Intervention de Daniel Reiner

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 3 novembre 2010 : 1ère réunion
Loi de finances pour 2011 — Audition du général elrick irastorza chef d'état-major de l'armée de terre

Photo de Daniel ReinerDaniel Reiner :

Si le budget prévu pour 2011 dispose de ressources légèrement inférieures à celles de 2010, il me semble cependant que la difficulté principale découle de la gestion des ressources humaines : la réduction des effectifs ajoutée à la restructuration des garnisons et à la mise en place des bases de défense me semblent être trop rapides pour être menées sereinement. Le différentiel financier au regard des sommes prévues par la Loi de Programmation Militaire est modéré, mais conduit au décalage de certains programmes comme le LRU (lance roquettes unitaire), mais surtout le programme Scorpion. Celui-ci devait, en effet, être facteur d'économie, et je m'interroge sur les conséquences de ce retard pour l'armée de terre. J'observe que plusieurs projets concurrents sont proposés par les trois industriels français des blindés : Nexter, Panhard et Renault pour les équipements futurs. Comment le choix sera-t-il opéré ? Enfin, je relève, dans le calendrier des opérations d'acquisitions établi par la LPM, que l'achat de 11 avions Rafale a été anticipé au profit de l'armée de l'air : quelles en seront les conséquences sur l'équipement des autres armées ?

Général Elrick Irastorza - Le but du programme Scorpion est de constituer un ensemble capable de se substituer aux différents équipements et systèmes d'information empilés au fil du temps et qui avaient donc des difficultés à communiquer entre eux et généraient un soutien complexe. Au moment où nous devons envisager la rénovation des chars Leclerc, des équipements neufs comme le VBMR et l'EBRC (engin blindé de reconnaissance et de combat) et les systèmes d'information et de combat associés, cette opération d'ensemble doit nous permettre d'utiliser éventuellement la même motorisation, la même électronique de bord ou d'intégrer les mêmes contrats de service post-production.

A l'intérieur de Scorpion, certains programmes peuvent glisser. La question se pose pour la rénovation des chars Leclerc. L'urgence est le remplacement du VAB. Les derniers pourront être utilisés jusqu'en 2025. Son successeur, le VBMR, pourrait être décalé en 2016 mais pas au-delà. Il est nécessaire d'acquérir à l'avenir des engins blindés « basiques » qui seront ensuite adaptés, théâtre par théâtre, en fonction des besoins. Ce coût de 1 million d'euros pour l'engin de base n'est pas neutre. Je rappelle que le véhicule Aravis protégeant son équipage des engins explosifs improvisés, coûte 1 million d'euros pièce. Ceci souligne la nécessité d'une cohérence dans la conception des futurs blindés.

Le coût représenté par 11 Rafales est équivalent à celui de 11 petits programmes de l'armée de terre portant, par exemple, sur le LRU, l'achat de mitrailleuses, de tourelleaux télé-opérés ou de PVP (petits véhicules protégés). Je ne peux que constater que, à enveloppe constante et à iso périmètre, toute dépense supplémentaire faite au profit d'une armée se fera mathématiquement au détriment des autres.

La cible d'acquisition des VBMR, qui devront durer de 30 à 40 ans, est de 977 en phase 1 et de 2 326 au total. En comparaison, le VBCI a une durée de vie estimée à 40 ans et le VAB aura été utilisé durant une cinquantaine d'années. Cette longue durée d'emploi souligne la nécessité de préserver des capacités d'adaptation au fil des besoins. S'agissant des VBMR, l'essentiel est que le programme entre en production.

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