Nous accueillons M. Michel Boyon, ancien président du Conseil de prévention et de lutte contre le dopage (CPLD).
Notre commission d'enquête sur l'efficacité de la lutte contre le dopage a été constituée à l'initiative du groupe socialiste, en particulier de M. Jean-Jacques Lozach, notre rapporteur.
Une commission d'enquête fait l'objet d'un encadrement juridique strict. Je signale au public présent que toute personne qui troublerait les débats serait exclue sur le champ. Je vous informe en outre qu'un faux témoignage devant notre commission serait passible des peines prévues aux articles 434-13 à 434-15 du code pénal.
Conformément à la procédure applicable aux commissions d'enquête, M. Michel Boyon prête serment.
Je suis heureux d'être parmi vous. Cette audition, ainsi que la « sublimation » du CPLD en Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) en 2006, constituent une reconnaissance du travail accompli par le Conseil. Pourtant, les problèmes sur lesquels nous attirions l'attention demeurent, liés au comportement des sportifs ou à l'internationalisation du sport. Le CPLD a été créé par une loi votée à l'unanimité à l'Assemblée nationale comme au Sénat, le 23 mars 1999. Le décret lui donnant ses compétences disciplinaires n'a été publié qu'un an après. Je garde de cette expérience un souvenir très fort. C'est toujours un honneur de mettre en place une institution nouvelle. Nous avons avancé à tâtons, mais notre volonté était forte. Le collège composé de personnalités remarquables et très diverses a toujours approuvé de manière consensuelle les actions menées, y compris les procédures disciplinaires.
Comme l'intitulé du CPLD l'indique, nous travaillions selon deux axes : prévention et lutte contre le dopage. Les médias s'intéressaient davantage à ce dernier aspect, surtout préoccupés de savoir si tel ou tel sportif célèbre allait faire l'objet de sanctions. Le CPLD pouvait infliger une peine d'interdiction de participer à des compétitions sportives. La première sanction prononcée a eu une valeur fondatrice.
Pourtant, à mes yeux, l'essentiel n'est pas là. Le CPLD a été créé à la suite de l'affaire Festina. Le dopage a toujours été entouré de beaucoup de mensonges et d'hypocrisie. Le Conseil a eu un rôle fondamental pour améliorer l'information et la transparence. Selon moi l'acte fondateur a été la publication d'un communiqué de presse à l'issue du Tour de France 2000 annonçant que 96 contrôles avaient été réalisés, 45 d'entre eux révélant la prise de substances dopantes. Quelle émotion suscitée... Cela ne signifiait pas que 45 % des coureurs du Tour étaient dopés car la consommation de telles substances est parfois justifiée par des raisons thérapeutiques. Mais souvenons-nous qu'à l'époque, il suffisait de présenter une ordonnance, établie par n'importe quel médecin, spécialisé ou non, pour échapper aux sanctions ! Il ne s'agissait que d'une communication factuelle, mais l'UCI et son président, M. Hein Verbruggen, ont mal réagi. Pourtant, à partir de ce moment-là, nous avons pu mener des actions fructueuses.
Les sanctions disciplinaires sont nécessaires. Lorsque j'ai quitté la présidence du CLPD en octobre 2003, la majorité des cas que nous avions eu à connaître concernait des sportifs jeunes ou amateurs qui se dopaient sans méthode. Les auditions étaient déprimantes. Tel jeune se dopait car ses parents le poussaient à pratiquer l'haltérophilie tous les jours. Tel autre avait pris du clenbutérol, produit réservé aux chevaux, dont il avait trouvé un flacon à l'écurie. À l'inverse, des sportifs connus, assistés d'avocats, passaient entre les gouttes !
Toutefois la prévention est plus importante. Reste à trouver le bon angle pour atteindre la cible. L'effet sur la santé est évident, nous le savons, même si nous n'avons jamais pu obtenir aucune étude épidémiologique sur la santé des anciens sportifs. Depuis toujours les sportifs se dopent. La dopette des années trente n'était pas très grave, mais depuis cette époque, des produits plus toxiques sont apparus. Mettre en garde contre les effets sur la santé individuelle, les conséquences sur les reins ou le foie après quarante ans ? Les jeunes ne comprennent pas ce discours. À 18 ans, 45 ans c'est loin : ils veulent « s'éclater », gagner de l'argent, le reste ne les touche pas ! À l'époque il s'agissait surtout du cyclisme. Aujourd'hui semble-t-il, le rugby est aussi très atteint par le dopage. Quant au discours « se doper c'est tricher », tous n'y sont pas sensibles.
Nous avions tenté de montrer que le dopage concerne toutes les disciplines et toutes les catégories, les professionnels comme les amateurs, les jeunes comme les plus âgés. Un reportage montrait que la majorité des cyclistes du dimanche faisant le tour du bois de Boulogne prenait des comprimés. Il n'y a aucun enjeu pourtant, ils ne reçoivent ni chèque, ni cocotte-minute. Mais ils veulent la gloire de gagner... Tout le monde est touché.
La prévention est l'affaire de tous. Des pouvoirs publics tout d'abord : Mme Marie-George Buffet, alors ministre, s'est investie avec beaucoup de courage dans ce combat, comme M. Jean-François Lamour après elle ; l'affaire des collectivités territoriales, également, et de l'ensemble des instances sportives - du Comité national olympique jusqu'aux clubs les plus modestes, les fédérations agréées, les ligues régionales, les comités départementaux -, comme des professions de santé. C'est aussi l'affaire de l'éducation nationale. J'ai eu beaucoup de mal à nouer des liens avec les professeurs d'éducation physique. Grâce au concours de fonds européens, nous avions développé un programme destinées aux classes sport études, où sont formés les sportifs et les professionnels du secteur, entraîneurs, gérants de magasin de sport, etc. Au terme d'un travail interactif, les classes devaient rédiger une charte sur le dopage. Cette sensibilisation, même si son effet dans la durée est peut-être limité, est plus efficace que les grandes campagnes générales sur le thème « il n'est pas beau de tricher ».
Un mot sur le rugby. Lorsque je présidais le CPLD, la professionnalisation était déjà amorcée. Il était évident qu'elle s'accompagnerait d'un dopage accru. Les contrôles étaient peu fréquents, les résultats de ceux-ci guère meilleurs que dans les autres disciplines. La professionnalisation a des effets visibles sur l'évolution de la morphologie des athlètes ! Certes, l'entraînement contribue au développement de la masse musculaire, mais des substances y aident aussi. La professionnalisation a eu également des conséquences sociales. Les grands clubs ont relégué dans l'oubli les équipes du cru. Le lien social créé par le rugby à l'époque où il était constitué de sept poules de huit équipes a disparu.
À la lecture du dernier rapport annuel de l'AFLD, j'ai constaté que les contrôles antidopage soulèvent aujourd'hui les mêmes problèmes. Une Agence mondiale antidopage (Ama) a été créée, hélas trop dépendante du CIO. Certes, grâce à M. Jacques Rogge, des progrès importants ont été accomplis au niveau international. Mais l'entrée en vigueur du Code mondial antidopage, introduit dans notre droit, a donné un coup de canif à la pratique française des contrôles. La France avait été le premier pays, avec la Belgique, à engager une lutte efficace contre le dopage. Désormais, les contrôles sont effectués par les fédérations internationales lors des événements sportifs internationaux, ou avec leur accord. J'y étais très opposé. Jusqu'en 1999 en effet, les contrôles antidopage à Roland-Garros, réalisés sous l'égide de l'ATP, avec le concours d'un laboratoire étranger, sans intervention du laboratoire de Châtenay-Malabry, n'ont jamais révélé le moindre cas positif. Comme par hasard, la première année où nous avons pu procéder à nos propres contrôles, six ont révélé l'usage de substances dopantes. C'est pourquoi la prérogative des organisations internationales en matière de contrôles m'inquiète.
Autre sujet d'inquiétude, la double liste des produits dopants. En 2002 une distinction a été établie entre produits interdits en compétition et ceux interdits de manière permanente. Distinction catastrophique ! Il y a dix ans on parlait peu d'EPO, on savait mal la détecter. J'ai milité pour l'instauration de contrôles sanguins. Aujourd'hui deux tiers des contrôles sont urinaires, un tiers sanguins.
De grands progrès ont été réalisés, en particulier grâce à l'action de l'AFLD. Au niveau mondial, la prise de conscience varie selon les disciplines. Certains responsables sportifs sont toujours réticents à s'attaquer de front au sujet. Le spectacle avant tout... Mais il n'est pas certain que la montée jusqu'au col d'Aubisque soit moins intéressante à 25 kilomètres heure qu'à 30 !
En 2002. La même année nous avons pratiqué des contrôles à l'occasion du tournoi des Six Nations : nous avons frôlé la crise diplomatique.
Le rapport d'activité du CPLD de 2003 déplorait le manque d'implication des médecins généralistes dans la lutte contre le dopage. La situation a-t-elle évolué ?
Il y a eu une prise de conscience. Nous entretenions des contacts étroits avec le Conseil de l'Ordre. Son président et ses membres étaient sensibilisés mais ils peinaient à diffuser leur préoccupation. On sortait d'une époque où le dopage bénéficiait d'une tolérance implicite sinon explicite. L'affaire Festina a été un coup de tonnerre. Une loi a été votée en 1999. Nul n'avait imaginé une réaction si rapide.
J'ai mis sur place des commissions de concertation avec les professionnels de santé, notamment les masseurs kinésithérapeutes : ils jouent un rôle psychologique important et sont en mesure de nouer un dialogue avec les sportifs. Ils s'étaient montrés très réceptifs.
Vous avez évoqué la participation des collectivités territoriales à la lutte contre le dopage. S'agit-il d'une action financière ? De la création d'écoles municipales des sports ?
Leur implication n'est pas nécessairement financière et elle ne doit pas être le monopole des collectivités riches. Il s'agit plutôt de la rencontre de bonnes volontés. Si un adjoint au sport, un proviseur de lycée, et le président d'un club même modeste souhaitent avancer, ils avanceront. Nous avions mis à leur disposition une documentation simple. Sans grand succès à l'époque. Davantage de collectivités sont aujourd'hui mobilisées. J'ai été très déçu de ne recevoir aucun soutien de l'éducation nationale, en dépit d'initiatives isolées de quelques professeurs d'éducation physique, de sciences de la vie, voire d'éducation civique ou de français. Or l'éducation nationale reste la mieux armée pour sensibiliser les jeunes. Les clubs, notamment les plus petits, paraissaient plus ouverts.
L'évolution du rugby a été spectaculaire depuis la disparition du rugby du terroir au profit de la professionnalisation, en 1995. Pensez-vous que l'arrivée de l'argent dans le sport accroît les risques de dopage ? Les dispositions prises depuis une quinzaine d'années sont-elles suffisantes ?
Il est évident que l'arrivée de l'argent s'est accompagnée d'une montée du dopage et les mesures prises montrent leurs limites. Mais il est difficile de trouver une solution adéquate. Les beaux discours persisteront.
La sanction n'est pas la panacée, même si elle est nécessaire. Il est douteux que l'on puisse limiter l'influence de l'argent dans le sport car les disciplines sportives sont toujours plus nombreuses à se professionnaliser.
J'avais travaillé avec M. Boyon lors de la rédaction de la loi Buffet. La motivation principale du dopage, c'est la gloriole ; chaque sportif du dimanche est prêt à se doper pour pouvoir annoncer à sa famille qu'il a battu le voisin. L'argent aussi joue un rôle : pour certains jeunes issus de milieux défavorisés, le sport représente un vecteur de promotion sociale. L'affichage des gains considérables des sportifs a des effets pervers. Les parents eux-mêmes sont prêts à pousser le jeune vers la réussite. Il est nécessaire de réguler le rôle de l'argent dans le sport. L'action des collectivités territoriales n'est pas neutre. Beaucoup refusent de subventionner les clubs professionnels qui disposent de ressources suffisantes, mais les subventionnent indirectement par le biais de la communication car le club phare contribue à faire connaître la région. Autrefois on connaissait Lavelanet ou Mazamet ; longtemps le quartier de Montferrand a été plus connu que la ville de Clermont-Ferrand.
Que pensez-vous à cet égard des ligues fermées, comme celle du hockey sur glace ou de la NBA aux États-Unis ?
Sur le Tour de France, comme dans d'autres épreuves phares, on constate que certaines équipes sont automatiquement retenues, celles qui ont les moyens. Les sportifs qui gagnent beaucoup d'argent sont prêts à mettre leur santé en jeu pour continuer. Mettons l'accent sur la prévention et la protection de la santé des sportifs.
Absolument. Pour certains le sport constitue une chance inespérée de gagner de l'argent ou d'être reconnu. Beaucoup de coureurs cyclistes sont issus de milieux modestes. Mais je réagis toujours lorsque l'on m'explique que le tennis n'est pas touché parce qu'il s'agit d'un sport pratiqué par des jeunes issus de milieux aisés, éduqués, et donc conscients des risques...
La prévention est essentielle. Comme dans les compagnes contre le tabagisme, faire peur ne suffit pas. Avez-vous aussi mené des campagnes avec des messages positifs présentant le sport comme un facteur de santé ? L'éducation nationale comme les clubs représentent des vecteurs privilégiés. Les jeunes doivent être sensibilisés dès le plus jeune âge car même dans les clubs amateurs on consomme des produits stimulants. Cela commence avec des vitamines...
Les campagnes de prévention avaient deux angles : la protection de la santé et l'aspect éthique. Sans doute d'autres accroches sont-elles possibles. Mais une campagne isolée, même réussie, avec un slogan fort, ne suffira pas pour créer un nouvel état d'esprit. Il faut s'inscrire dans la durée en mobilisant tous les acteurs : enseignants, entraîneurs, élus, etc. La communication est importante, mais la relation personnelle entre un sportif et son entourage l'est plus encore. Les parents peut-être pas, mais les camarades de clubs plus expérimentés, l'entraîneur ou l'animateur.
Oui ! À l'époque, elles venaient surtout du cyclisme. Lors du Tour de France 2000, lorsque nous avons publié notre communiqué relatif au bilan des contrôles, l'UCI s'est déchaînée, lançant plusieurs campagnes, tentant d'instrumentaliser les médias ou de faire pression sur le pouvoir politique. Son président tenait des propos à la limite de la diffamation. Puis est venu le temps des menaces insidieuses : la France ne devait pas en faire trop, sinon les sportifs ne viendraient plus. Argument sensible à une époque où l'on choisissait le lieu des futurs Jeux olympiques. La France n'a pas cédé.
Dans un avis de juin 2001, vous attiriez l'attention du ministre des sports sur la distinction entre produits interdits de manière permanente et ceux autorisés pendant l'entraînement. Quel a été son effet ?
Faible ! Car il s'agit d'une liste internationale, adoptée sous l'égide du Conseil de l'Europe. Mais cette distinction est un pousse-au-crime.
Doit-on donner plus de pouvoirs à l'Agence française de lutte antidopage (AFLD) ?
Je n'ai pas tous les éléments. Certes il faut de l'argent pour mener des actions de prévention. Pour l'établissement de la liste des produits dopants et l'étendue des prérogatives de l'agence française sur les événements internationaux organisés en France, nous sommes liés par le code mondial antidopage. Il me semble que les pouvoirs actuels sont étendus. En 2006, l'AFLD s'est vu rattacher le laboratoire de Châtenay-Malabry. C'est une excellente initiative, même si des juristes anglo-saxons y verront sans doute une entorse au principe de neutralité. Ce risque de contentieux existe.
À Roland-Garros, organisé par la fédération française, les contrôles antidopage sont organisés par la fédération internationale et les prélèvements analysés au Canada. Au moment où l'État négocie avec les fédérations le renouvellement de leurs conventions, ne doit-il pas leur demander de négocier avec les fédérations internationales pour que les contrôles relèvent de leur prérogative ?
Ce serait l'idéal. Mais est-il possible de revenir sur le code mondial antidopage, consacré par l'Unesco et reconnu dans notre droit ?
Dans certaines disciplines les dirigeants des fédérations internationales sont conscients que le dopage dégrade l'image du sport. Des avancées auront peut-être lieu.
Pas de contacts formalisés. Peu d'organismes similaires existaient à l'époque. Et l'Agence mondiale antidopage n'avait pas conquis son indépendance à l'égard du Comité international olympique. La situation s'est améliorée au fil des années, M. Rogge a joué un rôle majeur à cet égard.
Seriez-vous favorable au retour du volet prévention dans le giron de l'AFLD ?
Le système des AUT et les contrôles inopinés ne constituent-ils pas de bons outils de prévention ? J'y vois pour ma part deux pièces maîtresses de la lutte antidopage.
L'AFLD fait tout de même de la prévention. L'un des reproches que l'on peut faire à la loi de 2006 est d'avoir ôté le terme « prévention » de l'intitulé et du sigle de l'institution. Ce n'était pas un très bon signal.
Mes souvenirs sont aujourd'hui vieux de quatorze ans. Je suis parti avec des regrets et des mécontentements, la double liste et le code mondial, qui était alors en projet. Mais l'incurable optimiste que je suis se disait : la prise de conscience est là, nous arriverons à vaincre ce fléau.
Le problème est que dans beaucoup d'autres pays, la lutte contre le dopage est la dernière des préoccupations. Comment demander à des pays pauvres d'y consacrer des moyens ? C'est un peu frustrant, mais c'est ainsi : pour l'instant, la lutte contre le dopage est le monopole des pays riches.
Les médias ont un rôle à jouer. La loi du 1er mars 2012 est un texte d'ouverture, pragmatique, plus adapté aux contraintes des chaînes et aux goûts du public que le texte antérieur. Le CSA a pris une délibération qui sera applicable à compter du 1er juillet. Certaines chaînes, notamment publiques, sont décidées à agir. Mais il faut être subtil et parler du dopage de façon intelligente et attrayante dans les émissions scientifiques, sportives... La loi antérieure prévoyait des messages contre le dopage pendant la diffusion des événements sportifs : c'est ridicule. Le spectateur du Tour de France n'est pas prêt à entendre cela. Quant aux dirigeants des grandes chaînes, et pas uniquement publiques, leur réceptivité est bonne.
Notre commission d'enquête sur l'efficacité de la lutte contre le dopage a été constituée à l'initiative du groupe socialiste, en particulier de M. Jean-Jacques Lozach, notre rapporteur.
Une commission d'enquête fait l'objet d'un encadrement juridique strict. Je signale au public présent que toute personne qui troublerait les débats serait exclue sur le champ. Je vous informe en outre qu'un faux témoignage devant notre commission serait passible des peines prévues aux articles 434-13 à 434-15 du code pénal.
Conformément à la procédure applicable aux commissions d'enquête, M. Antoine Vayer prête serment.
Je me réjouis d'être parmi vous. La lutte contre le dopage est un sujet que je n'aborde pas avec cynisme. J'ai prêté serment. Albert Camus, membre de l'équipe de football du Servette de Genève, avait coutume de dire qu'on parlait du dopage comme de la misère : la plupart du temps, on n'y connaît rien. Je suis immergé dans le problème depuis des années : en tant que professeur d'EPS, puis en tant que coureur, puis entraîneur de l'équipe Festina. Mes activités concernant la lutte antidopage me donnent également le statut de témoin. Ce n'est pas la première fois que je suis auditionné sur le dopage, sans résultat concret. J'espère que cette fois il en ira différemment.
Avant d'entrer chez Festina, j'étais un passionné de cyclisme. Une passion qui rend aveugle un certain temps, mais pas sourd ni muet. Lors des évènements de 1998, j'ai expliqué la situation à un conseiller de Marie-Georges Buffet. Il croyait l'affaire terminée. Je l'ai détrompé. Je voulais faire savoir ce qui se passait. La lutte antidopage est le dernier souci des gens qui se dopent. Les sportifs aiment le risque, qui les excite.
Je suis allé à deux reprises rue de Varenne. J'ai rencontré un conseiller de Lionel Jospin. La première fois, en 1999, il voulait absolument me « récupérer » pour que je travaille sur le sujet. La deuxième fois, il faisait ses cartons et s'est dit désolé...
J'ai demandé à l'AFLD de financer une étude sur les watts. M. Roux-Comoli m'a reçu, mais nous avons fait l'étude nous-mêmes. J'ai déjeuné avec Marie-Georges Buffet au ministère, avec Christophe Bassons. J'ai prédit devant elle comment Miguel Martinez allait gagner les Jeux olympiques et il a gagné. Elle parlait déjà du rugby à cette époque. En 2001, j'ai élaboré la charte « 100 pour 2 000 », qui a été signée par 75 députés, des personnalités de la culture et du sport et présentée à l'Unesco.
J'ai transmis à M. Rémoleur, le conseiller de Mme Bachelot un dossier sur les profils physiologiques, qui a été repris presque in extenso dans L'Équipe. Dans la foulée, j'ai été reçu à l'AFLD par M. Rochcongar, qui a fait une synthèse des dossiers.
L'omerta et la camorra règnent dans le domaine du dopage. Depuis 1999, j'ai écrit dans la presse nationale : pour Le Monde en 1999, L'Humanité en 2001, Libération pendant sept ans, et j'écris à nouveau des chroniques dans Le Monde. En 2001, j'ai été attaqué en diffamation suite à mon article intitulé « À qui le Tour ? ». Tout y était dit : sur Armstrong, Jean-Marie Leblanc, Philippe Sudres notamment. Depuis, Jean-Marie Leblanc m'a expliqué que l'action en justice visait à me faire taire.
En 2007, Bernard Hinault m'a menacé suite à un article sur « les ex ». Si je continuais d'écrire, cela irait mal pour moi... J'ai aussi reçu un mail de Christophe Moreau, qui fera l'objet de l'un des futurs portraits du magazine « Tous dopés, la preuve par 21 » : les menaces visant à me faire taire sont à peine voilées. Je suis droit dans mes bottes. Dans ce milieu, on cherche à nuire à ceux qui parlent.
En 1999, Pierre Ballester acceptait mon article « Il faut une révolution ». Depuis, rien n'a bougé. La révolution, c'est aussi se couper la tête... J'ai écrit au sujet des journalistes dits sportifs. Dès 1999, L'Equipe savait tout sur Armstrong, et titrait cependant : « Sur une autre planète », « Pour un nouveau siècle ». Le jour de l'exploit de Floyd Landis, c'est « la chevauchée fantastique », alors que tout le monde est au courant de ses pratiques. Après « Contador le matador », le titre va changer : « Un virage est pris ». Les Unes tournent comme on retourne sa veste... La naïveté est le fonds de commerce du dopage : le public adhère aux grands poncifs et les coureurs se disent « si les autres le font, je fais comme eux ». On entend aussi dire : « je veux gagner plus que 35 000 euros par an », « les contrôles ne marchent pas vraiment », et « que vont penser mes enfants si je ne gagne rien ? ». Voilà l'équation.
La lutte antidopage est une histoire de résistance. Nous aimerions être aidés de manière institutionnelle, car nous avons les clés du problème. Je fais partie d'un groupe de travail « Change cycling now », qui s'est réuni début décembre à Londres. Nous avons réfléchi à des solutions, autour de quatre thèmes : la création de commissions vérité réconciliation, l'indépendance des contrôles antidopage, un changement d'hommes aux postes clés de l'UCI et d'autres instances, et une évolution des mentalités.
Avec d'autres résistants, je réalise un magazine qui sera publié dans le monde entier, en Allemagne, en Angleterre, en Australie, aux États-Unis. « Alle gedopt ? » dans la version allemande, « Tous dopés ? » en français, apportera plus d'éléments que des rapports de 1 000 pages et que des contrôles de produits. Nos méthodes pour savoir si un athlète est dopé ne sont pas prises en compte ; elles sont pourtant fiables.
Je vous communique également, avec l'autorisation de M. Delegove, premier magistrat de l'affaire Festina, la lettre qu'il a rédigée à ma demande, dans laquelle il établit un parallèle entre le procès Festina et l'affaire de l'Usada.
M. Christian Prudhomme - qui n'était pas directeur du Tour entre 1995 et 1998, au moment de l'affaire Festina - nous a dit que l'organisateur n'était pas informé de ce qui se passait dans les caravanes. Qu'en pensez-vous ?
Bien sûr que si. J'envoyais moi-même des messages pour dire ce qui se passait !
C'est dans son rôle de ne pas dire vrai. Que lui importe si les sportifs se dopent ou non ? Pour lutter contre le dopage, il faut faire appel à des gens de conviction, pas d'opportunité.
Il ne connaissait peut-être pas le déroulement précis des choses, mais il était bien sûr au courant. Comment en serait-il autrement ? Moi-même, je le savais : il ne pouvait qu'être informé !
Comment êtes-vous devenu entraîneur de Festina ? Dans quelles conditions avez-vous quitté votre fonction d'enseignant d'EPS ?
Je suis parti dans de très bonnes conditions. Passionné de vélo, j'ai refusé de passer professionnel pour finir mes études d'éducation physique et sportive à Bordeaux et je suis devenu le plus jeune professeur de gymnastique en activité. Puis j'ai couru, et j'ai entraîné. J'ai créé le premier CPEFHN de Flers, une déclinaison des pôles France, avec des athlètes qui ont fait le Tour de France. Une des sportives que j'ai entraînées est devenue championne du monde. À l'époque, en 1995, il n'y avait pas de poste d'entraîneur à proprement parler : j'ai été le premier à être embauché à ce titre par Bruno Roussel. Le rôle de l'entraîneur est de s'occuper d'un athlète au point de vue technique, physique et psychologique. Je travaillais avec des sociétés comme Polar en Finlande, SRM en Allemagne, et j'ai apporté des innovations dans les échauffements, dans les reconnaissances de cols, et sur la technologie.
Dès le départ, on m'a prévenu : « Tu es entraîneur, pas docteur ». Et plus précisément encore, « tu peux être le meilleur entraîneur du monde, tu ne vaux rien comparé aux docteurs ». Au fil des réunions, j'ai compris. On me demandait gentiment d'aller dans la pièce d'à côté quand on abordait certaines questions...
En 1998, je n'ai pas été auditionné par la police. J'ai écrit moi-même au juge Keil, et mon témoignage a sans doute contribué à la venue à Lille de Richard Virenque. Dans ce procès fort didactique, tout était dit. Hélas, rien n'a bougé depuis. La presse n'a retenu que le « oui » de Virenque...
Quelles sont les preuves de ce que vous affirmez ? Vous nous renvoyez à des dossiers, mais c'est ici que nous attendons des réponses.
J'ai vu beaucoup de choses.
Je peux témoigner de ce que j'ai vu et des preuves matérielles figurent dans les fichiers que je vous ai apportés.
Comment pouvez-vous affirmer, par exemple, que Christian Prudhomme savait ?
Je ne peux pas le prouver. Il a tout de même répondu au sms dans lequel je l'alertais sur le dopage de certaines équipes. Christian Prudhomme est immergé dans un milieu qui, à une époque, ne parlait que de dopage. Il connaît suffisamment le cyclisme pour savoir la vérité sur les exploits d'Armstrong. Si vous connaissez l'athlétisme et que vous voyez Christophe Lemaître faire 9,5 secondes, vous tirez pareillement vos conclusions.
Un sms ne suffit pas. Quelles sont les preuves de ce qui se passait dans les chambres ?
Il n'y a pas de preuves. Mon intime conviction est que Christian Prudhomme ne pouvait que savoir.
Mme Buffet vous a parlé du rugby. Vous avez évoqué le cas Martinez. Pourriez-vous nous en dire plus à ces sujets ? Avez-vous des preuves ?
Nous discutions librement. Les ministres ne sont-ils pas bien informés ? Mme Buffet trouvait la situation dramatique dans le rugby. C'était juste après 1998, en 2000, avant les Jeux olympiques.
Avant 1998, j'avais évoqué devant des journalistes les protocoles de clenbutérol pris par les coureurs de Festina, mais ils n'étaient pas du tout intéressés. Le clenbutérol, devenu célèbre grâce à Contador, se prenait par cures pyramidales de dix jours : un cachet le premier jour, deux le second, jusqu'à cinq le cinquième jour, puis quatre le sixième jour, trois le septième... Le médecin belge de l'équipe, Eric Ryjkaert, aujourd'hui décédé, me recommandait de ne pas trop pousser les sportifs à certains moments. Il faut respecter le cycle adaptation-assimilation-accommodation, disait-il. On voyait bien la modification musculaire. Le coeur de ces sportifs battait à 100 la nuit. Le soigneur testait les pilules pour connaître la fenêtre de détection.
En effet.
Tout à fait. Pendant le Tour 1998, après les arrestations et les premières perquisitions, un vent de panique a soufflé sur la caravane et les produits qui remplissaient les coffres des voitures ont été jetés à la mer dans les côtes d'Armor ! Ensuite, l'EPO circulait, des coureurs qui n'en avaient plus en demandaient aux autres, etc.
Avez-vous assisté à des échanges, vu des photographies, des vidéos, ou sont-ce de simples rumeurs ?
Convoquez Pascal Hervé, le lieutenant de Richard Virenque. Il accepterait sans doute de parler librement aujourd'hui. Les coureurs me parlaient et je voyais. Dans un Paris-Nice, je suis entré un soir dans une chambre : tous les coureurs avaient une perfusion dans les veines.
Oui. Je suis aussi entré dans la chambre d'un coureur australien, qui vient de démissionner de son poste de vice-président de la fédération australienne. Il s'injectait de l'EPO. « Toi aussi ! », me suis-je exclamé. « Il faut bien », m'a-t-il répondu...
Il m'est arrivé que l'on verse du pot belge dans mon café, comme dans celui de la plupart des gens de l'équipe Festina. Ou encore, j'étais à l'hôtel Concorde Lafayette avec les cinq leaders de l'équipe Festina : j'ai vu le pot belge extrait de tubes de Sargenor. Ce soir là, j'ai participé.
Ni l'une ni l'autre, mais j'étais présent. J'étais contre le dopage, c'est une des raisons pour lesquelles on m'a embauché. Je travaillais en confiance avec le seul coureur qui ne s'est jamais dopé, parce qu'il avait des convictions, Christophe Bassons.
Ces questions m'ont déjà été posées lors du procès Festina. À la fin, on voulait que je reste dans l'équipe, avec Christophe Bassons. J'ai pris un avion pour Barcelone, j'ai rencontré l'avocat de Festina, qui m'a dit « Antoine, le dopage, c'est toi. Nous connaissons ton influence sur l'équipe ». Non seulement il y a une volonté de nuire, mais on retourne aussi les accusations. Le système fonctionne par projection : on accuse les autres de ses propres turpitudes...
Il faut confier la lutte aux résistants. Je veux bien, en tant que fonctionnaire de l'État, être détaché et remplacer M. Genevois : il n'est pas compétent, il n'a pas les convictions nécessaires et n'est pas à sa place. Il faut connaître le dopage.
Que faire ? Changer le statut des sportifs professionnels en France, à l'instar de celui des intermittents du spectacle, raccourcir de nombreuses procédures de contrôle ou relatives à certains agissements. Il y a beaucoup à faire.
Je vous l'ai dit, je suis prêt à m'impliquer. J'espère que le rapport sera productif. Pendant des années, j'ai dit ce qu'il fallait faire, sans résultat.
En dehors de l'entrée en résistance, je n'ai pas entendu de pistes et de réponses de votre part.
Les fédérations sont sous la tutelle des ministères, France 2 est une chaîne publique... La première chose à faire est de créer une commission vérité et réconciliation. En échange de la vérité, les athlètes seraient amnistiés, un peu comme en Afrique du sud. C'est un moyen de tout savoir et cela soulagera beaucoup de monde. Si l'athlète ne dit pas la vérité, il doit être sanctionné. C'est ainsi que les États-Unis ont procédé avec l'affaire Armstrong : dans ce domaine, nous avons à apprendre d'eux.
Il faut aussi une indépendance des contrôles antidopage. Le mouvement sportif ne doit pas être impliqué, il n'a rien à faire dans la lutte antidopage !
Des gens compétents. Je veux bien en faire partie.
Imaginons que la lutte antidopage soit privatisée. Lance Armstrong ferait un excellent président de l'UCI en raison de ses connaissances sur le sujet. Au lieu de purger leur peine, les médecins poursuivis devraient coopérer, mettre leur science à profit pour nous aider à savoir qui, quoi, comment et où. Pourquoi des gens comme Jérôme Chiotti ou Christophe Bassons ne sont-ils pas associés à cette entreprise ? Pourquoi cherche-t-on à leur nuire ? Pourquoi Jérôme Chiotti, champion du monde, qui a avoué plus tard s'être dopé, a-t-il été sanctionné, alors qu'il voulait s'impliquer dans la lutte antidopage ?
Les champions du monde dont la carrière repose sur le dopage s'enrichissent et ont accès aux postes clés dans les fédérations. Le dopage est un ascenseur social extraordinaire : vous gagnez beaucoup d'argent, puis vous avez accès à des postes de commentateur sportif sur le service public ! Il y a là un problème...
Tous ces anciens sportifs devraient parler devant une commission vérité réconciliation. Ils en seraient soulagés et pourraient toujours avoir accès à ces postes. Voilà une piste.
Pouvez-vous nous décrire précisément les protocoles de dopage dont vous avez connaissance et qui permettent de déjouer les contrôles ?
Je continue à entraîner quelques athlètes. En 1999 j'ai crée une structure, « alternatiV », pour les coureurs qui ne voulaient plus se doper. Les coureurs qui ne se dopaient pas, il n'y en avait pas beaucoup... J'ai entraîné Madouas, Lino ; d'autres m'appellent, mais je n'ai pas le temps. Un des derniers coureurs d'une équipe du pro-tour que j'ai entraîné il y a cinq ans était amateur. Très vite, il a pris du galon et est passé professionnel en Hollande, pendant deux ans. Puis, il a intégré une équipe française. L'hiver dernier, il m'a dit « Tu m'as toujours dit que le rôle d'entraîneur était de devenir inutile au bout d'un certain temps. Je pense que je peux m'assumer tout seul ». Il vient d'être pris à l'EPO... Il m'a expliqué qu'il avait opté pour les microdosages d'EPO et qu'un matin, il avait fait l'objet d'un contrôle inopiné.
Le processus est simple. Il faut diviser une dose d'EPO en dix, la prendre après onze heures du soir. A six heures du matin, la fenêtre a disparu.
Les corticoïdes sont, si vous me passez l'expression, une vraie saleté. Arrêtons-les tout de suite ! Ils ont un effet boeuf, comme disent les coureurs, et donnent une force incroyable. Si vous couplez, un jour de repos, un demi kenacort avec des aliments pour personnes âgées, vous nourrissez le muscle par injection : le foie et les muscles seront gorgés de sucres. Le lendemain, vous arrachez les pédales ! Cela tient une journée. Après, vous restez dans le peloton, si vous avez choisi de ne pas être un grand leader. Mais vous pouvez recommencer... Les ravages sont monstrueux.
Quant à la caféine, bien que légalisée, ses effets ne sont pas moindres. Les sportifs prennent des cachets de 250 mg : cette dose a un effet boeuf sur la performance. Sur l'état d'esprit, n'en parlons-pas...
Ces produits sont simples. Pourquoi n'y-a-t-il pas de retour concernant l'interdiction totale des corticoïdes et de la caféine ? Pourquoi la caféine ne figure-t-elle plus sur la liste, pourquoi n'est-elle plus détectée ? Pourquoi les méthodes d'utilisation ne sont-elles pas sanctionnées ?
Vous faites de la recherche, et avez mis au point une méthode de calcul mettant en évidence des performances anormalement élevées...
hilarantes est le juste terme. Hélas...
Absolument pas. Pat Mc Quaid a accepté de me rencontrer à Lausanne ; nous avons eu une discussion informelle de plus de deux heures. En 1996, des gens comme Sturbois voulaient que l'UCI étudie le profil des coureurs et réalise une étude avec les SRM, des capteurs de puissance. Sans suite...
Il y a beaucoup de médecins chez les experts. En France, nous abordons la lutte antidopage sous l'angle de la santé, alors qu'aux États-Unis, la liberté prime, chacun fait ce qu'il veut de sa santé, dans la mesure où il ne triche pas. Ces deux philosophies s'opposent.
Vous ne répondez pas vraiment à la question du rapporteur, qui concerne la méthode de calcul que vous avez mise au point.
M. Antoine Vayer. - Lorsque j'étais à l'AFLD, juste avant la commission d'expertise dite Bachelot, j'ai présenté ces travaux.
Nous n'y étions pas...
J'ai transmis à l'AFLD la méthode et les travaux utilisés pour suivre une championne du monde de VTT qui m'avait confié avoir pris de l'hormone de croissance et de l'EPO. Cette athlète était suivie en laboratoire tous les mois et demi.
Quel est le lien avec la méthode de calcul que vous avez mise au point, et quels résultats avez-vous obtenus ?
Cette méthode produisait le profil physiologique : lactates remétabolisés, puissance en watts que le sportif peut produire en laboratoire...
Le dopage a suivi plusieurs phases. A l'âge d'or de l'EPO a succédé le dopage « Armstrong » : sanguin, EPO, transfusions. Nous sommes désormais dans une période que j'appelle mixte. Dans un premier temps, les performances des coureurs se sont accrues en aérobie, permettant des efforts plus puissants, plus longtemps. Les coureurs, très surveillés, se sont méfiés, et ont délaissé le dopage sanguin. À partir de Lance Armstrong, le dopage est devenu plutôt musculaire, en anaérobie, à base de corticoïdes. De 450 watts pendant une heure, les efforts produits sont passés à 500 watts pendant vingt minutes.
À Londres, nous avons proposé au représentant des coureurs professionnels Gianni Bugno que sur le Tour de France 2013, tous les leaders des grandes équipes soient chaperonnés et filmés en permanence, sauf dans leur salle de bain.
J'ai commencé par jurer de dire la vérité. Mais vous-même, pouvez-vous me jurer...
Je vous ai demandé de jurer parce que c'est la procédure applicable aux commissions d'enquête. J'en préside une. N'inversez pas les rôles.
J'aimerais simplement que tout cela serve à quelque chose.