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Madame la présidente, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, je tiens d’abord à remercier le président Retailleau et le groupe Les Républicains d’avoir inscrit ce débat à notre ordre du jour, tant sont grandes les menaces que les théories du wokisme font peser sur l’université, l’enseignement supérieur et les libertés académiques. Reste éveillé : telle est la traduction littérale de stay woke. Popularisée à l’origine aux États-Unis dans la communauté afro-américaine, la notion est devenue récemment un projet politique d’ampleur, notamment via le mouvement Black Lives Matter. Fondé sur un scepticisme radical quant à la possibilité d’obtenir une connaissance ou une vérité objective, le wokisme perçoit le mo...
...ui, parfois, par des pratiques inappropriées, poussent à l’autocensure, laquelle doit rester étrangère au monde de la recherche et de l’enseignement supérieur. La richesse du monde universitaire tient à la place qu’il accorde à la confrontation intellectuelle. Tenter de réduire au silence celles et ceux qui ne partagent pas nos idées est inacceptable. Mon constat est donc le suivant : la liberté académique doit être préservée, des pressions gouvernementales visant à encourager une recherche et un enseignement officiels comme de l’extrémisme qui peut découler de certains partis pris idéologiques. Comment envisagez-vous de garantir la préservation de cette liberté académique, qui me semble, d’un côté comme de l’autre, menacée aujourd’hui ? Derrida, Foucault et d’autres ont enseigné la French Theory...
...e sera encore un autre néologisme… Vous êtes devenus maîtres dans l’art d’inventer de nouveaux mots, censés couper court à tout débat. Autant d’écrans de fumée sémantiques pour ne pas parler des vrais dangers qui minent notre pays, et plus particulièrement nos universités ! Car, ne nous y trompons pas, nos collègues de droite et leurs jumeaux au pouvoir n’ont cure de l’université, de la liberté académique et de la recherche. §Ils n’ont jamais eu que mépris pour les chercheuses et chercheurs qui, dans leurs laboratoires, sur le terrain ou dans leurs séminaires, d’hypothèse en hypothèse, travaillent le doute, tentent de comprendre le monde tel qu’il va et préparent notre avenir. Encore une fois, l’université est instrumentalisée pour alimenter la machine à délires et polémiques, qui nourrit chaînes...
...rs, complotisme et autres accusations sans fondement. Loin de reposer sur une analyse critique et une discussion contradictoire, ce débat fait la part belle aux propos de comptoir, aux vérités toutes faites et aux informations non vérifiées. Pire encore, ce que ce débat bafoue, et qu’il faut pourtant garantir et préserver en tant que législateurs, c’est l’autonomie de la recherche et la liberté académique dans notre pays. Vos interventions dans ce débat sont l’illustration même du vrai danger que nous devons combattre : l’ingérence du politique dans la recherche. Que faites-vous, à droite, en coupant les subventions aux établissements d’enseignement supérieur, comme l’a fait votre ami Laurent Wauquiez en région Auvergne-Rhône-Alpes ?
...mots, que vous reconnaissez peut-être, sont ceux de la ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, dans une tribune datée du 26 octobre 2020. Il est loin le temps où le Gouvernement défendait l’université face aux attaques dont elle est constamment victime ! Puisque vous voulez parler des menaces qui pèsent sur l’université, l’enseignement supérieur et les libertés académiques, parlons-en ! Ce qui menace aujourd’hui nos universités, ce sont d’abord les idées d’Emmanuel Macron, qui propose d’augmenter les frais d’inscription. Voilà une idée pernicieuse venue d’Amérique du Nord qui devrait vous offusquer à droite, autant qu’elle nous alarme à gauche. Ce serait l’assurance de voir l’enseignement supérieur devenir de moins en moins accessible aux classes populaires et, s...
Nous avons le devoir, dans cet hémicycle, d’être les garants de la liberté académique et surtout d’empêcher toute ingérence du politique dans les débats scientifiques. C’est un fondement intangible et nécessaire dans une démocratie et nous serons toujours aux côtés de la communauté scientifique pour le défendre.
...es ». Quand le politique réécrit l’histoire ou choisit des moments d’histoire plutôt que d’autres, c’est toujours un problème. En matière universitaire, le choix des contenus ne relève pas, me semble-t-il, de la discussion politique mais du corps de la recherche universitaire, dans son pluralisme. Il est vrai que l’intitulé du débat met en scène une notion que je connais bien, celle des libertés académiques. Il sera sans doute question de ce concept ce soir, lors du débat organisé à la demande de la mission d’information sur les influences étatiques extra-européennes dans le monde universitaire et académique français et leurs incidences. Il a également été développé dans la proposition de résolution européenne sur un nécessaire soutien à la liberté académique en Europe que nous avons adoptée, en dé...
Le champ scientifique est un lieu structuré de production, de validation et de circulation des savoirs, dans le respect du pluralisme. Il peut – et il doit – exister des controverses dans le monde académique. Elles s’expriment selon les règles précises du débat contradictoire et argumenté. Dans tous les domaines de la science, y compris naturellement dans le domaine des sciences humaines et sociales, la liberté académique est consubstantielle à la liberté de recherche. Elle est aussi consubstantielle à la liberté d’enseigner, pour peu que cet enseignement respecte les règles de l’art, c’est-à-dire ...
...re d’affrontements idéologiques, menés par les tenants d’une déconstruction assumée contre l’institution elle-même. Ceux qui me connaissent savent que mes propos ne relèvent ni d’un fantasme ni d’une obsession. Ils reflètent une réalité vécue dont les exemples abondent, un phénomène que dénoncent une majorité d’enseignants-chercheurs, lesquels constatent une confusion croissante entre la liberté académique et la liberté d’expression. Ma préoccupation est laïque et républicaine. Je suis inquiet devant les dérives constatées. Il ne faut pas baisser la tête devant la bien-pensance moralisatrice, celle d’une gauche communautariste en panne d’idées, très éloignée dans la réalité de l’égalité et de l’émancipation. Je pense à tous ces étudiants sérieux et travailleurs, qui aspirent à penser par eux-même...
Un autre article du même code de l’éducation a été modifié, pour affirmer que l’enseignement supérieur mène une action contre les stéréotypes sexués. Il y a parfois une forme d’inconscience des enjeux de l’autonomie scientifique et de la liberté académique, quand le ministère utilise lui-même un vocabulaire militant au sujet des luttes et des actions à mener. Les aberrations administratives et humaines qui découlent de l’évolution de tels textes sont innombrables. Chacun doit prendre conscience de l’emprise croissante de ce militantisme dévoyé par certains, afin de ne pas transformer les salles de cours en lieux d’endoctrinement.
Je vous remercie pour votre réponse, madame la secrétaire d’État. Comme Max Brisson, je connais votre engagement sur le sujet qui nous occupe aujourd’hui. Même si la Conférence des présidents d’université souhaite que la protection des libertés académiques soit inscrite dans la Constitution, je tiens à dire que toutes les universités ne fonctionnent pas de la même manière et il en est également ainsi pour les enseignants-chercheurs. Notre discussion permet d’évoquer un problème qui est grave. Je sais les difficultés qu’a connues la ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, lorsqu’elle a rejoint Jean-Michel Blanquer...
Un colloque où s’est libérée durant deux jours une parole de comptoir sur la résistance à toute forme de progressisme, à toute forme de liberté académique. Voilà la vraie priorité ! Une priorité aussi pour la ministre en charge de la recherche puisque, au moment où les étudiants souffraient de mois de confinement, de cours à distance, de précarité galopante, Mme Vidal a su nommer le mal et commander une enquête au CNRS sur l’islamo-gauchisme qui gangrènerait nos universités.
Peu importe si le CNRS a condamné l’utilisation d’un terme qui n’a « aucune réalité scientifique » et une enquête qui « remet en cause les libertés académiques ». Et peu importe si cette enquête n’a jamais vu le jour. L’essentiel est d’en avoir parlé ! D’autres ont aussi eu besoin d’en parler… Prenons le cas de Laurent Wauquiez qui a promptement coupé les subventions de la région à Sciences Po Grenoble, principalement des aides aux étudiants d’ailleurs, pour une affaire montée de toutes pièces.
Il s’agit pourtant bien d’une attaque directe contre les libertés académiques. D’autres parlementaires ont également voulu jouer avec ce totem. À l’Assemblée nationale, Julien Aubert et Damien Abad ont demandé, début 2021, la création d’une mission d’information dans des termes qui reprenaient exactement ceux de notre débat d’aujourd’hui. Avec la finesse d’analyse qui les caractérise, ils se sont permis un parallèle entre le nazisme, le stalinisme et le mouvement dont no...
Il s’agissait uniquement de dénoncer la diversité des recherches académiques en cours sur des sujets que vous qualifiez de wokistes. Outre cette absence de pluralisme, le niveau de ce colloque était vraiment très faible ! §Je vous assure, mes chers collègues, que cela ressemblait à une discussion de comptoir…
...assurer leurs missions de service public au profit des étudiants et de la Nation. Alors que le paquebot universitaire est, comme le Titanic, menacé par de multiples voies d’eau, je me demande si l’objet de ce débat n’est pas de déterminer si la musique jouée par l’orchestre est responsable du naufrage… Néanmoins, je partage, mes chers collègues, votre volonté de mieux défendre la liberté académique comme principe protecteur de l’autonomie des universités et des universitaires et des connaissances qu’ils produisent. Lors de la discussion du projet de loi de programmation de la recherche, j’avais défendu, dans cet hémicycle, plusieurs amendements visant à conforter cette liberté. Ainsi, mon amendement n° 97 rectifié bis prévoyait de garantir l’indépendance des universitaires, de prot...
Il est vraiment dommage que nous soyons au terme de la mandature parce que vos propos, madame la secrétaire d’État, me laissent penser que le Gouvernement aurait été favorable à la proposition de loi sur la liberté académique que nous allons déposer. Elle reprendra l’amendement n° 97 rectifié bis que vous avez repoussé… C’est dommage, mais, si le Président de la République est réélu – on peut l’espérer pour cette raison…
Notre pays est laïque, universaliste. Il ne reconnaît pas en son sein différentes communautés, n’en déplaise aux tenants du courant de pensée décoloniale ! Cependant, le passé doit être regardé en face, sans repentance ni complaisance. C’est le travail des historiens, des chercheurs, des universitaires. En cela, la liberté académique doit les protéger. C’était en partie le sens du projet de loi de programmation de la recherche que nous avons voté dans cet hémicycle le 20 novembre 2020. Il n’est nullement question de transiger avec les libertés, qu’elles soient académiques ou d’expression. Ne tombons pas dans ce piège ! Pour autant, soyons réalistes et ouvrons les yeux. Selon certains, la liberté académique est aujourd’hui le...
...acilité sur un sujet si complexe. Il est temps d’affirmer que notre pays et son histoire n’ont rien de comparable avec les États-Unis, et que le « racisme systémique » n’a jamais été, n’est pas et ne sera jamais dans l’ADN de la France. Ce qui nous préoccupe aujourd’hui, ce sont les menaces que les théories du wokisme font peser sur notre université, notre enseignement supérieur et nos libertés académiques. Même le ministre de l’éducation nationale, M. Blanquer, avec lequel je ne suis pas toujours d’accord, souhaite « déconstruire la déconstruction en cours ». C’est ce qu’il a déclaré lors du récent colloque sur ce thème à la Sorbonne, le 7 janvier dernier, et je le soutiens sur ce point. Cessons de battre en permanence notre coulpe à propos de faits du passé que nous analysons avec les yeux d’a...
Madame la présidente, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, j’espère que, dans un avenir proche, la société s’éveillera et saura ranger le wokisme dans la rubrique du fait colonial. En effet, le wokisme a été introduit comme un cheval de Troie dans le milieu relativement perméable et poreux de l’université. Cette stratégie lui aura permis non seulement de se crédibiliser académiquement, mais aussi de gagner au passage quelques esprits pas suffisamment construits, ou plutôt insuffisamment construits pour accepter, finalement, d’être déconstruits. Oui, il y a bien une tentative de colonisation des esprits via le monde universitaire et ses enseignements. On pourrait dire : plus c’est gros, plus ça passe ! Même si, à juste titre, on le sait historiquement plus sensible ...