Intervention de Amiral Edouard Guillaud

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 14 octobre 2010 : 1ère réunion
Loi de finances pour 2011 — Audition de l'amiral edouard guillaud chef d'état-major des armées

Amiral Edouard Guillaud, chef d'état-major des armées :

Sur le post-2013, j'ai des inquiétudes. Dés la rédaction du Livre blanc en 2007-2008, sa réactualisation a été prévue, tous les cinq ans. Les futurs gouvernements, après les prochaines élections, vérifieront si l'analyse géostratégique alors effectuée reste valide - je crois pour ma part que tel est le cas. A Dieu ne plaise que nous perdions 30 000 effectifs, cela changerait non seulement notre modèle mais aussi notre niveau d'ambition !

Dans la trajectoire jusqu'à 2013, la dissuasion n'est pas touchée - je n'aime pas le mot « sanctuarisée » qui vous vaut aussitôt les critiques des jaloux. J'en suis un ardent promoteur, elle est notre assurance-vie, sans laquelle on ne peut rien construire !

Les livraisons d'ASMP-A, des différentes versions de M51, nouveaux vecteurs, puis nouvelles têtes en 2015, se poursuivent. Le Terrible reçoit actuellement son chargement de missiles M51. Le calendrier sera tenu, aussi bien pour les M51.1 en 2010 que les M51.2, équipés de têtes de nouvelle génération en 2015.

Pour la composante aéroportée, le Rafale équipé d'ASMP-A a été déclaré opérationnel en juillet dernier. Les derniers ASMP-A seront livrés en fin 2011. On passera de trois à deux escadrons, un de Mirage 2000 dotés d'ASMP-A, l'autre de Rafale. Pour l'instant, le calendrier est tenu. Si une marche apparaît, on verra s'il faut ou non la combler, mais le choix sera fait en toute lucidité. La période est compliquée, il serait très déstabilisant de subir un deuxième coup de rabot !

Vous évoquez les discussions avec les Britanniques, pardonnez-moi de rester discret sur les aspects nucléaires... Les armées et la DGA y sont associées. Une volonté forte existe des deux côtés de la Manche : c'était déjà le cas sous le gouvernement travailliste de M. Brown, mais alors que nous nous interrogions sur ce qu'allait faire M. Cameron, le processus s'est accéléré. Il n'y a aucun tabou. Nous avons convergé sur la maintenance commune de l'A400M, la lutte contre les mines navales ; pour l'entraînement des pilotes, la convergence est plus difficile. Une utilisation partagée des ravitailleurs en vol ne doit pas se traduire par un surcoût pour nous ! Quoi qu'il en soit nous avons des réunions bihebdomadaires et je parle une fois par semaine au téléphone avec mon homologue. Nos deux pays partagent la même analyse géostratégique, la même volonté politique et le même sentiment d'urgence. Un sommet franco-britannique se tiendra le 2 novembre en Grande-Bretagne, où nous lancerons une action de longue haleine. « It's a rosy perspective, but in the long term », comme le résume mon homologue d'outre-Manche avec flegme - il est vrai que notre voisinage, foi de Normand, est ancien.... Les technostructures militaires, aussi puissantes que les civiles, pourraient freiner les choses, chez nous comme chez nos partenaires. Mais nous savons manier le fouet quand il le faut...

Si nous décidons de passer commande auprès de General Atomics, nous aurons du mal à obtenir des off-set car nous devrons déjà dépasser tous les autres clients dans la file d'attente...

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