Déposé le 5 juin 2023 par : M. Sueur, Mmes de La Gontrie, Harribey, MM. Kanner, Bourgi, Durain, Kerrouche, Leconte, Marie, les membres du groupe Socialiste, Écologiste, Républicain.
Après l’article 3
Insérer un article additionnel ainsi rédigé :
Aux 2° et 3° de l’article 689-11 du code de procédure pénale, après le mot : « commis », sont insérés les mots : «, sans besoin que la qualification pénale des faits soit identique dans les deux législations, ».
Cet amendement est un amendement de repli qui vise à assouplir la nécessité de la double incrimination, en indiquant, comme dans l’arrêt du 12 mai dernier de la cour de cassation, que l’incrimination des faits n'a pas être identique en droit français et dans le droit de l'Etat où ceux-ci sont survenus.
Dans un arrêt du 24 novembre 2021, la Cour de cassation avait acté l’incompétence de la justice française afin de juger les crimes contre l’humanité commis en Syrie car la notion de crime contre l’humanité n’existait pas dans le droit syrien, il n’y avait donc pas de double incrimination. Cet arrêt avait provoqué une forte mobilisation dans le monde judiciaire et associatif.
Dans un communiqué conjoint du 9 février 2022, les ministères de la Justice et des Affaires étrangères avaient déclaré au sujet de la compétence universelle : « Nos ministères suivront avec attention les prochaines décisions de justice devant intervenir. En fonction de ces décisions, nos ministères se tiennent prêts à définir rapidement les évolutions, y compris législatives, qui devraient être effectuées afin de permettre à la France de continuer à inscrire résolument son action dans le cadre de son engagement constant contre l’impunité des crimes internationaux. »
Le 12 mai dernier, la Cour de cassation réunie en assemblée plénière, a confirmé la compétence universelle de la justice française dans deux affaires qui concernent la Syrie suite à un long débat juridique sur la nécessité ou non d’une double incrimination. Aussi, il est nécessaire de changer la loi, comme s’y étaient engagés les ministres, et de reprendre la formulation exacte de l’arrêt de la Cour de cassation en ajoutant la phrase « sans besoin que la qualification pénale des faits soit identique dans les deux législations ».
L’auteur de cet amendement souhaiterait en réalité la suppression du principe de double incrimination mais cette évolution législative permettrait au moins d’inscrire dans la loi l’avancée faite par la Cour de cassation.
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