Amendement N° 195 2ème rectif. (Adopté)

Mise au point au sujet d'un vote

Discuté en séance le 14 novembre 2018
Avis de la Commission : Favorable — Avis du Gouvernement : Défavorable
( amendements identiques : 379 458 458 )

Déposé le 12 novembre 2018 par : M. Duplomb, Mme Férat, MM. Daniel Laurent, Jean-Marc Boyer, Babary, Bazin, Bas, Mmes Berthet, Billon, M. Bonhomme, Mme Bonfanti-Dossat, M. Bonnecarrère, Mme Bories, M. Brisson, Mme Bruguière, MM. Buffet, Canevet, Mme Chain-Larché, MM. Cardoux, Charon, Chatillon, Chevrollier, Cigolotti, Cornu, Courtial, Cuypers, Dallier, Darnaud, Mme de la Provôté, M. de Nicolay, Mme Deseyne, M. Détraigne, Mmes Deromedi, Di Folco, M. Daniel Dubois, Mme Duranton, M. Émorine, Mme Estrosi Sassone, M. Genest, Mme Goy-Chavent, MM. Gremillet, Grand, Mmes Gatel, Nathalie Goulet, Gruny, M. Guené, Mme Guidez, MM. Henno, Loïc Hervé, Houpert, Hugonet, Husson, Mmes Imbert, Gisèle Jourda, MM. Kern, Laménie, Mmes Lamure, Lassarade, M. Laugier, Mmes Létard, Lherbier, Loisier, MM. Longeot, Longuet, Louault, Mmes Marie Mercier, Morin-Desailly, M. Magras, Mme Malet, MM. Marseille, Maurey, Médevielle, Meurant, Moga, Mme Morhet-Richaud, MM. Morisset, Mouiller, Pellevat, Mme Perrot, MM. Pillet, Poniatowski, Pointereau, Mmes Primas, Puissat, Raimond-Pavero, MM. Priou, Savary, Savin, Segouin, Sol, Mmes Sollogoub, Thomas, MM. Vaspart, Vogel, Mme Vullien.

Photo de Laurent Duplomb Photo de Françoise Férat Photo de Daniel Laurent Photo de Jean-Marc Boyer Photo de Serge Babary Photo de Arnaud Bazin Photo de Philippe Bas Photo de Martine Berthet Photo de Annick Billon Photo de François Bonhomme Photo de Christine Bonfanti-Dossat Photo de Philippe Bonnecarrere Photo de Pascale Bories 
Photo de Max Brisson Photo de Marie-Thérèse Bruguière Photo de François-Noël Buffet Photo de Michel Canevet Photo de Anne Chain-Larché Photo de Jean-Noël Cardoux Photo de Pierre Charon Photo de Alain Chatillon Photo de Guillaume Chevrollier Photo de Olivier Cigolotti Photo de Gérard Cornu Photo de Édouard Courtial Photo de Pierre Cuypers 
Photo de Philippe Dallier Photo de Mathieu Darnaud Photo de Sonia de La Provôté Photo de Louis-Jean de Nicolay Photo de Chantal Deseyne Photo de Yves Détraigne Photo de Jacky Deromedi Photo de Catherine Di Folco Photo de Daniel Dubois Photo de Nicole Duranton Photo de Jean-Paul Emorine Photo de Dominique Estrosi Sassone Photo de Jacques Genest 
Photo de Sylvie Goy-Chavent Photo de Daniel Gremillet Photo de Jean-Pierre Grand Photo de Françoise Gatel Photo de Nathalie Goulet Photo de Pascale Gruny Photo de Charles Guené Photo de Jocelyne Guidez Photo de Olivier Henno Photo de Loïc Hervé Photo de Alain Houpert Photo de Jean-Raymond Hugonet Photo de Jean-François Husson 
Photo de Corinne Imbert Photo de Gisèle Jourda Photo de Claude Kern Photo de Marc Laménie Photo de Élisabeth Lamure Photo de Florence Lassarade Photo de Michel Laugier Photo de Valérie Létard Photo de Brigitte Lherbier Photo de Anne-Catherine Loisier Photo de Jean-François Longeot Photo de Gérard Longuet Photo de Pierre Louault 
Photo de Marie Mercier Photo de Catherine Morin-Desailly Photo de Michel Magras Photo de Viviane Malet Photo de Hervé Marseille Photo de Hervé Maurey Photo de Pierre Médevielle Photo de Sébastien Meurant Photo de Jean-Pierre Moga Photo de Patricia Morhet-Richaud Photo de Jean-Marie Morisset Photo de Philippe Mouiller Photo de Cyril Pellevat 
Photo de Évelyne Perrot Photo de François Pillet Photo de Ladislas Poniatowski Photo de Rémy Pointereau Photo de Sophie Primas Photo de Frédérique Puissat Photo de Isabelle Raimond-Pavero Photo de Christophe Priou Photo de René-Paul Savary Photo de Michel Savin Photo de Vincent Segouin Photo de Jean Sol Photo de Nadia Sollogoub 
Photo de Claudine Thomas Photo de Michel Vaspart Photo de Jean Pierre Vogel Photo de Michèle Vullien 

I. – Alinéas 54 à 58

Supprimer ces alinéas.

II. – Alinéa 60

Supprimer cet alinéa.

III. – Pour compenser la perte de recettes résultant des I et II, compléter cet article par un paragraphe ainsi rédigé :

.... – La perte de recettes pour les organismes de sécurité sociale résultant du maintien du profil de l’exonération actuellement définie à l’article L. 741-16 du code rural et de la pêche maritime est compensée à due concurrence par la majoration des droits mentionnés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts.

Exposé Sommaire :

L’amendement propose de préserver les allègements de cotisations spécifiques dont sont bénéficiaires actuellement les exploitants agricoles employant de la main d’œuvre saisonnière.

Cela se traduit par :

- la sauvegarde du dispositif d’exonérations de cotisations patronales pour les travailleurs occasionnels et les demandeurs d’emplois (TO-DE) tel qu’il existe aujourd’hui, les exonérations demeurant maximales jusqu’à 1, 25 SMIC ;

- ainsi qu’une compensation des effets de la perte du CICE pour ces exploitants.

L’amendement revient donc à maintenir le dispositif actuel et à le pérenniser.

Cette préservation intégrale est une absolue nécessité pour plusieurs raisons.

Augmenter les coûts de main d’œuvre pour certaines filières agricoles revient à les condamner à l’avenir. Certaines filières agricoles françaises sont fortement dépendantes des coûts de main d’œuvre. C’est le cas de la filière fruits et légumes, de l’horticulture ou de la filière viticole par exemple compte tenu de la consommation de main d’œuvre saisonnière au moment des récoltes. La main d’œuvre représente près de 60 % du coût de revient d’une pomme par exemple.

Or, ces filières font l’objet d’une concurrence féroce de la part de nos voisins européens compte tenu de coûts de main d’œuvre largement inférieurs.

À titre d’exemple, les coûts du travail saisonnier en France sont 27 % plus élevés qu’en Allemagne, 37 % plus élevés qu’en Italie et 75 % plus élevés qu’en Pologne.

En conséquence, la pomme française, vendue en moyenne 2, 5 € le kilo, se retrouve concurrencée directement par une pomme polonaise vendue 0, 9 € le kilo.

Cette concurrence menace directement l’avenir de certaines de ces filières.

D’une part, les produits des filières concernés, par exemple les fruits et légumes, sont massivement importés en France à des prix défiant toute concurrence alors même qu’ils ne respectent pas l’ensemble des contraintes environnementales imposées aux producteurs français.

Ainsi, la part des fruits et légumes produits en France dans la consommation des ménages français est passée de 66 % en 2000 à 51 % en 2016 selon FranceAgriMer. C’est une baisse de près de 30 % en 16 ans, qui devrait inéluctablement se poursuivre si rien n’est fait.

D’autre part, ces produits ne peuvent être exportés faute d’une compétitivité suffisante, entraînant un surcroît d’offre en France pesant sur les prix nationaux donc sur les revenus des agriculteurs concernés.

Un des seuls dispositifs permettant la survie des producteurs des filières employant de la main d’œuvre saisonnière est l’existence des exonérations de cotisations patronales spécifiques sur les TO-DE, sur près de 900 000 contrats. Ce dispositif prévoit un taux d’exonération de charges patronales de plus de 33 % pour les salaires compris entre 1 et 1, 25 SMIC, auxquels vient s’ajouter le Crédit impôt pour la Compétitivité et l’Emploi (CICE) de 6 % de la masse salariale, supprimant ainsi la quasi-totalité des cotisations patronales (le reste à charge demeurant selon les filières autour de 2 ou 3 %). Les exonérations étaient ensuite dégressives jusqu’à s’annuler à 1, 5 SMIC.

Après avoir proposé sa suppression pure et simple dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale compte tenu du remplacement du CICE par un renforcement des allègements généraux, le Gouvernement a fait légèrement évoluer sa position en maintenant le dispositif sur 2 ans tout en réduisant les effets bénéfiques de la dégressivité du dispositif : l’exonération serait pleine non plus jusqu’à 1, 25 SMIC mais jusqu’à 1, 15 SMIC en 2019 puis 1, 10 SMIC en 2020.

Toutefois, cette position ne règle rien :

- en l’état actuel, la rédaction retenue se traduit par une hausse des charges pour les agriculteurs des filières concernées. Puisque les salaires des saisonniers incluent des heures supplémentaires et des congés payés non consommés et donc réglés presque automatiquement aux saisonniers. la dégressivité à 1, 15 SMIC est loin de régler tous les cas puisque les salaires concernés sont supérieurs à ce seuil ! C’est notamment le cas pour les groupements d’employeurs agricoles qui ont pourtant employé en CDI des travailleurs saisonniers grâce au dispositif « TODE ».

- la rédaction retenue entraîne la suppression pure et simple du dispositif en 2020, ce qui augmenterait encore le surcoût pour les agriculteurs.

La mesure accentuerait donc encore les effets de la concurrence des autres pays européens et déstabiliserait davantage des filières déjà fragilisées.

La proposition du Gouvernement pénalisera en outre les filières les plus investies dans les solutions agro-environnementales en ayant recours à de la main d’œuvre saisonnière puisque les modes de production qui font appel à plus d’agro-écologie nécessitent plus de main d’œuvre !

Elle revient donc à accroître les charges pour les producteurs les plus investis dans des agricultures respectueuses de l’environnement : c’est un très mauvais signal pour les filières. Plus grave encore : c’est une trahison des promesses des États généraux de l’alimentation.

L’argument du Gouvernement revenant à dire que sa réforme de la fiscalité agricole bénéficiera à la Ferme France prise dans sa globalité n’enlève rien à la réalité du terrain : des filières fortement consommatrices d’une main d’œuvre saisonnière sont condamnées par la perte du TODE. Le fait de prendre aux uns pour donner aux autres n’est pas une solution pérenne pour promouvoir une agriculture forte, compétitive et durable.

C’était d’ailleurs les termes utilisés par Monsieur le ministre de l’agriculture et de l’alimentation, lorsque, sénateur, il posa sa question au Gouvernement sur la disparition du TODE le 26 septembre 2018 : » répondre macroéconomie à une question sur les territoires ruraux, c’est ne pas répondre à la question. [...] Le CICE et le TODE, c’est la double peine ! »

Les signataires de cet amendement partagent ce point de vue.

C’est pourquoi le présent amendement vise donc à rétablir le dispositif TODE actuel pour les exploitants des filières employant de la main d’œuvre saisonnière en :

- maintenant le déclenchement de la dégressivité à 1, 25 SMIC et non à 1, 15 ou 1, 10 ;

- Pérennisant le dispositif TODE, ce qui marque le refus de la suppression du dispositif proposée par le Gouvernement ;

- Compensant en partie la perte du CICE pour les exploitants concernés.

NB:La présente rectification porte sur la liste des signataires.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cet amendement.

Inscription
ou
Connexion