Je relève que le nombre initial de bases de défense, qui était de 90, est désormais de 60 : quels sont les éléments critiques de cette mise en place ? Par ailleurs, quel enjeu constitue pour les armées le développement de sociétés militaires privées (SMP) ?
Général Elrick Irastorza - Nous passons d'un système privatif d'administration à une administration confiée à d'autres, les bases de défense. Les bases de défense, sortes de circonscription militaire d'administration, déchargent les chefs de corps de la responsabilité de la gestion administrative courante ; désormais ils ne sont plus responsables que de la formation et de la préparation opérationnelle de leur unité, de la gestion de commandement de leurs hommes et de leurs équipements de combat. Le reste leur échappe. Ce transfert suscitera des difficultés de fonctionnement, notamment en matière de sélection des priorités, et nécessitera des contractualisations mais cela se fera et je ne suis pas fondamentalement inquiet. L'enjeu principal porte sur l'effectivité des réductions de personnels que cette organisation doit impérativement permettre en 2013-2014, lorsque les économies découlant de ce soutien commun commenceront à se faire sentir. Car pour l'instant nous nous sommes limités à un jeu de taquin et il faudra imputer sur les soutiens communs la charge de déflation associée aux effectifs transférés. A défaut, il faudra supprimer par tranche de 800 personnes un régiment.
J'ai souligné combien la formation et l'entraînement d'un soldat est une tâche difficile : c'est la raison pour laquelle on peut envisager l'externalisation de certaines fonctions comme par exemple le gardiennage. Mais l'emploi de la force publique doit rester contrôlée par l'État, et ne pas être confiée à des sociétés militaires privées. Il ne faut pas perdre de vue que l'armée de terre est une armée de citoyens français professionnels et non de lansquenets.