Commission de l'économie, du développement durable et de l'aménagement du territoire

Réunion du 19 mai 2010 : 1ère réunion

Résumé de la réunion

Les mots clés de cette réunion

  • achat
  • centrales d'achat
  • producteurs
  • producteurs et distributeurs

La réunion

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La commission procède tout d'abord à l'examen du rapport de M. Ladislas Poniatowski et établit le texte qu'elle propose pour la proposition de loi n° 442 (2009-2010), modifiée par l'Assemblée nationale, tendant à autoriser les petits consommateurs domestiques et non domestiques d'électricité et de gaz naturel à accéder ou à retourner au tarif réglementé.

Debut de section - PermalienPhoto de Ladislas Poniatowski

La proposition de loi dont je suis l'auteur n'est pas sans lien avec le projet de loi portant nouvelle organisation du marché de l'électricité (NOME), puisqu'elle vise à combler un vide juridique relatif aux tarifs réglementés dans l'attente de l'adoption de ce texte d'origine gouvernementale.

Les dispositions adoptées par le Sénat en première lecture, concernent les tarifs réglementés applicables aux particuliers et aux petits consommateurs professionnels, et l'Assemblée nationale a adopté le texte du Sénat en lui apportant une modification rédactionnelle qui ne change rien au fond, et l'a complété en y ajoutant, comme convenu, la prorogation pour six mois du tarif réglementé transitoire d'ajustement du marché (TaRTAM), qui concerne les consommateurs industriels. Les députés ont assorti cette prorogation d'une clause visant à interdire les stratégies d'optimisation. En effet, les entreprises bénéficiaires pourraient être tentées de jouer du profil fortement saisonnier du TaRTAM pour ne le conserver que dans la période où il est plus favorable que les prix de marché.

La proposition de loi a été adoptée en première lecture par l'Assemblée nationale à l'unanimité des groupes UMP, Nouveau Centre et socialiste, et avec l'abstention du groupe de la gauche démocrate et républicaine et on peut se féliciter du caractère consensuel de ce texte, qui peut être adopté conforme par le Sénat. En revanche, la discussion du projet de loi NOME ne sera pas aussi consensuelle.

Debut de section - PermalienPhoto de Daniel Raoul

Il y aura urgence pour adopter la loi NOME avant la fin de l'année. Les directives européennes imposent l'ouverture à la concurrence dans le domaine de l'énergie, et on constate que tous les pays qui les ont transposées ont vu augmenter le prix de celle-ci. On ne peut que regretter ce « trouble obsessionnel de la concurrence ». En ce qui concerne l'électricité, énergie non stockable, le marché ne peut exister qu'à la condition que les prix augmentent.

S'agissant de la proposition de loi, le bénéfice de la réversibilité totale pour le gaz naturel, prévue par celle-ci, résulte d'un amendement du groupe socialiste du Sénat en première lecture. L'ajout de l'Assemblée nationale relatif au TaRTAM est bienvenu, et mon groupe politique votera le texte en deuxième lecture.

Debut de section - PermalienPhoto de Ladislas Poniatowski

Ces remarques anticipent sur les débats de la loi NOME qui seront axés sur la question du prix auquel EDF devra céder une partie de son électricité d'origine nucléaire à ses concurrents, alors même que celui-ci ne sera pas fixé par la loi, mais par voie réglementaire.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Paul Emorine

Je propose que notre commission adopte la proposition de loi dans un texte identique à celui voté en première lecture par l'Assemblée nationale.

La commission adopte sans modification le texte de la proposition de loi tendant à autoriser les petits consommateurs domestiques et non domestiques d'électricité et de gaz naturel à accéder ou à retourner au tarif réglementé soumis au Sénat en deuxième lecture, ainsi que le rapport de M. Ladislas Poniatowski, le groupe socialiste votant pour et le groupe communiste, républicain, citoyen et des sénateurs du Parti de Gauche s'abstenant.

La commission poursuit ensuite l'examen des amendements déposés sur le texte n° 437 (2009-2010) qu'elle a adopté pour le projet de loi n° 200 (2009-2010) de modernisation de l'agriculture et de la pêche.

La commission examine tout d'abord 13 amendements présentés par le rapporteur dont 12 amendements rédactionnels et un amendement qui tend à prévoir une participation d'au moins un représentant des notaires dans la commission départementale de la consommation des espaces agricoles.

Sur chacun de ces amendements, la commission émet un avis favorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Didier Guillaume

S'agissant de l'amendement n° 137, le groupe socialiste considère que le principe d'une juste rémunération des agriculteurs doit être explicitement pris en compte dans le contrat. Au-delà d'un signal fort à l'attention de cette profession, cette référence doit permettre aux agriculteurs de vivre de leur travail.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Paul Emorine

L'objectif même du contrat est de s'assurer d'une juste rémunération des producteurs ou des exploitants. Depuis 1992, la part du revenu des agriculteurs, constituée des subventions reçues au titre de la PAC, a considérablement augmenté. Cette tendance ne pourra perdurer et il convient de permettre aux agriculteurs de bénéficier de prix réellement rémunérateurs.

Debut de section - PermalienPhoto de Daniel Dubois

La situation des agriculteurs français est très préoccupante car ils ont de plus en plus de difficultés à pouvoir vivre de leur travail, compte tenu de la perte de compétitivité de l'agriculture. En outre, les centrales d'achat de la grande distribution, en achetant les produits les moins chers possibles, font pression sur le revenu des agriculteurs. Ceux-ci supportent également des coûts de production exorbitants et, à l'avenir, le budget de l'État ne pourra pas aider cette profession comme dans le passé.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Jacques Mirassou

L'objectif de la rentabilité conditionne logiquement la chaîne partant de la production à la commercialisation, mais certains niveaux ont plus de mal à dégager des marges. La politique gouvernementale manque de cohérence, au moment même où les débats sur les retraites mettent en avant les carrières longues et pénibles, en présentant un texte de loi concernant les professions agricoles dont on connaît la pénibilité du travail.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Paul Emorine

Le monde agricole réclame davantage la possibilité de vivre de ses revenus, qu'une diminution de la durée du travail.

Debut de section - PermalienPhoto de Odette Herviaux

Le dispositif proposé par cet amendement doit permettre la prise en compte, par les contrats, d'une juste rémunération des producteurs. A défaut, le risque est de voir la conclusion de contrats de ventes à perte.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Paul Emorine

En pratique, le contrat fait référence au prix de revient du produit, qui intègre notamment le coût du travail.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Bailly

La juste rémunération de l'agriculteur fait consensus, mais les modalités pratiques pour y parvenir peuvent toutefois diverger. Il faut tenir compte de la pression exercée par la mondialisation sur le prix des produits alimentaires - le mouton de Nouvelle-Zélande coûte 40 % moins cher que celui produit en France - et encourager les centrales d'achat à préférer les productions nationales. Il est donc indispensable de limiter les charges des agriculteurs, notamment environnementales, qui grèvent leur compétitivité en renchérissant les coûts de production.

Debut de section - PermalienPhoto de Martial Bourquin

Il est très inquiétant que des agriculteurs ne puissent plus vivre de leur travail aujourd'hui, mais il ne faut pas se focaliser sur la seule question des coûts de production. En effet, la priorité doit être la souveraineté alimentaire qui peut potentiellement être remise en cause par une spécialisation trop poussée de l'agriculture sur des produits à bas coûts. Les agriculteurs subissent aujourd'hui les conséquences induites par la libéralisation et la dérégulation du commerce des produits alimentaires résultant notamment de la loi de modernisation de l'économie (LME).

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Paul Emorine

Il convient de relativiser l'impact potentiellement négatif de la LME, ce texte de loi ayant eu le mérite de rendre plus cohérent le système de distribution et de trancher de nombreuses questions.

Debut de section - PermalienPhoto de Daniel Dubois

L'amendement n° 648 du Gouvernement remet en cause un amendement présenté par le groupe centriste et adopté par la commission à l'article 7, qui élargit les missions des interprofessions aux actions de médiation au stade de la négociation entre les centrales d'achat et les producteurs, en proposant de recourir exclusivement à la commission de médiation, trois mois après avoir constaté l'échec de la réalisation du contrat. Cette intervention sera trop tardive. Le groupe centriste est très opposé à cet amendement.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard César

On peut surseoir à statuer sur cet amendement afin de préciser davantage les modalités de la médiation.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Le Cam

Le prix plancher qui figure dans le contrat est établi par l'interprofession, mais il sera très difficile d'obtenir un consensus en la matière entre producteurs, transformateurs et parfois distributeurs, et, en pratique, ce sont ces derniers qui auront le dernier mot.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard César

La proposition du Gouvernement prévoit qu'en l'absence d'accord entre les différents acteurs de la filière, l'Etat pourra, notamment en cas de crise grave, imposer un prix plancher comme il a sut le faire s'agissant du prix du lait.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Bailly

Il est illusoire d'imaginer pouvoir imposer un prix à la grande distribution alors même que les centrales d'achat peuvent se fournir auprès de producteurs étrangers dont les coûts sont plus bas.

Debut de section - PermalienPhoto de Daniel Dubois

Le consommateur pourra, à l'avenir, faire évoluer radicalement les pratiques de la grande distribution, notamment s'il est capable de juger de l'action des centrales d'achat grâce à une transparence en matière de prix.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Jacques Mirassou

L'information du consommateur est essentielle et il convient d'attirer son attention sur le fait que parfois les produits les plus compétitifs en termes de prix ont parcouru des milliers de kilomètres générant un bilan écologique, notamment carbone, particulièrement peu satisfaisant. En la matière, si une action règlementaire est indispensable, elle doit s'inscrire au niveau européen.

Debut de section - PermalienPhoto de Michel Bécot

Il est nécessaire de respecter les contrats entre producteurs et distributeurs, mais très difficile d'imposer aux grandes surfaces de nouvelles prescriptions réglementaires tenant notamment à l'obligation d'achat des produits. La grande distribution disposera toujours, sans la contrainte du consommateur, de la faculté d'acheter les produits les moins chers et ce, quelle que soit leur provenance. Mais comme la compétitivité prix des produits n'est qu'un aspect du problème et que de plus en plus de consommateurs se prononcent en fonction des critères de qualité, il faut que l'agriculture française se concentre sur ses atouts et le savoir-faire de ses agriculteurs.

Debut de section - PermalienPhoto de Jackie Pierre

Les contrats ne vont pas à eux seuls régler les problèmes des agriculteurs. La réalité difficile, vécue par le monde agricole, provient du déficit de compétitivité de l'agriculture française en comparaison des agricultures concurrentes. Il faut conclure des contrats au niveau européen.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Houpert

Il est très difficile d'imposer des règles contraignantes à la grande distribution alors même que le commerce des produits est libre. Il faudrait instaurer une TVA sociale à l'encontre des importateurs des produits en provenance de pays qui ne respectent pas les mêmes règles que celles imposées à nos agriculteurs.

Debut de section - PermalienPhoto de Odette Herviaux

S'il est effectivement difficile d'imposer des contraintes commerciales aux grandes centrales d'achat, l'action des consommateurs peut très bien les obliger à faire évoluer leur pratique à condition que ceux-ci soient informés et présents dans les lieux de négociation.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean Boyer

Il faut encourager une cohérence nationale intercentrales en matière de prix des produits ainsi qu'une meilleure information des consommateurs sur l'origine des produits.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Bailly

Comment obliger les grandes surfaces à indiquer aux consommateurs le pourcentage des produits alimentaires certifiés « d'origine française » afin de stimuler la concurrence entre distributeurs dans ce domaine ?

Debut de section - PermalienPhoto de Yannick Botrel

Il est regrettable que la contractualisation soit la seule proposition avancée par le Gouvernement pour réguler les prix. Le système français de la grande distribution induit des effets pervers puisqu'un nombre très restreint de centrales d'achat opère en face de producteurs plus nombreux et moins bien organisés.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Paul Emorine

Le Président de la République, pour la première fois dans l'histoire, a convoqué les représentants des grandes surfaces avec les organisations professionnelles agricoles, menaçant les premières d'une taxation en cas de non respect des règles établies. L'outil de la contractualisation peut faire la preuve de son efficacité dans un contexte de réorganisation des filières en France.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard César

Dans la réalité, la difficulté tient au manque d'organisation des producteurs face aux acheteurs. C'est bien que la grande distribution soit mise en face de ses responsabilités pour respecter les accords de prix au sein des interprofessions conformément à la charte qu'elle a signée avec le Gouvernement. Il est indispensable que la DGCCRF soit dotée des moyens nécessaires pour réaliser les contrôles.

Debut de section - PermalienPhoto de Daniel Dubois

La DGCCRF est matériellement dans l'incapacité de définir précisément à quel niveau sont réalisées les marges, notamment parce que les centrales d'achat ne coopèrent pas comme il faudrait. Il faudrait améliorer la transparence dans les contrats et développer une meilleure information du consommateur.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Bailly

Le rôle des consommateurs est indispensable pour soutenir l'agriculture française, encore faut-il qu'ils consomment des productions nationales. Il faut donc une transparence accrue en matière de provenance des produits et de contrôle des marges.

Debut de section - PermalienPhoto de Didier Guillaume

Les grandes surfaces ne sont pas les seules responsables des difficultés rencontrées par les agriculteurs, la motivation première des consommateurs restant la recherche du meilleur prix, quelle que soit l'origine du produit. Le véritable problème de l'agriculture française est aujourd'hui le manque d'organisation de la profession, c'est pourquoi il faut renforcer les partenariats entre les collectivités locales, les distributeurs, les chambres d'agriculture, et les agriculteurs. Il faut enfin afficher clairement dans la loi le principe de la juste rémunération des agriculteurs.

Debut de section - PermalienPhoto de Élisabeth Lamure

On peut regretter la double restriction des « accords de l'Élysée » qui ne concerne que les fruits et légumes d'une part, et dont l'application reste limitée à une situation de crise, d'autre part. Le manque de moyens de la DGCCRF doit être relativisé car la LME a mis en place des brigades chargées de vérifier sur le terrain la bonne observation des contrats, avec sanctions à la clef à l'encontre des enseignes ne respectant pas les règles.

Debut de section - PermalienPhoto de Marcel Deneux

Il ne faut pas sous-estimer la puissance économique des groupes de la grande distribution qui sont particulièrement bien organisés et savent défendre leurs intérêts de façon unitaire.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard César

J'émets un avis défavorable sur l'amendement n° 534 rect car le dispositif du coefficient multiplicateur n'a jamais fonctionné correctement.

Debut de section - PermalienPhoto de Daniel Soulage

C'est surtout qu'il n'a jamais été mis en oeuvre, du fait de l'hostilité de la grande distribution, et il conviendrait donc d'être plus contraignant à l'encontre de celle-ci. Par ailleurs, je regrette la dissolution prochaine, par voie d'ordonnance, des organisations économiques structurant la filière « fruits et légumes » au niveau local.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Le Cam

Ce sont les conditions très restrictives posées à la mise en oeuvre du coefficient multiplicateur qui ont empêché son utilisation.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard César

Il ne faut pas non plus négliger les difficultés de contrôle du dispositif, ainsi que les risques d'augmentation des importations qu'il recèle. A l'inverse, je rappelle que le projet de loi cherche à favoriser les circuits courts de commercialisation ainsi que la contractualisation entre producteurs et distributeurs.

Debut de section - PermalienPhoto de Didier Guillaume

Compte tenu du désarroi d'un très grand nombre de producteurs, il faudrait au moins expérimenter le coefficient multiplicateur.

Debut de section - PermalienPhoto de Daniel Dubois

Je suis très sceptique quant à l'efficacité du dispositif de contractualisation entre producteurs et distributeurs, dès lors qu'il n'est pas fait clairement publicité de ceux de ces derniers ne respectant pas les règles de transparence. Je préfère la création d'un seul observatoire comportant deux sections consacrées, l'une à la formation des prix et des marges, l'autre aux distorsions de concurrence. En outre, il faut relâcher le carcan règlementaire qui asphyxie l'agriculture française par rapport à ses homologues européennes.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard César

Je suis, pour des raisons d'efficacité, attaché à la dissociation en deux observatoires, celui traitant de la formation des prix et des marges intervenant au niveau national et celui portant sur les distorsions de concurrence se consacrant à des problématiques plus européennes. Le ministre en charge de l'agriculture s'est engagé à donner aux deux observatoires les moyens humains et matériels de fonctionner.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Paul Emorine

Les deux observatoires ont des rôles différents et complémentaires, et leurs responsables devront tous deux être régulièrement entendus par notre commission. L'observatoire des distorsions de concurrence rendra un rapport annuel, tandis que celui de la formation des prix et des marges devra publier des indicateurs mensuels.