Nous nous sommes déplacés du 5 au 10 février 2012 en Azerbaïdjan à l'invitation du comité des réfugiés, avec qui je travaille depuis plusieurs années. J'ai été invitée à créer une petite délégation parlementaire afin de faire un peu mieux connaître ce pays et le conflit qui l'oppose à l'Arménie.
Ce déplacement avait été prévu avant le dépôt par Mme Boyer de la proposition de loi réprimant la négation des génocides. Nous avons été reçus par le Président de la République, les ministres des affaires étrangères, du développement économique et de la diaspora, la Première Dame, et avons effectué des visites de camps de réfugiés.
Dès le premier jour nos interlocuteurs nous ont fait part de leurs préoccupations, au premier rang desquelles figure la loi pénalisant la négation des génocides. L'Azerbaïdjan est en conflit avec l'Arménie sur la question du Haut-Karabagh et l'occupation des 7 provinces adjacentes, et la France est coprésidente du groupe de Minsk, dont le but est de résoudre ce conflit, or le texte a pu être perçu comme une rupture de la neutralité de la France au sein de ce groupe. Les autorités azerbaïdjanaises ont néanmoins gardé toute leur confiance en notre pays, puisqu'ils n'ont pas souhaité son remplacement au sein du groupe de Minsk et n'ont pas voulu adopter de sanctions économiques ou diplomatiques, contrairement à la Turquie. Nous avons assuré de la position de la neutralité et de l'objectivité de la France auprès des instances rencontrées.
L'Azerbaïdjan est un pays qui a un développement économique important, une présence culturelle forte ... mais la question centrale est celle du statut des réfugiés. Sur 9 millions d'habitants, 1 million sont des réfugiés en provenance des 7 provinces occupées par l'Arménie. Beaucoup d'argent public est leur consacré, avec un effet négatif qui est qu'en les sédentarisant, les réfugiés perdent l'espoir de rentrer un jour chez eux.
L'Azerbaïdjan se situe entre le Daguestan russe et l'Iran, c'est un pays jeune et démocratiquement perfectible, mais qui revêt une importance stratégique et géographique de premier ordre, et tout à fait particulier, puisqu'il s'agit d'un pays musulman laïc qui comporte plusieurs communautés religieuses chrétiennes et juives, et qui entretient des relations diplomatiques avec Israël. Il mérite donc toute notre attention, autant pour sa position dans l'approvisionnement énergétique européen que pour sa place géographique qui présente des atouts de stabilité dans la région.
Quant au conflit, il fait des victimes tous les jours dans les zones de contact, il faut soutenir les efforts du groupe de Minsk, et pourquoi ne pas auditionner l'Ambassadeur Faure, notre représentant au sein de cette instance ?