

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