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...n ayant demandé lui-même son inscription à l’ordre du jour du Sénat. Un an après l’invasion de l’Ukraine, nous avons appris plusieurs leçons fondamentales. La première est l’ampleur des mensonges que le Kremlin a orchestrés sans relâche depuis des années pour justifier ses agressions successives : l’Occident est responsable de tout, l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (Otan) menace la Russie, soutient des nazis et des criminels de guerre, multiplie les provocations ; l’Europe est le valet de l’impérialisme américain. Ces discours délirants, relayés avec constance par le parti prorusse en Europe, ont trompé beaucoup de monde. Ils ont volé en éclat le jour de juin dernier à Saint-Pétersbourg où Poutine lui-même a fini par avouer ce qu’il pense depuis toujours : l’Ukraine est russe et,...
...er l’Europe ? Il l’a soudée. Ridiculiser l’Otan ? Il l’a renforcée. Humilier les États-Unis ? Il a ressuscité Biden après Kaboul. Prendre la tête des dictatures ? La Chine s’inquiète, la Turquie montre les dents, le Kazakhstan et toute l’Asie centrale en profitent pour prendre le large. Conforter sa dictature par ses conquêtes ? Les troubles commencent dans les républiques de la Fédération de Russie elle-même. Démontrer l’isolement de l’Occident ? À L’ONU, 143 pays, contre 4, condamnent la Russie. Il est acculé stratégiquement, économiquement, militairement. Que va-t-il faire ? Tout simplement ce qu’il sait faire, ce qu’il fait depuis toujours : un conflit gelé à ses frontières, puisque l’Ukraine ne peut franchir la frontière russe, et une guerre hybride contre l’Occident, pour y semer le ...
M. Claude Malhuret. À chaque conflit avec l’Occident, l’URSS, puis la Russie ont recouru au même stratagème : le pacifisme. Dans les années 1930, c’est le Mouvement pour la paix, orchestré par les partis communistes européens et les idiots utiles, les Sartre, Aragon et autres, qui a désarmé les démocraties.
Le seul côté positif de la guerre en Ukraine est qu’elle nous ouvre les yeux. Les dictateurs sont revenus. Certains les avaient crus vaincus à jamais à la fin du XXe siècle. Sous nos yeux, l’Internationale des tyrans se reforme pour se venger, abattre l’Occident, mettre à bas la démocratie. Malgré les erreurs catastrophiques de la Russie, Moscou, Pékin, Téhéran, Pyongyang et d’autres renforcent leurs liens, sous le regard attentif d’Ankara. La guerre de Poutine n’est qu’un prélude. Les prochaines générations doivent savoir que, outre la crise climatique, le vrai défi à venir sera la menace des dictatures sous la conduite de la Chine. La deuxième guerre froide a commencé. Si nous en sommes là, c’est aussi à cause de nos propres l...
... que pour ceux qui ne l’avaient pas encore compris. L’invasion russe n’est qu’un épisode particulièrement sanguinaire illustrant le retour de cette lutte mortelle, retour qui a commencé à Grozny et qui s’est poursuivi en Ossétie, en Abkhazie, en Transnistrie, en Syrie, en Libye, qui a lieu aujourd’hui en Ukraine et en Afrique, et demain, en mer de Chine. Ne nous y trompons pas : ce n’est pas la Russie, au PIB égal à celui de l’Espagne, qui va changer la donne, malgré ses rodomontades nucléaires. C’est la Chine, bientôt première puissance mondiale, qui scrute attentivement l’issue du conflit en Europe pour déterminer sa stratégie à l’égard de Taïwan et du monde démocratique. Les Américains le savent au moins depuis Obama. Les Européens auraient aimé conserver leurs illusions. Ils pensaient, cer...
... a convaincu les Européens d’accepter enfin la boussole stratégique proposée par Emmanuel Macron, qui jusqu’à présent prêchait dans le désert. Parviendrons-nous à réaliser ce réarmement et combien de temps mettrons-nous ? Et comprendrons-nous enfin que c’est un siècle d’affrontement des dictatures et des démocraties qui s’ouvre de nouveau, que les dictatures et les totalitarismes – aujourd’hui la Russie, demain la Chine – portent en eux la guerre comme la nuée l’orage et qu’il faut choisir son camp ? Prétendre échapper à ce cadre géostratégique ou y occuper une position de neutralité, tout en comptant sur la protection du parapluie américain, serait une incompréhension des rapports de force. L’Europe puissance ne se conçoit que dans l’existence d’une alliance toujours plus étroite avec les autr...
... seconde et qu’en 2022 personne, pas même les Russes, n’était prêt à accepter les bombardements de Kiev et les morts. S’il en est arrivé là, c’est en partie à cause de nos propres lâchetés. L’invasion de la Géorgie, l’annexion de la Crimée, le Donbass, la Transnistrie, les crimes contre l’humanité commis en Tchétchénie ou en Syrie, les centaines d’assassinats et les milliers d’emprisonnements en Russie même : tout cela, nous l’avons laissé faire. Quelques discours ont été prononcés à l’ONU sur les droits de l’homme et le droit international, et puis, circulez, il n’y a rien à voir ! Ce n’est pas seulement par lâcheté que nous n’avons rien fait. C’est parce que les démocraties ont en leur sein une cinquième colonne, le plus souvent soudoyée par le Kremlin, qui reprend mot à mot sur les réseaux ...
Mais leurs dernières déclarations atteignent des sommets. Mélenchon a ainsi déclaré le 18 janvier dernier : « Qui ne ferait pas la même chose avec un voisin pareil, un pays lié à une puissance qui les menace continuellement ? » Le Pen a dit pour sa part : « Mon point de vue sur l’Ukraine coïncide avec celui de la Russie. » Quant à Zemmour, il a affirmé : « Il faut arrêter de faire de Poutine l’agresseur, c’est Poutine l’agressé. Poutine est l’allié qui serait le plus fiable. » Depuis que tout le monde a compris leurs mensonges, ils ont réinventé le « oui mais ». Ils condamnent, car ne pas le faire serait un suicide électoral, mais ils ne changent pas d’avis. Tout est de la faute de l’Occident, il ne faut surtou...
... mise dans les griffes de l’ours et de son gaz après avoir commis l’incroyable erreur de céder aux Verts sur le nucléaire. En France, le fond de l’air, fait d’un gaullisme du pauvre qui n’a rien à voir avec le gaullisme et d’un antiaméricanisme héritier de la vieille droite anti-anglo-saxonne et de la vieille gauche anticapitaliste, conduit certains à prêcher l’équidistance entre l’Amérique et la Russie – et, demain, entre l’Amérique et la Chine –, sans comprendre qu’il y a d’un côté le camp de la démocratie et de l’autre celui des dictatures.
...pe. Voilà les trois messages qui ont été envoyés samedi à Bachar al-Assad et à ses alliés. Il y en a un dernier, plus spécifique, à l’égard de Vladimir Poutine : c’est que malgré tous ses efforts pour les diviser, et peut-être même du fait de ses efforts, les alliés sont restés unis. Ils sont restés unis devant ce crime comme après le scandale du Novitchok à Londres. Et le prix à payer pour la Russie est désormais très lourd avec, pour la première fois depuis longtemps, la chute du rouble et de la bourse de Moscou. Enfin, il y a l’essentiel, et l’essentiel, c’est ce sur quoi jusqu’à ce jour nous avons tous échoué. Tous, nos alliés comme nos adversaires. C’est bien sûr du règlement politique de la guerre civile en Syrie que je veux parler. Je ne parlerai pas des échecs des Syriens eux-mêmes ...
...Monsieur Dubien, vos récents articles, notamment ceux que vous avez fait paraître dans Politique internationale et la Revue internationale et stratégique, dans lesquels vous soulignez la montée en puissance de certains libéraux comme Alexeï Koudrine ou Sergueï Kirienko, et l'opportunité que cela peut représenter pour la présidence poutinienne à partir de 2018. Je reste cependant dubitatif, car la Russie a déjà perdu trois occasions de rejoindre le concert des nations et ce que l'on appelle aujourd'hui la convergence dans le domaine économique. La première occasion manquée remonte à l'orée du XXème siècle, du temps des tsars, la deuxième au désastre communiste, et la troisième à ce que vous avez appelé les dix glorieuses, aujourd'hui terminées. Il eût fallu, pour saisir l'une ou l'autre de ces oc...
Syndrome obsidional, paranoïa : rien n'a changé depuis les Lettres de Russie du marquis de Custine, qui semblent décrire la Russie d'aujourd'hui. À la différence de la Chine et d'autres pays comparables, la Russie est en train de manquer pour la troisième fois l'occasion de relancer son développement. Ce sont les tsars qui ont laissé passer la première occasion, la seconde a été perdue avec le désastre communiste, et la troisième est gâchée de nos jours, car toute l'énerg...
...c Israël étaient bonnes. Elles sont devenues exécrables à partir de 2010 puis redevenues bonnes depuis un an. La Turquie s'éloigne depuis plusieurs années de ses alliés traditionnels de l'OTAN, à commencer par les États-Unis et l'Europe. Après avoir laissé espérer une solution en 2016, la Turquie vient de se raidir sur la question de Chypre et l'accord semble improbable. Les relations avec la Russie, l'Iran, l'Égypte, l'Arabie Saoudite ont subi les mêmes zigzags. Il y a quelques années, le président Erdogan avait repris le dialogue avec les organisations kurdes : désormais, on est au bord de la guerre civile au Kurdistan. Le président Erdogan est arrivé au pouvoir en grande partie grâce à son allié Fethullah Gülen. Aujourd'hui, 124 000 personnes ont été limogées, des milliers emprisonnés ...
...rtitudes ; les premières n'étant pas de bon augure. En revanche, je n'ai pas entendu le mot d'affaiblissement considérable des États-Unis et celui des démocraties ainsi que de leurs institutions. C'est déjà survenu, puisque l'élection présidentielle américaine s'est déroulée conformément aux souhaits de Vladimir Poutine, au point que le débat en Europe commence à se poser sur l'intervention de la Russie dans nos propres démocraties, lors des élections françaises et allemandes. C'est une certitude désagréable. La seconde certitude concerne la poursuite de l'affaiblissement des États-Unis. Certes, le système des « Checks and Balances » évitera que le pire survienne. Dans ce contexte d'imprévisibilité, il est certain que les affrontements entre le Congrès, le Président et la presse, dont le rôle e...
...minime, il est majeur ! Il s’agit de l’abandon de la ligne de Minsk. Une fois qu’on aura cédé sur quelques points mineurs, il sera si simple de tout détricoter, ce n’est qu’une question de temps. D’ailleurs, c’est exactement ce qui est indiqué dans l’exposé des motifs : « Cette proposition de résolution ne constituerait qu’une première étape. En effet, les relations de l’Union européenne avec la Russie sont trop stratégiques pour être retenues indéfiniment en otage d’un débat récurrent sur les sanctions. » Cette phrase est un tour de passe-passe, un renversement inacceptable de la charge de la preuve. Les relations entre l’Europe et la Russie ne sont pas l’otage d’un débat récurrent sur les sanctions, elles sont l’otage de la présence des troupes russes en Ukraine et de l’annexion de la Crimée ...
...imum… Non seulement, sur le fond, ce texte est un renoncement, comme je l’ai dit tout à l’heure, mais à chaque ligne, nous avons l’air de nous excuser. Le mot « regrettant » se comprendrait s’il s’agissait d’une inondation, de l’éruption d’un volcan ou d’une catastrophe naturelle. Or il y a des responsabilités dans ce qui se passe aujourd’hui en Ukraine. Quant aux termes « que la Fédération de Russie ait autorisé le recours à la force », c’est une litote ! La Russie n’a pas autorisé le recours à la force ; la Russie a envahi l’Ukraine et annexé la Crimée ! Pourquoi ne peut-on pas le dire ? Pourquoi faudrait-il dire des choses inexactes ? « Regrettant la situation dans certaines régions de l’est de l’Ukraine » : comme c’est beau ! Pas moins de 9 000 morts, les 250 passagers du Boeing de la Ma...
Je suis tout simplement choqué de la rédaction de cet alinéa. Cette présentation des faits est impensable, elle est à l’exact opposé de la réalité. Les sanctions auraient des conséquences négatives sur les relations entre l’Union européenne et la Russie ? Mais la cause des détériorations de ces relations, c’est l’invasion de l’Ukraine et l’annexion de la Crimée !
Nous en arrivons à un sujet de fond de cette résolution. Monsieur le secrétaire d'État chargé des affaires européennes, il faut vraiment que le Gouvernement donne sa position dans cette affaire par rapport à la Russie et par rapport à nos engagements européens, et vous avez commencé à le faire. Jusqu’à présent, en définitive, les choses étaient assez simples. À l’Assemblée nationale, le groupe socialiste s’est opposé, avec votre accord, à une résolution scandaleuse préconisant la levée immédiate de toutes les sanctions, résolution proposée par une conjonction d’idiots utiles, comme les appelait Lénine, qui n’...
...ion des sanctions à l’égard des parlementaires russes. C’est exactement le contraire de la philosophie des accords de Minsk. Je voudrais en premier lieu me tourner vers mes collègues des différents groupes politiques composant cette assemblée : aujourd’hui, de la même façon que les parlementaires russes sont interdits de séjour en Europe, 89 personnalités européennes sont interdites de séjour en Russie. Parmi elles, on compte notamment, mesdames, messieurs du groupe socialiste et républicain, Bruno Le Roux, à la suite du scandale pour lequel Claude Bartolone a été obligé de se fâcher – d’autres socialistes européens sont aussi interdits de séjour –, mais aussi, mesdames, messieurs les membres du groupe écologiste, Daniel Cohn-Bendit, ancien parlementaire européen. Mesdames, messieurs des groupe...
...a falloir vous boucher un peu le nez, parce qu’ils n’ont pas été sanctionnés au hasard. Dix d’entre eux l’ont été, parce qu’ils ont appelé au déploiement officiel de troupes russes en Ukraine. Parmi eux, Sergueï Jelezniak a organisé et conduit la manifestation pour l’envoi de l’armée russe en Ukraine. Une autre « colombe », Sergueï Mironov, est l’auteur d’une proposition de loi « autorisant la Russie à admettre en son sein, dans le cadre de la protection des citoyens russes, des territoires d’un pays étranger sans l’accord de ce dernier ou sans un traité international ». En allemand, ça a un nom : l’Anschluss ! Ce brave député, comme quelques autres, fait l’objet d’un mandat d’arrêt international de l’Ukraine. Dès qu’on aura levé les sanctions, il se précipitera à Paris pour plastro...