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Interventions sur "pauvreté" d'Yannick Vaugrenard


20 interventions trouvées.

...st la certitude qui rend fou ». Je n'ai donc pas de certitude. Cette mission est une mission d'information. Nous sommes là pour nous informer et nous forger une opinion. Pour moi, il n'existe pas de solution toute faite, qu'elle soit économique ou sociale, mais des discours qui font plaisir à ceux qui les écoutent. Je veux faire preuve de beaucoup d'humilité. Je suis l'auteur d'un rapport sur la pauvreté, et j'interviens demain matin devant le Conseil national de lutte contre les exclusions, le CNLE, sur le vingt et unième critère de discrimination, une proposition de loi que j'ai déposée au Sénat, où elle a été adoptée à l'unanimité, moins quelques abstentions, ainsi qu'à l'Assemblée nationale. Si j'ai voulu participer à cette mission d'information, c'est parce que je trouvais cruel le phénomèn...

...our garantir la constitutionnalité de ce texte. « Ce qu’il y a de scandaleux dans le scandale, c’est qu’on s’y habitue... » Ces mots de Simone de Beauvoir prennent une résonance toute particulière au moment où nous entamons l’examen de la proposition de loi visant à lutter contre la discrimination pour précarité sociale que j’ai l’honneur de vous présenter ce matin. Oui, mes chers collègues, la pauvreté est un scandale ! La France, globalement, est un pays riche. Pourtant, 8, 5 millions de personnes y vivent sous le seuil de pauvreté fixé à 60 % du niveau de vie médian, soit 987 euros par mois. Nous en sommes malheureusement revenus aux niveaux constatés dans les années soixante-dix. Plus scandaleux encore, un enfant sur cinq est pauvre. L’UNICEF le rappelait la semaine passée, cela correspond...

...r le droit d’accès à la restauration scolaire. Je souhaite que le Sénat inscrive prochainement ce texte à l’ordre du jour de ses travaux, pour confirmer ainsi le vote de nos collègues députés. Nous ne devons pas nous résigner à ce raz-de-marée de la misère, d’autant plus dramatique qu’il est particulièrement silencieux. Nous devons refuser la fatalité, avancer avec la volonté de faire reculer la pauvreté, de faire bouger les lignes, c’est notre responsabilité politique ! Nombreux sont ceux qui ne manquent pas une occasion, pour s’en flatter, d’évoquer le succès d’Esther Duflo, jeune économiste française travaillant aux États-Unis, spécialiste des questions liées à la pauvreté. Elle a été choisie pour conseiller le Président Obama sur ce sujet. Ceux qui se flattent de son succès oublient de rappe...

Madame la présidente, mes chers collègues, je suis très heureux de me retrouver parmi vous et je vous remercie de m'avoir convié à vous présenter le rapport d'information sur la pauvreté que j'ai élaboré au nom de la délégation à la prospective du Sénat. C'est moi qui ai proposé à la délégation à la prospective la réalisation d'un rapport d'information consacré à la pauvreté et aux actions à mettre en place pour enrayer le cercle vicieux de la permanence et de l'intensification de ce phénomène dans notre pays. Tout ce travail, j'y insiste, a été nourri par l'écoute, l'attention...

...révoir des contrôles a posteriori et non plus a priori serait bénéfique, non seulement pour les bénéficiaires des aides, mais également pour les deniers publics car les contrôles seraient simplifiés. La mise en place d'un correspondant unique serait, elle aussi, source d'économies. Cela suppose de clarifier le rôle de chacune des structures amenée à intervenir auprès des personnes en situation de pauvreté. En ce qui concerne les allocations familiales, je trouve en effet injuste qu'un couple aisé ayant deux enfants touche les allocations familiales quand une femme seule avec un enfant n'y a pas droit. Il faut remettre les choses à plat en tenant compte des évolutions sociétales intervenues depuis 1945, par exemple de la part plus importante des divorces et séparations et de leurs conséquences fin...

Madame la présidente, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, je tiens tout d’abord à vous dire combien je me réjouis de la tenue de ce débat, qui fait suite au rapport que j’ai présenté en février dernier à la délégation à la prospective sous le titre Comment enrayer le cycle de la pauvreté ? Osons la fraternité ! C’est en effet animé par la conviction qu’il n’était plus possible d’accepter l’inexorable progression de la pauvreté et de l’exclusion que j’ai proposé à la délégation d’engager un travail sur ce thème. Je veux ici remercier le président de la délégation, Joël Bourdin, qui a soutenu cette proposition, et les deux administrateurs qui m’ont accompagné avec disponibili...

Madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, ce triste état des lieux de la pauvreté étant dressé, j’en viens aux objectifs que je vise et aux préconisations que je souhaite formuler. Si rien n’est fait, nous l’avons vu, c’est à une prolongation de la situation actuelle que nous assisterons. En d’autres termes, le scénario noir va se répéter inexorablement. Une démocratie comme la nôtre, une République comme la nôtre, un pays des droits de l’homme comme le nôtre ne peut l’accept...

Monsieur le président, mesdames, messieurs, chers collègues, je tiens à remercier les participants à cet atelier d'avoir bien voulu répondre à notre invitation. Voilà déjà quelque temps, j'ai proposé à la délégation à la prospective d'engager un travail sur le vaste thème de la pauvreté, animé par la conviction qu'il n'était plus possible de continuer ainsi, d'accepter l'inexorable progression de la pauvreté et de l'exclusion et, pire encore, comme vous venez de le souligner, monsieur le président, la banalisation de l'hérédité de la pauvreté et sa transmission intergénérationnelle, ce qui est inadmissible et insupportable. Cette conviction, je le sais, nous la partageons tous ...

Sur le non-recours, comme, plus généralement, sur les phénomènes de pauvreté, nous assistons à une banalisation absolument tragique. Au cours de nos auditions, nous avons remarqué que les documents administratifs à remplir pour bénéficier de ces aides sont parfois très compliqués et ne sont pas élaborés avec les personnes directement concernées par les situations de pauvreté. Nous avons, de ce point de vue, certaines solutions à proposer. Dans une République démocratique...

...uffrent. Julien Lauprêtre l'a dit lors de son audition et vient de le répéter : nous constatons un raz-de-marée de la misère. Nous sommes confrontés en ce moment au problème des données chiffrées. Si les responsables politiques et économiques n'ont pas pleinement connaissance de la réalité statistique, nous risquons de parler dans le vide. Lorsque nous abordons la question du développement de la pauvreté, il convient donc de nous mettre d'accord sur les fondamentaux. Prendre conscience de la juste réalité est le premier des objectifs. Nous constatons que la pauvreté croît, alors que nous ne savons pas - ou que nous ne voulons pas - la mesurer. Nous avons des statistiques régulières sur la hausse de l'inflation, du chômage, sur le Pib, alors qu'il semble impossible de disposer d'une appréciation s...

...evoir répéter à de nombreuses reprises leurs expériences qu'on imagine ô combien douloureuses. Ce n'est plus possible de laisser ce système perdurer. Des initiatives ont été prises dans ce domaine, notamment en Belgique, avec la banque carrefour de la sécurité sociale. Nous souhaitons que les actions mises en oeuvre à Bruxelles puissent être dupliquées en France et qu'une personne en situation de pauvreté ne fasse part de son parcours qu'une seule fois. Il faut donc mettre en place une banque de ressources afin que les informations recueillies puissent être systématiquement répertoriées dans toutes les administrations, en vue, par exemple, de l'attribution d'un logement, du versement d'une allocation, de la gratuité des transports. Il sera nécessaire de faire travailler la Commission nationale de ...

...oeuvre ce dossier unique. Ces expérimentations sont positives et nécessaires, mais je doute qu'elles soient suffisantes. Car il faut tout à la fois aller très vite et faire preuve de prudence, donc interpeller la Cnil afin d'éviter de se voir censurer par le Conseil constitutionnel. Il nous est en outre apparu, dans le cadre des auditions, qu'il serait fondamental qu'une personne en situation de pauvreté soit suivie par une seule personne référente : un agent de la caisse d'allocations familiales, un assistant social du conseil général, un bénévole - pourquoi pas ? -, un conseiller de Pôle emploi, etc. Cet interlocuteur unique serait également le référent de toutes les autres administrations.

Effectivement. Nous constatons une évolution sociétale majeure mais insuffisamment prise en considération : les couples se séparent plus fréquemment qu'auparavant. En conséquence, les familles monoparentales sont de plus en plus nombreuses et composées la plupart du temps de femmes avec enfants, d'où un accroissement du nombre d'enfants en situation de pauvreté. Lorsque les allocations familiales ont été mises en place dans les années quarante, elles avaient vocation à soutenir les familles nombreuses qui risquaient de s'appauvrir en raison de leur grand nombre d'enfants. Ce sont aujourd'hui les familles monoparentales qui ont le plus besoin de ces allocations familiales, même si elles n'ont qu'un seul enfant. Nous suggérons ainsi que les allocations f...

...ent optimiste. Ne serait-ce que parce que, souvent, les pessimistes sont des spectateurs et les optimistes plutôt des acteurs. Il convient également de prendre la bonne habitude de l'expérimentation, de l'évaluation et, point essentiel, du faire savoir. Il ne sert à rien de répéter les mêmes erreurs. Au contraire, il faut se nourrir des réussites. Dans la mesure où les personnes en situation de pauvreté ne sont pas les mêmes aujourd'hui qu'il y a dix ou vingt ans, les personnes chargées de l'accueil de ces publics doivent recevoir des formations différentes. Je suis convaincu de la nécessité de mettre en place un référent unique, ce qui nécessitera des efforts de la part des administrations, qui doivent accepter une telle évolution. Comme Jean-Christophe Sarrot l'a souligné au nom d'ATD Quart M...

Je vous remercie à mon tour, monsieur Pinte, de prendre le temps de nous faire partager votre expérience, à la fois passée et présente. J'aurai plusieurs questions à vous poser. Quels sont les domaines d'intervention du CNLE ? Comment appréhendez-vous la pauvreté telle que vous la constatez aujourd'hui ? Quelles sont les évolutions susceptibles de nous faire espérer une possible, voire probable, amélioration ? Pour qui s'efforce de dresser un état des lieux de la situation, force est de constater en effet que le phénomène n'est pas facile à mesurer. Les éléments statistiques dont nous disposons, pour autant qu'ils soient fiables, sont rarement récents. Se...

...e qu'elle est et faire véritablement l'Europe des peuples. La construction économique fait partie de ce processus. En avançant à marche forcée, nous courons à la catastrophe. Les peuples perdraient leurs repères et les extrêmes l'emporteraient. Vous avez obtenu d'importantes avancées, notamment en ce qui concerne la CMU-c ou le RSA. Cependant, les moyens à notre disposition pour lutter contre la pauvreté sont encore insuffisants et le resteront. Quel que puisse être le contexte économique, malgré les difficultés financières que nous rencontrons, il nous faut être plus ambitieux. Vous évoquiez les membres du huitième collège du CNLE. Ces hommes et femmes, à travers leurs parcours, sont à même de nous éclairer sur l'efficacité de nos politiques. Ayons, dès lors qu'on légifère en leur faveur, le réf...

M. Pierre Bernard-Reymond. - Cela va venir ! Étienne Pinte. - Peut-être, mais, pendant des années, les Allemands ont été plus compétitifs que nous, en partie grâce à la pauvreté et à des salariés sous-payés. Il me revient à ce propos l'anecdote suivante. Lorsque Ben Ali a quitté la Tunisie, je fus envoyé avec Christine Lagarde pour renouer avec les nouvelles autorités tunisiennes. Le Premier ministre de l'époque nous avait alors interrogés sur la volonté de la France de respecter l'engagement qu'elle avait pris de promouvoir l'immigration circulaire : il s'agit d'accuei...

Monsieur le président, mes chers collègues, lors de sa réunion du 8 novembre 2012, la délégation a retenu sur ma proposition, au titre de son programme de travail pour l'année 2013, l'établissement d'un rapport consacré à la pauvreté et aux actions à mettre en place pour enrayer le cercle vicieux de la permanence et de l'intensification de ce phénomène dans notre pays. L'objectif de cette démarche prospective est, à partir d'un état des lieux exhaustif de la situation actuelle, de se pencher notamment sur ce que l'on pourrait appeler « l'hérédité ou la transmission intergénérationnelle de la pauvreté ». Face à ce constat ac...

...extrêmement vaste, terriblement difficile mais ô combien important. La démarche que j'ai entreprise au nom de la délégation s'articule autour de trois objectifs : rappeler la juste réalité ; refuser la fatalité ; rechercher l'efficacité. D'abord, rappeler la juste réalité : pour se projeter dans l'avenir, il faut partir du présent. Les chiffres sont connus, je n'en citerai que quelques-uns. La pauvreté, en France, touche 14 % de la population, 8,6 millions de personnes, près de 4 millions de ménages, c'est-à-dire un niveau jamais atteint depuis le début des années soixante-dix. Plus déstabilisant, plus choquant encore, le fait qu'un enfant sur cinq soit pauvre ; dans les zones urbaines sensibles, c'est le cas de plus d'un enfant sur deux. Loin de diminuer, la pauvreté est un phénomène qui se d...

...alisation de ce type n'a jamais été engagée dans le domaine de l'aide sociale. Les responsables politiques et économiques sont toujours très à l'aise pour parler grandes infrastructures, recherche, innovation, soit autant d'enjeux bien entendu très importants pour penser l'avenir. Cependant, même le nez dans le guidon, il devrait être possible de faire ce travail de prévision lorsqu'il s'agit de pauvreté. J'entends bien ce que vous dites sur la décentralisation, mais il m'est difficile d'admettre que les publics défavorisés puissent être traités différemment dans notre société, selon leur département de résidence. Pour régler les différentes problématiques, n'y aurait-il pas moyen d'élaborer des contrats de projet d'une durée de trois, quatre, cinq ans, concernant l'aide sociale et les différent...