Intervention de Jean-Pierre Bel

Réunion du 5 novembre 2009 à 22h00
Entreprise publique la poste et activités postales — Article 2

Photo de Jean-Pierre BelJean-Pierre Bel :

J’ai apprécié les interventions précédentes, et je voudrais en particulier m’inscrire dans la lignée des propos de Mme Des Esgaulx, qui a mis en avant les nécessités de service public. Au travers d’exemples que nous pouvons les uns et les autres puiser dans nos territoires, nous pourrons mieux apprécier, me semble-t-il, ce que devrait être le service public de La Poste.

Je pense avoir été l’un des seuls présidents d’une commission départementale de présence postale à avoir démissionné de ses fonctions, comme s’est également empressé de le faire mon successeur lorsque cette commission a été remise en place. Pourquoi ?

Je suis élu du département de l’Ariège, un département qui présente certaines spécificités, pas uniquement rurales d’ailleurs. Le service public de La Poste est actuellement marqué par un certain nombre de dysfonctionnements sur lesquels, au moment où nous allons essayer de préciser, par nos amendements, les missions de service public de La Poste, nous souhaitons des éclaircissements.

Si les élus de ce département, au-delà de tous les clivages et de toutes les sensibilités politiques, ont considéré que la situation n’était plus tenable, c’est parce qu’ils rencontraient des difficultés, qui, à défaut d’être exceptionnelles, sont bien réelles.

Il s’agit, premièrement, du déclassement des bureaux de poste. Voilà cinq ans, mon département comptait quatre-vingt-cinq bureaux de poste de plein exercice ; aujourd’hui, il en reste une douzaine. Il s’ensuit la mise en place d’agences postales communales ou, quand c’est impossible, de points de contact ; je vous laisse apprécier cette dégringolade considérable, qui a un impact tout à fait significatif dans un département comme le mien !

Mais le plus grave, c’est la raison pour laquelle on en arrive là, parce qu’il faut toujours justifier la fermeture d’un bureau de poste et la demande d’ouverture d’une agence postale communale pour laquelle on doit faire appel aux collectivités.

C’est assez simple. On commence par diminuer l’amplitude horaire du bureau de poste : les gens, ne connaissant pas les jours d’ouverture du bureau de poste, ont alors quelques difficultés à utiliser ce service.

Je prendrai l’exemple du canton de Quérigut, l’un des plus petits de France, me semble-t-il, avec celui de Barcelonnette dans les Alpes de Haute-Provence. Situé en Ariège, non loin des départements de l’Aude et des Pyrénées-Orientales, ce canton de Quérigut est totalement enclavé en zone de montagne. Pendant douze ans, j’ai été maire d’une petite commune de ce canton, qui se situe à environ trois quarts d’heure ou une heure d’une ville un peu importante, que ce soit du côté de l’Ariège ou de l’Aude, à Quillan.

Aujourd’hui, les malheureux habitants – 500 au maximum, 450 l’hiver – qui continuent à vivre dans le pays du Donezan, situé dans le canton de Quérigut, ne peuvent profiter de ce qui tient lieu de bureau de poste qu’un jour et demi par semaine !

La Poste ne doit certes pas être le bouc émissaire de toutes les difficultés rencontrées, j’en conviens, et d’autres services publics sont également sources de problèmes. Mais cela signifie, en définitive, qu’il vaut mieux, à la limite, inciter les habitants à déménager dans un canton plus peuplé !

Deuxièmement, si ces bureaux de poste sont déclassés, c’est en raison du traitement qu’ils subissent. Je connais de très nombreux exemples de situations ayant exaspéré les maires. Ainsi, dans des bureaux de poste de montagne, par exemple, on ne remplace plus les personnels en congé de maladie, et même plus les personnels en congé annuel !

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