Commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation

Réunion du 25 janvier 2017 à 9h30

Résumé de la réunion

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La réunion

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La réunion est ouverte à 9 h 30.

La commission entend tout d'abord une communication de Mme Michèle André, présidente, sur le suivi quinquennal de l'application des lois.

Debut de section - PermalienPhoto de Michèle André

Comme vous le savez, notre assemblée accorde une attention particulière au suivi de l'application des lois et, au sein du Bureau du Sénat, Claude Bérit-Débat est plus particulièrement chargé de ce dossier.

Nous présenterons avant l'été le traditionnel bilan de l'application des lois de la session écoulée mais le président du Sénat et Claude Bérit-Débat ont souhaité dresser, avant la suspension de nos travaux, un bilan de l'application des lois emblématiques de la législature. La conférence des présidents a fixé ce débat au mardi 21 février à 17 h 45.

Évidemment sélectionner des lois emblématiques est un exercice subjectif et les lois de finances sont pleines de mesures que chacun d'entre nous pourrait juger emblématiques. La liste que nous avons retenue vous a été distribuée.

En outre, dresser le bilan de l'application des lois emblématiques conduit à s'affranchir de la méthodologie que nous retenons habituellement pour évaluer l'application des lois et qui consiste surtout à faire le point sur la mise en oeuvre des mesures d'application, décrets ou arrêtés. En effet, un grand nombre, voire la plupart, des mesures que nous avons retenues ne nécessitaient pas de décret d'application, ou alors seulement sur des points secondaires.

En revanche, dans beaucoup de cas, nous nous sommes attachés, au sein de la commission, à suivre la mise en oeuvre des dispositifs, soit en organisant des auditions publiques, par exemple pour suivre les différentes étapes de la séparation des activités bancaires, soit en confiant des rapports d'information aux rapporteurs spéciaux concernés, par exemple pour suivre l'application du crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) comme l'a fait Marie-France Beaufils.

Sur le fond que pouvons-nous retenir ?

Je commencerai par les textes relatifs à la gouvernance des finances publiques.

Depuis le 17 décembre 2012, notre loi organique relative aux lois de finances, la LOLF, n'est plus notre seul texte de référence puisque nous sommes également régis par la loi organique relative à la programmation et à la gouvernance des finances publiques, prise essentiellement pour introduire dans notre droit interne les règles de gouvernance budgétaire décidées au niveau européen, et que nous avions adoptée à une large majorité.

Si on peut considérer que le vote au début de chaque loi de finances d'un article liminaire n'a pas eu d'incidence majeure sur le déroulement des débats, la création du Haut Conseil des finances publiques a introduit dans le débat budgétaire un acteur nouveau, dont l'existence même a conduit à améliorer le réalisme des prévisions budgétaires et dont les avis sont au coeur de nos discussions et même de l'examen des textes financiers par le Conseil constitutionnel.

Le seul décret d'application de cette loi portait sur la désignation des membres de cette institution. Je vous rappelle que le principe de la parité a été adopté au Sénat à l'initiative d'un amendement d'André Gattolin, que j'avais soutenu, et que c'est notre rapporteur général de l'époque François Marc qui a inventé le dispositif de parité absolue selon lequel chaque autorité de nomination désigne alternativement une femme et un homme. C'est ainsi que Philippe Marini avait désigné une femme en 2013 et que mes successeurs désigneront un homme en 2018, une femme en 2023 et ainsi de suite.

Les lois de programmation des finances publiques votées depuis cinq ans, celle de 2012 et celle 2014, comportaient de nombreuses mesures relatives à la gouvernance des finances publiques, adoptées de manière consensuelle mais diversement appliquées.

À l'initiative d'Albéric de Montgolfier, les documents budgétaires ont été très substantiellement enrichis pour permettre un meilleur suivi des opérateurs. La procédure d'évaluation socio-économique des investissements publics par le commissariat général à l'investissement s'installe peu à peu dans nos processus de prise de décision.

En sens inverse, le décret instituant une conférence des finances publiques n'a jamais été pris. Cette conférence devait réunir une fois par an des représentants de toutes les catégories d'administrations publiques, l'État, les organismes sociaux et les collectivités territoriales, pour élaborer un diagnostic sur la situation des finances publiques et apprécier les conditions requises pour respecter la trajectoire des finances publiques.

Aucune des dispositions pour restreindre le champ de la fiscalité affectée n'a été appliquée et les dispositifs d'évaluation des dépenses fiscales prévus dans la loi de 2012 comme dans celle de 2014 n'ont pas été mis en oeuvre. Des revues de dépenses ont bien été élaborées, mais sans susciter de réforme d'ampleur à ce jour.

En matière fiscale j'ai retenu trois réformes emblématiques, mais dont la mise en oeuvre n'est pas liée à la prise de textes réglementaires. Le crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi voté fin 2012 est désormais la plus importante dépense fiscale, qui en régime de croisière diminuera de moitié environ le montant de l'impôt sur les sociétés. Elle est en vigueur depuis 2013, ses effets sur les marges des entreprises sont réels mais sa pérennité n'est pas assurée puisque sa transformation en baisse de charges est régulièrement évoquée, y compris au plus haut niveau de l'État.

Le consentement à l'impôt par le Parlement a retrouvé plus de sens avec la réforme de la contribution au service public de l'électricité, la CSPE, qui permet au Parlement de voter un impôt dont le produit est aujourd'hui supérieur à 7 milliards d'euros. Cette conquête démocratique avait été initiée par notre commission et en particulier notre rapporteur pour avis Jean-François Husson dans la loi de transition énergétique avant d'être confirmée dans la loi de finances rectificative de la fin 2015, dans une version dont notre rapporteur général Albéric de Montgolfier avait toutefois jugé qu'elle n'allait pas assez loin du point de vue des pouvoirs du Parlement.

La révision des valeurs locatives sur lesquelles sont assis nos impôts locaux est un processus au long cours que la loi vient périodiquement débloquer ou relancer. La révision des valeurs locatives des locaux professionnels avait été engagée sous la précédente législature et poursuivie depuis 2012, les lois de finances apportant les ajustements législatifs nécessaires. Elle entre en vigueur cette année, ce qui rend urgente la poursuite de la révision des valeurs locatives des locaux d'habitation, lancée en 2013 par une proposition de loi de notre rapporteur général de l'époque François Marc que l'Assemblée nationale avait intégrée à la loi de finances rectificative de fin d'année. Nous n'avons pas encore reçu les résultats de l'expérimentation.

La législature a été marquée par un renforcement considérable des outils à la disposition de l'administration fiscale pour lutter contre la fraude et l'évasion fiscales. La loi du 6 décembre 2013 relative à lutte contre la fraude fiscale et la grande délinquance économique et financière est emblématique de cette démarche mais les lois de finances successives ont été riches en dispositions en ce sens. La prise de conscience a été progressive mais réelle, comme en témoigne la possibilité de rémunérer les aviseurs des douanes, proposée sans succès par notre commission en juillet 2013 mais finalement votée en décembre 2016.

Un cas original : celui du registre public des trusts. Créé par la loi de 2013, organisé par un décret de mai 2016, censuré en octobre 2016 par le Conseil constitutionnel saisi d'une question prioritaire de constitutionnalité, revu dans une version non publique par une ordonnance de décembre 2016, et désormais dans l'attente d'un nouveau décret d'application.

Une autre loi emblématique est la loi du 6 août 2015 sur la croissance et l'activité, la « loi Macron ». Je voudrais simplement signaler des cas révélateurs de la manière dont évolue notre façon de légiférer et en particulier l'instabilité de la législation fiscale et financière. Ainsi le dispositif de suramortissement bien connu de notre commission a, depuis août 2015, déjà été modifié par trois lois de finances. La réforme de la fiscalité des actions gratuites issue de la loi « Macron » et mise en oeuvre au premier semestre 2016 a pour sa part été revue dans la loi de finances pour 2017. Autre exemple : les textes d'application de la réforme de la mobilité bancaire issue de la loi « Hamon » de 2014 n'étaient pas encore pris au printemps 2015 que déjà la loi « Macron » venait compléter cette réforme, pour elle-même tenir compte de nouvelles dispositions du droit de l'Union européenne.

J'évoquerai aussi la possibilité ouverte par la loi « Macron » de régler un contrat d'assurance vie par la remise de titres non négociables. La portée de cet assouplissement limité et encadré est affaiblie non par le droit européen ou une autre loi nationale mais par la jurisprudence, en l'espèce par un arrêt de mai 2016 de la Cour de cassation qui reconnaît la possibilité de verser les primes sous forme de titres pour les contrats d'assurance vie régis par la loi française mais distribués par un assureur luxembourgeois, relançant ainsi le débat sur la nécessité de faire évoluer notre code des assurances.

En matière bancaire et financière, la loi la plus emblématique est celle de juillet 2013 sur la séparation et la régulation des activités bancaires, qui a abouti à un dispositif permettant de protéger la banque de détail des conséquences des activités les plus risquées, tout en limitant l'impact de ces règles sur le financement de l'économie. Cette loi illustre aussi l'imbrication entre droit national et droit européen en matière de régulation financière puisque le dispositif de résolution que nous avons voté ne s'applique plus qu'à une minorité d'établissements, le dispositif européen adopté depuis ayant pris le relai.

La Banque publique d'investissement fait désormais tellement partie du paysage du financement de l'économie française et de l'innovation que l'on oublierait presque qu'elle a été créée par une loi de décembre 2012. La gouvernance de l'établissement n'est pas forcément celle que l'on imaginait au départ mais la banque fonctionne. Son action a été notamment évaluée dans un rapport public thématique de la Cour des comptes paru en décembre 2016, qui identifie en particulier certaines débudgétisations.

Je voudrais conclure en évoquant les demandes de rapport. Elles ont mauvaise presse. Les rapports sont pourtant utiles lorsqu'ils permettent de faire le bilan de l'application d'une loi et au besoin d'en tirer les conséquences. Je prendrai l'exemple de la loi du 13 juin 2014, dite «Eckert », sur les comptes bancaires et les contrats d'assurance vie en déshérence. Notre rapporteur François Marc avait fait voter la remise avant le 1er mai 2016 d'un rapport dressant le bilan du respect de leurs obligations par les assureurs. Sur la base de ce rapport, notre rapporteur pour avis de la loi « Sapin 2 », Albéric de Montgolfier, a identifié que beaucoup de bénéficiaires de contrats d'assurance retraite complémentaire ne demandaient pas leur liquidation à leur départ en retraite, ce qui représentait 6,7 milliards d'euros non versés à leurs bénéficiaires. À l'initiative d'Albéric de Montgolfier, les assureurs ont désormais une obligation d'information des bénéficiaires. Et un nouveau rapport est prévu pour 2018, afin de faire le bilan de cette mesure et de s'assurer que tous les bénéficiaires profitent bien des sommes auxquelles ils ont droit.

Voici les quelques enseignements que je pouvais tirer de la mise en oeuvre de quelques lois emblématiques du quinquennat.

Debut de section - PermalienPhoto de Michel Bouvard

Je vous remercie de cette synthèse. Le sujet de l'imperfection de la loi relative à la programmation et à la gouvernance des finances publiques reste entier, puisqu'il n'en demeure pas moins qu'à ce jour, nous avons un débat sur l'engagement de la France vis-à-vis de l'Union Européenne mais nous n'avons pas systématiquement de vote. C'est tout de même un problème dans la mesure où la feuille de route fixée par le Gouvernement sur laquelle nous débattons nous engage, y compris en termes de potentielles pénalités, alors même que nous ne délibérons pas sur ce point. La loi-cadre des finances publiques de l'époque a certes été enterrée mais elle reste un sujet d'actualité qu'il faudra remettre sur la table si l'on veut qu'il y ait une cohérence, y compris avec une éventuelle censure du juge constitutionnel, entre ce qui est voté en loi de finances annuelle et l'engagement que nous prenons vis-à-vis de la Commission européenne nos partenaires européens.

Debut de section - PermalienPhoto de Richard Yung

Si dans les temps à venir, il y avait un renforcement du « semestre européen », c'est-à-dire la démarche budgétaire coordonnée au niveau de la zone euro, en particulier vis-à-vis de l'Allemagne, comment le Parlement national - et donc le Sénat - pourrait-il s'inscrire dans cette démarche, à côté du rôle joué par le Parlement européen et la Commission ? Pour l'instant, aucune réforme n'est initiée si ce n'est l'éventuelle création d'une sorte de commission spécialisée sur la zone euro à l'intérieur du Parlement européen. C'est une mesure envisageable mais qui nécessite des clarifications.

Par ailleurs, ces dernières années, je veux souligner que les processus de lutte contre l'évasion fiscale ont été renforcés de façon significative, notamment les déclarations des entreprises prévues par la loi de séparation et régulation des activités bancaires, les échanges obligatoires de données fiscales entre les administrations... Grâce à tous ces nouveaux dispositifs, nous pouvons mener une lutte contre l'évasion fiscale plus significative que les années passées.

Debut de section - PermalienPhoto de Éric Bocquet

Sur ce même sujet de la fraude fiscale, malgré le respect que je porte au Conseil constitutionnel, je trouve qu'il censure de façon récurrente, et particulièrement dans les sujets fiscaux ou les sujets intéressants les grands groupes économiques, les dispositions votées par le Parlement. Or, alors même que le Parlement est souverain et légitime, il n'a plus de recours pour éventuellement amender son texte. Ce genre de décision devient systématique et donc gênant pour la démocratie dans laquelle nous vivons.

Debut de section - PermalienPhoto de Michèle André

Sur le thème de la gouvernance de la zone euro, je pense, comme Richard Yung, qu'il est indispensable qu'en tant que sénateurs membres de la commission des finances, nous nous approprions tous les outils mis à notre disposition, bien qu'ils ne soient pas encore tous parfaitement au point. Par exemple, bon nombre d'auditions sont menées et certains d'entre nous participent aux débats de la Conférence interparlementaire sur la gouvernance économique et financière de l'Union européenne, prévue à l'article 13 du traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG). Malheureusement, les relations entre les parlementaires nationaux et les membres du Parlement européen évoluent souvent dans la rivalité plutôt que dans une interopérabilité réelle, ce qui ne fait que refléter le déséquilibre actuel dans la prise de décision : les Parlements nationaux votent la loi de finances alors que le Parlement européen aimerait davantage participer au débat. Les sénateurs prochainement élus et nous-mêmes avons véritablement besoin d'être de plus en plus à l'aise avec cette dialectique permanente entre le Parlement européen et les Parlements nationaux. La loi de programmation des finances publiques de 2010 prévoit la transmission au Parlement du projet de programme de stabilité avec la possibilité d'un débat et d'un vote.

Je rappelle ensuite qu'en 2011, le Sénat avait adopté une proposition de résolution relative aux observations de la Commission européennes sur le programme de stabilité de la France. Voilà autant d'outils que nous pouvons donc nous approprier.

En qui concerne la remarque d'Éric Bocquet, il est vrai que le place croissante prise le Conseil constitutionnel - légitime, dans une démocratie - mérite d'être observée, et parfois interrogée dans les cas où le point de vue du Parlement et du Conseil divergent significativement. Cela s'est produit plusieurs fois, et plus récemment sur la question du « reporting public » pays par pays.

La commission donne acte de sa communication à Mme Michèle André, présidente.

Puis la commission entend une communication de M. Albéric de Montgolfier, rapporteur général, sur la finalisation de l'accord international de « Bâle III ».

Debut de section - PermalienPhoto de Albéric de Montgolfier

Nous avons entendu le Gouverneur de la Banque de France le 21 décembre 2016 au sujet de la finalisation des accords de Bâle III. Il nous avait alors fait part de plusieurs préoccupations partagées par la commission des finances. Il s'agissait en particulier du traitement des crédits immobiliers, pour lesquels la France présente certaines spécificités, notamment le recours aux taux fixes et au cautionnement. Si certaines conditions étaient mises en oeuvre, le modèle français de crédit immobilier pourrait s'en trouver menacé.

C'est pourquoi, la présidente et moi-même souhaitons écrire au Gouverneur de la Banque de France pour lui faire part de nos préoccupations et le soutenir dans les négociations. Je vous rappelle que le comité de Bâle a annoncé le 3 janvier 2017 le report de la réunion des Gouverneurs relative à la finalisation des accords de Bâle III, initialement prévue le 8 janvier. Il est donc important d'exprimer notre position.

Ce projet de lettre vous a été distribué ; nous y rappelons les points de préoccupation que nous partageons avec le Gouverneur, et notamment deux éléments qui contribuent sans doute à expliquer le report de la réunion et alimentent notre inquiétude.

Le premier tient à l'harmonisation des modèles utilisés par les établissements de crédits en matière de pondération des actifs par les risques. À cet égard, nous rappelons que la commission des finances soutient le principe de cette démarche d'harmonisation, compte tenu de l'existence, pour un même actif, de variations importantes et non justifiées des résultats des modèles internes utilisés par différentes banques. Nous considérons que la finalisation des accords ne doit pas conduire à écarter complètement les modèles internes de valorisation des risques, largement utilisés par les établissements de crédit européens, qui permettent une analyse plus fine des portefeuilles. Nous considérons également que le maintien de la possibilité de recourir à de tels modèles ne devrait pas être contourné en pratique par la mise en place d'un plancher exprimé en pourcentage de résultat donné par un modèle standard à un niveau si dissuasif qu'il reviendrait à aligner les modèles internes sur le modèle standard. Concrètement, ces mesures pourraient rendre nécessaire une augmentation significative des besoins en fonds propres associés aux actifs détenus par les banques françaises.

La seconde préoccupation que nous évoquons a trait au traitement prudentiel des financements spécialisés. Certaines banques françaises sont fortement investies dans les financements spécialisés, par exemple les grandes infrastructures ou l'achat d'avions à crédit. Or le projet initial du comité de Bâle nécessiterait un renforcement considérable des exigences en capital associées à ces financements, ce qui pourrait compromettre le financement bancaire de ces types d'investissements, structurants pour l'économie.

Face à ces inquiétudes entourant les négociations relatives à la finalisation de l'accord de Bâle III, et à la suite du report de la réunion des Gouverneurs, nous avons décidé, la présidente et moi-même, de rédiger conjointement ce courrier. Compte tenu des risques identifiés pour le financement de l'économie, il est important que la commission des finances reste vigilante.

Debut de section - PermalienPhoto de Richard Yung

La lettre est bienvenue pour aider la délégation française. La négociation a été suspendue. La prochaine réunion décisive serait liée au G20, à savoir en mars. Je soulignerai deux points.

Tout d'abord, la préservation des spécificités françaises dans le traitement des crédits immobiliers, sur laquelle nous nous étions prononcés, est désormais actée et ne doit normalement pas être remise en cause. Le modèle français est donc préservé, de même que le modèle allemand, légèrement différent.

Demeure ensuite une tentative forte des Américains d'introduire un plancher, soit un pourcentage de fonds propres par rapport aux risques pondérés. Les Américains insistent pour un plancher fixé à 75 %, ce qui est très élevé, puisqu'en France la moyenne est de 50 %. Sur cette question, un front commun s'est dessiné et a tenu bon, avec les Allemands, les Français, l'Union européenne en général, et les Japonais. Ce front doit maintenir son action face à la nouvelle administration américaine et aux incertitudes qui entourent ses orientations. Un allègement de la régulation est évoqué, mais cette perspective peut se conjuguer avec la volonté d'imposer des contraintes au système bancaire européen. C'est donc une bonne chose que la commission des finances aide la délégation française en témoignant de sa vigilance sur ces questions. Le soutien du Parlement à ses négociateurs peut peser dans les négociations.

Debut de section - PermalienPhoto de Vincent Capo-Canellas

Je salue la démarche commune de notre présidente et du rapporteur général et le fait que nous poursuivions le dialogue avec le Gouverneur de la Banque de France sur ces négociations. Outre le sujet des crédits immobiliers déjà abordé, je me félicite que votre lettre concerne aussi les règles prudentielles applicables aux financements de certains grands équipements. L'industrie aéronautique s'inquiète de la possibilité de continuer à financer des aéronefs à des taux acceptables. Il faudra donc continuer à mettre l'accent sur ce point. J'avais d'ailleurs déposé une question écrite sur le sujet : toutes les initiatives convergent pour faire que les modèles américains ne nous soient pas étendus.

Debut de section - PermalienPhoto de Michèle André

Il est utile que nous soyons au côté du Gouverneur de la Banque de France dans la conduite de ces négociations. À ce propos, la commission des finances entendra le 22 février prochain le secrétaire général du comité de Bâle, William Coen.

La commission entend ensuite une communication de M. Maurice Vincent, rapporteur spécial, sur la politique de dividendes de l'État actionnaire.

Le compte rendu de cette réunion sera publié ultérieurement.

La commission entend ensuite une communication de Mme Michèle André, présidente, sur le compte rendu de la réunion du bureau de la commission du 24 janvier 2017.

Debut de section - PermalienPhoto de Michèle André

À l'occasion de notre réunion du bureau de la commission, qui s'est tenue hier, mardi 24 janvier 2017, nous avons évoqué le programme de travail jusqu'à la fin du mois de février, que vous connaissez largement puisqu'il vous est adressé au fur et à mesure de sa mise à jour. Les résultats de plusieurs travaux de contrôle seront présentés et nous aurons des auditions sur des sujets financiers, concernant notamment la compétitivité de la place de Paris et en recevant le secrétaire général du comité de Bâle. Nous recevrons également la semaine prochaine Mario Monti et Alain Lamassoure qui présenteront leur rapport sur les ressources propres de l'Union européenne, et nous consacrerons une séance à l'enquête sur les archives nationales que la Cour des comptes a remise à nos collègues rapporteurs spéciaux de la mission « culture » Vincent Éblé et André Gattolin.

À l'heure où la révision des valeurs locatives des locaux professionnels entre en vigueur, il serait par ailleurs souhaitable de faire le point sur la mise en oeuvre de l'expérimentation de la révision des valeurs locatives des locaux d'habitation, les résultats ayant été transmis au ministre du budget.

Avec François Marc et Fabienne Keller, nous irons à Bruxelles les 30 et 31 janvier pour la semaine parlementaire du semestre européen et la conférence interparlementaire sur la gouvernance économique et financière de l'Union européenne.

Le Bureau n'a pas exclu que la commission puisse se réunir pendant la période d'interruption des travaux du Sénat, en particulier en mars, ou bien à compter du deuxième tour des élections législatives, pour organiser des auditions ou bien la restitution de travaux de contrôle.

Le dépôt avant le 30 mai du projet de loi de règlement s'accompagnera aussi de la remise par la Cour des comptes de ses rapports sur l'exécution et la certification des comptes de 2016.

Le Bureau a également évoqué nos travaux de contrôle pour 2017 dont la liste vous est distribuée. Ils devront si possible être achevés avant la fin du mois de juillet par les rapporteurs spéciaux, qu'il s'agisse de la poursuite de travaux engagés en 2016 ou de nouveaux travaux souhaités, compte tenu du prochain renouvellement sénatorial en septembre.

Les rapporteurs spéciaux de la mission « Enseignement scolaire », Gérard Longuet et Thierry Foucaud, ont engagé des travaux en commun avec Jean-Claude Carle et Mireille Jouve, pour la commission de la culture, sur le thème de la réforme des rythmes scolaires.

Le groupe de travail sur les assiettes fiscales et les modalités de recouvrement de l'impôt à l'heure de l'économie numérique poursuit par ailleurs ses activités, avec l'objectif de formuler des propositions au premier semestre.

Le rapporteur général a aussi engagé des travaux sur la compétitivité des places financières, qui se nourriront à la fois d'auditions organisées en commission et non publiques, - auxquelles tous les commissaires seraient conviés -, de déplacements européens que nous menons ensemble et de la mission du bureau à Singapour et à Hong Kong.

En outre, nous pourrons, le cas échéant, conduire des réflexions sur le fonctionnement de la zone euro en liaison avec la commission des affaires européennes.

Comme chaque année, nous avons demandé des enquêtes à la Cour des comptes, notamment celle sur les banques et les publics défavorisés, dont j'assure le suivi et qui nous sera livrée en juin prochain.

Les autres enquêtes demandées portent sur les sujets suivants : la chaîne des aides agricoles et l'Agence de services et de paiement (suivie par Alain Houpert et Yannick Botrel), le soutien aux énergies renouvelables (qui relève de Jean-François Husson), les personnels contractuels de l'éducation nationale (suivie par Gérard Longuet et Thierry Foucaud pour rapporteurs), le programme Habiter mieux (qui relève de Philippe Dallier), les matériels et équipements de la police et de la gendarmerie (suivie par Philippe Dominati). Les remises de ces enquêtes seront échelonnées entre janvier et mars 2018.

Le bureau a également évoqué notre ordre du jour à la reprise des travaux parlementaires au mois de juillet. Outre un probable projet de loi de finances rectificative, le rapporteur général et les rapporteurs spéciaux devront examiner le projet de loi de règlement pour l'année 2016.

Nous pourrions également être amenés à nous prononcer sur des propositions de nominations en application de l'article 13 de la Constitution.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Claude Requier

Nous pourrions donc nous réunir au cours de la période de suspension des travaux en séance publique ?

Debut de section - PermalienPhoto de Michèle André

Si cela est nécessaire, oui, mais nous n'avons, pour le moment, pas d'ordre du jour prévu.

Cela dit, cela n'empêche pas les rapporteurs spéciaux de travailler.

Debut de section - PermalienPhoto de Yannick Botrel

Y a-t-il une date butoir pour la fin des travaux de contrôle ?

Debut de section - PermalienPhoto de Michèle André

Comme je l'ai dit, tous les contrôles devront si possible être achevés pour la fin du mois de juillet.

La commission donne acte de sa communication à la présidente et adopte le programme de contrôle dont la teneur suit :

I. Contrôles des rapporteurs spéciaux

enquête demandée à la Cour des comptes dans le cadre de l'article 58-2 de la LOLF) Aide publique au développement

CCF Prêt à des États étrangers Fabienne Keller Yvon Collin L'aide publique au développement en matière d'aménagement urbain Anciens combattants, mémoire et liens avec la Nation Marc Laménie La Commission pour l'indemnisation des victimes de spoliations (CIVS) Culture André Gattolin Vincent Eblé L'Agence France-Muséums Défense Dominique de Legge Le parc immobilier du ministère de la Défense Direction de l'action du Gouvernement Michel Canevet Le groupement interministériel de contrôle (GIC) Écologie

CAS Aides à l'acquisition de véhicules propres

CAS Transition énergétique Jean-François Husson Le soutien aux énergies renouvelables

enquête demandée à la Cour des comptes dans le cadre de l'article 58-2 de la LOLF) Les enjeux budgétaires de l'application du droit communautaire de l'environnement (poursuite du contrôle en cours) BA Contrôle et exploitation aériens Vincent Capo-Canellas La modernisation du contrôle de la navigation aérienne Économie Jacques Chiron Bernard Lalande Les assiettes fiscales et les modalités de recouvrement de l'impôt à l'heure de l'économie numérique

groupe de travail) Égalité des territoires et logement Philippe Dallier Le programme « Habiter mieux »

Enquête demandée à la Cour des comptes dans le cadre de l'article 58-2 de la LOLF) Engagements financiers de l'État Serge Dassault Les risques financiers liés à la remontée des taux d'intérêt Enseignement scolaire Gérard Longuet Thierry Foucaud Les personnels contractuels dans l'éducation nationale

enquête demandée à la Cour des comptes dans le cadre de l'article 58-2 de la LOLF) Gestion des finances publiques et des ressources humaines Michel Bouvard Thierry Carcenac Les assiettes fiscales et les modalités de recouvrement de l'impôt à l'heure de l'économie numérique

groupe de travail) CAS Gestion du patrimoine immobilier de l'État Michel Bouvard Thierry Carcenac L'avenir du compte d'affectation spéciale Immigration, asile et intégration Roger Karoutchi La mise en oeuvre de la réforme de la formation linguistique et civique des étrangers primo-arrivants Justice Antoine Lefèvre Les dépenses de santé des détenus Outre-mer Nuihau Laurey Georges Patient Le service militaire adapté (SMA) Politique des territoires Bernard Delcros Les interventions territoriales de l'État Recherche et enseignement supérieur Philippe Adnot Les sociétés d'accélération du transfert de technologies (SATT) (poursuite du contrôle en cours) Michel Berson L'Agence nationale de la recherche (ANR) et le financement de la recherche par projet Relations avec les collectivités territoriales Charles Guené Claude Raynal La cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) Remboursements et dégrèvements Marie-France Beaufils La maquette budgétaire de la mission « Remboursements et dégrèvements » Santé Francis Delattre La vaccination et la prévention de la grippe chez les séniors Sécurités

Programmes 152 Gendarmerie et 176 Police Philippe Dominati Les matériels et équipements de la police et de la gendarmerie (acquisition et utilisation)

enquête demandée à la Cour des comptes dans le cadre de l'article 58-2 de la LOLF) Programme 161 Sécurité civile Jean Pierre Vogel Le système d'alerte et d'information des populations (SAIP) (poursuite du contrôle en cours) Programme 207 Sécurité et éducation routières

II. Autres enquêtes demandées à la Cour des comptes

III. Groupes de travail

Gérard Longuet Thierry Foucaud

Pour la commission de la culture, de l'éducation et de la communication :

La séance est close à 11 h 10.