Déposé le 28 novembre 2018 par : MM. Courteau, Joël Bigot, Martial Bourquin, Cabanel, Mme Conconne, MM. Daunis, Duran, Mme Guillemot, MM. Iacovelli, Montaugé, Tissot, Bérit-Débat, Mme Bonnefoy, M. Dagbert, Mme Martine Filleul, MM. Houllegatte, Madrelle, Mme Préville, M. Jacquin, Mme Tocqueville.
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(en euros)
Programmes | Autorisations d’engagement | Crédits de paiement | ||
+ | - | + | - | |
Infrastructures et services de transports | 225 000 000 | 225 000 000 | ||
Affaires maritimes | ||||
Paysages, eau et biodiversité | ||||
Expertise, information géographique et météorologie | 50 000 000 | 50 000 000 | ||
Prévention des risques dont titre 2 | ||||
Énergie, climat et après-mines | ||||
Service public de l'énergie | 750 000 000 | 750 000 000 | ||
Conduite et pilotage des politiques de l’écologie, du développement et de la mobilité durables dont titre 2 | 475 000 000 | 475 000 000 | ||
Économie sociale et solidaire | ||||
TOTAL | 750 000 000 | 750 000 000 | 750 000 000 | 750 000 000 |
SOLDE | 0 | 0 |
Dans le cadre du Plan-Climat de N. Hulot, le Gouvernement a, en juillet dernier, augmenté sensiblement la fiscalité écologique. Les auteurs de l’amendement sont favorables à une augmentation de la fiscalité énergétique écologique qui permet d’orienter les comportements des ménages et des entreprises pour faire basculer nos modes de production et de consommation vers des modes sobres en énergie et en gaz à effet. Ils considèrent néanmoins que la fiscalité écologique ne doit pas être socialement punitive et que les efforts en faveur de la transition écologique doivent être équitablement répartis.
Il faut notamment veiller à accompagner les populations les plus fragiles, celles notamment qui sont en situation de précarité énergétique ou risque d’y basculer du fait de l’accroissement du poids des dépenses énergétiques contraintes (de chauffage, de carburants…). La fiscalité écologique ne peut donc être pensée indépendamment de mesures conséquentes d’accompagnement pour ces populations.
Or, comme le souligne dans son dernier rapport annuel, le médiateur national de l’énergie, près de 6 millions de personnes ont des difficultés à payer leurs factures d’électricité de gaz ou de fioul et 7, 4 millions de personnes vivent dans des « passoires énergétiques ». Et de souligner encore qu’en 2017, un tiers des ménages ont réduit leur consommation de chauffage pour ne pas payer une facture trop importante. Les ménages en précarité consacrent, toujours selon le rapport du médiateur national de l’énergie, en moyenne 1925 € par an en énergie contre 1584 € par an pour la moyenne nationale. Selon l’OFCE, la fiscalité carbone est 4 fois plus importante pour les 10 % des ménages les plus précaires que pour les ménages les plus aisés, représentant respectivement 1, 8 % et 0, 4 % de leur revenu.
Le chèque énergie mis en place dans la loi de transition énergétique pour la croissance avait notamment pour vocation d’aider les ménages à payer leurs factures d’énergie et à leur permettre également de réaliser des travaux d’efficacité énergétique de leur logement. Or, force est de souligner que le montant de ce chèque de l’ordre de 150 € en moyenne par an est complètement déconnecté de la trajectoire carbone rehaussée par ce Gouvernement.
Le Gouvernement a proposé dans le PLF 2019 d’augmenter la valeur du chèque énergie de 50 €.
Cette augmentation est largement insuffisante face au risque d’une augmentation massive de la précarité énergétique dans le contexte actuel. Les populations fragiles sont les premières victimes de l’alourdissement des dépenses énergétiques contraintes, liées à l’augmentation de la fiscalité carbone, sur fonds qui plus est d’augmentation des prix du pétrole. Elle n’est pas non plus à la hauteur des enjeux de la transition énergétique en ne permettant pas à ces ménages d’utiliser le chèque énergie pour financer des travaux d’efficacité énergétique de leur logement.
Pour toutes ces raisons, les auteurs de l’amendement souhaitent revaloriser le montant moyen du chèque énergie à 400 € afin que ce chèque puisse non seulement permettre aux ménages de vivre plus dignement sans renoncer par exemple à se chauffer, mais permettre aussi le cas échéant de répondre aux enjeux de la transition énergétique. En effet, la possibilité de cumuler sur trois années le montant du chèque énergie, soit une valeur moyenne cumulée de 1 200 €, rendrait enfin possible son utilisation pour des travaux d’efficacité énergétique du logement et ce d’autant plus qu’il viendrait compléter d’autres dispositifs d’aides comme celles issues du programme « habiter mieux » de l’Anah.
On peut estimer que le coût supplémentaire de cette augmentation qui correspond au doublement de la valeur moyenne du chèque énergie est de 750 M €.
En raison des règles imposées par la loi organique relative aux lois de finances, et afin de garantir la recevabilité financière de cet amendement, cet amendement vise donc à transférer 750 M € des actions 05 – Politique des ressources humaines et formation (75 M €), 07 – Personnels œuvrant pour les politiques du programme du programme 217 (125 M €), 08 – Personnels œuvrant pour les politiques du programme 203 (125 M €), 15 – Personnels relevant du ministère de la " Cohésion des territoires " (150 M €) du programme 217 "Conduite et pilotage des politiques de l’écologie, du développement et de la mobilité durables" ; de l’action 11 – Etudes et expertise en matière de développement durable (50 M €) du programme 159 Expertise, information géographique et météorologie et de l’action 41 (225 M €) du programme 203 – Infrastructures et services de transports vers l’action 02 – Protection des consommateurs en situation de précarité énergétique du programme 345 – Service public de l’énergie.
Mais, au regard de la hausse de la fiscalité carbone qui accroît les difficultés que rencontrent aujourd’hui les personnes en situation de précarité énergétique, le Gouvernement devrait lever le gage financier de cet amendement pour permettre une augmentation satisfaisante du montant du chèque énergie, sans en faire supporter l’effort par les programmes susmentionnés. Face à l’urgence écologique, les recettes supplémentaires engrangées par l’État doivent servir à des politiques de redistribution tout en favorisant la transition énergétique (isolation des logements…) y compris pour les populations les plus démunies.
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