Et demander qu’un nouveau travail sur ce texte soit mené en commission des finances, comme l’a fait son président, c’est faire vraiment peu de cas des efforts réalisés tout au long des mois d’octobre et de novembre, qui avaient permis, je le crois, un certain nombre d’avancées.
Pourquoi reprendre le travail aujourd'hui si ce qui a été fait au terme de deux mois de labeur ne vous satisfaisait pas, chers collègues ?
Le choix de l’opposition – un choix purement tactique -, de s’abstenir aujourd'hui sur la première partie du projet de loi de finances afin de pouvoir discuter de l’ensemble du texte, aurait évidemment pu se justifier en première lecture, le 28 novembre dernier. Mais ceux qui réclament aujourd'hui l’examen du texte dans son ensemble n’avaient alors pas fait ce choix. Les motivations réelles de leur démarche aujourd’hui ne font donc aucun doute.
D’ailleurs, l’abstention fut la position adoptée, en première lecture, par certains sénateurs de l’opposition, comme Philippe Adnot.
Dans son explication de vote, notre collègue déclarait que, pour lui, s’abstenir n’était pas approuver le fond du projet de loi de finances, mais que « laisser adopter la première partie du projet de loi de finances » c’était « permettre au Sénat de jouer son rôle, tout son rôle, d’analyser et de critiquer, mission par mission, le projet de budget présenté par le Gouvernement. » Si notre collègue s’abstenait aujourd’hui, il le ferait pour les mêmes raisons, et nous ne pourrions que reconnaître la cohérence et la continuité de ses choix, malgré nos désaccords sur le fond.
En revanche, il est impossible de trouver des justifications valables au fait de défendre aujourd'hui cette position pour la première fois, à trois jours de la suspension des travaux du Sénat en séance publique !