Séance en hémicycle du 8 décembre 2006 à 10h45

Résumé de la séance

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  • cancer
  • drogue
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La séance

Source

La séance est ouverte à dix heures quarante-cinq.

Debut de section - PermalienPhoto de Michèle André

Le compte rendu analytique de la précédente séance a été distribué.

Il n'y a pas d'observation ?...

Le procès-verbal est adopté sous les réserves d'usage.

Debut de section - PermalienPhoto de Michèle André

L'ordre du jour appelle la suite de la discussion du projet de loi de finances pour 2007, adopté par l'Assemblée nationale (nos 77 et 78).

Debut de section - PermalienPhoto de Michèle André

Le Sénat va examiner les crédits de la mission « Santé ».

La parole est à M. le rapporteur spécial.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Jacques Jégou

Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, avant le passage à l'Assemblée nationale, la mission ministérielle « Santé » rassemblait près de 427 millions d'euros en autorisations d'engagement et 430, 6 millions d'euros en crédits de paiement, répartis en trois programmes d'importance inégale.

L'Assemblée nationale a toutefois réduit les crédits de cette mission d'un montant global de 2, 1 millions d'euros, afin de gager les ouvertures prévues par ailleurs, dans le cadre de la seconde délibération demandée par le Gouvernement.

Cette présentation des crédits doit toutefois être fortement relativisée pour trois raisons.

Tout d'abord, cette mission ne comprend pas les crédits de personnel. La contribution globale du programme « Conduite et soutien des politiques sanitaires et sociales » de la mission « Solidarité et intégration » aux actions menées dans le cadre de la mission « Santé » s'élève à près de 287 millions d'euros, soit environ 70 % des crédits de cette mission.

Il me semble que le ministère devrait reconsidérer ce choix, des marges de manoeuvre semblant pouvoir être dégagées si les personnels d'administration centrale étaient inclus dans les différents programmes.

Ensuite, les dépenses fiscales, avec un montant de 1, 89 milliard d'euros, représentent près de cinq fois les crédits budgétaires. À cet égard, on peut s'interroger sur la pertinence de certaines d'entre elles, tout particulièrement celles qui sont applicables aux indemnités journalières servies aux victimes d'accidents du travail.

Enfin, cette mission apparaît, à certains égards, comme une mission « annexe » du budget de la sécurité sociale. En effet, l'État n'intervient que pour moins de 1 % du total des dépenses effectuées au titre de l'offre de soins, ce qui pose la question du rapport entre la loi de finances et la loi de financement de la sécurité sociale.

Je mettrai en évidence trois données générales.

Tout d'abord, je relève avec satisfaction, monsieur le ministre, que votre ministère a suivi les recommandations que j'avais formulées l'an dernier s'agissant des crédits inscrits au titre des frais de justice. Ces derniers ont été réévalués pour mieux correspondre aux besoins. Ils sont ainsi passés de 1, 4 million d'euros à 5, 9 millions d'euros sur le programme « Santé publique et prévention » et de 875 000 euros à 4 millions d'euros sur le programme « Offre de soins et qualité du système de soins ».

En revanche, je veux vous faire part de mon étonnement concernant un transfert de crédits opéré entre les programmes « Drogue et toxicomanie » et « Santé publique et prévention ».

Le Parlement avait décidé l'an passé, sur l'initiative conjointe de notre commission des finances et de la commission des affaires sociales, de transférer 18 millions d'euros du programme « Santé publique et prévention » vers le programme « Drogue et toxicomanie ». Ces crédits correspondaient à la mise en oeuvre de la partie sanitaire du plan gouvernemental de lutte contre les drogues illicites, le tabac et l'alcool pour la période 2004-2008, ainsi qu'à d'autres actions visant, notamment, à subventionner des réseaux de soutien ou des structures d'accueil pour toxicomanes.

Nous avions jugé que cette organisation, guidée par une logique de frontières administratives, n'était pas cohérente avec l'existence, au sein de la mission « Santé », d'un programme spécifiquement dédié à la lutte contre les drogues et les toxicomanies.

Le Parlement avait donc décidé de transférer ces crédits vers le programme « Drogue et toxicomanie ». Cette décision semble avoir été mal vécue par la direction générale de la santé, ainsi que j'ai pu le constater à l'occasion d'un contrôle mené cette année. Ainsi, cette administration s'est efforcée de retarder, voire de bloquer la mise en oeuvre de la décision prise par le Parlement. En outre, le présent projet de loi de finances fait comme s'il ne s'était rien produit l'an passé et réintègre ces crédits au sein du programme « Santé publique et prévention ».

Je considère que ces agissements ne sont pas acceptables. En conséquence, afin d'avoir un débat de fond sur ce point et sur le positionnement de la mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie, la MILDT, la commission des finances vous proposera à nouveau un amendement de transfert de crédits.

Enfin, je note que le ministère de la santé mobilise les fonds de roulement de certains établissements publics. Le fonds de roulement de l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé, l'INPES, devrait être mis à contribution à hauteur de 20 millions d'euros et celui de la Haute autorité de santé, la HAS, à hauteur de 31 millions d'euros. Ces prélèvements sur fonds de roulement permettent ainsi de réduire les dotations versées par l'État, ce qui est de saine gestion.

Ces trois données générales étant posées, je souhaite vous faire part de mes principales observations concernant les différents programmes.

Concernant le programme « Santé publique et prévention », les subventions accordées aux opérateurs - l'Institut national du Cancer, l'INCA, et l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé - représentent près d'un quart des crédits du programme.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Jacques Jégou

La lutte contre le cancer constitue la principale dépense du programme, puisque près de 63 millions d'euros lui sont consacrés en 2007, hors subventions accordées à l'INCA.

On relève également trois autres dépenses importantes.

La lutte contre le SIDA mobilise 36, 4 millions d'euros.

La lutte contre la tuberculose fait appel à 28, 5 millions d'euros. À cet égard, il y a lieu de s'inquiéter, monsieur le ministre, du redémarrage de la tuberculose dans notre pays, avec des cas résistants aux antibiotiques.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Jacques Jégou

Par ailleurs, 17, 7 millions d'euros sont consacrés par le ministère de la santé à divers dispositifs de vaccination.

J'observe également que les objectifs et indicateurs de performance associés au programme devraient encore faire l'objet d'améliorations pour permettre d'apprécier réellement l'efficacité des dépenses dans le cadre de la loi organique relative aux lois de finances, la LOLF.

Concernant le programme « Offre de soins et qualité du système de soins », deux constats de fond s'imposent. D'une part, les crédits inscrits sur ce programme sont minimes par rapport aux dépenses incombant à l'assurance maladie. D'autre part, les marges de manoeuvre du ministère apparaissent réduites sur près de la moitié des crédits du programme, qui correspondent à la formation des médecins ou à l'organisation de concours.

À cet égard, je souhaite, monsieur le ministre, que vous nous indiquiez combien d'internes bénéficieront de l'année-recherche, qui mobilise 5, 46 millions d'euros en 2007 ?

Les objectifs et indicateurs de performance associés à ce programme sont en phase avec les leviers d'action du ministère et sont donc satisfaisants.

Toutefois, je souhaite que vous nous précisiez quels seront les leviers d'action du ministère pour améliorer l'indicateur « Taux d'atteinte des objectifs nationaux quantifiés figurant dans les contrats passés entre l'État et les ARH ». La cible fixée pour 2010 est très ambitieuse compte tenu de la situation actuelle. Ainsi, on passerait d'un taux de réalisation de 25 % en 2007 à un taux de réalisation de 100 % en 2010.

Concernant le programme « Drogue et toxicomanie », la principale observation a trait au positionnement délicat de ce programme au sein de la mission « Santé », que j'ai déjà mentionné. Nous y reviendrons à l'occasion de l'examen de l'amendement de la commission.

Je constate, par ailleurs, que les recommandations que j'avais formulées l'an passé ont été suivies. Les activités de l'association Toxibase, qui était financée à 100 % par la MILDT, ont été réintégrées au sein d'un des groupements d'intérêt public qui lui sert d'opérateur. Cela permet une économie de 150 000 euros et une diminution du nombre des emplois.

Enfin, certains indicateurs devront être complétés pour permettre d'apprécier l'efficacité des actions menées sous l'impulsion de la MILDT. Monsieur le ministre, cette association est directement reliée au Premier ministre, ce qui agace quelque peu votre ministère.

Sous réserve de ces remarques et de l'amendement qu'elle présente, la commission des finances vous propose d'adopter les crédits de la mission « Santé ».

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Milon

Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, vous avez pris connaissance à l'instant des grands équilibres budgétaires de la mission « Santé », grâce à la présentation très complète faite par mon collègue de la commission des finances. Il ne me paraît donc pas utile d'y revenir. C'est pourquoi je limiterai mon intervention à trois points qui ont particulièrement attiré l'attention de notre commission à l'occasion de l'examen des crédits de cette mission.

Je vous ferai part, pour commencer, des interrogations qui nous sont inspirées par le financement des plans de santé publique.

L'effort budgétaire important opéré cette année sur la mission « Santé » est presque exclusivement consacré au plan cancer, qui s'achève en 2007. Nous ne contestons pas, bien sûr, la légitimité de ce fléchage, mais il soulève, à notre sens, deux problèmes.

Tout d'abord, nous pensons que les mesures de lutte contre le cancer doivent, pour être efficaces, s'appuyer sur un opérateur fort. Or, l'INCA a été, depuis sa création en 2005, la cible de critiques continues portant sur sa gestion. Il apparaît donc urgent que sa nouvelle direction restaure la confiance des professionnels de santé et de la population tout entière en la capacité de l'Institut à mener le plan à échéance et à poursuivre la coordination de la lutte contre le cancer au-delà de 2007.

Ensuite, nous constatons que, mécaniquement, la priorité donnée au plan cancer se fait au détriment de la prise en charge financière d'autres pathologies.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Milon

C'est le cas notamment du programme de lutte contre les hépatites, dont la dotation reste très en deçà des besoins de prévention et de dépistage pour des infections qui touchent déjà 650 000 personnes dans notre pays et sont la cause de plusieurs milliers de décès chaque année. Les maladies rares, bucco-dentaires et cardio-vasculaires font également les frais de ce choix.

La tentation est donc forte, pour atteindre les objectifs fixés par ces plans, de faire peser majoritairement leur financement sur l'assurance maladie. C'est, une fois de plus, l'option qui a été choisie. Nous déplorons le manque de transparence à ce sujet.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Milon

Le deuxième point que je souhaite aborder concerne les difficultés d'accès aux soins pour les plus défavorisés.

Malgré une politique de santé publique traditionnellement ambitieuse, les inégalités sanitaires persistent dans notre pays. C'est notamment le cas pour certaines pathologies comme l'obésité, les infections bucco-dentaires, les maladies psychiatriques, dont nous aurons l'occasion de reparler à la fin de ce mois, le diabète et certains cancers.

Ce constat est aggravé par un accès aux soins qui s'apparente trop souvent à un véritable parcours du combattant pour les ménages les plus modestes. Il apparaît que 10 % à 40 % des médecins, selon les sources d'information et les spécialités médicales, refusent de recevoir les bénéficiaires de la couverture maladie universelle, la CMU, et de l'aide médicale de l'État, l'AME. Ce phénomène est plus particulièrement marqué, semble-t-il, en Île-de-France et dans les grandes villes. Quoi qu'il en soit, ces comportements sont inacceptables et ont été reconnus comme tels par la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité, la HALDE.

Pour sa part, la commission des affaires sociales s'est prononcée en faveur du lancement rapide d'une campagne d'information à la fois auprès des médecins afin de leur rappeler leurs obligations et les modalités de remboursement de leurs honoraires pour ces patients et en direction des publics défavorisés afin de les informer de leurs droits ainsi que de leurs devoirs en matière d'accès aux soins.

Quelles mesures envisagez-vous de prendre, monsieur le ministre, pour remédier à cette situation qui ne fait pas honneur au système de santé français ?

La commission s'est enfin émue des difficultés rencontrées cette année par les acteurs chargés du pilotage des actions de lutte contre la drogue et la toxicomanie.

À l'occasion du vote des crédits alloués à ce poste pour l'année 2006, souvenez-vous, mes chers collègues, nous avions adopté un amendement commun de la commission des finances et de la commission des affaires sociales visant à transférer à la MILDT, sur le programme « Drogue et toxicomanie », l'enveloppe du plan quinquennal de lutte contre les drogues illicites, le tabac et l'alcool, inscrite au programme « Santé publique et prévention », gérée par la direction générale de la santé. À l'époque, notre objectif était de réaffirmer le rôle de la MILDT dans le pilotage des politiques de lutte contre la drogue.

Or cet opérateur, dont la mission se limite habituellement à coordonner les actions des différents ministères concernés, a rencontré cette année quelques difficultés pour gérer ces crédits - c'est peu de le dire -, notamment ceux qui sont destinés à subventionner les associations sur le plan local. La situation s'est encore dégradée du fait du ressentiment de la direction générale de la santé de se voir dépossédée d'une partie de ses compétences.

En 2007, ces crédits sont rétablis à leur place initiale. Mais, pour les raisons que je viens d'évoquer, la commission des affaires sociales ne vous proposera pas de les transférer à nouveau.

Elle estime toutefois que l'expérience de l'année passée pose plus largement la question de la légitimité de l'inscription du programme « Drogue et toxicomanie », par nature interministériel, dans la mission « Santé » pilotée par le ministère de la santé et des solidarités. Pouvez-vous, monsieur le ministre, nous faire part de votre sentiment sur cette question ?

Sous réserves de ces quelques remarques et interrogations, la commission des affaires sociales vous propose d'adopter les crédits de la mission « Santé ».

Applaudissements

Debut de section - PermalienPhoto de Michèle André

J'indique au Sénat que, compte tenu de l'organisation du débat décidée par la conférence des présidents, les temps de parole dont disposent les groupes pour cette discussion sont les suivants :

Groupe Union pour un mouvement populaire, 32 minutes ;

Groupe socialiste, 22 minutes ;

Groupe communiste républicain et citoyen, 9 minutes ;

Groupe du Rassemblement démocratique et social européen, 8 minutes.

Mes chers collègues, je vous rappelle que le temps de parole attribué à chaque groupe pour chaque discussion comprend le temps d'intervention générale et celui de l'explication de vote.

Je vous rappelle également que, en application des décisions de la conférence des présidents, aucune intervention des orateurs des groupes ne doit dépasser dix minutes.

Par ailleurs, le Gouvernement dispose au total de vingt minutes pour intervenir.

Dans la suite de la discussion, la parole est à M. Georges Othily.

Debut de section - PermalienPhoto de Georges Othily

Monsieur le ministre, alors que nous examinons le dernier budget de cette législature, je vous demande de bien vouloir être notre messager auprès de M. Xavier Bertrand afin de le remercier des diverses actions qu'il a pu conduire, en particulier contre les fléaux du chikungunya à la Réunion et de la dengue en Guyane. Soyez assurés que vous laisserez tous les deux ainsi que vos collaborateurs un excellent souvenir à l'ensemble des acteurs de santé qui ont eu le privilège de travailler en votre compagnie.

Les crédits de la mission « Santé » progressent de 7, 8 %, malgré les contraintes budgétaires que nous connaissons. C'est la confirmation qu'elle reste au coeur des priorités du Gouvernement.

Cependant, quelle est la place de l'outre-mer dans ce budget lorsque l'on connaît les grandes difficultés qu'il rencontre ? Acceptez, monsieur le ministre, que je vous interpelle sur la situation très préoccupante de la Guyane, qui connaîtra une véritable catastrophe sanitaire si aucune mesure forte n'est rapidement proposée.

Dans cette région enclavée à 8 000 kilomètres de la capitale, tous les indicateurs sociaux et sanitaires sont manifestement mauvais : le chômage touche 26 % de la population, la mortalité périnatale et infantile est trois fois plus élevée que dans l'hexagone et l'espérance de vie est inférieure de quatre ans à la moyenne nationale.

Nos compatriotes ont le triste privilège d'être confrontés aux pathologies des pays modernes, aux pathologies des pays en voie de développement et aux pathologies environnementales émergentes non maîtrisées.

Ainsi, la Guyane est le département le plus touché par le sida en raison d'une très forte immigration. Elle est également menacée par la pollution au mercure - c'est dû au problème des chercheurs d'or -, par la fièvre jaune ou par le paludisme. À cet égard, malgré les multiples démarches que l'ensemble de la classe politique a déjà effectuées, les médicaments anti-palustres, dont les prix varient du simple au double, ne sont toujours pas remboursés.

Il faut impérativement prendre en compte la faiblesse de la démographie médicale. Certes, les généralistes et les spécialistes connaîtront d'ici à quelques années sur le territoire hexagonal un très lourd déficit, mais il est essentiel pour la Guyane de maintenir son tissu de professionnels de santé, qui sont malheureusement surchargés de travail, âgés, épuisés et réduisent de plus en plus leur activité.

Depuis peu, comme cela se fait à Saint-Pierre-et-Miquelon, le préfet est autorisé à recruter par arrêté des médecins de nationalité étrangère. Toutefois, ne pensez-vous pas qu'il serait souhaitable d'encadrer cette disposition afin d'éviter que ces médecins ainsi recrutés ne quittent le sol guyanais très rapidement pour aller exercer dans d'autres pays européens ?

Le défi que doit relever la Guyane en matière de santé est immense. Il constitue un véritable challenge pour notre région, une obligation de résultats pour la population. Il est temps de ne plus être que de simples spectateurs de nos insuffisances et de faire place à des acteurs engagés, hautement qualifiés et reconnus pour conduire la mise à niveau du secteur de la santé de la Guyane.

La situation est tout aussi alarmante sur le plan des moyens humains, puisqu'il y a 3, 5 fois moins de généralistes et de spécialistes que dans l'hexagone. Avec une population estimée entre 220 000 et 300 000 personnes, la Guyane a la démographie médicale la plus faible de France. Or la population guyanaise ne cesse de croître : elle a plus que triplé en vingt-cinq ans. Une forte natalité et un fort taux d'immigration en sont les principaux facteurs. Pour le cancer -la Guyane est le département le plus touché - il est à déplorer que les moyens humains soient déficients alors que les moyens techniques se mettent peu à peu en place.

Cet état des lieux bien connu depuis plusieurs années ne peut être perpétuellement décrit et analysé passivement en espérant une amélioration miraculeuse par l'usure du temps. Cette situation n'est évidemment pas acceptable.

L'une des pistes envisagées consisterait à créer une zone franche sanitaire afin de remettre à niveau le secteur de la santé, pilier incontournable du développement économique et social.

Conscient de cette nécessité, le ministre de la santé, M. Bertrand, et le ministre délégué au budget, M. Copé, ont demandé à l'Inspection générale des finances et à l'Inspection générale des affaires sociales de mener une mission conjointe afin de réaliser un bilan de la démographie médicale, de préciser les besoins en professionnels de santé en fonction des différentes zones de la Guyane et, surtout, d'évaluer la pertinence et la faisabilité de la zone franche médicale.

Monsieur le ministre, les conclusions de cette mission doivent être rendues ces jours-ci, si ce n'est déjà fait. Pouvez-vous m'apporter des précisions sur ce dossier afin que l'espoir soulevé par le projet de zone franche sanitaire ne risque pas de laisser rapidement la place à un sentiment d'exaspération et de renoncement ?

Cela étant, c'est bien volontiers que la très large majorité du groupe auquel j'appartiens votera les crédits de la mission « Santé ».

Applaudissements sur certaines travées du RDSE, ainsi que sur les travées de l'UC-UDF et de l'UMP.

Debut de section - PermalienPhoto de Guy Fischer

Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, les crédits de la mission « Santé » pour 2007 ne permettront certainement pas de répondre aux multiples besoins de santé publique, qu'il s'agisse de la prévention, de l'offre de soins et de la qualité du système de soins ou de toutes les actions qui concernent la lutte contre les addictions.

Ce budget, je le qualifierai de budget en trompe-l'oeil, car il n'est pas à la hauteur des problèmes de santé publique. Comme pour le projet de loi de financement de la sécurité sociale, les orientations budgétaires de la mission « Santé » sont dans le droit-fil de la politique libérale forcenée menée par cette majorité : dépenser moins pour faire payer plus les populations et les collectivités territoriales.

Or le programme « Santé publique et prévention » doit promouvoir l'éducation à la santé préventive et thérapeutique et contribuer ainsi à réduire les inégalités en matière d'accès aux soins et à la prévention. Un tel postulat implique des moyens humains et financiers à la hauteur des enjeux afin que les actions menées soient signifiantes en termes de résultats.

Je note donc que, si les crédits de la mission « Santé » progressent, c'est a minima au regard des grands problèmes de santé publique, et cette augmentation finance en grande partie le plan cancer. Là encore, cet effort ne constitue qu'un rattrapage des dotations insuffisantes des années précédentes. À cet égard, je rappelle que le projet Étoile des régions Rhône-Alpes et Auvergne a failli être abandonné faute de moyens.

Cette grande cause nationale mérite bien évidemment qu'on s'y attache sans faillir, et nous la soutenons, mais nous déplorons que cela se fasse au détriment d'autres actions telles que la lutte contre toutes les addictions, la santé mentale ou les maladies rares.

Monsieur le ministre, votre politique globale de santé publique se maintient en budget constant d'année en année, et vous justifiez l'augmentation de telle ou telle enveloppe en déshabillant Pierre pour habiller Paul. Je dirais que vous vous engagez beaucoup, mais que vous financez peu en transférant sur l'assurance maladie ce qui ressortit à votre responsabilité.

Ces transferts constituent d'ailleurs un problème majeur. Il en est ainsi pour tout ce qui touche à la qualité de vie et au handicap : les moyens affectés à la maladie d'Alzheimer, aux soins palliatifs ou au diabète sont à la charge quasi exclusive de l'assurance maladie.

Les moyens sont seulement maintenus pour la lutte contre le sida et pour le plan santé mentale. Or ce dernier comporte, notamment, le problème alarmant posé par le mal-être des jeunes, qui conduit 11 000 d'entre eux entre quinze et vingt-cinq ans au suicide par an.

Globalement, on assiste à un désengagement de l'État dans la lutte contre toutes les addictions et tout ce qui touche à la prévention dans les domaines de la vaccination contre la tuberculose et les hépatites.

Le temps qui m'est imparti ne me permettant pas d'approfondir l'ensemble de la mission « Santé », je m'arrêterai plus particulièrement sur un point qui doit être au coeur de nos préoccupations : la prévention en matière de médecine scolaire et universitaire.

Ces deux médecines sont sinistrées. J'abonde dans le sens des syndicats de médecins pour dire que la médecine scolaire est moribonde si rien n'est fait pour juguler la pénurie actuelle. La dernière rentrée a été significative à ce propos quand les syndicats de médecins scolaires ont tiré la sonnette d'alarme sur leurs difficultés à exercer leurs missions de santé publique telles que définies par la loi.

L'examen clinique de fin de maternelle devient de plus en plus problématique, et bon nombre d'enfants risquent d'être privés de ce bilan médical indispensable de dépistage des troubles du langage et de la motricité faute d'un médecin pour l'effectuer.

Le ministre de l'éducation nationale avait reconnu lui-même que seuls 77 % des enfants entrant en cours préparatoire avaient pu bénéficier de cet examen médical.

Il en est de même pour le bilan de fin de troisième, qui est de moins en moins effectué. Comment pourrait-il en être autrement quand, au niveau national, on compte à peine un médecin pour près de 8 000 élèves selon les sources ? De surcroît, il y a tout lieu de s'inquiéter des inégalités en matière d'accès aux soins dans les zones rurales, où l'on atteint un médecin pour 10 000 élèves !

Pour ce qui concerne la médecine préventive universitaire, le dernier rapport de la mission d'information parlementaire sur la santé des étudiants pointe des signes alarmants de mauvaise santé dans les domaines de l'alimentation, des soins optiques et dentaires, de l'addictologie, du mal-être, de l'IVG et de la contraception.

Cette analyse rejoint en tous points l'étude menée par la mutuelle des étudiants, qui révèle une situation sanitaire et sociale des étudiants très préoccupante.

Si je résume, les étudiants mangent mal, boivent trop et ils dépriment !

Un quart des étudiants renoncent aux soins, en priorité aux soins optiques et dentaires, qui sont moins bien remboursés. Près de 18 % des étudiants ne bénéficient pas d'une couverture complémentaire. Près 50 % d'entre eux réduisent leur repas de midi et 43 % d'entre eux ne prennent pas de petit déjeuner faute de temps et d'argent.

La semaine du bien-être des étudiants organisée du 6 novembre au 17 novembre dernier par les mutuelles composant l'Union nationale des sociétés étudiantes mutualistes régionales, l'USEM, a également révélé que les étudiants sont très souvent confrontés au stress, à la déprime, à l'isolement et aux idées suicidaires.

Ce mal-être conduit les étudiants dans les bureaux d'aide psychologique universitaire, les BAPU.

Compte tenu de la gratuité des séances et du sérieux des équipes professionnelles, ces structures existantes, notoirement insuffisantes et menacées de fermeture progressive, sont engorgées. Il faut aujourd'hui entre soixante jours et quatre-vingt-dix jours pour obtenir un rendez-vous et, malgré une demande en forte augmentation, les thérapeutes dans ces structures ne travaillent pas à plein temps, car, comme ailleurs, ils sont contraints de démultiplier leurs actions d'accueil et d'écoute, faute de moyens.

L'état des lieux alarmant de la santé des jeunes, en particulier celle des étudiants, n'est pas sans conséquence sur leurs modes de vie et aura des répercussions sur l'état de la France dans vingt ou vingt-cinq ans !

La précarité sociale grandissante amène les étudiants à faire des choix entre le logement, l'alimentation, les frais d'inscription et de rentrée scolaire, les transports et la santé. Comme bien souvent ils doivent travailler pour payer leurs études, ce qui ne fait qu'ajouter à leurs difficultés !

Enfin, trop de disparités existent actuellement d'un site à l'autre, selon les choix des universités qui renforcent le caractère inégalitaire du système de santé universitaire.

Il y a donc lieu, monsieur le ministre, d'ouvrir un grand débat public sur la question de l'accès aux soins pour les jeunes en général, et pour les étudiants en particulier, en définissant de véritables objectifs pour la médecine préventive universitaire et les moyens financiers nécessaires à la réalisation de ses missions.

Je crois savoir que les mutuelles étudiantes ont des propositions concrètes pour améliorer l'efficacité des actions de prévention en direction des étudiants. Qu'en est-il de leur mise en oeuvre ?

Je n'entrerai pas dans le détail de la situation des jeunes dans les grands quartiers populaires ; je pense aux Minguettes et aux zones urbaines sensibles.

J'évoquerai également la question des médecins inspecteurs de santé publique dont les missions sont nombreuses, ce qui les amène à travailler sur tous les fronts !

Leur champ d'intervention est vaste puisqu'ils sont très impliqués dans la mise en oeuvre sur le terrain social des politiques de prévention et de promotion de la santé, des programmes de dépistage et de tout ce qui concerne le suivi de la politique sanitaire et sociale dans les départements. Là encore, on constate que ce secteur d'activité est sinistré par un manque de moyens humains.

Le récent mouvement de ces praticiens, qui dépendent de l'État, a bien illustré la crise que traverse cette profession mal connue et mal reconnue.

Pour conclure, monsieur le ministre, je dirai que la mission « Santé » du projet de loi de finances pour 2007 est très en dessous des besoins à satisfaire pour l'ensemble des programmes de santé publique.

Des enjeux majeurs sont posés quant à la place de la prévention dans notre système de santé. Vos propositions sont loin de répondre à ces enjeux, qui nécessitent une prise en charge constante, de la naissance à la fin de vie, des besoins des populations.

Compte tenu de cette analyse, vous comprendrez que nous ne puissions adopter les crédits de la mission « Santé ».

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Godefroy

Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, les crédits de la mission « Santé » s'élèveront pour 2007 à 430 millions d'euros.

C'est 0, 16 % du budget total de l'État, hors dépenses de personnels puisque, pour la deuxième année consécutive, celles-ci ont été placées dans une autre mission, contrairement aux règles de la LOLF, ...

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Godefroy

... et c'est un pourcentage tout aussi faible du total des crédits consacrés à la santé dans notre pays.

La faiblesse des crédits de cette mission témoigne très largement du désengagement de l'État et d'un transfert de plus en plus important vers la sécurité sociale, dont la mission « Santé » est devenue une annexe.

Ainsi l'État intervient-il de moins en moins. Désormais, il conçoit et pilote la politique de santé, et l'assurance maladie en assure le financement bien que ses ressources demeurent insuffisantes ; nous l'avons largement déploré dans le passé.

Dans cette mission, les programmes sont d'inégale importance. Je n'aborderai que les deux premiers d'entre eux, laissant le soin à mon collègue Jean-Pierre Michel de vous parler du programme « Drogue et toxicomanie ».

Le programme « Santé publique et prévention » vise à mettre en oeuvre les priorités de santé publique définies par la loi du 9 août 2004. C'est un programme essentiel, dont l'objet est de mettre un terme au déséquilibre persistant entre les soins et la prévention qui caractérise notre pays.

Ce programme se décline essentiellement en différents plans. Incontestablement, en matière de prévention et de santé publique, la notion de « plan » est adaptée.

Ces plans permettent d'avoir une vision d'ensemble, associant généralement les facettes hospitalo-universitaires et la recherche, les soins hospitaliers et l'accompagnement social et médico-social des malades concernés.

De fait, de nombreux plans sont régulièrement annoncés. Force est de constater cependant qu'ils ont parfois du mal à trouver une traduction budgétaire !

Ainsi, c'est seulement à partir de 2007, monsieur le ministre, que le plan psychiatrie et santé mentale 2005-2008 sera enfin effectivement mis en place. Pour autant, avec 5, 6 millions d'euros de crédits prévus, il demeure en fait largement sous-doté compte tenu des besoins considérables de ce secteur.

Ce n'est pas le seul plan à être sous-doté. Comme l'ont déjà fait remarquer MM. les rapporteurs, la montée en charge du plan cancer se fait au détriment d'autres pathologies graves ; je pense aux maladies rares, aux hépatites ou encore à l'obésité. Pour les deux premières, les crédits sont en baisse de 50 % et, pour la dernière, les crédits du plan national nutrition santé baissent de 12, 7 %.

On peut aussi s'étonner de la forte baisse des crédits en ce qui concerne la lutte contre l'alcool et le tabac - ils diminuent de 36, 06 % - au moment même où l'on durcit la réglementation sur l'interdiction de fumer - c'est une bonne chose - et où est lancé un programme de lutte contre toutes les dépendances, y compris contre les médicaments et les jeux.

Pour en finir avec le thème de la prévention, j'ajouterai simplement, ce qui changera un peu la tonalité de mon intervention, que nous avons apprécié la clarté et la fermeté des propos du ministre de la santé sur deux sujets de santé publique importants : les publicités pour les produits alimentaires pour les enfants, notamment à la télévision, sujet sur lequel le groupe socialiste était intervenu avec beaucoup d'insistance en 2004, et la tentative de certains députés d'instaurer une sensibilisation des élèves aux bienfaits du vin. J'espère que cette fermeté perdurera !

Le programme « Offre de soins et qualité du système de soins » vise, quant à lui, à adapter le dispositif de soins pour qu'il puisse répondre aux besoins de la population en assurant une offre de soins de qualité, suffisante et accessible à tous. Ce programme est essentiel.

Pourtant, dans ce domaine, le budget de l'État n'intervient que pour moins de 1 % du total des dépenses effectuées à ce titre. Encore une fois, c'est l'assurance maladie qui finance la plus grande partie de ces actions.

Ce programme permet notamment de financer la formation médicale de nos futurs médecins. Ces crédits sont en hausse de 11 %. Pourtant je m'interroge, monsieur le ministre : cette hausse sera-t-elle suffisante pour financer l'instauration d'un stage en médecine générale lors du deuxième cycle des études médicales ?

La mise en place enfin effective de ce stage, aux cotés des stages hospitaliers, qui permettra aux étudiants de faire un choix éclairé sur leur filière de troisième cycle, et l'annonce officielle de la signature par le ministre de l'éducation nationale et le ministre de la santé de l'arrêté reconnaissant la médecine générale au sein du Conseil national des universités, sont de bonnes nouvelles. J'espère que cela permettra de résoudre certains problèmes de démographie médicale dont je vous ai déjà abondamment parlé et qui sont loin d'être réglés !

La discipline médecine générale doit maintenant concrètement être dotée des moyens de son enseignement et de sa recherche, ouvrant de véritables perspectives pour les médecins généralistes enseignants et les étudiants choisissant cette filière.

En parlant d'universités, je voudrais dire que les étudiants sages-femmes demandent « l'universitarisation » de leur diplôme, ce qui leur permettrait de s'insérer dans le système LMD, licence-master-doctorat, et d'ouvrir leur cursus vers d'autres filières, notamment via les équivalences, ainsi que vers la recherche.

Un rapport a été remis en ce sens cet été à M. le ministre de la santé. Quelles suites pensez-vous y donner ?

Quant aux ostéopathes, même si leur profession est parfois contestée par certains, ils attendent depuis cinq ans la publication des décrets d'application de l'article 75 de la loi du 4 mars 2002. Le Parlement également attend, car il souhaiterait que les textes adoptés soient suivis de la publication des décrets d'application !

Il semble qu'après la condamnation par le Conseil d'État le Gouvernement ait enfin réagi et s'apprête à publier des décrets. Quel sera leur contenu ? Respecteront-ils l'esprit dudit article 75, notamment en ce qui concerne l'usage du titre, la durée des études ou l'homologation des écoles de formation ?

Les ostéopathes qui manifestaient il y deux jours ont de sérieux doutes, puisque, pour ménager les médecins et les kinésithérapeutes, vous semblez avoir choisi la voie a minima, c'est-à-dire celle qui offre le moins de garanties tant pour la discipline que pour le patient.

De ce point de vue, monsieur le ministre, la France est très en retrait par rapport à nombre de pays de l'Union européenne.

En matière d'accès aux soins, l'essentiel des crédits prévus par le programme concernent la télémédecine - 1, 3 million d'euros - et la modernisation de notre système de soins. L'objectif est d'assurer à la population des conditions d'accès aux soins satisfaisantes et des délais raisonnables.

En tout état de cause, l'accès aux soins ne repose pas seulement sur les évolutions technologiques. Le premier accès aux soins, c'est de pouvoir être reçu par un médecin !

Nous devrions tous être choqués par ces médecins qui refusent de prendre en charge les patients bénéficiaires de la couverture maladie universelle, la CMU, ou de l'aide médicale de l'État, l'AME. C'est une attitude contraire au code de déontologie et elle doit faire l'objet de sanctions.

À cet égard, le silence des instances ordinales est tout aussi choquant. Il est inacceptable de se retrancher derrière des procédures administratives ou encore de prétendre que les bénéficiaires de la CMU ou de l'AME n'honorent pas leurs rendez-vous.

Nous ne pouvons que partager l'avis du Comité consultatif national d'éthique qui constate que les enjeux financiers pèsent de plus en plus sur le système de santé. Son président, le professeur Didier Sicard, a des propos très durs à l'égard de ces médecins devenus « obsédés par l'aspect financier » et qui « perdent leurs valeurs au détriment de celles qui entourent l'acte médical ».

Le Parlement a décidé de la CMU : elle doit être acceptée par tous les médecins !

Aujourd'hui, il faut réagir pour faire cesser ces agissements ; mais il ne faut pas simplement, comme le propose le rapporteur pour avis, informer les médecins qui connaissent parfaitement leurs obligations, il faut également sanctionner ceux qui refusent les soins.

C'est dans ce programme également qu'est prévue la subvention de l'État à la Haute autorité de santé, la HAS : elle s'élève à 1 million d'euros seulement en 2007, soit dix fois moins qu'en 2006 !

Vous justifiez cette baisse spectaculaire par une montée en charge plus lente que prévue des activités de la HAS. Cela s'explique aussi peut-être par le fait, monsieur le ministre, que le Gouvernement n'accorde pas à cette haute autorité la place qu'il devrait et qu'il se plaît à ignorer superbement certaines de ses recommandations !

Je pense notamment aux recommandations concernant l'internement forcé totalement ignorées dans le projet de loi relatif à la prévention de la délinquance. Et pour cause, c'est la notion de soins que la HAS met en avant.

Nous aurons l'occasion d'en reparler le 21 décembre prochain lorsque nous examinerons le projet de loi ratifiant l'ordonnance n° 2005-1040 du 26 août 2005 relative à l'organisation de certaines professions de santé et à la répression de l'usurpation de titres et de l'exercice illégal de ces professions et modifiant le code de la santé publique, ainsi qu'à l'occasion de la seconde lecture du projet de loi relatif à la prévention de la délinquance.

Cependant, dès maintenant, je tiens à vous dire, monsieur le ministre, que nous ne pouvons pas accepter que les articles 18 à 24 soient disjoints du texte pendant la navette, pour que vous puissiez prendre les mesures concernées par voie d'ordonnance.

En conclusion, les crédits de la mission « Santé » sont loin d'être satisfaisants. Leur faiblesse et leur inégale répartition ne peuvent absolument pas garantir l'efficacité de la politique de prévention et l'amélioration de l'offre de soins. Le rapporteur de la commission des affaires sociales en est conscient et n'a pas été exempt de critiques. Contrairement à lui - cela ne vous surprendra pas, monsieur le ministre -, nous en tirerons les conséquences en votant contre les crédits de la mission « Santé ».

Applaudissements sur les travées du groupe socialiste.

Debut de section - PermalienPhoto de Bernard Murat

Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, le projet de loi de finances pour 2007 confirme la priorité budgétaire et politique accordée par le Gouvernement au secteur de la santé ; en témoigne l'augmentation de près de 8 % des crédits de la mission « Santé » que nous examinons ce matin.

Compte tenu des contraintes qui pèsent sur le budget de l'État, le choix du Gouvernement de maintenir son effort financier n'avait rien d'évident ; il démontre ainsi que la santé est bien l'une de ses priorités.

Considérant le temps qui m'est imparti, je me contenterai, ce matin, d'aborder deux points du programme « Santé publique et prévention », programme qui, au sein de cette mission, concentre plus de 76 % des moyens alloués. Il se trouve d'ailleurs fortement renforcé cette année, prenant en compte les priorités de santé publique définies par le Président de la République.

En effet, les efforts en 2007 porteront essentiellement sur le financement de la troisième phase du plan cancer.

Vous comprendrez, mes chers collègues, qu'il me soit difficile d'accepter les propos que j'ai entendus ce matin tendant à opposer les budgets pour le cancer à ceux qui sont consacrés aux autres maladies. À l'évidence, le cancer n'est pas la seule maladie contre laquelle la santé publique doit lutter, mais il est clair aussi que, pour tous les malades du cancer et leurs familles, il n'est pas acceptable de marchander l'action prépondérante du Gouvernement dans ce domaine.

Debut de section - PermalienPhoto de Guy Fischer

Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit !

Debut de section - PermalienPhoto de Bernard Murat

Les familles des malades atteints du cancer apprécieront, comme le monde associatif !

Lutter contre le cancer est une priorité absolue. Grâce à l'engagement du Président de la République, qui a placé ce dossier au coeur de son mandat, à la mobilisation de tous les acteurs et de tous les moyens de lutte contre le cancer, la donne a changé. Des points ont été marqués, les résultats sont là et tout est fait afin de refuser la fatalité et mener ensemble ce combat pour la vie.

Des résultats ont été obtenus en matière de prévention. Les comportements commencent à changer. Je citerai la généralisation de l'offre du dépistage du cancer du sein à toutes les femmes de cinquante à soixante-quatorze ans, l'accès aux soins avec l'instauration d'un programme personnalisé de soins et le renforcement du traitement de la douleur, ainsi que l'accent mis sur la recherche avec la création de sept cancéropôles couvrant l'ensemble du territoire.

Toutefois, monsieur le ministre, il faut aller plus loin. Le dépistage systématique du cancer pour les femmes à partir de cinquante ans est une très bonne initiative, mais il me paraît indispensable d'abaisser l'âge du dépistage en dessous du seuil de vingt-cinq ans. En effet, tous ceux qui sont directement impliqués dans cette cause nationale savent que de plus en plus de jeunes femmes sont maintenant atteintes de ce cancer et que le traitement qu'elles subissent peut avoir des conséquences sur leur espérance d'être un jour mère. Donc, plus tôt on pourra dépister ce cancer, plus tôt on pourra anticiper sur le traitement et ainsi, peut-être, diminuer l'énorme choc psychologique que représente la maladie dans la perspective d'une vie de couple et d'une vie de mère.

Depuis son lancement, les moyens financiers alloués à la lutte contre le cancer sont en constante augmentation et atteindront 113 millions d'euros en 2007.

Comme l'a justement souligné notre excellent rapporteur, l'aboutissement de cet effort sans précédent engagé contre le cancer est à saluer, et nous espérons, monsieur le ministre, qu'il se poursuivra au-delà de 2007.

Pour les malades, pour leurs proches, pour la société tout entière, nous avons le devoir de poursuivre et d'amplifier ce combat pour la vie.

En Corrèze, j'ai lancé une vraie mobilisation pour la lutte contre le cancer. Professionnels de santé, issus du public comme du privé, représentants de l'État, élus, monde associatif, se sont ainsi fédérés autour d'un projet, il y a à peine neuf mois, pour la création d'un centre de cancérologie de la Corrèze qui a abouti à la signature, voilà quelques jours à peine, d'un protocole d'accord prévoyant son ouverture en 2008.

Ce centre aura pour vocation de réduire les délais entre le diagnostic et la prise en charge et de privilégier les aspects humain, économique, psychologique, social vis-à-vis des patients et de leurs familles, en particulier lors du retour à la vie normale. L'objectif est que le malade et sa famille n'aient plus qu'une seule préoccupation : la guérison et l'évitement des récidives.

L'ouverture de ce centre de cancérologie prévue en 2008 est la preuve que, lorsque l'on porte un projet de santé publique humaniste, tout le monde se mobilise, aussi bien les médecins, publics, privés, les politiques, le monde associatif.

Il se trouve qu'en Corrèze j'ai cosigné sept protocoles avec le président du conseil d'administration du centre hospitalier de Tulle, dont le nom est François Hollande.

Depuis que je suis président du syndicat interhospitalier de la Corrèze, nous avons mis en place de nombreux partenariats, dont le plus symbolique est l'utilisation par les médecins du public et du privé du tout nouvel appareil d'imagerie par résonance magnétique, l'IRM, de Brive, l'un des plus performants sur le marché. Donc, je crois qu'il faut arrêter d'opposer le public et le privé, c'est au contraire une spécificité française, c'est une chance pour les patients, c'est un choix qu'il faut privilégier.

Mais le cancer, j'en suis d'accord, n'est pas la seule maladie et la mobilisation en faveur de sa lutte ne doit pas se faire au détriment des autres plans de santé publique

Le premier programme national nutrition santé, le PPNS, qui a pour objet d'améliorer la santé de la population en promouvant la nutrition et l'activité physique, s'est achevé à la fin de l'année 2005 pour laisser place à un deuxième plan, le PNNS 2, rendu public, avec quelques mois de retard - je l'ai noté -, en septembre dernier.

Si le premier programme a bien permis une prise de conscience par les politiques et le grand public des risques liés à une alimentation trop riche, il n'a pas permis d'atteindre, à ce stade, l'objectif affiché de réduire de 20 % la prévalence du surpoids et de l'obésité chez les adultes et d'interrompre l'augmentation de celle des enfants.

Comme l'a souligné notre rapporteur, les problèmes de surpoids sont en constante augmentation. Selon une enquête récente, l'obésité touche désormais 12, 4 % des personnes de plus de quinze ans, contre 11, 3 % en 2003 et 8, 2 % en 1997. Au total, la France compterait près de six millions de personnes obèses, appartenant majoritairement aux catégories les plus défavorisées de la population. Il nous faut donc agir plus efficacement.

La ville de Brive ayant, dès 2005, signé la charte des villes actives du programme national nutrition santé, c'est, très sensibilisé à ces questions, que j'ai pris l'initiative, dans cette perspective, monsieur le ministre, de déposer dernièrement une proposition de loi visant à instituer un taux de TVA de 2, 1 % sur les fruits et légumes.

Ce que certains Français ont l'air d'oublier, en particulier les législateurs, c'est que les fruits et légumes, s'ils sont bons pour la santé, leur consommation étant justement préconisée pour lutter contre bien des maladies, en particulier le cancer, coûtent cher, monsieur le ministre §comme on peut le constater en faisant son marché, surtout à Paris.

Debut de section - Permalien
Philippe Bas, ministre délégué à la sécurité sociale, aux personnes âgées, aux personnes handicapées et à la famille

Je veux bien vous accompagner à Brive-la-Gaillarde !

Debut de section - PermalienPhoto de Bernard Murat

À Brive-la-Gaillarde, il est vrai, c'est déjà moins cher, mais le passage à l'euro n'a pas été sans conséquence.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Michel

M. Jean-Pierre Michel. Le marché de Brive-la-Gaillarde est bien pourvu !

Sourires

Debut de section - PermalienPhoto de Bernard Murat

Tout à fait ! Mais, malheureusement, consommer des fruits et des légumes frais, cela coûte très cher, ...

Debut de section - PermalienPhoto de Bernard Murat

... et les personnes les plus défavorisées sont celles qui en ont le plus besoin.

C'est pourquoi ma proposition de baisser la TVA sur les fruits et légumes va dans la bonne direction. Je sais que c'est très compliqué à mettre en oeuvre. Je suis prêt, monsieur le ministre, avec vos services, à chercher d'autres solutions, mais il faut impérativement mettre à la portée des personnes qui en ont le plus besoin la possibilité de consommer des fruits et des légumes. C'est ce que nous faisons, à Brive, au niveau des cuisines centrales.

En conclusion, monsieur le ministre, nous reconnaissons la détermination et l'engagement personnel dont vous avez fait preuve sur ce dossier. Je sais pouvoir compter sur vous pour que les axes prioritaires de ce nouveau plan trouvent, à échéance tout au moins, leur pleine mesure.

Ambition et détermination caractérisent votre action en matière de santé publique. Vous travaillez à l'instauration d'un système de santé plus moderne, mieux coordonné, moins cloisonné et davantage tourné vers le patient. Je ne peux que soutenir cette action. C'est pourquoi je voterai sans aucune hésitation les crédits de la mission « Santé ».

Applaudissements sur les travées de l'UMP.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Michel

Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, dans le laps de temps qui m'est imparti, j'essaierai d'aborder quatre questions distinctes.

Tout d'abord, s'agissant de la lutte contre le sida, je tiens à vous féliciter, monsieur le ministre, de votre engagement personnel. J'aurais aimé m'adresser à M. Xavier Bertrand pour le féliciter également, car, dans cette affaire, les paroles ont autant de valeur que les crédits.

Debut de section - Permalien
Philippe Bas, ministre délégué

C'est vrai !

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Michel

Peut-être avez-vous eu, comme moi, l'occasion de voir récemment, sur France 2, M. Xavier Bertrand confronté à l'équipe de M. Laurent Ruquier. Je donne acte à M. Bertrand, et je l'en félicite, d'avoir systématiquement repris les animateurs, sympathiques mais un peu légers, en leur demandant, à chaque fois qu'ils parlaient de « populations à risques », d'employer l'expression de « conduites à risques ». Cela mérite déjà d'être souligné.

Voilà pour les félicitations. J'en viens maintenant aux critiques.

Tout d'abord, j'évoquerai la psychiatrie et la toxicomanie.

Monsieur le ministre, pour le Gouvernement, les malades mentaux et les toxicomanes sont des délinquants en puissance...

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Michel

... puisque, ainsi que nous l'avons vu lors de l'examen du projet de loi relatif à la prévention de la délinquance - « relatif à la répression de la délinquance » me paraîtrait d'ailleurs plus adapté - ces deux thèmes y sont traités. Certes, le volet « psychiatrie » a été enlevé du texte, mais ce n'est qu'un léger progrès, qui n'en est d'ailleurs pas vraiment un, car, sur le fond, les articles concernant la santé mentale et la toxicomanie ne peuvent pas recueillir notre approbation ni celle des spécialistes en la matière.

Le plan de santé mentale 2005-2008 est un plan ambitieux, qui met à la charge de l'État seulement 17 millions d'euros. Malgré cela, en 2007, la dotation prévue n'est que de 3, 5 millions d'euros, en diminution par rapport à 2006.

Or - faut-il le rappeler ? - la santé mentale est véritablement le parent pauvre dans nos hôpitaux publics. Elle est sous-dotée, et il arrive d'ailleurs que les crédits affectés aux hôpitaux publics pour la psychiatrie soient dirigés vers d'autres secteurs, on le sait bien lorsqu'on siège dans des conseils d'administration d'hôpitaux publics.

Pourtant, de mon point de vue, des efforts considérables devraient être faits, au moins dans trois directions.

Premièrement, il faut prévoir l'établissement de relations constantes entre le secteur psychiatrique et les départements d'obstétrique et de pédiatrie. En effet, dernièrement, plusieurs faits divers, émouvants, ont été relatés dans la presse. De jeunes mères, à peine accouchées, n'avaient plus que l'envie de se débarrasser de leur enfant. Je suis persuadé que, si une assistance sociale et psychiatrique avait pu leur être apportée avant même l'accouchement, un certain nombre de ces drames auraient pu être évités.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Michel

Deuxièmement, concernant le développement de la pédopsychiatrie, aujourd'hui, le délai de réponse des pédopsychiatres aux demandes de rendez-vous, notamment des médecins scolaires - lorsqu'ils existent -, est très long, trop long. Or chacun sait que, si le délai est de trois ou six mois pour un rendez-vous, celui-ci devient inutile. Une réponse doit être apportée immédiatement aux adolescents qui la demandent, car, ensuite, cela peut poser un certain nombre de problèmes graves à la société et également représenter pour eux-mêmes un danger.

Troisièmement, en ce qui concerne le développement de la gérontopsychiatrie, on constate qu'un certain nombre de personnes âgées, qui sont atteintes de véritables troubles psychiatriques, sont en maisons de retraite ou dans des établissements plus ou moins médicalisées, alors qu'elles devraient être soignées ailleurs.

Donc, sur ces trois secteurs, un effort doit être fait.

Ainsi que mon collègue Jean-Pierre Godefroy l'a obligeamment annoncé, je voudrais à présent aborder le dossier de la toxicomanie.

À cet égard, je souhaite remercier M. le rapporteur pour avis de la commission des affaires sociales, et ce pour deux raisons.

D'abord, son rapport devant la commission a été relativement sévère, même si cela ne l'a tout de même pas conduit à s'abstenir sur le vote des crédits, ce qu'il aurait dû faire, me semble-t-il.

Sourires

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Michel

Ensuite, dans le cadre de son intervention à cette tribune, il a fait un compte rendu très précis de ce qui s'est passé en commission. Je lui sais gré de son impartialité et de son objectivité.

La présentation des crédits consacrés à la toxicomanie est, il est vrai, totalement illisible. Je l'avoue très humblement : je n'y ai rien compris ! Ainsi, certains crédits consacrés à cette question sont inscrits dans l'action « Déterminants de santé », alors même qu'il existe un programme « Drogue et toxicomanie ».

Le programme que je viens d'évoquer comporte les moyens budgétaires attribués à la mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie, la MILDT, pour 2007. Je remarque qu'ils sont en baisse ; peut-être cela traduit-il la position du Gouvernement...

En effet, on peut s'interroger : que privilégiez-vous en matière de lutte contre la toxicomanie ? Accordez-vous la priorité à la prévention et aux soins ou, au contraire, à la répression, c'est-à-dire à l'inscription de cette question dans le projet de loi relatif à la prévention de la délinquance ?

Si vous souhaitez favoriser la prévention et les soins, annoncez-le clairement, tirez-en les conséquences budgétaires et cessez de réduire, comme vous le faites, les crédits ! Je pense notamment à ceux qui sont consacrés - c'est un point très significatif - à l'expérimentation de nouveaux dispositifs de prise en charge des toxicomanes ou des personnes soumises à telle ou telle addiction. Dans votre projet de budget, ces dotations sont en baisse de 42, 5 % par rapport à l'année 2006. Ce volet de la politique de lutte contre la toxicomanie est ainsi réduit à la portion congrue.

C'est au travers de telles décisions que l'on peut mesurer la volonté, ou l'absence de volonté, de privilégier une démarche de prévention et de soins face à la toxicomanie, et non pas une approche purement répressive, même si, je le nie pas, celle-ci existe également.

À ce propos, monsieur le ministre, je constate que vous n'avez pas répondu à la principale question : quel est le régime juridique qui doit s'appliquer ? S'agit-il d'une loi purement répressive tendant, je le répète, à considérer comme des délinquants tous les consommateurs et les usagers, y compris ceux qui viennent se faire soigner dans les centres de distribution de méthadone et de Subutex, au vu et au su de la police ? Privilégiez-vous au contraire la prévention et les soins, ainsi que le donnent à penser les circulaires du ministère de la santé et des solidarités ? À mon avis, il y a là une incohérence que vous auriez pu, et même dû, soulever.

Avec l'autorisation de Mme la présidente, je voudrais enfin aborder la question des médecins, notamment sur deux points.

D'une part, hier, les étudiants en médecine générale ont manifesté dans les rues de nos villes. Pour ma part, j'ai reçu une délégation de ces étudiants l'année dernière. Nous le voyons bien, une réforme de ces études s'impose, faute de quoi aucun étudiant en médecine n'optera pour la médecine générale, ce qui aggravera les problèmes de démographie médicale que nous connaissons sur le terrain, notamment dans les départements ruraux, malgré les efforts du maire de Brive-la-Gaillarde !

M. Bernard Murat sourit.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Michel

D'autre part, et j'évoquerai de nouveau ce dossier dans le cadre d'une question orale, au mois de janvier, je souhaite parler du statut des praticiens hospitaliers détachés dans les associations participant au service public. Ce statut a été écorné une première fois en 2004, lorsque l'on a obligé ces professionnels à cotiser aux ASSEDIC. Puis, dans un récent arrêté, vous avez supprimé la possibilité de leur affecter 15 % de traitement supplémentaire pour compenser le fait qu'ils ne peuvent pas avoir d'exercice privé de leur profession.

En l'occurrence, je me place du point de vue non pas des médecins, mais des établissements. Aujourd'hui, dans l'ensemble de notre pays, un certain nombre de structures relevant de la loi de 1901 participent au service public de santé et aux services publics médico-sociaux. Or elles ont de plus en plus de difficultés à recruter des médecins et des praticiens hospitaliers, car les professionnels ne sont pas intéressés par le détachement et préfèrent rester dans les hôpitaux.

C'est donc une question importante sur laquelle, je le répète, je reviendrai au mois de janvier prochain.

Dans l'immédiat, comme l'a rappelé mon collègue Jean-Pierre Godefroy, le groupe socialiste ne votera évidemment pas le projet de budget de la mission « Santé ».

Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC.

Debut de section - Permalien
Philippe Bas, ministre délégué à la sécurité sociale, aux personnes âgées, aux personnes handicapées et à la famille

Madame la présidente, messieurs les rapporteurs, mesdames, messieurs les sénateurs, le projet de budget de la mission « Santé », que j'ai l'honneur de vous présenter, manifeste la priorité accordée par le gouvernement de Dominique de Villepin à ce dossier. En effet, et cela a été relevé par plusieurs orateurs, en raison de l'importance même des besoins, les crédits de la mission augmenteront de 8 % en 2007.

Pour leur part, les moyens budgétaires affectés au programme « Santé publique et prévention » progressent de 20 %, passant de 241 millions d'euros en 2006 à 290 millions d'euros en 2007. Nous réalisons un effort tout particulier sur le plan cancer, priorité présidentielle pour l'ensemble de ce quinquennat : il a reçu environ 100 millions d'euros l'an dernier et cette dotation a été portée à 123 millions d'euros cette année, auxquels s'ajoutent 1 million d'euros inscrits dans la mission « Sécurité sanitaire ».

Nous faisons également un effort supplémentaire pour le deuxième programme « Offre de soins et qualité du système de soins », qui est doté de 104 millions d'euros, soit une augmentation de 2, 3 %.

Quant au programme « Drogue et toxicomanie », ses crédits s'élèvent à 36, 5 millions d'euros. Mais il ne faudrait pas croire à une diminution. En effet, les 18 millions d'euros qui avaient été inscrits l'année dernière dans ce programme sur l'initiative de M. le rapporteur spécial sont reportés cette année dans le programme « Santé publique et prévention ». L'effort de lutte contre la drogue et la toxicomanie reste donc toujours aussi soutenu.

Notre système de santé a la réputation d'être l'un des plus favorables au monde. C'est non pas le Gouvernement qui le dit, mais l'Organisation mondiale de la santé.

Debut de section - Permalien
Philippe Bas, ministre délégué

Il est du devoir de l'État d'offrir à tous nos concitoyens non seulement les armes les plus efficaces pour lutter contre les grandes pathologies, mais également les moyens de s'en prémunir et de les prévenir, ainsi que l'égalité d'accès à des soins de qualité. C'est cette triple priorité qui a guidé notre action dans l'élaboration de cette mission « Santé » pour 2007.

À présent, je voudrais revenir sur chaque programme de la mission « Santé ».

Comme je le rappelais voilà un instant, le programme « Santé publique et prévention » disposera de 290 millions d'euros, soit une hausse de plus de 20 % par rapport à 2006. Cette progression s'explique tout d'abord par la montée en régime du plan cancer, auquel M. le rapporteur pour avis de la commission des affaires sociales, M. Murat et d'autres orateurs ont exprimé leur attachement.

Bien entendu, cette mission « Santé » vise également à assurer l'égalité d'accès à des soins de qualité. J'ai été particulièrement attentif aux propos de M. Othily sur l'outre-mer, la Guyane en particulier. Cette année, j'ai décidé d'élargir les conditions de financement des traitements prophylactiques et, compte tenu des problèmes posés par l'insuffisance de la démographie médicale, de lancer une mission conjointe de l'inspection générale des finances et de l'inspection générale des affaires sociales. Xavier Bertrand et moi-même en attendons les conclusions dans les prochaines semaines.

De même, monsieur Othily, nous sommes particulièrement attentifs aux zones franches sanitaires, que vous avez évoquées dans votre intervention.

Bien entendu, cette démarche doit s'inscrire dans une réflexion d'ensemble. En effet, il ne s'agit pas simplement d'aides financières pour inciter les médecins à s'installer sur certaines zones géographiques, comme le prévoient d'ailleurs plusieurs dispositifs comme la loi du 23 février 2005 relative au développement des territoires ruraux ou le plan pour la démographie médicale, qui a été présenté par Xavier Bertrand au début d'année 2006.

À côté des incitations financières, nous devons développer les mesures permettant d'améliorer la qualité de vie des médecins et de leur famille en créant un tissu éducatif et social de qualité pour pouvoir les attirer et les inciter à s'installer, ce qui est naturellement très important en outre-mer, comme d'ailleurs en métropole.

Je voudrais le souligner, la mission « Santé » du projet de loi de finances pour 2007 prévoit également de donner une nouvelle impulsion à la prévention. Ainsi, elle renforce le rôle de l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé, ou INPES, qui est doté de 24 millions d'euros sur le budget de l'État, soit une progression de 1, 4 million d'euros par rapport à 2006. Cela nous permettra d'entreprendre de nouvelles campagnes de prévention et d'information notamment autour des problèmes de la nutrition, que M. Murat a développés tout à l'heure, du plan cancer et aussi du plan contraception.

Monsieur Murat, vous avez souligné l'importance de la lutte contre le cancer. C'est une priorité nationale, qui est assignée par le Président de la République au Gouvernement depuis 2002. Le plan de lutte contre le cancer bénéficiera de 120 millions d'euros en 2007. Les crédits affectés à cette priorité nationale progresseront de près de 25 %.

Comme vous l'avez rappelé, notre volonté est de généraliser totalement le dépistage du cancer du sein, avec pour objectif un taux de participation des femmes concernées de 70 % à la fin de l'année 2006 et de 85 % à la fin de l'année 2007, en orientant tout particulièrement notre action vers les femmes les plus défavorisées et les plus difficilement atteignables par les campagnes de prévention.

À la fin de l'année 2006, la moitié des départements seront en situation de proposer le dépistage du cancer colorectal. Dès le début de l'année 2007, nous lancerons un troisième appel d'offres, afin de nous permettre de généraliser ce dépistage à tous les départements désireux de le mettre en place.

Une autre nécessité dans la mise en oeuvre du plan cancer est d'en prévenir l'apparition des causes, quand elles sont de nature environnementale ou liées aux habitudes de vie. Cela passe par la lutte contre l'alcoolisme et toutes les addictions. Je vous le rappelle, l'interdiction de fumer dans l'ensemble des lieux publics entrera en vigueur à partir du 1er février 2007. Comme vous le savez, un cancer sur quatre est lié au tabagisme, ce qui occasionne chaque année 34 500 décès. Il était important de prendre nos responsabilités pour combattre ce fléau, dont nous avons naturellement pris toute la mesure de longue date.

Le rôle de l'Institut national du cancer, l'INCa, comme tour de contrôle de l'ensemble du plan, se voit confirmé et renforcé, grâce à l'attribution d'une dotation de plus de 50 millions d'euros. L'effort public concernant la prévention et le traitement des infections sexuellement transmissibles, du Sida et des hépatites est également fortement augmenté, avec près de 100 millions d'euros.

Vous le voyez, nous attribuons 120 millions d'euros à la lutte contre le cancer et 100 millions d'euros pour la prévention et le traitement des maladies que je viens de mentionner. Ainsi, contrairement à ce que j'ai entendu tout à l'heure, le développement de la lutte contre le cancer ne s'effectue pas au détriment des autres actions de santé publique, qui sont évidemment tout aussi indispensables.

Cette dotation de 100 millions d'euros représente une progression de près de 12 millions d'euros par rapport à l'an dernier, ce qui nous ouvre de nouvelles capacités d'action à plusieurs titres.

Je voudrais d'abord évoquer le rôle des associations. Les crédits consacrés à la lutte contre le VIH seront reconduits à l'identique en 2007. Ceux de l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé représentent 23, 3 millions d'euros. Monsieur Milon, vous m'avez interrogé sur le budget total de cet établissement, qui a été adopté mercredi 6 décembre : il s'élève à 119, 7 millions d'euros, soit une hausse de près de 5 % par rapport à l'année précédente.

Parmi ces actions de prévention des maladies sexuellement transmissibles figurent également la mise à disposition du public du préservatif à vingt centimes d'euros, la mise en place généralisée de distributeurs de préservatifs dans les lycées et dans les hôpitaux, qui doivent contribuer au changement des comportements.

Comme vous l'avez souligné à juste titre, monsieur Michel, il n'y a pas de population à risques ; il y a des comportements à risques. M. le ministre de la santé et des solidarités le déclarait encore tout récemment.

Il s'agit également d'améliorer la qualité de vie des personnes atteintes de cette terrible maladie qu'est le Sida, tant à domicile qu'à l'hôpital. C'est la raison pour laquelle nous allons financer, en 2007, 150 nouvelles places en appartements de coordination thérapeutique.

D'autres actions tout aussi ambitieuses témoignent de notre volonté de ne délaisser aucun plan de santé publique. Je tenais à en apporter ici l'assurance, en particulier à MM. Milon et Murat.

En 2007, 47 millions d'euros seront consacrés au deuxième programme national nutrition santé, dont près de 5 millions d'euros sont inscrits dans la mission « Santé ». Je connais la forte mobilisation de beaucoup d'entre vous ici sur ce sujet, notamment la vôtre, monsieur Murat, qui avez fait signer dans votre belle ville de Brive-la-Gaillarde une charte en la matière.

D'ci à la fin de l'année, les premiers engagements des industriels de l'alimentaire seront signés dans le cadre du nouveau plan et porteront sur la composition nutritionnelle des aliments, sur leur présentation et sur leur promotion.

Vous savez que, à partir de l'année prochaine, obligation sera faite à ces industriels d'apposer un bandeau sur les publicités en faveur des aliments comportant des risques sur le plan nutritionnel, et que, à défaut, ils se verront imposer une taxe de 1, 5 % sur le montant des publicités, ce qui nous permettra d'améliorer notre lutte contre l'obésité.

Avec le dispositif « Santé mentale », qui finance une partie du plan « Psychiatrie et santé mentale », à hauteur de plus de 6 millions d'euros, nous avons voulu - je le dis à l'intention de M. Michel, qui est intervenu sur ce sujet tout à l'heure - adopter une démarche globale de prise en charge des troubles de la santé mentale, afin d'offrir à l'ensemble des patients, à tout moment de leur pathologie, des soins adaptés et de qualité.

Ce que nous souhaitons, en 2007, c'est renforcer tout particulièrement la prévention de la dépression et du suicide, qui est un grand fléau national - M. Godefroy a eu raison de le souligner -, notamment grâce à des campagnes d'information de l'INPES et à la formation des professionnels sur le terrain.

Je crois aussi nécessaire de développer les structures d'accueil téléphonique, notamment le soir, qui permettent, à ce moment de la journée souvent critique pour le passage à l'acte, de trouver quelqu'un à qui se confier et parfois d'éviter ainsi le pire. Nous nous donnons les moyens de développer ces centres d'appel téléphonique.

Avec la mission « Santé » du projet de loi de finances pour 2007, nous avons également la volonté d'améliorer la qualité de vie des malades. J'ai évoqué cet aspect à propos des appartements de coordination thérapeutique, mais c'est également l'enjeu du plan « Qualité de vie et maladies chroniques », que Xavier Bertrand lancera avant la fin de l'année. Plus globalement, la mission « Santé » contribue à hauteur de 6, 61 millions d'euros dans le cadre de l'action « Qualité de vie et handicaps ».

Tel est également le sens du plan « Périnatalité », auquel la mission « Santé » consacre près de 1, 25 million d'euros, qui doivent permettre notamment d'améliorer l'information de la femme enceinte sur les pratiques à risques pendant la grossesse.

Mesdames, messieurs les sénateurs, vous avez adopté l'été dernier le projet de loi relatif à la protection de l'enfance. Je voudrais répondre à M. Michel sur cette question absolument essentielle. Oui, il faut davantage de prévention. Oui, il faut faire en sorte que les futures mamans, quand elles se trouvent en situation de détresse mais qu'elles ont néanmoins décidé de garder leur enfant et de le mettre au monde, soient accompagnées. Pour cela, il convient de détecter leurs difficultés suffisamment tôt, c'est-à-dire chaque fois que l'on est en contact avec elles, ainsi qu'à la maternité, après la naissance de l'enfant.

C'est tout le sens du premier volet de ce projet de loi, dont je suis par ailleurs heureux de vous confirmer qu'il sera débattu à l'Assemblée nationale au mois de janvier prochain, afin, comme le souhaite le Président de la République, que la loi puisse entrer en vigueur avant la fin de la présente législature.

Cela dit, notre système de santé doit prendre en compte de nouveaux défis ; certes, bien souvent, nous les connaissons déjà, mais ils ont pris une importance toute particulière. Je pense, notamment, à la maladie d'Alzheimer, qui occasionne aujourd'hui 70 % des entrées en maisons de retraite et concerne 70 % des demandeurs de l'allocation personnalisée d'autonomie. Or, nous ne savons pas encore détecter ce mal dès ses premiers signes ; nous mettons en moyenne deux ans pour établir le diagnostic.

Pour remédier à cette situation, j'ai voulu que soit créée la visite de prévention pour les septuagénaires, de manière à leur proposer une consultation qui permettra de détecter en même temps d'éventuels problèmes d'équilibre, de nutrition ou cardio-vasculaires, indépendamment, bien sûr, des visites aux médecins généralistes que peuvent faire nos aînés quand ils souffrent de telle ou telle affection. Cette visite de prévention va permettre, je crois, d'améliorer la détection de la maladie d'Alzheimer.

Plus de 520 000 euros sont consacrés sur la mission « Santé » à la lutte contre cette maladie. Dans le cadre de la loi de financement de la sécurité sociale, nous allons augmenter de façon considérable les structures d'accueil de jour : 2 500 nouvelles places créées par an, pendant cinq ans.

Mais l'effort de recherche sur la maladie d'Alzheimer doit être lui aussi important. Le Premier ministre, Dominique de Villepin, a voulu faire de la recherche sur ce type de maladie une grande cause nationale pour 2007. Nous en trouvons la traduction dans l'effort budgétaire qui leur sera consacré l'an prochain : 20 millions d'euros supplémentaires pour la recherche sur les maladies du cerveau sont inscrits dans le programme que M. François Goulard vous a présenté dans la mission « Recherche et enseignement supérieur ».

La prévention est l'élément central du troisième programme de la mission « Santé », le programme « Drogue et toxicomanie ».

À cet égard, il s'agit de renforcer, en 2007, la coordination des volets sanitaire, préventif et répressif de la lutte contre la toxicomanie, en accentuant le rôle du centre interministériel de formation antidrogue et de la mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie. Celle-ci a pour vocation de coordonner des services dépendant de plusieurs ministères différents ; elle s'acquitte de cette tâche grâce à des chargés de mission. Elle est placée directement auprès du Premier ministre, et non auprès du ministre de la santé ou du ministre de l'intérieur, comme certains le souhaitaient en d'autres temps.

Le caractère interministériel de cette mission doit être souligné, car il est la condition même de son efficacité. Il nous faut réussir à mettre autour de la table aussi bien ceux qui s'occupent de lutte contre l'exclusion que ceux qui sont en charge de la santé et de la répression, pour fédérer toutes les énergies.

Le travail de coordination effectué par cette mission interministérielle appelle une clarification des rôles entre l'administration du ministère de la santé, qui finance des actions sanitaires, et la mission interministérielle, dont le rôle de coordination, j'y insiste, doit être accentué.

C'est la raison pour laquelle le Gouvernement a souhaité, après l'expérience que nous avons menée cette année, attribuer directement à la mission interministérielle la gestion des crédits de subventions aux associations et rétablir l'organisation qui prévalait avant, même si ce choix pose des problèmes de cohérence s'agissant de la présentation de notre programme, ce que Jean-Jacques Jégou a eu raison de souligner.

Je tiens, cependant, à préciser que nous privilégions l'aspect pratique des choses à la lisibilité, sans naturellement être pour autant fermés à de nouvelles évolutions qui pourraient conduire, un jour, à regrouper le programme « Drogue et toxicomanie » et le programme « Santé publique et prévention », puisqu'il s'agit en effet, pour le ministère en charge de la santé, d'actions qui portent sur la prévention.

Le Gouvernement a, par ailleurs, annoncé, le 15 novembre dernier, un plan global de prise en charge et de prévention contre les addictions, souhaité par le Président de la République. Le suivi en sera confié à la commission « addictions ». Ce plan mobilise, en 2007, 77 millions d'euros dans le cadre d'un engagement quinquennal : chaque année pendant cinq ans, en effet, lui sera consacrée une enveloppe de 77 millions d'euros.

Je voudrais répondre sur ce point à M. Guy Fischer que nous veillons naturellement à ce que les jeunes bénéficient particulièrement de ces actions. À cet égard, monsieur le sénateur, je tiens à préciser que les étudiants ne sont pas seuls concernés ; ces actions s'adressent également aux apprentis et aux jeunes en activité ou en recherche d'emploi.

Debut de section - Permalien
Philippe Bas, ministre délégué

Monsieur Milon, vous connaissez notre engagement dans la lutte contre la consommation excessive d'alcool. Les « États généraux de l'alcool », que nous avons clôturés le mardi 5 décembre, ont été l'occasion d'une véritable mobilisation citoyenne et nous ont rappelé combien il était important de mener une politique davantage ciblée en direction des jeunes et des femmes enceintes ; Xavier Bertrand a particulièrement insisté sur ces points.

Un arrêté a été pris le 3 octobre dernier sur le syndrome d'alcoolisation foetale, ou SAF, dont vous avez à juste titre évoqué la gravité. En effet, aujourd'hui, ce sont 3 000 à 5 000 enfants qui naissent chaque année affectés par ce très grave syndrome. Dans ce domaine, la France se veut pionnière. Les décisions prises dans cet arrêté obligent à apposer, d'ici à 2007, un pictogramme symbolisant le danger que représente la consommation d'alcool pour la femme enceinte, ce qui permettra de diminuer le nombre de nouveaux-nés atteints par le SAF.

Pour être efficace, cette politique d'ensemble repose d'abord sur les associations de terrain, situées au plus près des populations concernées. Il convient de privilégier le lien qu'elles entretiennent avec des personnes souvent difficiles à joindre. Dans ce but, il faut continuer à leur accorder la priorité.

Je voudrais, enfin, vous présenter le programme « Offre de soins et qualité du système de soins », qui sera doté de 104, 17 millions d'euros, ce qui représente une augmentation de 2, 29 % par rapport à l'an dernier. Ce programme est important pour le pilotage, la coordination et donc l'efficacité des différentes actions que nous entreprenons dans ce domaine.

Une dotation de 67 millions d'euros est accordée à la formation, au financement des avancées dans le domaine de la télémédecine et à la mise en place d'une politique de dynamisation de la recherche à l'hôpital.

Monsieur Jégou, vous vous interrogez, dans votre rapport, sur le nombre d'internes qui seront concernés par le dispositif année recherche. Je vous indique donc qu'ils seront 166 en 2007.

En réponse à M. Milon, je veux aussi souligner qu'un effort tout particulier a été fait en direction de la formation, grâce à la mise en place du stage de médecine générale pendant le deuxième cycle, auquel ce programme consacre 5 millions d'euros pour la présente année universitaire.

L'objectif est de faire connaître le plus tôt possible le métier de généraliste en cabinet libéral, pour améliorer l'attractivité de cette spécialité de premier recours qui n'est pas suffisamment choisie, aujourd'hui, par les étudiants en médecine.

Je vous rappelle que Xavier Bertrand a signé le 20 octobre dernier, avec François Goulard, un arrêté inscrivant la médecine générale au conseil national des universités. Vous voyez donc que nous ne baissons pas les bras, au contraire ! Nous nous engageons pour développer cette filière.

Le programme « Offre de soins et qualité du système de santé » a pour objectif de soutenir la modernisation de notre système de santé. Nous accompagnons l'action de toutes les agences nationales, notamment la Haute autorité de santé et l'Agence technique d'information sur l'hospitalisation, l'ATIH, mais aussi celle des agences régionales de l'hospitalisation, qui recevront un soutien financier de 22 millions d'euros pour leur mission de coordination.

Monsieur Jégou, le Gouvernement s'est doté de leviers d'action pour atteindre les ambitieux objectifs nationaux quantifiés qui figurent dans les contrats passés entre l'État et les agences régionales. Ainsi, par exemple, en matière de régulation régionale de l'offre de soins, pour favoriser le développement de la chirurgie ambulatoire, celle-ci passera à 100 % en tarification à l'activité dès 2007.

Voilà, mesdames, messieurs les sénateurs, en quelques mots, les réponses que je pouvais apporter aux différents orateurs qui se sont exprimés, au premier rang desquels les deux rapporteurs, en remerciant chacun d'entre eux pour l'attention qu'ils ont apportée à la préparation de ce débat.

Applaudissements sur les travées de l'UMP et de l'UC-UDF, ainsi que sur certaines travées du RDSE.

Debut de section - PermalienPhoto de Michèle André

Nous allons procéder à l'examen de l'amendement portant sur les crédits de la mission « Santé » figurant à l'état B.

Mission

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

Santé

Santé publique et prévention

Offre de soins et qualité du système de soins

Drogue et toxicomanie

Debut de section - PermalienPhoto de Michèle André

L'amendement n° II-30, présenté par M. Jégou, au nom de la commission des finances, est ainsi libellé :

Modifier comme suit les crédits des programmes :

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

Santé publique et prévention

Offre de soins et qualité du système de soins

Drogue et toxicomanie

TOTAL

SOLDE

La parole est à M. le rapporteur spécial.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Jacques Jégou

Je ne m'étendrai pas longuement sur le bien-fondé de cet amendement. Pour la commission des finances, il s'inscrit dans la logique même de la LOLF.

La présentation des programmes de cette mission, monsieur le ministre, mérite une clarification. Pour avoir effectué un contrôle sur place, il me semble qu'aucun des acteurs intéressés n'y a mis du sien...

Debut de section - Permalien
Philippe Bas, ministre délégué

Je le conteste !

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Jacques Jégou

Je réitère donc la proposition que nous avions faite l'an dernier, mais je ne veux pas méconnaître non plus les informations qui m'ont été transmises : j'ai notamment reçu une lettre du président de la MILDT, qui exprime le désarroi que lui inspire sa situation.

Monsieur le ministre, vous avez également évoqué du haut de cette tribune la possibilité de regrouper le programme « Drogue et toxicomanie » avec le programme « Santé publique et prévention ». Cette proposition me conviendrait et tout le monde semble d'accord, mais comme elle ne vaut que pour l'avenir, je maintiens mon amendement.

Je propose donc de revenir à la position adoptée l'année dernière par la commission des finances et la commission des affaires sociales, bien que j'aie entendu mon ami Alain Milon constater des dysfonctionnements dans l'exécution de ce programme.

Plusieurs orateurs l'ont dit, même si je ne partage pas la totalité de leurs conclusions, cette mission exige une transparence totale. Dans le cadre de la LOLF, vous savez bien, monsieur le ministre, qu'il serait plus clair de réintégrer la masse salariale dans ce programme « Drogue et toxicomanie » afin que nous puissions assurer le contrôle parlementaire, c'est-à-dire nous assurer que les meilleurs résultats sont bien obtenus aux meilleurs coûts.

Debut de section - Permalien
Philippe Bas, ministre délégué

Je souhaite, d'abord, remercier M. le rapporteur spécial. Le débat qu'il a ouvert l'année dernière, avec un premier vote du Sénat qui avait inscrit ces crédits dans le programme « Drogue et toxicomanie », était totalement justifié, autant le dire.

Il est vrai que, du point de vue de la lisibilité du travail parlementaire, il peut sembler bizarre de trouver des crédits concernant la toxicomanie dans un programme sur la prévention de santé, alors qu'un autre programme, qui traite de la toxicomanie, ne comprend pas tous les crédits en la matière. Je comprends donc la logique de clarification qui vous inspire.

Mais, comme je l'indiquais à l'instant à la tribune, après avoir essayé, en toute bonne foi, de mettre en oeuvre le dispositif que vous souhaitiez, il s'est avéré que ses implications pour la gestion administrative sur le terrain avaient peut-être été mal perçues l'an dernier. Nous avons constaté que cette mission interministérielle, placée auprès du Premier ministre, se voyait ainsi confier la gestion de crédits qui supposent la passation de conventions avec de très nombreuses associations, alors qu'elle n'est pas outillée à cette fin. Ainsi s'expliquent les difficultés que vous avez pu constater par vous-même sur le terrain, monsieur le rapporteur.

Même si le Gouvernement est très attaché, pour des raisons de bonne gestion, à ce qu'on laisse, en 2007, les crédits destinés à la lutte contre la toxicomanie du ministère de la santé sur le programme « Santé publique et prévention », ce débat est très constructif parce qu'il a le mérite de poser une question légitime que nous sommes tout à fait prêts à étudier. Je prends l'engagement ferme d'entamer ce travail dans les semaines qui viennent, afin que tout soit prêt l'année prochaine.

Réunir le programme « Drogue et toxicomanie », qui est un programme de prévention, et le programme « Santé publique et prévention », qui pourrait tout à fait l'incorporer, me paraît être une bonne idée. Je réaffirme donc la disponibilité du Gouvernement pour travailler dans le sens que vous souhaitez, afin de clarifier la présentation de cette mission, dans l'esprit même de la LOLF qui n'a pas prévu de multiplier les programmes à l'intérieur des missions. En attendant, il est vraiment vital, pour la bonne exécution de ces crédits, de maintenir leur inscription dans le budget de l'administration qui est capable de passer les conventions avec les associations de lutte contre la toxicomanie.

Sous le bénéfice de ces explications, je comprends très bien que vous ne retiriez pas votre amendement, mais je demande à la Haute Assemblée de bien vouloir le rejeter, en vous réitérant toutes les assurances concernant le travail que nous pouvons engager ensemble sans attendre.

Debut de section - PermalienPhoto de Michèle André

La parole est à M. le président de la commission des finances.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean Arthuis

Je voudrais vous remercier, monsieur le ministre, pour les précisons que vous venez d'apporter et l'engagement que vous avez pris.

Pour aller dans votre sens, c'est-à-dire regrouper les deux programmes concernés, nous pouvons rectifier notre amendement et vous proposer de basculer les crédits du programme « Drogue et toxicomanie » sur le programme « Santé publique et prévention ». Vous auriez ainsi, dès le 1er janvier 2007, l'ensemble des crédits que vous souhaitez utiliser réunis dans un seul programme.

Debut de section - Permalien
Philippe Bas, ministre délégué

J'aimerais pouvoir répondre positivement à cette initiative du président de la commission des finances, qui fait progresser notre débat. Mais je ne voudrais pas prendre des dispositions dans ce domaine, sans tenir compte du fait que cette ligne budgétaire consacrée à la toxicomanie ne comporte pas que des crédits de prévention ; il inclut aussi des crédits destinés à la santé. Je souhaiterais également pouvoir consulter le monde associatif et les responsables de la MILDT avant de prendre une décision.

C'est pourquoi je vous ai proposé de commencer un travail en commun très rapidement, plutôt que de régler cette question sans concertation au cours de ce débat parlementaire.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Milon

J'interviens à titre personnel pour demander qu'on définisse bien le périmètre de la MILDT. Cette mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie coordonne l'action de diverses administrations, le ministère de la santé, bien sûr, mais aussi les ministères de l'éducation nationale et de l'intérieur, et est placée actuellement sous l'autorité du Premier ministre.

Je crains que les suggestions que nous venons d'entendre, qu'il s'agisse de l'amendement de notre collègue M. Jégou ou des propositions de M. le ministre, n'aboutissent à supprimer, au bout du compte, cette mission interministérielle. Telle n'est bien évidemment pas votre intention, mais ce serait peut-être son résultat in fine.

Je propose que nous rediscutions de ces problèmes dans le courant de l'année qui vient. À titre personnel, je ne voterai donc pas l'amendement de M. Jégou. Je demande simplement que l'on repositionne les missions du budget et la MILDT dans leur véritable contexte.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Jacques Jégou

J'ai bien entendu les précédents orateurs et je suis heureux que nous ayons ce débat.

Si je ne retire pas cet amendement, monsieur le ministre, ce n'est pas pour vous être désagréable, mais c'est parce que je pense qu'il répond à la logique de la situation actuelle.

Je voudrais dire à nos collègues ici présents qui ne sont pas membres de la commission des finances, quelles que soient leurs convictions, qu'au-delà de la transparence financière la commission est aussi très attachée à l'efficacité de l'action. Comme l'a dit Alain Milon, la vocation interministérielle de cette mission répond-elle à cette exigence d'efficacité ? Dans cette affaire, il faut être non pas idéologue, mais pragmatique.

Ce que nous voulons tous, parlementaires, professions médicales, paramédicales et associations qui luttent contre ce fléau de la société contemporaine, ce sont des résultats ! Nous voulons que moins de personnes soient touchées par la drogue et la toxicomanie, un effort particulier étant accompli envers la jeunesse ! Il faudrait, de toute façon, remettre à plat le dispositif pour s'assurer qu'on atteigne une efficacité maximale.

Pardonnez-moi de finir sur cet aspect financier : la LOLF ne méconnaît pas les aspects pratiques de l'action des pouvoirs publics ; au contraire, elle offre des possibilités d'améliorer l'efficacité de cette action.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Jacques Jégou

Il nous faut donc trouver une solution à ce problème particulier. Dans le contexte actuel, en mon âme et conscience de rapporteur spécial de la commission des finances, je ne peux que maintenir cet amendement. Je tomberai au champ d'honneur, mais ce n'est pas grave !

L'amendement n'est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Michèle André

Nous allons procéder au vote des crédits de la mission « Santé » figurant à l'état B.

Je n'ai été saisi d'aucune demande d'explication de vote avant l'expiration du délai limite.

Je mets aux voix les crédits de la mission.

Debut de section - PermalienPhoto de Michèle André

Le Sénat va examiner les crédits de la mission « Solidarité et intégration » (et articles 53 à 56).

La parole est à M. le rapporteur spécial.

Debut de section - PermalienPhoto de Auguste Cazalet

Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, avant leur examen par l'Assemblée nationale, les crédits de la mission interministérielle « Solidarité et intégration » atteignaient 12, 2 milliards d'euros, répartis selon sept programmes d'importance inégale. L'Assemblée nationale les a toutefois réduits de 61, 4 millions d'euros, afin de gager les ouvertures de crédits opérées, par ailleurs, dans le cadre de la seconde délibération demandée par le Gouvernement.

Quoi qu'il en soit, les crédits budgétaires ne donnent pas une vision exhaustive de cette mission. Je souhaiterais souligner l'importance des dépenses fiscales, qui contribuent à titre principal au financement des actions menées dans le cadre de cette mission : elles s'élèveront à 12, 9 milliards d'euros en 2007, soit légèrement plus que les crédits budgétaires.

Cela étant posé, avant de mettre en évidence les principaux éléments des différents programmes, je voudrais faire deux remarques transversales.

Tout d'abord, cette mission comprend un programme support qui rassemble des crédits de personnel de programmes relevant de trois missions différentes. La commission des finances s'était, dès le départ, prononcée contre cette solution. Elle souhaite donc que le ministère de la santé et des solidarités reconsidère ce choix.

Ensuite, la principale caractéristique de cette mission réside dans l'étroitesse des marges de manoeuvre dont paraissent disposer les gestionnaires.

En effet, les dépenses les plus importantes, comme celles qui sont liées au financement de l'AAH, l'allocation aux adultes handicapés, ou de l'API, l'allocation de parent isolé, sont difficilement maîtrisables, dans la mesure où elles répondent à une logique de guichet au profit des personnes concernées.

En outre, plusieurs dépenses font l'objet de sous-évaluations récurrentes, qui préemptent les marges de manoeuvre des gestionnaires. Cela se traduit, en particulier, par la formation de dettes de l'État à l'égard de la sécurité sociale : pour cette seule mission, le montant de ces dettes est évalué à près de 1, 2 milliard d'euros au 30 juin 2006.

Je souhaiterais maintenant faire quelques observations concernant les différents programmes. Certains points seront abordés à l'occasion de l'examen des amendements déposés par la commission des finances.

Je voudrais mettre en relief deux éléments relatifs au programme « Prévention de l'exclusion et insertion des personnes vulnérables ».

D'une part, 136, 5 millions d'euros sont prévus pour le dispositif d'hébergement d'urgence. Celui-ci est traditionnellement sous-doté en loi de finances, mais on a pu observer, en 2006, une amélioration de l'évaluation initiale des besoins, ce qu'il convient de saluer. Cependant, les crédits prévus ne devraient probablement pas être suffisants pour faire face aux besoins en 2007.

D'autre part, je dois souligner l'effort budgétaire consenti en faveur des Français rapatriés, puisque ce sont 168 millions d'euros de crédits qui seront mobilisés à ce titre en 2007. Cela témoigne de la volonté du Gouvernement d'accorder à ces personnes toute la reconnaissance qu'elles méritent.

Debut de section - PermalienPhoto de Auguste Cazalet

Je souhaite toutefois que le Gouvernement nous éclaire sur certaines données apparaissant dans la justification au premier euro.

En effet, 1 600 personnes devraient bénéficier, s'agissant de l'allocation de reconnaissance versée aux harkis, d'une sortie en capital de 30 000 euros. Ces personnes ne devraient plus, dans ce cas, percevoir de rente. Or, selon la justification au premier euro, 1 581 personnes bénéficiant de l'allocation de base de 1 926 euros apparaissent dans la catégorie des personnes optant pour la sortie en capital de 30 000 euros. Je souhaite donc, monsieur le ministre, que vous nous apportiez des précisions sur ce point.

Le programme « Accueil des étrangers et intégration » s'inscrit dans un contexte de diminution du nombre des demandes d'asile. Le ministère met également en avant la réduction du délai de traitement des demandes d'asile par l'OFPRA, l'Office français de protection des réfugiés et apatrides, et la Commission de recours des réfugiés pour justifier la maîtrise des dépenses.

Cependant, notre collègue Adrien Gouteyron a montré que les objectifs n'étaient pas atteints dans ce domaine.

Ce programme comprend, notamment, les crédits relatifs aux centres d'accueil pour les demandeurs d'asile, les CADA : 163 millions d'euros sont prévus à ce titre en 2007, et un nouvel effort est réalisé pour ajuster aux besoins le nombre de places en CADA, puisque 1 000 nouvelles places seront créées, ce qui portera à 20 700 le nombre de places de CADA disponibles à la fin de 2007.

En parallèle, la dotation prévue au titre de l'hébergement d'urgence des demandeurs d'asile est très nettement revue à la baisse, ce qui paraît optimiste compte tenu des redéploiements de crédits qui ont dû être opérés cette année.

De la même manière, on peut s'étonner du montant prévu pour le financement de l'allocation temporaire d'attente, qui succède à l'allocation d'insertion. Les crédits prévus à ce titre passeraient ainsi de 126 millions d'euros en 2006 à 38 millions d'euros en 2007. Je souhaite, monsieur le ministre, que vous nous expliquiez les raisons d'une évolution aussi brutale.

Le programme « Actions en faveur des familles vulnérables » comporte essentiellement le financement de l'allocation de parent isolé. Le nombre de bénéficiaires devrait augmenter, mais le montant moyen de l'API devrait diminuer fortement, en raison des dispositions de l'article 56 du projet de loi de finances. L'État réaliserait une économie de plus de 130 millions d'euros à ce titre, mais il s'agit, pour une large part, d'un transfert de charges vers la Caisse nationale d'allocations familiales.

J'observe également que le montant des dettes de l'État au titre de l'API est supérieur à 230 millions d'euros.

Le programme « Handicap et dépendance » est le plus lourd de la mission, puisque l'allocation aux adultes handicapés absorbe, à elle seule, 46 % de ses crédits. Ce programme ne représente toutefois que 17 % de la dépense publique totale consentie en 2006 au profit des personnes handicapées.

Je souhaite que le Gouvernement nous précise les hypothèses d'évolution des sommes inscrites au titre de l'AAH, dans la mesure où les données qui figurent dans le projet annuel de performance et celles de la commission des comptes de la sécurité sociale ne concordent pas.

J'en viens maintenant au programme « Protection maladie ».

Je m'en tiendrai à une brève observation relative à l'aide médicale de l'État, dans la mesure où nous aborderons à nouveau ce sujet à l'occasion de la présentation des amendements.

En effet, la dotation prévue pour financer le dispositif de l'aide médicale de l'État est stable, ce qui constitue une sous-évaluation regrettable - et récurrente - des besoins. Au 30 juin 2006, les dettes de l'État à l'égard de la sécurité sociale, pour cette seule dépense, s'élevaient à presque trois fois les crédits inscrits en loi de finances initiale. En outre, les dépenses liées à l'aide médicale de l'État repartent à la hausse. La dotation inscrite à ce titre dans le projet de loi de finances est donc manifestement sous-évaluée, ce que je regrette.

Je conclurai mon intervention en évoquant le programme « Égalité entre les hommes et les femmes », dont les crédits sont de loin les plus faibles de la mission, puisqu'ils atteignent 28, 3 millions d'euros.

La commission des finances s'interroge sur l'efficacité et la pertinence de certaines dépenses, compte tenu de la faiblesse des sommes prévues par rapport aux enjeux, mais également par rapport aux moyens engagés par d'autres acteurs, comme la Caisse nationale d'allocations familiales.

Au bénéfice de ces observations et des amendements qu'elle présentera, la commission des finances propose au Sénat d'adopter les crédits de la mission « Solidarité et intégration » pour 2007.

Applaudissements sur les travées de l'UMP et de l'UC-UDF.

Debut de section - PermalienPhoto de Paul Blanc

Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, je ne reviendrai pas dans le détail sur la présentation chiffrée des crédits de la mission « Solidarité et intégration », notre collègue Auguste Cazalet nous ayant déjà largement et brillamment apporté les précisions nécessaires.

Je voudrais simplement saluer la prouesse réalisée par le Gouvernement : financer, à enveloppe presque constante, les deux priorités que sont la poursuite de la mise en oeuvre du plan de cohésion sociale et la montée en charge de l'application de la loi pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, dite loi « Handicap ».

Je centrerai mon propos sur les points qui ont plus particulièrement retenu l'attention de la commission des affaires sociales.

En ce qui concerne tout d'abord les aspects positifs, ce projet de budget permet à l'État d'honorer ses engagements au titre du plan de cohésion sociale, notamment la mise en oeuvre des programmes de création de places en centres d'hébergement et de réinsertion sociale, les CHRS, en maisons relais et en centres d'accueil pour les demandeurs d'asile.

Pour ce qui concerne les CHRS, si des progrès ont été accomplis, il me semble cependant nécessaire de poursuivre le recentrage du dispositif sur les publics les plus en difficulté. Cela suppose d'accélérer le relogement dans le parc social et de renforcer les capacités d'accueil destinées aux demandeurs d'asile, encore trop présents dans ces structures. Je présenterai également un amendement visant à transférer des crédits au profit de l'assainissement de la situation financière des CHRS, rejoignant en cela les préoccupations de mon collègue Auguste Cazalet.

Par ailleurs, la commission des affaires sociales ne peut que suivre avec attention l'entrée en vigueur, fût-elle progressive, de la loi « Handicap » du 11 février 2005 : la quasi-totalité des départements ont désormais mis en place leur maison départementale des personnes handicapées, chargée d'instruire les premières demandes de prestation de compensation du handicap. Cette prestation constitue un véritable progrès pour les personnes concernées, car elle leur donne les moyens de faire face aux effets réels de leur handicap ; j'observe ainsi que les montants attribués sont supérieurs de 80 % à ceux qui étaient versés au titre de l'ancienne allocation compensatrice pour tierce personne.

L'État poursuit également ses efforts en matière de création de places en établissements et services d'aide par le travail, les ESAT, qui succèdent aux centres d'aide par le travail, et en établissements et services pour adultes et enfants lourdement handicapés. Ces nouvelles places seront réparties au travers des programmes interdépartementaux d'accompagnement des handicaps et de la perte d'autonomie, les PRIAC, non plus sur le fondement d'une clé de répartition abstraite, mais en fonction des opérations prioritaires pour équilibrer l'offre d'accueil, ce dont, bien entendu, je me réjouis.

J'en viens maintenant à des observations plus critiques, mais, comme vous le savez, monsieur le ministre, qui aime bien, châtie bien !

Notre commission regrette, d'abord, la grande imprécision des hypothèses qui fondent les demandes de crédits relatives aux différents minima sociaux. Ainsi, la dotation prévue pour l'AAH sous-estime les besoins liés à la montée en charge des nouveaux compléments de cette allocation, et ne tient pas compte du dérapage observé en 2006. Pour l'API, c'est l'hypothèse de croissance du nombre de bénéficiaires qui pèche par excès d'optimisme. Ajoutons, enfin, que l'État a également dû ouvrir une enveloppe complémentaire de 470 millions d'euros au titre du RMI, car les recettes transférées aux départements pour son financement se sont révélées nettement insuffisantes.

Cette sous-estimation des besoins n'est pas nouvelle : l'ampleur de la dette de l'État à l'égard de la branche famille au titre de ces différentes prestations - 376 millions d'euros -prouve largement son caractère chronique. C'est pourquoi notre commission vous proposera un amendement tendant à redéployer les crédits nécessaires à un apurement, au moins partiel, de ces dettes.

Un autre poste de dépense est également systématiquement sous-évalué : celui qui est relatif à l'aide médicale de l'État, l'AME ; Auguste Cazalet y a fait référence. La situation est désormais critique : les deux décrets qui encadraient les conditions d'accès à cette aide, et qui devaient permettre d'enrayer la dérive des dépenses, ont été annulés par le Conseil d'État, le 7 juin dernier.

Dans ces conditions, comment imaginer que les crédits prévus pour 2007, qui sont l'exacte reconduction de ceux de 2006, puissent être suffisants ? Fin 2007, si rien n'est fait, la dette de l'État à l'égard de l'assurance maladie au titre de l'AME devrait atteindre plus de un milliard d'euros ! C'est la raison pour laquelle notre commission vous proposera, là encore, de redéployer des crédits pour apurer une partie de la dette accumulée.

Notre commission s'inquiète également du fait qu'une partie de la réforme de 2005 en matière de droit à compensation du handicap reste encore lettre morte : aujourd'hui, en effet, seuls 50 % des départements ont effectivement mis en place un fonds de compensation pour aider les personnes handicapées à couvrir les frais restant à leur charge après déduction des sommes versées au titre de la prestation de compensation.

Même lorsque le fonds existe, le versement des aides aux personnes handicapées est empêché par une interprétation extrêmement restrictive de ses possibilités d'intervention. Or, en l'absence d'intervention de ces fonds, l'importance du reste à charge pour les personnes handicapées décourage l'acquisition d'aides techniques pourtant indispensables à leur qualité de vie.

Cette question de la limitation du reste à charge avait, d'ailleurs, largement mobilisé notre commission lors du vote de la loi de 2005. Il est donc logique qu'elle vous propose un amendement pour rendre effective cette garantie essentielle pour les personnes handicapées.

Sous le bénéfice de ces observations, et sous réserve des amendements qu'elle vous présentera, la commission des affaires sociales a émis un avis favorable à l'adoption des crédits de la mission « Solidarité et intégration » pour 2007.

Applaudissements sur les travées de l'UMP et sur le banc des commissions.

Debut de section - PermalienPhoto de Gisèle Gautier

Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, en ma qualité de présidente de la délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes, je concentrerai mon intervention sur les crédits consacrés à l'action publique en faveur des droits des femmes dans le projet de loi de finances pour 2007.

Je constate que, dans le cadre de la mise en oeuvre de la LOLF, un programme spécifique, portant le numéro 137, est entièrement consacré à l'« Égalité entre les hommes et les femmes » au sein de la mission interministérielle « Solidarité et intégration ».

Les crédits de paiement demandés pour ce programme, d'un montant total de 28, 34 millions d'euros, sont en légère progression - 3, 3 % de hausse, sur une somme modeste ! - par rapport aux crédits votés pour 2006.

Pour l'essentiel, ces crédits sont affectés, d'une part, aux moyens de fonctionnement humains et matériels du service des droits des femmes, à l'échelon national et au niveau déconcentré - ils restent stables, avec 10 millions d'euros et 202 emplois en équivalent temps plein - et, d'autre part, à des dépenses d'intervention, dont le montant progresse de près de un million d'euros pour atteindre environ 18 millions d'euros.

À quoi servent ces crédits d'intervention ? Ils seront consacrés à différentes actions tendant à favoriser l'accès des femmes aux responsabilités et à la prise de décision, à promouvoir l'égalité professionnelle entre les femmes et les hommes et l'égalité en droit et en dignité des femmes et des hommes, ainsi qu'à permettre une meilleure articulation des temps de vie.

Dans le cadre de l'application de la LOLF, l'efficacité de ces actions peut désormais être appréciée grâce à la définition d'objectifs concrets dont la réalisation peut être mesurée par des indicateurs de performance. Ces derniers sont, par exemple, le nombre d'accords de branche incluant une clause visant à la réduction des inégalités professionnelles, ou encore la part des femmes dans les créations et reprises d'entreprises. Les femmes créent majoritairement des PME et des PMI, mais ce sont ces petites structures qui font la richesse du tissu économique de notre pays ; il faut donc encourager cet investissement.

Plus de 4, 5 milliards d'euros de dépenses fiscales contribuent, en outre, à ce programme sans que ce soit leur objectif principal, par exemple, les réductions d'impôt pour frais de garde des jeunes enfants ou au titre de l'emploi d'un salarié à domicile, et l'exonération de différentes prestations familiales.

Pour être tout à fait juste, il faut signaler que les moyens financiers de l'État en faveur des droits des femmes ne se limitent pas aux crédits du seul programme consacré à l'égalité entre les hommes et les femmes. Récapitulé au sein d'un « jaune » budgétaire, l'effort financier de l'État en ce domaine bénéficie des concours d'une dizaine de ministères, et s'élève à un montant total évalué à 56 millions d'euros pour 2006.

Monsieur le ministre, permettez-moi de vous faire remarquer, avec force et sérénité, que ces crédits, pour substantiels qu'ils soient, restent malgré tout d'un niveau limité, voire dérisoire, au regard des besoins et de la masse totale de dépenses de l'État qui atteint 268 milliards d'euros.

Au-delà d'une approche strictement budgétaire, l'efficacité de l'action publique en faveur des droits des femmes est aussi une affaire de volonté politique passant par un meilleur suivi des dépenses et des actions engagées. Je rejoins à cet égard les propos tenus par notre collègue Paul Blanc, rapporteur spécial de la commission des finances : ses remarques sur le suivi de ces crédits sont tout à fait justifiées. Il est vrai que nous devons être extrêmement vigilants lorsque nous engageons les finances de l'État, mais cette observation vaut aussi pour d'autres budgets plus importants. Je me permets d'apporter ce bémol, car nos dotations représentent des sommes vraiment modestes !

De par son rôle de veille sur l'ensemble des sujets intéressant les droits des femmes, la délégation que j'ai l'honneur de présider contribue à la mission de contrôle de l'action du Gouvernement qui incombe au Parlement. Au cours des années récentes, notre délégation a ainsi travaillé sur des sujets toujours d'actualité tels que les inégalités professionnelles et salariales, la mixité, la lutte contre les violences à l'égard des femmes, ou encore la situation des familles monoparentales et des familles recomposées.

Nos travaux sur ce dernier thème, auquel nous avons consacré récemment notre rapport d'activité, nous ont donné l'occasion de constater, une fois de plus, la précarité à laquelle sont trop souvent confrontées les femmes. À ce titre, elles doivent requérir, de la part des pouvoirs publics, une attention toute particulière.

Je n'ignore pas, monsieur le ministre, que vous en avez conscience. Par-delà la gestion des crédits dont vous avez la charge, je compte donc sur le volontarisme de votre action. Je suivrai, bien sûr, avec beaucoup de vigilance et d'attention les différentes actions qui seront engagées grâce à ces crédits, même s'ils sont, à mon avis, insuffisants par rapport aux besoins.

Applaudissements sur les travées de l'UC-UDF et de l'UMP

Debut de section - PermalienPhoto de Michèle André

Mes chers collègues, nous allons maintenant interrompre nos travaux ; nous les reprendrons à quinze heures.

La séance est suspendue.

La séance, suspendue à douze heures cinquante-cinq, est reprise à quinze heures dix.