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Vous me demandez de faire le point sur les relations franco-russes telles que je peux les apprécier dans le cadre de la mission que m'a confiée le Président de la République en 2017, reprenant une mission que m'avait confiée son prédécesseur en 2012 et qui consistait surtout à maintenir des liens dans une période très difficile. La Russie est un pays très important pour la diplomatie française en raison de ses enjeux, de son histoire, de son poids, de son immensité. Elle est présente sur presque tous les théâtres d'opérations. J'ai apprécié le rapport Cambon-Kosatchev, publié voilà deux ans ; ce rapport a permis d'innover en matière de diplomatie, puisque chacun y présentait des observations sur la thèse de l'autre. Cela évite do...
... plus loin. Les Russes nous en veulent et souhaitent reprendre pied dans ce pays où ils étaient présents du temps de Kadhafi. Nous devons garder une vision d'ensemble et historique des questions, car les problèmes ne tombent pas du ciel, mais s'enracinent dans un passé. Je suis d'accord avec M. Perrin, nous devons faire de l'Europe un continent de paix, ce qui implique un dialogue poussé avec la Russie. Le Président de la République a eu le grand mérite d'avoir employé des mots forts - « les réticences de l'État profond » - lors de la Conférence des ambassadeurs. Sur l'Ukraine et la Crimée, les Russes n'ont pas la même vision que nous ! Ainsi, en 2014, M. Poutine m'avait expliqué qu'un accord avait été signé, avec la caution des ministres des affaires étrangères allemand, français et polonais, ...
Avant, Iyad Ag Kalhi fréquentait les boîtes de nuit à Paris, buvait du whisky, n'était pas l'islamiste qu'il est devenu. Cette affaire aurait pu être traitée plus légèrement... Puis Ansar Dine a basculé, direction Bamako. Et la décision d'intervenir a été prise, que j'ai approuvée à l'époque car nous ne pouvions pas réagir autrement. Pour revenir à la Russie, elle est de nouveau présente en Afrique. Malgré leur legs historique, je ne pense pas qu'elle veuille récupérer la position qu'occupait l'Union soviétique, mais elle désire faire acte de présence, ne serait-ce que pour pouvoir négocier avec les uns ou les autres, être présente partout à faible coût. Je souhaite bien du plaisir aux Russes en République centrafricaine : entre les anti-balakas et l...
Mme Merkel a surtout pris très tôt, dès son accession au pouvoir, des dispositions pour augmenter le nombre de crèches. Quinze ans après, ces mesures produisent leurs effets. Les immigrés doivent aussi être comptés, mais cela ne suffit pas. La Russie est actuellement dans la moyenne européenne, un peu en dessous de 1,87, probablement aux alentours de 1,6. Elle était tombée plus bas, à un niveau très préoccupant. Du point de vue de la santé, la situation s'est également améliorée : l'espérance de vie est de plus de soixante-dix ans, après avoir été inférieure à soixante ans. Il ne faut pas avoir une vision caricaturale de ce pays, mais une...
Votre travail est très utile. Ce rapport permet de lever de nombreux malentendus et de mieux comprendre la Russie. Ce point de l'ordre du jour a fait l'objet d'une captation vidéo qui est disponible en ligne sur le site du Sénat.
...e, car la situation qui y prévaut amènera sans doute le Conseil à se saisir de la question. M. Porochenko propose la paix mais il fait la guerre ! À ce jour, il n’a pas ouvert le processus de négociations auquel il s’était engagé. Or il faut bien négocier avec ceux contre lesquels on se bat. Il est facile d’excommunier l’adversaire en lançant contre lui une opération dite « antiterroriste ». La Russie a facilité la tenue de l’élection présidentielle ukrainienne du 25 mai, je ne vous l’apprends pas !
...réforme constitutionnel aussitôt après les élections du 25 mai, comprenant un calendrier court, un processus de consultation inclusif impliquant toutes les parties tenantes concernées et les principaux domaines couverts par le processus », notamment la compétence des autorités régionales. La France a toujours déclaré ne pas vouloir placer l’Ukraine devant un choix impossible entre l’Europe et la Russie. Or un accord d’association doit être signé entre l’Union européenne et l’Ukraine le 27 juin. La France n’a pas à distinguer entre les bons Ukrainiens et les mauvais, entre ceux qui seraient à l’Est ou à l’Ouest, entre les uniates de Lviv et les russophones de Donetsk ! Elle ne connaît que les Ukrainiens ! Est-il toutefois concevable de signer un accord d’association avec un pays dont le Présiden...
...européenne, comme je l’entends dire par M. Olli Rehn, par exemple. Celle-ci ferait mieux de se préoccuper des problèmes qui se posent au Sud, en Méditerranée et en Afrique plutôt que de vouloir toujours reculer sa frontière orientale. Le Conseil européen doit reprendre le contrôle de la politique européenne de voisinage, qui a été laissé dès le départ à des incapables négociant séparément avec la Russie et avec l’Ukraine. Une certaine russophobie est de mise dans certains cercles, comme si l’on voulait construire l’Europe contre la Russie, au nom de je ne sais quelle idéologie. La Russie fait partie de l’Europe ! En l’oubliant, l’Union européenne se mettrait définitivement à la remorque d’intérêts qui ne sont pas les siens. Non, une nouvelle guerre froide n’est ni de l’intérêt de la France ni d...
Je ne crois pas que le désir de consolider la position en politique intérieure soit déterminant pour les dirigeants russes. Le problème pour les Russes, c'est celui de l'étranger proche. Il y a, à mes yeux, le problème d'une « troisième Europe » qui n'a jamais été réglé. Des pays européens qui ne font pas partie de la Russie et qui n'ont pas été intégrés à l'Union européenne ou à l'OTAN, comme la Biélorussie, l'Arménie, la Géorgie, et bien sûr l'Ukraine, où 25 millions de Russes vivent sous un statut de minorité. Les Russes n'ont pas vu d'un bon oeil la « révolution de couleur », ni la tentative d'intégration de l'Ukraine à terme à l'OTAN, pour des raisons historiques et en raison d'intrications économiques. Ce qui a...
...er à une sorte d'« examen de conscience ». L'accord d'association, tel qu'il avait été préparé avant le revirement du sommet de Vilnius, ou le ballet des personnalités occidentales qui se sont succédé pour soutenir les manifestants de Maïdan peuvent difficilement être considérés autrement que comme de l'ingérence. L'accord d'association vise à appliquer nos normes libérales à un pays proche de la Russie, très en retard, dont l'économie bureaucratique se trouve au bord de la banqueroute. Les Russes offraient 15 milliards et nous 11...
L'Europe est dans une situation financière difficile : d'où vient cet argent ? Ces 11 milliards d'euros ne suffiront pas ; il faudrait plutôt investir 35 milliards en 2014 et 2015. Je me demande si toute cette affaire a été bien pensée, et si l'histoire a bien été prise en compte. Tout n'a pas commencé en 1991 : l'Ukraine a été rattachée à la Russie jusqu'au Dniepr en 1654 ! La comparaison avec les Sudètes qui appartenaient à l'Empire austro-hongrois jusqu'en 1919 n'a pas de sens. Le général de Gaulle rappelait qu'il n'y avait pas de politique qui vaille en dehors des réalités. Or il est incontestable que, lors de la dissolution de l'URSS, la création de la CEI s'est faite dans des conditions invraisemblables qui posent des problèmes pour de...
...ativement pacifiques, ce qui est sans précédent historique. Le système russe de défense est obsolète : le service militaire n'est accompli que par une partie de la population, et le complexe militaro-industriel, bien qu'efficace à l'export, doit être réorganisé. L'effort de réforme entrepris sous l'ère Joukov, visant à réduire le format et à moderniser les équipements, va-t-il être poursuivi ? La Russie n'est plus une menace militaire pour l'Occident. L'Asie centrale, le Caucase, les conflits gelés, sont aujourd'hui leurs vrais problèmes. Je relève que les Abkhazes et les Ossètes s'étaient déjà largement émancipés de la tutelle géorgienne. Ce n'est pas un jugement de valeur, mais un simple constat. Comment voyez-vous la reconversion d'une armée jadis pléthorique ?
Il est toujours utile de retracer, comme vous l'avez fait, la dimension historique. On ne peut comprendre, en effet, l'attitude actuelle de la Russie sans prendre en compte le sentiment d'humiliation ressenti par la Russie dans les années 1990, avec la grave crise économique et sociale, l'élargissement de l'OTAN aux anciens pays satellites et aux pays baltes, voire la porte ouverte à l'Ukraine et à la Géorgie, ou bien encore sans prendre en compte l'importante présence musulmane, avec de l'ordre de 20 millions de personnes, en Russie, au Cauca...
...ographie, car le point de vue sur le monde est très différent depuis Washington et depuis Paris, Berlin ou Varsovie. Je préfère donc personnellement ne pas utiliser cette expression et dire que la France fait partie de la grande famille de l'humanité. Nous avons ainsi des relations particulières avec l'Algérie, ne serait-ce qu'en raison de l'histoire ou de la place du français, ou encore avec la Russie, qui est un grand pays européen et qui continue de jouer un rôle important sur la scène internationale. Nous avons aussi des relations particulières avec certains pays émergents, en Amérique du Sud, ou en Asie, comme la Chine. Nous devons donc ne pas nous laisser enfermer dans une conception ethno-centrée. Certes, les Etats-Unis restent nos alliés, mais ce n'est pas pour autant que nos intérêts...
...ns compter le cas particulier de la Corée du Nord. Vous avez établi un parallèle entre la Syrie et la fin de l'URSS. L'URSS soutenait les régimes nationalistes arabes. Or ces révolutions qui se disent démocratiques, amènent sur le devant de la scène des gens qui le sont moins. Comment faire en sorte que les révolutions restent dans le champ démocratique ? S. Exc. Alexandre Orlov, ambassadeur de Russie - Je vais être plus clair : nous sommes contre le fait que l'Iran devienne une puissance militaire nucléaire. Nous sommes pour le maintien du TNP. Sur les révolutions arabes, elles ont surpris tout le monde. Mais c'est le propre des révolutions. Les gens au départ se sont révoltés pour des raisons économiques et sociales et pour avoir leur liberté. C'étaient de vraies révolutions. En Egypte, il y...
La Russie n’est plus considérée comme une menace, bien que l’on ne sache pas ce que seront demain les relations américano-russes.
...le contribuera à l’érosion politique de la dissuasion française, en France, dans l’opinion publique, et en Europe, où le sentiment d’une fausse sécurité venue d’ailleurs sapera ce qui reste d’esprit de défense. J’ajoute les risques d’une course aux armements, rappelée par le Président Medvedev et le Premier ministre Poutine. Il faut écouter ce que disent les responsables d’un grand pays comme la Russie, monsieur le ministre d’État. Je ne veux pas être négatif par principe, une défense de théâtre correspond certainement à un besoin de protection de nos forces, voire de sites sensibles. Nous disposons d’un savoir-faire certain avec le système de défense antimissile SAMP/T. Il est donc envisageable d’accélérer la réalisation du radar M3R, si nous en avons les moyens, afin de pouvoir nous acquitte...
... la crise financière. Elle est aujourd'hui très présente et risque de poser le problème de la défense antimissile dans des termes nouveaux. Je crois également qu'il ne faut pas que les risques venant du Moyen-Orient ou de la rive Sud de la Méditerranée conduisent à écarter ceux, simplement potentiels aujourd'hui, qui pourraient survenir à long terme entre les Etats-Unis et la Chine, voire même la Russie. Je voudrais également revenir sur l'efficacité de la défense antimissile. De proches conseillers du président Obama nous ont indiqué à Washington que le taux de réussite du système actuel était de 80 %, pour des missiles que l'on se lance à soi-même. On peut certes considérer, du point de vue militaire, qu'il est déjà intéressant de pouvoir stopper 80 % des missiles, mais il reste un aléa non-n...
La Nuclear Posture Review, rendue publique le 6 avril dernier par l'administration américaine et le nouveau traité START, signé le 8 avril entre les Etats-Unis et la Russie, constituent en quelque sorte le fruit de l'initiative lancée en avril 2009 par le Président Obama dans son discours de Prague. Il avait alors évoqué la perspective d'un monde sans armes nucléaires, tout en ajoutant qu'il n'en verrait probablement pas la réalisation de son vivant. Ce discours traçait néanmoins une orientation dont nous voyons aujourd'hui les premières concrétisations. Ce traité ...
L'analyse attentive de la politique américaine confirme que l'on ne sortira pas de l'ère nucléaire avant plusieurs décennies, à la fois pour des raisons techniques - les délais incompressibles de démantèlement des armes - et pour des raisons politiques : les préoccupations de la Russie, la montée en puissance de l'Asie. C'est pourquoi il importe de demeurer extrêmement vigilant et de prendre en compte les réalités. Alors que la Russie conserve des milliers d'armes nucléaires et que le Moyen-Orient n'est pas une zone exempte d'armes de destruction massive, l'Europe ne peut se permettre de devenir un vide stratégique en se privant de toute capacité de dissuasion nucléaire.