Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées

Réunion du 6 février 2013 : 1ère réunion

Résumé de la réunion

Les mots clés de cette réunion

  • ONU
  • mali
  • sahel
  • union africaine

La réunion

Source

La commission auditionne M. Romano Prodi, envoyé spécial des Nations unies pour le Sahel.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Louis Carrère

Monsieur le Président Romano Prodi, mes chers collègues, je suis très heureux de vous accueillir devant la commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées du Sénat. Sachez que nous sommes particulièrement sensibles au fait que vous soyez venu à Paris tout spécialement en réponse à notre invitation, et que vous ayez choisi de vous exprimer dans notre langue, que vous maîtrisez d'ailleurs parfaitement.

Il est inutile que je vous présente, chacun ici connaît votre parcours brillant, dans d'éminentes fonctions, aussi bien en Italie, qu'à la présidence de la Commission européenne, à la destinée de laquelle vous avez présidé à des moments particulièrement cruciaux de son histoire, je pense à l'introduction de l'euro mais aussi au « grand » élargissement à l'Est qui a réconcilié l'Europe.

C'est aujourd'hui en tant qu'envoyé spécial de l'Organisation des Nations unies pour le Sahel que nous vous entendons. Vous avez été nommé à ces fonctions en octobre dernier par le Secrétaire général de l'ONU, M. Ban Ki Moon.

Le schéma à l'époque était bien différent de la situation actuelle : on parlait d'une intervention africaine à l'automne au Mali... Mais au-delà de l'actualité, dont vous nous parlerez sans doute, votre présence ici nous donne l'occasion d'aborder les grandes questions de fond qui se posent pour l'ensemble de la région du Sahel. Car c'est bien là votre mission : c'est dire si elle est difficile.

Nous savons qu'il nous faut construire le « jour d'après », non seulement pour le Mali, mais aussi pour stabiliser la région.

Que penser de la « feuille de route », qui semble aussi optimiste en termes de calendrier, avec des élections prévues en juillet, qu'insuffisante, face aux revendications du Nord, en souffrance depuis tant d'années ? Comment faire que la « question touarègue » ne devienne pas la « question kurde » du Sahel : pourquoi le Mali a-t-il échoué là où d'autres, comme le Niger, semblent avoir mieux réussi ? De quelles formes d'organisation territoriale pouvons-nous nous inspirer, au sein de l'Union Africaine, notamment ?

Il s'agit en effet de contribuer à résoudre ce qui ressemble à une équation impossible : crise humanitaire et alimentaire, croissance démographique galopante, conditions climatiques extrêmes, populations déplacées, pauvreté, trafics de tout genre, États fragiles, tensions communautaires, montée du terrorisme...

Ce n'est qu'en résolvant les questions de fond qui se posent à cette région parmi les plus pauvres du monde que nous pourrons durablement la stabiliser et éviter, ou à tout le moins contenir, les risques d'exportation de cette instabilité, d'exportation du terrorisme et de développement de l'immigration clandestine.

Où en est la « stratégie régionale intégrée de l'ONU pour le Sahel », qui inclut les questions humanitaires, de sécurité, de gouvernance, de droits de l'homme et de développement ? Quelle coordination envisagez-vous avec le Plan Sahel de l'Union européenne ? Quelles sont les perspectives que vous voyez émerger aujourd'hui ?

Je vous passe la parole.

Debut de section - Permalien
Romano Prodi, envoyé spécial des Nations unies pour le Sahel

Mesdames et Messieurs les sénateurs, je suis très honoré d'être parmi vous pour évoquer la tâche, difficile, qui est la mienne. Quand le Secrétaire général de l'ONU m'a désigné comme son représentant spécial pour le Sahel, je lui ai dit que je n'étais pas un expert de cette région. Il m'a répondu que justement il voulait un regard extérieur.

J'étais le 10 janvier à Bamako, journée que je qualifierai de « post-moderne » tant il était impossible de comprendre ce qui s'y passait réellement. Derrière une apparente « normalité », le Président de la République malienne nous a informés qu'en quelques heures le pays pourrait s'effondrer faute d'aide internationale. J'observe d'ailleurs aujourd'hui un consensus très large autour de l'intervention française.

J'ai fait des déplacements dans plusieurs pays : l'Egypte, l'Algérie, le Maroc, le Sénégal, la Chine, en plus des États de la région sahélienne et de leurs voisins. Ce que je constate partout, c'est un authentique rejet du terrorisme, qui s'exprime unanimement. Cela m'incite à dire qu'il faut préparer très vite une solution politique pour résoudre la crise malienne, car ce type d'unanimité, rare, est aussi fugace.

Naturellement, des réserves s'expriment, notamment dans la presse, naturellement, certains pays comme l'Égypte du Président Morsi ont exprimé des réserves, mais l'accord est très large.

Le premier problème que je vois est celui d'un risque d'exportation de la crise malienne, en particulier vers la Libye, compte tenu de la mobilité des terroristes, et du manque de gouvernance dans ce pays.

Le deuxième problème, et non le moindre, est celui du développement. Les indicateurs placent le Mali dans les pays les moins avancés du monde. Parallèlement, la croissance démographique est très forte, avec un âge médian à 18 ans, contre 40 en Europe. Les agences de l'ONU, qu'il s'agisse de l'aide aux réfugiés ou de l'aide à l'enfance, mettent régulièrement en avant les forts taux de mortalité infantile. L'urgence est de préparer le développement, un développement qui ne doit pas se limiter au Mali, mais qui doit être régional, compte tenu des économies d'échelle à atteindre, de la situation particulière de ces économies, de leurs agricultures. Il faut donc un plan de développement partagé par tous les pays de la zone.

Pourtant, on peut être plus optimiste qu'il y a dix ans pour les pays d'Afrique. La croissance ne se limite plus désormais aux pays qui disposent de ressources naturelles. Regardons l'Ethiopie, ou l'Egypte, par exemple. Avec une aide au développement intégrée, la croissance suivra. Je ne suis pas pessimiste. Il nous faut pour cela coordonner, mais aussi rassembler, et je pense à la société civile, aux leaders religieux, aux femmes...Il nous faut coordonner à quatre niveaux : au sein de la communauté internationale, entre gouvernements de la région, au sein du système des nations et pour rassembler la société civile. Je travaille à rassembler toutes les énergies pour régler les questions de sécurité, de gouvernance, les questions humanitaires et de développement. Concrètement, ce projet de développement doit venir de la société civile et ne pas être piloté d'en haut par l'ONU, mais bien au contraire émerger à partir des visions locales. Je travaille actuellement avec la Haute Représentante Lady Ashton et Mme Bachelet pour organiser une conférence sur les femmes du Sahel, pour exploiter leur potentiel, leur expérience et leur sagesse. Il nous faut chercher ensemble une meilleure organisation de nos moyens financiers, nous permettant d'avoir tout le monde « à bord ». Il existe des réticences à déléguer la gestion de l'aide à des structures multilatérales, car certains pays veulent garder la possibilité de gérer directement les projets financés. Je veux expliquer que nous avons intérêt à ce que le Sahel soit un champ de coopération, pas un champ de bataille.

Les organisations régionales, au premier rang desquelles l'Union africaine, doivent être mobilisées pour développer toutes les coopérations possibles. Il nous faut développer la coopération intra-africaine.

Les priorités de mon action sont l'agriculture, les infrastructures et l'énergie. Je suis aussi à votre écoute pour entendre vos propositions pour appuyer ce travail difficile mais nécessaire et capitaliser sur l'unité qui existe aujourd'hui dans la communauté internationale.

Debut de section - PermalienPhoto de Jeanny Lorgeoux

Permettez-moi tout d'abord de saluer la probité, l'élévation et l'humilité qui caractérisent l'ensemble de votre vie politique.

La question est en fait aujourd'hui de mettre en place une sorte de « petit plan Marshall » pour le Sahel, en recensant les infrastructures à mettre en oeuvre dans une Afrique où nous connaissons désormais 5 à 7 % de taux de croissance annuel, où la population sera dans vingt ans égale à celle de la Chine. Au Mali et au Soudan, l'écheveau politique est embrouillé, il n'y a plus d'État : comment faire ?

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Louis Carrère

Je vous remercie de votre présentation et donne la parole à trois de mes collègues.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

Quel regard portez-vous sur le dossier malien alors que nous sommes entrés dans un processus militaire et qu'un processus politique se met en place ? Quel sera l'acteur de l'avenir post-militaire malien, l'ONU ou l'Union africaine ? Comment s'articule votre mission avec celle de l'Union européenne sur le Sahel ? Comment rendre vos démarches respectives complémentaires et non parallèles ?

Les presses étrangères, notamment égyptienne et algérienne, portent un regard critique sur l'intervention française au Mali. Qu'en pensez-vous ?

Le Mali s'est effondré. Il en est de même des structures agricoles et du pastoralisme au Sahel. La réponse réside dans le développement, sous réserve qu'il ne soit pas « préfabriqué ». Une masse importante de fonds a déjà été consacrée à cette région avec des résultats cependant modestes. Ainsi les Touaregs sont les oubliés du Nord.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Chevènement

Le Président Gérard Larcher a abordé l'essentiel des sujets. Comment envisagez-vous les modalités d'une mission de l'ONU se substituant, ou tout au moins prenant le relais de la présence des forces françaises ? Faut-il la confier à l'Union africaine ? Cela mérite une discussion qui n'a pas eu lieu jusqu'à présent.

De surcroît, comment résoudre les problèmes issus de la scission entre le nord et le sud ? Cette fracture n'est pas le fruit du hasard. Le Nord du Mali a été souvent négligé. Plusieurs rébellions ont éclaté dont la dernière sous des formes particulièrement inquiétantes. Est-il possible de traiter ce problème dans le cadre de la feuille de route du gouvernement de Bamako ?

S'agissant du Sahel, à qui confier son développement alors que les Etats sont en déliquescence voire en faillite ? Quelle est l'autorité politique capable d'élaborer un projet d'ensemble de ces travaux de restauration agricole et pastorale?

Debut de section - Permalien
Romano Prodi, envoyé spécial des Nations unies pour le Sahel

Tout plan d'aide est désormais intitulé « Marshall ». La situation est cependant différente. S'agissant du plan Marshall, il relevait de la responsabilité d'un Etat qui apportait son aide à d'autres Etats. Le cas présent est différent puisqu'il s'agit d'élaborer une stratégie de développement entre Etats.

Quel que soit le nom de ce plan, le problème réside essentiellement dans la capacité à convaincre les pays d'allouer des ressources communes très rapidement. J'insiste, le temps est primordial. J'ai été particulièrement attentif aux critiques d'un certain nombre de pays qui sont réticents à abandonner leurs ressources aux mains de l'ONU. Comme le moment est à l'urgence, j'entends beaucoup de déclarations de bonne volonté mais je ne veux pas que dans quelques mois la région retombe dans l'oubli.

Quant aux solutions post-militaires, la première étape consiste en la préparation d'élections. Avec 98 % de la population en capacité de voter, des élections peuvent être théoriquement organisées. Il convient préalablement d'élaborer les procédures nécessaires à leur bon déroulement.

Debut de section - Permalien
Romano Prodi, envoyé spécial des Nations unies pour le Sahel

En effet, la constitution de listes électorales est essentielle, compte tenu de l'existence de 400 000 réfugiés. C'est un problème. Une élection sans garantie n'est pas une véritable élection. Le message est clair. Il faut commencer par l'élaboration de listes.

Quant à votre interrogation sur l'intervention de l'ONU en relais de la présence française, je ne peux pas y répondre. Cette décision appartient au Conseil de Sécurité.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Louis Carrère

Le Président de la République et notre diplomatie doivent y travailler.

Debut de section - Permalien
Romano Prodi, envoyé spécial des Nations unies pour le Sahel

Il convient de se concentrer sur les élections sans se perdre dans les détails des modalités de la future gouvernance. Il est clair que la question de l'administration du Nord est centrale. Or elle ne fait pas consensus chez les Maliens. La situation est complexe. Elle évolue rapidement. Les opinions divergentes sont nombreuses. Il convient donc d'être prudent.

Quant aux critiques sur l'intervention française au Mali, en attendre moins serait impossible. La France a su créer une certaine unité. C'est la première fois de ma vie que je vois une telle situation. Il convient de l'exploiter. Tout le monde ne peut toutefois pas être d'accord. Certes, il y a le Brésil, l'Algérie, l'Égypte, peut-être l'Iran, je ne sais pas.

En ce qui concerne le développement de la région du Sahel, quel périmètre retenir ? Dans la pratique, la stratégie sera géographiquement plus limitée que le Sahel qui arrive jusqu'en Érythrée. Bien entendu, des pays tels que le Tchad, le Niger, la Mauritanie et le Mali seront compris dans notre champ d'action. Il est préférable que la notion de Sahel soit définie de manière flexible et empirique.

J'insiste, en revanche sur la nécessité de prévoir en priorité la fourniture d'eau et d'énergie.

Quant aux interrogations sur les autorités en capacité d'agir, je ne peux que préciser qu'il convient d'aider les structures et entités existantes. Il faut utiliser l'Union africaine, la CEDEAO.

Debut de section - PermalienPhoto de Michel Boutant

Vous avez fait de nombreuses références à la Chine. Pourquoi ?

Debut de section - PermalienPhoto de Robert del Picchia

Vous nous dites que si nous ne faisons pas attention, on oubliera bientôt le Sahel et que les mêmes difficultés recommenceront, au Mali ou ailleurs. Vous avez évoqué un plan de développement. Les industriels, désireux de s'implanter autour de projets énergétiques, en particulier l'énergie solaire avec un projet franco-américano-allemand, ont besoin de sécurité. Il faut donc une garantie internationale. Ce pourrait être le rôle de l'ONU, de l'Union africaine ou de la CEDEAO.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Néri

L'Afrique dispose d'un potentiel économique et démographique considérable, le continent passera de 700 millions à 2 milliards d'habitants en 2040. Comment a été utilisée l'aide au développement, dans ces états sans structures administratives ? Au Mali, l'enseignement se fait dans quatorze langues, il n'y a pas de cadastre, pas de rôle des impôts : comment contrôler l'utilisation de l'argent ? Il y a beaucoup d'évaporation... Il nous faut d'abord constituer des états réels.

Debut de section - Permalien
Romano Prodi, envoyé spécial des Nations unies pour le Sahel

La Chine réalise déjà avec l'Afrique un commerce extérieur équivalent à la moitié de celui de l'Union européenne avec le continent africain, soit 200 milliards contre 430 pour les Européens. La Chine a des relations diplomatiques avec 52 pays africains. C'est le seul pays qui exporte simultanément des marchandises, de la main-d'oeuvre, de la technologie, et du capital en même temps. Rien qu'en Algérie, 25 000 citoyens chinois travaillent dans le secteur du bâtiment, du maçon à l'architecte, pour la livraison de logements sociaux. 5 000 s'installent chaque année définitivement, se marient, ouvrent des commerces...

S'agissant des investissements, le développement escompté n'aura pas lieu si on ne tient compte que de l'investissement public. Les investissements privés sont absolument nécessaires. Des opportunités existent mais le contexte actuel n'y est pas favorable. Or c'est la coopération et la paix qui permettent la réalisation de tels investissements.

C'est pourquoi, il apparaît nécessaire de mobiliser plusieurs pays de l'Union africaine et de réfléchir ainsi sur la notion de gouvernance. Je fais référence ici à l'absence des structures élémentaires. C'est notre tâche. Le processus démocratique n'est peut-être pas suffisant mais il est nécessaire afin de sortir de l'impasse.

Debut de section - PermalienPhoto de Christian Cambon

Je souhaite m'adresser à l'ancien président de la commission européenne. Les événements actuels tendent à témoigner de l'échec des politiques de coopération parcellisées mettant en jeu des sommes importantes. Nos analyses politiques élogieuses à l'égard de certains régimes se sont parfois révélées erronées. N'est il pas temps pour l'Union européenne de se livrer à un examen de conscience sur les modalités de l'organisation de son aide et de la coopération dans cette partie du monde lorsque la paix sera revenue et les armes se seront tues ?

En mission au Mali, nous avons dénombré sur le terrain près de vingt-cinq politiques de coopération de différents pays européens, parallèlement à une action menée par l'Union européenne de manière indépendante. Si l'on souhaite l'instauration d'une meilleure gouvernance de ce pays, l'Union européenne ne doit-elle pas réexaminer ses aides, éventuellement instituer des « pays chefs de file » en ce domaine, afin de mieux orienter ses aides?

Debut de section - PermalienPhoto de Josette Durrieu

Puisque le Président Prodi doit élaborer un plan au Sahel et au Mali, quels sont sa méthode, son cadre juridique, ses objectifs, son calendrier ainsi que les conditions du dialogue ?

Debut de section - PermalienPhoto de Jacques Berthou

Peut-on envisager un règlement malo-malien du problème des Touaregs qui visent à accéder à certaines responsabilités voire à l'autonomie, ce qui pourrait les conduire à devoir lutter contre le terrorisme dans cette région ?

Debut de section - PermalienPhoto de Gilbert Roger

Notre vision occidentale de l'Afrique en tant qu'unité et non pas en tant qu'un ensemble de pays n'est elle pas une grave erreur ? N'aurions nous pas à intérêt à changer de logiciel afin d'envisager ces Etats comme pays du continent africain avec lesquels il convient de développer des coopérations partielles ?

Debut de section - PermalienPhoto de Leila Aïchi

Cette zone comprend seize à dix huit millions de personnes susceptibles de souffrir de la famine. Entre Mopti et Gao, il existe 1,8 million d'hectares de terres cultivables. On peut y exploiter des céréales et du riz. Des investisseurs libyens ont acquis une concession de terres agricoles pour une valeur de trois cent millions de dollars. Ils ont construit un canal sur cent mille hectares de 18 kilomètres de long, vingt mètres de large et quatre mètres de profondeur transportant de l'eau.

Que peut faire l'Europe afin de rapprocher les TPE PME françaises, européennes et maliennes afin de favoriser ce développement de terres agricoles dans ce pays et de nourrir sa population ?

Debut de section - Permalien
Romano Prodi, envoyé spécial des Nations unies pour le Sahel

En termes de développement, la première priorité est de finir le travail commencé mais interrompu faute d'argent. Pour cela, il faut une bonne coordination entre la banque mondiale, la banque africaine de développement, mais aussi, ne l'oublions pas, la banque européenne d'investissement. La coordination de l'aide de l'Union européenne et de celle des ses états membres est une question insoluble, c'est pourquoi je prône une stratégie flexible permettant de « mettre des drapeaux » sur certains projets. L'Europe est le premier donateur en Afrique, mais les pays européens veulent aussi garder une certaine autonomie. Il est possible de réexaminer les procédures pour aboutir une meilleure coordination, mais il faut que les états membres le veuillent. Le calendrier est crucial, car bientôt tout le monde va oublier le Sahel. J'ai personnellement participé dix fois au G8, et j'ai constaté que nous n'avons jamais tenu les engagements pris, ce qui n'est pas étonnant pour une structure qui n'a pas de secrétariat permanent.

La question du Nord-Mali est naturellement centrale. Elle ne concerne d'ailleurs pas que les Touaregs qui sont minoritaires, même au Nord. Beaucoup de responsables internationaux s'accordent à dire que, sans élections claires et transparentes, il n'est pas possible d'avancer.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Louis Carrère

Merci Monsieur le Président Prodi de cet éclairage. Nous ne manquerons pas de revenir vers vous, une fois les élections passées en Italie, pour que vous nous conseilliez sur les moyens de tisser des liens, dans le futur paysage politique italien, nous permettant de travailler à la construction de l'Europe de la Défense.