Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les élus et responsables administratifs en charge du sport, mes chers collègues, après la période de suspension des travaux du Sénat en séance publique, qui a été mise à profit par les rapporteurs de nos études en cours pour aller sur le terrain à la rencontre des acteurs locaux, nous voilà à nouveau réunis pour poursuivre nos auditions sur « La jeunesse et le sport dans les outre-mer ».
Je vous rappelle que nous avons cette semaine un programme dense sur ce sujet d'étude avec demain, en fin d'après-midi, une audition consacrée au haut niveau et à la performance, en présence du Comité national olympique et sportif et des représentants de plusieurs fédérations sportives, et jeudi matin une visioconférence avec Mayotte suivie d'une réunion avec les ambassadeurs délégués à la coopération régionale et l'ambassadeur délégué pour le sport.
Mais aujourd'hui, je dois remercier tout particulièrement l'Association nationale des élus en charge du sport (ANDES) et ses représentants ici présents qui ont accepté, sur le chemin de La Rochelle où se tient leur assemblée générale annuelle, de faire un détour par le Palais du Luxembourg. Seuls les élus de la Martinique n'ont pu se joindre à nous aujourd'hui puisque, comme vous le savez, le 22 mai est la date retenue par ce département pour commémorer l'abolition de l'esclavage. Cela explique également l'absence de nos collègues sénateurs, Catherine Conconne et Maurice Antiste. Je dois également excuser Lana Tetuanui, retenue en Polynésie par le renouvellement des institutions consécutif aux élections territoriales.
Je rappelle que, sur l'étude relative au sport, nous avons un quatuor féminin de rapporteures pour représenter les trois bassins océaniques et l'hexagone : Gisèle Jourda, sénatrice de l'Aude, et Viviane Malet, sénatrice de La Réunion, sont ici présentes et ont pu, lors du déplacement en Guadeloupe, en Martinique et en Guyane, rencontrer de nombreux acteurs et se forger une idée très concrète de la situation.
Nous avions convié M. Rémi Duchêne, inspecteur général de l'administration co-auteur du rapport d'octobre 2016 sur les besoins en matière d'équipements sportifs dans les outre-mer, mais il nous a fait savoir ce matin qu'il était retenu à Madrid par les grèves de compagnies aériennes. Dès lors, mes chers collègues, la synthèse de ce rapport est à votre disposition. Les élus et les membres de l'ANDES qui nous font l'honneur de leur présence le connaissent par coeur et pourront nous dresser un état des lieux de sa mise en oeuvre.
Je vais maintenant donner la parole au président de l'ANDES, M. Marc Sanchez, pour exposer les travaux menés par son association aux Antilles et en Guyane en 2016 et tout récemment dans l'océan Indien. Prendront ensuite la parole les quatre référents de l'association pour les quatre départements aujourd'hui représentés, la Guadeloupe, la Guyane, Mayotte et La Réunion.
Monsieur le président, mesdames et messieurs les sénateurs, nous sommes heureux de pouvoir présenter devant vous aujourd'hui les actions et les travaux que nous menons. Nous vous transmettrons notamment deux rapports rendant compte de deux déplacements que nous avons effectués récemment à La Réunion et, précédemment, aux Antilles et en Guyane. Nous regrettons de n'avoir pu nous rendre à Mayotte du fait d'une situation perturbée par les grèves et les barrages, mais ce n'est que partie remise.
Le réseau de l'ANDES comprend aujourd'hui plus de 5 000 villes sur l'ensemble du territoire national, soit 60 % de celui-ci, et couvre des zones diversifiées telles que ville, campagne, littoral ou encore montagne. Notre réseau outre-mer englobe 150 communes sur les 5 départements et une commission spécifique outre-mer a été créée en 2013 dont l'objectif est d'identifier les particularités pour pouvoir les relayer auprès du ministère et du mouvement sportif. Il s'agit aussi de mettre en relation les élus et de créer un réseau d'échanges autour des problématiques communes pour une collaboration entre les collectivités.
Les thèmes principaux identifiés par la commission sont les investissements en termes d'équipements sportifs, avec des surcoûts de l'ordre de 30 % par rapport à la métropole, étant entendu que ceux-ci sont encore majorés de 30 % dans certaines zones particulièrement difficiles d'accès comme Cilaos à La Réunion. La formation et l'accès au haut niveau sont également des sujets sensibles sur lesquels nous nous efforçons d'apporter notre expertise. Le soutien aux associations locales, actrices importantes du lien social, la suppression de nombreux emplois aidés qui les met en difficulté, la coopération entre les structures des différents territoires, ou encore le risque requin à La Réunion sont autant d'autres sujets à traiter.
À la suite de notre déplacement de 2016 aux Antilles et en Guyane, nous avons dressé un certain nombre de constats et défini un ensemble de leviers qui sont les suivants selon les territoires :
Pour la Guyane :
- permettre le soutien des projets d'investissement autour d'une réflexion commune entre acteurs du sport ;
- doter les communes et intercommunalités de véritables services des sports avec un budget dédié et une véritable politique sportive ;
- un manque d'ingénierie a été relevé aux Antilles et en Guyane ;
- faire valoir l'enjeu de la jeunesse et du sport-santé eu égard eu égard à la prégnance de la toxicomanie et des maladies chroniques.
Pour la Martinique :
- un diagnostic territorial approfondi des infrastructures a été réalisé, ce qui représente un atout pour une conduite coordonnée de la politique sportive et en particulier le soutien de l'investissement ;
- tenir compte des coûts de fonctionnement :
- faire valoir l'enjeu de la jeunesse, des séniors et donc du sport-santé ;
- permettre le développement des associations sportives locales.
Pour la Guadeloupe :
- procéder à un rééquilibrage des équipements sportifs, avec un plan de rattrapage porté par la région ;
- mutualiser les moyens dans un contexte contraint ;
- développer le sport de haut niveau avec le CREPS ;
- prendre en compte une population jeune mais également vieillissante.
Le déplacement aux Antilles et en Guyane a mis en évidence comme préoccupations communes : le nécessaire rééquilibrage des équipements sportifs ; l'intérêt pour ces territoires des petits équipements de proximité tels que les plateaux couverts dotés d'éclairage ou les piscines en eau de mer au coût de fonctionnement modeste ; l'utilité d'une réflexion partagée comme suite à la récente réforme territoriale avec des outils tels que les schémas de développement du sport, le diagnostic territorial approfondi (DTA) ou encore le GIP base avancée en Guyane ; l'intérêt de la coopération intercommunale, encore insuffisamment développée outre-mer ; le rétablissement d'une enveloppe territoriale équipement du CNDS, bien que la tendance actuelle soit plutôt à la réduction des enveloppes dévolues à la politique sportive ; faciliter la formation des athlètes localement sur ces terres de champions, pour l'accès au haut niveau, mais aussi permettre leur retour sur le territoire dès lors qu'il ont dû partir pour poursuivre leur parcours, pour répondre notamment aux problématiques de déracinement ; développer l'accompagnement des associations sportives locales et la formation des bénévoles pour notamment pallier au reflux des emplois aidés.
À La Réunion, je tiens à souligner le rôle moteur de la région dans l'animation et la coordination de la politique sportive, notamment en matière d'équipement. La pérennité du plan d'investissement, comme nous l'avons également observé lors de notre déplacement en Corse en 2016, dépend d'engagements financiers importants semblant aujourd'hui devenus incertains avec le mouvement de réduction des dotations. Nous espérons que cette évolution ne compromette pas la mise en place des plans de redressement dans les outre-mer. Il faut assouplir les règles d'investissement pour les communes, celles-ci à La Réunion présentant la particularité de réaliser des équipements en recourant à la régie ; il faut également accroître l'action du CREPS en développant ses installations sportives pour permettre aux athlètes de se former sur place et de répondre aux problématiques du déracinement et des transports. La suppression des emplois aidés a fortement impacté les collectivités et nous ne mesurons sans doute pas encore l'ampleur des conséquences. Sur la gestion du risque requin, nous avons constaté le travail de fond qui était accompli pour organiser la surveillance, en particulier par le centre de ressources et d'appui sur le risque requin (CRA) ; il y a une véritable volonté locale de définir des solutions permettant d'assurer la sécurité et d'endiguer l'impact sur le tourisme qui est une ressource majeure pour l'économie du territoire. Le soutien au projet de piscine est une condition pour l'apprentissage de la natation sur l'île, celle-ci, contrairement aux idées reçues, n'étant pas assurée par la simple présence de la mer.
Le développement du sport-santé est une priorité dans la lutte contre les maladies chroniques telles que le diabète, l'obésité ou les affections cardio-vasculaires, très présentes à La Réunion comme dans d'autres outre-mer ou régions de l'hexagone. Il est important au niveau national de travailler en coordination avec le ministère de la santé et le développement du sport-santé pourrait, au bénéfice de la collectivité, efficacement contribuer à endiguer les coûts liés au risque maladie.
Se rendre compte sur place des réalités est indispensable pour lutter contre les idées reçues et s'adapter aux spécificités des territoires qui génèrent souvent des surcoûts ; nos déplacements nous ont à cet égard beaucoup appris et nous invitent à nous montrer solidaires. Nos constats recoupent en outre les observations qui ont pu être consignées dans des rapports de services de l'État et appellent la mise en place d'un plan de rattrapage. Les frais de transport et les difficultés de déplacement, pour les longues distances comme la proximité constituent un frein important dans l'ensemble des outre-mer.
En écho à votre récente visite sénatoriale en Guadeloupe, je rappellerai tout d'abord l'importance du sport pour la visibilité de notre archipel et sa contribution au rayonnement national. Je rappellerai également que les performances remarquables des sportifs guadeloupéens sont obtenues malgré des conditions pénalisantes telles que le coût élevé des déplacements, dû notamment à la structure archipélagique du territoire, ou de l'obsolescence accélérée des équipements sous l'effet des agressions climatiques en l'absence d'entretien suffisant. Ces spécificités nécessitent l'adoption de politiques volontaristes.
Il faut par ailleurs que les comités, ligues et fédérations ne changent pas d'exigences normatives sans concertation avec les collectivités, le plus souvent propriétaires des équipements sportifs, de façon à ces équipements généralement réalisés dans le cadre scolaire puissent conserver leur homologation et être utilisés pour les compétitions.
Dans le prolongement de la loi NOTRe, les EPCI doivent pouvoir porter les grands équipements structurants, dédiés à la performance, mais le développement du sport de masse doit continuer à relever d'une autorité de proximité. Notre CREPS et nos clubs obtiennent d'excellents résultats, comme pour le basket-ball, et bénéficient d'une reconnaissance au niveau national pour la qualité des formations dispensées : il faut poursuivre dans cette voie, en s'appuyant sur un instrument local, le Kalamus, centre dédié aux formations des métiers du sport, de l'animation et du tourisme, dont les moyens doivent être renforcés. L'accent doit continuer à être mis par ailleurs sur le sport de quartier, facteur de cohésion sociale, et les politiques d'aménagement urbain doivent intégrer la dimension sportive et culturelle pour tous les âges de la vie, de la petite enfance jusqu'aux séniors, sans oublier les personnes à mobilité réduite. Il faut enfin également continuer à investir dans le développement du sport scolaire.
M. Sylvestre Joseph, référent ANDES pour la Guyane. - La pratique du sport en Guyane rencontre d'importantes difficultés. Cela tient à un certain découragement des bénévoles mais aussi aux difficultés des communes à financer la création puis l'entretien d'équipements sportifs. Ceux-ci sont par surcroît sous-dimensionnés par rapport à l'évolution démographique du fait notamment du délai qui s'écoule, de l'ordre parfois de trois années, entre le projet et l'inauguration de l'ouvrage. Le besoin de rattrapage en termes d'infrastructures est immense. Nous avons ainsi obtenu, lors du passage du Président de la République l'an passé, un financement de 500 000 euros pour créer un stade synthétique à Maripasoula, équipement qui sera utilisé par l'ensemble des communes du Haut-Maroni ; mais cet équipement ne sera mis en service que l'an prochain et les besoins auront été majorés par la progression démographique.
La problématique des déplacements représente également un frein considérable au développement de la pratique sportive et à l'accès à la performance. En effet, les seuls déplacements sur le territoire sont très onéreux : un vol de Maripasoula vers une ville du littoral, Saint-Laurent ou Cayenne, coûte 4 500 euros ! Le déplacement d'une équipe vers l'hexagone, comme récemment l'équipe de volleyball qui s'est qualifiée pour la coupe de France, équivaut à un budget de 16 000 euros ; il a donc fallu faire appel aux dons. Il faut trouver des solutions et en particulier passer des conventions avec Air France pour rendre possibles les échanges sportifs.
Un soutien pour la formation des membres des associations est indispensable, qu'il s'agisse des dirigeants ou des encadrants, de manière à augmenter le panel d'activités proposées. L'association est un outil de sensibilisation et de canalisation des jeunes.
Le projet Guyane base avancée a été pourvoyeur d'équipements structurants pour la Guyane, avec notamment le stade synthétique d'Apatou, le centre aquatique de Cayenne ou encore l'amélioration du stade de Rémire-Montjoly. Il ne faudrait pas devoir attendre une nouvelle compétition au sommet dans le bassin Atlantique pour continuer à investir !
En Guyane, le rattrapage suppose des investissements en continu du fait du dynamisme démographique. Il y a aussi une problématique des communes isolées qui sont confrontées, par rapport aux communes du littoral, aux mêmes problématiques que ces dernières par rapport à l'hexagone ; les communes isolées de l'intérieur sont ainsi en quelque sorte soumises à une double peine ! Les surcoûts y sont supérieurs à 40 %. Le coût de notre stade synthétique avec une simple clôture et sans tribunes s'élève à 2,1 millions d'euros au lieu d'1,4 ou 1,5 million d'euros pour le même équipement sur le littoral. Cela est largement dû au coût de transport fluvial des matériaux. La situation financière des communes pose également problème et il faudrait fournir un gros effort de programmation et de répartition des équipements sur le territoire, alors qu'ils sont actuellement concentrés sur le littoral.
À bien des égards, nous partageons les mêmes difficultés que les autres outre-mer même si Mayotte présente des défis autrement plus aigus compte tenu de sa récente départementalisation en 2011. Notre département sort d'un long mouvement social pour réclamer la sécurité et des avancées en termes de développement. Le plan du Gouvernement dévoilé par la ministre des outre-mer le 13 mai dernier inclut une enveloppe de 4 millions d'euros pour le rattrapage en matière d'équipements sportifs. Nous saluons cette annonce qui appelle la mobilisation d'autres leviers pour répondre aux nombreuses urgences du département.
Pour que la pratique du sport se développe et permette un rayonnement du territoire, nous devons mieux et davantage investir dans les infrastructures. Avec des moyens indigents, les sportifs mahorais forcent déjà le respect par leurs performances dans les compétitions auxquelles ils participent dans l'océan Indien. Il n'est pas acceptable dans un département de 265 000 habitants répartis sur 17 communes de ne disposer que de 3 gymnases, des plateaux sportifs et des terrains de football qui se résument souvent à une étendue de goudron assortie de grillages. Ces équipements ne répondent bien entendu à aucune norme fédérale. Cela représente un taux de 13 équipements pour 1 000 habitants contre une moyenne de 50 en métropole. Le rapport d'inspection de 2016 sur les équipements sportifs outre-mer contient bon nombre de recommandations qu'il faut reprendre et approfondir. Il nous faut par ailleurs un schéma départemental du sport et des infrastructures sportives. Les évolutions de mode de vie à Mayotte doivent être mieux accompagnées par un plan d'investissement volontariste pour l'éducation sportive à tout âge et pour toutes les catégories de la population.
Il faut développer l'apprentissage de la natation : il n'y a actuellement aucune piscine municipale à Mayotte et les jeunes ne savent pas nager dans un territoire entouré d'eau. Dans ma propre commune, à Acoua, des jeunes se noient chaque année. Il faut commencer par se doter d'un schéma directeur des piscines publiques.
Nous devons par ailleurs investir dans l'excellence et les parcours de haut niveau. Il faut créer un CREPS à Mayotte et permettre à nos jeunes de prétendre intégrer l'INSEP. L'UNSS accomplit déjà un travail remarquable avec les ligues sportives locales pour améliorer la détection des jeunes talents mahorais. Certains sont déjà dans les circuits nationaux ; accompagnons-les. Les jeunes sont notre avenir et nous devons investir pour eux ; les moins de 20 ans représentent aujourd'hui plus de la moitié de la population mahoraise. C'est un formidable réservoir de dynamisme et de talents à valoriser.
Les jeunes mahorais font beaucoup pour la notoriété de Mayotte et de notre nation dans l'océan Indien où les contraintes diplomatiques sont fortes. Mayotte ambitionne d'accueillir les Jeux des îles de l'océan Indien et les communes de Mayotte sont porteuses de nombreux projets sportifs structurants. Il faut les accompagner du point de vue de l'ingénierie et du financement pour nous hisser tous à la hauteur des attentes légitimes de la population. Il faudrait inventer un nouvel outil de coopération intercommunale pour aider à la concrétisation de nos projets sportifs.
Après le constat dressé par l'État puis tout récemment par l'ANDES, on constate une similitude des problématiques sur l'ensemble des territoires. Je tiens à souligner la gravité du problème posé par la suppression des emplois aidés pour les collectivités, en particulier dans le domaine du sport. Ainsi, la commune du Tampon, ville de 70 000 habitants, ne parvient plus à faire fonctionner son stade de football. La baisse des dotations de l'État, notamment du CNDS, est également préjudiciable, d'autant que des efforts supplémentaires sont demandés aux collectivités avec l'organisation de la fête du sport.
Les normes imposées par les fédérations sportives posent également problème. C'est en particulier le cas à La Réunion pour le football car le niveau d'exigence d'équipement des stades est trop élevé.
Si l'on doit se féliciter que la France ait obtenu d'organiser les Jeux olympiques de 2024, j'observe qu'à aucun moment les outre-mer n'ont été cités ou associés au projet. Pourtant, lors de Euro 2016, le dispositif « tous prêts » a permis à de nombreux sportifs et jeunes Réunionnais de participer. Certains enfants ont même pu assister à des matchs de l'équipe de France. Pourquoi ne pas transposer ce dispositif aux Jeux olympiques 2024 ?
Les travaux d'investissement dans les équipements sportifs réalisés à La Réunion, généralement en régie communale, connaissent des surcoûts de l'ordre de 30 %. On en revient ici à la suppression des emplois aidés : une piscine est en cours de construction depuis 2 ans dans la commune de Saint-Joseph mais tout est désormais suspendu.
Le risque requin conduit actuellement à la fermeture des écoles de surf ; il en reste seulement une dizaine et il n'y aura pas d'ouverture nouvelle. Il faut rendre la mer aux Réunionnais ; cela est majeur pour le développement du secteur du tourisme qui a connu une croissance de 17 % en 2017 malgré la crise requins.
Concernant enfin les sportifs de haut niveau, le manque de possibilités de confrontation les freine dans leur parcours vers la performance. Le coût des billets d'avion est prohibitif. Nous avons cependant la chance de pouvoir compter sur la région Réunion et le dispositif de continuité territoriale mis en place. Il faut que les sportifs puissent participer aux échéances nationales et participer aux compétitions internationales. Pourquoi ne pas prévoir une ligne dédiée aux outre-mer dans les conventions d'objectifs de l'axe haut niveau ?
Nous vous remercions de vos riches contributions dont il ressort les spécificités de chaque territoire mais également de nombreuses préoccupations communes. Notre délégation ne manquera pas de les faire valoir.
Une réunion de la Commission nationale d'évaluation des politiques de l'État outre-mer (CNEPEOM) va malheureusement conduire ma collègue co-rapporteure et moi-même à vous fausser compagnie dans peu de temps. À la suite des réunions que j'ai pu tenir localement avec les acteurs du sport et du déplacement effectué aux Antilles et en Guyane, j'ai déjà pu poser deux questions écrites pour lesquelles j'attends des réponses que je ne manquerai pas de vous transmettre, sur la problématique des travaux réalisés en régie et mis en difficulté par la suppression des contrats aidés, l'autre sur la réduction des fonds du CNDS.
Je regrette également de devoir quitter notre audition. Nous avons bien compris vos préoccupations et serons vos porte-parole.
Je voudrais tout d'abord me féliciter que notre délégation, dont la qualité des travaux est reconnue et dont les préconisations sont souvent reprises - j'en veux pour preuve nos travaux sur le foncier dans les outre-mer - se soit saisie du thème du sport, si important pour nos territoires.
Je souscris en particulier, outre aux constats dressés, à l'idée selon laquelle une absence d'investissement aujourd'hui induira des coûts majorés demain. De même, ne pas se préoccuper de notre jeunesse réservera des lendemains difficiles.
Au nombre des combats à livrer, figure la possibilité d'exister dans le bassin de l'océan Indien et cela requiert la solidarité de La Réunion. Malgré des performances enviées par nos voisins réunionnais, nos jeunes ne peuvent pas défiler sous le drapeau français et cette situation est choquante et ne peut perdurer. La France de l'océan Indien doit défendre une position unique et solidaire vis-à-vis de ses voisins pour se faire respecter. J'interpelle donc mes collègues de La Réunion.
Concernant les Jeux olympiques de 2024, la loi de programmation déjà examinée ne traitait pas du fond, raison pour laquelle il n'y était pas question des outre-mer, ce que fera une autre loi. Nos sportifs procurent en effet une place de choix à notre pays dans le registre de l'excellence.
Les préoccupations et préconisations doivent également être reprises dans les conclusions des Assises des outre-mer car la prise en compte de la problématique de la jeunesse et du sport doit être à la mesure des enjeux.
Il faut qu'une délégation de l'ANDES vienne à Mayotte pour se rendre compte concrètement de la situation ! Outre l'état de délabrement et l'indigence des équipements, nos jeunes sportifs sont confrontés à de multiples difficultés. Un exemple récent : notre équipe de volley qui est actuellement à Paris n'a pu participer aux compétitions car la ligue mahoraise n'a pas été en capacité de régler sa cotisation à la fédération.
Il faut saisir l'occasion des JO de 2024 pour créer une dynamique dans les outre-mer et développer les infrastructures de base à Mayotte.
Les événements à Mayotte nous ont empêchés de nous déplacer et nous n'aurions pas pu organiser toutes les rencontres nécessaires. Mais je m'engage, en tout cas à titre personnel, à un déplacement dans les meilleurs délais et si possible avant la fin de l'année.
La question de la représentation de la France dans les différents bassins océaniques est un sujet majeur et nous rencontrerons très prochainement les ambassadeurs en charge de la coopération régionale dans chaque zone. En ce qui concerne Mayotte, nous aurons une visioconférence avec les acteurs du sport ce jeudi.
Nous souffrons d'un grave sous-équipement et de la discrimination de certains territoires. Le plan Kanner avait suscité des espoirs car il prévoyait un rattrapage en termes d'équipements, mais nous ne voyons pas de traduction concrète.
Par ailleurs, les ligues et comités sont dans des situations de déficit chronique et ce sont les collectivités qui leur viennent en aide. Il faudrait que les fédérations soient davantage à l'écoute.
La situation archipélagique de la Guadeloupe place certaines zones en situation de triple insularité et il existe une difficulté de liaison entre les îles qui constituent le territoire.
Je veux féliciter la délégation sénatoriale de s'être emparée du sujet du sport et ne manquerai pas de transmettre vos travaux aux députés qui devraient également s'en préoccuper.
En 2030, plus de 60 % de la population sera âgée de plus de 60 ans : le développement du sport-santé constitue donc un enjeu majeur pour notre territoire.
Sur les infrastructures, on constate un désengagement de l'État et les collectivités éprouvent de grandes difficultés. Ainsi, dans la commune de Capesterre-de-Marie-Galante, la construction du stade est en cours depuis 2007 et il n'y a plus de financements ; les finances communales sont notamment mises à mal par la problématique des sargasses. Plus de 80 % de nos communes ont des finances en berne et ne peuvent investir. Or, le désoeuvrement de la jeunesse frappée par un fort taux de chômage nécessite de réagir urgemment.
Un centre de thalassothérapie est en construction au Moule dans le cadre d'un partenariat public privé : celui-ci pourrait accueillir des athlètes de haut niveau en vue de leur préparation pour les JO de 2024. Nous devons saisir l'opportunité de cette échéance pour mettre à niveau nos infrastructures.
Aujourd'hui les Gwada Boys, l'équipe de football de la Guadeloupe, sont en demi-finale de la Coupe caribéenne des nations qui se déroule aux États-Unis et le Club franciscain de la Martinique est en finale de la Confédération de football d'Amérique du Nord, d'Amérique centrale et des Caraïbes (CONCACAF), équivalent pour la Caraïbe de l'Europa League, ce qui démontre le niveau d'excellence de nos joueurs. Les performances risquent d'être compromises à l'avenir par le manque de moyens mis à disposition de la jeunesse. La perte de vitesse est d'ores et déjà perceptible dans le domaine de l'athlétisme !
Sur un des premiers points évoqués par M. Chingan déplorant que les députés ne se soient pas saisis de la problématique du sport, je souhaite lui dire ma préférence pour une complémentarité thématique des travaux de l'Assemblée nationale et du Sénat tant il y a de questions à traiter concernant les outre-mer. Doublonner nos travaux ne serait pas pertinent !
Je vous remercie de nous offrir une tribune et de nous permettre d'entendre nos collègues des autres régions. Les outre-mer présentent des particularités et, malheureusement, particularité rime souvent avec handicap. Il nous faut développer des solidarités et établir un réseau, c'est la raison de notre venue et de notre participation au congrès de l'ANDES.
La superficie de Rémire-Montjoly est de 48 km2 avec près de 24 000 habitants alors que celle de Maripasoula est la plus vaste de France avec plus de 18 000 km2 pour seulement 12 000 habitants. Cela illustre les contrastes et les spécificités. Rémire-Montjoly compte 74 associations sportives couvrant 22 activités. Les dépenses d'entretien sont phénoménales, plus d'1,5 million d'euros. Chaque association ne peut recevoir qu'une petite somme, ce qui suscite souvent l'incompréhension.
Il faut prendre conscience que le taux d'accroissement démographique en Guyane avoisine les 4 %, ce qui condamne une ville comme Saint-Laurent du Maroni à construire un groupe scolaire, un collège, tous les deux ans. Je comprends les préoccupations de mes compatriotes de Maripasoula pour lesquels les coûts sont encore largement majorés par l'éloignement et les difficultés d'accès. Alors qu'ils ont un seul terrain de football encore en construction, nous en avons sept à Rémire-Montjoly.
Je n'assimile pas la spécificité au handicap, et je pense au surplus les outre-mer bien capables de transformer leurs contraintes en atouts. Je viens d'une île qui a su optimiser ses avantages comparatifs et je milite pour la reconnaissance de la différenciation territoriale. Concernant les superficies comparées, celle de Saint-Barthélemy équivaut à la moitié de celle de Rémire-Montjoly.
En complément des témoignages précédents, je voudrais évoquer la question de l'employabilité des éducateurs sportifs. On encourage à passer des brevets d'État mais ensuite les communes comme les clubs se trouvent dans l'impossibilité de les recruter, de les rémunérer. Je veux ensuite évoquer le problème de la reconversion de nos champions : ils sont obligés de s'expatrier à défaut de trouver un emploi sur le territoire. Je prendrai un seul exemple, Jackson Richardson pour le handball.
La question de la reconversion et du retour au pays de nos champions est un sujet qui est revenu de façon récurrente dans nos auditions.
Tous les outre-mer peuvent revendiquer des champions à l'exception de Mayotte du fait de son immense retard. La jeunesse mahoraise est une véritable bombe à retardement devenue une bombe à fragmentation dont l'explosion est en cours. Les moyens nous font cruellement défaut.
Malgré une situation idéale pour le développement des sports nautiques, Mayotte ne dispose que d'un club de voile, rattaché directement à la fédération française.
Le développement économique à Mayotte pourrait aussi passer par le sport de haut niveau.
La perspective des Jeux olympiques de 2024 a été une des raisons de notre choix du sport comme sujet d'étude. Avec un renforcement des infrastructures, nos territoires pourraient devenir des bases de préparation et d'entraînement, notamment pour les sports nautiques. Les événements nautiques peuvent être des leviers économiques de poids ; c'est le cas pour Saint-Barthélemy.
J'ajouterai que Mayotte possède un des plus grands et des plus beaux lagons du monde.
À Mayotte, aucune infrastructure sportive, aucun stade ne dispose d'un point d'eau. Pourquoi cet oubli d'un territoire dont la jeunesse est nombreuse et qui est un département français ?
Je comprends votre question et je puis vous dire que dans notre délégation nous n'oublions personne.
adjointe au maire de Saint-Benoît à La Réunion, en charge des sports, et représentante du CROS. - Nous avons besoin d'encadrants et donc de personnels qualifiés. Les personnes en parcours emploi compétences (PEC) qui nous sont proposées sont donc inadaptées à nos besoins, d'autant qu'il nous faut consacrer du temps à leur formation et assurer la moitié de leur salaire. Avec la baisse des subventions, nos associations ne peuvent pas se permettre d'avoir des salariés.
Concernant la question des drapeaux aux Jeux des jeunes de l'océan Indien qui viennent de se dérouler à Djibouti, le mouvement sportif se borne à appliquer la charte et les négociations diplomatiques ne sont pas de son ressort. En outre, cette question ne pose aucun problème aux athlètes. Le choix de Mayotte comme prochain terrain d'élection des Jeux des îles a d'ailleurs fait l'unanimité.
Il est vrai que le sport n'a pas à pâtir des querelles diplomatiques. Il faut cependant, pour pouvoir avancer, une volonté commune et une solidarité entre les départements français, raison pour laquelle j'ai interpellé mes collègues de La Réunion il y a quelques instants.
Nos outre-mer disposent de statuts très différents avec des répartitions de compétences à géométrie variable, mais tous les territoires doivent pouvoir arborer le drapeau français.
Lorsque les jeux se sont déroulés à La Réunion, Mayotte a pu hisser le drapeau français et les Comores ont quitté la compétition.
Malgré la contribution remarquable des outre-mer à la production de sportifs de haut niveau pour notre pays, les budgets de fonctionnement et le soutien aux associations ne cessent de se restreindre, ce qui suscite l'incompréhension. Hormis l'ANDES, il n'y a pas d'écoute pour l'outre-mer.
Nous sommes tributaires des arbitrages de Bercy. Mais vos parlementaires seront de fidèles porte-parole et les rapports de notre délégation aident à la prise de conscience à Paris des spécificités de nos territoires.
Les décisions sont trop souvent prises sans constat préalable des réalités de terrain.
Notre délégation procède toujours en effectuant un déplacement et des visioconférences.
L'organisation du travail au Sénat ne permet pas de nombreux déplacements et ceux-ci sont également contraints par la nécessité d'utiliser avec parcimonie les deniers publics. Sachez que lors de l'audition de la ministre des sports, Mme Laura Flessel, par notre délégation, vos préoccupations et difficultés ont été relayées.
Le sport tourisme est aussi une véritable plus-value pour nos outre-mer. La Guadeloupe bénéficiera ainsi cette année de l'arrivée de la Route du rhum qui est un événement très médiatisé. À l'heure de la réduction des dotations et du projet de privatisation de la Française des jeux alors que la fiscalité des jeux alimente le budget du CNDS, je suggère d'accroître la contribution du loto au financement du sport. Il faudrait aussi que la manne récoltée par le sport professionnel irrigue mieux le sport amateur.
La question d'un accroissement de la fiscalité des jeux pour le financement du sport est régulièrement évoquée.
En charge du foncier, sujet sur lequel je tiens à féliciter la délégation sénatoriale pour l'étude qu'elle a produite, je suis porteur du projet de construction d'un stade municipal à Mamoudzou. Mais pour le moment, notre demande de subvention a été rejetée par le CNDS. Le coût des travaux avoisine 9 millions d'euros et nous avons obtenu une participation d'1,5 million d'euros du vice-rectorat plus 1 million d'euros du ministère des outre-mer. Ce stade doit être homologué niveau 3 avec une capacité de 2 000 places assises. En qualité de président délégué de la ligue mahoraise de football, je vous confirme qu'aucun terrain n'est actuellement homologué à Mayotte par la FFF.
Je dois préciser que les parlementaires sont privés de la possibilité de proposer des amendements budgétivores en application de l'article 40 de la Constitution. Notre marge de manoeuvre financière est donc très limitée !
Je me félicite de la tenue de notre réunion de ce jour. L'ANDES continuera à inciter au dialogue entre les territoires et à la solidarité. Il y a eu des diagnostics et des expertises de la situation des territoires et il faudrait que le plan Kanner puisse être effectivement mis en oeuvre ; il faut que la parole de l'État soit honorée, surtout vis-à-vis de territoires en souffrance qui aspirent légitimement à l'équité. Il faut créer du lien social et le sport est un bon vecteur. Notre déplacement en Guyane a été l'occasion de prendre conscience de l'ampleur des problèmes.
L'ANDES est un interlocuteur incontournable dont nous saluons la qualité du travail et nous sommes heureux à la délégation de faire cause commune.