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Interventions sur "poutine" de Claude Malhuret


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Madame la Première ministre, mesdames, messieurs les ministres, le 1er mars dernier, alors que les troupes russes encerclaient Kiev, et qu’on nous expliquait que l’Ukraine serait écrasée en quelques jours, je commençais mon discours à cette tribune par la phrase suivante : « L’invasion de l’Ukraine pourrait bien être le premier clou sur le cercueil de la dictature de Poutine. » Cette perspective paraît sans doute moins irréaliste aujourd’hui.

Le césarisme appuyé sur une propagande sans limites et un nationalisme guerrier est la recette de toutes les dictatures ; jusqu’à ce qu’elles fassent le pas de trop. Pendant vingt ans, Poutine a mis en pratique le proverbe arabe : « Un chameau se mange par morceau. » Une patte au moment de la Tchétchénie, une jambe avec l’Ossétie, une cuisse avec l’Abkhasie, et la suite, Transnistrie, Crimée, Donbass. Devant notre inaction, il s’est dit qu’avec l’Ukraine, il pouvait manger le chameau d’un seul coup. Il est en train de mourir d’indigestion. Il y a peu d’exemples dans l’Histoire où l’ag...

...us ouvre les yeux. Les dictateurs sont revenus. Certains les avaient crus vaincus à jamais à la fin du XXe siècle. Sous nos yeux, l’Internationale des tyrans se reforme pour se venger, abattre l’Occident, mettre à bas la démocratie. Malgré les erreurs catastrophiques de la Russie, Moscou, Pékin, Téhéran, Pyongyang et d’autres renforcent leurs liens, sous le regard attentif d’Ankara. La guerre de Poutine n’est qu’un prélude. Les prochaines générations doivent savoir que, outre la crise climatique, le vrai défi à venir sera la menace des dictatures sous la conduite de la Chine. La deuxième guerre froide a commencé. Si nous en sommes là, c’est aussi à cause de nos propres lâchetés. Ce qui s’est passé, c’est non pas – n’en déplaise à Fukuyama – « la fin de l’Histoire », mais la sortie de l’Europe d...

Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, mes chers collègues, l’invasion de l’Ukraine pourrait bien être le premier clou sur le cercueil de la dictature de Poutine, comme l’invasion de l’Afghanistan fut le premier clou sur le cercueil de l’Union soviétique. Poutine est fou comme le sang est rouge. Ce n’est pas une insulte, c’est un diagnostic. Le discours sépulcral du 21 septembre ne laisse aucun doute : c’est un paranoïaque doublé d’un mythomane. Plus il élimine toute contradiction, plus il échappe à la réalité, au profit de son idée fixe et funeste : se ...

En face de lui, un homme, debout : Zelensky. Lorsqu’on ignore la réalité, elle se venge. Poutine voulait diviser l’Europe, il la cimente. Il voulait ridiculiser l’OTAN, il la retrempe. Il voulait humilier les États-Unis, il ressuscite Biden après Kaboul. Il voulait rallier à lui les régimes autoritaires ; la Chine s’inquiète, la Turquie montre les dents, et le Kazakhstan refuse l’envoi de ses soldats. Il pensait prendre l’Ukraine en trois jours, il est embourbé pour longtemps. Confiné dans...

Mais leurs dernières déclarations atteignent des sommets. Mélenchon a ainsi déclaré le 18 janvier dernier : « Qui ne ferait pas la même chose avec un voisin pareil, un pays lié à une puissance qui les menace continuellement ? » Le Pen a dit pour sa part : « Mon point de vue sur l’Ukraine coïncide avec celui de la Russie. » Quant à Zemmour, il a affirmé : « Il faut arrêter de faire de Poutine l’agresseur, c’est Poutine l’agressé. Poutine est l’allié qui serait le plus fiable. » Depuis que tout le monde a compris leurs mensonges, ils ont réinventé le « oui mais ». Ils condamnent, car ne pas le faire serait un suicide électoral, mais ils ne changent pas d’avis. Tout est de la faute de l’Occident, il ne faut surtout pas de sanctions et faire attention à la troisième guerre mondiale. Mé...

Ces paillassons de Poutine, après en avoir été les caniches, sont candidats à la Présidence de la République. Ils ont condamné le dictateur du bout des lèvres, mais leurs trolls inondent les réseaux de messages à sa gloire et leurs députés européens ont refusé de voter l’aide à l’Ukraine. Pendant des années, nous avons tenté de faire comprendre qui était Poutine. Nous étions trop peu nombreux face aux idiots utiles de l’E...

Trop peu nombreux, nous étions par là même trop faibles. Le 24 février 2022 restera dans l’Histoire comme le jour prodigieux du grand basculement. Le plus grand succès de Poutine, c’est de nous avoir ouvert les yeux. Nous nous sommes réveillés bien tard, mais nous nous sommes réveillés ! Pour la première fois, nos sanctions sont plus que des coups de griffe. Elles comprennent le blocage des réserves de la banque centrale, la déconnexion du système Swift, l’arrêt de Nord Stream 2, la saisie des avoirs des corrompus, la fermeture des espaces aériens, le bonheur de la livra...

...Je demande enfin qu’elles soient accompagnées du message clair selon lequel l’assassinat de Zelensky entraînerait une riposte bien plus massive encore. Quant à la cinquième colonne, elle va se déchaîner dans toute l’Europe pour relayer les menaces du tyran et expliquer que, comme vous êtes responsables de la guerre en Ukraine, vous serez responsables, demain, de la troisième guerre mondiale dont Poutine brandit la menace. Pour l’heure, autre miracle : personne n’y croit. Comment penser qu’un hypocondriaque qui s’ausculte toute la journée soit prêt à mourir sous les frappes ou à finir ses jours dans un abri antiatomique, comme Caïn dans son souterrain ? Lorsque nous aurons pris ces sanctions et que nous nous serons préparés à un long conflit – car cette guerre sera longue –, il nous faudra rele...

...ommence à en avoir en France, comme l'explique bien le New York Times d'hier. La Russie ne séduit pas seulement les partis extrémistes, de droite ou de gauche, qui adorent par principe les dictateurs, mais aussi les partis démocratiques, y compris le mien, où je crois désormais entendre le claquement des talons de Daladier sur les trottoirs de Munich - soit dit sans vouloir aucunement comparer M. Poutine à Hitler, naturellement. À l'approche des élections présidentielles, les manoeuvres ont commencé : attaque des serveurs de M. Macron, actions similaires en Allemagne, aux Pays-Bas, ou ailleurs. Dans quelle mesure les Russes peuvent-ils nuire à nos processus électoraux ? Comment nous protéger ?

Combien de temps Poutine pourra-t-il tenir son cap ? Il méprise l'Europe et les États-Unis « décadents » mais semble surestimer ses possibilités et sous-estimer ses insuffisances : crise économique profonde marquée par une dévaluation du rouble, dilapidation des ressources pétrolières et gazières, partenariat déséquilibré avec la Chine. Vous l'avez dit, le PIB de la Russie est équivalent à celui de l'Italie ; ajoutons qu...

Je regrette d'être en désaccord avec la plupart de vos analyses. En revanche, il est parfaitement vrai qu'aucune décision ne devrait être prise sans référence aux données de l'histoire et de la géographie. Comment dire que la Russie n'est pas un empire ? Elle l'a toujours été, depuis les tsars jusqu'à l'empire soviétique qui a culminé sous Brejnev, dont je rappelle que Poutine a été un serviteur. Il en porte encore la nostalgie. Comment nier dans ces conditions ses ambitions impérialistes ? Dire que Gorbatchev a décidé de mettre un terme à la guerre froide n'est pas sérieux. L'URSS avait perdu cette guerre. Le seul mérite de Gorbatchev a été d'organiser la dissolution de l'empire de manière pacifique. On ne peut pas nier non plus que la Crimée ait été annexée. Certes, ...