Commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du Règlement et d'administration générale

Réunion du 5 novembre 2014 : 1ère réunion

Résumé de la réunion

Les mots clés de cette réunion

  • amendés
  • détention
  • magistrats
  • majoration
  • pénales

La réunion

Source

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Bas

Je vous rappelle que le projet de loi relatif à la nouvelle organisation territoriale de la République sera examiné la troisième semaine de décembre. Notre commission inaugure demain le cycle de ses auditions sur ce texte, avec les auditions de M. Krattinger et de M. le premier ministre Raffarin.

Dans le cadre de ce travail, nous nous déplacerons à Chartres le lundi 17 novembre, pour aller à la rencontre des élus locaux et des forces économiques, afin d'entendre leurs attentes sur la réforme territoriale. Cela s'inscrit dans le cadre de l'orientation donnée par M. le président Larcher, lors de son élection, sur le Sénat « hors les murs ».

Nous avons eu une réunion du bureau ce matin, au cours de laquelle nous vous proposons d'engager cinq missions d'information, dont les thèmes sont les suivants :

- le droit des entreprises et les enjeux d'attractivité internationale qu'il soulève;

- les évolutions du droit français sur la gestation pour autrui et la procréation médicalement assistée face aux évolutions jurisprudentielles actuelles ;

- les services départementaux d'incendie et de secours dans le cadre de la réforme territoriale ;

- le droit pénal à l'heure d'internet ;

- l'usage de la biométrie en France et en Europe.

D'autres sujets ont été envisagés, mais cinq missions d'informations nous ont paru suffisantes pour le moment, compte tenu de la charge de travail de notre commission dans la période à venir. Les rapporteurs de ces missions seront désignés au cours d'une prochaine réunion.

L'actualité législative nous conduira aussi à organiser des journées d'auditions thématiques. Par ailleurs, nous poursuivrons et systématiserons notre travail sur l'application des lois.

La commission procède tout d'abord à l'examen des amendements sur son texte n° 62 (2014-2015) pour le projet de loi n° 482 (2013-2014) portant adaptation de la procédure pénale au droit de l'Union européenne.

EXAMEN DES AMENDEMENTS DU RAPPORTEUR

Le sort des amendements du rapporteur examinés par la commission est retracé dans le tableau suivant :

EXAMEN DES AUTRES AMENDEMENTS DE SÉANCE

La commission adopte les avis suivants :

Article additionnel après l'article 4 ter

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Kaltenbach

Cet amendement vise à prendre en compte la censure par le Conseil constitutionnel d'une disposition de la loi relative à la prévention de la récidive : la contribution destinée à financer les associations d'aide aux victimes, par une majoration de 10 % des amendes pénales et douanières. Comme il n'est pas possible d'affecter le produit des amendes, il avait été décidé que ces 10 % supplémentaires seraient directement versés au budget de l'État, le Gouvernement s'engageant à financer pour un même montant les associations d'aide aux victimes. Pour répondre à l'objection du Conseil constitutionnel sur l'automaticité de la majoration, jugée contraire aux principes de nécessité et d'individualisation des peines, l'amendement précise que ces amendes « peuvent », et non pas « doivent », faire l'objet d'une telle majoration. Il s'agit d'attirer l'attention du Gouvernement sur la question du financement des associations d'aide aux victimes : leur rôle est fondamental mais elles connaissent de plus en plus de difficultés.

Debut de section - PermalienPhoto de François Zocchetto

Je suis embarrassé. Il s'agit d'une disposition que nous avons votée. Mais je crains que l'amendement ne résolve pas la question de constitutionnalité soulevée par le Conseil.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Bas

La commission des lois a pour mission de rappeler le droit et d'évoquer les risques d'inconstitutionnalité. Je vois difficilement comment contourner la censure du Conseil constitutionnel sur ce point. L'objectif de cet amendement, à savoir la contribution au financement des associations d'aide aux victimes, est cependant noble.

Debut de section - PermalienPhoto de Christophe Béchu

Je propose un avis de sagesse, l'idée étant d'évoquer cette question en séance publique. Prendre position sur cet amendement est embarrassant : j'adhère à l'exposé des motifs présenté par M. Kaltenbach mais nous avons conscience des lacunes juridiques de ces dispositions.

Debut de section - PermalienPhoto de Michel Mercier

Cet amendement, quelles que soient les précautions prises, ne change pas la nature du dispositif : la position du Conseil constitutionnel sera donc la même. On introduit une taxation qui n'a rien à voir avec la peine. Pour aider les associations de victimes, il faut proposer un texte purement financier, qui prévoit un prélèvement sur le produit des amendes pénales, versé au budget du ministère de la justice, qui le reversera à ces associations.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Richard

Le Conseil constitutionnel a censuré le principe de l'automaticité de la majoration, et non le fait qu'il s'agissait d'une peine complémentaire. Il faudrait une rédaction qui permette d'exprimer explicitement le choix du juge. Par ailleurs, le Conseil pourrait se fonder sur un autre motif pour annuler les dispositions concernant la majoration de 10 %, comme par exemple le principe de non-affectation des recettes.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Jacques Hyest

Je ne suis pas convaincu. Il faut que ce soit une peine accessoire autonome, et dans ce cas, cela ne peut pas être affecté. Nous avions pris des dispositions sur les avoirs criminels, il faudrait avoir le même type de fonds au sein du ministère de la justice. À mon avis, la question de l'inconstitutionnalité demeure. Je pense que l'on devrait demander l'avis du gouvernement.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Kaltenbach

J'adhère au raisonnement d'Alain Richard. Toutefois, la question de la non-affectation avait été abordée lors des débats et contournée par le Gouvernement, qui s'était engagé à verser les recettes de cette majoration pour abonder un fonds d'aide aux victimes. Certes, la solution la plus simple serait que les crédits soient directement affectés, à partir du budget de l'État, aux associations d'aide aux victimes, mais nous connaissons tous le contexte budgétaire actuel. L'idée sous-jacente est de faire payer les auteurs d'infractions pénales, sur le principe du « pollueur-payeur ».

La commission demandera l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 1.

Article additionnel après l'article 6

Debut de section - PermalienPhoto de François Zocchetto

La question traitée par cet amendement est assez éloignée du sujet du texte : il s'agit du statut du juge des libertés et de la détention. Une réforme du statut de la magistrature est prévue, afin de créer une fonction spécialisée du juge des libertés et de la détention, de façon à donner plus de consistance à cette fonction. Sans attendre cette réforme, le Gouvernement souhaite que l'on ne puisse mettre fin à la fonction de juge des libertés et de la détention sans l'accord de l'assemblée générale des magistrats du siège du tribunal de grande instance.

Je propose sur cet amendement de nous en remettre à la sagesse du Sénat.

Debut de section - PermalienPhoto de Michel Mercier

Il est important d'affirmer le rôle du juge des libertés et de la détention. Mais il s'agit ici d'un pur cavalier. Il faudrait plus de temps et une réflexion plus globale sur ce sujet. Car, si l'on multiplie les fonctions spécialisées des magistrats, alors qu'il n'y en a pas suffisamment, nous en viendrons à partager les spécialités sur le temps de travail des magistrats : 15 % juge des libertés, 25 % juge aux affaires familiales, etc. Ce sera la négation de toutes ces fonctions.

Debut de section - PermalienPhoto de François Zocchetto

Il y a en outre une absence de parallélisme : le Gouvernement propose qu'il soit mis fin aux fonctions du juge des libertés et de la détention avec l'avis conforme de l'assemblée générale des magistrats du siège, mais il continuerait à être nommé par le président.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Richard

S'il y a une nécessité législative, on peut être tolérant et modifier le titre du projet de loi. Mais ce que le Gouvernement veut faire, à terme, est de niveau organique. Une fois le juge des libertés et de la détention consacré dans une loi organique, je me demande si cette disposition aurait un sens. Il faut que le Gouvernement garde le temps de la réflexion.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Jacques Hyest

Comme le disait M. Mercier, dans certains petits tribunaux, la fonction du juge des libertés et de la détention représente une part marginale de l'activité des magistrats. Je pense aussi qu'il faut attendre.

La commission émet un avis défavorable sur l'amendement n° 9.

Puis la commission examine le rapport d'information de Mme Esther Benbassa et M. Jean-René Lecerf relatif à la « lutte contre les discriminations ».

Le compte rendu de l'examen de ce rapport d'information figurera au prochain bulletin des commissions.

La réunion est levée à 12 h 37