L’ordre d’examen des amendements est parfois étonnant ! En effet, cette proposition de mon collègue André Reichardt ressemble comme deux gouttes d’eau à l’amendement de notre collègue Hervé Maurey, qu’a présenté Mme Gatel. Je suppose qu’elle connaîtra le même sort.
Ma présentation sera donc brève : cet amendement vise à donner aux maires le pouvoir d’ouvrir ou de fermer leurs écoles, compte tenu de la décision récente du Conseil d’État à cet égard.
Permettez-moi d’utiliser le temps de parole qui m’est alloué pour répondre à mes collègues qui, lors de l’examen de l’amendement d’Hervé Maurey, ont argué que l’ouverture des écoles est essentielle pour les enfants en situation difficile, qu’ils soient victimes de violences ou en décrochage.
Cette ouverture est évidemment essentielle. Cela étant, il serait très injuste de répartir les maires dans deux catégories : d’un côté, ceux qui ne veulent pas ouvrir les écoles et qui manqueraient de cœur, de l’autre, de l’autre, ceux qui les rouvriront et qui ont le monopole de la générosité. Ce n’est pas du tout le cas.
À cet égard, monsieur le ministre, je tiens à saluer le pragmatisme et la grande souplesse des services de l’État, en tout cas dans le département de l’Oise. Le préfet n’a en effet pas attaqué les maires qui prennent des arrêtés de maintien de la fermeture des écoles. De même, il ne voit aucun inconvénient à ce que la rentrée soit échelonnée sur plusieurs jours, comme le souhaitent certains maires.
Pour clore mon intervention, permettez-moi de vous lire, mes chers collègues, le courrier que Jean-Jacques Thomas, maire de Laboissière-en-Thelle, petite commune de l’Oise, a adressé ce matin à ses administrés pour justifier le maintien de la fermeture des écoles :
« Mesdames, messieurs, chers parents,
« Dans le cadre du plan de déconfinement, le Gouvernement a annoncé la réouverture des écoles maternelles et primaires le 11 mai.
« Pour la santé de nos enfants et du personnel enseignant, ce protocole est difficilement applicable, sachant que notre région est en zone rouge, que le conseil scientifique préconise une rentrée des élèves en septembre et que des cas graves chez les enfants apparaissent dans les hôpitaux limitrophes de notre département.
« Dans ces circonstances, sachant qu’un maire a un devoir de protéger sa population, j’ai pris ce jour la décision de maintenir la fermeture des écoles de notre commune au-delà du 11 mai, avec une réouverture à la rentrée de septembre 2020. Prenez bien soin de vous et de votre famille. »
Monsieur le rapporteur, j’ai bien compris que nous ne devions pas ouvrir la boîte de Pandore, car ce serait dangereux pour les maires. Néanmoins, il faut bien entendre leur voix.