Je reviens de Tunisie. J'ai été dans cette Tunisie profonde, de l'intérieur, c'est-à-dire toute celle qui n'est pas sur la côte. J'y ai constaté l'effondrement du patriarcat. Qu'en pensez-vous ? N'est-il pas la cause de l'effondrement des systèmes autoritaires ? Par ailleurs, les Tunisiens font la différence entre la « corruption » qui est un phénomène banal pratiqué au quotidien par l'administration et la « prédation » qui est le fait du coeur de l'Etat et qui s'est traduit, paraît-il, par une confiscation de 2 à 3 % du PIB annuel de ce pays, c'est-à-dire ce qui manquait pour créer des emplois. Est-ce la même chose en Syrie ? Vous dites qu'ils n'ont pas de conscience politique. Je peux vous assurer qu'ils sont en train de s'en doter. Ils ont redécouvert leur passé, en particulier la révolte fiscale contre le Bey de Tunis de 1864.