Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées

Réunion du 5 juin 2008 : 1ère réunion

Résumé de la réunion

Les mots clés de cette réunion

  • ONG
  • afghan
  • afghanistan
  • guerre
  • terrorisme

La réunion

Source

La commission a reçu une délégation de parlementaires afghans dans le cadre de la préparation de la Conférence de Paris.

Debut de section - PermalienPhoto de Robert del Picchia

a tout d'abord rappelé que cette visite s'inscrivait dans le cadre du programme organisé par la division de diplomatie publique de l'OTAN et dans le contexte de la conférence ministérielle de Paris sur l'Afghanistan, qui se tiendra le 12 juin prochain. Cette conférence sera coprésidée par la France, l'Afghanistan et les Nations unies. Un tel engagement est un signe fort que l'Afghanistan est un enjeu essentiel pour la France, tant par solidarité avec le peuple afghan qu'avec la communauté internationale.

Il a souligné l'engagement du Parlement français vis-à-vis du Parlement afghan et rappelé qu'une délégation de la commission s'était rendue en Afghanistan, du 26 avril au 2 mai, afin d'évaluer sur place la situation, sous l'aspect sécuritaire et militaire, mais aussi sous celui du développement et de la diplomatie. De cette mission, il ressort que le succès ou l'échec de la communauté internationale dépendra de la capacité des alliés et du gouvernement afghan à mieux coordonner le pilier militaire, le pilier développement, le pilier gouvernance et le pilier diplomatique qui, aujourd'hui, ne se trouvent pas approfondis au même degré.

Il s'est félicité de ce que la conférence de Paris se focalise sur le lancement de la stratégie pour le développement, l'Afghanistan national development strategy (ANDS), et se penche très sérieusement sur l'efficacité de l'aide et sur sa coordination.

Debut de section - Permalien
Amanullah Payman

vice-président de l'assemblée afghane, qui conduisait la délégation, s'est félicité de l'excellence des liens entre les Parlements français et afghan. Il a souligné la forte implication de la France, dont témoignait la décision récente du président de la République d'envoyer de nouvelles troupes afin de contribuer à la paix et à la stabilisation du pays. Il a rappelé les différents domaines de coopération dans lesquels la France intervenait.

Il a insisté sur les défis sécuritaires auxquels le pays devait faire face, avec la montée du terrorisme et l'opposition des talibans, ainsi que le trafic de stupéfiants. Il a souligné l'urgence d'une meilleure coordination de l'aide, seule susceptible de réduire la violence. La lutte contre la pauvreté, et donc le développement, constitue l'élément-clé de la sécurité, mais aussi de la lutte contre la production de pavot. Il s'est montré optimiste pour l'avenir, notamment dans le cadre des perspectives qu'ouvrira la conférence de Paris du 12 juin prochain.

Debut de section - Permalien
Mohammad Daud Sultanzoi

président de la commission économique, a également souligné l'excellence des relations entre les deux pays. Il a particulièrement insisté sur l'urgence de mieux homogénéiser les actions dans les domaines de la sécurité et du développement, qui doivent progresser d'un même pas pour que soit trouvée une solution à l'insécurité.

Il a remarqué que le gouvernement afghan portait une part importante de responsabilité dans la situation actuelle, du fait de sa faiblesse et des difficultés de mise en oeuvre de ses propres décisions. Les aides financières apportées par la communauté internationale sont très importantes en volume, mais peu efficaces et mal distribuées. Il convient, pour en améliorer l'efficacité, de mettre en place un suivi et un contrôle de sa répartition au moyen d'indicateurs fiables.

Il a souhaité que l'effort porte sur l'organisation des élections présidentielles afin d'assurer leur neutralité, condition indispensable pour rétablir la confiance dans le caractère démocratique du système politique afghan.

Debut de section - PermalienPhoto de Robert del Picchia

s'est interrogé sur l'absence de coordination et d'efficacité de l'aide internationale et a souhaité savoir qu'elle était la hiérarchie des priorités qu'établissait la délégation afghane.

Debut de section - Permalien
Mohammad Daud Sultanzoi

a indiqué que le premier problème auquel la société afghane devait faire face était celui de la corruption interne et internationale, qui touchait tous les échelons de la société. Cette question est centrale pour améliorer l'efficacité de l'aide.

Debut de section - Permalien
Sayed Mohammad Farooq Mairani

membre de la commission des plaintes, a rappelé qu'après 30 ans de guerre, le pays était complètement détruit et que toutes les infrastructures matérielles et humaines avaient disparu. Beaucoup de progrès ont été faits depuis, grâce, en partie, à l'aide internationale, et l'Afghanistan arrive aujourd'hui à un degré d'autonomie satisfaisant, même si beaucoup de travail reste à accomplir.

Il a fait remarquer qu'une partie extrêmement importante de l'aide était absorbée par le gouvernement, les ONG et d'autres institutions, de sorte que les fonds n'arrivent pas auprès de ceux qui en ont le plus besoin, c'est-à-dire des citoyens. Il est nécessaire d'augmenter le degré de contrôle, mais aussi le niveau global de l'aide, et de responsabiliser le Gouvernement et les Nations unies afin que la population voie ses besoins vitaux satisfaits. Il a appelé le Parlement français à envoyer des observateurs pour le contrôle des élections présidentielles.

Debut de section - PermalienPhoto de André Dulait

rappelant sa récente visite en Afghanistan avec le ministre des affaires étrangères français, a indiqué que la France n'était pas en guerre en Afghanistan, mais faisait la guerre aux côtés des afghans contre le terrorisme. Il s'est interrogé sur l'ordre des priorités en matière de développement et sur la hiérarchie des besoins entre le développement agricole, la santé, l'éducation et les infrastructures. Il a demandé des précisions sur le rôle des ONG dont le fonctionnement semblait mis en doute par la délégation.

Debut de section - Permalien
Ahmad Wahid Khan Tahiri

membre de la commission sur les affaires intérieures, a rappelé les deux facteurs d'insécurité en Afghanistan : l'intervention des pays voisins et la pauvreté qui affecte le peuple afghan. Il a fait remarquer qu'il n'existait pas, il y a cinq ans, de forces de police, pas d'armée ni de forces de sécurité en général. D'importants progrès ont donc été réalisés depuis cette date. Néanmoins, cette situation a permis aux talibans de prendre pied dans le pays et de développer des actions terroristes contre le peuple et l'OTAN. Le premier besoin consiste à former la police et à doter les forces de sécurité d'armements et de matériels qui leur permettent de lutter efficacement contre ce terrorisme.

La seconde priorité est de conduire le pays vers l'autosuffisance dans tous les domaines, agricole, industriel etc. Cet objectif ne peut être atteint que par une forte implication des partenaires étrangers. Ces coopérations permettront la création d'emplois et l'intégration de la population dans le circuit économique, ce qui les détournera mécaniquement du terrorisme et de l'opposition où la pauvreté pousse certains.

Debut de section - Permalien
Sardar Mohammad Rahman Aughli

président de la commission de la santé, du sport, de la jeunesse et du travail, s'est montré convaincu que le peuple afghan doit aboutir à l'autonomie par ses propres efforts. L'affectation de l'aide internationale doit être orientée vers les besoins du peuple afin de créer un climat de confiance. Cela n'a pas été le cas jusqu'à présent, ce qui justifie pleinement l'instauration d'un système de contrôle de la distribution de l'aide, tant au niveau du gouvernement afghan qu'au niveau international.

Debut de section - Permalien
Nasima Niazi

membre de la commission pour l'éducation, a remercié la France pour la formation des femmes parlementaires dont elle a pu déjà bénéficier. Elle a souligné que la première priorité était la sécurité. Les régions où existe un climat persistant d'insécurité connaissent un blocage complet du développement économique et sont confrontées à une impossibilité de faire parvenir les aides à ses destinataires. Cette situation engendre un phénomène de corruption. Par ailleurs, l'ingérence des pays voisins a des effets pervers qui accroissent le climat d'insécurité.

Après la sécurité, la seconde priorité porte sur l'augmentation de la productivité en matière agricole et sur la mise en place des systèmes de production d'énergie. En troisième lieu, la lutte contre le fléau de la drogue constitue également une urgence, puisqu'elle finance le terrorisme et favorise la corruption.

S'agissant des futures élections présidentielles, prévues en 2009, elle s'est affirmée convaincue que, si des efforts significatifs sont faits sur la formation et l'équipement de la police, les afghans seront en mesure de les surveiller eux-mêmes. Elle a souligné que la sécurité était la condition première du développement économique et de la démocratie.

Debut de section - Permalien
Sayed Mahmood Hussam Gaylani

membre de la commission des transports, des télécommunications, de l'urbanisme, de l'eau et de l'énergie, a indiqué qu'il existait, selon lui, trois priorités pour l'Afghanistan. La première est bien évidemment la sécurité. La seconde est de pallier les insuffisances considérables en matière énergétique. Cette question peut être réglée par la construction de barrages, sachant que les besoins sont estimés à une production de 35 000 MW. La construction de ces ouvrages hydroélectriques permettrait également le développement de l'irrigation nécessaire à l'agriculture et à la création d'emplois dans ce domaine. Il a souligné qu'il n'existe pas, à ce jour, de véritable stratégie ni de planification. Les importations de générateurs diesel servent essentiellement, à Kaboul, pour la fourniture d'électricité des hôtels, des ONG et des locaux du gouvernement. La troisième priorité consiste à contrôler l'aide et son affectation. Il a souligné l'inefficacité des ONG, auto consommatrices des aides qu'elles sont censées dispenser à la population. Il a appelé à un véritable plan Marshall de développement pour l'Afghanistan.

Debut de section - Permalien
Hawa Alam Noorstani

membre de la commission des affaires internationales, a également rappelé que le problème de la sécurité était majeur pour la reconstruction. Elle a particulièrement insisté sur la question de la santé et la situation des femmes afghanes. Elle a souligné que la guerre et la violence n'avaient pas permis, à ce jour, l'affirmation du rôle familial de la femme afghane. Outre la déperdition dans le système d'aide, elle a souligné que la pauvreté était le problème essentiel qui poussait une certaine partie de la population pour survivre à des actes répréhensibles.

Debut de section - PermalienPhoto de Robert del Picchia

En conclusion, M. Robert del Picchia, président, et M. Amanullah Payman se sont montrés confiants dans les résultats de la conférence de Paris, qui doit contribuer, en rendant les aides plus efficaces et en en augmentant leur volume, à lutter efficacement contre la pauvreté, indiscutablement l'une des causes majeures de l'insécurité en Afghanistan.