Intervention de François Loos

Commission du développement durable, des infrastructures, de l'équipement et de l'aménagement du territoire — Réunion du 11 juillet 2012 : 1ère réunion
Audition de M. François Loos président de l'agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie ademe

François Loos, président de l'ADEME :

Je vous remercie de toutes ces questions qui me démontrent, s'il en était besoin, combien les fonctions que j'occupe sont intéressantes !

Pour répondre à Marcel Deneux, je souhaiterais préciser que l'ajout de produits alimentaires est autorisé en Allemagne dans le cadre de la méthanisation. Les agriculteurs allemands peuvent améliorer la méthanisation par l'ajout de céréales et deviennent de ce fait producteurs d'énergie. Ce n'est pas le cas en France et notre tarif de rachat est moins intéressant que celui pratiqué en Allemagne. De surcroît, en Allemagne, la traduction en gaz est possible. Si l'on veut méthaniser davantage en France, il faut que de nouvelles règles soient fixées.

Ceux qui ont parlé de biocarburants voient bien la difficulté à laquelle nous sommes confrontés aujourd'hui. Je suis à l'origine des tarifs plus élevés pratiqués sur les biocarburants : il fallait provoquer une onde de choc pour initier les investissements. Des centaines de millions d'euros ont été investis pour construire des usines de biocarburants. En comparant l'effet des biocarburants à l'échelle mondiale, nous nous sommes rendu compte, avec le changement d'affectation des sols dans le monde, que notre production supplémentaire causait indirectement des problèmes alimentaires. Ceci est très discutable, notamment techniquement, car ce qui est vrai pour la betterave, et donc pour l'éthanol, ne l'est pas du tout pour le blé et le colza. De ce fait, les Européens souhaitent rester sur le statu quo des quantités et des proportions qu'il est possible d'incorporer. La question est la même que pour la méthanisation : combien de notre production alimentaire accepte-t-on d'utiliser pour des usages autres qu'alimentaires ? Il s'agit là de choix politiques. L'Allemagne a choisi d'aider ses agriculteurs en leur permettant de transformer en énergie, dans de très bonnes conditions, certaines productions, ce qui est indirectement une subvention à l'agriculture. Il faut continuer à travailler là-dessus.

Si les actions de l'ADEME diffèrent d'une région à l'autre, c'est parce que nous avons passé avec chacune des régions de France un contrat, qui est en quelque sorte parallèle au contrat de plan. Chaque région décide avec l'ADEME régionale des priorités. Ces procédures sont harmonisées dès lors que la procédure est nationale. Par exemple, sur le fonds chaleur, tout ce qui est fait par les régions est national, mais il existe des aides qui diffèrent en fonction des objectifs poursuivis par les régions.

La politique de communication est importante pour la sobriété. Après avoir laissé à la disposition du ministre en charge du Grenelle notre politique de communication, nous préparons de nouveaux actes, en liaison avec l'actuelle ministre de l'énergie, qui seront lancés en début d'année prochaine.

Existe-t-il une utilisation rationnelle du photovoltaïque ? Pour démarrer le photovoltaïque, il fallait des tarifs élevés et, par la suite, s'adapter à l'évolution des prix. Aujourd'hui, la France compte des fabricants potentiels de cellules de très bonne qualité, à de très bons tarifs. Il faut savoir que les cellules fabriquées en Chine sont vendues pour 70 % en France, en Allemagne, en Italie et en Espagne. Les pays développés se sentent donc porteurs de cette politique. Il est important de se demander si le photovoltaïque peut atteindre des tarifs compétitifs avec ceux du nucléaire. Je constate que les tarifs du photovoltaïque ont atteint des niveaux comparables avec le prix de l'électricité nucléaire en France. Le discours selon lequel le photovoltaïque est plus cher que l'électricité est un discours daté, ce n'est plus le cas. Aujourd'hui, lorsque le photovoltaïque est utilisé de façon optimale, il peut coûter environ 120-150 euros, quand le prix de l'électricité en France s'élève à 120 euros le mégawatheure. C'est très intéressant, car cela signifie que, demain, le développement du photovoltaïque pourra être généralisé. On ne pourra pas remplacer le fuel, le charbon et le gaz que par de la biomasse. Par ailleurs, la consommation d'électricité va augmenter. Les électricités photovoltaïque et éolienne, simplement expérimentées dans les pays les plus développés, sont donc très intéressantes. Une fois développé et bien installé, le photovoltaïque pourra être moins cher que l'électricité.

Les problèmes étudiés dans le cadre des Investissements d'avenir sont ceux du stockage et de l'intermittence. Mais le photovoltaïque reste une réponse à l'augmentation des besoins d'électricité du reste du monde. Il ne faut pas voir le problème aux bornes de la France ou de l'Europe. Nous procédons aujourd'hui au développement du photovoltaïque qui servira demain en Afrique et en Inde.

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