La commission a tout d'abord procédé à la désignation des candidats pour faire partie de l'éventuelle commission mixte paritaire chargée de proposer un texte sur les dispositions restant en discussion du projet de loi organique et du projet de loi tendant à renforcer la stabilité des institutions et la transparence de la vie politique en Polynésie française.
Elle a désigné MM. Jean-Jacques Hyest, Christian Cointat, Patrice Gélard, José Balarello, Pierre Fauchon, Bernard Frimat et Mme Eliane Assassi comme membres titulaires et MM. Laurent Béteille, Christian Cambon, Gaston Flosse, Georges Othily, Jean-Pierre Sueur, Simon Sutour et François Zocchetto comme membres suppléants.
La commission a ensuite procédé à l'examen du rapport pour avis de M. Bernard Saugey sur le projet de loi de finances pour 2008 (mission « Relations avec les collectivités territoriales » et compte de concours financiers « Avances aux collectivités territoriales »).
a tout d'abord jugé la mission « Relations avec les collectivités territoriales » de moins en moins représentative de l'effort financier de l'État en faveur des collectivités territoriales, les relations financières entre l'Etat et les collectivités territoriales, qui excèdent le champ d'une seule mission, n'ayant pas encore trouvé une place vraiment adéquate au sein de l'architecture budgétaire retenue en application de la LOLF.
Précisant que les trois-quarts des concours financiers de l'État aux collectivités territoriales prenaient la forme de prélèvements sur recettes et figuraient dans la première partie du projet de loi de finances, il a expliqué que la mission « Relations avec les collectivités territoriales » ne retraçait, quant à elle, que les dotations inscrites au budget du ministère de l'intérieur, soit un montant atteignant 2,2 milliards d'euros en 2008, contre 3 milliards d'euros en 2007. Il a indiqué que cette baisse résultait avant tout d'une modification du périmètre de la mission, la dotation départementale d'équipement des collèges (DDEC) et la dotation régionale d'équipement scolaire (DRES) devenant des prélèvements sur recettes. En outre, les crédits de rémunération de la direction générale des collectivités territoriales, qui s'y trouvaient jusqu'en 2007 sont transférés à compter de 2008 vers le programme « Conduite et pilotage des politiques de l'intérieur » de la mission « Administration générale et territoriale de l'État », programme regroupant l'ensemble des personnels de l'administration centrale du ministère de l'intérieur.
Les crédits de la mission « Relations avec les collectivités territoriales », ne représentant plus que 3 % des dotations de l'État aux collectivités territoriales, il a souligné que M. Michel Mercier, rapporteur spécial de la commission des finances, en proposait la suppression. Il a jugé que cette suppression serait l'aboutissement logique des modifications réduisant son périmètre, rappelant que l'État n'avait aucun pouvoir de décision pour 75 % des crédits de la mission, constitués de dotations dont l'évolution et la répartition au sein de chaque catégorie de collectivités territoriales sont fixées par la loi.
Il a expliqué que M. Michel Mercier proposait de transformer les concours financiers sur lesquels l'État n'a pas de marge de manoeuvre en prélèvements sur recettes et de placer les autres actions de la mission « Relations avec les collectivités territoriales » au sein d'un nouveau programme de la mission « Administration territoriale et générale de l'État ».
a déclaré que l'effort financier global de l'Etat en faveur des collectivités territoriales atteindrait 93 milliards d'euros en 2008, contre 89 milliards d'euros en 2007, et comprendrait 1,6 milliard d'euros de crédits inscrits dans d'autres missions, dont la responsabilité relève d'autres ministères que le ministère de l'intérieur. Soulignant la part prépondérante des prélèvements sur recettes, qui devraient atteindre 51,17 milliards d'euros en 2008, au sein de cet effort financier, il a relevé que la dotation globale de fonctionnement représentait à elle seule plus de 78 % des prélèvements sur recettes et près de 50 % de l'ensemble des concours financiers de l'Etat aux collectivités territoriales. Le prélèvement sur les recettes de l'État du produit des amendes forfaitaires de police de la circulation comprend notamment, à hauteur de 130 millions d'euros, le produit des amendes perçues par la voie de radars automatiques, les communes et leurs groupements devant recevoir un montant de 100 millions d'euros, réparti en fonction du nombre d'amendes dressées grâce aux radars installés sur leur territoire, et les départements un montant de 30 millions d'euros, à raison de 30 000 euros par radar implanté sur leur domaine.
Il a ensuite expliqué que le projet de loi de finances pour 2008 instaurait un contrat de stabilité prévoyant que les dotations aux collectivités territoriales connaîtront désormais la même évolution que les dépenses de l'État et seront indexées sur la seule inflation hors tabac, soit, à titre prévisionnel, une progression qui s'élèverait à 1,6 % en 2008. Ce contrat de stabilité succède au contrat de croissance et de solidarité qui s'est appliqué entre 1999 et 2007, et qui garantissait une évolution des dotations de l'État aux collectivités territoriales fondée sur l'indice prévisionnel des prix hors tabac et sur une part de la croissance du produit intérieur brut. Rappelant que les dotations visées par ce contrat étaient regroupées dans une enveloppe normée, il a précisé qu'au sein de cette enveloppe, l'indexation de la dotation globale de fonctionnement était préservée, celle-ci devant donc progresser en 2008 au rythme de l'inflation, majoré de 50 % de la croissance du PIB, soit de 2,725 %.
Il a souligné que le nouveau partenariat entre l'État et les collectivités territoriales visait également à associer davantage les collectivités à la conduite des politiques publiques, la Conférence nationale des exécutifs (CNE), créée le 4 octobre 2007, rassemblant à cette fin, autour du Premier ministre, les présidents des trois associations d'élus, Association des maires de France, Assemblée des départements de France, Association des régions de France, des ministres, le président du Comité des finances locales et le président du conseil supérieur de la fonction publique territoriale.
a indiqué que la meilleure association des collectivités territoriales au processus normatif serait conduite au sein d'une Commission consultative sur l'évaluation des normes (CCEN), qui devait être créée en 2008 au sein du Comité des finances locales (CFL) et chargée de rendre un avis sur les projets de textes réglementaires ayant un impact sur les compétences ou les finances des collectivités territoriales.
Relevant que l'État poursuivait l'effort de péréquation, il a précisé que le Comité des finances locales avait pu mettre en oeuvre en 2007 ses compétences élargies en matière d'indexation de la dotation forfaitaire des communes, des départements et des régions, dégageant ainsi un gain de plus de 21,5 millions d'euros au profit de la péréquation. Il a salué la création, par l'article 48 du projet de loi de finances, d'un fonds de solidarité en faveur des communes de métropole et de leurs groupements ainsi que des départements de métropole afin de contribuer à la réparation des dégâts causés à leurs biens par des événements climatiques ou géologiques graves qui ne pouvaient être pris en charge par la solidarité nationale dans le cadre des crédits d'intervention prévus en cas de catastrophe naturelle. Ce fonds, doté de 20 millions d'euros en 2008, devrait ensuite évoluer chaque année, à compter de 2009, comme la dotation globale de fonctionnement.
Evoquant la poursuite des réflexions sur une réforme de la fiscalité locale, il a indiqué que le rapport fait par M. Philippe Valletoux au nom du Conseil économique et social proposait une « nouvelle donne » fiscale, visant à supprimer tout financement fiscal en provenance de l'État, à faire en sorte qu'une seule compétence fiscale s'exerce sur chacun des impôts constituant la fiscalité locale et à doter chaque niveau territorial d'une recette fiscale globale composée de plusieurs impôts dont il aurait la pleine maîtrise.
Estimant que la maîtrise des finances locales impliquait en effet l'attribution aux collectivités territoriales de marges de manoeuvre à la fois sur leurs dépenses et sur leurs recettes, il a déclaré que le rapport Valletoux suggérait, pour rendre plus efficaces les mécanismes de péréquation, de remplacer les dispositifs existants par un Fonds national de péréquation, alimenté par l'agrégation des régimes actuels et par une fraction des dotations de l'État.
considérant que l'autonomie fiscale constituait non seulement un facteur d'efficacité de la gestion des collectivités territoriales, mais surtout un fondement de la démocratie locale, a jugé que la réforme de la fiscalité locale représentait plus que jamais une nécessité.
Souhaitant rappeler, à l'approche de la présidence française de l'Union européenne, l'impact des normes communautaires sur le fonctionnement des collectivités territoriales et sur l'intercommunalité, il a rappelé que les relations entre les collectivités territoriales et leurs sociétés d'économie mixte (SEM) avaient été touchées par des évolutions de la jurisprudence de la Cour de justice des Communautés européennes relative au droit de la concurrence. Il a expliqué que si la loi du 20 juillet 2005 relative aux concessions d'aménagement avait modifié le droit interne pour l'adapter au droit européen, la Cour de justice de Luxembourg, en répondant à des questions préjudicielles posées par le tribunal administratif de Lyon, avait remis en cause une nouvelle fois la compatibilité du droit français avec le droit communautaire, dans l'arrêt Commune de Roanne c/Jean Auroux du 18 janvier 2007, estimant qu'une convention d'aménagement était un marché de travaux.
Il a indiqué que la procédure définie par le décret du 31 juillet 2006 relatif aux conditions de passation des concessions d'aménagement n'était donc plus conforme à la directive lorsque la convention constituait un marché de travaux et que le Gouvernement avait engagé la modification du décret.
Il a rappelé que les services d'un établissement public de coopération intercommunale (EPCI) pouvaient être en tout ou partie mis à disposition d'une ou de plusieurs des communes qui en sont membres, pour l'exercice de leurs compétences, lorsque cette mise à disposition présentait un intérêt dans le cadre d'une bonne organisation des services, et que dans les mêmes conditions, les services d'une commune membre pouvaient être, en tout ou partie, mis à disposition d'un EPCI pour l'exercice de ses compétences. Il a relevé que les dispositions du code général des collectivités territoriales, qui permettent ces mises à disposition avaient fait l'objet d'un avis motivé de la Commission européenne à la France le 27 juin 2007. Précisant que pour la Commission ces conventions de mise à disposition devaient respecter des procédures de marchés publics conformes aux directives du 31 mars 2004, il a indiqué que les autorités françaises avaient en réponse insisté sur le caractère interne de ces conventions de mise à disposition de services, distincts des contrats que les communes peuvent être amenées à passer avec les opérateurs tiers pour l'exercice de leurs compétences. Considérant que la législation régissant les rapports entre communes et structures intercommunales constituait un aspect de l'organisation interne de l'État et que sa remise en cause pourrait affecter profondément l'équilibre institutionnel de l'intercommunalité en France, il a jugé que l'impact sur les collectivités territoriales des normes européennes était encore insuffisamment pris en compte dans le processus de négociation de ces textes.
a estimé que le Sénat, en tant que représentant des collectivités territoriales de la République, était également appelé à jouer un rôle pour une meilleure prise en compte des intérêts des collectivités dans l'élaboration des textes communautaires, se félicitant des initiatives prises par la commission des lois pour renforcer le suivi de ces textes, conjointement aux recommandations faites par MM. Patrice Gélard et Jean-Claude Peyronnet à l'issue de leurs missions d'information dans les Parlements européens.
considérant que l'architecture définie en application de la LOLF ne permettait pas d'appréhender globalement l'effort financier de l'État en faveur des collectivités territoriales, a exprimé le souhait qu'un débat soit organisé sur les concours financiers aux collectivités territoriales dans le cadre du projet de loi de finances. Indiquant que le rapporteur général de la commission des finances avait lui-même exprimé des doutes sur le respect par l'État de la norme de progression des dépenses publiques de 0 % en volume, il a déclaré que la moitié de l'augmentation des dépenses publiques locales constatée depuis 1998 était imputable aux transferts de compétences. Il a enfin souligné que l'effort de péréquation ne portait que sur 3 % de l'ensemble des dotations de l'État aux collectivités territoriales.
a indiqué que les prélèvements sur recettes destinés aux collectivités territoriales feraient l'objet, comme chaque année, d'un débat spécifique dans le cadre de l'examen de la première partie du projet de loi de finances. Soulignant l'intérêt des propositions de réforme de la fiscalité locale évoquées par le Conseil économique et social, il a estimé que leur mise en oeuvre apparaissait cependant difficile.
La commission a donné un avis favorable à l'adoption des crédits de la mission « Relations avec les collectivités territoriales » et du compte de concours financiers « Avances aux collectivités territoriales » figurant dans le projet de loi de finances pour 2008.
Puis la commission a examiné le rapport pour avis de MM. Yves Détraigne et Simon Sutour sur le projet de loi de finances pour 2008 des missions « Justice », « Conseil et contrôle de l'Etat » et « Pouvoirs publics », en abordant tout d'abord la partie consacrée à la justice administrative.
Après avoir rappelé que les crédits de la justice administrative sont retracés dans une mission « Conseil et contrôle de l'Etat », distincte de la mission « Justice », M. Simon Sutour, rapporteur pour avis des crédits du programme « Conseil d'Etat et autres juridictions administratives », rattaché à la mission « Conseil et contrôle de l'Etat », a relevé la pérennité des liens entre les juridictions administratives et le ministère de la justice. En outre, le membre du gouvernement chargé de défendre le budget de la justice administrative en séance publique ne lui est pas apparu comme l'interlocuteur le mieux informé en ce domaine. En effet, alors qu'avant la LOLF, il s'agissait du garde des sceaux puisque la justice administrative lui était rattachée, désormais, le secrétaire d'Etat chargé des relations avec le Parlement assume cette présentation.
Dans le souci de compléter l'information de la commission des lois sur le fonctionnement de la justice administrative, il a suggéré d'entendre le vice-président du Conseil d'Etat.
a relevé l'intérêt d'une telle audition, qui s'inscrivait dans la continuité d'auditions précédentes, comme par exemple celle de M. Guy Canivet, alors premier président de la Cour de cassation. Il a jugé souhaitable que les responsables des plus hautes institutions administratives et judiciaires viennent s'exprimer devant la commission des lois.
Puis M. Simon Sutour, rapporteur pour avis, s'est félicité de la progression significative du budget alloué pour 2008 à la justice administrative (+6,2 %), eu égard à la faible augmentation du budget global de l'Etat (+1,6 %). Il a remarqué que les juridictions administratives représentaient le poste budgétaire le plus lourd de la mission « Conseil et contrôle de l'Etat ».
Il a noté l'augmentation de l'activité des sections administratives du Conseil d'Etat qui ont rendu en 2006 1.411 avis sur des projets de loi, d'ordonnances, de décrets ou d'actes communautaires ou sur toute question d'ordre juridique et administratif. Il a signalé des différences importantes de délais d'examen selon la nature des textes, les projets de loi ou d'ordonnance faisant l'objet d'un examen plus rapide que les projets de décret.
a dressé un bilan mitigé de la mise en oeuvre de la programmation quinquennale de 2002, dont le taux de réalisation global atteint près de 70 %. Il a fait valoir que si l'effort du gouvernement était tangible dans le contexte actuel de rigueur budgétaire, les créations d'emplois n'atteignaient cependant pas les objectifs initiaux. Il a précisé que les créations intervenues ces dernières années avaient été localisées au nouveau tribunal administratif de Nîmes créé en 2006 et dans les juridictions de la région parisienne particulièrement touchées par l'explosion du contentieux des étrangers, soulignant à cet égard la situation très tendue du tribunal administratif de Cergy-Pontoise créé en 2000.
Le rapporteur pour avis a dans ce contexte jugé nécessaire la création d'un nouveau tribunal administratif en Seine-Saint-Denis, ce qui permettrait d'alléger la charge de travail qui pèse sur les juridictions parisiennes. Après avoir précisé que le Conseil d'Etat ne semblait pas opposé à cette idée, il a souhaité qu'une décision intervienne rapidement en ce sens, faisant valoir qu'il s'écoulait toujours un long délai entre la prise de décision et le début des opérations immobilières.
Il a indiqué que le projet de budget prévoyait la création de 29 postes de magistrats et de 27 emplois d'agents de greffe. S'agissant des perspectives liées au vieillissement de la pyramide des âges dans le corps des magistrats administratifs, il a insisté sur le fait que, d'après les représentants du Conseil d'Etat, tous les départs à la retraite susceptibles d'intervenir dans les prochaines années seraient remplacés.
Il s'est réjoui de ce que le projet de budget pour 2008 réponde aux revendications des magistrats administratifs qui demandaient depuis plusieurs années à bénéficier d'une revalorisation de leur taux indemnitaire moyen. Il a noté que l'augmentation de ce taux, porté de 51 à 55,3 %, permettrait d'aligner leur situation sur celle des magistrats des chambres régionales des comptes. Il a ajouté que cette augmentation s'étalerait sur trois années, précisant qu'il s'agissait d'une forme de rémunération au mérite, l'indemnité versée comportant une part fixe (à hauteur des trois-quarts) et une part variable (pour le quart restant).
Abordant le programme d'investissement engagé depuis plusieurs années, M. Simon Sutour, rapporteur pour avis, a rappelé la création de quatre juridictions entre 1995 et 2002. Il a évoqué les trois chantiers prévus par la loi de programmation pour la justice de 2002, précisant que deux d'entre eux -la cour administrative d'appel de Versailles, qui fonctionne depuis 2004 et le tribunal administratif de Nîmes mis en place en septembre 2006- ont été réalisés.
Il a jugé inachevée l'opération menée à Nîmes, les locaux de ce nouveau tribunal ayant été restructurés en profondeur alors que les façades -anciennes- demeurent très dégradées, faute d'avoir été rénovées. Il a souhaité que le bâtiment accueillant cette juridiction soit ravalé au plus vite, suggérant que le financement des travaux (estimés à 655.000 euros) soit pris en charge à la fois par les collectivités territoriales et l'Etat.
L'impact de la création d'une nouvelle juridiction à Nîmes se mesure déjà à l'aune de l'activité juridictionnelle enregistrée en 2006 et en 2007 a-t-il souligné, avant de constater une diminution de 9 % du nombre des affaires au tribunal administratif de Marseille et de près 30 % s'agissant de celui de Montpellier.
Il a enfin indiqué que le projet de budget pour 2008 prévoit, avec une année de retard, la création du tribunal administratif de Toulon, le choix du site n'étant pas arrêté définitivement.
Il s'est réjoui de la stabilisation des dépenses au titre des frais de justice, l'effort ayant porté plus particulièrement sur la maîtrise des coûts liés à l'affranchissement. Il a signalé que la mise en place progressive du « télé-recours » pouvait en outre laisser espérer de nouvelles économies en ce domaine.
a souligné la très forte pression des flux d'affaires contentieuses, citant l'explosion des litiges liés au permis de conduire devant les tribunaux administratifs (+ 146 % en deux ans), le transfert d'affaires nouvelles compte tenu de la suppression opérée par la loi du 12 février 2005 des commissions départementales des travailleurs handicapés, des mutilés de guerre ou encore la croissance exponentielle du contentieux des étrangers, à la faveur des réformes récentes. S'agissant du contentieux des étrangers, la situation des juridictions diffère d'un ressort à l'autre : les juridictions parisiennes sont particulièrement exposées, tandis que ce contentieux ne représente qu'une faible part des affaires nouvelles, par exemple dans le ressort de la cour administrative de Caen.
Il s'est en outre inquiété de l'impact de la loi du 5 mars 2007 instituant le droit opposable au logement, expliquant que, cette réforme créant un contentieux nouveau, une inflation des recours était à prévoir. Il a rappelé que la commission des lois avait d'ailleurs évoqué le risque d'une saturation des juridictions administratives lors de l'examen de cette loi par le Parlement.
Il a estimé indispensable que le gouvernement accompagne systématiquement les projets de loi qu'il soumet au Parlement d'une étude d'impact précise des moyens supplémentaires qu'ils impliquent.
Il a évoqué les récentes pistes de réforme pour désengorger la justice administrative, citant notamment l'élargissement du champ d'application du filtrage des pourvois par le président d'une formation de jugement du tribunal administratif ou d'une cour administrative d'appel ou encore l'extension du recours au juge unique dans deux domaines contentieux -les litiges en matière de permis à points (essentiellement liés aux retraits consécutifs à la perte de points, passés de 7.000 en 2003 à près de 20.000 en 2006) et les actions indemnitaires, lorsque le montant des indemnités demandées est inférieur à 10.000 euros.
Il a constaté, à sa grande satisfaction, que le principe de l'examen collégial avait été préservé pour les affaires qui, bien que relevant d'un contentieux de masse et pour lesquelles la jurisprudence est bien fixée, mettent en jeu des intérêts sensibles au regard des libertés ou des droits sociaux (contentieux des étrangers ou des handicapés).
Pour alléger davantage le volume des contentieux soumis aux juridictions administratives, il a souhaité la généralisation des recours gracieux préalables obligatoires devant l'administration, après avoir mis en avant l'impact positif de la commission des recours des militaires et de la commission du contentieux des visas dont l'intervention en amont avaient significativement allégé le volume des affaires enregistrées dans ces domaines.
a apporté son soutien au rapporteur pour avis quant à la nécessité de lancer l'opération de ravalement des façades du tribunal administratif de Nîmes.
a souligné que le choix des locaux destinés à accueillir le futur tribunal administratif de Toulon est étroitement conditionné à la superficie qui sera nécessaire à son bon fonctionnement.
La commission a décidé de donner un avis favorable à l'adoption des crédits de la justice administrative inscrits dans le projet de loi de finances pour 2008.
Abordant ensuite la partie consacrée à la justice judicaire et à l'accès au droit, M. Yves Détraigne, rapporteur pour avis, a évoqué les contours de la mission « Justice » qui résulte de la LOLF, a en premier lieu regretté que le Conseil supérieur de la magistrature et la Commission nationale informatique et libertés (CNIL), simples actions rattachées à la mission « Justice », ne disposent pas d'une place dans la nomenclature budgétaire plus conforme à leur statut et à l'importance de leur rôle.
Il a cependant relevé l'effort notable consenti en faveur de la CNIL, qui enregistrera en 2008 une forte progression de ses crédits et plusieurs créations d'emplois. Le rapporteur pour avis a souhaité la création d'un programme spécifique rassemblant plusieurs autorités administratives indépendantes, dont la CNIL, aux côtés du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) ou de la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité (HALDE).
Il a en second lieu constaté que, cette année encore, le budget de la justice administrative ne figure pas dans la mission « Justice », alors même que ces juridictions contribuent, au même titre que l'institution judiciaire, à cette politique publique.
Soulignant les points forts du projet de budget pour 2008, le rapporteur pour avis a mis en avant la priorité accordée à la justice, dont les crédits progressent de 4,5 % (contre 1,6 % en moyenne pour le budget de l'Etat). Il a relevé que même si le poids du budget de la justice dans celui de l'Etat est encore trop léger, il atteint un niveau relatif inégalé (2,4 % contre 1,7 % en 2002).
Pour le rapporteur pour avis, le projet de budget pour 2008 reflète d'indéniables progrès dans le fonctionnement de l'institution judiciaire, comme en attestent :
- la maîtrise des frais de justice ; ces dépenses, revenues de 487 millions d'euros à 370 en 2006, pour s'établir à 390 en 2007, sont en voie de stabilisation. Cette évolution favorable a pu être obtenue grâce à la mobilisation de l'administration centrale comme des personnels des juridictions, à la sensibilisation des magistrats aux contraintes budgétaires, à la mise en place d'outils statistiques et de suivi et surtout grâce à la définition d'une tarification des écoutes téléphoniques, qui a mis fin à certaines dérives tarifaires de la part des opérateurs téléphoniques ;
- la remise à plat de l'indemnisation des conseillers prud'homaux ; cette réforme, en cours, devrait permettre une meilleure visibilité de la dépense et la définition d'un régime d'indemnisation fondé sur ces critères plus transparents, rationnels et harmonisés ;
- la revalorisation très attendue du statut des services administratifs régionaux, dont l'existence est désormais consacrée dans le code de l'organisation judiciaire et qui bénéficieront en 2008 d'un renforcement de leurs effectifs grâce à l'arrivée de 45 secrétaires administratifs de catégorie B.
s'est félicité du renforcement des effectifs des juridictions prévus l'année prochaine, après avoir noté que cette avancée répondait à une réelle nécessité compte tenu du taux de réalisation décevant de la programmation prévue en 2002 en termes de créations d'emplois. Il a précisé que si la situation des magistrats -pour qui le taux de réalisation atteint 76 %- est satisfaisante, les fonctionnaires des greffes -pour lesquels ce taux s'élève à 40 % seulement- n'ont pas bénéficié d'un effort équivalent. Il s'est réjoui de ce que l'effort en 2008 concerne, à parité, tant les magistrats que les fonctionnaires des greffes, observant néanmoins que cette avancée ne permettrait pas d'améliorer significativement le ratio magistrats-fonctionnaires des greffes, qui ne cesse de se dégrader (2,57 en 2007 contre 2,8 avant 2000).
Il a signalé que la baisse du nombre d'auditeurs de justice de l'Ecole nationale de la magistrature constatée cette année serait compensée par un recours accru aux recrutements sur titres, conformément à la volonté du législateur affirmée dans la loi organique du 5 mars 2007 sur le recrutement, la formation et la responsabilité des magistrats et au souhait de la mission d'information constituée au sein de la commission sur le recrutement et la formation des magistrats conduite par MM. Pierre Fauchon et Charles Gautier.
Il a noté une hausse des crédits alloués à l'Ecole nationale des greffes pour 2008, se réjouissant de ce que le ministère de la justice ait annoncé l'organisation -chaque année- de concours de recrutement de fonctionnaires pour compenser les départs à la retraite.
Il a signalé la création d'un nouveau corps de secrétaire administratif de catégorie B, aux côtés de greffiers, précisant que cette avancée répondait à une promesse formulée en 2002. Ce corps sera pourvu principalement par des fonctionnaires de catégorie C, dont les emplois seront requalifiés en catégorie B.
Il a évoqué l'important chantier de modernisation des moyens informatiques, notamment dans le domaine de la numérisation des procédures pénales, ajoutant néanmoins que cette évolution ne devait pas conduire à minimiser les besoins en personnels.
Le rapporteur pour avis a salué l'engagement du ministère de la justice en vue de dynamiser la gestion des ressources humaines. Cette impulsion nouvelle est déjà perceptible, comme en attestent la plus grande diversification des modes de recrutement ainsi que la réforme de la formation des auditeurs de justice actuellement conduite par l'Ecole nationale de la magistrature qui tend à s'ouvrir davantage sur l'extérieur et à favoriser l'émergence d'une culture commune avec les avocats. Il a observé que, dans la continuité des recommandations formulées par la mission d'information sur le recrutement et la formation des magistrats, la garde des sceaux mène une réflexion sur le statut des magistrats débutants et le choix de la première affectation. Il a également signalé qu'une réforme de la formation des chefs de juridiction est envisagée.
s'est réjoui des efforts tangibles en faveur de la sécurisation des juridictions, mettant en avant l'importante dotation consacrée aux opérations de sûreté pour 2008 (39 millions d'euros). Il a indiqué qu'en 2007, le ministère de la justice avait débloqué des crédits en urgence (37 millions d'euros au total), afin de généraliser l'installation de portiques de sécurité dans les juridictions et de mettre à leur disposition des équipes de surveillance.
Il a précisé que deux types de personnels étaient mobilisés pour contrôler le public à l'entrée des tribunaux : les employés de sociétés de gardiennage et les retraités de l'administration pénitentiaire. Il a observé que l'expérience professionnelle des réservistes de l'administration pénitentiaire leur permettait de gérer plus facilement les populations susceptibles de se présenter dans les tribunaux, expliquant toutefois que la généralisation de ce dispositif se heurtait à un problème de nomenclature budgétaire que le ministère de la justice s'est engagé à résoudre. Il a ajouté que les tribunaux d'instance qui reçoivent un public fragilisé (personnes surendettées ou placées sous tutelle...) pouvaient être vulnérables et ne devaient pas être oubliés.
a noté l'engagement du gouvernement dans la mise en oeuvre de la réforme de la carte judiciaire, rappelant que la commission des lois (notamment dans le cadre d'une précédente mission d'information sur les moyens de la justice constituée en son sein en 1996, présidée par M. Charles Jolibois, et dont M. Pierre Fauchon était le rapporteur), appelait de ses voeux une telle refonte. Il a noté le faible impact budgétaire de ce chantier en 2008, la dotation prévue (1,5 million d'euros) étant principalement destinée à financer la mise en oeuvre des pôles de l'instruction. Il a toutefois annoncé que le prochain exercice budgétaire devrait prendre acte de la montée en puissance de la réforme qui doit s'étaler sur trois années. Après avoir insisté sur la nécessité de soutenir cette initiative, il a cependant souligné qu'elle ne devait pas dispenser le ministère de la justice de poursuivre l'effort en faveur du renforcement des effectifs des juridictions, notamment s'agissant des personnels des greffes.
Puis le rapporteur pour avis a évoqué deux écueils liés à la mise en oeuvre de la LOLF, qui suscitent de légitimes inquiétudes dans les juridictions :
- l'absence de marge de manoeuvre des juridictions de première instance en matière de gestion budgétaire, qui relève presque exclusivement des cours d'appel, sous le contrôle de l'administration centrale ; les tribunaux de grande instance ont le sentiment de s'être pleinement investis dans l'application des nouvelles règles budgétaires et d'avoir réalisé des économies substantielles, notamment dans le domaine des frais de justice, sans pour autant être payés de retour pour les efforts accomplis ;
- le caractère complexe du mode de gestion des emplois fondé sur la notion d'emplois équivalents temps plein travaillé (ETPT) ; ce concept -difficile à cerner- est incompris dans les juridictions. On observe d'ailleurs une certaine confusion au sein même de l'administration centrale, comme en témoigne la présentation du projet de budget pour 2008 qui annonce 400 créations d'emplois (par référence à l'ancienne notion d'emploi budgétaire) qui correspondent à un nombre d'ETPT inférieur (101). En outre, la mise en oeuvre de la LOLF a ignoré la spécificité de l'institution judiciaire -très fortement féminisée- qui compte de nombreux postes à temps partiel toutes catégories de fonctionnaires confondues (près de 23 % pour l'année 2005). Une stricte correspondance entre les effectifs et la quotité de travail effectif a été effectuée, sans aucune pondération, ce qui a pu donner le sentiment d'une « évaporation » des postes de fonctionnaires dans les juridictions. En outre, les vacataires sont désormais comptabilisés dans les plafonds d'emplois, définis limitativement, alors qu'auparavant, ils s'ajoutaient aux emplois budgétaires, ce qui crée une contrainte supplémentaire.
a évoqué l'évolution des délais de jugement, qui progressent de manière variable. Il a relevé l'impact toujours positif des contrats d'objectifs signés entre les cours d'appel et le ministère de la justice, avant de constater les progrès sensibles des délais de traitement des affaires civiles, particulièrement s'agissant des cours d'appel (13,3 mois, contre 14,4 mois en 2005), tandis que la situation des juridictions de première instance -tribunaux de grande instance et tribunaux d'instance- évolue plus lentement. En revanche, en matière pénale, les délais sont encore trop lents, même si le taux de réponse pénale (plus de 80 %) est très satisfaisant, notamment grâce à la montée en puissance des procédures accélérées de jugement telles que les ordonnances pénales et la comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité.
Faisant le point sur l'aide juridictionnelle, le rapporteur pour avis a souligné la stabilité de la prévision de dépense pour 2008 qui s'élève à un peu moins de 330 millions d'euros, contre 327 en 2007. Il a, comme les années précédentes, insisté sur les limites du système actuel, « à bout de souffle ». Il a indiqué que le ministère de la justice avait souhaité, dans un souci de meilleure gestion, engager une politique plus volontariste en matière de recouvrement de l'aide juridictionnelle auprès de la partie condamnée aux dépens ou qui perd son procès lorsqu'elle n'est pas bénéficiaire de l'aide juridictionnelle ou auprès du bénéficiaire de l'aide lorsqu'elle lui a été retirée par décision du bureau d'aide juridictionnelle.
a relevé le faible impact sur les dépenses d'aide juridictionnelle de la loi du 19 février 2007 ayant prévu la subsidiarité de l'aide juridictionnelle lorsque les frais sont par ailleurs pris en charge par un contrat d'assurance de protection juridique ou un système de protection équivalent, expliquant que les domaines couverts par l'aide juridictionnelle et par les contrats d'assurance de protection juridique se recoupent encore assez peu. Il a estimé nécessaire que le gouvernement engage une réflexion pour remettre à plat la loi de 1991, relevant que le rapporteur spécial de la commission des finances, M. Roland du Luart avait dressé le même constat dans un récent rapport d'information.
a noté que des efforts budgétaires considérables avaient été accomplis en faveur de la justice, dont la part dans le budget de l'Etat n'était que d'1 % en 1982. Il a néanmoins observé que les moyens supplémentaires alloués à l'institution judiciaire devaient être mis en regard de l'augmentation du contentieux, interrogeant le rapporteur pour avis sur l'évolution de l'activité civile ces dernières années.
Le rapporteur pour avis a répondu que les comparaisons d'une année à l'autre étaient peu significatives, dans la mesure où le mode de comptabilisation, depuis l'entrée en vigueur de la LOLF, avait changé. Il a toutefois signalé que le flux des affaires civiles enregistrées dans les tribunaux de grande instance marque une stabilisation de 2005 à 2006, tandis que les tribunaux d'instance enregistrent une légère régression de leur activité.
a remercié le rapporteur pour avis d'avoir évoqué la situation de la CNIL, se félicitant de l'augmentation du budget de cette autorité administrative indépendante, prévue en 2008. Il a cependant relevé la modicité des effectifs (113 ETPT) au regard de ce qui prévaut pour ses homologues européens, l'autorité de protection des données personnelles britannique comptant 260 personnels, contre plus de 400 pour l'autorité allemande. Il a souhaité que les avancées obtenues pour 2008 soient poursuivies au cours des prochaines années afin de permettre à la CNIL de disposer d'un budget à la hauteur de ses missions.
a fait valoir que les moyens mis à la disposition de cet organe ne lui permettaient pas d'exercer correctement ses missions en province, notamment en matière de contrôle. Il a souhaité la création de délégations interrégionales, réparties sur l'ensemble du territoire, annonçant l'ouverture prochaine d'une antenne de la CNIL à Marseille. Il a jugé qu'à la lumière de l'importance du rôle qui est le sien, le rattachement de cette commission au ministère de la justice n'avait plus grand sens, plaidant, à l'instar du rapporteur pour avis, pour la création d'une mission rattachée au Premier ministre regroupant les crédits de toutes les autorités administratives indépendantes.
a fait part de son émotion à la lecture des recommandations du comité de réflexion et de proposition sur la modernisation et le rééquilibrage des institutions de la Ve République présidé par M. Edouard Balladur tendant à instituer un défenseur des droits fondamentaux sous l'autorité duquel serait placée la CNIL. Une telle évolution ne lui a pas paru souhaitable.
Il a fait valoir à cet égard que, d'une part, l'existence d'une autorité chargée de la protection des données personnelles indépendante constitue un critère pour entrer au sein de l'Union européenne et qu'il ne serait pas logique que la France ne puisse plus satisfaire à cette exigence et que, d'autre part, l'activité de la CNIL ne saurait être réductible à la médiation, car elle recouvre un champ beaucoup plus large qui s'étend au domaine juridictionnel, aux expertises et à l'accompagnement du développement économique des entreprises françaises. En sa qualité de président de la CNIL, il a relaté avoir fait part de ses inquiétudes à M. Edouard Balladur.
s'est également déclaré surpris de la proposition du comité Balladur tendant à placer la CNIL sous le contrôle d'un défenseur des droits fondamentaux, après avoir estimé que l'indépendance de cette autorité administrative indépendante, tout comme celle du Contrôleur général des lieux de privation de liberté, interdit de les placer sous l'égide d'une autorité quelconque. Il a au demeurant jugé délicat de regrouper plusieurs autorités administratives indépendantes au sein d'un conseil du pluralisme, faisant valoir que le Conseil supérieur de l'audiovisuel fait appel à des personnels spécialisés dont la spécificité doit être préservée. Il a estimé difficile de transposer l'ombudsman suédois à la France qui a des traditions juridiques différentes et dont, au demeurant, les autorités administratives indépendantes donnent pleinement satisfaction.
a souligné que la mesure des délais de traitement des juridictions ne serait pertinente qu'une fois la réforme de la carte judiciaire achevée. Il a souhaité savoir si une revalorisation de la rétribution des avocats au titre de l'aide juridictionnelle interviendrait en 2008.
a rappelé qu'en 2007, notamment grâce à un amendement du Sénat, le montant de l'unité de valeur avait été revalorisé de 20,84 à 22,50 euros. En revanche, le projet de budget pour 2008 ne prévoit pas de nouvelle augmentation. Il a précisé que le montant moyen perçu par avocat s'est élevé à 307 euros par mission achevée en 2006. Il a plaidé pour une remise à plat du système actuel de l'aide juridictionnelle, préférable à des ajustements ponctuels aux effets nécessairement limités.
s'est demandé comment le ministère était parvenu à maîtriser les frais de justice, s'inquiétant d'une éventuelle dégradation de la qualité des enquêtes.
a indiqué que la baisse de ce poste de dépenses était principalement imputable aux économies réalisées sur les frais de justice pénaux, lesquels représentent 70 % de l'enveloppe allouée en 2006 et a enregistré une diminution spectaculaire (- 30 %), principalement grâce à la tarification des écoutes téléphoniques. Le coût des réquisitions téléphoniques s'est ainsi réduit de 44 % en 2006. Il a également signalé que le ministère de la justice avait mis en place des centrales d'écoutes téléphoniques. Il a précisé que la grande majorité des acteurs de l'institution judiciaire qu'il avait rencontrés avaient assuré que la qualité des enquêtes n'avait pas été affectée. Il a néanmoins observé que le ministère public est fréquemment conduit à s'interroger sur la valeur ajoutée des actes d'enquête dans chaque procédure.
a souligné l'impact des négociations tarifaires dans le domaine des empreintes génétiques, qui ont permis une économie significative sur ce poste de dépenses.
Le rapporteur pour avis a ajouté qu'il avait pu constater lors de ses déplacements que la prise de conscience de la nécessaire régulation des frais de justice avait cédé le pas aux résistances exprimées initialement dans les juridictions, se félicitant avec M. Jean-Jacques Hyest, président, de ce que les personnels de l'institution judiciaire aient démontré leur réelle capacité à gérer.
a souhaité obtenir des informations précises sur l'évolution de l'activité contentieuse et notamment par grandes familles de litiges. Il a souhaité connaître la répartition des mesures mises en oeuvre dans le cadre des procédures alternatives aux poursuites. Il s'est déclaré réservé sur la pertinence d'un critère tel que le délai moyen de jugement pour apprécier la capacité de l'institution judiciaire à traiter les affaires, prônant une distinction plus fine par catégories d'affaires. Il a regretté le caractère imprécis et peu fiable des statistiques du ministère de la justice en ce domaine.
Le rapporteur pour avis a reconnu le caractère encore très imparfait des indicateurs de performance, notant toutefois que l'important chantier d'informatisation des juridictions engagé cette année peut laisser espérer des avancées en matière de comptage statistique. Il a indiqué à MM. Pierre Fauchon et Robert Badinter que le rapport écrit répondrait à leurs interrogations sur l'évolution de l'activité contentieuse en matière civile.
a fait valoir que le délai moyen de jugement reste une donnée utile pour dresser des comparaisons d'une année à l'autre.
Le rapporteur pour avis a estimé en outre que la performance de l'institution judiciaire ne devait pas être appréhendée seulement à l'aune de critères quantitatifs.
En réponse à M. Robert Badinter, qui l'interrogeait sur le nombre de postes ouverts aux concours d'entrée à l'Ecole nationale de la magistrature, le rapporteur a indiqué que 160 auditeurs de justice avaient été recrutés cette année au titre de la promotion 2008, ajoutant que les recrutements sur titres seraient plus largement utilisés.
a indiqué que la baisse du nombre de postes offerts dans le cadre du concours n'était pas sans conséquence sur les débouchés -plus restreints- proposés aux étudiants en droit.
La commission a décidé de donner un avis favorable à l'adoption des crédits alloués par le projet de loi de finances pour 2008 à la justice judiciaire et à l'accès au droit.
La commission a ensuite examiné le rapport pour avis de M. Nicolas Alfonsi sur les crédits consacrés au programme « Protection judiciaire de la jeunesse » de la mission « Justice » inscrits dans le projet de loi de finances pour 2008.
a tout d'abord retracé l'évolution de l'activité des services et associations chargés de la protection judiciaire de la jeunesse, en rappelant que plus des trois quarts des jeunes étaient suivis au civil et en se félicitant de la réduction des délais séparant la notification des décisions judiciaires de leur exécution. Il a toutefois relevé que ces progrès demeuraient perfectibles, notamment pour les mesures en milieu ouvert, et qu'il fallait également tenir compte des délais de rédaction et de notification des décisions judiciaires imputables aux greffes des tribunaux de grande instance.
a ensuite évoqué les efforts entrepris depuis plusieurs années pour moderniser la protection judiciaire de la jeunesse, consistant à diversifier les modes de prise en charge, à rationaliser les moyens et à développer les contrôles. Il a notamment relevé l'augmentation des taux d'occupation des structures de placement du secteur public, salué l'ouverture en 2007 des quatre premiers établissements pénitentiaires pour mineurs et insisté sur la nécessité de développer la coopération entre les services et associations chargés de la protection judiciaire de la jeunesse, ainsi qu'avec d'autres services de l'Etat (forces de sécurité et éducation nationale notamment) et le corps médical, notamment pour renforcer la prise en charge psychiatrique des mineurs.
Enfin, M. Nicolas Alfonsi, rapporteur pour avis, a présenté les moyens budgétaires alloués à la protection judiciaire de la jeunesse, en observant qu'en 2008, les crédits de paiement progresseraient de 1,6 %, pour atteindre 809 millions d'euros, et que cent emplois supplémentaires seraient créés, essentiellement pour permettre la création de trois nouveaux établissements pénitentiaires pour mineurs et de dix centres éducatifs fermés. Il a observé que, conformément aux souhaits exprimés par la commission en 2005 et 2006, la dette de l'Etat à l'égard du secteur associatif habilité était en passe d'être apurée, grâce à des dotations complémentaires et à la poursuite de la réduction des dépenses d'hébergement des jeunes majeurs.
Après avoir observé que la durée limitée des mesures judiciaires, notamment celle des séjours dans les établissements pénitentiaires pour mineurs, ne favorisait pas le suivi éducatif des mineurs et rendait nécessaire une bonne coordination entre les différents acteurs de la protection judiciaire de la jeunesse, M. Nicolas Alfonsi, rapporteur pour avis, a proposé à la commission de donner un avis favorable à l'adoption des crédits consacrés au programme « Protection judiciaire de la jeunesse » de la mission « Justice » inscrits dans le projet de loi de finances pour 2008.
a souhaité connaître la liste des cinq centres éducatifs fermés sélectionnés par le ministère de la justice pour bénéficier à titre expérimental de moyens renforcés pour la prise en charge des troubles mentaux des mineurs délinquants, les critères ayant présidé à leur sélection ainsi que les conditions dans lesquelles les mineurs y seraient placés.
a simplement précisé que les cinq centres sélectionnés étaient ceux de Savigny-sur-Orge (Essonne), Valence (Drôme), Moissannes (Haute-Vienne), Saint-Venant (Pas-de-Calais) et La Jubaudière (Maine-et-Loire).
En réponse à M. Robert Badinter, M. Nicolas Alfonsi, rapporteur pour avis, a indiqué que 729 mineurs étaient incarcérés au 1er janvier 2007, dont 90 avaient moins de seize ans. Il a rappelé que le maximum avait été atteint en 2003, avec 808 mineurs incarcérés, et le minimum en 2001 et 2005, où ce nombre était d'environ 620.
s'est interrogé sur la proportion de ces mineurs ayant déjà été incarcérés.
a indiqué que les associations avaient déploré, au cours des années récentes, la réduction des moyens alloués à la prise en charge judiciaire des jeunes majeurs.
a expliqué que les décrets de 1975 relatifs à la prise en charge des jeunes majeurs ne permettaient pas de distinguer clairement les hypothèses dans lesquelles une protection administrative financée par le conseil général suffit de celles où une prise en charge judiciaire financée par l'Etat s'avère nécessaire. Il a rappelé que, conformément aux recommandations de la Cour des comptes, le ministère de la justice avait adressé aux directeurs régionaux de la protection judiciaire de la jeunesse et aux chefs de cours d'appel, le 21 mars 2005, une circulaire les invitant à réserver la prise en charge judiciaire des jeunes majeurs à ceux qui étaient déjà suivis par les services de l'Etat pendant leur minorité. Il a constaté que les juges des enfants avaient pris en compte cette invite, le nombre des mesures nouvelles ayant diminué de 4.101 à 3.250 entre 2005 et 2006, ce qui avait entraîné une réduction des frais d'hébergement des jeunes majeurs de 109 millions à 77 millions d'euros.
a par ailleurs relevé les difficultés rencontrées par les associations pour recruter des éducateurs qualifiés.
a ajouté que les difficultés d'exercice de ce métier rendaient les carrières courtes.
Mme Alima Boumediene-Thiery a exprimé la crainte d'une nouvelle diminution des crédits alloués au financement des maisons d'enfants à caractère social, gérées par le secteur associatif habilité.
a indiqué que la situation financière des associations habilitées s'était améliorée grâce à la réduction des dépenses d'hébergement des jeunes majeurs, à l'octroi de dotations complémentaires et à la mise en place d'un paiement linéaire par douzièmes des mesures d'investigation et d'orientation éducative, qui constituent leur deuxième poste budgétaire.
Il a indiqué que la commission s'était inquiétée, en 2006, des risques de rupture de prise en charge des jeunes majeurs induits par le désengagement de l'Etat, mais que l'Assemblée des départements de France, interrogée par écrit dans le cadre de la préparation de l'avis budgétaire concernant le projet de loi de finances pour 2008, n'avait communiqué aucun élément précis sur ce point.
a indiqué que la prise en charge des jeunes majeurs variait d'un département à l'autre, en fonction des relations entretenues par les services de l'aide sociale à l'enfance et ceux de la direction de la protection judiciaire la jeunesse.
La commission a donné un avis favorable à l'adoption des crédits du programme « Protection judiciaire de la jeunesse » de la mission « Justice » inscrits dans le projet de loi de finances pour 2008.
La commission a ensuite examiné le rapport pour avis de M. Jean-René Lecerf sur les crédits de la mission « Justice » consacrés à l'administration pénitentiaire, inscrits dans le projet de loi de finances pour 2008.
a rappelé que la dotation réservée au programme « Administration pénitentiaire » progressait de 6,4 % et représentait 36,6 % de la mission « Justice », soit une enveloppe de 2,383 millions d'euros. Cette augmentation se justifiait, pour l'essentiel, par l'ouverture de sept nouveaux établissements pénitentiaires au cours de l'année 2008 et par les moyens nécessaires à leur fonctionnement, ainsi que par la poursuite du programme de réalisation de 13.200 places prévu dans le cadre de la loi d'orientation et de programmation de la justice (LOPJ) pour 2002.
Le rapporteur pour avis a indiqué que le budget permettrait également la création de 842 emplois (parmi lesquels 150 emplois de conseiller d'insertion et de probation). Il a ajouté que les objectifs en emplois de la LOPJ avaient été réalisés à hauteur de 82 %. Il a souhaité néanmoins attirer l'attention sur l'insuffisance des dépenses d'entretien d'un patrimoine immobilier estimé à 5 milliards d'euros en relevant que les moyens mobilisés à ce titre pour 2008 s'élevaient à 83,5 millions d'euros, alors que le montant annuel nécessaire est estimé à 150 millions d'euros. Il a noté que le défaut d'entretien des bâtiments pouvait se révéler à terme lourd de conséquences pour les finances publiques, comme le montrait l'exemple de la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis, dont la rénovation entière, tardive, se révélait sans doute plus dispendieuse qu'une construction nouvelle.
a souligné que le programme « Administration pénitentiaire » comportait plusieurs objectifs assortis d'indicateurs de performance dont plusieurs avaient été modifiés pour 2008, notamment l'indicateur relatif au coût de journée de détention dont l'interprétation était délicate (une baisse du coût pouvant signifier soit un gain de productivité, soit une baisse de qualité), remplacé d'une part par le suivi des nouvelles places créées et, d'autre part, par le taux de performance de la production immobilière (rapport entre le coût de la place des constructions nouvelles et leur délai de réalisation).
Le rapporteur pour avis a rappelé, qu'accompagné de plusieurs de ses collègues, il avait visité, au cours des deux derniers trimestres, une vingtaine d'établissements pénitentiaires et que les informations recueillies à cette occasion le conduisait plus particulièrement à insister sur quatre thèmes qui trouveraient nécessairement un prolongement dans la loi pénitentiaire. Il a souligné en premier lieu la nécessité de développer les mesures d'aménagement de peine. Il a rappelé qu'au 1er novembre 2007 le nombre de détenus en prison s'élevait à 61.763 personnes pour un nombre de places opérationnelles de 50.727, soit un taux d'occupation de l'ordre de 120 %, moyenne non significative compte tenu des fortes disparités entre des maisons d'arrêt surpeuplées et les établissements pour peine.
a observé que les mesures d'aménagement de peines avaient connu une évolution contrastée : la libération conditionnelle avait concerné 5 % des condamnés en 2006, contre 12 % en 2001, alors même qu'elle contribuait à limiter le risque de récidive dans la mesure où elle s'organisait le plus souvent autour d'un projet professionnel et ménageait ainsi une transition entre la période carcérale et la libération définitive. En revanche, les placements à l'extérieur ou en semi-liberté connaissaient une légère progression, tandis que le placement sous surveillance électronique avait plus que doublé entre 2004 et 2006. Le rapporteur pour avis a regretté les freins persistants à l'aménagement de peine. Il a cité notamment les jurisprudences très différentes des juges de l'application des peines dont certains limitaient de manière drastique le nombre de mesures ainsi que l'échec relatif, en raison de sa lourdeur, de la nouvelle procédure d'aménagement de peine prévue par la loi « Perben 2 ». Il a évoqué l'effet non recherché d'une disposition introduite par la loi du 10 août 2007 renforçant la lutte contre la récidive des majeurs et des mineurs qui subordonne la libération conditionnelle d'une personne condamnée pour un crime ou un délit pour lequel le suivi socio-judiciaire est encouru à une expertise établissant la possibilité de soumettre l'intéressé à une injonction de soin. Or, depuis la loi du 5 mars 2007 relative à la prévention de la délinquance, a-t-il ajouté, le champ d'application du suivi socio-judiciaire a été élargi aux auteurs de violences au sein du couple qui, à la différence des auteurs d'infractions sexuelles pour lequel le suivi socio-judiciaire avait été initialement prévu, pouvaient être condamnés à une courte peine. Dès lors, l'obligation de l'expertise préalable compte tenu des délais nécessaires pour la mettre en oeuvre interdisait en pratique toute libération conditionnelle. Il a estimé que ce point pourrait être amendé à la faveur de l'examen du projet de loi pénitentiaire.
En deuxième lieu, M. Jean-René Lecerf, rapporteur pour avis, a estimé que la différenciation des structures de détention était un préalable à une réinsertion réussie. Il a d'abord évoqué les établissements pénitentiaires pour mineurs qui permettaient une prise en charge fortement individualisée pour un coût de l'ordre de 260 euros, compte non tenu de la charge qui incombe à l'éducation nationale et au ministère de la santé. Il s'est félicité de ce que l'administration pénitentiaire et la protection judiciaire de la jeunesse aient mis en place un dispositif de retour d'expérience destiné à évaluer le programme des EPM au regard de l'objectif de prévention de la récidive.
Le rapporteur pour avis a ensuite indiqué qu'il avait visité les centres de détention de Casabianda et de Mauzac ainsi que le centre pénitentiaire de Caen, qui avaient pour point commun d'accueillir une très grande majorité de délinquants sexuels. Il a observé que l'emprise foncière très étendue de ces structures leur permettait d'offrir aux détenus de nombreuses activités dans des conditions exemplaires. Il a cependant noté l'insuffisance de la prise en charge psychiatrique liée à la fois à l'insuffisance du nombre de psychiatres et à l'éloignement des grandes agglomérations. Il a regretté que des établissements si particuliers ne fassent pas l'objet d'une évaluation plus approfondie qui permettrait de distinguer ce qui, dans ces expériences, peut ou non être généralisé. Si tout laissait à penser, selon lui, que le taux de récidive à l'issue d'une détention dans ces centres était très faible, il n'existait cependant aucun instrument pour s'en assurer. Il a formé le voeu que le ministère de la justice se dote d'une capacité d'évaluation du taux de récidive selon les grandes catégories d'établissements. Il a estimé qu'il y aurait là le moyen d'apprécier précisément l'impact des conditions de détention sur la réinsertion et donc d'orienter utilement la politique pénitentiaire.
a insisté sur le nécessaire développement de la formation et de l'emploi en prison. Il a évoqué plusieurs pistes envisagées par l'administration pénitentiaire pour favoriser l'activité des détenus : l'amélioration de l'organisation des flux entre la prison et l'extérieur, la valorisation des atouts du travail pénitentiaire -moindre coût, flexibilité et proximité. Il s'est interrogé sur l'application aux détenus du contrat de travail de droit commun en indiquant que cette question serait débattue dans le cadre du projet de loi pénitentiaire. Il a enfin estimé indispensable de valoriser l'image du travail pénitentiaire et des entreprises qui le promouvait. Dans le domaine de la formation, il a regretté que les financements, assurés pour une large part par le ministère du travail et le fonds social européen, se réduisent chaque année au risque de mettre en cause certaines actions utiles menées par le biais d'associations. Il s'est demandé s'il ne serait pas opportun de soumettre le financement de la formation au droit commun et d'en confier la responsabilité, sous réserve de contrepartie, aux régions.
Enfin, le rapporteur pour avis a souhaité une revalorisation du rôle des personnels pénitentiaires. Il a observé que le métier de surveillant pouvait s'enrichir de nouvelles missions telles que l'évaluation de la dangerosité ou la participation à la mission de réinsertion. Il a estimé parfaitement légitime que les personnels de surveillance soient reconnus comme la troisième force de sécurité aux côtés de la police et de la gendarmerie. Il a noté également la diversification des responsabilités confiées aux personnels d'insertion et de probation, estimant qu'elle impliquait un effort particulier en faveur de la formation et un renforcement des effectifs.
s'est interrogé sur les conséquences des réformes récentes de la législation pénale sur l'évolution du nombre de détenus.
a observé que, si au terme de la mise en oeuvre de la loi d'orientation et de programmation de la justice, 13.200 places seraient créées, l'augmentation de ces capacités avait pour principal objectif de garantir le principe d'un encellulement individuel qui constituait un élément fondamental pour améliorer les conditions de détention. Il a ajouté qu'il fallait développer les mesures d'aménagement de peine, voire les systématiser, pour les peines de très courte durée.
s'est interrogée sur les moyens consacrés aux unités de vie familiale ainsi qu'aux parloirs familiaux. M. Jean-René Lecerf, rapporteur pour avis, a précisé que les nouveaux établissements pénitentiaires comporteraient de telles structures.
ont félicité le rapporteur pour avis pour le travail accompli grâce à de nombreux déplacements sur la situation des prisons qui illustrait parfaitement la continuité du contrôle parlementaire. M. Robert Badinter a insisté sur la dilution progressive des liens familiaux pour les personnes condamnées à de longues peines. Il a souligné le vieillissement de la population pénale et rapproché la situation actuelle des prisons de l'ancienne conception de l'« Hôpital général » qui, avant la révolution, accueillait sans distinction les déments, les vieillards, les indigents ou les délinquants.
La commission a décidé de donner un avis favorable à l'adoption des crédits inscrits au titre de l'administration pénitentiaire dans le projet de loi de finances pour 2008.
La commission a enfin procédé, sur le rapport de M. Laurent Béteille, à l'examen des amendements à ses conclusions sur la proposition de loi n° 432 (2006-2007) portant réforme de la prescription en matière civile.
A l'article premier (article 2224 du code civil - réduction à cinq ans du délai de droit commun de la prescription extinctive), la commission a donné un avis défavorable à l'amendement n° 9, présenté par Mme Nicole Borvo Cohen-Seat et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, ayant pour objet de fixer à dix ans le délai de droit commun de la prescription extinctive et de prévoir qu'il commence à courir à compter du jour où le titulaire d'un droit a connu les faits lui permettant de l'exercer.
A l'article premier (article 2226 du code civil - prescription des actions en responsabilité civile tendant à la réparation d'un dommage corporel ou d'un préjudice causé par des tortures ou des actes de barbarie, ou par des violences ou des agressions sexuelles commises contre un mineur), elle a donné un avis favorable à l'amendement n° 1, présenté par le gouvernement, ayant pour objet de soumettre à un délai de prescription de dix ans les actions en responsabilité tendant à la réparation de l'ensemble des préjudices résultant d'un dommage corporel, qu'il s'agisse des pertes matérielles subies par la victime directe du dommage ou des préjudices subis par ses proches.
En réponse à M. Michel Dreyfus-Schmidt, M. Laurent Béteille, rapporteur, a précisé que, conformément à une jurisprudence bien établie, l'aggravation du dommage corporel faisait courir un nouveau délai de prescription, sans qu'il soit besoin de le prévoir dans la loi.
A l'article premier (article 2236 du code civil - suspension de la prescription entre époux), la commission a donné un avis favorable à l'amendement n° 2, présenté par le gouvernement, ayant pour objet de prévoir que la prescription ne court pas ou est suspendue entre personnes ayant conclu un pacte civil de solidarité.
A l'article premier (article 2238 du code civil - suspension de la prescription en cas de médiation), elle a donné un avis favorable à l'amendement n° 3, présenté par le gouvernement, ayant pour objet de prévoir que le recours à la conciliation constitue une cause de suspension de la prescription.
A l'article premier (article 2254 du code civil - extension des possibilités d'aménagement conventionnel de la prescription), elle a donné un avis favorable à l'amendement n° 8, présenté par M. Michel Dreyfus-Schmidt et les membres du groupe socialiste, apparentés et rattachés, ayant pour objet d'interdire l'aménagement contractuel des délais de prescription de certaines créances périodiques, en particulier les salaires ainsi que les loyers et les charges locatives afférents à des baux d'habitation.
La commission a donné un avis favorable à l'amendement n° 4, présenté par le gouvernement, tendant à insérer un article additionnel après l'article 6 destiné à éviter que l'action civile puisse se trouver prescrite avant l'action publique, en prévoyant que l'action civile se prescrit selon les règles de l'action publique lorsqu'elle est exercée devant une juridiction répressive et se prescrit selon les règles du code civil lorsqu'elle est exercée devant une juridiction civile.
Elle a ensuite examiné l'amendement n° 6, présenté par le gouvernement, ayant pour objet d'insérer un article additionnel après l'article 6 afin de prévoir un délai de prescription de trente ans pour les actions en réparation des dommages causés à l'environnement, courant à compter de la manifestation du dommage.
rapporteur, Jean-Jacques Hyest, président, Pierre Fauchon, Michel Dreyfus-Schmidt et Pierre-Yves Collombat ont approuvé le report du point de départ de la prescription à la manifestation du dommage, mais jugé excessif le délai de trente ans proposé par le gouvernement au regard de l'abaissement des délais prévu par la proposition de loi.
En conséquence, la commission a donné un avis favorable à l'amendement n° 6 sous réserve d'un sous-amendement qu'elle a chargé le rapporteur de déposer tendant, d'une part, à réduire de trente ans à dix ans la durée de la prescription de l'action en réparation des dommages causés à l'environnement, d'autre part, à exclure l'application du délai butoir de vingt ans prévu par le nouvel article 2232 du code civil.
A l'article 7 (réduction du délai de prescription applicable aux actions entre commerçants, ou entre commerçants et non-commerçants), elle a donné un avis défavorable à l'amendement n° 10, présenté par Mme Nicole Borvo Cohen-Seat et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, ayant pour objet de maintenir à dix ans la durée du délai de droit commun de la prescription extinctive en matière commerciale.
A l'article 9 (affectation au Fonds de réserve des retraites de sommes résultant de la liquidation de certains instruments financiers), elle a donné un avis défavorable à l'amendement n° 11, présenté par Mme Nicole Borvo Cohen-Seat et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, ayant pour objet d'affecter au Fonds de réserve des retraites le produit de certains instruments financiers, et en particulier des contrats d'assurance sur la vie, lorsqu'ils n'ont pas été réclamés ou utilisés pendant une période de dix ans, contre trente ans actuellement.
Enfin, à l'article 18 (compensation des conséquences financières de l'adoption de la proposition de loi), la commission a donné un avis favorable à l'amendement de suppression n° 5, présenté par le gouvernement afin de lever le « gage » financier.