Intervention de Jean-Pierre Chevènement

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 12 octobre 2010 : 1ère réunion
Loi de finances pour 2011 — Audition de M. Hervé Morin ministre de la défense

Photo de Jean-Pierre ChevènementJean-Pierre Chevènement :

Nos moyens financiers sont limités, et le seront encore davantage si les recettes exceptionnelles se révèlent moins élevées que prévu. Sur l'Europe, je partage votre constat. Le Royaume-Uni et la France consacrent 2 % de leur PIB à leur défense en comptant large, en Allemagne l'opinion publique est pacifiste et ses dirigeants se contentent de verser un maigre tribut à l'Otan, et depuis que j'ai inauguré la brigade franco-allemande et le Conseil de défense franco-allemand, en 1988, rien n'a changé. On espérait pourtant beaucoup de la défense européenne ! Je ne crois pas que la méthode intergouvernementale soit en cause : Jacques Delors n'aurait rien fait sans l'assentiment de François Mitterrand et Helmut Kohl. Soyons réalistes, et privilégions des coopérations à géométrie variable.

La France pourrait donc coopérer avec les Britanniques, mais ceux-ci réduisent leur budget militaire de 10 %. Pourront-ils conserver quatre sous-marins nucléaires ? Envisage-t-on d'entretenir en commun nos ogives nucléaires ? N'oublions pas que les Britanniques restent tournés vers les Etats-Unis.

Quant à l'Otan, elle est en crise. Elle demande de l'argent pour construire un bouclier antimissile, mais nous avons déjà tant de mal à maintenir nos forces que nous ne pouvons pas nous lancer dans ce projet fuligineux : j'approuve entièrement votre position. Il faut seulement dégager 50 millions d'euros par an pour entretenir nos compétences.

Les Européens se réveilleront peut-être de leur léthargie quand les pays émergents seront capables d'envoyer des missiles à longue portée, ou qu'ils seront menacés par des fusées tirées au Moyen-Orient. Nous devons nous y préparer en préservant notre force de dissuasion et nos principaux programmes d'équipement.

Je m'interroge enfin sur les retards pris dans la modernisation des Mirage 2000D et dans la réalisation du lance-roquettes unitaire, alors que nous avons abandonné le lance-roquettes multiple pour des raisons bien connues que je ne commenterai pas.

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