Il est très difficile de discuter de chiffres, à propos d'anticipations, alors que les facteurs qui influencent les mouvements que nous observons sont multiples. On connaît le nombre de demandes d'entrée mais le nombre d'installations réelles sur le territoire de l'Union européenne est plus difficile à évaluer. La croissance naturelle de la population française est de 350 000 personnes par an, le solde migratoire de plus de 100 000. Le pays semble l'absorber sans crise. La situation des réfugiés doit être bien distinguée de celle des autres migrants. La France est signataire depuis 64 ans d'un accord international l'obligeant légalement à accueillir des réfugiés, radicalement distincts des autres migrants.
Sans émettre le moindre doute sur l'impartialité des juridictions, avec 70 % de demandes ne remplissant pas les conditions, le taux de sélection de la France est bien supérieur à celui d'autres États de l'Union européenne tels que l'Allemagne ou les pays du Nord. Une seule source d'arrivée sur cinq concentre l'attention : les conflits continuent en Afghanistan, au Soudan, en Érythrée. Quant à la Libye, l'absence d'État y est facteur de déstabilisation. Oui, il faut faire de l'aide au développement, sans oublier que nous avons cinquante ans d'expérience sur le sujet et beaucoup d'économistes montrent qu'il est très difficile de savoir si une telle politique produit des effets sur la croissance.
Ainsi, les mouvements migratoires en Afrique n'ont rien à voir avec le niveau du produit intérieur brut (PIB) par habitant. Ainsi, le Mali connaît une émigration vers l'Europe dix à quinze fois plus importante que d'autres pays dont le PIB par habitant est similaire. Le raisonnement selon lequel la pauvreté implique l'émigration est simplificateur.
Les perceptions et l'engagement à l'égard des réfugiés diffèrent beaucoup d'un pays à l'autre de l'Europe. Les mentalités collectives, la situation politique, les pulsions sociales en Europe centrale et orientale diffèrent de chez nous. L'élargissement de l'Union européenne comportait cette dimension. Le rapprochement des mentalités souhaité par Robert Schuman et Jean Monnet avance lentement. Rendons hommage à l'esprit de responsabilité du gouvernement polonais qui perdra les prochaines élections au profit de personnalités nettement moins estimables. Enfin, je constate que l'unité politique, dont devraient faire preuve les partis de gouvernement, en particulier dans notre Assemblée, est absente.