Ce qui aurait coûté moins cher, c'eût été de régler le problème dès son apparition, en 2009. Si on ne l'a pas fait, c'est que les instruments nous manquaient : une gouvernance calamiteuse. Croyez-vous que la Grèce serait revenue à la surface comme l'Argentine ? Mais leurs situations ne sont pas comparables ! L'Argentine est un pays émergent, riche de potentialités !
En politique, monsieur Germain, on ne ressent jamais mieux les nécessités que lorsque l'on est confronté à une situation de crise : Jean Monnet ne disait pas autre chose. Je ne confonds pas la crise et le chaos, car je crains le chaos. Vous évoquez 1914 ? C'est quand on laisse les choses aller jusqu'à l'inextricable qu'il faut craindre le spectre de la guerre.
Vous avez raison de souligner la différence entre marché intérieur et zone euro. La divergence n'est d'ailleurs pas seulement dans les préoccupations, mais dans les modes de décision. Que peut l'Euroland quand le marché intérieur avance dans la codécision à coups de directives et de règlements dont les conséquences financières ne sont pas toujours bien mesurées ?
Au milieu de tout cela, les citoyens sont dans l'épreuve, et le vivent d'autant plus mal que les discours politiques, vous avez raison, mélangent tout. L'élection présidentielle devrait pourtant être l'occasion de prendre la mesure des vrais enjeux, plutôt que d'attiser les passions. C'est aussi pourquoi il serait bon qu'émergent une opinion publique européenne, et des partis européens.
Il est vrai, monsieur Botrel, que l'euro a fait naître beaucoup d'espérances, mais il n'est qu'un instrument, en aucun cas une politique économique, comme on l'a laissé croire. C'est ainsi qu'on a laissé filer les déficits, par un effet d'anesthésie. On le paiera cher : la crise appelle des réparations onéreuses.
Le vrai sujet, ce sont les disparités entre Etats. Le pilotage de la zone euro ne peut en faire l'économie. Je l'ai dit : si le commerce de la zone est globalement équilibré, les écarts sont criants. Y compris entre la France et l'Allemagne. Et c'est ainsi que se creusent des déficits qu'on ne pourra pas toujours combler en injectant de l'argent public.
L'Europe est une cause passionnante, elle mérite un meilleur traitement. Je vous remercie de m'avoir entendu.