J'ai exprimé tout à l'heure mon regret, mais je considère l'absence du ministre de l'intérieur comme exceptionnelle, M. Castaner ayant jusqu'à présent toujours honoré nos convocations. Il n'était malheureusement pas possible de décaler cette audition compte tenu de l'agenda déjà très chargé de la commission.
D'entrée de jeu, monsieur le ministre, j'ai quelques questions à vous poser en matière d'immigration. La traduction budgétaire de toutes les annonces du Premier ministre sur la politique migratoire, à la suite des débats à l'Assemblée nationale et au Sénat, figure-t-elle vraiment dans le présent budget ?
Lors de l'examen de la loi pour une immigration maîtrisée, un droit d'asile effectif et une intégration réussie de septembre 2018, dite loi Collomb, un grand nombre de nos propositions ont été rejetées tant par le Gouvernement que par l'Assemblée nationale. Or ces mêmes propositions sont aujourd'hui reprises par le Premier ministre. Quelles sont les raisons de ce revirement et comment justifiez-vous tout ce temps perdu ?
Les annonces du Premier ministre peuvent, en somme, se rattacher à trois catégories. Il s'agit tout d'abord de mesures déjà prévues et qui ne sont qu'une confirmation de l'existant - sur l'évacuation des campements insalubres, ou la refondation de Schengen et de l'asile européen. Viennent ensuite des mesures nouvelles, certes, mais non financées à ce stade. Je pense notamment à l'amélioration de l'accueil des usagers en préfecture : la situation est honteuse et suscite des désordres, mais pour y remédier, il faudrait des créations de postes dans les services des étrangers des préfectures, que je ne vois nulle part dans ce budget. Je pense aussi à l'hébergement des demandeurs d'asile pour lequel aucune nouvelle place n'est créée en dépit de l'augmentation continue de leur nombre. On trouve enfin des mesures que nous avions nous-mêmes proposées au Sénat et que le Gouvernement avait, en leur temps, rejetées. Je pense notamment à l'instauration d'objectifs chiffrés débattus tous les ans par le Parlement pour chaque catégorie de migrants, à la réforme de l'aide médicale d'État (AME), au renforcement de la conditionnalité des visas pour les ressortissants d'États non coopératifs sur les laissez-passer consulaires, ou encore à la réactualisation tous les deux ans de la liste des métiers en tension qui a été gelée depuis dix ans. Quelle sera la traduction concrète de toutes ces annonces ? Ce sont des questions qui sont partagées par tous les Français.