Commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation

Réunion du 30 novembre 2011 : 2ème réunion

Résumé de la réunion

Les mots clés de cette réunion

  • CFL
  • FPIC
  • consensus
  • hier
  • simulation
  • unanimité

La réunion

Source

Au cours d'une suspension de séance, le soir, la commission se réunit pour un nouvel examen de son amendement II-53 rectifié à l'article 58.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Marini

Nous nous réunissons à la demande de plusieurs membres de la commission.

Je vous rappelle que les positions que nous avons prises n'étaient pas improvisées mais réfléchies : tout d'abord un débat d'orientation, tenu hier matin, puis l'examen des amendements extérieurs, hier soir, et l'adoption d'un amendement n° 53 rectifié proposé par les rapporteurs spéciaux, qui reporte à 2013 l'entrée en vigueur du fonds de péréquation des ressources intercommunales et communales (FPIC).

Debut de section - PermalienPhoto de Nicole Bricq

Je voudrais indiquer que la procédure de scrutin public engage les groupes politiques. Or, nous avons constaté que l'unanimité exprimée en commission sur l'adoption de l'amendement n° 53 rectifié des rapporteurs spéciaux s'est fissurée en séance publique.

Je ne veux pas les mettre en difficulté alors qu'ils avaient proposé cette solution pour faire face aux amendements de suppression déposés d'une part par le groupe communiste et d'autre part par Philippe Dallier.

C'est ce qui justifie cette réunion tardive de la commission des finances.

Le ministre a indiqué que des simulations avaient été fournies au comité des finances locales (CFL), où la commission des finances est représentée ès qualité. Il faut faire le clair sur cette affaire entre nous.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Claude Frécon

Les simulations n'ont pas été remises lors de la réunion du CFL mais 48 heures après. J'y suis le suppléant de Charles Guené. Et ces simulations n'étaient pas détaillées.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Marini

Ces simulations étaient-elles détaillées par ensemble intercommunal ou non ? Quand avez-vous eu ces simulations ?

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Jarlier

Je vous rappelle que nous avons adopté le rapport sur la mission « Relations avec les collectivités territoriales » et ses articles rattachés le 15 novembre dernier, donc il y a plus de deux semaines et que cet amendement n° 53 ne figurait pas dans notre rapport. Hier matin, à la demande du Président de la commission, nous avons tenu une nouvelle réunion sur la mission. Tous les sénateurs, quel que soit leur bord politique, ont estimé qu'on ne pouvait pas travailler sereinement dans ces conditions. Nous avons donc voulu satisfaire les membres de la commission et travaillé à un amendement de dernière minute, adopté à l'unanimité des suffrages exprimés, pour éviter le risque de suppression du FPIC en séance. Nous sommes dans une situation délicate.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Dallier

Il faudra revenir sur nos méthodes de travail. Je me demande, dans les conditions actuelles, à quoi sert le Parlement. Depuis mon arrivée au Sénat, en 2004, je m'interroge sur le manque d'information dont nous disposons. Il en résulte qu'on nous fait avaler n'importe quoi. Nous devrions tous avoir le même niveau d'information. Et je rappelle que l'amendement n° 53 rectifié résultait de notre réaction aux simulations transmises par le Gouvernement. Moi, je n'ai pas eu communication d'autres informations et je regrette que nous en arrivions au même résultat qu'avec la réforme de la dotation de solidarité urbaine proposée par Fadela Amara.

Debut de section - PermalienPhoto de Charles Guené

Nous avons effectivement eu des simulations au CFL et je les ai transmises à Philippe Dallier.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Marini

i, président. - Je rappelle que nous avons constitué un groupe de travail et que le président de la commission des finances a demandé, par lettre en date du 23 juin dernier, des simulations qui ne nous ont jamais été fournies !

Debut de section - PermalienPhoto de Charles Guené

En ce qui me concerne, j'ai voté l'amendement n° 53 rectifié car j'ai senti le risque que le Sénat adopte les amendements de suppression qui avaient été déposés. J'ai cependant fait part de mes réticences lors du vote de la commission des finances sur cet amendement. Je ne voterai pas contre l'amendement mais je m'abstiendrai.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Je suis issu d'un département qui contribue beaucoup au FPIC. Ma position ne résulte donc pas de préoccupations locales. Je suis étonné de la manière dont cette histoire a fonctionné. Il est agaçant de savoir qu'on ne nous a pas fourni des simulations qui existaient si, comme l'affirme le ministre, ces simulations étaient déjà disponibles il y a trois semaines. Tout cela me rend perplexe sur mon vote sur l'amendement n° 53 rectifié.

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-France Beaufils

s. - Je suis membre du CFL en qualité de représentante des communes. Je rappelle que l'essentiel du travail du CFL s'est fait sur la base de simulations qui ne présentaient que des données agrégées, pas des simulations détaillées. Ce que nous avons eu ne nous permettait pas d'analyser correctement les effets du FPIC. Il faut cesser de dire que le CFL a eu beaucoup d'éléments d'information !

Quand nous posons des questions sur les propositions de notre groupe de travail ou sur nos amendements, on ne nous fournit aucune simulation ! Pourquoi nous sommes-nous ralliés à l'amendement n° 53 rectifié ? Parce qu'il permettait de débloquer une situation et d'apporter une réponse aux simulations fournies. C'est pour cette raison que nous avons retiré notre amendement de suppression.

Le Gouvernement nous a mis dans l'impossibilité de présenter une alternative sérieuse et rigoureuse. Je relève d'ailleurs que le FPIC produit aussi des aberrations dans les zones rurales. Il faut continuer à travailler et à affiner le dispositif.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique de Legge

J'ai voté l'amendement n° 53 rectifié parce qu'il me paraissait important de discuter de l'article 58 dans l'hémicycle. Ma position a évolué pendant la discussion générale. Je ne voterai pas contre cet amendement mais je m'abstiendrai parce que beaucoup d'intervenants m'ont laissé penser que nous ferions face aux mêmes problèmes l'année prochaine.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Paul Emorine

Ce qui a emporté notre décision hier soir, c'est que nous n'avions pas disposé de simulations. Or, apparemment, il y en avait et elles ont été distribuées au CFL. Je m'interroge donc au sujet de mon vote favorable sur l'amendement n° 53 rectifié.

Debut de section - PermalienPhoto de Edmond Hervé

Je ne parlerai pas des simulations. Ce qui, pour moi, est en cause, c'est le travail de la commission. Nous avons tous ensemble recherché une solution de consensus et je suis très attaché au consensus. Quand nos collègues ont proposé un report du FPIC à l'année 2013, c'était pour recueillir le plus large accord.

Quoi qu'il en soit, je vous invite à ne pas croire les simulations à horizon de cinq ans. On sait que la péréquation c'est difficile, le rapport de notre collègue Claude Belot sur ce sujet l'a montré.

Dans un premier temps, nous devons nous mettre d'accord sur un texte de principe. Il faut conserver notre consensus.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Marini

i, président. - C'est effectivement important pour notre commission. On me jugera peut-être naïf, mais j'y crois.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Caffet

Moi non plus je ne parlerai pas des simulations. Hier, nous avions pris beaucoup de hauteur par rapport au sujet. La question posée était celle de la lisibilité et de l'acceptabilité de cette réforme pour des collectivités territoriales qui y seraient entrées à l'aveugle. Cet amendement a été adopté à l'unanimité pour éviter la suppression du dispositif et son renvoi aux calendes grecques.

Nous avions demandé d'autres simulations pour comparer les critères et nous ne les avons jamais reçues. C'est le fondement de notre décision d'hier soir. Que s'est-il passé depuis 24 heures ? Je rappelle que le débat d'hier n'était pas un débat entre ceux qui voulaient la péréquation et ceux qui ne voulaient pas y contribuer.

Cette unanimité a volé en éclats. Je ne sais pas si c'est la demande de scrutin public qui a accéléré la fissure du consensus mais le scrutin public est nominatif. S'il n'y a pas d'unanimité ce soir, je me sens libre de mon vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Marini

La demande de scrutin public est en quelque sorte une bonne chose parce qu'elle est un révélateur des positions des uns et des autres. Je ne dis pas que j'ai bien fait de le faire mais je l'ai fait dans le meilleur esprit possible. Maintenant, l'amendement, même sans unanimité, peut demeurer un amendement de la commission des finances. Je rappelle avoir indiqué que nous renoncions à la demande de scrutin public.

Debut de section - PermalienPhoto de François Marc

Les choses ne sont pas si simples. Nous sommes engagés dans un processus de décision. Moi, j'étais dans l'idée que nous avions un contrat de confiance. Suite à l'insatisfaction générale constatée hier matin, nous avons trouvé une porte de sortie qui préservait le principe du FPIC et répondait aux problèmes posés par le dispositif.

Certains de nos collègues ont retiré leurs amendements de suppression parce qu'ils pensaient que nous voterions à l'unanimité l'amendement n° 53 rectifié. De la même façon, quand j'ai présenté cet amendement, j'ai rappelé l'unanimité de la commission des finances. J'ai rappelé le travail que nous avions fait, la demande écrite de simulations au Gouvernement que nous avions envoyée. Sans unanimité, j'aurais utilisé d'autres arguments. Je me suis efforcé, en tant que rapporteur de la commission, de respecter scrupuleusement l'esprit de sa décision.

Aujourd'hui, en séance, deux de nos collègues ont retiré leurs amendements de suppression parce qu'il y avait unanimité sur l'amendement n° 53 rectifié. Ou le contrat de confiance est maintenu, ou il est rompu. Ceux qui ont pris leurs décisions de retrait sur des bases fausses ont été trompés. Ceci est très regrettable et il faut en tirer des conséquences quant à notre mode de fonctionnement. L'engagement d'unanimité n'a pas été honoré par certains.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Jarlier

Je partage les propos tenus par François Marc. Il y a vraiment un problème de crédibilité de nos décisions. Ce n'est pas l'absence de simulation qui a créé le problème, Jean-Paul Emorine, ce sont les résultats de ces simulations qui ont suscité des réactions très vives ! Pour ma part je n'ai jamais vu une telle situation à la commission des finances depuis deux ans.

S'il faut trouver une solution, pourquoi ne pas réserver le vote sur cet amendement jusqu'à la fin du débat ?

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Marini

On peut toujours réserver .... Mais vous le ferez sans moi et samedi en fin d'après-midi vous voterez contre l'article ! Ainsi le compromis intelligent auquel nous étions parvenus aura définitivement disparu ! A mon avis, ce ne sera pas très lisible et pas très à l'honneur de notre institution. Existe-t-il toujours une majorité qui ne se contente pas d'opposer les groupes les uns aux autres ?

Debut de section - PermalienPhoto de Charles Guené

Je crois que l'on dramatise un peu la situation ! L'amendement, même sans notre vote, a de grandes chances d'être adopté. Même sans simulations, ça ne m'effraie pas de voter l'article 58. En tout cas je n'accepte pas cette évocation d'un « serment rompu ». Pour ma part, je m'abstiendrai.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Marini

Vous nous avez déjà indiqué que vous vous abstiendriez.

Debut de section - PermalienPhoto de Nicole Bricq

On peut évidemment évoluer. C'est le principe de responsabilité. Je constate cependant que le consensus s'est effrité du côté de la droite et on voit bien qu'on est parti dans une bataille de la communication. Pourquoi la commission des finances serait-elle l'otage de ce délitement ? Si des sénateurs ont changé d'avis, c'est que des éléments nouveaux sont intervenus entre temps.

Je vous invite à repenser à ce qu'a dit notre collègue Alain Richard en séance, rien n'obligeait à faire une réforme de telle ampleur en loi de finances.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Paul Emorine

J'ai présidé pendant plus de sept ans la commission de l'économie et je n'ai jamais fait de procès à ceux qui changeaient d'avis. Il faut respecter les votes de chacun ! Pour ma part, j'ai entendu le ministre, et j'ai changé d'avis.

Debut de section - PermalienPhoto de François Marc

S'il n'y a pas de consensus, il faut en tirer les conséquences et suspendre la séance, le temps de réfléchir.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Marini

Que pensez-vous d'une demande de réserve de l'amendement n° 53 rectifié jusqu'à l'issue de l'examen des autres amendements à l'article 58 ?

Debut de section - PermalienPhoto de François Patriat

La commission pourrait-elle aussi retirer l'amendement ?

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-France Beaufils

Si cette réserve a, en réalité, pour objectif de retirer l'amendement, je suis finalement dans cette affaire le « dindon de la farce ». Soyons honnêtes et reconnaissez qu'il y a des téléphones qui ont fonctionné depuis hier soir !

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Marini

Mes chers collègues, il va falloir trancher car la séance a été suspendue et la Présidence attend notre retour.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Dallier

Je voudrais comprendre la proposition qui nous est faite ! La question est : acceptons-nous, ou non, de voir ce que nous votons ? Il est inconcevable que le Gouvernement refuse de nous donner une estimation des effets à cinq ans de la mise en place de cette péréquation alors que les villes « moyennes » vont voir « dégouliner » sur elles toute la masse des prélèvements au FPIC du fait des plafonnements des contributeurs les plus riches. Le travail effectué sur le FSRIF a montré que des simulations permettaient de parvenir à un accord sur un dispositif de péréquation. Voter sans savoir, ce n'est pas l'idée que j'ai de la mission d'un bon parlementaire !

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Marini

Nous avons donc une solution qui consisterait à réserver l'amendement n° 53 rectifié jusqu'à l'issue de l'examen des autres amendements à l'article 58. Je vous propose que nous votions sur cette proposition.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Paul Emorine

La réserve serait assez sage. Et le ministre a dit qu'il pouvait faire des propositions, ce qui doit nous rassurer.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Marini

Je crains que l'on s'enferre ! Mais, après tout, renoncer à travailler c'est peut-être préférable pour des parlementaires. On votera d'une voix, l'opposition contre et la majorité pour, en bloc, sans chercher à comprendre, avec des simulations qui nous serons distribuées en séance ! Va-t-on distribuer des simulations à chaque nouvelle proposition du ministre ?

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Jarlier

Je tiens à rappeler avec force que cet amendement ne figurait pas dans nos propositions initiales. Nous l'avons élaboré pour éviter la suppression de l'article. S'il n'y pas de consensus, je ne veux pas endosser la responsabilité de cet amendement.

La commission, par six voix contre, et quatre voix pour, les autres commissaires ne prenant pas part au vote, rejette la demande de réserve de l'amendement II-53 rectifié jusqu'à l'issue de l'examen des autres amendements à l'article 58.

Debut de section - PermalienPhoto de François Marc

Je suis en « stand-by ». Ce qui est sûr c'est que je n'entérine pas une décision qui floue certains de nos collègues qui avaient des amendements de suppression et les ont retirés sur la foi des engagements pris à l'unanimité de la commission.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Marini

Soit la commission revote l'amendement soit elle décide de le retirer. En l'état, l'amendement a été présenté en séance publique et il est en passe d'être soumis au vote du Sénat.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Jarlier

Alors, en plus d'avoir été floués, nous risquerions de proposer un amendement qui serait rejeté en séance publique ? Cette position de la commission n'avait de sens que dans la mesure où elle était consensuelle. Je constate que ce n'est plus le cas et donc je retire ma signature de cet amendement.

Debut de section - PermalienPhoto de Nicole Bricq

Il faut l'admettre, ce débat s'est transformé en vote pour ou contre le Gouvernement et ce n'est pas ce que notre commission des finances a voulu.

Debut de section - PermalienPhoto de François Marc

Peut-on « restaurer » les amendements de suppression qui ont été retirés en confiance par nos collègues ?

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Marini

Non, ils sont définitivement retirés. Evidemment, la commission peut déposer un amendement de suppression. Mais il faut en tout état de cause décider quelque chose.

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Hélène Des Esgaulx

Pourquoi n'allons-nous pas voter sur cet amendement ? On le fera en conscience. Il n'a jamais été décidé que l'on devait avoir la même opinion en commission et en séance.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Marini

Mes chers collègues, il est temps de clore cette réunion. Retournons en séance publique et demandons le vote sur cet amendement.