Je remercie les membres de l'Institut de recherche pour le développement (IRD) et du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) que nous auditionnons aujourd'hui. Après le Forum mondial du développement durable à N'Djaména de 2010, la Commission du bassin du lac Tchad (CBLT) vous a confié une expertise collégiale, financée par le Fonds français pour l'environnement mondial (FFEM) et suivie par l'Agence française de développement (AFD). Préserver le lac Tchad, dont on sait l'importance vitale, telle est l'ambition portée par cette expertise.
Nous nous y intéressons de près, non seulement parce que nous nous rendrons prochainement au Tchad, mais aussi parce que l'outil de l'expertise collégiale est, à nos yeux, fondamental pour appréhender toute la chaîne décisionnelle, du financement jusqu'à l'exécution des opérations. Quel est son calendrier ? Quel est son fonctionnement ?
Le calendrier, d'abord. Comme toutes les autres, l'expertise collégiale « Préservation du lac Tchad : contribution à la stratégie de développement durable du lac » a débuté à l'occasion d'un atelier initial qui s'est tenu à N'Djaména en septembre 2012, date à partir de laquelle court le délai d'un an dans lequel le rapport doit être remis. Nous sommes dans les temps : le collège d'experts s'est réuni la semaine passée pour la troisième et dernière fois à N'Djaména. Le rapport final sera rendu entre la fin septembre et la mi-octobre à la CBLT qui formulera des observations.
Une expertise collégiale, comme son intitulé l'indique, est l'oeuvre d'un collège de douze à quinze experts. Elle se traduit par une pluridisciplinarité en acte, ce qui n'est pas si commun dans la recherche. De fait, des experts issus de disciplines différentes travaillent ensemble durant un an et se rencontrent physiquement trois fois sur le site de l'expertise. En l'occurrence, le collège d'experts s'est réuni à N'Djaména au Tchad et à Maroua au Cameroun. Pluridisciplinaire, une expertise collégiale est également pluri-institutionnelle : pour la partie française, nous avons deux ou trois chercheurs de l'IRD, deux du Cirad et un du CNRS. Elle respecte le principe de la parité Nord-Sud : huit experts proviennent des pays riverains du lac - le Cameroun, le Tchad, le Niger et le Nigéria. La langue de travail est le français. Pour nos deux collègues anglophones, la CBLT avait prévu une traduction simultanée lors de la troisième réunion.
La vocation de cette expertise collégiale était d'envisager la préservation du lac Tchad dans toute sa complexité scientifique, géographique, socio-économique et politique - le délai d'un an est court pour un travail d'une telle ampleur. Après chacune des trois réunions du collège des experts, le comité de suivi piloté par la CBLT est informé des travaux et formule des observations dont les experts doivent tenir compte dans leur feuille de route. Cette procédure garantit une appropriation in itinere des recommandations des experts : une expertise collégiale a pour objectif d'offrir un appui à la décision au bénéfice du pays du Sud qui en a passé commande.
Voilà, à grand traits, les caractéristiques d'une expertise collégiale dont la mise en oeuvre se heurte toujours à des difficultés pratiques : trouver des chercheurs prêts à y consacrer du temps en plus de leurs propres tâches de recherche et d'enseignement, les rémunérer, composer avec leur emploi du temps...
Pouvez-vous nous parler de la mise en oeuvre, au quotidien, d'une expertise collégiale ?
J'ai commencé ma carrière au Tchad il y a fort longtemps, ce qui explique beaucoup de choses...
Le manque d'observations directes sur le lac alimente une cacophonie incroyable depuis une vingtaine d'années. Si nous avons des données régulières sur la cuvette sud depuis 1953, les dernières concernant la cuvette nord remontent à 1976. Les chefs d'État de la région, persuadés que le lac allait disparaître, ont conçu au début des années 1990 un grand projet de transfert du bassin de l'Oubangui au bassin du Tchad de 100 km3 par an. C'était beaucoup quand, en temps normal, l'apport du fleuve Chari au lac tourne autour des 40 km3. Un chiffre du même ordre a été retenu dans une version ultérieure, plus soft. Une étude, dont les résultats ont été publiés l'an dernier, préconise un transfert plus réaliste : 7 km3 par an. Pourtant, dans les discours, on continue d'utiliser les arguments des 40 et 100 km3.
J'en ai discuté avec mes collègues tchadiens, avec les gens de la CBLT. Nous sommes tombés d'accord sur l'idée qu'il fallait mettre les choses à plat et que pour cela, nous devions collecter les données publiées sur le fleuve qui étaient jusqu'à présent dispersées à droite et à gauche. Voilà comment est née cette expertise collégiale. Le but était de synthétiser les informations disponibles sur l'hydrographie du lac, les populations qui vivent autour et leur façon d'utiliser les ressources pour les présenter sous une forme accessible aux décideurs. Finalement, la nouveauté était de confronter des données thématiques issues de disciplines différentes.
Les chefs d'État sont-ils toujours convaincus que le lac Tchad est voué à une inexorable disparition ?
Un peu moins depuis le Forum de 2010 à N'Djaména. En fait, tout dépend du niveau auquel on s'adresse et de l'ambiance générale de la réunion. Le président Déby ne fait plus du projet de transfert interbassins une priorité ; c'est désormais une possibilité à moyen terme sous réserve d'études. En revanche, on entend un autre son de cloche au niveau local.
Je ne suis ni spécialiste de la question ni scientifique, mais il se trouve que j'ai participé à la table ronde sur le lac Tchad au Forum de l'eau de Marseille. Le président Déby l'avait minutieusement préparée, le président Issoufou y participait. Je crois bien avoir entendu que si l'on ne faisait rien, la réduction du lac était inexorable...
Ce type de discours, que tiennent les médias, la CBLT, la FAO, les chefs d'État, est décalé par rapport à réalité scientifique qui ne fait l'objet d'aucune controverse entre les chercheurs : si la surface du lac Tchad varie considérablement d'une année à l'autre, d'une saison à l'autre, elle est relativement stable depuis 40 ans. Nous restons dans les mêmes proportions d'échelle, à un niveau plutôt bas qui est favorable aux activités économiques telles que le pâturage et l'agriculture. L'un des enjeux est d'apporter aux responsables des connaissances scientifiques claires.
Comment les termes de référence de l'expertise collégiale ont-ils été rédigés ?
J'ai pris ma part dans la rédaction de ce projet après avoir échangé avec des agents de la CBLT. L'idée était relativement simple : collecter les données existantes. Il a fallu ensuite la formaliser dans le cadre un peu contraignant de l'expertise collégiale. Etudier le lac Tchad, c'est se pencher sur un milieu physique, un milieu humain, des ressources naturelles et une gouvernance. Pour chaque domaine, nous devions identifier les chercheurs susceptibles de contribuer efficacement à ce travail et disposés à le faire, tout en gardant un équilibre entre ceux du Nord et du Sud mais aussi entre les quatre pays riverains. Tout cela se construit petit à petit.
Si vous voulez, une expertise collégiale se rapproche du panel scientifique indépendant de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). L'indépendance des experts, même si de la subjectivité est toujours en jeu, apporte une légitimité scientifique au discours sur un objet complexe.
L'expertise sur le lac Tchad a mobilisé des spécialistes des sciences de la nature et des sciences sociales ainsi que les étudiants qu'ils encadrent - des Français, mais aussi des Tchadiens, des Camerounais ou des Nigériens. Grâce à ce réseau d'étudiants, qui n'apparaît pas dans l'organigramme, nous avons pu actualiser certaines données et colmater des brèches importantes.
Selon quel critère identifiez-vous vos partenaires : celui du chercheur ou de l'institution ?
Le principal critère est la légitimité scientifique sur le lac Tchad, objet de l'expertise, un sujet qui a été peu traité ces dernières années, et encore moins dans les pays riverains. Ensuite, la représentation des quatre pays riverains ; une nécessité puisque la commande a été passée par la CBLT et que nous voulions aboutir à une vision complète du lac. Le Nigéria en particulier, parce qu'il contribue à la moitié du budget de la CBLT, devait absolument être présent. Or, pour des raisons historiques, nous avons moins de relations avec les Nigérians. Les grandes violences dans le nord de ce pays ont compliqué les choses. Nous avons dû nous adapter chemin faisant.
Pour les identifier, nous sommes passés par le réseau des sciences de la nature de l'IRD et le réseau des sciences sociales du Cirad et de Paris I. Trouver des personnes disponibles et fiables pour constituer une équipe opérationnelle en conciliant ces nombreux paramètres s'est révélé difficile : les collègues compétents sont souvent surchargés de travail.
Les chercheurs siégeaient-ils au collège d'experts à titre individuel ou institutionnel ?
A titre individuel, étant entendu que nous souhaitions une diversité des institutions.
Leurs établissements d'origine savent néanmoins qu'ils participent à cette expertise pour une raison très simple : ils doivent valider leur départ en mission.
Nous avons dressé une liste, vérifié le respect des équilibres avec l'IRD et nous l'avons ajustée en fonction des disponibilités des chercheurs.
Autrement dit, si le processus a été très préparé, nous avons dû composer avec les conditions du moment et revoir le plan initial tout en préservant les équilibres entre disciplines, pays et institutions.
Pourquoi avoir fait le choix d'une présidence et d'une vice-présidence Nord-Nord ?
M. Lemoalle travaille sur le lac Tchad depuis 1967, il est à l'origine du projet. Aucun autre chercheur n'avait sa légitimité. Promouvoir absolument un collègue du Sud parce qu'il est du Sud serait un peu complaisant. Aussi espérions-nous voir au cours de nos travaux se distinguer des chercheurs du Sud à qui nous pourrions confier des tâches de coordination.
Tout à fait d'accord. Je cherche à comprendre comment on peut impliquer dans un projet les institutions du Sud autant que celles du Nord. Pour l'heure, l'input vient du Nord. Avez-vous des idées ?
Pour dépasser le débauchage individuel, il faut recourir à d'autres outils que l'expertise collégiale qui est d'une durée courte. Des formes de partenariat durables, de trois à quatre ans, peuvent, elles, s'inscrire dans une dimension institutionnelle.
Je ne suis pas plus scientifique que M. de Raincourt, je suis grammairienne. Pour autant, j'ai vécu plus d'un an à N'Djamena il y a quarante ans : je sais la difficulté à travailler dans ce pays... A l'époque de Tombalbaye, l'armée française s'intéressait énormément au lac Tchad, mais les scientifiques changeaient sans cesse. Sans doute, êtes-vous confrontés à ces difficultés. Je m'interroge : comment donner une plus grande importance à votre projet ?
La coopération institutionnelle dont vous parliez existe au sein des laboratoires mixtes internationaux de l'IRD. Une expertise collégiale s'inscrit dans une autre logique.
En effet, elle naît sur un terreau favorable, des partenariats scientifiques au long cours grâce auxquels se constitue un capital de confiance, qui rend possible une relation de travail - dans le cas du lac Tchad, la relation avec la CBLT et les partenaires académiques des pays concernés. Sans cela, l'expertise collégiale, qui organise un transfert de connaissances en appui à la décision, perd son sens.
L'IRD et le Cirad ont déjà des programmes de recherche dans ces pays. Finalement, ne paye-t-on pas deux fois pour la même chose ?
Une expertise collégiale consiste en la collecte de données autour d'un enjeu d'une complexité et d'une résonnance particulières. Travailler sur un programme d'agriculture sur la rive sud du lac Tchad, comme je l'ai fait, n'équivaut pas à parler du lac Tchad de manière globale devant la CBLT. Les projets CHORUS, financés par le ministère des affaires étrangères, sont des outils intéressants mais forcément limités : avec 66 000 euros sur trois ans, on parvient à financer les travaux de terrain des étudiants. Le niveau de production scientifique n'est pas comparable à celui de chercheurs chevronnés s'adressant à des chefs d'État. A mon sens, ces outils sont complémentaires, pas alternatifs.
Je vous rejoins complètement. Nous nous heurtons à des problèmes longs, liés aux pays, à la qualité des chercheurs... Les universités, c'est magnifique ; il n'empêche, la recherche reste balbutiante.
Payer deux fois ? Reprenons la chaîne de production de la connaissance : un chercheur qui écrit un article illisible par le grand public et les personnes qui rendent son propos intelligible et utilisables n'y occupent pas la même place.
A la lumière de votre expérience, que faire, que recommander pour fluidifier, moderniser la recherche pour le développement ?
Quels outils comptez-vous développer en aval de l'expertise collégiale : une base de données, un observatoire ?
Mme Duchêne a raison : le niveau de la recherche dans la région reste relativement bas, en dépit des investissements des États et malgré des exceptions notables parmi les chercheurs. Une solution, mais je ne sors rien de nouveau de mon chapeau, serait de créer des fonds incitatifs pour la recherche qui financeraient à moyen et long terme des équipes de chercheurs Nord-Sud ou entre les États du Sud.
Par chercheurs du Nord, faut-il entendre uniquement des chercheurs français ?
Pas nécessairement, il y a des projets de l'Union européenne. Cependant, ils sont si énormes et nécessitent des compétences tellement spécifiques qu'il faut plusieurs mois de formation avant de s'y porter candidat. De tels projets, à cause de leur complexité, sont hors de portée des chercheurs du Sud. Nos collègues anglo-saxons pratiquent une division du travail qui n'est pas satisfaisante : aux chercheurs du Nord, la conception du projet ; à ceux du Sud, la déclinaison pratique.
Non, le réseau Méga-Tchad, initialement composé de linguistes, d'ethnologues et d'archéologues, organise des colloques tous les deux ou trois ans. Nous avons travaillé avec des collègues allemands et hollandais à la fin des années 1990 et au début des années 2000.
Ils sont présents dans la région, mais n'investissent pas le secteur de la recherche.
Il faudrait aussi citer des programmes de recherche au coup par coup, par exemple ceux de la FAO sur la pêche.
Vous pourriez, en vous appuyant sur l'exemple probant du lac Tchad, insister sur l'utilité de l'expertise collégiale dans la chaîne de production de la connaissance. Inserm, Inra et IRD sont jusqu'à présent les seuls à se servir de cet outil ; pour le développer, nous avons besoin d'un dispositif de soutien, de temps et d'hommes. Ce travail de synthèse, parce qu'il se concentre sur l'appropriation des connaissances par le Sud, fait la jonction entre scientifiques et politiques, deux mondes auxquels on reproche souvent de s'ignorer l'un l'autre.
L'expertise collégiale repose sur une relation de confiance et un accord de gré à gré avec un partenaire, ce qui exclut d'emblée le financement par un appel d'offre européen. Un dispositif dédié à ce type de démarche nous faciliterait grandement le travail.
Quel est le budget d'une expertise collégiale par rapport à un programme de recherche et comment les crédits se répartissent-ils ?
L'expertise collégiale pour le lac Tchad représente 225 000 euros, financés par le FFEM. Tout est fait à prix coûtant : l'IRD, établissement public, n'a pas vocation à réaliser des bénéfices.
Cela implique une gestion financière extrêmement tendue. Les chercheurs acceptent de s'y dédier pour une indemnité modique : 2 000 euros pour les membres du collège, qu'ils soient du Nord ou du Sud, pour la durée de l'expertise, contre 1 000 euros par jour pour un consultant. C'est une affaire de bonne volonté et la passion.
Je toucherai 4 000 euros pour cette expertise parce que le Cirad, auquel appartient Géraud Magrin, doit faire entrer de l'argent ; la différence lui reviendra.
Une expertise collégiale n'est pas une expertise internationale ; mes collègues imaginent des rémunérations sans rapport avec la réalité. Je ne suis pas vu d'un bon oeil par mes responsables ; j'espère, quant à moi, que les résultats scientifiques seront intéressants. C'est la même chose pour nos collègues du Sud : ils s'engagent dans le projet en raison des relations anciennes que nous avons établies avec eux, pas pour l'argent.
Le premier poste de ce budget de 225 000 euros concerne les missions pour 100 000 euros avec les per diem, l'atelier initial, les trois réunions plénières sur site, les réunions intermédiaires et la restitution finale. Avec les charges sociales, l'indemnisation des quatorze experts représente 40 000 euros. Les frais annexes, dont la traduction, l'édition du rapport final, la diffusion plus le recrutement d'un personnel contractuel d'appui sont du même ordre. Au total, les moyens sont modiques par rapport au travail réalisé. J'ai constaté, ensuite, que plus l'on demande aux bailleurs internationaux, plus on est crédible.
Le FFEM. L'expertise collégiale est la première composante d'un projet qui comporte une action de recherche destinée à améliorer les modèles de gestion de l'eau du lac et un soutien à l'appropriation de la charte de l'eau. Au total, le financement s'élève à 800 000 euros.
Il est à souhaiter que les niveaux français et européen coordonnent leurs orientations de manière à éviter que leurs programmations se chevauchent.
Et pour mutualiser ! En ces temps de raréfaction des crédits publics, pourquoi payer une prestation plusieurs fois ?
On y gagnerait surtout en cohérence. En outre, si le politique connaissait mieux ce genre d'instrument, les organismes scientifiques rempliraient mieux leur mission. La balle est dans le camp du prescripteur...
On se penche enfin sur le lac Tchad ! On avait tant espéré, tant rêvé. La volonté internationale a fait défaut alors que le lac Tchad n'est pas si éloigné du désert. Il est temps de se préoccuper de l'eau.
L'Orstom, l'ancien IRD, était arrivé dans cette région en 1953 pour traiter de la disparition possible du lac Tchad, parce qu'on parlait de capter une partie de l'eau vers le Niger. En fin de carrière, j'en suis venu à souhaiter que notre recherche soit mieux utilisée. Quand l'Orstom a créé un département dédié aux expertises, j'avais écrit à son responsable que nous pourrions ainsi offrir beaucoup plus qu'en répondant à des appels d'offres en même temps que des bureaux d'études. Notre place naturelle est d'aider les Etats ou les institutions à bien poser les questions, à s'assurer qu'il n'y a pas déjà été répondu et que les bureaux d'études le font bien. Là nous avons une légitimité, une connaissance utile. Nos instituts ont intérêt à mieux organiser cette activité.
Le rapport final sera remis mi-octobre. Une fois que le manuscrit sera définitif, c'est-à-dire après que la CBLT aura fait part de ses éventuelles observations, la publication demandera environ trois mois, ce qui nous mène début 2014.
La CBLT fêtant ses cinquante ans, valoriser nos travaux nous tient à coeur. Nous aimerions, en même temps que la synthèse accompagnée d'un CD-Rom, publier un livre, dont nous voulons faire une référence pour les études sur le lac Tchad ; nous élaborons avec les mêmes auteurs, un atlas plus pédagogique.