J'ai le souci de renforcer notre coopération avec les autres commissions ; nous y parvenons petit à petit.
La commission des affaires culturelles vient de créer un groupe de travail sur l'influence du droit communautaire sur le financement des services culturels par les collectivités territoriales. En accord avec Mme Blandin, présidente de cette commission, je vous propose de désigner Mme Catherine Morin-Desailly, qui est membre des deux commissions, et qui suit les questions culturelles au sein de notre commission.
Il en est ainsi décidé.
A propos du printemps arabe, on est tenté une fois de plus de dire que si les peuples font l'histoire, ils ne savent pas laquelle, pas plus que nous d'ailleurs.
Certains parlent déjà d'échec de la politique méditerranéenne de l'Union européenne, mais c'est aller trop vite et trop loin.
Certes la période troublée que connaît la rive sud de la Méditerranée n'aide en rien l'Europe à trouver ses marques ni à agir dans la durée, les récentes élections en Tunisie, en Égypte et même au Maroc, faisant craindre à certains que le « printemps arabe » n'aboutisse à un « hiver islamiste ».
Pourtant, les espoirs qu'ont fait naître les révolutions arabes ont stimulé les Occidentaux, et il ne se passe pas un jour sans que l'Union européenne n'évoque un renforcement de la coopération avec la rive sud. Certains de nos amis méditerranéens - les Marocains en particulier - ne se privent certes plus d'exprimer leurs doutes sur l'efficacité de l'Union pour la Méditerranée et leur préférence pour le dialogue en Méditerranée occidentale dans le cadre dit 5+5, enceinte de dialogue politique informel créée en 1990, consistant en réunions régulières des ministres des affaires étrangères et de l'intérieur de l'Algérie, de la Libye, du Maroc, de la Mauritanie, de la Tunisie, de l'Espagne, de la France, de l'Italie, de Malte et du Portugal. Mais rappelons que les crédits alimentant la coopération avec cette partie du monde provenant du budget européen, leur distribution doit se faire selon des critères établis par l'Union européenne, la mise en oeuvre des projets s'effectuant en principe dans le cadre de l'Union pour la Méditerranée (UpM), dont l'Assemblée parlementaire associe l'ensemble des pays de l'UE et des pays riverains du nord et du sud, à la différence de l'Assemblée parlementaire de la Méditerranée (APM) où seuls les pays riverains sont représentés.
Tel est du moins le schéma idéal vers lequel il s'agit de tendre, mais qui exige que la transition démocratique soit achevée ou du moins que la situation politique soit stabilisée. Je rappelle, à titre d'exemple, que la Syrie vient de se retirer de l'Union pour la Méditerranée tandis que la Libye y entrait, que certains pays arabes continuent à refuser toute rencontre avec le ministre israélien des affaires étrangères, que la Tunisie envisage de voter une loi lui interdisant d'appartenir à tout organisme international où siègerait aussi Israël, et enfin que le secrétaire général de l'Union pour la Méditerranée, le deuxième en dix-huit mois, vient de quitter son poste pour rejoindre le nouveau gouvernement marocain alors qu'il avait été nommé il y a seulement six mois, la désignation de son successeur s'annonçant difficile du fait du manque de candidats.
Avant d'évoquer les difficultés politiques résultant de la situation actuelle de la rive sud de la Méditerranée, permettez-moi de rappeler les objectifs actuels et concrets du programme de l'Union pour la Méditerranée.
Son secrétariat général, installé à Barcelone, compte désormais plus de 40 personnes travaillant sur les six secteurs prioritaires identifiés par la déclaration dite de Paris, son budget pour 2012 s'élevant à 6,2 millions d'euros.
S'agissant de la coprésidence de l'organisation, l'Égypte qui l'assurait pour la rive sud a annoncé qu'elle souhaitait passer le relais dans les meilleurs délais ; pour la rive nord, la réflexion se poursuit sur la possibilité de transférer définitivement la coprésidence actuellement confiée à la France, à la Haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Mme Ashton ès qualités.
Par ailleurs, à l'exception des ministres des affaires étrangères, les membres des gouvernements des pays membres continuent de se rencontrer, les chefs d'État et de gouvernement n'ayant en revanche pas été en mesure de se réunir depuis longtemps, le sommet prévu en 2010 ayant constamment été reporté.
Enfin, les commissions permanentes de l'UpM siègent régulièrement et l'assemblée plénière prévue en mars prochain à Rabat est maintenue, même si la date ne pourra être confirmée qu'en février du fait des élections marocaines.
Quant aux projets de l'UpM, ils sont maintenus et actualisés, les instruments de la politique européenne de voisinage, à titre bilatéral, et de l'Union pour la Méditerranée, à titre multilatéral, devant, conformément aux déclarations des derniers Conseils européens, accompagner la transition et les réformes en cours dans la région.
L'Union pour la Méditerranée doit ainsi mener des projets mobilisateurs en matière économique en faveur de l'évolution de la société - avec des projets portant sur l'enseignement supérieur et sur la promotion du rôle des femmes -, et en matière d'environnement et de mobilité. A moyen terme, il se pourrait d'ailleurs qu'au moins les trois quarts des fonds de l'instrument européen de voisinage et de partenariat soient consacrés aux projets de l'UpM.
En outre, l'Union européenne insiste sur l'importance de la société civile, la Commission ayant d'une part mis en réserve une dotation budgétaire de 2 millions d'euros pour le financement d'actions destinées au renforcement des capacités des acteurs non étatiques et à la promotion des réformes ainsi qu'à l'accroissement de la responsabilité publique, et le commissaire européen à l'élargissement et à la politique de voisinage ayant d'autre part présenté un programme triennal visant à mobiliser et à revitaliser les sociétés civiles ainsi qu'à améliorer leur capacité de participer à la transition démocratique.
On ne saurait donc accuser l'Europe de se désintéresser de cette région du monde, mais ces projets ne peuvent être menés à bien que si les conditions de leur exécution sont réunies.
Or, non seulement la transition démocratique semble loin d'être achevée, mais en outre, dans les pays où des élections libres ont été organisées, les forces neuves issues de la révolution n'ont pas trouvé leur expression dans les urnes, et les partis islamistes sont arrivés en tête et ont obtenu une majorité relative de sièges. Plus généralement, l'action de l'Union pour la Méditerranée est gênée par l'actuelle instabilité des pays du sud.
En effet, si le premier obstacle à l'action de l'UpM demeure le conflit israélo-palestinien, l'organisation ne peut pas intervenir ni fonctionner normalement dès lors que ses principaux membres connaissent des difficultés intérieures et que certains d'entre eux expriment leur doute sur son bien fondé. Je prendrai simplement l'exemple de la dernière réunion de l'UpM, tenue à Vienne, à laquelle j'ai participé, où le représentant égyptien était absent.
Bien que les autorités marocaines s'en défendent, leur scepticisme à l'égard de l'Union pour la Méditerranée ne fait guère de doute, et le fait que le secrétaire général de l'Union pour la Méditerranée ait accepté le poste de ministre délégué aux affaires étrangères n'a pas surpris.
Quant à la Turquie, portée par des résultats économiques très brillants et une stabilité politique et sociale enviable, elle renforce son statut de puissance régionale, son Premier ministre ayant ainsi réalisé une tournée triomphale dans les capitales arabes où les islamistes modérés se réclament de lui et érigent son pays en modèle. Outre le désir d'apparaître comme un guide plus convaincant que l'Occident pour les pays libérés de la dictature, la Turquie a toujours imaginé, en le regrettant, que son adhésion à l'UpM pourrait faire figure d'alternative à son adhésion à l'Union européenne, et elle fait à l'Europe le procès de vouloir utiliser cette institution pour limiter les migrations.
A ces scepticismes marocain et turc, s'ajoute l'inquiétude de l'Union européenne à l'égard de la Syrie, l'Algérie, la Tunisie, la Libye et, à un moindre degré, du Maroc.
En Syrie, la révolte contre le régime de Bachar el-Assad se poursuivant malgré la répression meurtrière, l'Union européenne a pris des sanctions et en représailles, le pays s'est retiré de l'UpM. Le spectre d'une guerre civile est aujourd'hui dans tous les esprits, ainsi que les effets qu'elle pourrait avoir sur le Liban, entraînant l'éclatement des deux pays, qui sont de véritables mosaïques confessionnelles, en plusieurs entités religieuses.
En Algérie, le gouvernement fait face à des mouvements de révolte sporadique qu'il semble maîtriser en distribuant l'argent de la rente pétrolière, mais le déséquilibre demeure entre l'oligarchie et l'immense majorité de la population, qui vit dans des conditions difficiles malgré la richesse du pays. Est toutefois plutôt favorable au gouvernement algérien le fait que les islamistes du FIS sont associés à la terreur qui a ensanglanté le pays pendant plusieurs années. Les Algériens préfèrent donc supporter le pouvoir en place plutôt que de connaître à nouveau la guerre civile.
La Tunisie, quant à elle, vient de franchir la première étape de sa transition démocratique par l'élection libre d'une assemblée constituante. Ce scrutin a été remporté par le parti Ennahda, prenant modèle sur le parti AKP turc, qui dirige le gouvernement en coalition avec les sociaux-démocrates et la gauche républicaine.
Bien que n'ayant pas participé - du moins à ses débuts - à la révolution du jasmin, ce parti en est considéré comme le grand bénéficiaire car il apparaît aux yeux des électeurs comme l'adversaire martyr de l'ancienne dictature.
Son succès relatif aux élections continue à susciter la défiance des classes les plus évoluées de la société tunisienne.
En Égypte, le processus électoral achevé le 11 janvier dernier a donné la victoire aux frères musulmans du Parti de la Liberté et de la Justice comparables à Ennahda ou à l'AKP, qui sont en train de former une coalition gouvernementale avec les salafistes, partisans d'un Islam radical. Leur programme est au demeurant flou, leur campagne ayant été basée sur le slogan « l'Islam est la solution ». Interrogée sur l'application de la Charia, la coalition a répondu qu'elle n'était pas encore à l'ordre du jour et il semblerait que la coalition islamiste maintienne son engagement de respecter le traité de paix conclu avec Israël en 1979. Quoi qu'il en soit, la réalité du pouvoir semble encore largement entre les mains de l'armée égyptienne, l'élection présidentielle étant prévue en 2012.
En Libye, depuis la chute du colonel Kadhafi, le Conseil de Transition tente de gouverner le pays et de désarmer les milices. Mais il semble qu'il n'y ait plus d'armée nationale digne de ce nom, et que d'importantes quantités d'armes circulent librement dans le pays, ce qui rend la situation inquiétante et propice au terrorisme.
Au Maroc enfin, les élections qui ont suivi la réforme constitutionnelle lancée par le roi ont porté au pouvoir les islamistes modérés du Parti de la Justice et du Développement alliés à l'Istiqlal, l'ancien parti indépendantiste. Une forme de cohabitation s'est installée entre le roi, qui conserve des pouvoirs importants et le Premier ministre, M. Benkirane, qui n'entend pas se laisser voler sa victoire, certes encore toute relative puisqu'il n'a obtenu que 107 sièges sur 395.
Il est donc naturel que, dans ces conditions, l'action de l'Union pour la Méditerranée reste bridée et que l'Union européenne, tout en saluant le courage de la jeunesse et des classes moyennes qui se sont révoltées et en appelant de ses voeux une démocratisation de la région, s'interroge sur l'avenir dans des domaines aussi essentiels que la stabilité politique et celle des frontières, l'accès aux matières premières, l'endiguement de l'intégrisme religieux, le contrôle des flux migratoires et la garantie des accords militaires et des traités avec Israël.
L'incertitude sur des sujets aussi importants se traduit pour l'Union européenne par un manque de visibilité qui gêne le renforcement de sa politique méditerranéenne, alors que la situation actuelle devrait au contraire l'y encourager.
Telle est la façon, certes pas très optimiste, dont je perçois la situation actuelle de l'UpM. En effet, bien que l'on puisse se réjouir de certaines évolutions, n'oublions pas que l'enfer est souvent pavé de bonnes intentions.
Je souhaiterais revenir sur un certain nombre de problèmes terminologiques, à commencer par l'expression même de « printemps arabe » qui préjuge d'une suite qui ne pourrait être qu'un été démocratique, alors que l'évolution actuelle conduit à plus de prudence. J'ai des réserves sur l'expression d'« hiver islamique » que vous avez employée : les évènements que nous avons connus s'apparenteraient alors davantage à un automne qu'à un printemps. Je crois que nous ne devons pas employer des expressions qui suggèreraient des évolutions inéluctables, dans un sens ou un autre, alors que le processus en cours est ouvert.
De même, il me semble plus juste de préférer l'adjectif d'islamique à celui d'« islamiste », l'imposition de la Charia n'étant pas encore envisagée. Là encore, n'anticipons pas trop.
J'ajoute enfin que l'expression « Révolution de jasmin » est refusée par les Tunisiens de toutes opinions, cette fleur étant d'abord associée aux touristes étrangers.
Après avoir trop facilement cédé aux facilités du vocabulaire journalistique, nous devons être plus prudents et laisser sa chance au débat démocratique dans ces pays.
Je partage la vision assez pessimiste de la présentation qui nous a été faite dans la mesure où sous l'effet d'une accumulation de problèmes, cette pauvre organisation qu'est l'UpM, qui reposait pourtant sur une idée intéressante, n'est jamais parvenue à trouver sa place. Aux difficultés politiques dues à son parrainage par les présidents Ben Ali et Moubarak, se sont ajoutés des problèmes de fonctionnement. Après qu'un premier secrétaire général s'est révélé inadapté au poste, le second n'est resté que quelques mois. La capacité financière est inexistante, le budget de 6 millions d'euros étant essentiellement consacré aux dépenses de personnel. Au final, l'UpM est une sorte d'agence de financement à la recherche de fonds essentiellement communautaires pour réaliser ses projets. Certes, l'organisation affirme que sa spécificité est d'accueillir à la fois des représentants d'Israël, de la Palestine et des pays arabes, mais ce n'est tout de même pas grand-chose de concret.
Pour l'avenir, il me semble que l'UpM aurait vocation à être absorbée par l'Union européenne dont elle deviendrait le bras séculier dans la région.
L'un des apports de cette institution est tout de même qu'elle constitue un lieu d'échanges et de confrontations entre les représentants des différents pays de la région, notamment entre les pays européens non riverains de la Méditerranée et les pays du sud. C'est un aspect important mais bien entendu insuffisant, alors que la conduite des projets de l'organisation laisse ouvertes un grand nombre de questions quant à ce que l'Europe veut faire dans cette région et sur la forme que pourrait prendre son action. Quant aux difficultés institutionnelles que rencontrent plusieurs pays membres, elles ne font que compliquer la mise en oeuvre de ces projets.
Le récent rapport de la situation en Egypte qui a été fait par notre ambassadeur, M. Jean-Félix Paganon, dans le cadre du groupe interparlementaire d'amitié, insistait sur l'extrême pauvreté qui, à la différence de la situation en Tunisie ou au Maroc, affecte les deux tiers du pays, alors même que ses perspectives économiques s'assombrissent. Tout ceci fait craindre une islamisation du pays par le haut, l'inscription de la Charia dans la nouvelle constitution paraissant probable. Ce contexte est évidemment loin d'être favorable à l'UpM, institution de surcroît associée au souvenir du président Moubarak.
Je me demande ce que l'UpM a apporté par rapport au processus de Barcelone dont nous avions déjà eu l'occasion d'apprécier les limites.
Pour le reste, je partage l'inquiétude relative à la situation économique et sociale extrêmement grave de ces pays. J'ai souvenir d'une réunion tenue il y a bien longtemps au Parlement européen, où il avait été fait état de la nécessité de développer massivement l'agriculture des pays méditerranéens pour faire face à leur croissance démographique ; je crains que les choses ne se soient pas améliorées et que la situation actuelle ne les rende encore plus difficiles.
En politique, on finit toujours par payer son ardoise. Or l'UpM est entachée du pêché originel d'avoir été une manoeuvre diplomatique française destinée à compenser le refus de l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne. Tout ceci a abouti à la construction d'un schéma institutionnel extrêmement compliqué à laquelle beaucoup d'énergie et quelques crédits ont été consacrés, sans capacité opérationnelle et ne reposant que sur un désir d'appartenance extrêmement limité des membres. On y a de surcroît ajouté une belle erreur diplomatique en proposant initialement, sous l'influence d'un conseiller particulièrement éclairé, de baptiser cette institution du nom d'Union méditerranéenne, laissant entendre que cette appartenance était concurrente avec l'appartenance à l'Union européenne.
C'est dans ce cadre que la mise en mouvement politique des pays du sud n'a pu qu'accentuer la paralysie de l'UpM, la question désormais étant de savoir si l'on s'acharne sur ce projet ou si l'on transforme cette organisation en un programme de l'Union européenne en direction de la région. Celui-ci ne comporterait, compte tenu du poids politique de l'Europe et des difficultés de la région, qu'un nombre minimum d'objectifs politiques, assortis bien entendu, d'une contrepartie financière. Je pense qu'une telle option serait dans l'intérêt des diplomaties française et européenne.
Je sais qu'il existe par exemple un projet de transformation de l'UpM en une banque d'investissement régionale sur le modèle de la banque africaine de développement, tout en maintenant cette spécificité d'associer Israéliens et Palestiniens.
Voici une excellente transition avec le point suivant de notre ordre du jour relatif à la régulation financière.
En introduction de ce point sur la régulation financière, je souhaiterais rappeler que nous avons participé hier à une table ronde qui, outre le fait de nous donner l'occasion de nous associer pour la première fois avec la commission des finances, nous a valu d'entendre des choses très intéressantes, dont notamment les propos de la représentante de l'agence de notation Standard & Poor's.
Les crises récentes ont révélé la faiblesse de la réglementation et de la régulation des marchés financiers. Certes, les différentes réunions du G20 qui se sont succédées après la crise de 2008 ont conduit à adopter certaines mesures, mais finalement, pensant que nous étions sortis de la crise, nous sommes progressivement devenus moins actifs sur ces sujets.
C'est dans ce contexte qu'un poids gigantesque a été pris par les marchés des produits dérivés, produits financiers basés sur un produit réel dit sous-jacent qui peut être par exemple une action, le cours d'une matière première ou encore un indice des prix. Ces produits qui présentent l'avantage de nécessiter des mises de fonds beaucoup moins importantes que l'achat du produit sous-jacent ont été conçus pour que les différents acteurs économiques puissent transférer le risque et se prémunir ainsi contre l'évolution défavorable du cours d'un actif. Or c'est à partir d'eux que se sont développées des bulles spéculatives qui atteignent aujourd'hui un montant total évalué à 600 000 milliards de dollars, soit douze fois le PIB mondial. Ces montants invraisemblables s'expliquent par le fait qu'il s'agit de contrats basés sur des contrats, eux mêmes basés sur des contrats, une telle construction constituant bien entendu un facteur de risque considérable.
Face à cette situation, l'Union européenne a pris de nombreuses initiatives en matière de régulation des marchés, la proposition de résolution que je vous présente portant sur deux d'entre elles : le règlement dit EMIR visant à réguler le marché des produits dérivés négociés de gré à gré, et la révision de la directive relative aux marchés d'instruments financiers dite « MIF II ».
La réglementation en vigueur, dite « MIF I », qui régit aujourd'hui les produits des sociétés d'investissement et les bourses traditionnelles, a favorisé la libéralisation des marchés européens. Elle a ainsi conduit à une modification importante de l'organisation des marchés financiers. Ils sont en constante évolution, comme l'a montré l'échec de la fusion de la bourse de New York (NYSE) avec la bourse de Francfort après l'avis négatif de la Commission européenne.
La directive MIF I a supprimé la règle de concentration des ordres d'achat et de vente sur les marchés aux termes de laquelle la confrontation entre l'offre et la demande doit être réalisée en un lieu unique. Le monopole des bourses traditionnelles a ainsi disparu au bénéfice de multiples plateformes d'échange sur lesquelles il est devenu possible de vendre et d'acheter des actions. Ces plateformes doivent offrir la transparence des prix et des quantités échangées, mais il existe de nombreuses plateformes, disons dissidentes, qui sont beaucoup plus opaques.
Le projet de directive que nous examinons reconnait quant à lui deux catégories de marchés qui sont, d'une part, les marchés réglementés, dont les bourses traditionnelles, dans lesquels la confrontation de l'offre et de la demande est soumise à une exigence de transparence, et d'autre part, les systèmes multilatéraux de négociation (SMN), plateformes spécialisées dans la négociation de certains titres, comme le cours d'une matière première par exemple, également soumises à certaines obligations de transparence. L'ensemble de ces marchés offrent donc des garanties d'accès non discriminatoires et des règles de libre concurrence.
J'ajoute que la directive MIF 1 avait aussi créé un statut hors marché organisé pour les intermédiaires financiers, dénommés « internalisateurs systématiques » destiné à des sociétés d'investissement exécutant les ordres de leurs clients tout en étant eux-mêmes partie prenante à ce marché.
Or, force est de constater que, malgré ces exigences de transparence, le fonctionnement de ces marchés ne s'est pas révélé efficace : le bilan de cette première directive apparait donc décevant.
En effet, les obligations de transparence pré- et post-négociation appliquées aux marchés réglementés et aux systèmes multilatéraux de négociation ne concernaient pas les bénéficiaires des nombreuses dérogations que la directive laissait subsister. Ceci a conduit à un transfert d'une large partie des activités financières des marchés transparents vers des systèmes plus opaques, non réglementés tels que les « dark pools », c'est-à-dire des systèmes de négociation qui garantissent l'anonymat aux clients. Ils sont aujourd'hui en plein développement et on les justifie au motif, extrêmement curieux me semble-t-il, que cet anonymat contribuerait à ne pas troubler les marchés. Des « crossing networks », ou réseaux croisés, se sont développés, qui réalisent le même type d'opérations sans publication ni transparence. Parallèlement, la passation automatique des ordres de bourse s'est diffusée ainsi que le trading à haute fréquence qui repose sur des modèles informatisés programmant des opérations à un rythme de l'ordre de la nanoseconde, ce qui aboutit à conférer le contrôle des marchés aux concepteurs de ces systèmes, écartant ainsi l'immense majorité des clients de la compréhension de leur fonctionnement réel.
Précisons enfin, qu'aujourd'hui, les produits dérivés sont, pour plus de 80 % d'entre eux, échangés « Over the counter » (OTC), c'est-à-dire sous forme de négociations de gré à gré en dehors des marchés réglementés ou des plateformes contrôlées.
Aussi est-il indispensable de faire évoluer la régulation des marchés en complétant la législation, ce qui est l'objet de la révision de la directive. Il s'agit notamment d'assurer un fonctionnement efficient des marchés, de renforcer la protection des investisseurs, de réduire les risques, ou encore d'étendre le champ de la régulation au-delà des seules actions. Or, sur ce dernier point, je relève qu'un communiqué de presse de M. Jean-Pierre Jouyet, président de l'autorité des marchés financiers (AMF), publié hier préconise que toutes les transactions sur les produits dérivés basés sur des actions - mais seulement les dérivés d'actions et non des autres sous-jacents - transitent désormais par des plateformes organisées. La révision de la directive doit également permettre d'éviter les risques systémiques, par un contrôle accru sur ces produits dérivés devenus de véritables bombes pour nos économies.
Le texte propose également une redéfinition des frontières entre le marché de gré à gré et le marché organisé afin de couvrir un plus grand nombre de transactions. Autrement dit, il s'agit d'essayer de ramener, au sein des marchés régulés, une partie des opérations qui échappent à tout contrôle, en créant une nouvelle catégorie de système de marché : les OTF ou « organised trading facilities ».
La proposition comporte l'obligation de négocier sur des marchés organisés soumis à des obligations de transparence les produits dérivés désignés par l'autorité européenne des marchés financiers (AEMF), chargée de coordonner les opérations et les pratiques de chaque superviseur national.
Deuxième ambition du texte : une obligation accrue de transparence, étendue aux produits dérivés. Les exemptions seront soumises à l'accord préalable de l'AEMF. Les trous ouverts dans la législation seront-ils assez importants pour que continuent à se développer des marchés non transparents ? Le texte préconise le regroupement en un seul lieu de l'ensemble des données de marché, afin de donner aux investisseurs et aux superviseurs une vue d'ensemble, c'est ce que l'on appelle consolidated tape. Les Américains le font. Ils ont monté un système coopératif entre participants à cet effet et disposent d'un organisme pour gérer cela. Il est souhaitable que l'Europe s'y mette.
Troisième ambition : un contrôle renforcé des nouvelles pratiques de marché. La proposition prévoit une obligation d'informer les régulateurs nationaux. Sera-ce un voeu pieux ? Les équipes qui font les programmes sont extrêmement pointues ; nombre de ces spécialistes viennent de l'école polytechnique... Aujourd'hui, les ingénieurs ne construisent plus de ponts, mais conçoivent des programmes informatiques.
Le texte confère aux autorités de surveillance nationales le pouvoir d'interdire certains produits, services et pratiques : espérons, là aussi, que ce sera autre chose qu'un voeu pieux !
Le problème des chambres de compensation a été évoqué plusieurs fois hier. C'est à travers elles que seront donc compensées les transactions sur produits dérivés. La chambre de compensation à l'ancienne, c'est cette pile de chèques que l'on regroupe, en fin de journée, selon les banques qui les ont émis, afin de consolider, pour chaque banque, un solde des transactions. L'idée est de faire de même avec les produits dérivés. Les chambres de compensation assurent le risque de contrepartie, puisqu'il faut, en fin de journée, dénouer les positions, pour ne pas rester avec un déséquilibre. Une partie des risques est donc transférée aux chambres de compensation. Il est imaginable qu'un jour, l'une d'elles se trouve dans une situation difficile, voire de défaut, si l'un des grands acteurs se déclare lui-même en défaut. La banque ne serait pas alors la seule à sauter, la chambre de compensation sauterait aussi. Il faudrait alors que les membres des chambres de compensation prennent leurs responsabilités mais qu'un adossement de ces chambres de compensation à la BCE permette d'assurer la liquidité. C'est le cas aux Etats-Unis où elles sont adossées à la FED. J'ai demandé si cela faisait partie des missions de la BCE, puisque j'ai cru comprendre que la définition de celles-ci pouvait poser problème...
Elle n'était pas à la table ronde, contrairement à M. Jouyet, qui a déclaré que cela était nécessaire. Nous devons donc être vigilants sur le mécanisme de surveillance et de gouvernance des chambres de compensation, mais en elles-mêmes elles marquent un progrès.
L'obligation de transparence est renforcée par celle de déclarer davantage d'informations.
Globalement, le texte de la commission s'efforce de tenir compte des enseignements de l'expérience, de ce qui n'a pas marché, pour instaurer plus de transparence et de liquidité et réduire le nombre d'exceptions.
Il est crucial de faciliter l'accès des PME à des marchés extrêmement sélectifs, dominés par les grandes institutions financières et les grandes entreprises. La PME de Bergerac de moins de 200 salariés ne se sent pas concernée !
L'encadrement accru est un point clé. Les autorités de surveillance doivent avoir les moyens de mener à bien leur action. M. Maijoor, le président de l'Autorité européenne des marchés financiers, m'a dit hier qu'il ne disposait que de 40 personnes, là où la SEC américaine en a 4 000. C'est une idée que nous reprenons dans notre proposition de résolution.
Je salue votre travail sur ce dossier complexe. Je suis tout à fait d'accord avec cette proposition de résolution. Le point n°16, sur l'accès des PME aux marchés financiers, mériterait à lui seul un rapport. Les règles de Bâle 3 ont pour conséquence, et j'ai interpellé les ministres à ce sujet, de rendre l'accès des PME aux crédits bancaires plus difficile.
Il y a des distorsions de concurrence importantes à cet égard entre les Etats-Unis et l'Europe. C'est une question de culture : les entreprises américaines vont d'emblée vers les marchés pour se financer, en France on va voir son banquier. Il y a là toute une culture à changer ; il y aurait sans doute des propositions à faire en ce sens. Sans doute cela n'appelle pas de modification de la résolution, mais c'est une question à creuser, au moment où de plus en plus de chefs d'entreprises se plaignent, dans nos départements, de banquiers qui eux-mêmes se retranchent derrière les obligations plus fortes auxquelles ils sont soumis.
Merci pour votre exposé sur ce sujet d'actualité, qui a fait l'objet de débats depuis plusieurs années. Il est vrai que nous constatons l'ingéniosité croissante à l'oeuvre dans le domaine financier en général et dans celui des transactions financières en particulier. Il est inquiétant que les meilleurs ingénieurs de nos écoles se voient proposer des contrats de travail rémunérés le double s'ils vont dans certains établissements financiers, plutôt que dans des entreprises à vocation industrielle ou de travaux publics, alors que d'autres secteurs, comme celui des télécommunications, majeur pour l'innovation, ont du mal à recruter.
Néanmoins, ces produits ont une vertu : ils apportent de la fluidité aux marchés. Les transactions financières ne doivent donc pas susciter que des critiques et Dieu sait si l'on a bien besoin de liquidités aujourd'hui ! Le problème tient à ce qu'ils s'intègrent dans une logique spéculative. Il faut trouver des parades. J'ai participé à l'examen de la transposition en droit français de la directive européenne sur les marchés et les instruments financiers avant la crise financière. A l'époque, les contraintes nous paraissaient maigres. Nous voyons bien leurs faiblesses aujourd'hui. « MIF II » apporte-t-elle des solutions satisfaisantes ? Il ne semble pas. « MIF I » c'était en 2007, aujourd'hui, il faut mettre plus de barrières. Par sa nature même, l'industrie financière cherche, par la spéculation, à vivre dans une certaine obscurité, en se fondant sur la rétention d'informations. Le principe même de la spéculation financière est d'éviter que l'information soit captée progressivement par d'autres. Ce n'est pas la loi qui pourra seule modifier ces comportements. « MIF II » ne va pas assez loin. Jean-Pierre Jouyet nourrit les mêmes inquiétudes : il se posait hier beaucoup de questions. Je souhaiterais une résolution plus musclée, afin que la France ait une ambition plus forte que ce qui nous est proposé aujourd'hui.
Certes, la proposition de résolution, en son point n°9, « souligne l'importance de la qualité de l'information et de la transparence des marchés », mais il y a des barrières à mettre en place, de façon plus exigeante. Je retire de nos échanges avec M. Jouyet le sentiment qu'il faut monter en puissance.
Cette proposition de résolution est très bonne, tout en étant pleine de litotes, ce qui est logique. Une résolution de la commission des affaires européennes n'a pas vocation à lancer des imprécations ou à montrer tous les vices intrinsèques de ce système économiquement prédateur. Nous sommes dans une évolution économique internationale, qui concerne essentiellement les pays développés, de façon disproportionnée, porteuse de déséquilibres considérables, puisque ce développement des échanges financiers instantanés n'atteint pas au même degré les grands pays émergents. Cela est souvent expliqué, non sans condescendance, par un moindre progrès des techniques financières. Il me semble qu'une prise de conscience est en cours. Le document qui nous est soumis montre que nous sommes en train de faire de petits progrès, à partir d'une prise de conscience partagée entre Européens, ce qui n'est pas facile, des dangers que fait peser sur notre équilibre économique et social le développement de ces systèmes d'échanges instantanés. La proposition marque un pas par rapport aux préconisations d'autoréglementation des lobbys. La proximité du précipice de 2008, plus encore aux Etats-Unis, permet de leur répondre qu'on a vu ce que cela donne, mais nous en sommes encore à la préhistoire de la régulation interétatique.
Je suggère de dire que ce dont nous parlons ne peut qu'être une étape. Il faudra forcément y revenir, en fonction des capacités à limiter un développement que je qualifierais de cancéreux, toxique, d'un système insuffisamment régulé.
Je ne vois pas d'obstacle à la mention de l'accès des PME aux marchés. Mais nos amis allemands, que nous considérons comme un modèle en matière de contribution des PME à la croissance, s'en passent très bien. Est-ce le moment d'expliquer aux PME qu'elles doivent fréquenter des marchés dont la régulation suscite bien des interrogations ?
Pour moi, c'est la forêt de Bondy ! N'incitons pas des gens à s'y promener sans un minimum de précautions préalables. Je propose de rédiger ainsi ce point : « Estime indispensable et urgent de développer activement les modalités d'accès des PME européennes à des marchés adaptés à leur situation ».
Ne devons-nous pas aussi faire prendre conscience aux PME qu'elles doivent s'organiser et réfléchir à des actions communes ? Nous ne pouvons pas imaginer que le nouveau système les accueille en tant que PME individuelles. Le monde des PME doit réfléchir à son organisation, afin d'obtenir un minimum de puissance et de compréhension de ce système des marchés financiers.
Ce sont des questions très difficiles et techniques. J'avoue avoir du mal à juger le point où nous en sommes par rapport à un système satisfaisant, comme j'ai du mal à évaluer la capacité des acteurs de ces marchés à imaginer les contrepoids aux réglementations que nous espérons mettre en place. Il faudrait donc voir, du point de vue de ceux qui sont au coeur de l'élaboration de ces règles, quelle partie du parcours nous avons accompli, par rapport à un objectif idéal. Où en sommes-nous, par rapport à 2007, et sur le chemin de ce que vraisemblablement nous ne pourrons atteindre avant deux ou trois ans ?
Les PME allemandes sont beaucoup plus grandes que les françaises ; elles s'appuient sur un capital familial, qui est le fruit de toute une histoire...
Quel est l'avenir des banques allemandes aujourd'hui ? En réalité, vos remarques, celles de Pierre Bernard-Reymond et les miennes sont complémentaires. Nous avons intérêt à creuser ce problème. J'ai été interpellé par les PME dans mon département, qui craignent que l'accès au crédit bancaire soit beaucoup moins aisé demain qu'hier. Il faut anticiper. Notre commission, avec la commission des finances et celle des affaires économiques, peut examiner ce problème, au moment où la réindustrialisation du pays et la convergence franco-allemande s'imposent.
Nous avons prochainement une table ronde sur le sujet des banques avec la commission des finances.
Il conviendrait d'attirer l'attention des intervenants sur cette dimension.
Les nouvelles règles prudentielles de « CRD IV », les leviers de liquidité, les ratios...
La directive évoque les PME, mais sans être très concrète. La réalité est que les PME n'accèdent pas ou peu à ce type de produits. Sauf exception, un directeur régional de banque n'aura pas les compétences en la matière, que seules dominent de petites équipes parisiennes. Il est vrai que la référence que nous faisons dans la proposition de résolution est un peu formelle. Vous nous dites que ce n'est pas assez, mais c'est tout le problème de ce texte : soit nous le critiquons radicalement, mais ce n'est plus notre culture depuis longtemps, soit nous le prenons tel qu'il est, en reconnaissant qu'il marque un progrès, certes pas très satisfaisant, mais dont nous espérons qu'il introduise un peu plus de transparence et de régulation. Il est vrai que M. Jouyet n'était pas très enthousiaste. Lorsque je l'ai interrogé sur ce qu'il proposait, il a concédé que la proposition allait tout de même dans la bonne direction. Tous ces textes sont soumis au lobbying des institutions financières, très organisées et puissantes, qui ont réussi à bloquer l'essentiel de la proposition de réglementation faite par le président Obama il y a déjà un an. Soyons résolus mais modestes !
Vous avez fait un travail remarquable, mais je suggère de mentionner au point 16 le renforcement des moyens de protection des PME. Nous pourrions demander à l'autorité des marchés financiers de créer un service d'accueil et de conseil aux PME et aux collectivités locales.
Lauréat du « prix de la carpette anglaise » décerné par un jury de râleurs, parce que j'avais signé un document préconisant que les membres du Corps européen (« Eurocorps ») puissent communiquer entre eux en anglais, je suggère de remplacer, au point n°11 de la proposition de résolution, les mots « consolidated tape » par « registre électronique exhaustif ».
Au point n°14, il conviendrait, pour sécuriser financièrement les chambres de compensation, d'obliger les participants à y mettre du collatéral...
En effet ! Le point n°16, après réflexion, pourrait être rédigé ainsi : « Estime indispensable et urgent de développer activement les modalités d'accès des PME européennes aux marchés financiers adaptés à leur situation ».
Je crois que nous pouvons intégrer dans la proposition de résolution les différentes préoccupations qui se sont exprimées.
Ce n'est qu'un texte d'étape, nous pourrons le revoir dans quelques mois.
Sous ces réserves, je vous propose d'adopter la proposition de résolution.
A l'issue du débat, la commission des affaires européennes a adopté, à l'unanimité, la proposition de résolution européenne dans le texte suivant :
Le Sénat,
Vu l'article 88-4 de la Constitution,
Vu la proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil sur les produits dérivés négociés de gré à gré, les contreparties centrales et les référentiels centraux (E 5645) ;
Vu la proposition de directive du Parlement européen et du Conseil concernant les marchés d'instruments financiers, abrogeant la directive 2004/39/CE du Parlement européen et du Conseil (E 6759) ;
Vu la proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil concernant les marchés d'instruments financiers et modifiant le règlement sur les produits dérivés négociés de gré à gré, les contreparties centrales et les référentiels centraux (E 6748) ;
Partage les objectifs retenus en terme d'efficience et d'intégrité des marchés financiers mais souhaite que leur apport au financement de l'économie soit accru ;
Souligne les avancées significatives en terme de régulation des marchés financiers que constituent les propositions E 5645, E 6759, E 6748 tout en considérant qu'elles ne peuvent constituer qu'une étape ;
Rappelle, à cet égard, la nécessité d'une harmonisation internationale des régulations et d'une coopération entre autorités de surveillance ;
Souligne l'importance essentielle de la qualité de l'information et de la transparence des marchés ;
Considère, en conséquence, que les dérogations à la transparence pré et post négociation doivent être limitées ;
Soutient la solution d'un registre électronique exhaustif (consolidated tape) confié à un opérateur unique à même d'assurer la consolidation indispensable de l'information pré et post négociation ;
Estime que le succès des systèmes organisés de négociation (Organised Trade Facilities - OTF) proposés par le projet de révision de la directive concernant les marchés d'instruments financiers dépendra en partie de la qualité de l'administration de ces marchés et des garanties apportées dans les échanges ;
Souligne le caractère systémique des chambres centrales de compensation (CCP) ;
Estime, en conséquence, qu'une attention particulière doit être portée à la gouvernance, aux conditions d'accès pour les utilisateurs, à la supervision et à l'accès à la liquidité des chambres de compensation ;
Rappelle que les membres des chambres de compensation doivent prendre leurs responsabilités en cas de défaut, l'adossement à la BCE traitant le risque de liquidité ;
Estime indispensable et urgent de développer activement les modalités d'accès, dans des conditions sécurisées, des PME européennes à des marchés financiers adaptés à leur situation ;
Considère nécessaire de renforcer l'encadrement des pratiques mettant en péril l'intégrité des marchés financiers et notamment les transactions sur base d'algorithmes (trading algorithmique) ;
Souhaite, en conséquence, que soient développés la limitation de la décimalisation, l'imposition d'une latence minimale dans la transmission des ordres, l'application de taxations et de tarifs spécifiques à ces transactions ;
Souligne le rôle central et unique de l'Autorité européenne des marchés financiers dans l'efficacité de la régulation européenne des marchés ;