Intervention de Amiral Edouard Guillaud

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 14 octobre 2010 : 1ère réunion
Loi de finances pour 2011 — Audition de l'amiral edouard guillaud chef d'état-major des armées

Amiral Edouard Guillaud, chef d'état-major des armées :

La défense consacrera en 2011 environ 2,6 milliards d'euros à l'entretien programmé du matériel. Notre matériel est en effet soit très jeune, soit très vieux, Transall, VAB, navires. Entre ces deux catégories, il n'y a pas grand-chose car pendant un certain nombre d'années, on a arrêté d'investir pour renouveler les équipements. La durée de vie moyenne d'un grand nombre de matériels dépasse les 25 ans voire atteint 45 ans pour ceux sur lesquels on pratique l'acharnement thérapeutique !

On a créé un service de soutien de la flotte, puis la Simmad pour l'armée de l'air, la marine et l'Alat ; et nous sommes en train de créer la Simmt pour le matériel terrestre. La rationalisation permet en effet d'éviter les dérives. Tout cela fait partie de la réforme du ministère et répond à la contrainte de la RGPP comme à la nécessité d'une modernisation. La priorité va aux opérations ; en Afghanistan, nos hommes disposent d'un matériel en bon état même si l'esprit français trouve toujours à redire.

Dans les années soixante et soixante-dix, la durée de vie d'un avion de combat était de vingt ans environ ; tous les quinze ans, un nouveau programme débutait, Mirage III puis Mirage F1 par exemple. C'était encore le cerveau humain qui était le coeur du système. Quinze ans, c'était aussi la durée de vie active d'une chaîne de production ou d'un bureau d'études. Puis sont apparus le Super-Etendard, le Mirage 2000, plus complexes et à durée de vie plus longue. Il se passe donc 25 ans entre deux programmes : le savoir-faire d'un bureau ou d'une ligne de production se perd entre temps. La première livraison de Rafale, avion qui représente la quatrième génération, ou quatrième « et demi », date de 2000 ; mais la déclaration du caractère opérationnel, la « full operational capability » (FOC) a été signée par l'armée de l'air en 2008 seulement ! Et le programme avait commencé en 1986.

Le premier avion de cinquième génération, le Joint Strike Fighter (JSF) américain vole à l'état de prototype ; les premières livraisons devraient intervenir en 2016 et la FOC en 2025. Arrêtons cela ! Arrêtons, nous militaires, de demander la lune, freinons les appétits de nos hommes et les rallonges de nos ingénieurs, car sur un porte-avions, 1 % de capacité supplémentaire alourdit le coût de 20 % !

Les acheteurs potentiels de Rafale attendaient de connaître ses capacités réelles, qui ne sont connues que depuis 2008. Trois Rafale sont stationnés aux Emirats Arabes Unis, d'autres participent aux exercices interalliés, ou sont déployés en Afghanistan. Nos pilotes sont ravis, les pilotes étrangers envieux, les scores dans les exercices conjoints, spectaculaires. L'avion est éprouvé donc exportable depuis deux ans. La course à la technologie, sur les drones, les futurs blindés, etc. doit être freinée, nous n'avons pas les moyens des Etats-Unis. Le délégué général pour l'armement, M. Laurent Collet-Billon, en est conscient comme moi. Les industriels sont plus difficiles à convaincre...

Le nombre des journées de préparation et d'activité opérationnelle est toujours fixé à 120...

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