Commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation

Réunion du 15 novembre 2022 à 9h00

Résumé de la réunion

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La réunion

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Debut de section - PermalienPhoto de Claude Raynal

Nous examinons ce matin le second projet de loi de finances rectificative (PLFR2) pour 2022.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-François Husson

Ce second projet de loi de finances rectificative pour 2022, que l'on qualifie généralement de PLFR de fin de gestion, a pour principal objet de procéder à divers ajustements, ouvertures et annulations de crédits sur le budget de l'État. Toutefois, vous n'êtes pas sans savoir que, cette année, l'Assemblée nationale a introduit quelques dispositifs fiscaux sur lesquels je reviendrai.

Permettez-moi au préalable de revenir sur le scénario macroéconomique retenu par le Gouvernement, ainsi que sur la situation générale des finances publiques.

Comme lors du dépôt du projet de loi de finances (PLF) pour 2023, le Gouvernement anticipe une croissance du PIB de 2,7 % en 2022. Cette estimation est à mettre en comparaison avec la croissance économique que nous attendions lors de l'examen du PLF pour 2022, c'est-à-dire 4 %. De nombreux chocs sont venus ralentir la progression de l'activité économique, dont le plus important reste évidemment la hausse des prix des énergies. La prévision retenue par le Gouvernement me semble un peu haute, même si elle n'est pas pour autant inatteignable. Je me contenterai d'observer qu'elle se situe dans la borne haute de la prévision du Consensus Forecasts et que le ralentissement de l'activité au troisième trimestre plaide plutôt pour une croissance plus proche de 2,5 %.

La prévision d'inflation hors tabac retenue par le Gouvernement se situe à + 5,3 %. Sur ce point, je note que les conjoncturistes présentent des prévisions très dispersées comprises entre + 4,7 % et + 6 %. Dans ce contexte, je considère que la prévision du Gouvernement en termes d'inflation est relativement centrale.

En ce qui concerne l'état des finances publiques, le Gouvernement prévoit un déficit de 4,9 % du PIB, qui serait donc légèrement plus faible que celui qui était attendu lors du dépôt du PLF pour 2023, avec un déficit de 5 %. L'État porterait l'ensemble du déficit, puisque les administrations locales et les administrations sociales seraient en excédent ou à l'équilibre.

Cette amélioration, qui laisse tout de même nos comptes publics dans un état très préoccupant, s'explique par des anticipations de recettes plus importantes en matière de prélèvements sociaux et d'impôt sur le revenu (IR). En parallèle, des dépenses moindres sont attendues en lien avec les annulations de crédits sur lesquelles je reviendrai.

Pour parler plus précisément du budget de l'État, il s'établirait en 2022 à 172,3 milliards d'euros, soit 18,5 milliards d'euros de plus qu'en loi de finances initiale (LFI) et 6,1 milliards de moins que prévu dans la première loi de finances rectificative (LFR1). Cette estimation a peu varié par rapport à l'estimation donnée par le Gouvernement il y a un mois et demi, à l'occasion de la présentation du PLF pour 2023.

Lors de l'examen du texte par l'Assemblée nationale, le déficit a été accru de 474 millions d'euros, principalement par une augmentation des dépenses du budget général.

Dans les grandes masses, l'amélioration de la prévision de déficit par rapport à la loi de finances rectificative s'explique d'abord par la révision en hausse des recettes nettes, à hauteur de 5,2 milliards d'euros, par rapport à la LFR1. Le prélèvement sur recettes à destination de l'Union européenne (UE) devrait également être inférieur de plus de 2 milliards d'euros au montant prévu antérieurement.

L'amélioration du solde provient également d'une consommation moindre des crédits reportés. Le montant des crédits reportés sur le budget général était de 23,2 milliards d'euros cette année, mais seulement 7,6 milliards d'euros devraient être consommés - la première loi de finances rectificative prévoyait une consommation plus importante, à hauteur de 9,1 milliards d'euros. À l'inverse, les ouvertures de crédit sur le budget général, qui sont de 9,7 milliards d'euros, dépassent les annulations, qui sont de 5,9 milliards d'euros.

Quoi qu'il en soit, ce déficit demeure considérable, puisqu'il serait à peu près identique au niveau atteint en 2020 et 2021, soit plus de 170 milliards d'euros, alors que le déficit au cours des années 2011 à 2019 était deux fois moins élevé. Comme je l'ai fait observer en présentant le projet de loi de finances pour 2023, on est sur un « plateau » haut - il s'agit plutôt d'un abîme si l'on considère le solde -, dont il est bien difficile de sortir.

Ce déficit suppose toutefois un niveau exceptionnel de dépenses en fin d'année. En effet, le déficit était de 146,6 milliards d'euros à la fin du mois de septembre 2022 : ce projet de loi de finances rectificative suppose donc que le déficit se dégradera de près de 25 milliards d'euros dans les trois derniers mois de l'année, alors même que, en temps normal, les recettes et les retours d'avances accordées en début d'année conduisent le solde budgétaire à s'améliorer en fin d'année. Il est vrai que des dépenses importantes sont prévues au titre, notamment, des mesures visant à accompagner la hausse des prix de l'énergie, mais il est bien possible que, une nouvelle fois, des crédits importants demeurent non utilisés à la fin de l'année.

Les recettes fiscales nettes seraient de 315,8 milliards d'euros, en hausse de 4,2 milliards d'euros par rapport à la loi de finances rectificative du 16 août dernier.

Si l'évolution est limitée, il faut se souvenir que les recettes, en particulier celles qui sont liées à l'impôt sur les sociétés (IS), avaient déjà été révisées en forte hausse lors de la première loi de finances rectificative. En outre les variations sont très faibles par rapport à ce qui avait été estimé au mois de septembre, lors de la présentation du PLF pour 2023.

L'impôt sur les sociétés serait à un niveau encore plus élevé que prévu l'été dernier, par une hypothèse de profitabilité plus forte des entreprises en 2021 et 2022. S'agissant de l'impôt sur le revenu, les remontées comptables conduisent à rehausser les recettes prévues de 2,1 milliards d'euros.

En revanche, les recettes de TVA sont un peu moins dynamiques que prévu, et le montant revenant à l'État est affecté par des remboursements et dégrèvements plus élevés. Enfin, il y a peu de variation sur les recettes de taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE).

Dans le texte adopté par l'Assemblée nationale, les recettes fiscales nettes ont été diminuées de 29 millions d'euros en raison du rehaussement du plafond d'affectation de la taxe additionnelle à la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (TA-CVAE) versée aux chambres de commerce et d'industrie (CCI), afin de garantir à ces établissements le montant de ressources fiscales initialement attendu pour l'exercice 2022.

S'agissant des recettes non fiscales, elles s'établiraient à un niveau de 24,7 milliards d'euros, en amélioration de 1 milliard d'euros, notamment en raison de dividendes plus élevés que prévu.

Le niveau des recettes ne change donc pas de manière fondamentale, mais j'observe que ce collectif diffère des quatre précédents collectifs budgétaires de fin d'année, l'Assemblée nationale ayant ajouté cinq articles comprenant des dispositions fiscales dont la portée va au-delà de l'exercice 2022. L'article 9 E va même jusqu'à modifier le même article du code général des impôts que l'article 7 du projet de loi de finances, concernant la taxe d'aménagement.

Je ne proposerai pas de remettre en cause toutes ces dispositions, dont les articles ajoutés, qui résultent aussi du caractère particulier de l'examen du projet de loi de finances par l'Assemblée nationale, les députés n'ayant pu examiner ni adopter certaines mesures. Pour les années à venir, toutefois, comme nous l'avons prévu en révisant la loi organique relative aux lois de finances (Lolf), il conviendra de revenir à une séparation nette entre le collectif budgétaire, qui ajuste les crédits en fin d'année, et le projet de loi de finances, qui prépare le budget ainsi que les dispositions fiscales de l'année suivante.

En outre, j'ai déposé un amendement de suppression de l'article 9 C relatif à la répartition entre les collectivités territoriales et leurs groupements à fiscalité propre du produit de la composante de l'imposition forfaitaire sur les entreprises de réseaux (Ifer) relative aux centrales photovoltaïques. Tout d'abord, ce sujet relève d'un PLF; il n'est pas souhaitable de modifier ainsi, au détour d'un PLFR de fin de gestion, la répartition de ressources entre les collectivités. Ensuite, on ne peut balayer d'un revers de la main la perte induite pour les départements. Enfin, le dispositif proposé n'est pas opérationnel techniquement et doit être retravaillé.

C'est du côté des dépenses que le projet de loi de finances rectificative apporte le plus de modifications. Des ouvertures de crédits de 9,7 milliards d'euros, hors remboursements et dégrèvements, concernent de nombreux programmes du budget général - je ne présenterai que les plus importantes.

Une subvention à France compétences vient combler une nouvelle fois le « puits sans fond » de sa trésorerie, à hauteur de 2 milliards d'euros. J'en prends acte, mais il est désormais indispensable de définir une trajectoire soutenable pour le financement de la formation professionnelle et de l'apprentissage ; or le Gouvernement navigue à vue sur ces sujets.

Le niveau élevé de l'inflation et plus particulièrement du prix des énergies reste l'une des principales causes d'ouvertures de crédits. Il s'agit, par exemple, du chèque énergie, pour lequel 1,4 milliard d'euros sont ouverts dans ce texte, mais aussi de la prolongation de la « remise carburant » évaluée à 440 millions d'euros en autorisations d'engagement (AE).

Par ailleurs, la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche a annoncé la mise en place d'un fonds de compensation du surcoût de l'énergie doté de 275 millions d'euros. Cependant, ce fonds est financé, pour près de la moitié, par le dégel de la réserve de précaution, les crédits ouverts ici étant de 150 millions d'euros environ.

En outre, la revalorisation du point d'indice de la fonction publique nécessite également des ouvertures de crédits, en particulier sur la mission « Culture ».

L'Assemblée nationale a créé un nouveau programme, doté de 29 millions d'euros, pour le soutien exceptionnel à la rénovation thermique des logements résidentiels, afin d'étendre le dispositif MaPrimeRénov' et de mieux lutter contre les passoires énergétiques - j'y reviendrai ultérieurement.

Plusieurs ouvertures de crédits importantes ont pour objet le financement de dépenses sociales assurées par la sécurité sociale ou d'autres administrations. Un nouveau programme, doté de 1,4 milliard d'euros, doit compenser à la sécurité sociale le coût des dons de vaccins à des pays tiers, mais aussi lui reverser une partie des sommes versées par l'Union européenne dans le cadre du plan de relance, au titre du volet « Ségur investissement ». Et c'est pour compenser à la sécurité sociale le coût des allégements de cotisations sociales décidées dans le cadre de la crise sanitaire que 1,3 milliard d'euros ont été ouverts sur la mission « Plan d'urgence face à la crise sanitaire », alors même que la loi de finances initiale n'avait rien prévu à ce sujet.

Je ne présenterai pas toutes les autres ouvertures qui visent, par exemple, à financer le soutien à l'Ukraine, notamment au sein de la mission « Défense », ou encore à faire face aux crises agricoles et à d'autres besoins constatés en cours d'exercice. Vous trouverez le détail dans le rapport.

L'Assemblée nationale a également créé, d'une part, un programme budgétaire pour apporter 40 millions d'euros aux associations habilitées à l'aide alimentaire, comme le Sénat l'avait fait dans la loi de finances rectificative de l'été, mais les besoins sont encore accrus, et, d'autre part, un programme pour apporter une aide aux communes pour la rémunération des personnels de leurs centres municipaux de santé, compte tenu de la hausse du point d'indice, à hauteur de 8 millions d'euros.

Les annulations correspondent à des économies de constatation, comme l'a d'ailleurs reconnu le ministre chargé du budget lors de son audition par notre commission. Je ne détaillerai pas celles qui correspondent à l'annulation de la réserve de précaution ou à des sous-consommations sur divers dispositifs.

Deux milliards d'euros sont annulés sur les appels en garantie de l'État au titre des prêts garantis par l'État (PGE), qui sont moins élevés que prévu. Plus de 1 milliard d'euros sont annulés sur les dépenses de la mission « Plan d'urgence face à la crise sanitaire ». En réalité il s'agit presque entièrement de crédits ouverts dès 2021 et qui avaient été reportés à 2022. Une partie d'entre eux avaient déjà servi à gager le décret d'avance du 7 avril dernier.

Des économies sont également constatées sur les dispositifs du programme 102 « Accès et retour à l'emploi » de la mission « Travail et emploi », pour 500 millions d'euros.

Comme nous l'avions prévu lors de l'examen du PLFR1, la dotation pour dépenses accidentelles et imprévisibles (DDAI) a reçu beaucoup trop de crédits en cours d'année et n'a pas été utilisée. Elle est partiellement annulée, à hauteur de 500 millions d'euros, ce qui correspond exactement à la somme qui nous paraissait superflue lors de l'examen du PLFR1.

Or un autre programme bénéficie, à l'heure actuelle, de crédits très importants qui ne seront pas utilisés en 2022 et qui ne sont pourtant pas annulés par le présent texte : il s'agit du programme 367 de la mission « Économie », qui a vocation à financer des participations de l'État dans des entreprises. Il dispose encore d'un peu plus de 4 milliards d'euros ; ces crédits seront reportés, selon le Gouvernement, à 2023 pour financer d'éventuelles opérations non encore précisées. Dans un esprit de sincérisation du budget, je vous proposerai d'annuler ces crédits, à hauteur de 4 milliards d'euros, sachant que le Gouvernement peut les ouvrir dans le projet de loi de finances, ce qui serait préférable.

La pratique des reports est de plus en plus courante. À titre d'exemple, seulement 245 millions d'euros sont annulés sur le programme 134 « Développement des entreprises et régulations » de la mission « Économie ». Ce programme dispose toujours de 4,5 milliards d'euros non consommés, car de très importants crédits ont été ouverts en cours d'année pour financer les dispositifs d'aide aux entreprises face à l'inflation. Le Gouvernement a indiqué que, à la fin du mois d'octobre, 19 millions d'euros d'aides seulement avaient été versés sur les 3 milliards d'euros de crédits prévus pour les entreprises énergo-intensives. Ces crédits vont probablement être massivement reportés. Ils pourraient être, au moins pour une partie d'entre eux, utilisés en 2023, le Gouvernement ayant annoncé une simplification des critères de recours.

S'agissant enfin des emplois, le projet de loi de finances rectificative ajuste les plafonds d'autorisations d'emplois de l'État et des opérateurs. Il s'agit de dispositions de régularisation.

Pour l'État, l'ajustement est de + 907 équivalents temps plein travaillés (ETPT). L'augmentation des emplois du ministère de la justice est liée, pour 605 ETPT, au renforcement en matière de lutte contre les violences intrafamiliales et aux moyens de la justice de proximité. Au ministère de la solidarité et de la santé, l'augmentation est consacrée pour 73 ETPT à la gestion de la crise sanitaire et pour 60 ETPT à la prise en charge de réfugiés ukrainiens. On peut aussi noter une augmentation de 53 ETPT pour les services du Premier ministre, ce qui regroupe un ensemble d'organismes qui ne sont pas rattachés à d'autres ministères, mais aussi les cabinets ministériels des trois nouveaux secrétaires d'État rattachés à la Première ministre et le Conseil national de la refondation (CNR).

Enfin le plafond des autorisations d'emplois des opérateurs est augmenté de 174 ETPT, majoritairement pour l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) et pour les agences régionales de santé (ARS).

Je vous propose d'adopter les mesures proposées par le Gouvernement ou adoptées par l'Assemblée nationale qui vont, à mon sens, dans la bonne direction. Ainsi en est-il en particulier pour le chèque énergie exceptionnel, le doublement du seuil d'imputation du déficit foncier sur le revenu global pour des dépenses de rénovation énergétique, le soutien à l'achat de pellets et de bûches de bois, doté de 230 millions d'euros, et la prorogation en 2023 de l'attribution de MaPrimeRénov' sans condition de ressources, pour des travaux de rénovation globale.

Je vous proposerai toutefois dix amendements qui, outre ceux dont je vous ai déjà parlé ou qui sont d'ordre rédactionnel ou techniques, permettent notamment d'ouvrir deux enveloppes pour renforcer les moyens alloués d'une part, à la réfection des ponts, notamment des petites communes, avec 60 millions d'euros supplémentaires, et, d'autre part, à la réduction du taux de fuite du réseau d'eau et à accélérer sa rénovation, à hauteur de 100 millions d'euros. Cet enjeu est d'autant plus crucial et urgent compte tenu de la sécheresse subie cette année.

Debut de section - PermalienPhoto de Vincent Segouin

Je poserai trois questions, monsieur le rapporteur général.

D'abord, si j'ai bien compris, l'Ifer n'a pas être examinée en LFR, mais le sera-t-elle en PLF ?

Ensuite, je note que la TICPE est stable, alors que nous entendons parler des pétroliers qui ont réalisé des bénéfices exceptionnels. Alors qu'une part est indexée sur le prix du carburant, pourquoi l'État ne bénéficie-t-il pas des mêmes surprofits ?

Enfin, je m'interroge sur l'augmentation des ETPT dans les ARS. Nous n'avons pas de médecins dans les petites collectivités et l'État ne sait pas lutter contre la désertification médicale. Quelle est l'utilité de ces 80 emplois supplémentaires, sachant que les budgets sont déjà non maîtrisés dans ce domaine ?

Debut de section - PermalienPhoto de Vincent Capo-Canellas

Le rapporteur général nous propose l'adoption d'un PLFR2 amendé. Les mesures nouvelles, telles que le chèque énergie ou les mesures énergétiques qui, me semble-t-il, ont été doublées, sont sans doute utiles, mais, globalement, il s'agit plutôt d'un PLFR de fin de gestion, avec de petits recalibrages, même si j'exprime une inquiétude sur le niveau des emplois.

Le groupe Union centriste rejoint la proposition du rapporteur général d'adopter une version amendée de ce texte.

Debut de section - PermalienPhoto de Vincent Delahaye

Sans doute parlez-vous, mon cher collègue, du groupe Union centriste dans sa grande majorité. En effet, je n'ai pas voté le PLF, considérant que la façon dont sont gérées les finances publiques n'est pas conforme à mes convictions ; je ne voterai donc pas ce PLFR, qui a tous les défauts version miniaturisée que pouvait avoir le PLF.

Les prévisions de recettes ne sont visiblement pas sincères, puisque les réévaluations du produit de l'impôt sur le revenu sont de 2,1 milliards d'euros environ - il est étrange que le Gouvernement ne sache pas anticiper ses recettes -, il en est de même pour l'impôt sur les sociétés.

Par ailleurs, au titre des dépenses, je note que des crédits sont ouverts en faveur de France compétences, que l'aide sur les carburants se poursuit alors qu'elle n'est pas ciblée et que des postes sont créés, et ce alors que le déficit est de 172 milliards d'euros. Personnellement, il faudrait que ce texte soit très amendé pour que je le vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Albéric de Montgolfier

Que certaines missions soient prioritaires, comme celle de la justice, tout le monde en convient. En revanche, je pense qu'il y a suffisamment de compétences au sein de l'État pour ne pas avoir à créer des emplois au CNR. Où sont les diminutions de postes ?

Le rapporteur général n'a pas évoqué les taux d'intérêt, ou très peu. Or traditionnellement, pour les PLFR, on a toujours une petite marge de manoeuvre avec les taux d'intérêt, comme cela pourrait être le cas pour l'impôt sur le revenu. A-t-on une bonne ou une mauvaise surprise dans ce texte à ce sujet ?

Debut de section - PermalienPhoto de Stéphane Sautarel

Je vous poserai deux questions, monsieur le rapporteur général.

La première concerne la répartition de l'Ifer et la suite qui pourrait y être accordée dans le cadre du PLF, à la fois sur un certain nombre d'équipements et la répartition du produit de cette taxe et sur l'assujettissement des postes de transformation qui, aujourd'hui, ne sont pas au profit des communes.

La seconde concerne la taxe d'aménagement. Il y a une relative urgence à traiter cette question, avec une échéance au 31 décembre. Pouvez-vous nous éclairer, non seulement sur l'amendement qui a été introduit à l'Assemblée nationale et sa déclinaison opérationnelle, mais aussi sur le caractère obligatoire de la répartition de cette taxe entre les communes et les intercommunalités ? Sommes-nous revenus sur son caractère obligatoire ?

Debut de section - PermalienPhoto de Michel Canevet

Comme mon collègue Albéric de Montgolfier, je m'interroge sur l'opportunité de créer autant de postes dans un PLFR, alors que nous devons être extrêmement vigilants sur la question des dépenses de fonctionnement et notamment de personnels.

Ma question porte sur la perspective de croissance pour la fin de l'année qui a été révisée par le Gouvernement à 2,7 %, alors que la Commission européenne estime qu'elle devrait être de 2,6 %. Pensez-vous que nous parviendrons à une croissance de 2,7 %, compte tenu des difficultés budgétaires de nos concitoyens d'ici à la fin de l'année, avec, notamment, la baisse de l'aide au carburant ? Ne conviendrait-il pas d'être prudent sur cette perspective de croissance ?

Debut de section - PermalienPhoto de Thierry Cozic

Il s'agit d'un texte de clôture d'exercice.

Nous pouvons nous interroger sur la révision à la hausse des recettes, à hauteur de 5, milliards d'euros, ce qui nous paraît artificiel. Elle s'inscrit plutôt dans la logique du Gouvernement de montrer sa capacité à avoir des recettes fiscales nouvelles, alors qu'elles ont été, de mon point de vue, sous-estimées. De fait, nous pouvons nous interroger sur la sincérité de ce PLFR.

Nous notons cependant quelques annonces gouvernementales qui vont dans le bon sens : le chèque énergie - même si nous ne savons plus trop où réside le caractère exceptionnel - ; la prolongation de la ristourne de 30 centimes sur le carburant, qui s'arrêtera dans quelques jours ; divers soutiens financiers - France compétences, le soutien aux Ukrainiens et aux agriculteurs, l'enseignement supérieur et la recherche...

En conclusion, ce texte est dans une suite logique du PLF et du premier PLFR pour 2022. Même si le Gouvernement répond à certaines problématiques avec le chèque énergie et l'abondement de crédits pour répondre à certaines problématiques, le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain s'abstiendra, comme il l'avait fait pour les textes budgétaires de l'année 2022.

Debut de section - PermalienPhoto de Daniel Breuiller

Je salue le fait que le ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche ait obtenu des crédits supplémentaires à hauteur de 275 millions d'euros, même si une partie des crédits est recyclée.

Si je partage l'idée que le chèque énergie est une bonne nouvelle, je me demande pourquoi la ristourne de 30 centimes sur le carburant sans conditionnalité n'est pas prolongée jusqu'au 25 décembre - une date plus symbolique que le 15 novembre...

Debut de section - PermalienPhoto de Claude Raynal

Je partage les propos d'Albéric de Montgolfier relatifs à la création d'emplois en faveur du CNR et il me semble que, pour le principe - politiquement, nous sommes défavorables à ce conseil -, nous pourrions déposer un amendement de suppression.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-François Husson

Concernant l'Ifer, comme je l'ai dit, il s'agit non pas d'un sujet de PLFR de fin gestion, mais d'un sujet de PLF: nous examinerons donc cette question ultérieurement et elle donnera lieu à débat.

S'agissant de la TICPE, je rappelle qu'elle est assise non pas sur les prix, mais sur les quantités. C'est la raison pour laquelle il y a peu de variations.

En ce qui concerne l'augmentation des postes en faveur des ARS et de l'Ademe, je connais l'avis critique plutôt partagé d'une majorité d'entre nous sur le fonctionnement des ARS, certains considérant qu'elles sont plutôt un écran entre le Gouvernement et les élus territoriaux.

L'Ademe, pour sa part, a subi des schémas d'emplois assez draconiens durant des années, avec des réductions d'effectifs. Elle bénéficie aujourd'hui d'un déploiement de moyens plus importants. Trouvons un équilibre. Dans le cadre du déploiement des moyens, se profile une compétition entre l'administration d'État, notamment les préfectures, et l'Ademe.

Je remercie M. Capo-Canellas pour sa vision de ce PLFR.

Concernant la sincérité des prévisions, contestée par M. Delahaye, observons qu'il est toujours difficile que les prévisions soient proches de la réalité observée en fin de gestion, en raison de la conjoncture - les années que nous traversons connaissent des perturbations. Je vous rappelle que, s'agissant de l'inflation, les économistes nous ont expliqué qu'ils n'avaient pas eux-mêmes pu anticiper son niveau si élevé en tant que prévisionnistes.

Concernant la charge de la dette, monsieur de Montgolfier, non, il n'existe pas de « matelas » cette année : la charge de la dette, au travers de l'inflation, a augmenté de 10 milliards d'euros.

Monsieur le président, j'entends votre souhait de déposer un amendement visant à supprimer les postes créés pour le CNR, mais nous ne connaissons même pas le nombre de personnels de ce conseil, dont j'avais cru comprendre, en lisant la presse, qu'il s'agissait d'un regroupement de personnels qui oeuvraient déjà dans un certain nombre de services de l'État. L'organisation est assez nébuleuse.

En outre, un volet santé du CNR a été créé pour être au plus près des territoires, dans le droit fil des débats qui ont eu lieu la semaine dernière sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS).

En ce qui concerne la croissance, je l'ai dit, le taux de 2,7 % me parait être une prévision haute - optimiste mais pas inatteignable -, elle sera, selon moi, plus proche de 2,5 %.

Quant à la taxe d'aménagement, à ce stade, rien n'a évolué. C'est plutôt un sujet de deuxième partie de PLF.

Enfin, s'agissant de l'aide sur le carburant, je ne crois pas que la date du 15 novembre a une signification particulière. J'ai bien compris que la date du 25 décembre aurait symbolisé un cadeau de Noël, mais vous auriez pu proposer à moi qui suis attaché à certaines traditions, le 6 décembre, date de la fête de la Saint-Nicolas - bien qu'il s'agisse aussi de celle du Père Fouettard.

Je constate néanmoins que cette aide a désorganisé la manière de consommer les carburants. Dans ma région, les pompes sont à sec deux jours sur trois, deux mois après les grèves. Rien n'a changé. C'est non pas une fausse bonne idée, mais une décision mal organisée et, au final, injuste, car inéquitablement partagée sur le territoire compte tenu de l'aide de Total. C'est une fois encore les territoires éloignés des pôles urbains qui sont les moins aidés, alors qu'ils en ont davantage besoin. Or, lors de la crise sanitaire, nous étions tous ravis de nous retrouver dans les territoires moins densément peuplés et dans nos campagnes.

Debut de section - PermalienPhoto de Claude Raynal

On peut s'interroger sur la ristourne consentie par TotalEnergies. Certes, l'entreprise octroie une baisse de 20 centimes, mais, avec une augmentation de 30 à 40 % des volumes, je me demande si, au final, ils ne gagnent pas de l'argent. Et cette campagne de publicité est une réussite totale !

EXAMEN DES ARTICLES

Article 1er A (nouveau)

L'amendement rédactionnel n° 30 est adopté.

Après l'article 2

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-François Husson

L'amendement n° 31 prévoit que le programme 754 « Contribution à l'équipement des collectivités territoriales pour l'amélioration des transports en commun, de la sécurité et de la circulation routières » soit doté de l'intégralité des recettes supplémentaires constatées en exécution en 2022, soit environ 60 millions d'euros de plus que ce qui est actuellement prévu.

L'amendement n° 31 est adopté.

Article 3

Debut de section - PermalienPhoto de Albéric de Montgolfier

Il conviendrait de déposer un amendement concernant le CNR, au moins un amendement d'appel, sur cet article concernant l'équilibre général du budget, la trésorerie et le plafond d'autorisation des emplois, car il s'agit encore d'un machin.

Article 4

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-François Husson

L'amendement n° 32 abonde de 100 millions d'euros en autorisations d'engagement et en crédits de paiement les agences de l'eau, en vue de réduire le taux de fuite des réseaux d'eau et d'accélérer leur rénovation, et ce dans un objectif écologique.

Debut de section - PermalienPhoto de Claude Raynal

Les agences de l'eau sont financées via des taxes, avec un plafond mordant, qui limite leurs capacités financières. S'agit-il de verser une subvention ou de demander à l'État d'augmenter le plafond mordant ?

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-François Husson

Dans la même logique que ce qui a été fait dans le cadre du plan de relance, il s'agit d'une subvention. La Première ministre a annoncé hier à Marseille une augmentation de 100 millions d'euros en faveur des agences de l'eau, mais il est prévu alors de puiser dans les réserves de trésorerie. Cet amendement est un fusil à un coup, mais je souhaite accélérer la rénovation du réseau d'eau, car il n'est pas possible de compter autant de fuites d'eau. Ce n'est ni raisonnable ni responsable.

L'amendement n° 32 est adopté.

L'amendement n° 33 vise à annuler 4 milliards d'euros de crédits sur le programme 367 « Financement des opérations patrimoniales en 2021 et en 2022 sur le compte d'affectation spéciale Participations financières de l'État ». Par souci de sincérité des comptes, le Gouvernement devra ouvrir ces crédits dans le cadre du projet de loi de finances pour 2023, s'ils sont nécessaires.

L'amendement n° 33 est adopté.

Dans le droit fil du rapport d'information de nos collègues Patrick Chaize et Michel Dagbert, qui a fait suite à la mission d'information sur la sécurité des ponts présidée par Hervé Maurey, et d'un rapport d'information de notre collègue Bruno Belin, nous voulons, par l'amendement n° 34, abonder de 60 millions d'euros le programme concernant les ponts routiers. Un diagnostic est établi : au mois de septembre 2022, 9 000 communes ont bénéficié d'une visite de leurs ouvrages et 23 % des ponts présentent un danger avéré. Aussi, il importe de poursuivre les diagnostics et d'engager dès que possible la rénovation de ces ouvrages.

Debut de section - PermalienPhoto de Hervé Maurey

Cet amendement est bienvenu d'autant que la direction générale des infrastructures, des transports et des mobilités (DGITM), que nous avons auditionnée avec Stéphane Sautarel dans le cadre de notre contrôle, a indiqué qu'il était déjà bien que 9 000 communes aient bénéficié de ce diagnostic et qu'aucun crédit supplémentaire n'était prévu. Or il faut poursuivre cette évaluation dans toutes les autres communes.

Debut de section - PermalienPhoto de Claude Raynal

Il s'agit d'un amendement qu'il faudra sans doute présenter à nouveau dans le cadre du PLF.

L'amendement n° 34 est adopté.

Article 6

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-François Husson

L'amendement n° 35 modifie l'affectation des recettes supplémentaires du compte d'affectation spéciale « Contrôle de la circulation et du stationnement routier », ou CAS Radars.

L'amendement n° 35 est adopté.

Article 9 C (nouveau)

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-François Husson

L'amendement n° 36 vise à supprimer l'article.

L'amendement n° 36 est adopté.

Article 9 D (nouveau)

L'amendement rédactionnel n° 37 est adopté.

Article 9 E (nouveau)

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-François Husson

L'amendement n° 38 prévoit, s'agissant du mode de calcul de la taxe d'aménagement, d'indexer par rapport à l'indice du coût de la construction l'ensemble des valeurs forfaitaires relatives à certaines installations et équipements, et ce afin de bénéficier d'une actualisation permanente.

L'amendement n° 38 est adopté.

L'amendement de correction n° 39 est adopté.

Article 11 (nouveau)

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Longuet

Quel est le montant de l'abandon de créances détenues sur la République fédérale de Somalie au titre de l'aide publique au développement ?

La commission décide de proposer au Sénat d'adopter le projet de loi de finances rectificative pour 2022, tel que modifié par les amendements qu'elle a adoptés.

Le sort des amendements examinés par la commission est retracé dans le tableau suivant :