Déposé le 18 novembre 2021 par : MM. Jacquin, Féraud, Kanner, Raynal, Mme Briquet, MM. Cozic, Éblé, Mme Espagnac, MM. Jeansannetas, Patrice Joly, Lurel, Mme Artigalas, M. Joël Bigot, Mmes Blatrix Contat, Carlotti, Conconne, M. Gillé, Mme Jasmin, MM. Leconte, Lozach, Mme Lubin, MM. Marie, Mérillou, Mme Monier, M. Montaugé, Mme Préville, MM. Redon-Sarrazy, Temal, Tissot, Kerrouche, les membres du groupe Socialiste, Écologiste, Républicain.
Après l’article 8
Insérer un article additionnel ainsi rédigé :
I. – À titre expérimental et pendant une durée maximale de cinq ans, la région Grand Est a la faculté d’instaurer, par une délibération prise dans les conditions prévues au I de l’article 1639 A bis du code général des impôts, une taxe pour les véhicules de plus de 3, 5 tonnes qui empruntent les voies de circulation, ou des portions de voie de circulation, situées sur son territoire. Cette taxe peut être forfaitaire annuelle ou proportionnelle au kilométrage parcouru par les véhicules sur les voies ou portions de voie concernées. La région Grand Est peut choisir la technologie et le prestataire chargé du recouvrement de la taxe.
II. – 1. L’assiette de la taxe due est constituée par la longueur des sections de tarification empruntées par le véhicule, exprimée en kilomètres, après arrondissement à la centaine de mètres la plus proche.
2. Pour chaque section de tarification, le taux kilométrique de la taxe est fonction de la catégorie du véhicule.
Le taux kilométrique est modulé en fonction de la classe d’émission EURO du véhicule, au sens de l’annexe 0 de la directive 1999/62/CE du Parlement européen et du Conseil du 17 juin 1999 relative à la taxation des poids lourds pour l’utilisation de certaines infrastructures, et, le cas échéant, en fonction du niveau de congestion de la section de tarification.
Un décret précise les conditions dans lesquelles le niveau de congestion de la section de tarification est pris en compte.
En cas de défaut de justification par le redevable de la classe d’émission EURO du véhicule, le taux kilométrique est déterminé en retenant la classe à laquelle correspond le taux kilométrique le plus élevé.
3. Le taux de la taxe est compris entre 0, 015 € et 0, 2 € par kilomètre.
4. Pour chaque section de tarification empruntée, le montant de la taxe est égal au produit de la longueur de la section par le taux kilométrique déterminé conformément aux 2 et 3.
5. Le produit de cette taxe est une recette de la section d’investissement du budget de la région Grand Est.
III. – Les communes et leurs établissements publics de coopération intercommunale dotés d’une fiscalité propre peuvent, par une délibération prise dans les conditions prévues au I de l’article 1639 A bis du code général des impôts, exonérer de cotisation foncière les entreprises assujetties à la taxe prévue au I du présent article à hauteur du montant de la taxe versée.
Pour bénéficier de l’exonération, les contribuables doivent en faire la demande dans les délais prévus à l’article 1477 du même code. Cette demande doit être adressée, pour chaque établissement exonéré, au service des impôts dont relève l’établissement. Les contribuables déclarent, chaque année, dans les conditions prévues au même article 1477, les éléments entrant dans le champ d’application de l’exonération.
Lorsqu’un établissement remplit les conditions requises pour bénéficier de l’une des exonérations prévues aux articles 1464 B, 1464 D, 1465, 1465 A, 1465 B, 1466 A, 1466 B et 1466 C dudit code et celles du présent article, le contribuable doit préciser le régime sous lequel il entend se placer. Ce choix, qui est irrévocable, doit être exercé dans le délai prévu pour le dépôt, selon le cas, de la déclaration annuelle ou de la déclaration provisoire de la cotisation foncière des entreprises visées à l’article 1477 du même code.
IV. – Un décret en Conseil d’État fixe les conditions d’application du présent article. Ce décret détermine notamment, pour l’application du premier alinéa du 2 du II, les catégories de véhicules en fonction du nombre d’essieux des véhicules.
V. – La perte de recettes résultant pour l’État du I est compensée, à due concurrence, par un prélèvement sur le produit brut de la taxe
VI. – La perte de recettes résultant pour les collectivités territoriales du I est compensée, à due concurrence, par une majoration de la dotation globale de fonctionnement.
VII. – La perte de recettes résultant pour l’État du paragraphe précédent est compensée, à due concurrence, par un prélèvement sur le produit brut de la taxe.
L’Allemagne a créé une écotaxe poids lourds ce qui a eu pour conséquence un important report de circulation sur l’A35 traversant l’Alsace. C’est pourquoi dans le projet de loi portant création de la communauté européenne d’Alsace, le Sénat avait adopté un amendement que la future CEA pourrait créer à titre expérimental une écotaxe sur son territoire, sous amendé afin d‘inclure l’autre axe majeur du corridor européen : l’A31 en Lorraine. Un axe déjà saturé par les poids lourds traversant l’Europe qui font une halte au Luxembourg où les prix des carburants sont extrêmement faibles puisque très peu taxés.
Le gouvernement a préféré camper sur sa position initiale et définir le dispositif par une ordonnance – jugé trop large par le Conseil d’État et que, un an après, nous attendons encore – qui ne concerne que le territoire alsacien. Les lorrains vont donc être doublement victime d’un report de trafic sur un axe déjà saturé et en plus n’en tirer aucune compensation financière.
C’est pourquoi le présent amendement reprend les deux dispositions adoptées par le Sénat dans le projet de loi précité mais définit la région Grand Est comme collectivité de référence afin d’élargir le champ de cette expérimentation et d’assurer une égalité de traitement entre les différents territoires qui la composent.
Cet amendement permettrait ainsi à la Lorraine de ne pas être victime d’un report de trafic conséquemment à l’instauration d’une écotaxe sur la seule Alsace dès 2024 (comme prévu par l’ordonnance ratifiée par le Sénat le 16 novembre, en attendant son examen à l’Assemblée), en ce qu’il prévoit que la Région Grand Est n’aura pas à attendre la fin du parcours législatif de la loi 3DS et l’étude de sa compatibilité avec le dispositif écotaxe de la loi Climat-Résilience pour se saisir de cette disposition.
NB:La présente rectification porte sur la liste des signataires.
Irrecevabilité LOLF
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