Séance en hémicycle du 16 novembre 2023 à 14h30

Résumé de la séance

Les mots clés de cette séance

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  • l’hôpital
  • médecin
  • médicament

La séance

Source

La séance, suspendue à douze heures cinquante-cinq, est reprise à quatorze heures trente, sous la présidence de M. Dominique Théophile.

Debut de section - PermalienPhoto de Solanges NADILLE

Monsieur le président, lors du scrutin n° 46 portant sur l’ensemble de la deuxième partie du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2024, Mme Samantha Cazebonne et M. Olivier Bitz souhaitaient voter pour.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

Acte est donné de cette mise au point, ma chère collègue. Elle sera publiée au Journal officiel et figurera dans l’analyse politique du scrutin.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

Nous reprenons la discussion du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2024.

Dans la discussion des articles, nous en sommes parvenus, au sein du chapitre Ier du titre Ier de la troisième partie, aux amendements portant articles additionnels après l’article 22.

TROISIÈME PARTIE

Dispositions relatives aux dépenses pour l’exercice 2024

TITRE Ier

DISPOSITIONS RELATIVES AUX DÉPENSES

Chapitre Ier

Poursuivre la transformation du système de santé pour renforcer la prévention et l’accès aux soins

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

Je suis saisi de six amendements identiques.

L’amendement n° 378 rectifié est présenté par M. Genet.

L’amendement n° 635 rectifié est présenté par M. Canévet et Mme N. Goulet.

L’amendement n° 682 rectifié ter est présenté par Mme Gruny, MM. Milon et Paccaud, Mmes Belrhiti, Petrus, Micouleau et Jacques, MM. Panunzi, Sol et Belin, Mmes Aeschlimann et Canayer, M. Piednoir, Mme Joseph, MM. Brisson, Cuypers, Klinger, Cadec et Chatillon, Mmes Dumont et Demas, MM. Lefèvre et Darnaud, Mme Ventalon, M. Sido, Mme Bonfanti-Dossat, MM. Pellevat, Saury et Bouchet, Mme Primas, M. Burgoa, Mme Estrosi Sassone, MM. J.B. Blanc, Sautarel et Gremillet, Mme Lassarade et M. Pointereau.

L’amendement n° 1007 rectifié quater est présenté par MM. Longeot, Tabarot, P. Martin, Henno et S. Demilly, Mmes Saint-Pé et Jacquemet, MM. Duffourg et Menonville et Mme Antoine.

L’amendement n° 1299 rectifié bis est présenté par M. Tissot, Mme Bonnefoy, MM. Bourgi, Devinaz, Fichet, Pla, Cozic, P. Joly et Kerrouche et Mmes Monier et Conway-Mouret.

L’amendement n° 1344 rectifié bis est présenté par Mme Schillinger, MM. Rambaud, Buis et Buval, Mmes Havet et Duranton et M. Rohfritsch.

Ces six amendements sont ainsi libellés :

Après l’article 22

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

I. - Le code de la sécurité sociale est ainsi modifié :

1° Après le 7° bis de l’article L. 162-9, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :

« 7° Le cas échéant, les modalités de versement d’une aide financière complémentaire aux chirurgiens-dentistes, sages-femmes ou aux auxiliaires médicaux interrompant leur activité médicale pour cause de maternité ou de paternité ; »

2° L’article L. 162-12-2, est complété par un alinéa ainsi rédigé :

« …° Le cas échéant, les modalités de versement d’une aide financière complémentaire aux infirmiers interrompant leur activité médicale pour cause de maternité ou de paternité. » ;

3° Après le 5° de l’article L. 162-12-9, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :

« …) Le cas échéant, les modalités de versement d’une aide financière complémentaire aux masseurs-kinésithérapeutes interrompant leur activité médicale pour cause de maternité ou de paternité ; »

4° Après le 6° de l’article L. 162-14, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :

« Le cas échéant, les modalités de versement d’une aide financière complémentaire aux directeurs de laboratoires privés d’analyses médicales interrompant leur activité médicale pour cause de maternité ou de paternité. » ;

5° Après le 12° de l’article L. 162-16-1, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :

« …° Le cas échéant, les modalités de versement d’une aide financière complémentaire aux pharmaciens titulaires d’officine interrompant leur activité médicale pour cause de maternité ou de paternité. » ;

6° L’article L. 322-5-2 est complété par un alinéa ainsi rédigé :

« …° Le cas échéant, les modalités de versement d’une aide financière complémentaire aux entreprises de transports sanitaires interrompant leur activité médicale pour cause de maternité ou de paternité. »

II. – La perte de recettes résultant pour les organismes de sécurité sociale du I est compensée, à due concurrence, par la création d’une taxe additionnelle à l’accise sur les tabacs prévue au chapitre IV du titre Ier du livre III du code des impositions sur les biens et services.

L’amendement n° 378 rectifié n’est pas soutenu.

La parole est à Mme Nathalie Goulet, pour présenter l’amendement n° 635 rectifié.

Debut de section - PermalienPhoto de Nathalie Goulet

Il s’agit d’un amendement déposé par notre collègue Michel Canévet.

L’article 72 de la loi de financement de la sécurité sociale pour 2017 a habilité les partenaires conventionnels, dans le cadre de la convention médicale, à négocier les modalités de versement d’une aide financière complémentaire aux médecins interrompant leur activité pour cause de maternité ou de paternité, afin de les aider à faire face, pendant cette période, aux charges inhérentes à la gestion de leur cabinet médical.

Cet amendement vise à permettre la négociation de cet avantage dans le champ conventionnel des différentes professions de santé, afin d’instaurer une égalité de traitement.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

La parole est à Mme Pascale Gruny, pour présenter l’amendement n° 682 rectifié ter.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

Je souhaite insister sur la nécessité d’une égalité entre les médecins et les autres professionnels de santé en matière de congés de maternité et de paternité.

Il s’agit d’un sujet important, notamment pour les femmes, dont la part augmente dans ces professions. Il est nécessaire de les accompagner par une aide leur permettant de mieux gérer leur cabinet. J’ai ainsi rencontré une jeune femme chirurgien-dentiste qui peinait à rembourser ses emprunts après avoir créé son cabinet.

Cette mesure répond vraiment à une réelle attente du terrain. En outre, elle pourrait aider à l’installation de jeunes praticiens, dont nous avons tant besoin sur nos territoires.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

La parole est à M. Olivier Henno, pour présenter l’amendement n° 1007 rectifié quater.

Debut de section - PermalienPhoto de Olivier Henno

Il est défendu, monsieur le président, mais je souhaite encore insister sur la nécessité d’étendre cette aide, notamment pour les territoires ruraux.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

Les amendements n° 1299 rectifié bis et 1344 rectifié bis ne sont pas soutenus.

Quel est l’avis de la commission ?

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Mouiller

Je souscris aux propos exprimés en défense de ces amendements.

La commission émet un avis favorable.

Debut de section - Permalien
Aurélien Rousseau

Ces dispositions soulèvent indéniablement des interrogations pertinentes.

Comme vous le savez, les professionnels libéraux sont aujourd’hui affiliés à un régime distinct du régime général de la sécurité sociale, qui ne prévoit pas, à proprement parler, de congés de paternité ou de maternité standardisés.

Cependant, ces professionnels disposent d’aides spécifiques en cas d’arrêt lié à la maternité. Ils peuvent ainsi prétendre à une allocation forfaitaire dite de repos maternel, s’élevant à environ 3 500 euros par mois, ainsi qu’à une indemnité forfaitaire d’interruption d’activité, calculée par jour d’arrêt de travail. Ce dispositif peut être complété par la prime de naissance et le remboursement intégral des frais médicaux.

En cas de congé de paternité, les professionnels de santé ont droit à une indemnité journalière forfaitaire, pour une durée minimale de vingt-cinq jours, prolongée à trente-deux jours en cas de naissances multiples.

La loi de financement de la sécurité sociale pour 2017 a en effet instauré le principe d’une compensation spécifique pour les médecins, dans le cadre de négociations conventionnelles. Pour autant, cette mesure ne constitue pas une violation du principe d’égalité, car les autres professionnels bénéficient d’un dispositif similaire.

Ces dispositions ne couvrent donc pas intégralement les revenus perdus. C’est là toute la différence entre le statut libéral et le statut socialisé, qui se rapproche de celui d’un salarié.

Pour autant, cette situation étant bien prise en compte, mon avis sur ces amendements identiques est défavorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

Je mets aux voix les amendements identiques n° 635 rectifié, 682 rectifié ter et 1007 rectifié.

Les amendements sont adoptés.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l’article 22.

L’amendement n° 1082 rectifié bis, présenté par Mmes Vermeillet et N. Goulet, MM. Laugier et Kern, Mme O. Richard, MM. Mizzon et Henno, Mmes Gatel, Saint-Pé, Sollogoub, Perrot et Gacquerre, MM. P. Martin et J.M. Arnaud, Mme Jacquemet et MM. Duffourg et Bleunven, est ainsi libellé :

Après l’article 22

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Dans un délai de six mois à compter de la promulgation de la présente loi, le Gouvernement remet au Parlement un rapport portant sur l’application de l’article 72 de la loi n° 2016-1827 du 23 décembre 2016 de financement de la sécurité sociale pour 2017.

Ce rapport analyse plus largement l’opportunité d’élargir le versement d’une aide financière complémentaire à l’ensemble des professionnels de santé pour cause de congé maternité ou paternité.

La Haute Autorité de santé est consultée pour la production du rapport précité.

La parole est à Mme Sylvie Vermeillet.

Debut de section - PermalienPhoto de Sylvie Vermeillet

L’article 72 de la loi de financement de la sécurité sociale pour 2017 a habilité les partenaires conventionnels, dans le cadre de la convention médicale, à négocier les modalités et le versement d’une aide financière complémentaire aux médecins interrompant leur activité pour cause de maternité ou de paternité, afin de les aider durant cette période.

Mon amendement visait à demander un rapport sur cette question, mais, compte tenu de l’adoption des amendements identiques précédents, je le retire, monsieur le président.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

L’amendement n° 1082 rectifié bis est retiré.

Je suis saisi de quatre amendements identiques.

L’amendement n° 474 rectifié bis est présenté par Mme N. Delattre, MM. Bilhac, Cabanel et Daubet, Mme Girardin, MM. Grosvalet, Guérini, Guiol et Laouedj et Mme Pantel.

L’amendement n° 622 rectifié ter est présenté par M. Canévet, Mmes N. Goulet et O. Richard, MM. Delcros, Longeot, Kern, Duffourg et Courtial, Mme Havet et MM. Folliot, S. Demilly, Henno et Bleunven.

L’amendement n° 762 rectifié bis est présenté par Mmes Souyris et Poncet Monge, MM. Benarroche, G. Blanc et Dantec, Mme de Marco, MM. Dossus, Fernique et Gontard, Mme Guhl, MM. Jadot et Mellouli, Mme Ollivier, MM. Parigi et Salmon et Mmes Senée et M. Vogel.

L’amendement n° 967 rectifié est présenté par Mmes Brulin, Apourceau-Poly, Silvani et les membres du groupe Communiste Républicain Citoyen et Écologiste – Kanaky.

Ces quatre amendements sont ainsi libellés :

Après l’article 22

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

L’article L. 162-32-1 du code de la sécurité sociale est ainsi modifié :

1° À la première phrase du 2°, après les mots : « centres de santé », sont insérés les mots : « en prenant en compte les spécificités de ces derniers » ;

2° Après le 8°, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :

« …° Le cas échéant des dispositifs d’aide prenant en compte le contexte économique et sanitaire des centres de santé ».

L’amendement n° 474 rectifié bis n’est pas soutenu.

La parole est à Mme Nathalie Goulet, pour présenter l’amendement n° 622 rectifié ter.

Debut de section - PermalienPhoto de Nathalie Goulet

Il s’agit là encore d’un amendement de Michel Canévet.

Les centres de santé constituent un acteur important de l’accès aux soins de premier recours, proposant une offre de soins de prévention pluridisciplinaire que nous connaissons tous.

Leur modèle économique actuel et les problématiques qui lui sont propres font l’objet d’attentions particulières : l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) a été missionnée en mars 2023 pour les évaluer.

Le présent amendement tend à proposer que des dispositifs d’aide soient négociés pour ces centres de santé au sein de l’accord national les concernant, prenant en compte les équilibres budgétaires, en attendant la reconnaissance et la valorisation des missions de service public qu’ils remplissent : territorialité, accessibilité financière, soins non programmés et permanence des soins.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

La parole est à Mme Anne Souyris, pour présenter l’amendement n° 762 rectifié bis.

Debut de section - PermalienPhoto de Anne SOUYRIS

Cet amendement, issu d’une proposition de la Mutualité française, vise à doter de dispositifs d’aide les centres de santé, dans le cadre de l’accord conclu entre ceux-ci et l’Union nationale des caisses d’assurance maladie (Uncam).

Une question sous-tend cette proposition : souhaitons-nous soutenir ces centres de santé ? Les difficultés financières auxquels ceux-ci font face sont dues à l’inflation, à l’augmentation des coûts d’énergie et des besoins de santé de la population, mais aussi à leur propre dispositif économique, qu’il convient de revoir et d’aider.

Comme vous, je suis régulièrement interpellée, dans le cadre de mon mandat municipal, pour que la Ville de Paris soutienne ce type de modèle, et nous avons mis en place le dispositif Paris Med’ à cette fin.

Ces centres sont un maillon essentiel d’une nouvelle organisation de l’offre de soins, plus décentralisée, que nous saluons. Ils ont une autre qualité majeure : en plus d’être publics et, évidemment, en secteur 1, ils permettent un exercice regroupé, de plus en plus demandé, par les médecins et les professionnels de santé comme par les usagers.

Alors que l’hôpital rencontre de nombreux problèmes, il est très important que ces centres puissent être des soutiens effectifs pour lutter contre la désertification médicale et pour contourner l’effet de silo et l’engorgement propres à l’hôpital public.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

La parole est à Mme Céline Brulin, pour présenter l’amendement n° 967 rectifié.

Debut de section - PermalienPhoto de Céline Brulin

Cet amendement vise également à mieux prendre en compte les spécificités des centres de santé, lesquels sont devenus des acteurs incontournables de l’accès aux soins de premier recours, aux côtés d’autres modes d’exercice libéral, par exemple dans des maisons de santé pluriprofessionnelles. Or nous constatons que ce n’est pas encore le cas.

Une mission de l’Igas est en cours pour examiner la diversité de leurs modèles économiques. J’insiste sur ce point, car nombre d’entre eux sont portés par des collectivités territoriales, qui s’impliquent fortement, tant en matière d’investissements que de fonctionnement, pour répondre aux besoins de la population en soins de premier recours.

La situation actuelle ne saurait se prolonger : nous devons nous pencher rapidement et attentivement sur ce dossier, notamment sur les modes de rémunération des professionnels et sur le soutien à apporter aux collectivités. Beaucoup de choses restent à faire pour reconnaître pleinement l’existence de ce mode d’exercice et son utilité.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Mouiller

Ces amendements visent à apporter aux centres de santé non pas un soutien financier de façon générale, mais une aide particulière, dans le cadre de l’accord national les concernant.

Or ces demandes me semblent satisfaites, car des dispositions existent, qui sont susceptibles de couvrir ce besoin.

Ainsi, les accords nationaux peuvent déjà prévoir une rémunération versée en contrepartie du respect d’engagements individualisés. Ceux-ci peuvent porter sur la prescription, la participation à des actions de dépistage et de prévention, la prise en charge des patients souffrant de pathologies cliniques, l’amélioration des pratiques, de la continuité et de la coordination des soins, ainsi que la formation et l’information des professionnels de santé. Le champ est donc vaste.

En contrepartie de ces missions complémentaires, les centres de santé peuvent voir leurs rémunérations modifiées et percevoir des aides.

En conséquence, l’avis de la commission est défavorable.

Debut de section - Permalien
Aurélien Rousseau

En complément des propos du président Mouiller, je précise qu’un accord existe déjà entre l’assurance maladie et les centres de santé. Toutefois, celui-ci ne couvre pas certaines activités spécifiques, non plus que les contraintes particulières de certains centres de santé.

L’expression « centre de santé » peut englober des acteurs privés, qui se lancent dans la fourniture sans limites de soins non programmés. Dans ce contexte, la mission de l’Igas a vocation à établir des typologies précises, sur la base desquelles un nouvel accord conventionnel pourra être élaboré.

Il me semble essentiel de ne pas considérer, avant un examen plus approfondi, que tout ce qui est associé à l’expression « centre de santé » est automatiquement validé. Les possibilités offertes sont déjà très larges ; il ne me semble pas nécessaire de les compléter.

Le Gouvernement émet donc un avis défavorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

La parole est à Mme Émilienne Poumirol, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Émilienne Poumirol

Nous avions déposé un amendement en ce sens, mais il n’a pas été soutenu. Je tiens à souligner l’importance déterminante des centres de santé, qui jouent un rôle clé contre la désertification médicale, bien que je convienne avec vous, monsieur le ministre, qu’il en existe différentes catégories.

Il me paraît essentiel de porter une attention particulière au soutien de ceux que gèrent les communes, les intercommunalités ou les régions, comme c’est le cas dans mon territoire, où l’Occitanie en développe beaucoup, en salariant les médecins, une forme d’exercice qui attire plus qu’auparavant les jeunes médecins.

Debut de section - PermalienPhoto de Émilienne Poumirol

Je tiens donc à insister sur la nécessité de distinguer clairement ces centres de ceux qui sont gérés par d’autres entités. J’ai déjà évoqué le rôle de Ramsay, je n’y reviens pas.

Le rapport de l’Igas devra établir une distinction nette entre les structures à but non lucratif et les autres ; à défaut, nous risquerions d’encourager la marchandisation de la santé et sa financiarisation, ce qui serait inacceptable.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

Je mets aux voix les amendements identiques n° 622 rectifié ter, 762 rectifié bis et 967 rectifié.

Les amendements ne sont pas adoptés.

L’article L. 162-31-1 du code de la sécurité sociale est ainsi modifié :

1° Au premier alinéa du 1° du I, après la première occurrence du mot : « à », sont insérés les mots : « la prévention en santé, » ;

2° Le 2° du II est complété par un o rédigé :

« o) Les articles L. 2112-1 à L. 2112-10, L. 2311-1 à L. 2311-6, L. 3111-11, L. 3112-2, L. 3121-2, L. 3311-2, L. 3411-9 et L. 6325-1, en tant qu’ils concernent le financement, l’organisation et les compétences de structures œuvrant en faveur de la prévention en santé. »

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

L’amendement n° 257, présenté par Mme Imbert, au nom de la commission des affaires sociales, est ainsi libellé :

Alinéa 2

Remplacer les mots :

la première occurrence du mot : « à »

par les mots :

le mot : « amélioration »

et les mots :

la prévention

par les mots :

de la prévention

La parole est à M. le président de la commission.

L ’ amendement est adopté.

L ’ article 22 bis est adopté.

Le 2° du I de l’article L. 162-58 du code de la sécurité sociale est complété par une phrase ainsi rédigée : « L’assuré social peut également faire l’objet d’un adressage par les professionnels de santé des établissements scolaires, qui en informent le médecin impliqué dans sa prise en charge, dans des conditions définies par décret. »

Debut de section - PermalienPhoto de Anne SOUYRIS

Stigmatisation des malades mentaux, psychophobie, manque de moyens en psychiatrie et réforme inefficace du financement de cette spécialité : le constat est atterrant, et les moyens sont faibles pour soigner la santé mentale des Français.

En 2022, le dispositif Mon soutien psy promettait une avancée majeure vers le remboursement des consultations en santé mentale. Nous avions l’espoir que la santé mentale serait mise au même plan que la santé physique et que la stigmatisation des personnes malades mentales perdrait du terrain devant la prise en charge des troubles psychiques.

En 2024, le constat est désolant. Le dispositif se désintéresse des personnes en grande souffrance mentale, pour prendre en charge seulement des souffrances psychiques d’intensité légère à modérée ; il ne concerne ni les urgences ni les risques suicidaires, dans un pays qui compte près de 10 000 décès par suicide par an…

Nous avions constaté, par exemple, une augmentation de plus de 40 % des tentatives de suicide chez les jeunes à Paris à la suite de la covid. Ce problème est tout à fait spécifique.

Les professionnels sont délaissés, et le tarif prévu, fixé à 30 euros la séance, est largement insuffisant pour une profession qui demandait déjà auparavant une revalorisation salariale. Le dispositif comprend huit séances annuelles, d’environ trente minutes chacune, soit seulement quatre heures par an consacrées à la santé mentale.

Seuls 11 % des bénéficiaires relèvent de la complémentaire santé solidaire (CSS), alors que ce dispositif devait s’orienter prioritairement vers les personnes précaires. Il ne compensera ni les sous-effectifs de la psychiatrie ni le manque de considération envers les personnes malades mentales.

Selon l’association Manifestepsy, les 50 millions d’euros de budget dépensés pour cette mesure, qui concerne 0, 13 % des Français, auraient pu être injectés dans le service public pour créer 200 postes de psychologues pérennes.

Debut de section - PermalienPhoto de Olivier Henno

J’ai souhaité intervenir pour dénoncer la dégradation de la psychiatrie. L’article 22 ter touche de fait à une vérité profonde : la santé mentale de nos concitoyens se dégrade de manière accélérée, dès la préadolescence, malheureusement.

Il est donc particulièrement judicieux de déceler dans le monde scolaire les besoins de prise en charge de nos plus jeunes concitoyens afin, ainsi, de les aiguiller.

Pour autant, ce dépistage va accroître les besoins de prise en charge des pathologies psychologiques et psychiatriques, alors même que des centaines de milliers d’heures de prise en charge médicale ne sont pas financées et ne sont donc pas disponibles pour ces jeunes patients.

La réforme du financement de la psychiatrie hospitalière, lancée il est à deux ans, n’est en effet toujours pas finalisée. On augmente donc la demande, alors que les capacités de prise en charge médicale de ces pathologies continuent de diminuer.

Cette situation est d’autant plus grave que tous les praticiens s’accordent pour estimer que la prise en charge très précoce d’une pathologie de santé mentale rend celle-ci plus facilement réversible. Au contraire, sa non-prise en charge la transforme pour le patient en pathologie chronique, qui grèvera fortement les budgets sociaux tout au long de sa vie.

Plus de 50 % des arrêts de travail dans notre pays sont liés à des pathologies de santé mentale, dont le traitement est d’autant plus long qu’il est tardif.

Je demande donc la création d’une mission d’évaluation de la réforme, afin de vérifier que l’attribution des budgets publics est adaptée aux enjeux de la santé mentale dans notre pays et que le financement de celle-ci est structurellement assuré pour les prochaines années.

Debut de section - Permalien
Aurélien Rousseau

Je partage les préoccupations du Sénat sur ce sujet. Nous aurons l’occasion, dans quelques articles, de renforcer la présence d’infirmiers spécialisés en psychiatrie au sein des services d’urgence et des centres 15, dont l’efficacité est avérée.

Nous devons en effet – je le dis très simplement – reconstruire une gradation de la prise en charge psychiatrique, laquelle ne saurait reposer exclusivement sur les psychiatres, car ceux-ci sont aujourd’hui formés en nombre insuffisant par nos facultés de médecine. Dans le cadre de la négociation conventionnelle avec les médecins, j’ai d’ailleurs demandé en priorité la revalorisation de leurs actes, car ils sont actuellement sous-évalués, à l’instar de ceux des pédiatres.

Pour autant, nous devons inventer de nouvelles formes en la matière. En Gironde, par exemple, un travail remarquable est mené avec les infirmières de pratique avancée en psychiatrie, qui jouent un rôle essentiel dans la prise en charge et le repérage, en coordination avec la médecine scolaire.

S’agissant de l’évaluation du dispositif Mon soutien psy, elle doit être opérée globalement. J’entends les critiques d’Anne Souyris, concernant, notamment, le tarif et l’adressage, mais le dispositif fonctionne mieux que cela dans certaines régions. La mission d’évaluation et de contrôle de la sécurité sociale (Mecss) de l’Assemblée nationale a procédé à une évaluation rapide, mais une analyse plus globale est nécessaire ; je la lancerai.

Je propose de collaborer étroitement avec les commissions des affaires sociales des deux chambres, pour que le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2025 contienne un axe orienté vers la santé mentale. La nécessité d’une telle approche ressort de tous nos échanges avec les élus locaux ou dans l’espace public.

Nous devons donc inventer cette gradation, qui n’existe pas encore, dans la prise en charge de la santé mentale. Le succès de certains dispositifs, comme les secouristes en santé mentale, qui ont formé 75 000 personnes aux premiers secours en santé mentale en un an, montre combien une telle gradation est indispensable.

Je compte donc en faire un des axes majeurs du PLFSS pour 2025. D’ici là, nous ferons tout ce que nous pourrons pour avancer rapidement.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

L’amendement n° 258, présenté par Mme Imbert, au nom de la commission des affaires sociales, est ainsi libellé :

Remplacer le mot :

également

par les mots :

, en outre,

La parole est à M. le président de la commission.

L ’ amendement est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

L’amendement n° 862 rectifié, présenté par Mmes Guidez, Sollogoub, Romagny et Devésa, MM. Vanlerenberghe et Henno et Mme Doineau, est ainsi libellé :

Après le mot :

scolaires

insérer les mots :

travaillant ensemble de manière coordonnée

La parole est à Mme Jocelyne Guidez.

Debut de section - PermalienPhoto de Jocelyne Guidez

Cet amendement est également rédactionnel. Il vise à préciser que la faculté d’adressage s’inscrit dans une logique de parcours de soins coordonnés, avec une coopération étroite entre, d’une part, les médecins et les personnels de santé scolaires, et, d’autre part, les professionnels de santé scolaire et les professionnels de santé de ville.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Mouiller

La coordination est logique en la matière, mais il est toujours préférable de l’écrire – et plus encore de la mettre en pratique !

J’émets donc un avis favorable.

Debut de section - Permalien
Aurélien Rousseau

Je reprends à mon compte tous les mots du président Mouiller.

Le Gouvernement émet également un avis favorable sur cet amendement.

L ’ amendement est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

La parole est à Mme Nathalie Goulet, pour explication de vote sur l’article.

Debut de section - PermalienPhoto de Nathalie Goulet

Monsieur le ministre, vous avez évoqué la grande misère de la psychiatrie. Avec notre collègue Jean Sol, j’ai élaboré une proposition de loi relative aux causes de l’irresponsabilité pénale et aux conditions de réalisation de l’expertise en matière pénale, qui concerne également la problématique de la psychiatrie en milieu carcéral, ainsi que les enjeux de radicalisation et de suivi.

Il serait bon que le rapport que vous évoquez aborde également la question de l’irresponsabilité pénale et celle de la psychiatrie en milieu carcéral, qui sont importantes et emportent de multiples conséquences. La psychiatrie liée aux incarcérations et à la radicalisation est également en très grande difficulté.

Je suggère donc que cette problématique soit intégrée dans les travaux que vous mènerez en prévision du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2025.

L ’ article 22 ter est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

L’amendement n° 962 rectifié, présenté par Mmes Brulin, Apourceau-Poly, Silvani et les membres du groupe Communiste Républicain Citoyen et Écologiste – Kanaky, est ainsi libellé :

Après l’article 22 ter

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

L’article 79 de la loi n° 2021-1754 du 23 décembre 2021 de financement de la sécurité sociale pour 2022 est abrogé.

La parole est à Mme Céline Brulin.

Debut de section - PermalienPhoto de Céline Brulin

Par cet amendement, je souhaite avant tout souligner combien il est affligeant de constater l’absence de la question de la santé mentale dans ce PLFSS.

Vous avez indiqué vouloir en faire un axe fort du PLFSS 2025, mais, en la matière, comme dans d’autres domaines, on ne saurait attendre plus longtemps compte tenu de l’urgence de la situation.

Nous le constatons, les structures chargées de la santé mentale, comme les centres médico-psychologiques, sont en grande difficulté, incapables d’accueillir de nouveaux patients, ce qui les contraint à fixer des rendez-vous dans des délais inacceptables ; il en va de même des centres médicopsychopédagogiques (CMPP), qui prennent en charge les enfants.

Dans la fonction publique hospitalière, les psychologues commencent leur carrière avec un salaire net de 1 600 euros, soit la rémunération la plus basse à ce niveau de qualification.

Le dispositif Mon parcours psy fait l’objet de très lourdes critiques, voire d’un boycott, de la part des psychologues, qui considèrent qu’il ne répond pas à nos préoccupations communes.

J’ai entendu votre intention de procéder à son évaluation globale. Sans prétendre vous donner de conseil, monsieur le ministre, il me semblerait approprié de prendre langue avec les collectifs de psychologues, qui sont atterrés et désespérés par leur situation. Ils refusent de revenir à une époque où leur profession était auxiliarisée, sans que le titre et la fonction de psychologue clinicien soient pleinement reconnus.

Cet amendement visant à demander un rapport, je sais le sort qui lui sera réservé, mais il nous paraît essentiel d’aborder ce sujet dans le cadre de ce PLFSS.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Mouiller

Je partage le constat de Mme Brulin concernant la situation actuelle et la nécessité d’agir.

Pour autant, il existe peu de dispositifs, mais dans ce cas, il y en a un. Je ne comprends donc pas sa volonté de le supprimer, même s’il est incomplet : il a au moins le mérite d’exister.

Plus de 140 000 personnes ont été orientées vers Mon parcours psy, et le Gouvernement souhaite aller plus loin dans le PLFSS 2025.

La commission émet donc un avis défavorable.

Debut de section - Permalien
Aurélien Rousseau

Je m’interroge sur cet amendement visant à l’abrogation du dispositif ; à mon sens, une évaluation eût été plus appropriée.

Il est indéniable que le dispositif existe, bien qu’il soit sujet à des critiques – lesquelles, de mon point de vue, ne sont pas aussi univoques que ce que vous suggérez – et qu’il présente des lacunes.

Concernant les psychologues, le débat principal me semble porter sur l’attractivité de la profession. Or l’exposé des motifs de votre amendement laisse penser que ce système ne serait qu’un cache-misère, visant à renvoyer au secteur privé la prise en charge de la psychiatrie ou de la santé mentale, que l’on entendrait dès lors soustraire au secteur public. Je me dois d’exprimer mon désaccord sur ce point.

Je suis opposé à votre approche tant sur cet aspect que sur l’abrogation du dispositif. J’émets donc un avis défavorable sur cet amendement.

L ’ amendement n ’ est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

Je suis saisi de quatre amendements faisant l’objet d’une discussion commune.

L’amendement n° 420 rectifié bis, présenté par MM. Sol, Milon et H. Leroy, Mme Berthet, M. Khalifé, Mmes Puissat et Malet, MM. Pellevat, Burgoa et Sautarel, Mme Lopez, MM. Bonhomme, Cambon et Bouchet, Mme Muller-Bronn, MM. Bruyen, Belin et D. Laurent, Mme Drexler, MM. Reynaud, Brisson, Paumier, Somon, Chatillon, Tabarot, Panunzi et Anglars, Mme Gruny, M. Pointereau, Mmes Lassarade et Micouleau, M. Cadec, Mme Josende, M. Mandelli, Mmes Belrhiti, M. Mercier, Bonfanti-Dossat et Aeschlimann, MM. Gremillet et Sido, Mme Joseph et M. Bouloux, est ainsi libellé :

Après l’article 22 ter

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Dans un délai de six mois à compter de la promulgation de la présente loi, le Gouvernement remet au Parlement une évaluation portant sur l’application de l’article 79 de la loi n° 2021-1754 du 23 décembre 2021 de financement de la sécurité sociale pour 2022.

Cette évaluation s’attache à dresser un bilan qualitatif et financier du dispositif « Mon soutien psy » dans le but d’analyser les éventuelles révisions de son fonctionnement ou des modalités d’accès de ce dernier qui semble ne pas donner entière satisfaction aux patients ainsi qu’aux praticiens.

La parole est à M. Jean Sol.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean Sol

Je le précise d’emblée, par cet amendement, il est demandé la réalisation, non pas d’un rapport, mais d’une évaluation quantitative et qualitative – je vous rejoins sur ce point, monsieur le ministre – du dispositif Mon soutien psy, qui a été instauré en 2022 et dont le budget pour 2024 s’élève à 170 millions d’euros.

Une évaluation qualitative, quantitative et financière de ce programme pourrait conduire à ajuster son fonctionnement et ses modalités d’accès, afin de donner entière satisfaction aux patients et aux praticiens.

Si des difficultés sont identifiées, la réaffectation d’une partie des crédits alloués à Mon soutien psy permettrait de financer le recrutement de psychologues – ils sont en nombre insuffisant aujourd’hui, vous en conviendrez, monsieur le ministre –, notamment dans les centres médico-psychologiques (CMP) et dans les centres médicopsychopédagogiques (CMPP).

Dans un contexte très difficile pour la santé mentale et au regard du faible nombre de psychiatres et de pédopsychiatres, une telle réaffectation permettrait aussi de revaloriser les salaires et d’améliorer les conditions de travail des psychologues.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

L’amendement n° 1267 rectifié, présenté par Mme Rossignol, M. Jomier, Mme Le Houerou, M. Kanner, Mmes Canalès, Conconne et Féret, M. Fichet, Mmes Lubin et Poumirol, MM. Redon-Sarrazy, Kerrouche, Chantrel et Lurel, Mme Bélim, MM. Jacquin, Ziane, Ouizille et Michau, Mmes Bonnefoy et Harribey, MM. Temal et Durain, Mme G. Jourda, MM. Féraud et Cardon, Mme Blatrix Contat, MM. Cozic, P. Joly et Stanzione, Mmes Conway-Mouret et Monier, MM. Chaillou, Tissot et Marie, Mme Artigalas, MM. Mérillou, Gillé et Montaugé, Mme Linkenheld et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Après l’article 22 ter

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Dans un délai de six mois à compter de la promulgation de la présente loi, le Gouvernement remet au Parlement un rapport portant sur l’application de l’article 79 de la loi n° 2021-1754 du 23 décembre 2021 de financement de la sécurité sociale pour 2022.

Ce rapport s’attache à dresser un bilan du dispositif « Mon soutien psy » et des conséquences en matière de restrictions des conditions d’accès aux soins mentaux pour toutes et tous. Il considère également l’éventualité d’un arrêt du dispositif en vue de réaffecter les crédits alloués à « Mon soutien psy » vers le recrutement de psychologues en centres médico-psychologique (CMP) et centres médicopsychopédagogiques (CMPP) et la revalorisation de leurs salaires et conditions de travail.

La parole est à Mme Marion Canalès.

Debut de section - PermalienPhoto de Marion CANALÈS

Un an et demi après son instauration, le dispositif Mon soutien psy est au mieux un échec, au pire un gaspillage d’argent public, au détriment d’une prise en charge à la hauteur des besoins des Françaises et des Français en matière de santé mentale.

L’annonce de l’augmentation du budget alloué au dispositif, à hauteur de 170 millions d’euros pour 2024, demeure totalement insuffisante pour remédier aux nombreuses incohérences de ce dispositif.

À ce titre, ni le déploiement d’une enveloppe supplémentaire ni un changement de nom ne suffiront à substituer Mon soutien psy à une réelle prise en charge par la sécurité sociale des consultations de psychologues pour toutes et tous.

Cet amendement vise donc à demander une évaluation – j’ai entendu vos arguments, monsieur le ministre – du dispositif, afin de réorienter les financements de manière plus efficace.

J’ajoute que les maires rencontrent des difficultés croissantes dans le cadre des procédures d’urgence ou d’hospitalisation sans consentement qu’ils doivent engager. Au parcours administratif, qui est complexe, s’ajoute en effet le conditionnement de la procédure à l’intervention d’un médecin, ce qui complique encore les choses.

Les élus, en particulier les maires, sont en première ligne face à tous les désespoirs. Il nous faut donc bâtir des dispositifs de santé mentale adaptés.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

L’amendement n° 1090 rectifié bis, présenté par M. J. M. Arnaud, Mmes Jacquemet et Billon, M. Bleunven, Mme Romagny et MM. Kern, Henno et Laugier, est ainsi libellé :

Après l’article 22 ter

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Dans un délai de six mois à compter de la promulgation de la présente loi, le Gouvernement remet au Parlement un rapport portant sur l’application de l’article 79 de la loi n° 2021-1754 du 23 décembre 2021 de financement de la sécurité sociale pour 2022.

Ce rapport s’attache à dresser un bilan du dispositif « Mon soutien psy » et des conséquences en matière de restrictions des conditions d’accès aux soins mentaux pour tous. Il considère également l’éventualité de l’arrêt du dispositif en vue de réaffecter les crédits alloués vers le recrutement de psychologues en centres médico-psychologiques et en centres médico-psychopédagogiques.

La parole est à M. Olivier Henno.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

L’amendement n° 1256 rectifié, présenté par Mme Le Houerou, MM. Jomier et Kanner, Mmes Canalès, Conconne et Féret, M. Fichet, Mmes Lubin, Poumirol et Rossignol, MM. Redon-Sarrazy, Kerrouche, Chantrel et Lurel, Mme Bélim, MM. Jacquin, Ziane, Ouizille et Michau, Mmes Bonnefoy et Harribey, MM. Temal et Durain, Mme G. Jourda, MM. Féraud et Cardon, Mme Blatrix Contat, MM. Cozic, P. Joly et Stanzione, Mmes Conway-Mouret et Monier, MM. Chaillou, Tissot et Marie, Mme Artigalas, MM. Mérillou, Gillé et Montaugé, Mme Linkenheld et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Après l’article 22 ter

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Dans un délai de six mois à compter de la promulgation de la présente loi, le Gouvernement remet au Parlement un rapport portant sur l’application de l’article 79 de la loi n° 2021-1754 du 23 décembre 2021 de financement de la sécurité sociale pour 2022. Ce rapport s’attache à évaluer l’opportunité et la faisabilité de supprimer l’adressage préalable réalisé par le médecin traitant, le nombre-plafond de séances de psychologues prises en charge par an, le conventionnement préalable avec les professionnels concernés ainsi que la fixation d’une durée-plafond des séances prises en charge.

La parole est à Mme Émilienne Poumirol.

Debut de section - PermalienPhoto de Émilienne Poumirol

Comme celui que ma collègue Marion Canalès vient de défendre, le présent amendement vise, non pas à abroger le dispositif, mais à demander un rapport d’évaluation.

Ce rapport doit en particulier évaluer l’opportunité de supprimer l’adressage préalable par un médecin traitant. Cela peut paraître paradoxal, car les psychologues ne sont pas des professionnels de santé, mais la procédure d’adressage constitue un frein à l’accès de nos concitoyens à l’aide psychologique dont ils ont besoin.

J’estime que le rapport doit également intégrer une évaluation du nombre maximal et de la durée des séances prévues dans le dispositif.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Mouiller

Il est clair que ce sujet inquiète ! La prise en charge de la santé mentale est en quelque sorte le parent pauvre de notre système de soins. Vous-même semblez partager ce constat, monsieur le ministre.

Un certain nombre de rapports ont déjà été réalisés – vous avez d’ailleurs évoqué un rapport sénatorial, monsieur le ministre.

Si je ne suis pas certain qu’un rapport supplémentaire soit opportun à ce stade – j’appliquerai du reste notre jurisprudence en la matière –, il me paraît nécessaire que la commission des affaires sociales s’empare de ce sujet, qui a trait à la fois à la santé des Français et à l’engagement des collectivités. Nous pourrons ainsi examiner vos propositions pour le PLFSS 2025 en connaissance de cause, monsieur le ministre.

Même si la commission se réserve un droit de suite sur ce sujet à court terme, mon avis est donc défavorable sur ces quatre amendements.

Debut de section - Permalien
Aurélien Rousseau

La loi de financement de la sécurité sociale pour 2022, qui a instauré Mon soutien psy, prévoit la remise au Parlement par le Gouvernement d’un rapport d’évaluation qualitatif et quantitatif de ce dispositif au plus tard au milieu de l’année 2024.

Il nous faudra assumer de tirer le fil jusqu’au bout, en étudiant notamment le profil et la formation des psychologues qui participent à ce dispositif et en se demandant s’il ne serait pas nécessaire de créer des formations de psychologues en pratique avancée, voire de créer un ordre des psychologues.

En tout état de cause, il est temps de nous assurer que la ressource qui existe est effectivement mobilisable. Dans ce cadre, les travaux que la commission des affaires sociales pourrait entreprendre trouveront tout leur sens, en sus du rapport gouvernemental. J’estime que le sujet le mérite.

Quoi qu’il en soit, ces amendements étant satisfaits, j’en demande le retrait. À défaut, j’émettrais un avis défavorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

La parole est à Mme Anne Souyris, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Anne SOUYRIS

Ce rapport sera très attendu, mais j’estime qu’il convient aussi d’ouvrir, en concertation avec les psychologues, une réflexion sur le conventionnement. Celui-ci permettrait que les consultations de psychologie soient remboursées comme des consultations médicales.

Le dispositif Mon soutien psy ne permet pas d’apporter un soutien efficace aux personnes les plus précaires. Compte tenu de la recrudescence de la souffrance psychologique que nous observons dans notre société, il me paraît essentiel que, avec le corps des psychologues, nous élaborions des dispositifs adaptés.

Debut de section - PermalienPhoto de Elisabeth Doineau

Nous avons déjà débattu de ce sujet l’année dernière dans cet hémicycle, lorsque le dispositif a été mis en place, monsieur le ministre.

Nous constatons dans nos territoires la faillite de notre système de soins psychologiques et psychiatriques.

Nous avons donc accueilli ce dispositif avec beaucoup d’attentes, mais aussi un peu de désespoir, parce que celui-ci n’a pas recueilli l’accord de tous les psychologues et que les modalités de son organisation n’étaient pas claires. En d’autres termes, ce dispositif avait certes le mérite d’exister, mais il faut reconnaître que nous en redoutions la faillite.

J’estime que la nécessaire évaluation qui en sera faite devra tenir compte de deux points d’attention.

Le premier a trait au problème crucial que pose la santé mentale des jeunes dans notre société. À ce titre, les maisons des adolescents font un travail formidable, mais elles ne sont pas assez soutenues, alors que leurs carnets de rendez-vous explosent. Il me paraît donc essentiel de renforcer le soutien financier apporté à ces structures.

Le second point d’attention est la nécessité de travailler avec les organisations qui existent dans nos territoires.

Il serait par exemple opportun que les psychologues œuvrent avec les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) partout où elles existent – je sais que leur généralisation est un projet cher à Agnès Firmin Le Bodo –, car cela permettrait d’intégrer dans leur exercice une approche pluridisciplinaire de proximité et de faire le lien avec le peu de psychiatrie qui demeure implantée dans nos territoires. Nous pourrions ainsi coordonner une véritable politique de prise en charge de la santé mentale.

En tout état de cause, il me paraît essentiel de travailler sur la proximité et de s’appuyer sur les structures existantes.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

La parole est à Mme Céline Brulin, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Céline Brulin

Pour rebondir sur les propos de Mme la rapporteure générale, si une évaluation du dispositif Mon soutien psy, qui a effectivement le mérite d’exister, conduira peut-être à modifier le temps de consultation pour le porter de trente à quarante-cinq minutes, ou pour augmenter le nombre de séances de huit à neuf, j’estime que ce n’est pas ainsi que nous résoudrons le problème sur lequel nous sommes alertés aujourd’hui.

Les structures existantes – les maisons des adolescents, évoquées par Mme la rapporteure générale, les CMP et les CMPP que j’ai évoqués –, qui ont déjà fait la preuve de leur efficacité, ont besoin d’être soutenues, car certains de nos concitoyens qui s’adressent à ces structures n’obtiennent de rendez-vous que deux ou trois ans plus tard.

Il n’est déjà pas facile socialement, culturellement et humainement de faire une telle démarche lorsque l’on est en état de souffrance psychologique, mais les personnes qui font cette démarche se voient de plus répondre de revenir deux ou trois ans plus tard. Imaginez les dégâts qu’une telle réponse peut causer, mes chers collègues !

Par ailleurs, de l’avis des psychologues – on peut l’entendre – comme des patients, la procédure d’adressage par un médecin traitant ne fonctionne pas. Au regard du phénomène de désertification médicale que nous connaissons et des 6 millions de Français qui n’ont pas ou plus de médecin traitant, le pragmatisme commande de ne plus conditionner une consultation auprès d’un psychologue à l’adressage par un médecin.

Permettre aux psychologues d’accueillir des patients directement serait aussi une manière de reconnaître leur métier et leur statut de professionnels de santé. Et si tel n’est pas votre avis, mes chers collègues, je suggère que nous en débattions.

L ’ amendement n ’ est pas adopté.

L ’ amendement n ’ est pas adopté.

L ’ amendement n ’ est pas adopté.

L ’ amendement n ’ est pas adopté.

I. – Le financement de l’activité de traitement du cancer par radiothérapie est assuré par des forfaits déterminés notamment au regard de la technique de radiothérapie utilisée et des caractéristiques des patients.

II. – Le I entre en vigueur à une date fixée par décret, et au plus tard le 1er janvier 2026.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

L’amendement n° 259, présenté par Mme Imbert, au nom de la commission des affaires sociales, est ainsi libellé :

I. – Alinéa 1

Remplacer cet alinéa par quatre alinéas ainsi rédigés :

I. – Le chapitre 2 du titre VI du livre I du code de la sécurité sociale est complété par une section ainsi rédigée :

« Section 13 : Financements dérogatoires de certaines activités de soins

« Art. L. 162 - … . – Le financement de l’activité de traitement du cancer par radiothérapie est assuré par des forfaits. Ceux-ci sont déterminés au regard de la technique de radiothérapie utilisée et modulés selon les caractéristiques des patients.

« Lorsque l’activité mentionnée au premier alinéa du présent article est réalisée dans un établissement de santé, la prise en charge de cette prestation est assurée dans les conditions prévues à l’article L. 162-22-3 du présent code. »

II. – Compléter cet article par un paragraphe ainsi rédigé :

…. – Le Gouvernement remet au Parlement avant le 1er septembre 2024 le bilan de l’expérimentation relative au financement de l’activité de traitement du cancer par radiothérapie.

La parole est à M. le président de la commission.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Mouiller

L’article 22 quater prévoit d’inscrire le principe du financement de l’activité de traitement du cancer par radiothérapie par des forfaits.

Cette pérennisation d’une expérimentation entreprise en 2014, régulièrement sollicitée par les parlementaires, est bienvenue. Il paraît toutefois peu opportun de prévoir une prise en charge pérenne dans une disposition de droit autonome.

Le présent amendement vise donc à codifier la disposition proposée.

L ’ amendement est adopté.

L ’ article 22 quater est adopté.

I. – Le livre Ier du code de la sécurité sociale est ainsi modifié :

A. – Au 1° du A du I de l’article L. 133-4, la référence : « L. 162-22-6 » est remplacée par la référence : « L. 162-22-3 » ;

B. – Le chapitre II du titre VI est ainsi modifié :

1° Au second alinéa du III de l’article L. 162-1-23, la référence : « L. 162-22-6 » est remplacée par la référence : « L. 162-22-3 » ;

2° À la première phrase du premier alinéa de l’article L. 162-1-24, les mots : « relevant de la dotation nationale de financement mentionnée à l’article L. 162-22-13 » sont remplacés par les mots : « au titre des dotations mentionnées au 3° de l’article L. 162-22-2 » ;

C. – La section 4 du chapitre II du titre VI est ainsi modifiée :

1° Au premier alinéa du I de l’article L. 162-16-4-3, la référence : « L. 162-22-6 » est remplacée par la référence : « L. 162-22-3 » ;

2° À la première phrase du III de l’article L. 162-16-6, la référence : « L. 162-22-6 » est remplacée par la référence : « L. 162-22-3 » ;

D. – La section 5 du chapitre II du titre VI est ainsi modifiée :

1° L’article L. 162-20-1 est ainsi modifié :

a) Aux premier et second alinéas du I et au premier alinéa du III, la référence : « L. 162-22-6 » est remplacée par la référence : « L. 162-22 » ;

b) Au second alinéa du I, les mots : « aux d et e » sont remplacés par les mots : « au d » ;

c) Au second alinéa du I et au premier alinéa du III, les mots : « au 1° du I de l’article L. 162-22-10 » sont remplacés par les mots : « au 1° du I de l’article L. 162-22-3-1 » ;

d) Au IV, les mots : « à l’article L. 162-22-7 » sont remplacés par les mots : « aux articles L. 162-22-7, L. 162-22-7-3, L. 162-23-6 et L. 162-23-6-1 » ;

e) À la fin du V, les mots : « 1er mars de l’année en cours » sont remplacés par les mots : « 1er janvier de l’année » ;

2° À l’article L. 162-21-2, la référence : « L. 162-22-6 » est remplacée par la référence : « L. 162-22-3 » ;

3° À la fin du quatrième alinéa de l’article L. 162-21-3, les mots : « II bis de l’article L. 162-22-10 » sont remplacés par les mots : « II de l’article L. 162-22-3-1 » ;

4° L’article L. 162-22 est ainsi modifié :

a) Le premier alinéa est remplacé par sept alinéas ainsi rédigés :

« Pour l’application de la présente section, les établissements de santé sont classés selon les catégories suivantes :

« a) Les établissements publics de santé ;

« b) Les établissements de santé privés à but non lucratif admis à participer à l’exécution du service public hospitalier au 22 juillet 2009 ;

« c) Les établissements de santé privés à but non lucratif ayant opté pour la dotation globale de financement en application de l’article 25 de l’ordonnance n° 96-346 du 24 avril 1996 portant réforme de l’hospitalisation publique et privée ;

« d) Les établissements de santé privés autres que ceux mentionnés aux b et c du présent article ayant conclu un contrat pluriannuel d’objectifs et de moyens avec l’agence régionale de santé ;

« e) Les établissements de santé privés autres que ceux mentionnés aux b, c et d.

« Les activités pour lesquelles les établissements de santé sont autorisés en application de l’article L. 6122-1 du code de la santé publique sont financées selon les modalités suivantes : » ;

b) Au 1°, la référence : « L. 162-22-6 » est remplacée par la référence : « L. 162-22-2 » ;

c) Le 4° est ainsi rédigé :

« 4° Pour les activités de soins médicaux et de réadaptation, conformément à l’article L. 162-23-2. » ;

5° La sous-section 1 est complétée par des articles L. 162-22-1 à L. 162-22-5 ainsi rédigés :

« Art. L. 162 -22 -1. – Chaque année, est défini un objectif de dépenses d’assurance maladie afférent aux activités mentionnées au 1° de l’article L. 162-22 qui sont exercées par les établissements de santé mentionnés au même article L. 162-22. Cet objectif est constitué du montant annuel des charges supportées par les régimes obligatoires d’assurance maladie afférentes à ces activités au titre des soins dispensés au cours de l’année. Les charges prises en compte dans cet objectif sont définies par décret.

« Le montant de cet objectif est fixé chaque année par arrêté des ministres chargés de la santé et de la sécurité sociale en fonction de l’objectif national de dépenses d’assurance maladie.

« Ce montant prend en compte les évolutions de toute nature à la suite desquelles des établissements, des services ou des activités sanitaires ou médico-sociaux se trouvent placés, pour tout ou partie, sous un régime juridique ou de financement différent de celui sous lequel ils étaient placés auparavant, notamment celles relatives aux conversions d’activité. Il peut être corrigé en fin d’année pour prendre en compte les évolutions constatées en cours d’année.

« Un décret en Conseil d’État précise les éléments pris en compte pour la détermination de cet objectif.

« Art. L. 162 -22 -2. – Pour les activités de soins mentionnées au 1° de l’article L. 162-22, les établissements mentionnés aux a à d du même article L. 162-22 sont financés par :

« 1° Des tarifs afférents aux prestations mentionnées à l’article L. 162-22-3 ;

« 2° Des dotations de financement relatives à des objectifs territoriaux et nationaux de santé publique, mentionnées à l’article L. 162-22-4 ;

« 3° Des dotations de financement relatives à des missions spécifiques et des aides à la contractualisation, mentionnées à l’article L. 162-22-5.

« Art. L. 162 -22 -3. – Pour leur valorisation, les prestations mentionnées au 1° de l’article L. 162-22-2 font l’objet de tarifs nationaux.

« Un décret en Conseil d’État, pris après avis des organisations nationales les plus représentatives des établissements de santé, précise :

« 1° Les catégories de prestations d’hospitalisation sur la base desquelles les ministres chargés de la santé et de la sécurité sociale arrêtent la classification des prestations donnant lieu à une prise en charge par les régimes obligatoires de sécurité sociale. La détermination de ces catégories et de ces prestations tient compte notamment des moyens techniques, matériels et humains mis en œuvre pour la prise en charge des patients. Elle est opérée notamment à partir des données mentionnées aux articles L. 6113-7 et L. 6113-8 du code de la santé publique. Pour le traitement de l’insuffisance rénale chronique par épuration extrarénale, la prise en charge des prestations d’hospitalisation est assurée par des forfaits déterminés au regard des modes de prise en charge et des caractéristiques des patients ;

« 2° Les catégories de prestations pour exigence particulière des patients, sans fondement médical, qui donnent lieu à une facturation sans prise en charge par les régimes obligatoires de sécurité sociale ;

« 3° Les modalités de facturation des prestations d’hospitalisation faisant l’objet d’une prise en charge par l’assurance maladie.

« Art. L. 162 -22 -3 -1. – I. – Chaque année, l’État fixe, dans le respect du montant de l’objectif de dépenses mentionné à l’article L. 162-22-1 et selon les modalités prévues au même article L. 162-22-1, les éléments suivants :

« 1° Les tarifs nationaux des prestations mentionnées au 1° de l’article L. 162-22-3, qui peuvent être différenciés par catégorie d’établissements, notamment en fonction des conditions d’emploi du personnel médical ;

« 2° Le coefficient mentionné au I de l’article L. 162-22-3-2.

« Ces tarifs et ce coefficient prennent effet le 1er janvier de l’année.

« I bis. – Pour la détermination des tarifs et du coefficient prévus au I du présent article, il est tenu compte :

« 1° De la part de l’objectif de dépenses affectée au financement des dotations mentionnées aux 2° et 3° de l’article L. 162-22-2 et des charges afférentes aux spécialités pharmaceutiques, aux produits et aux prestations mentionnés à l’article L. 162-22-7 ;

« 2° Des prévisions d’évolution de l’activité des établissements, qui peuvent être effectuées notamment à partir des données mentionnées aux articles L. 6113-7 et L. 6113-8 du code de la santé publique ;

« 3° Le cas échéant, des données afférentes au coût relatif des prestations, issues notamment des études nationales de coûts mentionnées à l’article L. 6113-11 du même code, pour déterminer en tout ou partie les tarifs nationaux des prestations.

« II. – Lorsque le comité d’alerte sur l’évolution des dépenses de l’assurance maladie émet un avis considérant qu’il existe un risque sérieux de dépassement de l’objectif national de dépenses d’assurance maladie en application du cinquième alinéa de l’article L. 114-4-1 du présent code et dès lors qu’il apparaît que ce risque de dépassement est en tout ou partie imputable à l’évolution de l’objectif mentionné à l’article L. 162-22-1, l’État peut, après consultation du comité économique de l’hospitalisation publique et privée, modifier les tarifs des prestations mentionnées au 1° de l’article L. 162-22-3 de manière à concourir au respect de l’objectif mentionné à l’article L. 162-22-1. Cette modification est différenciée, le cas échéant, par catégorie d’établissements et par tarif de prestations.

« III. – Un décret détermine les modalités du suivi statistique des charges supportées par les régimes obligatoires d’assurance maladie.

« IV. – Les tarifs de responsabilité afférents aux activités de médecine, de chirurgie, d’obstétrique et d’odontologie exercées par les établissements de santé privés mentionnés au e de l’article L. 162-22 sont fixés par l’État.

« Art. L. 162 -22 -3 -2. – I. – Les tarifs nationaux mentionnés au 1° du I de l’article L. 162-22-3-1, à l’exception des forfaits et suppléments mentionnés au 2° de l’article L. 162-22-8-2, peuvent être minorés par l’application d’un coefficient, de manière à concourir au respect de l’objectif national de dépenses d’assurance maladie. La valeur de ce coefficient peut être différenciée par catégorie d’établissements.

« II. – Au regard notamment de l’avis mentionné à l’avant-dernier alinéa de l’article L. 114-4-1, l’État peut décider de verser aux établissements de santé tout ou partie du montant correspondant à la différence entre les montants issus de la valorisation de l’activité des établissements par les tarifs mentionnés au 1° du I de l’article L. 162-22-3-1 et ceux issus de la valorisation de cette même activité par les tarifs minorés du coefficient mentionné au I du présent article.

« Art. L. 162 -22 -3 -3. – L’État fixe, dans le respect du montant de l’objectif de dépenses mentionné à l’article L. 162-22-1 et conformément aux modalités prévues au même article L. 162-22-1, le coefficient géographique s’appliquant aux tarifs nationaux mentionnés au 1° du I de l’article L. 162-22-3-1, à l’exception des forfaits et suppléments mentionnés au 2° de l’article L. 162-22-8-2, pour les établissements implantés dans certaines zones afin de tenir compte d’éventuels facteurs spécifiques qui modifient de manière manifeste, permanente et substantielle le prix de revient de certaines prestations dans la zone considérée.

« Ces coefficients prennent effet le 1er janvier de l’année en cours.

« Art. L. 162 -22 -4. – Les dotations relatives aux objectifs territoriaux et nationaux de santé publique mentionnées au 2° de l’article L. 162-22-2 concourent au financement des actions visant à promouvoir, à protéger et à améliorer la santé de la population, en particulier par la prévention, ou des actions visant à développer la qualité, la pertinence et la sécurité des soins. Elles comprennent notamment les financements définis à l’article L. 162-22-7-4, au 3° de l’article L. 162-22-8-2 et à l’article L. 162-23-15 ainsi que ceux inscrits aux contrats prévus à l’article L. 162-30-2.

« Un décret, pris après avis des organisations nationales les plus représentatives des établissements de santé, fixe la liste des activités susceptibles de donner lieu à l’allocation de ces dotations. Un décret fixe les modalités de leur allocation par l’autorité compétente de l’État.

« Art. L. 162 -22 -5. – Les dotations mentionnées au 3° de l’article L. 162-22-2 concourent au financement :

« 1° De missions spécifiques à certains établissements, notamment de recherche, de formation et d’innovation ;

« 2° D’actions tendant à l’atteinte des objectifs inscrits dans le contrat pluriannuel d’objectifs et de moyens, mentionnés à l’article L. 6114-2 du code de la santé publique ou, à défaut, dans un engagement contractuel spécifique ;

« 3° Des prises en charge mentionnées aux articles L. 162-22-5-1, L. 162-22-5-2 et L. 162-22-5-3 et au 1° de l’article L. 162-22-8-2.

« Un décret, pris après avis des organisations nationales les plus représentatives des établissements de santé, définit la liste des activités susceptibles de donner lieu à l’allocation de ces dotations. Un décret fixe les modalités de leur allocation par l’autorité compétente de l’État. » ;

6° L’article L. 162-22-6 est abrogé ;

7° L’article L. 162-22-6-2 devient l’article L. 162-22-5-1 et les deux occurrences de la référence : « L. 162-22-6 » sont remplacées par la référence : « L. 162-22-3 » ;

8° Le premier alinéa du I de l’article L. 162-22-7 est ainsi modifié :

a) À la première phrase et à la fin de la seconde phrase, la référence : « L. 162-22-6 » est remplacée par la référence : « L. 162-22 » ;

b) À la première phrase, après les mots : « même article », est insérée la référence : « L. 162-22-3 » ;

9° À la fin de l’article L. 162-22-7-3, la référence : « L. 162-22-6 » est remplacée par la référence : « L. 162-22-3 » ;

10° L’article L. 162-22-8 devient l’article L. 162-22-5-2 et la première phrase est ainsi modifiée :

a) Au début, les mots : « Par dérogation aux dispositions de l’article L. 162-22-6, » sont supprimés ;

b) Les mots : « de l’article L. 162-22-6 et » sont remplacés par les mots : « du même article L. 162-22, lorsqu’elles font l’objet de sujétions spécifiques qui ne peuvent être prises en compte par les tarifs mentionnés au 1° du I de l’article L. 162-22-3-1 ou » ;

11° L’article L. 162-22-8-1 devient l’article L. 162-22-5-3 et le premier alinéa est ainsi modifié :

a) À la première phrase, les mots : « selon des modalités dérogatoires aux articles L. 162-22-6 et L. 162-22-10 » sont remplacés par les mots : « par des forfaits » ;

b) À la seconde phrase, le mot : « dérogatoires » est supprimé ;

12° L’article L. 162-22-8-2 est ainsi modifié :

a) Au premier alinéa, au début, les mots : « Par dérogation à l’article L. 162-22-6, » sont supprimés et la seconde occurrence de la référence : « L. 162-22-6 » est remplacée par la référence : « L. 162-22 » ;

b) La seconde phrase du premier alinéa du 1° est supprimée ;

c) Le premier alinéa du 2° est ainsi rédigé :

« 2° Des tarifs de prestation, fixés dans les conditions prévues au 1° du I de l’article L. 162-22-3-1. » ;

d) Au second alinéa du même 2°, les mots : « du même article L. 162-22-6 » sont remplacés par les mots : « de l’article L. 162-22 » ;

13° Les articles L. 162-22-8-3, L. 162-22-9, L. 162-22-9-1, L. 162-22-10 et L. 162-22-12 à L. 162-22-14 sont abrogés ;

14° L’article L. 162-22-11-1 est ainsi modifié :

a) Au 1°, les mots : « au I de l’article L. 162-22-10 » sont remplacés par les mots : « au 1° du I de l’article L. 162-22-3-1 » ;

b) Au 2°, la référence : « L. 162-22-6 » est remplacée par la référence : « L. 162-22 » ;

15° L’article L. 162-22-15 est ainsi modifié :

a) Au premier alinéa, les mots : « L. 162-22-6-2, L. 162-22-8, L. 162-22-8-3 et L. 162-22-14 » sont remplacés par les mots : « L. 162-22-4 et L. 162-22-5 » et la référence : « L. 162-22-6 » est remplacée par la référence : « L. 162-22 » ;

b) Après le même premier alinéa, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :

« Lorsque des établissements de santé ont constitué un groupement de coopération sanitaire, le montant des dotations et des forfaits mentionnés au premier alinéa du présent article peut être versé directement au groupement de coopération sanitaire par la caisse d’assurance maladie désignée en application de l’article L. 174-2 ou de l’article L. 174-18, selon le cas. » ;

16° L’article L. 162-22-18 est ainsi modifié :

a) À la fin de la première phrase du premier alinéa du I, les mots : « à l’article L. 162-22-6 » sont remplacés par les mots : « au même article L. 162-22 » ;

b) Au premier alinéa du III, la référence : « L. 162-22-6 » est remplacée par la référence : « L. 162-22 » ;

c) Il est ajouté un V ainsi rédigé :

« V. – Les tarifs de responsabilité afférents aux activités de psychiatrie exercées par les établissements de santé privés mentionnés au e de l’article L. 162-22 sont fixés par l’État. » ;

17° L’article L. 162-22-19 est ainsi modifié :

a) Au premier alinéa du I, les mots : « à l’article L. 162-22 » sont remplacés par les mots : « au même article L. 162-22 » ;

b) Au 4° du I, les mots : « à l’article L. 162-22-13 » sont remplacés par les mots : « au 1° de l’article L. 162-22-5 » ;

c) À la fin du 4° du II, la référence : « L. 162-22-14 » est remplacée par la référence : « L. 162-22-5 » ;

18° À la fin de la première phrase du premier alinéa du I de l’article L. 162-23, les mots : « à l’article L. 162-22-6 » sont remplacés par les mots : « au même article L. 162-22 » ;

19° À l’article L. 162-23-3, les mots : « à l’article L. 162-22-6 » sont remplacés par les mots : « au même article L. 162-22 » ;

20° Au premier alinéa de l’article L. 162-23-13, la référence : « L. 162-22-6 » est remplacée par la référence : « L. 162-22-3 » ;

21° Au premier alinéa du I de l’article L. 162-23-13-1, la référence : « L. 162-22-6 » est remplacée par la référence : « L. 162-22-3 » ;

22° L’article L. 162-23-14 est abrogé ;

23° L’article L. 162-23-15 est ainsi modifié :

a) À la fin de la première phrase du I, les mots : «, mesurés tous les ans par établissement » sont supprimés ;

b) À la troisième phrase du premier alinéa du II, les mots : « pendant trois années » sont remplacés par les mots : « sur trois mesures de résultat » ;

c) Au quatrième alinéa du même II, le mot : « année » est remplacé par les mots : « mesure de résultat » et les mots : « pendant trois années » sont remplacés par les mots : « sur trois mesures de résultat » ;

d) Au premier alinéa du III, le mot : « annuellement » est supprimé ;

e) Au dernier alinéa du III, au début, les mots : « Avant le 31 décembre de chaque année, » sont supprimés et, après le mot : « soins, », sont insérés les mots : « détermine la période au cours de laquelle est recueilli chaque indicateur, qui ne peut être inférieure à un an, » ;

24° Le I de l’article L. 162-23-16 est ainsi modifié :

a) À la première phrase, la référence : « L. 162-22-6 » est remplacée par la référence : « L. 162-22-3 » ;

b) À la deuxième phrase, la référence : « L. 162-22-6 » est remplacée par la référence : « L. 162-22 » ;

25° L’article L. 162-25 est ainsi modifié :

a) À la première phrase du premier alinéa, la référence : « L. 162-22-6 » est remplacée par la référence : « L. 162-22 » ;

b) Le second alinéa est ainsi rédigé :

« Dans les cas où un établissement de santé mentionné à l’article L. 162-22 du présent code fait face à un événement qui l’empêche d’accomplir de manière durable les obligations de transmission des informations relatives à son activité prévues aux articles L. 6113-7 et L. 6113-8 du code de la santé publique, le délai mentionné au premier alinéa du présent article peut être majoré proportionnellement à la durée et, le cas échéant, à l’intensité de l’incidence qu’a cet événement sur la transmission des informations. Cette majoration, qui ne peut dépasser une période d’un an, est décidée par le directeur général de l’agence régionale de santé en tenant compte des causes de l’événement. » ;

26° L’article L. 162-26-1 est ainsi modifié :

a) Aux premier et second alinéas, la référence : « L. 162-22-6 » est remplacée par la référence : « L. 162-22 » ;

b) Le second alinéa est complété par une phrase ainsi rédigée : « Lorsque l’intervention de ces professionnels est prise en charge dans le cadre de la rémunération forfaitaire mentionnée à l’article L. 162-22-5-1, ces honoraires ne peuvent pas être facturés. » ;

27° L’article L. 162-30-4 est ainsi modifié :

a) À la fin du deuxième alinéa, les mots : « du fonds d’intervention régional mentionné à l’article L. 1435-8 du code de la santé publique » sont remplacés par les mots : « relevant du 2° de l’article L. 162-22-2 » ;

b) À la fin de l’avant-dernier alinéa, les mots : « fonds d’intervention régional » sont remplacés par les mots : « montant de l’enveloppe régionale au titre des dotations mentionnées au 2° de l’article L. 162-22-2 du présent code » ;

E. – Le a du 1° du II de l’article L. 162-31-1 est ainsi modifié :

1° Les références : « L. 162-22-6, L. 162-22-6-1, L. 162-22-8, L. 162-22-8-1, L. 162-22-8-3, L. 162-22-10, » sont remplacées par les références : « L. 162-22-3, L. 162-22-3-1, L. 162-22-5-1, L. 162-22-5-2, L. 162-22-5-3 » ;

2° Les références : « L. 162-22-13, L. 162-22-14, » sont supprimées ;

3° Après la référence : « L. 162-22-3-1, », sont insérées les références : « L. 162-22-4, L. 162-22-5, » ;

F. – La sous-section 1 de la section 1 du chapitre V du titre VI est ainsi modifiée :

1° L’article L. 165-7 est ainsi modifié :

a) À la première phrase du premier alinéa, les mots : « au 1° de l’article L. 162-22-6 » sont remplacés par les mots : « à l’article L. 162-22-3 » ;

b) Au dernier alinéa, la référence : « L. 162-22-6 » est remplacée par la référence : « L. 162-22-3 » ;

2° L’article L. 165-11 est ainsi modifié :

a) Au I, la première occurrence de la référence : « L. 162-22-6 » est remplacée par la référence : « L. 162-22 » et la seconde occurrence de la référence : « L. 162-22-6 » est remplacée par la référence : « L. 162-22-3 » ;

b) Au premier alinéa du II, la référence : « L. 162-22-6 » est remplacée par la référence : « L. 162-22-3 » ;

G. – Au premier alinéa de l’article L. 174-2-1, la référence : « L. 162-22-6 » est remplacée par la référence : « L. 162-22-3 » ;

H. – La section 8 du chapitre IV du titre VII est ainsi modifiée :

1° L’article L. 174-15 est ainsi modifié :

a) Au premier alinéa, les références : « L. 162-22-6, L. 162-22-6-1, L. 162-22-7, L. 162-22-7-3, L. 162-22-8, L. 162-22-8-2, L. 162-22-8-3, L. 162-22-9-1, L. 162-22-10 » sont remplacées par les références : « L. 162-22-2, L. 162-22-3, L. 162-22-3-1, L. 162-22-3-2, L. 162-22-3-3, L. 162-22-5-1, L. 162-22-5-2, L. 167-22-7, L. 162-22-7-3, L. 162-22-8-2 » ;

b) Le même premier alinéa, dans sa rédaction résultant du a du présent 1°, est ainsi modifié :

– après la référence : « L. 162-22-3-3 », sont insérées les références : « L. 162-22-4, L. 162-22-5, » ;

– les références : « L. 162-22-13, L. 162-22-14, » sont supprimées ;

c) Au cinquième alinéa, la référence : « L. 162-22-6 » est remplacée par la référence : « L. 162-22 » et les mots : « de l’article L. 162-22 » sont remplacés par les mots : « du même article L. 162-22 » ;

d) À la fin du huitième alinéa, la référence : « L. 162-22-9 » est remplacée par la référence : « L. 162-22-1 » ;

2° À la première phrase du premier alinéa de l’article L. 174-18, la référence : « L. 162-22-6 » est remplacée par la référence : « L. 162-22 ».

II. – Le code de la santé publique est ainsi modifié :

1° Au premier alinéa de l’article L. 1111-3-4, les mots : « publics de santé et les établissements de santé mentionnés aux b, c et d de l’article L. 162-22-6 » sont remplacés par les mots : « de santé mentionnés aux a à d de l’article L. 162-22 » et les mots : « au 2° des articles L. 162-22-1 et L. 162-22-6 » sont remplacés par les mots : « aux articles L. 162-22-3 et L. 162-23-1 » ;

2° Au 1° du III de l’article L. 1121-16-1, la référence : « L. 162-22-6 » est remplacée par la référence : « L. 162-22-3 » ;

3° Au 1° du III des articles L. 1125-15 et L. 1126-14, la référence : « L. 162-22-6 » est remplacée par la référence : « L. 162-22-3 » ;

4° Au second alinéa du II de l’article L. 1434-8, la référence : « L. 162-22-9 » est remplacée par la référence : « L. 162-22-1 » ;

5° Au troisième alinéa de l’article L. 1435-4, les mots : « la dotation mentionnée à l’article L. 162-22-13 » sont remplacés par les mots : « les dotations mentionnées à l’article L. 162-22-4 » ;

6° Au premier alinéa et au 2° de l’article L. 6111-4, la référence : « L. 162-22-6 » est remplacée par la référence : « L. 162-22 » ;

7° À l’article L. 6113-9 et au premier alinéa de l’article L. 6113-11, la référence : « L. 162-22-6 » est remplacée par la référence : « L. 162-22 » ;

8° Au dernier alinéa de l’article L. 6114-2, les mots : « la dotation prévue à l’article L. 162-22-14 » sont remplacés par les mots : « les dotations prévues aux articles L. 162-22-4 et L. 162-22-5 » ;

9° La première phrase de l’article L. 6114-4 est ainsi rédigée : « Pour les établissements de santé privés mentionnés au d de l’article L. 162-22 du code de la sécurité sociale, les contrats fixent le montant des tarifs des prestations mentionnées au 1° de l’article L. 162-22-3 dans le respect des articles L. 162-22-3-1 à L. 162-22-3-3 du même code. » ;

10° À la première phrase du dernier alinéa de l’article L. 6131-2, les mots : « à l’article L. 162-22-13 » sont remplacés par les mots : « aux articles L. 162-22-4 et L. 162-22-5 » ;

11° La seconde phrase du premier alinéa de l’article L. 6131-5 est ainsi rédigée : « Il peut réduire en conséquence le montant des dotations mentionnées aux articles L. 162-22-4, L. 162-22-5, L. 162-22-19, L. 162-23-3 et L. 174-1 du code de la sécurité sociale. » ;

12° Au II de l’article L. 6132-5, les mots : « régionales de financement des missions d’intérêt général et d’aide à la contractualisation mentionnées à l’article L. 162-22-13 » sont remplacés par les mots : « mentionnées aux articles L. 162-22-4 et L. 162-22-5 » ;

13° À l’article L. 6133-2-1, la référence : « L. 162-22-6 » est remplacée par la référence : « L. 162-22-3 » ;

14° L’article L. 6133-6 est ainsi modifié :

a) Au troisième alinéa et à la première phrase de l’avant-dernier alinéa, les mots : « publics de santé et par les établissements de santé mentionnés aux b et c de l’article L. 162-22-6 » sont remplacés par les mots : « de santé mentionnés aux a à c de l’article L. 162-22 » ;

b) À la première phrase de l’avant-dernier alinéa, la seconde occurrence de la référence : « L. 162-22-6 » est remplacée par la référence : « L. 162-22 » ;

15° À la première phrase des troisième, avant-dernier et dernier alinéas de l’article L. 6133-8, la référence : « L. 162-22-6 » est remplacée par la référence : « L. 162-22 » ;

16° Au dernier alinéa de l’article L. 6141-5, les mots : « à l’article L. 162-22-13 » sont remplacés par les mots : « aux articles L. 162-22-4 et L. 162-22-5 » ;

17° À l’avant-dernier alinéa de l’article L. 6144-1, les mots : « de financement mentionnées à l’article L. 162-22-13 » sont remplacés par les mots : « mentionnées à l’article L. 162-22-4 » ;

18° La première phrase du premier alinéa de l’article L. 6145-1 est ainsi modifiée :

a) La référence : « L. 162-22-10 » est remplacée par la référence : « L. 162-22-3-1 » ;

b) La référence : « L. 162-22-8 » est remplacée par la référence : « L. 162-22-5-2 » ;

c) Les mots : « de la dotation de financement des activités d’intérêt général et d’aide à la contractualisation prévue aux articles L. 162-22-14 » sont remplacés par les mots : « des dotations prévues aux articles L. 162-22-4, L. 162-22-5 » ;

19° Le I de l’article L. 6145-4 est ainsi modifié :

a) Au premier alinéa, la référence : « L. 162-22-10 » est remplacée par la référence : « L. 162-22-3-1 » ;

b) Au 1°, les mots : « à 3° du I de l’article L. 162-22-10 » sont remplacés par les mots : « et 2° du I de l’article L. 162-22-3-1 » ;

c) Au 2°, les mots : « de la dotation mentionnée à l’article L. 162-22-14 » sont remplacés par les mots : « des dotations mentionnées aux articles L. 162-22-4 et L. 162-22-5 » ;

20° Au second alinéa du II de l’article L. 6161-2-2, les mots : « régionales de financement des missions d’intérêt général et d’aide à la contractualisation mentionnées à l’article L. 162-22-13 » sont remplacés par les mots : « mentionnées à l’article L. 162-22-4 » ;

21° À l’article L. 6161-3-1 et à la première phrase du premier alinéa de l’article L. 6161-9, la référence : « L. 162-22-6 » est remplacée par la référence : « L. 162-22 ».

III. – Le VI de l’article 35 de la loi n° 2019-1446 du 24 décembre 2019 de financement de la sécurité sociale pour 2020 est ainsi modifié :

1° Les 1° et 2° sont ainsi rédigés :

« 1° À compter du 1er janvier 2022 et au plus tard jusqu’au 31 décembre 2025, pour les établissements mentionnés aux a, b et c de l’article L. 162-22 du code de la sécurité sociale exerçant des activités mentionnées au 1° du même article L. 162-22 et pour l’ensemble des établissements mentionnés audit article L. 162-22 exerçant des activités mentionnées au 2° du même article L. 162-22 ;

« 2° À compter du 1er juillet 2023 et au plus tard jusqu’au 31 décembre 2025, pour les établissements mentionnés au même article L. 162-22 exerçant des activités mentionnées au 4° du même article L. 162-22. » ;

2° À la fin de la seconde phrase du septième alinéa, les mots : « 28 février 2025 et, pour l’année 2025, à compter du 1er mars jusqu’au 28 février 2026 » sont remplacés par les mots : « 29 février 2024 et, pour les années 2024 et 2025, à compter du 1er mars de l’année en cours ».

IV. – L’article 57 de la loi n° 2020-1576 du 14 décembre 2020 de financement de la sécurité sociale pour 2021 est abrogé.

V. – Le dernier alinéa de l’article 44 de la loi n° 2022-1616 du 23 décembre 2022 de financement de la sécurité sociale pour 2023 est ainsi modifié :

1° La première phrase est ainsi modifiée :

a) La date : « 31 décembre 2023 » est remplacée par la date : « 31 décembre 2025 » ;

b) Les mots : « aux articles L. 162-22-1, L. 162-22-6 et L. 162-23-1 » sont remplacés par les mots : « à l’article L. 162-22-3 » ;

2° À la seconde phrase, après le mot : « détermination », sont insérés les mots : « du périmètre et ».

VI. – Dans l’ensemble des textes législatifs, les références faites aux établissements mentionnés aux a, b, c, d et e de l’article L. 162-22-6 du code de la sécurité sociale sont remplacées par des références aux établissements mentionnés respectivement aux a, b, c, d et e de l’article L. 162-22 du même code.

VII. – Le présent article entre en vigueur le 1er janvier 2024, sous réserve des dispositions suivantes :

1° Prennent effet au 1er janvier 2025 :

a) Le 2° du B du I ;

b) Les 2° et 3° de l’article L. 162-22-2 du code de la sécurité sociale, dans sa rédaction résultant du 5° du D du I du présent article ;

c) Le 1° du I bis de l’article L. 162-22-3-1, dans sa rédaction résultant du 5° du D du I du présent article ;

d) Les articles L. 162-22-4 et L. 162-22-5 du code de la sécurité sociale, dans leur rédaction résultant du 5° du D du I du présent article ;

e) L’abrogation des articles L. 162-22-12 à L. 162-22-14 du code de la sécurité sociale résultant du 13° du D du I du présent article ;

f) Le 15°, les b et c du 17° et le 27° du D, les 2° et 3° du E et le b du 1° du H du I ;

g) Les 5°, 8°, 10° à 12°, 16° et 17°, le c des 18° et 19° et le 20° du II ;

2° Pour l’année 2024 :

a) À l’article L. 162-22-12 du code de la sécurité sociale, les références aux articles L. 162-22-6-2, L. 162-22-8 et L. 162-22-9-1 sont remplacées, respectivement, par les références aux articles L. 162-22-5-1, L. 162-22-5-2 et L. 162-22-3-2 ;

b) À l’article L. 162-22-15 du même code, les références aux articles L. 162-22-6, L. 162-22-6-2 et L. 162-22-8 sont remplacées, respectivement, par les références aux articles L. 162-22, L. 162-22-5-1 et L. 162-22-5-2 ;

c) Les modalités de détermination du montant des forfaits mentionnés aux articles L. 162-22-5-1 et L. 162-22-5-2 dudit code sont fixées par l’État dans le respect du montant de l’objectif de dépenses mentionné à l’article L. 162-22-1 du même code et conformément aux modalités prévues au même article L. 162-22-1. À cette fin, il est tenu compte des prévisions d’évolution de l’activité des établissements, mesurée notamment à partir des données mentionnées aux articles L. 6113-7 et L. 6113-8 du code de la santé publique ;

3° L’objectif de dépenses défini à l’article L. 162-22-1 du code de la sécurité sociale dans sa rédaction résultant du 5° du D du I du présent article ne comprend pas, pour l’année 2024, les dépenses couvertes par l’objectif de dépenses prévu à l’article L. 162-22-13 du code de la sécurité sociale dans sa rédaction antérieure à la présente loi ;

4° Jusqu’au 31 décembre 2025, par dérogation aux articles L. 162-20-1, L. 162-22-3-1 et L. 162-22-3-3 du code de la sécurité sociale dans leur rédaction résultant des 1° et 5° du D du I du présent article, les tarifs et les coefficients mentionnés aux mêmes articles L. 162-20-1, L. 162-22-3-1 et L. 162-22-3-3 prennent effet au 1er mars de l’année en cours ;

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Mouiller

Monsieur le ministre, mes chers collègues, permettez-moi, en amont de la discussion de cet article, de faire ce que l’on pourrait appeler un point de méthode concernant la réforme du financement de l’hôpital pour les activités de médecine-chirurgie-obstétrique-odontologie, dites activités MCO, dont le coût s’élève à pas moins de 78 milliards d’euros.

Le Gouvernement propose une réforme dont le principe nous convient. La commission d’enquête sur la situation de l’hôpital et le système de santé en France, dont Catherine Deroche était le rapporteur l’an passé, avait recommandé l’adoption d’un modèle fondé sur trois piliers. Les « compartiments » prévus à l’article 23 correspondent peu ou prou à ce que le Sénat souhaitait.

En fait, nous avons une difficulté, non pas avec le schéma retenu, mais avec sa mise en œuvre.

Sur ce point, nous ne pouvons pas adhérer à la démarche. L’étude d’impact du projet de loi, pour le moins laconique, se borne à indiquer un calendrier sommaire de mise en œuvre étalée. Elle ne comporte aucune précision sur le champ des activités qui vont voir leur financement évoluer. Quid, par exemple, des maternités ou de la pédiatrie ? Quid de la gériatrie ?

La seule finalité revendiquée de la réforme est de réduire la part de la tarification à l’acte (T2A), ce qui ne peut être une fin en soi.

La Cour des comptes appelait récemment, comme la commission d’enquête l’an dernier, à ne pas minorer le rôle de la T2A. Il convient à notre sens d’examiner l’objectif fixé activité par activité. Une réforme du financement doit soutenir une stratégie d’offres de soins, et non l’inverse.

L’étude d’impact ne dit rien non plus ni sur le coût de la réforme – c’est tout de même un comble pour un projet de loi de financement – ni sur son impact financier pour les établissements eux-mêmes. Vous avez indiqué devant la commission qu’il y aurait des gagnants et des perdants, mais sans préciser lesquels, monsieur le ministre. Nous, nous voulons savoir !

Pendant dix ans, nous avons dû revoir presque chaque année les dispositifs introduits par les réformes de la psychiatrie et des soins médicaux de suite et de réadaptation (SSR). Ces réformes ont aussi montré les difficultés rencontrées par le Gouvernement pour produire des simulations des effets redistributifs de ces réformes.

Telles sont les raisons pour lesquelles la commission propose de préciser le dispositif et d’en réaliser une véritable évaluation avant d’envisager sa mise en œuvre générale.

Vous précipitez une réforme pour satisfaire aux annonces faites par le Président de la République. Soyons humbles, monsieur le ministre, avançons de manière sérieuse, ordonnée et sécurisée. L’hôpital le mérite.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Milon

La sortie du « tout T2A », présentée comme une idée majeure, ne signifie pas grand-chose.

Nous n’avons en effet jamais été dans un système « tout T2A », la part liée à l’activité n’ayant représenté dans les premières années que les deux tiers des ressources des établissements. Cette part a diminué au fur et à mesure que les dépenses liées aux listes en sus et aux missions d’intérêt général et d’aides à la contractualisation (Migac) augmentaient, pour s’établir à 59 % en 2019, la cible étant de 49 % en 2026.

Depuis 2020, les établissements sont de plus placés hors T2A du fait de la mise en place de la garantie de financement et de la sécurisation modulée à l’activité.

Les trois compartiments de financement proposés se décomposent ainsi : un financement à l’activité, des dotations pour des missions spécifiques – missions d’enseignement, de recherche, de référence et d’innovation (Merri), aide à la contractualisation, forfait annuel, dotation populationnelle, urgences – et un groupe de dotations sur objectifs de santé publique recyclant les missions d’intérêt général (MIG) et les fonds d’intervention régionaux (FIR) avec un financement issu des programmes d’incitation financière à l’amélioration de la qualité (Ifaq) et du contrat d’amélioration de la qualité et de l’efficience des soins (Caqes), avec de nouveaux objectifs de santé publique territoriaux qui, honnêtement, sont incertains.

En somme, monsieur le ministre, on reconduit ce qui existe déjà, en lui donnant une autre dénomination.

L’échelle tarifaire doit être revue. Les écarts entre les grilles de coûts et les grilles tarifaires ont été identifiés depuis longtemps sans être résorbés. Il est donc à mon avis inutile de mener des travaux supplémentaires. La Cour des comptes a signalé récemment le cas de la gynécologie-obstétrique, qui semble la plus défavorisée.

Les nouveautés se trouvent dans les dotations non programmables pour soins critiques. Le principe est d’allouer des financements mixtes, constitués d’un socle fixe et d’une part à l’activité, comme le modèle T2A le prévoit depuis sa création en 2004.

Monsieur le ministre, même si ces propositions de répartition dites nouvelles peuvent intéresser les établissements hospitaliers, vous conviendrez que le problème essentiel est celui de l’objectif national de dépenses d’assurance maladie (Ondam). Si vous dotez correctement les soins critiques, sur quelle activité ces montants seront-ils prélevés ?

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

La parole est à Mme Cathy Apourceau-Poly, sur l’article.

Debut de section - PermalienPhoto de Cathy Apourceau-Poly

L’article 23 est l’une des dispositions essentielles de ce PLFSS, puisqu’il applique l’engagement, pris par le Président de la République en 2017, en 2018 et de nouveau cette année, de réformer la T2A.

La T2A représente actuellement 76 % du financement des actes de médecine-chirurgie-obstétrique-odontologie. En 2018, le Gouvernement avait pourtant annoncé sa volonté de plafonner à 50 % la part de la T2A dans le financement des établissements.

La question que je me pose est la suivante : la sortie de la T2A va-t-elle se poursuivre, ou allons-nous-en rester à cette portion de tarification à l’activité qui baisse seulement de 57 % à 49 % ? Si cette seconde option était retenue, cela ne pourrait s’apparenter à une sortie de la T2A, ni même à une diversification des modes de financement de la santé.

Pour notre part, nous pensons que le financement de l’hôpital passe par la fin des enveloppes fermées, une vision pluriannuelle des budgets de fonctionnement et une prise en compte de l’activité pondérée aux missions de santé et aux besoins des publics.

Avec l’article 23, nous en sommes hélas ! encore loin.

Debut de section - PermalienPhoto de Bernard Jomier

Permettez-moi à mon tour de présenter la position de mon groupe sur l’article 23.

La question de l’Ondam est essentielle – Alain Milon l’a rappelé. Mais l’Ondam étant ce qu’il est, il nous faut bien déterminer les modalités de répartition du financement des hôpitaux.

Notre groupe a maintes fois réclamé une diminution de la part de la T2A, non pas par plaisir, mais pour faire en sorte que la T2A finance ce qu’il est utile qu’elle finance. Nous avons désormais l’expérience de différents modèles de financement – le prix de journée avant 1983, la dotation globale et un financement majoritairement par la T2A.

S’il n’y a pas de système parfait, il importe de tirer des leçons des évolutions. En l’occurrence, il convient de réserver la T2A aux activités programmées et standardisées.

L’article 23 que nous présente le Gouvernement va bien dans ce sens. Nous l’accueillons donc positivement. Nous ne partageons pas la position de la commission, qui entend reporter le calendrier.

Cette réforme complexe s’étalera sur des années, et il y aura effectivement des gagnants et des perdants. Il faut que les gagnants soient ceux qui le méritent et que les perdants soient ceux qui, actuellement, se sont lancés dans une course à l’activité, qui est une dérive de la T2A, au prix, parfois, de l’efficience et de la pertinence des soins.

Pour notre part, nous sommes prêts à discuter de façon ouverte avec le Gouvernement pour faire avancer cette réforme.

À l’Assemblée nationale, Mme la rapporteure générale a introduit le financement par forfait de la dialyse. Nous soutenons cet ajout à la suite de l’article 22 ter sur le financement des forfaits de radiothérapie dans le cadre du traitement contre le cancer. C’est un bon exemple de la manière dont nous abordons ce débat.

Debut de section - Permalien
Aurélien Rousseau

Nous abordons l’un des articles les plus importants de ce projet de loi de financement de la sécurité sociale. Contrairement à ce que j’ai entendu, il n’est pas seulement le décalque d’une volonté présidentielle. Sur toutes les travées de cet hémicycle comme de l’Assemblée nationale, le « tout T2A » – même si, comme l’a indiqué le sénateur Milon, il n’a jamais réellement existé – a fait l’objet de critiques nombreuses et très documentées.

Contrairement à une approche que nous avions pu défendre dans le passé et contrairement à ce que certains ont cru comprendre des annonces du Président de la République, le changement que le Gouvernement présente n’a pas pour objet d’instaurer un modèle en vertu duquel la part de T2A dans le financement de chaque établissement de France serait fixée à 48 %, le pourcentage d’activités de santé publique à X et le pourcentage des activités spécifiques de recours à Y.

Comme l’a indiqué Bernard Jomier à l’instant, il s’agit de réserver la T2A aux activités qui s’y prêtent. Pour une clinique de chirurgie qui ne fait que de la prothèse de hanche, la T2A reste le meilleur système de financement.

Par ailleurs, et vous le savez mieux que moi, tant vous êtes experts en la matière, mesdames, messieurs les sénateurs, la dotation globale ou le budget global privilégient les acteurs qui sont les plus puissants vis-à-vis du ministère, les autres acteurs, qui sont dans un angle mort du soutien politique, si j’ose dire, faisant office de variable d’ajustement.

Nous souhaitons au contraire que la rémunération dépende de l’activité, de sorte que le case-mix de tarification corresponde au case-mix de l’activité.

Nous souhaitons notamment, monsieur le sénateur Milon, que les Migac ne soient plus utilisées comme une variable d’ajustement permettant d’aider quelques grands centres hospitaliers universitaires (CHU) à faire face.

Pour ma part, je défends la cohérence des trois briques que constituent l’activité, les activités de santé publique et les activités spécifiques de recours. J’ai du reste mentionné, et ce n’est pas un hasard, ces trois mêmes briques dans la lettre de cadrage que j’ai adressée à l’assurance maladie pour la négociation conventionnelle avec les médecins, car je crois que c’est au fond le même sujet.

Contrairement à ce que vous avancez, monsieur le président de la commission, cette réforme ne sort pas de nulle part. Nous avons bien entendu mené de longues concertations avec les fédérations hospitalières. Et, à rebours de ce que propose Mme la rapporteure Imbert par l’amendement n° 260, je crois que, une fois que nous nous sommes assurés d’avoir un parachute, il faut sauter.

J’estime pour ma part qu’une expérimentation par région n’est ni pertinente au regard du fonctionnement de notre système de santé ni conforme au principe de solidarité nationale. En effet, comment régler le cas d’un malade résidant à Alès qui serait suivi pour un cancer à l’Institut Gustave Roussy (IGR) ? Comment prendre en compte le rôle de recours de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) ? Cela suppose un système très complexe.

Nous disposons de deux ans pour appliquer cette réforme de manière progressive, avant sa généralisation en 2026, et, dans l’intervalle, nous réaliserons des simulations très régulièrement avec les fédérations.

Il n’existe pas de mode de tarification miraculeux. Si les autres pays ne l’avaient pas trouvé, le génie français l’aurait fait !

Sourires.

Debut de section - Permalien
Aurélien Rousseau

Vous avez cité les cas des SSR et de la psychiatrie, monsieur le président de la commission. Il est exact que, depuis maintenant dix ans, nous modifions chaque année les dispositifs, car ce que nous prenons d’un côté est perdu de l’autre.

Ma philosophie, dont je conviens qu’elle est plus rustique, consiste à entreprendre la réforme tout en nous donnant deux ans pour corriger d’éventuelles anomalies, qu’elles soient structurelles ou conjoncturelles, en apportant de nouveaux financements. Il peut en effet arriver qu’un établissement joue un rôle particulier dans un département, ou que sa patientèle soit particulière.

Je suis convaincu que cette philosophie est la bonne, car les établissements de santé n’auront plus à craindre de financer des activités essentielles, telles que la prise en charge des femmes victimes de violences – il faut aujourd’hui avoir fait Polytechnique pour remplir une fiche MIG ! –, ni de s’engager en matière de santé publique dans des campagnes de prévention ou d’aller vers.

Il importe à mes yeux que tous les établissements qui en ont la possibilité puissent être des établissements de recours.

Cette réforme ne résoudra certes pas tous les problèmes d’un coup de baguette magique, mais j’estime que la reporter au profit d’une expérimentation n’est pas nécessairement la méthode adéquate pour construire le meilleur système.

Ces trois piliers et cette méthode sont solides ; ils ont été validés par les fédérations, avec lesquelles nous travaillons depuis dix mois. Si elles étaient vent debout contre cette réforme, sans doute en auriez-vous entendu parler, monsieur le président de la commission.

Nous avons devant nous un important chantier. Le chemin n’est pas pavé de roses, mais il nous permettra de mettre en œuvre une réforme de la T2A qui ne sera pas seulement quantitative.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

L’amendement n° 260, présenté par Mme Imbert, au nom de la commission des affaires sociales, est ainsi libellé :

Avant l’alinéa 1

Insérer un paragraphe ainsi rédigé :

…. – A. – À partir du 1er janvier 2025 et pour une durée de trois ans, le Gouvernement est autorisé à conduire une expérimentation relative à l’évolution du modèle de financement des établissements de santé pour les activités de médecine, de chirurgie, de gynécologie-obstétrique et d’odontologie.

Ce modèle distingue, aux côtés des tarifs afférents aux prestations, des dotations relatives à des objectifs de santé publique et d’amélioration de la qualité et de la sécurité des soins ainsi que des dotations relatives à des missions d’intérêt général et contribuant à la continuité des soins et à la couverture des charges liées à des missions et activités spécifiques.

B. – Un décret détermine les modalités de mise en œuvre de l’expérimentation mentionnée au A du présent paragraphe. Les ministres chargés de la santé et de la sécurité sociale arrêtent la liste des territoires participant à cette expérimentation, dans la limite de trois régions dont l’une est située outre-mer.

Pour la mise en œuvre de la présente expérimentation, le Gouvernement est autorisé à appliquer à partir du 1er janvier 2025 dans les territoires concernés certaines des modifications prévues aux I et II du présent article.

C. – Au plus tard le 1er septembre 2027, le Gouvernement adresse au Parlement un rapport d’évaluation. Celui-ci présente l’impact du modèle expérimenté sur l’offre de soins et les indicateurs de santé publique des territoires ainsi que l’impact financier de la réforme sur les établissements de santé. Il expose enfin les modalités opérationnelles nécessaires à la généralisation de l’expérimentation et les dispositifs de sécurisation des ressources envisagés en vue de la transition de l’ensemble des établissements de santé vers ce modèle.

La parole est à M. le président de la commission.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Mouiller

Par le présent amendement, nous proposons, comme je l’ai indiqué précédemment, de procéder dans un premier temps à une expérimentation.

Permettez-moi de revenir sur la méthode, monsieur le ministre. J’entends que vous avez travaillé et documenté cette réforme. Je comprends aussi les précautions que vous prenez.

Au fond, vous nous proposez de modifier la loi tout de suite pour y déroger demain matin, car on ne sera pas en mesure de l’appliquer et, éventuellement, de revenir en arrière, ou du moins de changer la loi dans deux ans si cela ne va pas.

Nous vous proposons pour notre part de mener les mêmes travaux, en nous accordant un temps d’analyse et d’évaluation de trois ans, voire de deux ans, afin d’inscrire la réforme dans le dur de la loi et de l’appliquer quand elle sera prête. Vous conviendrez que ce serait tout de même plus rassurant pour les acteurs.

Vous indiquez que les fédérations ne sont pas vent debout. Certes, mais le sont-elles jamais quand il est question de financement des hôpitaux ? Généralement, elles s’efforcent plutôt de se faire bien voir…

Je puis vous dire que les fédérations sont très inquiètes de l’évolution qui est attendue. Leurs membres redoutent un fonctionnement en enveloppes fermées, qui n’incitera pas les acteurs à se dévoiler, puisqu’ils ne savent pas s’ils seront gagnants ou perdants.

Si les établissements publics étaient assez favorables à cette réforme, ils se demandent désormais si, comme c’est déjà arrivé dans le passé, ils ne vont pas être perdants.

Les règles du jeu ne sont pas connues, monsieur le ministre. Pourtant, le Gouvernement inscrit dès aujourd’hui cette réforme dans le dur de la loi. Nous sommes prêts à accompagner ces évolutions, mais il y a vraiment un problème de méthode, monsieur le ministre : le rôle du Parlement n’est pas d’expérimenter des idées immédiatement inscrites dans la loi.

Il faut d’abord tester les réformes, puis, une fois que nous sommes convaincus de leur bien-fondé, les graver dans le dur de la loi.

Debut de section - Permalien
Aurélien Rousseau

Monsieur le président de la commission, mon point de vue est le négatif du vôtre, au sens photographique du terme !

Lorsque je suis entré en fonction, je me suis d’abord fait la même réflexion que vous. L’article ne modifie que la partie législative du code de la santé publique, celle dont les articles sont précédés de la lettre « L ». Or expérimenter la tarification des hôpitaux au moyen de modifications de la partie législative du code sans l’aval du Parlement pose question.

En ce qui concerne la méthode, je préfère toutefois d’abord poser les trois piliers du nouveau modèle et montrer toutes les modifications législatives que cette réforme implique, puis vous rendre régulièrement des comptes sur son suivi jusqu’en 2026, plutôt que de demander à mes services de tester, en vase clos avec les fédérations hospitalières, des éléments structurants du mode de financement de l’hôpital.

J’émets donc un avis défavorable sur cet amendement.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

La parole est à M. Bernard Jomier, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Bernard Jomier

J’entends les remarques du président de la commission, et je partage certaines de ses réserves : cette réforme échappera en grande partie au législateur.

En réalité, c’est le détail de cette réforme qui en fera ou non la réussite.

Mme Émilienne Poumirol approuve.

Debut de section - PermalienPhoto de Bernard Jomier

Cependant, l’amendement de la commission tend à tout reporter à 2028 ! Quel message cela revient-il à envoyer aux hôpitaux, qui réclament unanimement de revenir sur la T2A ? Il n’y a pas de débat entre nous : je ne suis pas pour supprimer totalement cette tarification ; je suis d’accord avec Alain Milon sur ce point.

En 2023, nous disons aux hôpitaux que la réforme se fera en 2028. Nous passons un temps infini à changer les processus, ce qui est normal, car cette réforme est complexe. Mais, alors que cette réforme sera longue, la commission veut encore allonger le calendrier.

Selon l’objet de l’amendement n° 260, la réforme serait « précipitée ». Non, nous ne partageons pas ce point de vue. Il y aurait une forme de sagesse à conserver le calendrier proposé par le Gouvernement et à retirer cet amendement. La commission a soulevé des éléments intéressants, mais, de grâce, ne reportons pas cette réforme de manière excessive.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

La parole est à Mme Céline Brulin, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Céline Brulin

Nous ne souhaitons pas non plus repousser la date de ces changements, même s’ils sont très modestes, auxquels nous sommes favorables. S’il ne faut pas retarder cette échéance, c’est parce que de nombreux d’acteurs demandent depuis très longtemps que l’on réforme le financement de l’hôpital et que l’on diminue la part de la T2A, voire que cette dernière soit entièrement supprimée.

En revanche, je rejoins le président de la commission sur l’une de ses remarques : cette réforme est prévue à enveloppe constante.

Si la situation de l’hôpital était confortable, ou du moins acceptable, cela pourrait s’entendre, et les acteurs n’y verraient pas l’ombre d’un problème. Mais, tout le monde le sait, la moitié des hôpitaux sont en déficit et toutes les professions médicales connaissent de tels problèmes d’activité que des services doivent fermer et que l’on ne peut pas ouvrir le nombre de lits nécessaire.

Comment demander aux hôpitaux de conduire une telle réforme, si modeste soit-elle, dans ces conditions ? Alors que cela mériterait que l’on étudie leurs moyens, vous leur demandez de faire 500 millions d’euros d’économies supplémentaires.

Lorsque les mesures du Ségur ont été présentées, il me semblait que le peu d’argent mis sur la table donnerait de l’air et que, même si cela ne les rendait pas euphoriques, les professions médicales profiteraient d’une bouffée d’oxygène.

Ce n’est pas ce qui s’est passé : il y a eu tellement d’oubliés… Je n’ai jamais vu de prime susciter autant de mécontentements ! Cette réforme, même modeste, est tout de même attendue. Mais, si elle se fait à enveloppe constante, elle mécontentera de nouveau tout le monde.

Il faut faire un geste, monsieur le ministre !

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

La parole est à M. Alain Milon, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Milon

Je prie le président de la commission de m’excuser, mais je ne voterai pas non plus le report de cette réforme, qui me semble extrêmement intéressante, même si elle n’est pas complètement finalisée.

Monsieur le ministre, quelques éléments de votre intervention méritent d’être développés, notamment la proximité de la réforme et l’individualité des établissements. Si nous allions dans cette direction, cette réforme deviendrait passionnante. Mais, monsieur le ministre – parce qu’il y a un « mais » –, une telle transformation ne pourra être menée que si elle est accompagnée d’une révision très approfondie du financement de la santé en France.

Debut de section - PermalienPhoto de Elisabeth Doineau

Nous sommes tous d’accord pour dresser le constat que l’hôpital va mal, quand bien même nous connaissons quelques établissements qui se portent bien.

Nous avons tous entendu que la T2A n’était pas le mode de financement le plus judicieux des hôpitaux, même si elle ne représente pas l’intégralité des ressources des établissements.

Monsieur le ministre, au travers de cet article, vous proposez de changer la part de financement de la T2A. Nous sommes tous d’accord : il faut améliorer les financements liés à la qualité des soins ou aux objectifs de santé publique, favoriser les dispositifs de coordination ou d’autres liés à la prise en charge des situations aiguës, auxquels se rattachent les forfaits supplémentaires.

Toutefois, les choses ne me semblent pas aussi simples. Il manque plusieurs éléments dans cette réforme.

Nous regrettons l’absence de réflexion sur l’investissement dans les hôpitaux. Le rapport de la Cour des comptes sur la situation financière des hôpitaux publics après la crise sanitaire signale que, avant même la crise, la situation financière des hôpitaux était déjà difficile, en raison des lourds investissements réalisés auparavant.

Pendant la crise, la garantie de financement a représenté une bulle d’oxygène pour les hôpitaux en difficulté. Cependant, les choses se sont corsées depuis : les établissements ont besoin de travaux ; ils doivent parfois être totalement revus.

Il manque donc à votre projet toute une partie portant sur ce que l’on attend de l’hôpital de demain, donc sur les investissements. Comment imagine-t-on les hôpitaux de demain ? Je rêve d’un ministre qui serait le Vauban de l’hôpital public et qui reverrait l’ensemble des hôpitaux sur le plan national…

De plus, il manque aussi une réflexion au sujet de la régulation des dépenses. Comment interroger la pertinence des dépenses, afin d’améliorer les recettes des hôpitaux ? Il est très important d’embarquer les chefs d’établissements dans la recherche de la performance et de la dépense efficiente.

Le dernier point qui manque, c’est une réflexion sur la manière d’associer les établissements à l’Ondam.

Les sous-objectifs de dépenses sont communiqués aux hôpitaux, mais comment embarquer l’ensemble des professionnels dans la recherche d’une meilleure dépense, afin que les recettes correspondent à cet engagement national ? Il faut un système de donnant-donnant : favoriser les investissements, mais avec en contrepartie des engagements.

Debut de section - Permalien
Aurélien Rousseau

Je vous rassure, madame la rapporteure générale, je ne pense pas un seul instant que la question soit simple.

L’Ondam hospitalier a progressé de 50 milliards d’euros depuis 2019. Madame la sénatrice Brulin, j’entends vos propos : le mécontentement dont vous parlez n’est pas totalement incompréhensible, car il y a eu après la covid un effet de décompensation collective, en particulier à l’hôpital.

En revanche, aujourd’hui, même si je ne m’en gargarise pas, car nous sommes encore loin de ne pas avoir de lits vacants faute de personnels, partout nous rouvrons des lits. Nous réalisons les meilleures campagnes de recrutement depuis une dizaine d’années. Cela dit, le problème étant davantage la fidélisation que l’attractivité de ces métiers, je ne m’en réjouis pas outre mesure.

Madame la rapporteure générale, je voudrais bien être Vauban, mais je ne sais pas ce que les membres de la majorité sénatoriale lui auraient dit lors de l’examen de la loi de programmation des finances publiques (LPFP) de 1688…

Sourires.

Debut de section - Permalien
Aurélien Rousseau

Il n’y aura pas et il ne peut pas y avoir de compensation entre les efforts d’efficience que les établissements font tous les jours et l’effort majeur de financement de ces établissements. Ce dernier comprend notamment les 19 milliards d’euros mobilisés par le Ségur, qui sont, je le répète, grignotés par l’inflation et l’augmentation des coûts de construction. Cela provoque parfois du découragement, car nous ne pouvons pas mener à bien tous les projets prévus.

Enfin, je n’ai jamais dit que cette réforme se ferait à enveloppe fermée. Je ne le dis pas, parce que je ne le pense pas.

Si nous souhaitons que l’hôpital public fasse davantage de prévention et de santé publique, le but de la réforme n’est pas de viser d’abord l’efficience. Il faut certes chercher l’efficience, et la garantie de financement a peut-être fait parfois revenir quelques mauvais réflexes. Mais l’hôpital est suffisamment sous tension depuis assez longtemps pour ne pas y chercher de mammouth à dégraisser, comme le disait un illustre ministre…

La réforme ne se fera pas à enveloppe fermée, notamment sur l’activité. Je suis prêt à revoir la question des dotations en fonction des éléments que l’on constatera. Je suis convaincu que l’on attribue à l’Ondam hospitalier des dépenses qui relèvent du champ de la prévention : est-ce par exemple aux maternités d’acheter du Beyfortus ?

Un chantier se trouve devant nous, mais nous ne reviendrons pas à une enveloppe financière que l’on redistribuerait aux établissements.

Nous suivons une ligne de crête : d’un côté, il faut maintenir l’exigence d’efficience auprès des établissements, parce qu’elle est l’un de leurs facteurs de transformation ; de l’autre, la dépense progresse chaque année, et je suis prêt à étudier sa répartition entre la ville et l’hôpital, ainsi que dans les trois compartiments de financement des activités hospitalières. Le jeu n’est pas à somme nulle.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

La parole est à Mme Anne Souyris, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Anne SOUYRIS

Le GEST non plus ne souhaite pas reculer l’échéance de remise en cause de la T2A à l’hôpital.

La réforme de la T2A est tellement demandée qu’elle constitue une urgence pour l’hôpital. Mais elle ne suffira pas : il y a clairement un problème d’investissements dans les établissements hospitaliers. Pour avoir été membre du conseil de surveillance de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), j’ai constaté que nous étions obligés de vendre des terrains pour réaliser les travaux nécessaires. Cela devient problématique : notre hôpital ne peut pas être réduit comme peau de chagrin.

Pour cette raison, monsieur le ministre, il est extrêmement important que vous indiquiez qu’il n’y aura pas d’enveloppe fermée. Nous l’entendons, et j’espère que ce sera bien le cas.

Par ailleurs, il est important que la commission des affaires sociales puisse suivre, à l’aide de points d’étape, les expérimentations sur la remise en cause progressive de la T2A, afin que nous puissions l’évaluer et répondre au plus vite à l’état d’urgence subi par l’hôpital.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

La parole est à M. Jean-Marie Vanlerenberghe, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Marie Vanlerenberghe

L’article 23 est important, nous sommes tous d’accord. Il est urgent d’améliorer la situation de l’hôpital, du point de vue tant de son fonctionnement que de son financement.

Concernant le financement, j’ai été président d’hôpital il y a plusieurs années. J’ai vécu le système du forfait, et je vous assure que, si l’on est passé à la T2A, c’est parce qu’il ne fonctionnait pas bien. Nous pouvons peut-être revenir sur certains dispositifs rattachés à la T2A, mais nous commettrions une erreur à tout supprimer d’un coup.

Pour l’avoir vécu, le financement au forfait était un peu réalisé selon la tête du client : quand on était du bon côté du manche, proche du Gouvernement, on était bien servi ; quand c’était l’inverse, il y avait des années maigres. C’était cela, la réalité !

M. le ministre approuve.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Marie Vanlerenberghe

Il y avait également des disparités entre les hôpitaux de l’Assistance publique à Paris et les hôpitaux de province. Telle était aussi la réalité : je vous parle de ce que j’ai vécu.

Quand nous sommes passés à la T2A, nous avons applaudi. Mais, comme toute réforme a ses limites, on s’aperçoit désormais qu’il faut quelque peu revenir sur ce système.

Même si le mélange n’est pas tout à fait défini, les principes du système énoncé par le ministre me conviennent, à condition, comme le rappelait Alain Milon, d’être proche du terrain, de vivre les réalités et d’écouter les directeurs d’hôpitaux et les élus.

Venons-en au fonctionnement. Plusieurs membres du groupe UC ont auditionné le directeur de l’hôpital de Valenciennes. Cet établissement fonctionne bien, ses finances sont suffisantes, il remplit les missions définies par la loi du 21 juillet 2009 portant réforme de l’hôpital et relative aux patients, à la santé et aux territoires (HPST) et son management est bon. Tout le monde a l’air satisfait…

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Marie Vanlerenberghe

Il faut prendre en compte le fonctionnement et le financement pour pouvoir réussir la réforme de l’hôpital.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Mme Laurence Rossignol. À ce rythme, nous siégerons dimanche… Au moins, cela nous épargnera la messe !

Sourires sur les travées du groupe SER.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Mouiller

Je répondrai à notre collègue Anne Souyris, qui s’inquiétait du suivi de l’expérimentation, que notre commission organisera bien entendu un point d’étape pour suivre l’évolution de cette réforme.

Je vous le rappelle, mes chers collègues, nous étudions le projet de loi de financement de la sécurité sociale. Lors de la discussion générale, nous avons quasiment tous commencé nos propos en parlant de la sincérité des comptes et de l’Ondam, ainsi que des perspectives financières pour 2024.

Nous débattons désormais de la réforme de la tarification des hôpitaux. Or l’étude d’impact du projet de loi indique noir sur blanc, à sa page 202, que cette réforme n’aura pas d’impact financier en dehors des 12 millions d’euros consacrés à la prise en charge des personnes vulnérables. Monsieur le ministre, soit la réforme a un impact financier, soit elle n’en a pas. Mais le premier cas signifie que l’enveloppe est constante : je ne sais pas le dire autrement.

Vous nous dites à présent que la réforme aura en réalité un impact financier. Mais, dans ce cas-là, puis-je vous demander quel sera son montant ? Nous examinons une loi de financement de la sécurité sociale, et non une loi de réorganisation du système de santé. Quel sera l’impact financier de cette réforme ? Autre manière de poser cette question : cet impact est-il intégré dans les prévisions budgétaires que vous nous présentez aujourd’hui ?

Je vais vous aider, monsieur le ministre : le mieux, afin de garder le cap, c’est d’appeler à voter notre amendement, car une expérimentation n’a pas d’impact financier.

Debut de section - PermalienPhoto de Bernard Jomier

Dites clairement que vous ne voulez pas de cette réforme !

Debut de section - Permalien
Aurélien Rousseau

M. Aurélien Rousseau, ministre. Monsieur le président de la commission, je vous remercie d’avoir lu avec autant d’attention l’étude d’impact. Pour être précis, la réforme n’aura pas d’impact financier durant la période 2025-2026, à part les 12 millions d’euros que vous mentionniez.

M. Bernard Jomier le confirme.

Debut de section - Permalien
Aurélien Rousseau

C’est à partir de la mise en œuvre de la réforme que ces éléments évolueront, en fonction des retours des démonstrateurs dans les territoires. La page 202 de l’étude d’impact ne concerne que la période 2025-2026, soit la phase de démonstration de la réforme.

Cela dit, pour être tout à fait clair, je ne prétends pas que l’on annonce des Ondam en progression annuelle de 7 % à partir de 2027 !

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

La parole est à Mme Émilienne Poumirol, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Émilienne Poumirol

Mes chers collègues, cela fait maintenant un quart d’heure que nous discutons de cet article.

Debut de section - PermalienPhoto de Émilienne Poumirol

Je m’étonne de la position de la commission. La demande de réformer la T2A date quasiment de la création de ce dispositif.

Lors des auditions que nous avons organisées, nous avons tous été alertés. La Fédération hospitalière de France et les directeurs d’hôpitaux se montrent plutôt favorables à une réorganisation de la T2A et penchent pour l’améliorer à l’aide des trois piliers proposés par le Gouvernement.

Or la commission insiste pour demander un report à 2028, soit dans cinq ans, alors que l’on connaît l’état des hôpitaux et l’importance de leurs besoins de financement.

Franchement, si la commission ne veut pas de cette réforme, qu’elle le dise clairement. Aujourd’hui, nous devons prendre une décision.

Allons-nous écouter ou non les directeurs d’hôpitaux et les présidents de commissions médicales d’établissement (CME), en allant dans le sens de cette évolution ? Une telle réforme sera longue et complexe. Il faudra certainement l’améliorer en la suivant de près, mais elle commencerait à répondre à une demande que l’on entend depuis des années.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

La parole est à Mme Marion Canalès, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Marion CANALÈS

Pourquoi remettre à demain ce que l’on peut commencer à faire aujourd’hui, alors que les impacts financiers sont peu importants, comme le Gouvernement l’indique ?

Aujourd’hui, tous les acteurs appellent de leurs vœux cette réforme, qui prendra beaucoup de temps. Nos hôpitaux sont déjà mal en point, nous en avons longuement parlé.

Il faut une réforme progressive de la T2A : cela devrait faire consensus dans cet hémicycle.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurent Burgoa

M. Laurent Burgoa. Ne nous donnez pas de leçons de morale !

Exclamations sur les travées du groupe SER.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Vous voyez de la morale partout ! Et il en faut, parfois, de la morale…

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

Je mets aux voix l’amendement n° 260.

J’ai été saisi d’une demande de scrutin public émanant du groupe Les Républicains.

Je rappelle que l’avis de la commission est favorable et que celui du Gouvernement est défavorable.

Il va être procédé au scrutin dans les conditions fixées par l’article 56 du règlement.

Le scrutin est ouvert.

Le scrutin a lieu.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

Personne ne demande plus à voter ?…

Le scrutin est clos.

J’invite Mmes et MM. les secrétaires à constater le résultat du scrutin.

Mmes et MM. les secrétaires constatent le résultat du scrutin.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

Voici, compte tenu de l’ensemble des délégations de vote accordées par les sénateurs aux groupes politiques et notifiées à la présidence, le résultat du scrutin n° 47 :

Le Sénat a adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

Je suis saisi de deux amendements faisant l’objet d’une discussion commune.

L’amendement n° 1362, présenté par Mme Imbert, au nom de la commission des affaires sociales, est ainsi libellé :

I. – Alinéa 32

Après les mots :

fixé chaque année

rédiger ainsi la fin de l’alinéa :

par la loi.

II. – Alinéa 34

Supprimer cet alinéa.

III. – Après l’alinéa 145

Insérer un paragraphe ainsi rédigé :

I bis. – Le code de la sécurité sociale est ainsi modifié :

1° Au deuxième alinéa de l’article L. 162-22-9, les mots : « arrêté par l’État » sont remplacés par les mots : « fixé par la loi » ;

2° Au début du troisième alinéa de l’article L. 162-22-13, les mots : « L’État » sont remplacés par les mots : « La loi » ;

3° Le deuxième alinéa de l’article L. 162-22-18 est ainsi rédigé :

« Le montant de cet objectif est fixé chaque année par la loi en fonction de l’objectif national de dépenses d’assurance maladie. » ;

4° Au deuxième alinéa de l’article L. 162-23, les mots : « arrêté par l’État » sont remplacés par les mots : « fixé par la loi ».

IV. - Compléter cet article par un paragraphe ainsi rédigé :

…° Le I bis entre en vigueur au 1er janvier 2024.

La parole est à M. le président de la commission.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Mouiller

Avec cet amendement, qui vise à améliorer la transparence des crédits hospitaliers, nous poursuivons notre débat sur la transparence financière.

Les objectifs de dépenses de l’activité des MCO, des dotations Migac et des activités de psychiatrie, ainsi que des unités de soins de longue durée (USLD) et de soins médicaux et de réadaptation, sont définis en fonction de l’objectif national de dépenses d’assurance maladie.

Ces sous-objectifs de dépenses, qui conditionnent directement le pilotage des dépenses de ces différentes activités, sont aujourd’hui définis par arrêtés ministériels.

Nous considérons qu’il convient de soumettre ces différentes enveloppes d’encadrement des dépenses au législateur, et d’obliger ainsi le Gouvernement à justifier ces montants lors de la discussion de la loi de financement de la sécurité sociale ou d’un autre projet de loi.

L’adoption de cet amendement permettrait ainsi de préciser la ventilation de l’Ondam hospitalier, à défaut d’une construction plus fine des sous-objectifs.

En 2024, le Gouvernement n’a pas donné suite à la demande de la commission de disposer des prévisions de dépenses des différents champs d’activité hospitaliers. Les enveloppes de ces sous-objectifs dépassent pour certaines une dizaine de milliards d’euros, voire 70 milliards d’euros. Le Parlement mérite d’avoir cette discussion budgétaire.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

L’amendement n° 1278, présenté par M. Jomier, Mme Le Houerou, M. Kanner, Mmes Canalès, Conconne et Féret, M. Fichet, Mmes Lubin, Poumirol et Rossignol, MM. Redon-Sarrazy, Kerrouche, Chantrel et Lurel, Mme Bélim, MM. Jacquin, Ziane, Ouizille et Michau, Mmes Bonnefoy, Harribey et G. Jourda, MM. Temal, Durain, Féraud et Cardon, Mme Blatrix Contat, MM. Cozic, P. Joly et Stanzione, Mmes Conway-Mouret et Monier, MM. Chaillou, Tissot et Marie, Mme Artigalas, MM. Mérillou, Gillé et Montaugé, Mme Linkenheld et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Alinéa 34

Rédiger ainsi cet alinéa :

« Un décret en Conseil d’État, après avis de la Haute Autorité de Santé précise les éléments pris en compte pour la détermination de cet objectif.

La parole est à M. Bernard Jomier.

Debut de section - PermalienPhoto de Bernard Jomier

Le rapport de la Cour des comptes publié en juillet dernier au sujet de la tarification à l’activité recommande des ajustements pour garantir une tarification plus équitable et un meilleur alignement avec les objectifs de qualité des soins.

Nous souhaitons que, en tant qu’autorité publique indépendante, la Haute Autorité de santé (HAS), qui détient une expertise dans l’évaluation des dispositifs médicaux, dans les recommandations de bonne gestion du service de santé et dans l’attribution de l’incitation financière à l’amélioration de la qualité (Ifaq), soit étroitement associée à la définition des indicateurs et de l’évolution de ce financement.

Cette proposition s’inscrit dans la continuité des recommandations du rapport Hôpital : sortir des urgences, qui a été adopté par le Sénat en 2022 et qui préconise un renforcement du rôle de la HAS dans l’attribution des financements aux établissements de santé.

Debut de section - Permalien
Aurélien Rousseau

Les deux amendements me semblent très différents.

Je vais émettre un avis défavorable sur l’amendement n° 1362, car je ne vois pas comment il serait concrètement possible de satisfaire cette demande. Je comprends la proposition, mais, alors que nous examinons les objectifs de l’Ondam pour 2024, nous ne savons pas exactement quel sera le montant des dépenses pour 2023 et nous ne disposons toujours pas des chiffres stabilisés pour l’exécution 2022.

Si le Gouvernement passe par des arrêtés ministériels, c’est pour pouvoir stabiliser ces chiffres en dehors du calendrier du PLFSS.

L’amendement n° 1278 vise quant à lui à élargir les compétences de la HAS, en invitant cette autorité indépendante à se prononcer sur les modalités de financement en fonction des bonnes pratiques qu’elle aura identifiées. Il faudrait sans doute tout d’abord modifier les missions de la HAS, car cela ne relève pas de ses missions.

Par ailleurs, je ne suis pas favorable à confier à une même autorité, aussi indépendante soit-elle, l’analyse des bonnes pratiques et l’attribution de financements. La distinction entre ces deux activités ne me semble pas en soi une mauvaise chose.

J’émets donc un avis défavorable sur ces deux amendements.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

Quel est l’avis de la commission sur l’amendement n° 1278 ?

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Mouiller

Je partage l’avis du Gouvernement sur l’amendement n° 1278.

Est-ce le rôle de la HAS que de s’immiscer dans des choix politiques, puisque les dispositions budgétaires traduisent des choix politiques ? Cela ne revient-il pas à lui donner trop d’importance ? N’est-ce pas empiéter sur le rôle du Parlement ?

J’émets donc un avis défavorable.

L ’ amendement est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

En conséquence, l’amendement n° 1278 n’a plus d’objet.

L’amendement n° 262, présenté par Mme Imbert, au nom de la commission des affaires sociales, est ainsi libellé :

Alinéa 41, dernière phrase

Rédiger ainsi cette phrase :

Au regard des spécificités de certains traitements, la prise en charge de certaines prestations d’hospitalisation peut être assurée par des forfaits déterminés au regard des modes de prise en charge et modulés selon les caractéristiques des patients.

La parole est à M. le président de la commission.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Mouiller

Dans le texte sur lequel il a engagé sa responsabilité, le Gouvernement a retenu un amendement visant à inscrire dans la loi la prise en charge par forfait du traitement de l’insuffisance rénale chronique par épuration extrarénale.

Nous avons déjà évoqué le financement par forfait du traitement du cancer par radiothérapie.

Nous proposons ici de recourir à une formulation plus générale, afin d’avoir la possibilité d’ouvrir ultérieurement ce mode de prise en charge à d’autres types de traitement. La rédaction que nous proposons permet en particulier d’y inclure la dialyse, que Bernard Jomier a largement évoquée.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

Le sous-amendement n° 1290 rectifié, présenté par M. Jomier, Mme Le Houerou, M. Kanner, Mmes Canalès, Conconne et Féret, M. Fichet, Mmes Lubin, Poumirol et Rossignol, MM. Redon-Sarrazy, Kerrouche, Chantrel et Lurel, Mme Bélim, MM. Jacquin, Ziane, Ouizille et Michau, Mmes Bonnefoy, Harribey et G. Jourda, MM. Temal, Durain, Féraud et Cardon, Mme Blatrix Contat, MM. Cozic, P. Joly et Stanzione, Mmes Conway-Mouret et Monier, MM. Chaillou, Tissot et Marie, Mme Artigalas, MM. Mérillou, Gillé et Montaugé, Mme Linkenheld et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Amendement n° 262

I. Alinéa 2

Rédiger ainsi cet alinéa :

Remplacer cette phrase par deux phrases ainsi rédigées :

II. – Alinéa 3

Compléter cet alinéa par une phrase ainsi rédigée :

Pour les activités de traitement de l’insuffisance rénale chronique par épuration extrarénale, le forfait est déterminé par des critères liés aux caractéristiques des patients et des indicateurs d’amélioration de la qualité et de la pertinence des soins ainsi que des indicateurs populationnels incluant, notamment, l’amélioration et d’accélération à l’accès à la greffe rénale.

La parole est à M. Bernard Jomier.

Debut de section - PermalienPhoto de Bernard Jomier

J’adhère aux propos du président de la commission, mais je regrette que la commission propose de retirer la mention expresse de la dialyse, introduite par Stéphanie Rist à l’Assemblée nationale, alors qu’elle ne propose pas de supprimer, à juste titre d’ailleurs, la mention du traitement du cancer par radiothérapie.

La question est ancienne, et je me souviens d’ailleurs que le président de la commission avait présenté, voilà quelques années, des amendements relatifs à la dialyse à La Réunion.

L’occasion se présente à nous d’avancer sur la rémunération par forfait de la dialyse, avec des objectifs très clairs : une meilleure efficience, l’accélération du développement de la greffe rénale, même si ce n’est pas, loin de là, le seul outil – nous rediscuterons sans doute un jour du plan Greffe et de son état d’avancement –, et le développement des méthodes ambulatoires, par préférence à la dialyse en établissement.

L’apport de l’Assemblée nationale sur ce point me paraît intéressant. Vous évoquiez, monsieur le président de la commission, la nécessité d’avancer pas à pas. Eh bien, c’est ce que nous pouvons faire ici : avançons sur la question de la dialyse rénale en mentionnant expressément ce traitement dans le texte !

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

Quel est l’avis de la commission sur le sous-amendement n° 1290 rectifié ?

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Mouiller

La commission est extrêmement réservée sur cette proposition : avis défavorable.

Debut de section - Permalien
Aurélien Rousseau

Pour le Gouvernement, qui est sur ce sujet en accord total avec Mme la rapporteure générale de la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale, il existe deux types d’activités qui méritent une réflexion sur la forfaitisation : la radiothérapie et la dialyse.

Pour la première, je pense que cela ne fait pas de doute ; d’ailleurs, la financiarisation de ce secteur, indice d’importantes marges pour les acteurs privés, montre que l’on peut passer à un financement par forfait.

Pour la seconde – je ne sais pas quelle était au juste la motivation initiale de Mme la rapporteure Corinne Imbert quand elle a rédigé cet amendement –, les choses sont quelque peu différentes.

En effet, s’il y a de très gros acteurs, qui font de la dialyse de façon industrielle, si j’ose dire, il y a également, dans nombre de départements, des associations qui proposent la dialyse à domicile et relèvent du secteur privé solidaire. Il nous faut donc procéder plus finement pour ce type de traitement, afin de ne pas mettre en difficulté ce second type d’acteurs.

En tout état de cause, bien que ces deux sujets relèvent en principe du domaine réglementaire, nous avons fait le choix politique de les élever au niveau du PLFSS, afin d’envoyer un signal clair : les secteurs qui font l’objet d’une financiarisation sont ceux dans lesquels il y a, sinon du profit, du moins une forme de rente ; nous allons donc leur porter une attention particulière et, dans de tels cas, le meilleur outil est le forfait.

J’en viens maintenant à l’amendement et au sous-amendement en discussion.

L’intention des auteurs de l’amendement n° 262 me semble satisfaite par le texte issu de l’Assemblée nationale. J’émets donc un avis défavorable.

Pour ce qui concerne le sous-amendement n° 1290 rectifié de Bernard Jomier, je suis gêné par la précision de la rédaction proposée, notamment par la mention de la qualité.

L’association de patients Renaloo, dont je ne conteste pas la légitimité, a beaucoup soutenu cette disposition, mais le niveau de détail, notamment pour ce qui a trait à la qualité, est trop élevé et prématuré. En outre, nous n’avons pas encore échangé avec les autres associations de patients, notamment dialysés, alors que cela me paraît indispensable.

Le Gouvernement émet donc également un avis défavorable sur ce sous-amendement.

Le sous-amendement est adopté.

L ’ amendement est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

L’amendement n° 417 rectifié, présenté par Mme Guillotin, MM. Bilhac et Cabanel, Mme M. Carrère, M. Daubet, Mme N. Delattre, M. Fialaire, Mme Girardin, MM. Gold, Grosvalet, Guérini, Guiol et Laouedj, Mme Pantel et M. Roux, est ainsi libellé :

I. – Alinéa 56

Supprimer cet alinéa.

II. – Pour compenser la perte de recettes résultant du I, compléter cet article par un paragraphe ainsi rédigé :

… – La perte de recettes résultant pour l’État du présent article est compensée, à due concurrence, par la création d’une taxe additionnelle à l’accise sur les tabacs prévue au chapitre IV du titre Ier du livre III du code des impositions sur les biens et services.

La parole est à M. Bernard Fialaire.

Debut de section - PermalienPhoto de Bernard Fialaire

Les établissements de santé privés d’intérêt collectif (Espic) en général et les centres de lutte contre le cancer en particulier relèvent pleinement du service public de santé.

Dans certains territoires, les établissements privés à but non lucratif sont même les seuls à assurer la permanence des soins. Quant aux centres de lutte contre le cancer, ils jouent un rôle crucial face à l’augmentation de l’incidence des cancers.

Or la différence de traitement dont ils font l’objet par rapport à l’hôpital public les pénalise fortement d’un point de vue financier. Entre le coefficient de pondération du Ségur de la santé et le coefficient de reprise des allégements sociaux et fiscaux, la minoration des tarifs des centres de lutte contre le cancer est passée de 2, 5 % en 2022 à 2, 73 % en 2023, ce qui représente 39, 5 millions d’euros.

Je vous laisse imaginer l’incidence de cette mesure sur leurs ressources, surtout dans un contexte de tensions inédites de recrutement.

Dans la mesure où les praticiens des centres de lutte contre le cancer n’exercent pas d’activité libérale, et puisque ces structures sont entièrement consacrées au service public de santé, je propose, au travers de cet amendement, de supprimer la minoration de tarifs selon les catégories d’établissement.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Mouiller

J’ai l’impression, mon cher collègue, que le dispositif de votre amendement ne correspond pas à votre intention.

En effet, cet amendement tend à empêcher, en fin d’année, le dégel tarifaire, qui permet de valoriser l’activité au juste tarif et non au tarif minoré des coefficients prudentiels. Cela ne correspond pas, je crois, à votre intention.

Par conséquent, la commission ne peut qu’être défavorable à cet amendement.

Debut de section - Permalien
Aurélien Rousseau

Je partage l’avis du président de la commission.

Le dispositif de l’amendement porte sur la suppression du coefficient prudentiel, alors que l’exposé des motifs évoque le coefficient de minoration appliqué aux Espic et à Unicancer.

J’ai annoncé et confirmé que nous supprimerions en l’espace de deux années le coefficient de minoration. En revanche, il ne faut surtout pas supprimer la mise en réserve prudentielle, qui s’applique à tous les établissements de santé.

Par conséquent, en raison, d’une part, de cette divergence entre les motifs et le dispositif de l’amendement, et, d’autre part, de l’engagement que j’ai pris de supprimer le coefficient de minoration, j’émets un avis défavorable sur cet amendement.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

L’amendement n° 417 rectifié est retiré.

Je suis saisi de trois amendements identiques.

L’amendement n° 441 rectifié sexies est présenté par Mmes Malet, Billon, Guidez, Belrhiti et Bonfanti-Dossat, M. Burgoa, Mmes Di Folco, Gosselin et Jacques, MM. Laménie et Genet, Mmes Lopez, M. Mercier et Micouleau, MM. Panunzi, Sol, Somon, Tabarot et Gremillet, Mme Joseph, M. H. Leroy et Mme Petrus.

L’amendement n° 1164 rectifié bis est présenté par Mme Aeschlimann et MM. Sautarel, Khalifé, Paccaud, Cadec et Longeot.

L’amendement n° 1262 rectifié est présenté par Mme Bélim, MM. Lurel et Jomier, Mme Le Houerou, M. Kanner, Mmes Canalès, Conconne et Féret, M. Fichet, Mmes Lubin, Poumirol et Rossignol, MM. Redon-Sarrazy, Kerrouche, Chantrel, Ziane, Ouizille et Michau, Mme Bonnefoy, M. Jacquin, Mme Harribey, MM. Temal et Durain, Mme G. Jourda, MM. Féraud et Cardon, Mme Blatrix Contat, MM. Cozic, P. Joly et Stanzione, Mmes Conway-Mouret et Monier, MM. Chaillou, Tissot et Marie, Mme Artigalas, MM. Mérillou, Gillé et Montaugé, Mme Linkenheld et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain.

Ces trois amendements sont ainsi libellés :

Alinéa 57

Après le mot :

fixe

insérer les mots :

chaque année

La parole est à Mme Viviane Malet, pour présenter l’amendement n° 441 rectifié sexies.

Debut de section - PermalienPhoto de Viviane Malet

La revalorisation du coefficient géographique permettant de compenser les surcoûts supportés par les établissements de santé d’Île-de-France, de Corse et d’outre-mer est essentielle pour le bon fonctionnement des activités hospitalières.

L’annonce d’une revalorisation du coefficient applicable à La Réunion, qui passe de 31 % à 34 %, est une bonne nouvelle, mais il reste à chiffrer la prise en compte des missions non ou peu compensées par l’État : évacuations sanitaires, oncologie pédiatrique, allogreffes, greffes osseuses ou encore missions de recours hyperspécialisées.

Depuis plusieurs années, les hommes et femmes politiques de tous bords confondus et les personnels hospitaliers n’ont cessé d’alerter le Gouvernement sur la nécessité d’actualiser ce coefficient. Afin que ce problème ne perdure pas, le présent amendement vise donc à instaurer une révision annuelle de ces surcoûts.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

La parole est à Mme Marie-Do Aeschlimann, pour présenter l’amendement n° 1164 rectifié bis.

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Do AESCHLIMANN

Notre collègue l’a excellemment expliqué, il s’agit d’annualiser la fixation des coefficients géographiques s’appliquant aux tarifs nationaux pour les établissements implantés en outre-mer, afin de compenser les difficultés liées à la situation singulière des territoires ultramarins : insularité, salaires légaux plus élevés, nécessité d’un rattrapage en matière d’équipement et d’entretien, ou encore prix des produits de santé plus élevés en raison de la vie chère.

J’ajoute que les coefficients de certains territoires n’avaient pas été revalorisés depuis 2017. En outre, en 2022, le Président de la République et le Premier ministre s’étaient tous deux prononcés en faveur de cette fixation annuelle.

Par ailleurs, fixer annuellement ces coefficients géographiques permettrait de suivre la situation des territoires ultramarins, qui sont confrontés, je le répète, à des difficultés particulières.

Toutefois, cette disposition n’impliquerait nullement une revalorisation annuelle systématique, je vous rassure. Nous souhaitons certes que les territoires ultramarins ne souffrent pas d’une moindre offre de services de santé, mais nous tenons également à prendre en compte les difficultés financières de l’État.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

La parole est à Mme Audrey Bélim, pour présenter l’amendement n° 1262 rectifié.

Debut de section - PermalienPhoto de Audrey BÉLIM

Je souhaite illustrer cette mesure au travers d’une situation que je connais bien, celle de La Réunion.

Après de longues années d’attente – plus de dix ans –, à la suite d’un mouvement de grève des personnels hospitaliers réunionnais et de la mobilisation de plusieurs hommes et femmes politiques, un accord a enfin été trouvé pour revaloriser le coefficient géographique retenu pour le calcul des dotations.

Toutefois, ce coefficient géographique ayant pour objet de compenser les surcoûts subis par les établissements de santé réunionnais, il ne saurait rester figé, et la question de sa revalorisation ne doit pas être résolue chaque fois par un conflit ou par de longues négociations.

À ce jour, les comptes du centre hospitalier universitaire (CHU) de La Réunion accusent un déficit de 50 millions d’euros, dont plus des deux tiers sont imputables à la faiblesse du coefficient géographique et à l’absence de compensation des mesures du Ségur de la santé. N’oublions donc pas que 70 % du déficit sont imputables à l’État !

Certes, nous avons obtenu une revalorisation de 3 points, mais le rapport indépendant de 2018 plaidait pour une revalorisation de 4 points et la Fédération hospitalière de France (FHF) proposait même une augmentation pendant une année – le temps d’y voir plus clair – de 8 points !

Par ailleurs, le CHU de La Réunion, établissement de référence du sud-ouest de l’océan Indien, accueille, depuis sa création, de plus en plus d’évacuations sanitaires, dont le nombre annuel est ainsi passé de 400 à 1 600.

En outre, lorsque, en raison de la spécialisation des soins, on ne peut y prodiguer directement les soins, le transport aérien des patients entraîne l’augmentation du taux de mortalité.

Tout cela est un état de fait, que l’on doit accepter comme tel, mais notre hôpital public doit, du point de vue financier et matériel, endosser clairement et fièrement son référencement unique au sein de l’océan Indien. Tous les Français et étrangers de la zone viennent s’y faire soigner !

Dans ce contexte, cet amendement vise à protéger et à anticiper les lourdes difficultés de l’hôpital public dans les outre-mer. Les situations catastrophiques évoquées suscitent encore plus notre consternation lorsque l’on sait que les effectifs travaillent sous pression, lorsque l’on considère le nombre important d’emplois précaires et l’absence de fidélisation du personnel soignant – les soignants préfèrent en effet parfois démissionner, voire changer de carrière, tellement leur expérience est pénible –, et lorsque l’on sait qu’un hôpital sous pression entraîne la multiplication des actes de maltraitance envers les malades.

Marques d ’ impatience sur les travées des groupes Les Républicains et UC.

Debut de section - PermalienPhoto de Audrey BÉLIM

Les hôpitaux publics des outre-mer ont besoin de stabilité ; nous devons penser à la qualité des soins et non à leur continuité « en mode dégradé ». (Mêmes mouvements, sur les mêmes travées.)

Nous sommes la vitrine de la République…

Debut de section - PermalienPhoto de Laurent Burgoa

À ce rythme, nous serons encore là lundi matin…

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Mouiller

La commission est favorable à l’annualisation de la révision de ces coefficients, qui donnera une vision plus précise.

Je profite de ma prise de parole pour poser une question au ministre : puisque nous venons d’évoquer la réforme de la T2A, quel en sera l’impact sur le coefficient géographique des départements d’outre-mer ?

J’émets donc un avis favorable sur ces trois amendements identiques.

Debut de section - Permalien
Aurélien Rousseau

Prenons quelques instants pour évoquer ce coefficient géographique.

Dès que j’ai pris mes fonctions, j’ai pu mesurer la vigueur des crispations sur ce sujet, que j’avais déjà étudié dans mes fonctions précédentes ; j’avais par exemple évoqué cette question avec la présidente du conseil régional de La Réunion, Huguette Bello, voilà quelques mois.

J’ai donc demandé à la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) de vérifier ses hypothèses sur le coefficient géographique.

Les conclusions de cette étude d’urgence ont conduit le Gouvernement à décider, indépendamment du conflit social en cours à La Réunion, la revalorisation progressive de ce coefficient pour les territoires dont le retard était avéré. Je le précise, cette évolution ne fera que des gagnants et il n’y aura aucun perdant.

Mesdames Bélim et Malet, le coefficient géographique applicable à La Réunion augmentera dès 2024. Madame Nadille et monsieur le président de séance, à la Guadeloupe et dans d’autres territoires, le coefficient géographique restera stable. Je connais en effet l’attachement du Sénat aux améliorations constantes de la prise en compte des spécificités ultramarines et je rends hommage aux positions des uns et des autres en ce sens, notamment à celles de Dominique Théophile.

Au-delà du coefficient géographique, il existe de nombreuses mesures ayant vocation à tenir compte de la spécificité des territoires ultramarins.

Prenons quelques exemples : le Ségur de la santé a permis de débloquer 759 millions d’euros pour la Guadeloupe, dont 580 millions d’euros pour la reconstruction du CHU, financée à 100 % par l’État et sans emprunt, 448 millions d’euros pour la Martinique, 274 millions d’euros pour La Réunion et 67 millions d’euros pour Mayotte. Je tiens d’ailleurs à avoir une pensée particulière pour les professionnels de santé de ce département, car ils sont confrontés à une situation extrêmement difficile.

Cela dit, mesdames les sénatrices, j’émets un avis défavorable sur votre proposition d’annualisation de la révision de ce coefficient.

D’une part, même si c’est secondaire, la rédaction de ces amendements laisse à penser que seule la FHF devrait être consultée.

D’autre part, le coefficient géographique est structurant pour la visibilité pluriannuelle des établissements. Or une révision annuelle, indépendamment de l’extrême lourdeur qu’elle représenterait pour l’administration – on peut considérer que c’est un argument quelque peu technocratique, mais le problème est réel –, entraînerait chaque année une remise en cause du budget.

Si certaines mesures de soutien ponctuel, notamment en trésorerie, sont revues et objectivées chaque année, le coefficient géographique, lui, doit plutôt permettre aux établissements de bénéficier d’une visibilité sur plusieurs années des recettes reposant sur la prise en compte des spécificités ultramarines.

Enfin, pour ce qui concerne le conflit social à La Réunion, Fadila Khattabi, ministre déléguée auprès de la ministre des solidarités et des familles, chargée des personnes handicapées, s’est rendue voilà quelques jours dans cette île, où elle a rencontré le personnel de l’hôpital.

Pour ma part, je travaille avec l’agence régionale de santé (ARS), afin de concevoir les réponses pertinentes. Contrairement à ce que vous avez affirmé, madame la sénatrice, ce ne sont pas les mouvements sociaux et la mobilisation subséquente qui ont conduit à la révision du coefficient géographique. Mais la situation particulière de Mayotte, qui pèse fortement sur La Réunion, n’est effectivement pas neutre, et je vous prie de croire que nous travaillons d’arrache-pied sur ce dossier.

J’émets donc un avis défavorable sur ces trois amendements identiques.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

La parole est à Mme Audrey Bélim, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Audrey BÉLIM

Rendre possible une révision annuelle n’implique pas forcément que le coefficient géographique sera réévalué chaque année. Il s’agit simplement de garantir une stabilité et une sécurité pour ces territoires.

Il y va de la santé publique et de la qualité des soins – par opposition à une continuité des soins en mode dégradé – dans les territoires d’outre-mer. Si l’on peut réviser ce coefficient annuellement, on pourra peut-être anticiper certaines situations désastreuses.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

Je mets aux voix les amendements identiques n° 441 rectifié sexies, 1164 rectifié bis et 1262 rectifié.

Les amendements sont adoptés.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

L’amendement n° 263, présenté par Mme Imbert, au nom de la commission des affaires sociales, est ainsi libellé :

Alinéa 98

Remplacer la première occurrence de la référence :

L. 162-22

par la référence :

L. 162-22-6

La parole est à M. le président de la commission.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Mouiller

Il s’agit de la correction d’une erreur matérielle.

L ’ amendement est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

L’amendement n° 30 rectifié bis, présenté par MM. Milon, Burgoa, J.-B. Blanc et Khalifé, Mmes Demas, Lassarade et Petrus, M. Somon et Mme Malet, est ainsi libellé :

Après l’alinéa 100

Insérer un alinéa ainsi rédigé :

…) Après le II, il est inséré un paragraphe ainsi rédigé :

« … – En vue d’assurer un suivi de l’utilisation des fonds affectés à la dotation populationnelle, un bilan de l’exécution des budgets et des comptes de l’année précédente, élaboré sur la base des données transmises par chaque agence régionale de santé, est adressé au Parlement avant le 15 octobre de chaque année. » ;

La parole est à M. Alain Milon.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Milon

L’article 23 du projet de loi modifie l’article L. 162-22-19 du code de la sécurité sociale, relatif au financement de la psychiatrie.

La mise en œuvre de la réforme du financement des activités de psychiatrie a fait la démonstration, depuis 2020, de l’insuffisance des dispositions législatives qui lui sont consacrées – seulement deux articles dans le code de la sécurité sociale –, ainsi que du caractère parfois inapproprié des nombreuses dispositions réglementaires prises pour leur application.

Parmi ces dispositions figure l’encadrement trop peu contraignant du pouvoir réglementaire pour ce qui concerne le compartiment financé par le biais de la dotation populationnelle dans le secteur de la psychiatrie.

Afin d’y remédier, le présent amendement, sur le modèle de ce qui existe déjà à l’article L. 1435-10 du code de la santé publique pour l’utilisation des dotations du fonds d’intervention régional, tend à prévoir la rédaction d’un rapport annuel dressant le bilan de l’utilisation de la dotation populationnelle dans le domaine des activités de psychiatrie.

De cette manière, les objectifs assignés par le législateur à cette nouvelle modalité de financement pourront être annuellement contrôlés par le Parlement.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Mouiller

S’agissant d’une demande de rapport, la commission a émis un avis défavorable sur cet amendement.

L ’ amendement est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

L’amendement n° 1279, présenté par M. Jomier, Mme Le Houerou, M. Kanner, Mmes Canalès, Conconne et Féret, M. Fichet, Mmes Lubin, Poumirol et Rossignol, MM. Redon-Sarrazy, Kerrouche, Chantrel et Lurel, Mme Bélim, MM. Jacquin, Ziane, Ouizille et Michau, Mmes Bonnefoy, Harribey et G. Jourda, MM. Temal, Durain, Féraud et Cardon, Mme Blatrix Contat, MM. Cozic, P. Joly et Stanzione, Mmes Conway-Mouret et Monier, MM. Chaillou, Tissot et Marie, Mme Artigalas, MM. Mérillou, Gillé et Montaugé, Mme Linkenheld et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Alinéa 105

Supprimer cet alinéa.

La parole est à M. Bernard Jomier.

Debut de section - PermalienPhoto de Bernard Jomier

Aux termes de la loi, le Gouvernement remet au Parlement avant le 15 septembre de chaque année un rapport sur le financement des établissements de santé et sur les perspectives d’évolution de celui-ci.

Il ne nous paraît pas légitime d’abroger cette disposition, d’où cet amendement de suppression de l’alinéa 105.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Mouiller

Cet amendement vise à supprimer l’abrogation des dispositions codifiées qui prévoient la publication d’un rapport annuel sur la situation financière des établissements de santé.

Or l’annexe 6 du PLFSS porte précisément sur ce sujet. Il ne paraît donc pas souhaitable de maintenir ce rapport, dont le thème est couvert par la loi organique relative aux lois de financement de la sécurité sociale.

En revanche, on pourrait discuter du format de cette annexe, monsieur le ministre. Bien que la loi organique impose un format aisément exploitable, les données chiffrées ne sont pas mises à disposition dans des conditions satisfaisantes pour le contrôle parlementaire. J’en profite pour envoyer ce message…

Sourires.

Debut de section - Permalien
Aurélien Rousseau

L’annexe 6 du présent projet de loi doit en effet permettre d’éclairer le Parlement – je prends bonne note du caveat du président de la commission ! – sur les actions menées dans le domaine du financement des établissements et inclure un bilan rétrospectif, ainsi que sur les évolutions envisagées. Son champ est même plus large que le rapport annuel prévu dans la disposition abrogée par l’alinéa 105.

Puisque l’on ne perdra rien en supprimant ce rapport, le Gouvernement émet un avis défavorable sur cet amendement.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

La parole est à M. Bernard Jomier, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Bernard Jomier

Monsieur le ministre, en l’état, je ne vois pas comment l’annexe 6 permettra de présenter les évolutions liées à la réforme, que nous approuvons, du mode de financement des hôpitaux.

Néanmoins, si vous me certifiez que cette annexe sera transformée et que l’on pourra y suivre les évolutions de la T2A et la montée en gamme des autres dotations, je suis prêt à retirer mon amendement. Simplement, cela doit être clair !

Debut de section - Permalien
Aurélien Rousseau

Soyons donc clairs : l’annexe 6 doit être exploitable pour suivre les évolutions législatives qui seront adoptées ou considérées comme adoptées par le Parlement. Nous modifierons cette annexe de façon à y inclure ce que vous évoquez.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

Monsieur Jomier, l’amendement n° 1279 est-il maintenu ?

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

L’amendement n° 1279 est retiré.

L’amendement n° 264, présenté par Mme Imbert, au nom de la commission des affaires sociales, est ainsi libellé :

Alinéa 128

Rédiger ainsi le début de l’alinéa :

3° Dans sa rédaction résultant du 1° du présent E,

La parole est à M. le président de la commission.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Mouiller

Il s’agit d’un amendement rédactionnel, monsieur le président.

L ’ amendement est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

Je suis saisi de deux amendements identiques.

L’amendement n° 148 rectifié bis est présenté par MM. Milon, Burgoa, J.-B. Blanc et Khalifé, Mmes Demas et Petrus et M. Sol.

L’amendement n° 606 rectifié bis est présenté par Mme Guillotin, MM. Bilhac et Cabanel, Mme M. Carrère, M. Daubet, Mme N. Delattre, M. Fialaire, Mme Girardin, MM. Gold, Grosvalet, Guérini, Guiol et Laouedj, Mme Pantel et M. Roux.

Ces deux amendements sont ainsi libellés :

Après l’alinéa 175

Insérer un paragraphe ainsi rédigé :

« III. – Après le 3° du E de l’article 78 de la loi n° 2015-1702 du 21 décembre 2015 de financement de la sécurité sociale pour 2016, il est ajouté un alinéa ainsi rédigé :

« …°Par dérogation aux dispositions du 1° et 2° du présent E, les modalités de financement antérieures à l’application de la loi de financement de la sécurité sociale pour 2023, demeurent applicables jusqu’au 31 décembre 2024 pour les établissements mentionnés au d et au e de l’article L. 162-22-6 du code de la sécurité sociale ».

La parole est à M. Alain Milon, pour présenter l’amendement n° 148 rectifié bis.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Milon

Le présent amendement vise à maintenir de manière transitoire, jusqu’au 31 décembre 2024, les modalités actuelles de financement des établissements privés des soins médicaux et de réadaptation (SMR), le temps d’appréhender la nouvelle facturation et de déterminer efficacement les conditions de la bascule.

Cela permettra d’accompagner la réforme du financement des SMR sans remettre en cause son entrée en vigueur.

Une telle disposition apportera de la souplesse aux acteurs, qui conserveront une base de référence historique, sans représenter de coût supplémentaire pour les finances publiques.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

La parole est à M. Bernard Fialaire, pour présenter l’amendement n° 606 rectifié bis.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Mouiller

L’adoption de cet amendement conduirait à reporter une réforme qui est entrée en vigueur, à la demande de notre commission, le 1er juillet dernier. Le débat avait été difficile au Sénat, le Gouvernement jouant au stop and go sur cette réforme dans chaque PLFSS depuis trois ans, avec des amendements de dernière minute.

Cette réforme, que nous avons soutenue, se met difficilement en œuvre. Aussi, un retour en arrière ne semble pas pertinent.

La commission entend être cohérente. Elle a donc émis un avis défavorable sur ces amendements.

Debut de section - Permalien
Aurélien Rousseau

M. Aurélien Rousseau, ministre. Je vais me lever pour donner mon avis, puisque, semble-t-il, quand on reste assis pour commenter un amendement de M. Milon, on est battu…

Sourires.

Debut de section - Permalien
Aurélien Rousseau

M. Aurélien Rousseau, ministre. Je ne suis pas superstitieux, madame la sénatrice : cela porte malheur…

Nouveaux sourires.

Debut de section - Permalien
Aurélien Rousseau

Sur le fond, je partage l’analyse du président de la commission. Je me suis même demandé si vous considériez que les établissements de santé anciennement concernés par les objectifs quantifiés nationaux (OQN) n’étaient pas encore touchés par la réforme, alors qu’ils le sont. Adopter un tel amendement impliquerait donc de revenir en arrière, y compris pour eux.

C’est pourquoi le Gouvernement émet un avis défavorable sur ces amendements.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

Je mets aux voix les amendements identiques n° 148 rectifié bis et 606 rectifié bis.

Les amendements ne sont pas adoptés.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Milon

M. Alain Milon. Il faudra vous lever à chaque fois, monsieur le ministre…

Nouveaux sourires.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

L’amendement n° 597 rectifié, présenté par Mme Guillotin, MM. Bilhac et Cabanel, Mme M. Carrère, M. Daubet, Mme N. Delattre, M. Fialaire, Mme Girardin, MM. Gold, Grosvalet, Guérini, Guiol et Laouedj, Mme Pantel et M. Roux, est ainsi libellé :

Alinéas 179 et 180

Remplacer ces alinéas par trois alinéas ainsi rédigés :

2° Au 2°, la date : « 28 février 2026 » est remplacée par la date : « 31 décembre 2028 » ;

3° La première phrase du sixième alinéa est complétée par les mots : « pour l’année 2026, à compter du 1er mars jusqu’au 28 février 2027, pour l’année 2027, à compter du 1er mars 2027 jusqu’au 28 février 2028 et, pour l’année 2028, à compter du 1er mars 2028 et jusqu’au 31 décembre 2028 » ;

4° Au huitième alinéa, la date : « 1er janvier 2026 » est remplacée par la date : » 31 décembre 2028 ».

La parole est à Mme Maryse Carrère.

Debut de section - PermalienPhoto de Maryse Carrère

Il s’agit également de la réforme du financement des SMR, mais cette fois à propos des établissements publics.

Cette réforme, très attendue, met fin à la dualité des modes de financement entre la dotation annuelle de financement et les prix de journée, qui aboutissait à un sous-financement chronique des établissements publics.

Malheureusement, la réforme, entrée en vigueur en juillet dernier, se traduirait, au terme de la période de transition, par un impact négatif sur les ressources du secteur public hospitalier. Quelque 50 % des établissements publics et 60 % des CHU seraient perdants, pour un coût estimé à 36 millions d’euros, soit 1 % de leurs ressources actuelles.

Il semble donc nécessaire de prendre le temps de sécuriser la réforme, de corriger ses imperfections techniques et de procéder aux ajustements nécessaires.

C’est pourquoi le présent amendement a pour objet d’allonger de deux ans la période de transition, jusqu’à 2028, afin que les établissements publics puissent continuer, dans l’intervalle, à utiliser le mode de financement actuel.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Mouiller

Je comprends tout à fait les préoccupations de l’auteur et des consignataires de l’amendement, puisque nous avons souligné combien il était difficile de mettre en œuvre cette réforme.

Néanmoins, la période de transition arrêtée prend fin en 2026. Prévoir dès maintenant de la prolonger jusqu’en 2028 me semble prématuré. Attendons, puis nous en rediscuterons !

La commission émet donc un défavorable sur cet amendement.

Debut de section - Permalien
Aurélien Rousseau

La période de transition court en fait jusqu’au 31 décembre 2027. Nous aurons le temps d’adapter le dispositif.

Le Gouvernement émet donc un avis défavorable sur cet amendement.

L ’ amendement n ’ est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

L’amendement n° 265, présenté par Mme Imbert, au nom de la commission des affaires sociales, est ainsi libellé :

Alinéas 188 à 203

Remplacer ces alinéas par deux alinéas ainsi rédigés :

VII. – Les I et II et VI entrent en vigueur le 1er janvier 2028.

VIII. – Les III à V entrent en vigueur le 1er janvier 2024.

La parole est à M. le président de la commission.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Mouiller

À la suite de l’expérimentation relative à l’évolution de la T2A, cet amendement vise, en cohérence, à reporter au 1er janvier 2028 l’entrée en vigueur de la réforme du financement du MCO et à préserver jusqu’à la fin de l’année 2025 le mécanisme de sécurisation modulé à l’activité.

Debut de section - Permalien
Aurélien Rousseau

Nous en avons déjà débattu.

Le Gouvernement émet un avis défavorable sur cet amendement.

L ’ amendement est adopté.

L ’ article 23 est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

Je suis saisi de trois amendements faisant l’objet d’une discussion commune.

Les deux premiers sont identiques.

L’amendement n° 26 rectifié quater est présenté par MM. Milon, Burgoa, J. B. Blanc et Khalifé, Mmes Demas, Lassarade et Petrus, M. Somon et Mmes Malet et Aeschlimann.

L’amendement n° 605 rectifié bis est présenté par Mme Guillotin, MM. Bilhac et Cabanel, Mme M. Carrère, M. Daubet, Mme N. Delattre, M. Fialaire, Mme Girardin et MM. Gold, Grosvalet, Guérini, Guiol, Laouedj et Roux.

Ces deux amendements sont ainsi libellés :

Après l’article 23

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Au 3° du I de l’article L. 162-22-10 du code de la sécurité sociale, après les mots : « facteurs spécifiques », sont insérés les mots : « et notamment la concurrence frontalière, ».

La parole est à M. Khalifé Khalifé, pour présenter l’amendement n° 26 rectifié quater.

Debut de section - PermalienPhoto de Khalifé KHALIFÉ

M. Khalifé Khalifé. Je remplace M. Milon, ce qui soulagera M. le ministre…

Sourires.

Debut de section - PermalienPhoto de Khalifé KHALIFÉ

Cet amendement a pour objet l’application au sein d’établissements implantés dans des régions où les coûts sont plus élevés de coefficients géographiques aux tarifs nationaux de prestations. Sont notamment concernés l’Île-de-France, la Corse et les outre-mer.

Les zones frontalières sont confrontées à des difficultés particulières du fait de la concurrence avec des pays comme le Luxembourg ou la Suisse : le personnel soignant s’y voit offrir des rémunérations substantiellement supérieures – jusqu’à trois à quatre fois plus élevées !

Cette difficulté est accrue dans le contexte de crise de l’attractivité des professions médicales. Dans le Jura, dans l’Ain, en Moselle ou encore dans le Doubs, les établissements hospitaliers sont confrontés à des problèmes de recrutement et de fidélisation du personnel.

Il est vous est dès lors proposé, mes chers collègues, d’accepter l’application du coefficient géographique dans ces zones.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

La parole est à Mme Maryse Carrère, pour présenter l’amendement n° 605 rectifié bis.

Debut de section - PermalienPhoto de Maryse Carrère

Cet amendement identique est porté par notre collègue de Meurthe-et-Moselle, Véronique Guillotin. Dans un contexte de crise générale de l’attractivité des professions médicales et paramédicales, les zones frontalières subissent une double peine du fait de la concurrence avec des pays dans lesquels les rémunérations sont largement supérieures.

Par exemple, chez ma collègue, à Mont-Saint-Martin, près des frontières belge et luxembourgeoise, 50 postes d’infirmiers ne sont pas pourvus à l’hôpital ; tout un étage a dû être fermé ! La raison en est simple : au Luxembourg, les infirmières sont payées deux à trois fois plus qu’en France.

Il est donc urgent de prendre en compte cette situation. Les établissements sont pour l’instant sans solution – il faut les sortir de cette crise aiguë ! –, tandis que les patients de ces zones frontalières sont clairement abandonnés.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

L’amendement n° 392 rectifié n’est pas soutenu.

Quel est l’avis de la commission ?

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Mouiller

Je comprends les préoccupations de nos collègues concernant les coûts induits par la concurrence frontalière, que subissent parfois les établissements de certains territoires et qui entraîne d’importantes difficultés de recrutements.

Comme je l’ai l’indiqué au sujet des amendements identiques de Mmes Malet, Aeschlimann et Bélim sur l’actualisation des coefficients, les territoires frontaliers ont des contraintes particulières qu’il faut prendre en compte.

Cependant, les ajouts de cet amendement me semblent uniquement d’ordre rédactionnel, ouvrant la voie à une énumération non souhaitable de critères. La rédaction applicable, plus générale, permet de satisfaire pleinement la prise en compte des enjeux frontaliers. Nous sommes tout à fait conscients des difficultés, mais nous disposons actuellement de tous les éléments pour faire en sorte que cette concurrence soit intégrée dans le coût de fonctionnement.

C’est pourquoi la commission émet un avis défavorable sur ces amendements identiques.

Debut de section - Permalien
Aurélien Rousseau

Je ne suis pas sûr que le véhicule du coefficient géographique soit le bon pour atteindre les objectifs.

Vous avez raison, le sujet est crucial, et la question se pose avec une particulière acuité sur les frontières suisse et luxembourgeoise, et de manière moindre sur les frontières allemande et belge. Toutefois, l’enjeu est plutôt de mieux rémunérer les soignants ou d’éviter leur départ dès la fin de leurs études.

Le volet de l’indemnité de résidence est plus utile que le coefficient géographique en la matière. Cette indemnité en faveur des zones frontalières de la Suisse a été annoncée par mon collègue Stanislas Guerini.

J’ai discuté de ce sujet avec le président de la collectivité européenne d’Alsace. Croyez bien que nous trouverons des solutions, même si les différentiels de rémunération sont quelquefois si élevés que nous avons l’impression d’élever un barrage contre le Pacifique ! Sur le modèle de ce que nous avons mis en place pour la Suisse, nous réfléchissons à mettre en œuvre une indemnité de résidence pour les frontières avec le Luxembourg, l’Allemagne et la Belgique.

Le Gouvernement émet donc un avis défavorable sur ces amendements identiques.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

La parole est à Mme Nathalie Goulet, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Nathalie Goulet

Pour faire un aparté sur ces zones, il existe un marronnier : le rapport sur la fraude sociale transfrontalière. Chaque année, il m’est assuré que celui-ci sera réalisé. Cette fois, il a été retoqué au titre de la Constitution : article 41, 45…

J’attire néanmoins votre attention sur cette fraude. Elle devait faire l’objet d’un rapport du Centre des liaisons européennes et internationales de sécurité sociale (Cleiss), mais ce n’est toujours pas le cas.

Pour régler le problème des zones transfrontalières, il faut absolument se pencher sur celui de la fraude sociale qui est liée. En effet, des personnes touchent le chômage en France et travaillent en Allemagne, en Belgique, au Luxembourg ou en Espagne.

Je n’ai pas pu le mettre en avant cette année parce que mon amendement n’a pas été retenu, mais le sujet demeure. Le problème se posait en 2018, en 2019, en 2020, en 2021, etc. Ma demande est une victoire de l’optimisme sur l’expérience !

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

Je mets aux voix les amendements identiques n° 26 rectifié quater et 605 rectifié bis.

Les amendements ne sont pas adoptés.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

L’amendement n° 659 rectifié bis, présenté par MM. Buval, Théophile et Patient, Mme Nadille, MM. Fouassin et Lemoyne, Mme Duranton et MM. Buis et Rambaud, est ainsi libellé :

Après l’article 23

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Au 3° du I de l’article L. 162-22-10 du code de la sécurité sociale, après les mots : « facteurs spécifiques », sont insérés les mots : «, liés notamment à l’éloignement, à l’insularité, aux contraintes géographiques ainsi qu’à la précarité sanitaire des populations. »

La parole est à Mme Solanges Nadille.

Debut de section - PermalienPhoto de Solanges NADILLE

Je m’apprêtais à défendre un amendement de mon collègue Frédéric Buval, qui vise à appliquer des coefficients géographiques différenciés aux établissements de santé dans les territoires ultramarins.

Cependant, monsieur le ministre, vous avez déjà apporté une réponse. Je vous interpelle tout de même sur l’urgence à réévaluer ces coefficients : les besoins et les attentes de nos établissements et de nos professionnels de santé sont nombreux.

Je retire donc cet amendement, monsieur le président.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

L’amendement n° 659 rectifié bis est retiré.

L’amendement n° 964 rectifié, présenté par Mmes Corbière Naminzo, Brulin, Apourceau-Poly, Silvani et les membres du groupe Communiste Républicain Citoyen et Écologiste – Kanaky, est ainsi libellé :

Après l’article 23

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Après l’article L. 758-1 du code de la sécurité sociale, il est inséré un article L. 758-1-… ainsi rédigé :

« Art. L. 758 -1 -…. – Par dérogation au 3° du I de l’article L. 162-22-10 et au 3° du I de l’article L. 162-23-4, les coefficients géographiques prévus par le présent code applicables en Guadeloupe, en Guyane, à La Réunion, en Martinique, à Mayotte, à Saint-Barthélemy et à Saint-Martin fixés chaque année tiennent compte de tous les facteurs modifiant les coûts des établissements. »

La parole est à Mme Cathy Apourceau-Poly.

Debut de section - PermalienPhoto de Cathy Apourceau-Poly

Je défends cet amendement au nom de notre collègue Evelyne Corbière Naminzo, sénatrice de l’île de La Réunion.

Plusieurs dispositions du droit prévoient des adaptations pour tenir compte des particularités des outre-mer, notamment en matière de fonctionnement de la sécurité sociale.

Parmi ces particularités, le coût de la vie plus important pour des revenus moindres creuse les inégalités entre les outre-mer et le territoire hexagonal. Cet enjeu de péréquation est une préoccupation encore insuffisante de nos politiques publiques, ce qui peut avoir des conséquences dramatiques lorsque nos discussions portent sur la santé, la prévention et les soins.

Des coefficients géographiques ont justement été prévus pour limiter ces inégalités et accorder des moyens adaptés à nos établissements hospitaliers dans les outre-mer. Ils sont désormais insuffisants pour combler ces inégalités d’accès à la santé, car ils n’ont pas été réévalués et ne tiennent pas compte de la réalité financière des établissements ultramarins.

C’est ce que notre amendement vise à corriger. Il s’agit d’intégrer l’ensemble des facteurs qui modifient les coûts réels supportés par les établissements.

Sans ces ajustements, les déficits structurels et le sous-investissement qui en découle ne seront pas réglés. La conséquence sera une aggravation de la situation sanitaire pour les habitants des outre-mer, que nous ne pouvons nous résoudre à accepter.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Mouiller

Le sujet ayant déjà été évoqué, la commission émet un avis défavorable sur cet amendement.

Debut de section - Permalien
Aurélien Rousseau

Comme je l’indiquais, les coefficients géographiques viennent d’être révisés ; le bénéfice est significatif pour La Réunion.

Pour être plus précis et pour répondre également à l’interpellation de Mme la sénatrice Nadille, prenons l’exemple de la précarité. Celle-ci est prise en compte au travers non pas du coefficient géographique, mais de la mission d’intérêt général (MIG) Précarité.

Les départements d’outre-mer mobilisent 25 % de l’enveloppe nationale de ce MIG, pour 3 % de la population. Il s’agit d’une bonne illustration de ce que je voulais dire précédemment : le coefficient géographique n’épuise pas le soutien nécessaire que nous essayons d’apporter aux territoires ultramarins en tenant compte de leurs spécificités.

Le Gouvernement émet donc un avis défavorable sur cet amendement.

L ’ amendement n ’ est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

L’amendement n° 1264, présenté par MM. Ouizille et Jomier, Mmes Poumirol, Canalès et Le Houerou, M. Kanner, Mmes Conconne et Féret, M. Fichet, Mmes Lubin et Rossignol, MM. Redon-Sarrazy, Kerrouche, Chantrel et Lurel, Mme Bélim, MM. Jacquin, Ziane et Michau, Mmes Bonnefoy et Harribey, MM. Temal et Durain, Mme G. Jourda, MM. Féraud et Cardon, Mme Blatrix Contat, MM. Cozic, P. Joly et Stanzione, Mmes Conway-Mouret et Monier, MM. Chaillou, Tissot et Marie, Mme Artigalas, MM. Mérillou, Gillé et Montaugé, Mme Linkenheld et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Après l’article 23

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Au II de l’article 50 de la loi n° 2020-1576 du 14 décembre 2020 de financement de la sécurité sociale pour 2021, le mot : « sont » est remplacé par le mot : « est », et les mots : « les ratios d’analyse financière et les marges financières nécessaires à l’investissement » sont remplacés par les mots : « l’apport positif des projets des établissements en termes d’offres de soin, dont l’augmentation du nombre de lits ou de la couverture territoriale ».

La parole est à Mme Annie Le Houerou.

Debut de section - PermalienPhoto de Annie Le Houerou

Cet amendement du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain vise à supprimer toute mention des ratios d’analyse financière et des marges financières dans les critères d’attribution des crédits d’investissement du Ségur, ainsi qu’à ajouter un critère relatif à l’apport positif des projets des établissements en matière d’offre de soins, dont l’augmentation du nombre de lits ou de la couverture territoriale.

Nous souhaitons inverser la logique : il faut sortir du paradigme uniquement financier, pour partir des besoins de soins de la population. Par exemple, mon département est concerné par la fermeture de services d’une maternité sur le territoire de Guingamp. Celui-ci concentre de nombreuses difficultés sociales, les plus aiguës du département.

Des investissements sont absolument nécessaires dans certains établissements pour assurer leur attractivité. Par conséquent, nous demandons que l’apport positif des projets d’établissements en matière d’offre de soins soit pris en compte.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Mouiller

Je comprends tout à fait que l’examen des besoins des territoires fasse partie des éléments d’analyse pour que les investissements soient orientés là où ils sont les plus nécessaires au regard de la situation de l’offre.

Toutefois, il est normal – c’est le minimum ! – de donner de l’argent aux établissements qui ont le plus de mal à investir. Les critères d’analyse financière doivent donc être pris en considération dans le choix. Il faut tenir compte d’un équilibre global, que le législateur et le Gouvernement doivent avoir en vue dans les choix d’investissement.

La commission émet donc un avis défavorable sur cet amendement.

Debut de section - Permalien
Aurélien Rousseau

Une partie des plus grandes difficultés que nous rencontrons à l’heure actuelle, y compris dans des établissements reconstruits récemment, vient de ce que l’analyse financière n’a pas été menée jusqu’au bout. Nous faisons ainsi reposer sur les établissements, notamment sur leur haut de bilan, des charges d’emprunt qui sont en vérité totalement insoutenables.

Par exemple, l’hôpital de Corbeil-Essonnes accomplit un travail remarquable sur son territoire. Pourtant, il doit supporter un investissement déraisonnable, parce que nous avions commis une erreur sur l’analyse financière. Celle-ci est donc indispensable.

Une fois l’analyse réalisée, nous pouvons voir quelle part est supportable pour l’établissement, par le biais d’un emprunt ou de la mobilisation de ressources. Je citais précédemment l’exemple d’hôpitaux ultramarins dans lesquels l’État a pris 100 % des coûts en charge, parce que les structures n’avaient aucune capacité d’autofinancement. Supprimer l’analyse financière reviendrait à créer une véritable bombe à retardement.

Nous prenons totalement en considération dans les décisions d’investissement le rôle et la place sur le territoire d’un établissement. Je dis « totalement », mais cette prise en compte est peut-être insuffisante et perfectible. Reste que l’analyse n’est pas seulement financière. Il ne faut pas la considérer uniquement comme comptable et malthusienne par essence.

L’analyse financière est le meilleur moyen de s’assurer que l’établissement, une fois qu’il aura été ouvert, sera capable de s’en sortir et ne s’enfoncera pas en raison d’un haut de bilan intenable.

Le Gouvernement émet donc un avis défavorable sur cet amendement.

L ’ amendement n ’ est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

L’amendement n° 598 rectifié bis, présenté par Mme Guillotin, MM. Bilhac et Cabanel, Mme M. Carrère, M. Daubet, Mme N. Delattre, M. Fialaire, Mme Girardin, MM. Gold, Grosvalet, Guérini, Guiol et Laouedj, Mme Pantel et M. Roux, est ainsi libellé :

Après l’article 23

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Après le cinquième alinéa de l’article 35 de la loi n° 2019-1446 du 24 décembre 2019 de financement de la sécurité sociale pour 2020, il est inséré un alinéa ainsi rédigé : « Pour les années 2024 et 2025, les établissements bénéficient d’une sécurisation de leurs recettes d’assurance maladie. »

La parole est à M. Bernard Fialaire.

Debut de section - PermalienPhoto de Bernard Fialaire

Dans la continuité des amendements présentés tout à l’heure sur la réforme du financement des soins médicaux et de réadaptation, celui-ci vise à garantir les ressources des établissements pour 2024 et 2025.

Il a dû être modifié pour assurer sa recevabilité : il visait à l’origine à garantir aux établissements publics SMR pour les années 2024 et 2025 un financement au moins égal à celui de 2023.

Comme il était indiqué précédemment, la réforme de leur financement fait craindre pour le secteur public une perte estimée à 36 millions d’euros. Si la réforme est souhaitable, elle risque, dans sa forme actuelle et sans les ajustements indispensables, de mettre en difficulté les établissements publics SMR.

Afin de leur garantir des ressources nécessaires, nous souhaitons donc inscrire dans la loi un objectif de sécurisation de leurs recettes d’assurance maladie pour 2024 et 2025, dans l’attente d’une correction de la réforme.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Mouiller

Compte tenu de sa rédaction, il serait difficile de traduire cet amendement de manière opérationnelle. De plus, un dispositif transitoire était prévu.

La commission émet donc un avis défavorable.

Debut de section - Permalien
Aurélien Rousseau

Comme vous l’avez indiqué, monsieur le sénateur, une rectification a permis à votre amendement de franchir l’obstacle de la recevabilité. Il en résulte un décalage entre le dispositif et l’exposé des motifs…

Plus fondamentalement, nous ne devons pas jeter l’opprobre sur les dispositifs qui poussent les établissements à assurer de l’activité. Il faut à un moment sortir de la garantie de financement.

Pour prendre un exemple, sans incitation, il est souvent difficile de faire admettre des patients en SMR. Or, s’ils n’y vont pas, les intéressés se rendent dans les hôpitaux, où ils bloquent des lits de médecine, donc en aval les urgences. Par conséquent, toutes les mesures qui incitent à l’activité et à la pleine activité des SMR sont plutôt positives.

Sur le plan de la cohérence légistique, si je puis dire, mais aussi sur le fond, comme je suis en faveur du maintien d’un dispositif d’incitation, j’émets un avis défavorable sur cet amendement.

L ’ amendement n ’ est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

Je suis saisi de deux amendements identiques.

L’amendement n° 478 rectifié est présenté par Mme N. Delattre, MM. Bilhac et Cabanel, Mme M. Carrère, MM. Daubet et Fialaire, Mme Girardin, MM. Gold, Grosvalet et Guérini, Mme Guillotin, MM. Guiol et Laouedj, Mme Pantel et M. Roux.

L’amendement n° 627 rectifié bis est présenté par M. Canévet, Mmes N. Goulet et O. Richard, MM. Delcros, Longeot, Kern, Duffourg et Courtial, Mme Havet et MM. S. Demilly, Henno et Bleunven.

Ces deux amendements sont ainsi libellés :

Après l’article 23

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Le Gouvernement remet chaque année au Parlement un rapport dressant :

– Un bilan des financements accordés aux établissements relevant du a et du b de l’article L. 162-22 du code de la sécurité sociale ;

– Un bilan des transpositions aux établissements relevant du b de l’article L. 162-22 du code de la sécurité sociale des mesures de revalorisations salariales accordées aux établissements relevant du a du même article.

La parole est à M. Bernard Fialaire, pour présenter l’amendement n° 478 rectifié.

Debut de section - PermalienPhoto de Bernard Fialaire

Le secteur privé solidaire est né au XIXe siècle de la volonté de s’impliquer dans la cité, de prendre soin des plus faibles et d’accompagner avec dignité nos anciens.

Les établissements de ce secteur exercent les missions de service public de la même façon que les établissements publics. Leur engagement a été similaire pendant la crise de la covid. Ils subissent pourtant des inégalités de traitement par rapport aux établissements publics de santé, que ce soit en matière de tarification des activités et de moyens financiers alloués. Cette iniquité s’est encore accrue avec la crise sanitaire.

Aussi, pour tenter de remédier à ces injustices, cet amendement a pour objet de procéder à une évaluation annuelle, d’une part, des financements alloués au secteur public et au secteur privé assurant le service public hospitalier, afin, le cas échéant, d’apporter des correctifs, et, d’autre part, des revalorisations salariales accordées à ces mêmes catégories d’établissements.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

La parole est à Mme Nathalie Goulet, pour présenter l’amendement n° 627 rectifié bis.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Mouiller

Puisqu’il s’agit d’une demande de rapport, la commission émet un avis défavorable sur ces amendements identiques.

Debut de section - Permalien
Aurélien Rousseau

La fameuse annexe 6 vise à répondre à la même question, mais j’ai désormais compris qu’elle n’était pas forcément limpide. Nous travaillerons donc sur ce point.

Le Gouvernement émet un avis défavorable sur ces amendements identiques.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

Je mets aux voix les amendements identiques n° 478 rectifié et 627 rectifié bis.

Les amendements ne sont pas adoptés.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

Je suis saisi de deux amendements faisant l’objet d’une discussion commune.

L’amendement n° 1293, présenté par le Gouvernement, est ainsi libellé :

Après l’article 23

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Afin d’accompagner le développement de la prise en charge en hospitalisation à domicile des patients nécessitant des traitements médicamenteux systémiques du cancer, l’État peut autoriser, par dérogation aux dispositions de la section 5 du chapitre 2 du titre VI, certains établissements de santé à percevoir une rémunération forfaitaire pour la mise à disposition d’expertise et l’appui à la prise en charge dans le cadre d’un adressage vers une hospitalisation à domicile.

Cette rémunération ne peut être versée qu’aux établissements de santé mentionnés aux a, b, c et d de l’article L. 162-22 du code de la sécurité sociale autorisés au traitement du cancer par traitements médicamenteux systémiques du cancer.

Un décret en Conseil d’État précise les modalités de mise en œuvre et d’évaluation de cette expérimentation, notamment les critères de sélection des établissements de santé et les modalités de détermination de la rémunération forfaitaire susmentionnée. La liste des établissements sélectionnés pour participer à l’expérimentation est fixée par arrêté des ministres chargés de la santé et de la sécurité sociale.

Cette expérimentation est prévue pour une durée de trois ans à compter de la parution du décret mentionné à l’alinéa précédent.

Le rapport d’évaluation de l’expérimentation fait l’objet d’une transmission au Parlement par le Gouvernement.

La parole est à M. le ministre.

Debut de section - Permalien
Aurélien Rousseau

Je retire mon amendement, qui visait à permettre à la commission de présenter le sien…

Sourires.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

L’amendement n° 1293 est retiré.

L’amendement n° 1363 rectifié, présenté par Mme Imbert, au nom de la commission des affaires sociales, est ainsi libellé :

Après l’article 23

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

À titre expérimental et afin d’accompagner le développement de la prise en charge en hospitalisation à domicile des patients nécessitant des traitements médicamenteux systémiques du cancer, certains établissements de santé peuvent être autorisés à percevoir, par dérogation à la section 5 du chapitre 2 du titre VI du livre Ier du code de la sécurité sociale, une rémunération forfaitaire pour la mise à disposition d’expertise et l’appui à la prise en charge dans le cadre d’un adressage vers une hospitalisation à domicile.

Cette rémunération ne peut être versée qu’aux établissements de santé mentionnés aux a, b, c et d de l’article L. 162-22 du même code, autorisés au traitement du cancer par traitements médicamenteux systémiques du cancer.

Un décret en Conseil d’État précise les modalités de mise en œuvre et d’évaluation de cette expérimentation, notamment les critères de sélection des établissements de santé et les modalités de détermination de la rémunération forfaitaire susmentionnée. La liste des établissements sélectionnés pour participer à l’expérimentation est fixée par arrêté des ministres chargés de la santé et de la sécurité sociale.

Cette expérimentation est prévue pour une durée de trois ans à compter de la publication du décret mentionné au troisième alinéa du présent article.

Avant la fin de l’expérimentation prévue au présent article, le Gouvernement adresse au Parlement un rapport d’évaluation.

La parole est à M. le président de la commission.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Mouiller

La prise en charge hors des murs hospitaliers est une demande des patients. Dans le cadre d’une chimiothérapie, une hospitalisation à domicile (HAD) est parfois possible. Elle se fait alors sur proposition du médecin oncologue, avec l’accord du patient.

Toutefois, les structures d’hospitalisation à domicile n’ont souvent pas en leur sein les capacités d’assurer la prise en charge en cancérologie. La montée en compétences des équipes paramédicales concernées est une nécessité. Celle-ci passe par des partenariats entre les établissements prescripteurs et les structures d’HAD. Il s’agit de permettre aux hôpitaux d’assurer le suivi et l’appui à ces dernières.

Le déploiement de l’HAD dans le cas des chimiothérapies et ces modalités de prise en charge coordonnée se heurtent cependant à un problème de financement.

C’est pourquoi, en accord avec les établissements, hôpitaux de toutes catégories et centres de lutte contre le cancer, il est proposé d’expérimenter le versement d’un forfait aux établissements MCO autorisés au traitement du cancer dans le cas d’un adressage en chimiothérapie à domicile.

L’adoption de cet amendement permettrait d’évaluer l’efficacité d’un tel financement en matière d’incitation à l’HAD en chimiothérapie. En outre, comme à l’article 23, une démarche expérimentale est ici privilégiée dans le contexte de changements profonds engagés sur le financement du MCO.

L ’ amendement est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l’article 23.

L’amendement n° 966 rectifié, présenté par Mmes Brulin, Apourceau-Poly, Silvani, Varaillas et les membres du groupe Communiste Républicain Citoyen et Écologiste – Kanaky, est ainsi libellé :

Après l’article 23

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Dans un délai de six mois à compter de la promulgation de la présente loi, le Gouvernement remet au Parlement un rapport sur la situation des maternités.

Le rapport évalue les conséquences en matière de continuité et d’accès aux soins pour les populations des conséquences des fermetures de maternités.

La parole est à Mme Silvana Silvani.

Debut de section - PermalienPhoto de Silvana SILVANI

En 2022, le taux de natalité de la France a atteint son niveau le plus bas depuis 1946 ; l’année 2020 avait aussi été marquée par un taux de natalité très faible. Cette baisse semble s’être poursuivie au cours de l’année 2023.

Plusieurs facteurs pourraient l’expliquer. S’il en est un qu’il faut évoquer, au-delà des difficultés économiques et de la peur de l’avenir, c’est la peur du présent.

Il est difficile de devenir parent dans des conditions sereines : manque de médecins spécialisés et de pédiatres, difficultés à obtenir des places en crèche dans certaines villes et dans certains départements, fermetures temporaires ou définitives de nombreuses maternités, etc. Autant de raisons de s’inquiéter d’un taux de natalité qui pourrait ne pas remonter de sitôt !

La direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) a publié en juillet 2021 l’étude La Part des femmes en âge de procréer résidant à plus de 45 minutes d ’ une maternité augmente entre 2000 et 2017 – une période au cours de laquelle 221 établissements avaient été fermés. Cette étude soulignait que 900 000 femmes habitent à plus d’une demi-heure de route d’une maternité.

Durant l’été 2022, au moins 10 % des maternités étaient en situation de fermeture partielle. Le nombre de ces établissements est passé de 816 en 1995 à 478 en 2020, soit une baisse de 42 %. Avec environ 1, 8 enfant par femme en 2020 et en 2022, nous n’assurons plus le renouvellement de la population.

La situation des maternités nous inquiète. C’est pourquoi nous souhaitons évaluer les conséquences en matière de continuité et d’accès aux soins pour les populations des fermetures de maternités. Nous ne pouvons pas nous contenter de faire des constats et de compter les établissements qui ferment ! Nous avons besoin d’une véritable évaluation des effets de ces fermetures d’établissements.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Mouiller

Malgré l’importance du sujet, la commission émet un avis défavorable sur cet amendement, car il s’agit d’une demande de rapport.

Debut de section - Permalien
Aurélien Rousseau

Je comprends votre proposition, mais je ne pense pas qu’un lien puisse être établi – peut-être des études le démontreront-elles ? – entre baisse de la natalité et état des maternités.

Par ailleurs, je le répète, le Gouvernement n’a pas de projet de fermeture de maternités. Nous faisons tout pour les maintenir ouvertes. La dernière dont nous avons été conduits à suspendre l’autorisation avait réalisé au cours de l’année dernière 96 accouchements.

Je l’affirme solennellement : jamais nous ne serons conduits pour des motifs financiers à fermer une maternité, mais jamais je ne laisserai ouverte pour des motifs de présence sur le territoire une maternité dans laquelle les gestes qui nécessitent de l’automaticité et des réflexes sont si peu répétés par les praticiens que la sécurité des soins n’est pas assurée.

Par ailleurs, puisqu’il s’agit d’une demande de rapport, le Gouvernement émet un avis défavorable sur cet amendement.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

La parole est à Mme Silvana Silvani, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Silvana SILVANI

Nous ne pouvons pas simplement répondre à cette question par la négative ! Je prends acte du refus du rapport, même s’il ne s’agit pas d’en réaliser un énième : nous demandons une approche scientifique et rigoureuse des effets des fermetures d’établissements.

L ’ amendement n ’ est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

L’amendement n° 1046, présenté par MM. Théophile, Patriat et Iacovelli, Mme Nadille, MM. Bitz, Buis et Buval, Mmes Cazebonne et Duranton, M. Fouassin, Mme Havet, MM. Haye, Kulimoetoke, Lemoyne, Lévrier, Mohamed Soilihi, Omar Oili et Patient, Mme Phinera-Horth, MM. Rambaud et Rohfritsch et Mme Schillinger, est ainsi libellé :

Après l’article 23

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Dans un délai de six mois à compter de la promulgation de la présente loi, le Gouvernement présente au Parlement un rapport portant sur le financement des établissements de santé de Guadeloupe, de Martinique et de Guyane. Ce rapport étudie notamment la possibilité de réévaluer le coefficient géographique, prévu à l’article L. 162-22-10 du code de la sécurité sociale, appliqué aux tarifs nationaux et aux forfaits annuels des établissements implantés dans ces zones.

La parole est à Mme Solanges Nadille.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

L’amendement n° 1046 est retiré.

Mes chers collègues, à la demande du Gouvernement, nous allons interrompre nos travaux pour quelques instants.

La séance est suspendue.

La séance, suspendue à seize heures cinquante-cinq, est reprise à dix-sept heures cinq.

I. – Le code de la santé publique est ainsi modifié :

1° Au dernier alinéa du I de l’article L. 1435-5, les mots : « professionnels de santé » sont remplacés par le mot : « médecins » ;

2° Au quatrième alinéa de l’article L. 6311-2, après le mot : « médecins », sont insérés les mots : « et de chirurgiens-dentistes » ;

3° La dernière phrase du dernier alinéa de l’article L. 6314-1 est supprimée.

II. – Après le 10° de l’article L. 162-9 du code de la sécurité sociale, il est inséré un 11° ainsi rédigé :

« 11° Les modalités de rémunération des professionnels de santé mentionnés au dernier alinéa de l’article L. 6314-1 du code de la santé publique au titre de leur participation à la permanence des soins. » –

Adopté.

I. – Le code de la santé publique est ainsi modifié :

1° Le 9° de l’article L. 5125-1-1 A est ainsi rédigé :

« 9° Peuvent, dans des conditions fixées par décret en Conseil d’État :

« a) Prescrire certains vaccins, dont la liste et, le cas échéant, les personnes susceptibles de bénéficier sont déterminées par un arrêté du ministre chargé de la santé pris après avis de la Haute Autorité de santé et de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé ;

« b) Délivrer sans ordonnance certains médicaments, après réalisation d’un test. Un arrêté du ministre chargé de la santé, pris après avis de la Haute Autorité de santé et de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé, fixe la liste des médicaments concernés, des indications associées, des tests d’orientation diagnostique à réaliser et les résultats à obtenir pour délivrer ces médicaments ; »

2° Au dernier alinéa de l’article L. 4161-1, après le mot : « vaccinations, », sont insérés les mots : « ni aux pharmaciens qui délivrent des médicaments en application du b du 9° de l’article L. 5125-1-1 A, ».

II. – L’article L. 162-16-1 du code de la sécurité sociale est ainsi modifié :

2° La première phrase du 16° est ainsi rédigée : « La tarification des prestations effectuées par les pharmaciens, lorsqu’ils réalisent, en application de la mission que leur confie le 8° de l’article L. 5125-1-1 A du code de la santé publique, des tests suivis, le cas échéant, de la délivrance de médicaments en application du b du 9° du même article L. 5125-1-1 A. »

III

Dans l’attente de l’entrée en vigueur de nouvelles stipulations conventionnelles entre l’assurance maladie et les représentants des pharmaciens titulaires, les ministres chargés de la santé et de la sécurité sociale fixent, sur proposition du directeur général de l’Union nationale des caisses d’assurance maladie, par arrêté conjoint, la tarification des prestations effectuées par les pharmaciens mentionnée au 16° de l’article L. 162-16-1 du code de la sécurité sociale.

Debut de section - PermalienPhoto de Daniel Chasseing

Cet article vise à élargir les compétences des pharmaciens, qui ont été amenés à jouer un rôle essentiel en termes de vaccination, notamment contre le covid et la grippe, de dépistage des anticorps ou de réalisation des tests antigéniques.

En vertu de cet article, le pharmacien pourra, après réalisation d’un test rapide d’orientation diagnostique (Trod) positif, délivrer des médicaments, après expérimentation et formation. Il pourra prescrire un antibiotique en cas de cystite sans fièvre ou d’angine, si le Trod confirme une angine bactérienne.

Par une telle mesure, qui concerne des affections souvent bénignes, il s’agit de garantir l’accès aux soins dans les zones sous-denses et de libérer du temps médical. On dénombre, je le rappelle, 6 millions de rendez-vous pour des angines et 3 millions pour des cystites.

Il convient bien entendu de limiter la prescription d’antibiotiques, en se fondant sur les résultats du Trod. Le pharmacien, qui aura été formé en ce sens, pourra ainsi délivrer des médicaments sans ordonnance. Tel sera le cas pour des cystites sans fièvre et pour des angines, notamment chez les enfants, sans altération de l’état général. Sinon, ces patients devront être vus par un médecin. Sans doute l’âge minimum des enfants susceptibles de bénéficier de ce dispositif doit-il être fixé en concertation avec les pédiatres.

Sur le principe, je suis très favorable à une telle extension des compétences des pharmaciens, surtout en milieu rural. En effet, ils sont souvent les seuls à être ouverts le samedi après-midi et, parfois aussi, le samedi matin. Ils permettront ainsi à ceux qui, le week-end, ont des cystites sans fièvre, très gênantes, ou des angines bactériennes, très souvent virales et bénignes, de ne pas atterrir aux urgences ou de faire 30 kilomètres ou 40 kilomètres pour être pris en charge par les services d’accès aux soins (SAS) ou un médecin de garde. Cela améliorera ainsi l’accès aux soins dans les territoires ruraux.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

L’amendement n° 266, présenté par Mme Imbert, au nom de la commission des affaires sociales, est ainsi libellé :

Alinéa 4

Rédiger ainsi le début de cet alinéa :

« a) Prescrire certains vaccins. La liste et, le cas échéant, les personnes susceptibles de bénéficier de ces vaccins sont déterminées…

le reste sans changement

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

La parole est à M. le président de la commission des affaires sociales.

L ’ amendement est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

Je suis saisi de deux amendements identiques.

L’amendement n° 415 rectifié est présenté par Mme Lassarade, M. Milon, Mme Berthet, MM. Anglars, Panunzi et Cadec, Mme Dumont, MM. Brisson et Bouchet, Mme M. Mercier, MM. Houpert, Bruyen et Allizard, Mmes Petrus, Micouleau et Gosselin, M. Lefèvre, Mme Aeschlimann, M. Mandelli, Mmes Belrhiti et Bonfanti-Dossat et MM. Gremillet, Sido et Rapin.

L’amendement n° 1272 est présenté par Mme Poumirol, M. Jomier, Mme Le Houerou, M. Kanner, Mmes Canalès, Conconne et Féret, M. Fichet, Mme Rossignol, MM. Redon-Sarrazy, Kerrouche, Chantrel et Lurel, Mme Bélim, MM. Jacquin, Ziane, Michau et Ouizille, Mmes Lubin, Bonnefoy et Harribey, MM. Temal et Durain, Mme G. Jourda, MM. Féraud et Cardon, Mme Blatrix Contat, MM. Cozic, P. Joly et Stanzione, Mmes Conway-Mouret et Monier, MM. Chaillou, Tissot et Marie, Mme Artigalas, MM. Mérillou, Gillé et Montaugé, Mme Linkenheld et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain.

Ces deux amendements sont ainsi libellés :

Alinéa 5

Après la référence :

b)

insérer les mots :

Pour les seuls patients âgés de plus de 10 ans,

La parole est à M. Alain Milon, pour présenter l’amendement n° 415 rectifié.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Milon

J’interviens au nom de Mme Florence Lassarade, qui ne peut être présente cet après-midi.

Notre collègue Daniel Chasseing l’a dit, l’article 25 tend à autoriser les pharmaciens d’officine à effectuer des Trod angine, puis à délivrer les traitements antibiotiques en cas de positivité de ces tests.

Sans remettre en cause l’utilité d’une telle mesure, il importe toutefois de distinguer la situation des adultes de celle des enfants. Mme Florence Lassarade, je le rappelle, est pédiatre.

Ce qui peut valoir chez les adultes est complètement différent chez les enfants, qui sont davantage exposés à de nombreux virus et bactéries pouvant être responsables d’infections. Aussi, il est indispensable d’effectuer un examen clinique complet avant de prendre une éventuelle décision de réaliser un Trod et, donc, de prescrire un traitement antibiotique en cas de positivité.

Il importe de poser le bon diagnostic, pour y apporter la bonne réponse thérapeutique, sauf à exposer l’enfant à un risque de perte de chance d’être soigné pour la bonne pathologie et à augmenter, de fait, les coûts de prise en charge.

Par ailleurs, la limite d’âge à la réalisation d’un Trod par une personne inconnue et non rompue à cette pratique est liée à son acceptabilité par l’enfant, laquelle se situe entre 6 ans et 10 ans.

C’est pourquoi cet amendement prévoit que cette mesure ne concernera que les patients âgés de plus de 10 ans.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

La parole est à Mme Émilienne Poumirol, pour présenter l’amendement n° 1272.

Debut de section - PermalienPhoto de Émilienne Poumirol

Mon amendement est identique à celui qui a été déposé par Mme Lassarade.

Cet article vise à permettre aux pharmaciens d’officine d’effectuer des Trod et de délivrer des médicaments en cas de positivité des tests.

Toutefois, comme vient de le dire Alain Milon, nous souhaiterions limiter son application aux adultes et aux enfants de plus de 10 ans dans la mesure où il faut effectuer un examen clinique complet des enfants avant de prendre la décision de réaliser une Trod et, donc, de prescrire un antibiotique.

Par ailleurs, la réalisation d’un Trod par une personne inconnue et non rompue à cette pratique est liée à son acceptabilité par l’enfant. C’est pourquoi nous proposons que la mesure ne concerne que des patients âgés de plus de 10 ans.

Je veux également rappeler l’importance de la réalisation de ces Trod, non pas uniquement par les pharmaciens, mais aussi par les médecins, que nous souhaiterions tant voir effectuer ces tests dans le cadre de leurs consultations.

Cette technique est aujourd’hui très fiable. J’ai fait partie des médecins qui, voilà quelques décennies, ont testé leur fiabilité. On le sait donc depuis très longtemps, ces Trod sont très efficaces.

Une telle aide au diagnostic est très importante. Il est du ressort du médecin généraliste de consacrer les deux ou trois minutes nécessaires à la réalisation de ce test, qui permet de faire une prescription adaptée, avant même que le pharmacien ne voie les patients.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Mouiller

Je n’entrerai pas dans le débat concernant l’âge de l’enfant. En la matière, je préfère écouter les spécialistes.

Je vous le rappelle, cet article renvoie à un décret en Conseil d’État pour fixer les conditions d’application de cette nouvelle compétence et pour la limiter, si nécessaire, aux patients de plus de 10 ans.

À cet égard, la compétence de prescription des pharmaciens est d’ores et déjà limitée aux seuls patients âgés de 11 ans et plus.

Par ailleurs, il n’apparaît pas souhaitable de fixer une telle limitation dans la loi, dans la mesure où les choses sont susceptibles d’évoluer en fonction des données scientifiques, des recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS) et de l’application observée de ces dispositions.

La commission émet donc un avis défavorable sur ces deux amendements identiques non pas sur le principe, mais sur l’intérêt d’inscrire dans la loi une telle limitation.

Debut de section - Permalien
Aurélien Rousseau

Je ne suis pas non plus un homme de l’art. Je constate simplement, et je rejoins Mme la sénatrice Émilienne Poumirol sur ce point, que la pratique du Trod est encore trop peu développée. Je me réjouis d’ailleurs de lire que le médecin serait très habitué à faire des Trod, tandis que tel ne serait pas le cas du pharmacien. Je ne suis pas tout à fait sûr que cela soit juste !

L’article renvoie à un décret en Conseil d’État, lequel sera pris après avis de la HAS, en particulier sur cette question spécifique.

Vous le savez comme moi, par le biais des ordonnances de prescription conditionnelle, le médecin peut d’ores et déjà confier au pharmacien le soin de faire le Trod, ce qui est d’ailleurs croquignolet !

Votre premier argument consiste à dire que l’examen clinique de l’enfant est absolument nécessaire. Quant à votre second argument, il me convainc moins.

Quoi qu’il en soit, le Gouvernement est défavorable à ces deux amendements identiques, considérant que ces questions ne sont pas d’ordre législatif. Je le répète, le texte renvoie à un décret en Conseil d’État, qui sera pris après avis de la HAS.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

La parole est à M. Bernard Jomier, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Bernard Jomier

Je partage à la fois l’esprit des amendements et la réponse, qui consiste à dire que la question relève du domaine réglementaire.

Toutefois, je souhaite attirer l’attention sur un autre point. Dans le cadre des délégations de tâches, ou du nouveau partage de tâches, une tâche n’est pas isolée.

Tout d’abord, comme Mme Émilienne Poumirol l’a dit, nous avons un problème en ce qui concerne la réalisation des Trod. En effet, alors que 9 millions d’angines sont diagnostiquées dans notre pays, seulement un million de Trod sont réalisés. Cherchez l’erreur !

Ensuite, une fois que le diagnostic est établi, il convient de délivrer un traitement, et donc de choisir un antibiotique. Certes, il existe des référentiels, que les pharmaciens sauront appliquer, comme les médecins – j’en suis d’accord –, mais il faudra toutefois qu’ils aient connaissance d’éventuelles interactions et contre-indications, ce qui commence à devenir plus compliqué.

Par ailleurs, qui s’occupera de l’arrêt de travail, si celui-ci s’avère nécessaire ? Quand vous diagnostiquez une angine, vous prescrivez un arrêt de travail. Sur le logiciel du médecin apparaît la durée que l’assurance maladie recommande. Le pharmacien aura-t-il également accès à ce type d’information ?

Dans le cadre des partages de tâches, veillons à instaurer une cohérence ! En effet, nombre de professionnels critiquent et remettent en cause les partages de tâches, qui sont pourtant nécessaires. Ils mettent notamment en avant le fait que le pharmacien ne pourra pas tout faire et que le patient sera finalement contraint de venir les voir, que ce soit pour un certificat pour l’école ou un arrêt de travail.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

La parole est à M. Alain Milon, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Milon

M. Alain Milon. L’amendement que j’ai présenté ne pose pas de problème particulier en termes d’arrêt de travail, puisqu’il ne concerne que les enfants de moins de 10 ans.

Sourires.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Milon

J’ajoute que les parents des enfants malades peuvent faire eux-mêmes un certificat pour quelques jours.

Je vais maintenir mon amendement, monsieur le ministre, non pas pour vous contrarier, mais pour montrer la volonté du Sénat de faire respecter, dans les règlements futurs et les préconisations de la HAS, cette limite d’âge de 10 ans.

Debut de section - Permalien
Aurélien Rousseau

M. Aurélien Rousseau, ministre. Je ne veux pas rallonger les débats, et je m’excuse de reprendre la parole. Comme vous tous, la perspective de siéger samedi m’angoisse !

Sourires.

Debut de section - Permalien
Aurélien Rousseau

Ne distillons pas une espèce de suspicion sur ces sujets ! Et je ne dis pas que c’est ce qui a été fait. Je ne crois pas du tout que les pharmaciens aient l’intention de se substituer aux médecins. Dès qu’ils auront un doute – tel est d’ailleurs l’objet de l’exercice coordonné –, ils renverront le patient vers le médecin.

Pour le coup, l’arbre décisionnel se situe bien en amont du risque. Peut-être l’ai-je déjà évoqué ici, je pense à une scène que beaucoup ont déjà vécue : à 23 heures, un samedi, on découvre qu’on a une cystite.

M. Bernard Jomier s ’ exclame.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Mme Laurence Rossignol. Je ne pense pas que ce soit le cas de Bernard Jomier !

Rires.

Debut de section - Permalien
Aurélien Rousseau

On a déjà pris du Monuril dix fois dans sa vie. On arrive devant le pharmacien, mais il ne peut pas en délivrer.

Je le redis, si, dans le cadre de l’examen clinique, il y a une suspicion de pyélonéphrite, le pharmacien renverra le patient chez le médecin. Je n’ai aucun doute sur ce point, les pharmaciens n’essaieront jamais, ne serait-ce que pour des raisons déontologiques, d’aller au-delà des tâches qui leur sont confiées. Je parle donc d’une situation d’urgence pour laquelle il n’y a pas de suspicion de complication.

À mes yeux, le fait que le pharmacien soit un acteur de santé publique est une avancée. Il s’agit non pas simplement d’un partage de tâches, mais d’une mutualisation des compétences.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

La parole est à M. Daniel Chasseing, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Daniel Chasseing

Il faut le savoir, les pharmaciens sont souvent intégrés dans les sociétés interprofessionnelles de soins ambulatoires (Sisa). Ils disposent alors d’un accès au dossier médical partagé ; j’ajoute qu’il existe aussi un dossier pharmaceutique.

Si je suis d’accord avec ce que vient de dire Bernard Jomier, je rappelle que le pharmacien peut prévenir, grâce à cela, d’éventuelles interactions médicamenteuses.

Je vous rejoins, monsieur le ministre, sur le fait que nous sommes là dans le cadre de traitements ponctuels permettant d’éviter que les patients soient obligés d’aller aux urgences pour une cystite ou une angine. Si, le lundi, il y a des problèmes, ils pourront aller voir leur médecin.

Je profite de l’occasion qui m’est donnée pour rappeler que deux cent cinquante pharmacies ferment chaque année. Il convient d’être vigilant en la matière, en veillant à les conserver, en particulier en milieu rural.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

Je mets aux voix les amendements identiques n° 415 rectifié et 1272.

Les amendements sont adoptés.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

Je suis saisi de deux amendements identiques.

L’amendement n° 856 rectifié est présenté par Mme N. Delattre, MM. Bilhac, Cabanel et Daubet, Mme Girardin et MM. Grosvalet, Guiol et Laouedj.

L’amendement n° 1018 rectifié bis est présenté par MM. Menonville et Bonnecarrère, Mmes O. Richard et Guidez, MM. Bonneau, Courtial, Bouchet et Kern, Mme Canayer, M. Wattebled, Mme Drexler, M. P. Martin, Mmes Jacquemet et Perrot, MM. J.M. Arnaud et Henno, Mme Billon, MM. Chatillon, Tabarot et Duffourg, Mme N. Goulet, MM. Bleunven et Klinger, Mme Saint-Pé, MM. Chauvet et H. Leroy et Mme Antoine.

Ces deux amendements sont ainsi libellés :

Alinéa 5

Après la référence :

b)

insérer les mots :

En l’absence de médecin traitant ou de médecin régulateur,

L’amendement n° 856 rectifié n’est pas soutenu.

La parole est à Mme Nathalie Goulet, pour présenter l’amendement n° 1018 rectifié bis.

Debut de section - PermalienPhoto de Nathalie Goulet

Cet amendement, déposé par notre collègue Franck Menonville, concerne le parcours d’accès simplifié pour les patients en cas d’angine ou de cystite. Il vise à apporter la précision selon laquelle cette mesure s’applique en l’absence de médecin traitant ou de médecin régulateur.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Mouiller

La commission est défavorable à cet amendement, qui vise à limiter encore plus le champ d’application de l’article.

Debut de section - Permalien
Aurélien Rousseau

L’avis du Gouvernement est également défavorable. En effet, cet amendement n’introduit pas seulement une précision et il ne relève pas du même esprit que la mesure proposée.

Debut de section - PermalienPhoto de Nathalie Goulet

Je retire l’amendement, monsieur le président !

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

L’amendement n° 1018 rectifié bis est retiré.

L’amendement n° 267, présenté par Mme Imbert, au nom de la commission des affaires sociales, est ainsi libellé :

I. – Alinéa 5, dernière phrase

Après le mot :

délivrer

insérer les mots :

sans ordonnance

II. – Alinéa 6

Après le mot :

délivrent

insérer les mots :

sans ordonnance

La parole est à M. le président de la commission.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Mouiller

Il s’agit d’une précision rédactionnelle !

L ’ amendement est adopté.

L ’ article 25 est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

L’amendement n° 424 rectifié ter, présenté par MM. Folliot et J.M. Arnaud, Mme O. Richard, M. Levi, Mme de La Provôté, MM. Kern, Courtial, Duffourg et Canévet, Mme Puissat, MM. Menonville et Bleunven, Mmes Billon, Perrot, Saint-Pé et Loisier et M. L. Hervé, est ainsi libellé :

Après l’article 25

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

L’article L. 4211-3 du code de la santé publique est ainsi modifié :

1° Au premier alinéa, les mots : « selon une liste établie par le ministre chargé de la santé, après avis du Conseil national de l’ordre des médecins et du Conseil national de l’ordre des pharmaciens » sont remplacés par les mots : « nécessaires à leurs soins » ;

2° Après le premier alinéa, sont insérés deux alinéas ainsi rédigés :

« Les médecins bénéficiant de cette autorisation sont autorisés à avoir chez eux un dépôt de médicaments et à délivrer les médicaments inscrits sur les prescriptions médicales de tous les professionnels médicaux exerçant leur activité au sein d’une maison de santé au sens de l’article L. 6323-3 du présent code.

« Ils sont autorisés à délivrer aux patients dont ils sont le médecin traitant les médicaments remboursables auxquels s’applique l’article L. 5121-8 du code de la santé publique, qui bénéficient d’une autorisation d’importation parallèle, qui font l’objet d’une distribution parallèle ou qui sont visés au premier alinéa de l’article 17 de la loi n° 92-1477 du 31 décembre 1992 à condition que lesdits médicaments aient été prescrits par des médecins spécialistes.

3° Au deuxième alinéa, après la première occurrence du mot : « médecin », sont insérés les mots : « ou l’infirmier pratiquant des soins à domicile pour ses patients dépendants » ;

4° Après le quatrième alinéa, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :

« Les médecins bénéficiant de cette autorisation sont inscrits sur les listes des pharmacies établies par les agences régionales de santé. » ;

5° Au sixième alinéa, le mot : « médecins » est remplacé par les mots : « les professionnels de santé » ;

6° Le dernier alinéa est complété par les mots : «, ou bien par les médecins et spécialistes qui exercent avec eux dans le cadre d’une maison de santé » ;

7° Il est ajouté un alinéa ainsi rédigé :

« L’assuré acquitte une participation forfaitaire, en sus de la franchise laissée à la charge de l’assuré en application du III de l’article L. 160-13 du code de la sécurité sociale, lorsque le médecin lui délivre des médicaments remboursables en application des dispositions du présent article. Son montant est fixé, dans des limites et conditions prévues par un décret en Conseil d’État, par l’Union nationale des caisses d’assurance maladie. »

La parole est à M. Olivier Henno.

Debut de section - PermalienPhoto de Olivier Henno

La situation des territoires en souffrance au regard de la problématique médicale est communément admise. L’inégal accès à la santé a des répercussions sur l’installation et le maintien des habitants dans les zones sous-dotées, en particulier pour les communes enclavées.

Les médecins propharmaciens ont la possibilité de délivrer les médicaments qu’ils prescrivent à leurs patients. Or un certain nombre de médicaments et dispositifs médicaux innovants leur sont refusés, notamment en termes d’approvisionnement, par les fournisseurs pour le motif qu’ils ne sont pas inscrits en tant que propharmaciens sur la liste des officines habilitées.

Cet amendement a donc pour objet d’inscrire les propharmaciens sur les listes établies par les ARS, afin qu’ils puissent participer au mieux au développement de l’offre de soins et à l’effort sanitaire, notamment en cas de crise sanitaire comme la crise du covid-19.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

Je m’aperçois que vous n’étiez pas signataire de l’amendement, mon cher collègue…

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Mouiller

Cet amendement vise à assouplir les conditions d’autorisation d’exercice des médecins propharmaciens exerçant dans une commune dépourvue d’officine autorisée à délivrer directement des médicaments.

La commission est très favorable à ce statut, qui rend d’ailleurs de nombreux services sur les territoires. Toutefois, considérant que l’assouplissement prévu est trop important, elle a émis un avis défavorable.

Debut de section - Permalien
Aurélien Rousseau

Avis défavorable pour les mêmes motifs.

L ’ amendement n ’ est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

Je suis saisi de sept amendements faisant l’objet d’une discussion commune.

L’amendement n° 878 rectifié bis, présenté par M. Duffourg, Mme Vermeillet, MM. Laugier et Henno, Mme Perrot, MM. Delcros et J.M. Arnaud, Mme Bonfanti-Dossat, MM. Gremillet, Guerriau et Longeot, Mme Aeschlimann et MM. Bleunven et Maurey, est ainsi libellé :

Après l’article 25

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

L’article L. 5123-8 du code de la santé publique est ainsi rédigé :

« Art. L. 5123 -8. – La délivrance de certains médicaments en officine, lorsque leur forme pharmaceutique le permet, peut se faire à l’unité.

« La délivrance de dispositifs médicaux et autres petits équipements ne peut excéder les besoins effectifs en termes de soins.

« Un arrêté des ministres chargés de la santé et de la sécurité sociale fixe la liste des médicaments et dispositifs qui relèvent du présent article. Un décret en Conseil d’État fixe les modalités particulières de conditionnement, d’étiquetage et d’information de l’assuré ainsi que de traçabilité. »

La parole est à M. Olivier Henno.

Debut de section - PermalienPhoto de Olivier Henno

Afin de réduire le gaspillage de médicaments, mais aussi de petits matériels médicaux, il est proposé de modifier l’article du code de la santé publique concerné.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

Les deux amendements suivants sont identiques.

L’amendement n° 423 rectifié bis est présenté par Mme Guillotin, MM. Bilhac et Cabanel, Mme M. Carrère, M. Daubet, Mme N. Delattre, M. Fialaire, Mme Girardin, MM. Gold, Grosvalet, Guérini et Guiol, Mme Pantel et M. Roux.

L’amendement n° 1024 rectifié ter est présenté par Mme Havet, MM. Fouassin, Iacovelli, Buis et Rambaud, Mmes Schillinger et Phinera-Horth, M. Rohfritsch, Mmes Cazebonne et Nadille et MM. Lemoyne, Canévet, Buval, Haye et Patient.

Ces deux amendements sont ainsi libellés :

Après l’article 25

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

L’article L. 5123-8 du code de la santé publique est ainsi modifié :

1° Le premier alinéa est complété par une phrase ainsi rédigée : « De la même manière, la délivrance de dispositifs médicaux et autres petits équipements ne peut excéder les besoins effectifs en termes de soins. » ;

2° Le second alinéa est ainsi modifié :

a) après les mots : « des médicaments », sont insérés les mots : « et des dispositifs » ;

b) les mots : « pour ces médicaments » sont supprimés ;

La parole est à M. Bernard Fialaire, pour présenter l’amendement n° 423 rectifié bis.

Debut de section - PermalienPhoto de Bernard Fialaire

La loi de 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire permet la délivrance à l’unité de certains médicaments, afin de limiter le gaspillage dans ce domaine.

Nous proposons d’étendre cette possibilité aux dispositifs médicaux, souvent conditionnés en grande quantité. Ils ont une durée de conservation limitée, en raison justement de leur conditionnement, ce qui engendre un important gaspillage. Chaque année, des milliers de dispositifs médicaux inutilisés finissent ainsi à la poubelle.

Un conditionnement unitaire de certains dispositifs médicaux permettrait de stopper cette gabegie.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

La parole est à Mme Solanges Nadille, pour présenter l’amendement n° 1024 rectifié ter.

Debut de section - PermalienPhoto de Solanges NADILLE

Cet amendement est identique à celui qui vient d’être présenté.

Depuis des années, on déplore le gaspillage de médicaments, notamment dans le cadre des soins à domicile. Le coût de la consommation moyenne de médicaments des Français est 40 % plus élevé que celui de ses voisins européens. Ils jettent en moyenne, par an, 1, 5 kilo de médicaments non utilisés.

Dans un contexte de sobriété et de maîtrise de nos dépenses, cet amendement vise à mettre en place des mesures en faveur d’une consommation plus adaptée.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

L’amendement n° 10 rectifié ter n’est pas soutenu.

L’amendement n° 588 rectifié bis, présenté par MM. Chasseing, Guerriau et Chevalier, Mme L. Darcos, M. A. Marc, Mme Bourcier, M. Capus, Mme Paoli-Gagin, MM. Brault et Malhuret, Mme Lermytte, M. Wattebled, Mme O. Richard et MM. Delcros et H. Leroy, est ainsi libellé :

Après l’article 25

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

L’article L. 5211-5 du code de la santé publique est complété par une phrase ainsi rédigée : « Ils fixent également les conditions dans lesquelles la délivrance des dispositifs mentionnés au même article L. 5211-1 ne peut excéder les besoins effectifs du patient en termes de soins. »

La parole est à M. Daniel Chasseing.

Debut de section - PermalienPhoto de Daniel Chasseing

Afin d’éviter le gaspillage des médicaments, l’article L. 5123-8 du code de la santé publique offre la possibilité de délivrer certains médicaments à l’unité. Je suppose qu’une telle mesure n’est guère prisée des pharmaciens.

On constate qu’un gaspillage très important existe également avec les dispositifs médicaux, souvent délivrés au-delà des besoins effectifs du patient.

Le présent amendement vise donc à garantir que la délivrance de dispositifs médicaux ne peut excéder les besoins effectifs du patient en termes de soins. Je pense aux patients, auxquels on prescrit, après une intervention, des dispositifs médicaux très importants.

Je le rappelle, les infirmiers peuvent prescrire des compléments de dispositifs médicaux, et il n’est pas nécessaire d’avoir une ordonnance du médecin dans ce cas.

Si le fait de délivrer des médicaments à l’unité ne me paraît pas valable, il me semble qu’on peut avancer dans cette voie pour lutter contre le gaspillage des dispositifs médicaux.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

L’amendement n° 992 rectifié, présenté par MM. Hochart, Szczurek et Durox, est ainsi libellé :

Après l’article 25

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Après l’article L. 5121-33 du code de la santé publique, il est inséré un article L. 5121-33-… ainsi rédigé :

« Art. L 5121 -33 -…. – Pour tous les antibiotiques où la forme galénique rend possible leur délivrance à l’unité, celle-ci devient obligatoire pour la pharmacie d’officine et la pharmacie à usage intérieur, tout en respectant les protocoles spécifiques visant à garantir l’asepsie, la précision de la dose, la sécurité du patient ainsi que la traçabilité. »

La parole est à M. Aymeric Durox.

Debut de section - PermalienPhoto de Aymeric DUROX

Permettez-moi de rappeler un chiffre alarmant : 33 000 personnes décèdent des suites d’une résistance aux antibiotiques. En 2050, dans le contexte actuel, si rien ne change, 240 000 décès seront liés à cela.

C’est pourquoi nous présentons cet amendement, qui représente à nos yeux un enjeu de santé publique et de bien-être individuel. Nous défendons l’obligation, pour la pharmacie d’officine et la pharmacie à usage intérieur, de délivrer les antibiotiques à l’unité. Cette distribution à l’unité permet de réduire le risque d’erreur médicamenteuse, la confusion ou l’oubli de doses par les patients. Elle favorise la bonne prise et l’efficacité des thérapeutiques.

C’est aussi un enjeu environnemental et économique, la distribution à l’unité permettant d’éviter le gaspillage. Cet amendement offre sécurité et efficacité à nos concitoyens et permet d’éviter la pénurie, en corrélant prescription du médecin et délivrance du médicament.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

L’amendement n° 883 rectifié bis, présenté par Mme Blatrix Contat, est ainsi libellé :

Après l’article 25

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Afin d’éviter le gaspillage des médicaments, lorsque leur forme pharmaceutique le permet, la délivrance de certains médicaments en officine se fait à l’unité. De la même manière, la délivrance de dispositifs médicaux et autres petits équipements ne peut excéder les besoins effectifs en termes de soins.

Un arrêté des ministres chargés de la santé et de la sécurité sociale fixe la liste des médicaments et dispositifs qui relèvent du présent article. Un décret en Conseil d’État fixe les modalités particulières de conditionnement, d’étiquetage et d’information de l’assuré ainsi que de traçabilité.

La parole est à Mme Florence Blatrix Contat.

Debut de section - PermalienPhoto de Florence Blatrix Contat

Comme pour les précédents amendements, il s’agit d’éviter le gaspillage des médicaments, lorsque leur forme pharmaceutique le permet.

Je souhaite attirer votre attention sur les conclusions de deux rapports récents. D’abord, le rapport de notre ancienne collègue Laurence Cohen sur la pénurie de médicaments et les choix de l’industrie pharmaceutique française nous alerte sur l’augmentation des signalements de ruptures par les pharmaciens. Ensuite, l’OCDE, dans son rapport relatif à la gestion des déchets pharmaceutiques des ménages, évalue la quantité de médicaments jetés en France à 17 600 tonnes par an.

Ces conclusions mettent en exergue une double problématique concernant notre mode de consommation des médicaments, celle de la pénurie, d’une part, celle de leur gaspillage, d’autre part. Ainsi, endiguer l’une impose d’agir sur l’autre, et inversement. Ce constat est confirmé et complété par les professionnels.

Cet amendement entend répondre à ce double objectif. Il s’inscrit dans une dynamique globale de réduction des déchets et de sobriété de la consommation, en permettant de lutter efficacement contre le gaspillage des médicaments.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Mouiller

L’amendement n° 992 rectifié vise à rendre obligatoire la délivrance de médicaments à l’unité, chaque fois que leur forme galénique le permet. La commission s’est opposée à une telle mesure, qu’elle juge largement inopérante pour lutter contre les ruptures de stock dans la mesure où elle n’est pas possible pour les formes galéniques les plus fréquemment en situation de pénurie.

Par ailleurs, la dispensation à l’unité est chronophage pour les pharmaciens et n’empêche pas le patient de conserver des médicaments en cas d’inobservance de la prescription.

Par conséquent, la commission a émis un avis défavorable sur cet amendement.

Quant aux amendements n° 878 rectifié bis, 423 rectifié bis, 1024 rectifié ter, 588 rectifié bis et 883 rectifié bis, ils visent à prévoir que la délivrance de dispositifs médicaux et autres petits équipements ne peut excéder les besoins effectifs du patient en termes de soins.

La catégorie des dispositifs médicaux regroupe plus de 80 000 classes de produits extrêmement divers. Ils peuvent être dispensés non seulement par des professionnels de santé tels que les pharmaciens, les opticiens ou les audioprothésistes, mais également par d’autres professionnels tels que les prestataires de services et distributeurs de matériel.

C’est pourquoi il paraît délicat d’imposer ainsi une obligation générale, même si l’on comprend bien les enjeux d’économie pour l’assurance maladie.

Dans ces circonstances, face à ces difficultés techniques, je voudrais connaître l’avis du Gouvernement.

J’en profite pour vous poser une question, monsieur le ministre, sur la maîtrise de la délivrance des dispositifs médicaux dans les prochaines années. Dans quelle mesure ceux-ci seront-ils intégrés à la charte de bonnes pratiques prévue pour endiguer la pénurie des produits de santé ?

Debut de section - Permalien
Aurélien Rousseau

Je n’hésite pas à émettre un avis défavorable sur l’amendement n° 992 rectifié, qui me paraît à la fois peu opérant et peu conforme à la réalité. Pour ceux qui s’y connaissent, en pharmacie, la dispensation à l’unité est un défi logistique et de sécurité sanitaire. Basculer de la possibilité à l’obligation me paraît donc prématuré.

Je suis quelque peu tourmenté au sujet des autres amendements, car je suis convaincu sur le fond.

Je serais tenté d’émettre un avis favorable et de m’en remettre à un décret visant à préciser les conditions de sécurité sanitaire, notamment parce que les industriels n’ont pas forcément prévu le conditionnement permettant de faire les découpages pour dispenser leurs produits à l’unité. Il s’agirait ainsi d’une disposition législative d’appel nécessitant ensuite un cadrage extrêmement strict en termes de sécurité, d’autant, cela vient d’être dit, que les pharmaciens ne sont pas les seuls à dispenser des produits médicaux.

J’émets donc un avis favorable, mais en précisant explicitement devant le Sénat que nous devrons mettre en place, par décret, après avis de la HAS, les conditions de délivrance. Quoi qu’il en soit, il est important d’envoyer un signal pour mettre un terme au gaspillage en la matière. Nos armoires à pharmacie sont quelquefois trop remplies de choses dont nous n’avons pas forcément besoin.

Monsieur le président de la commission, vous m’avez posé une question sur les dispositifs médicaux. Sont-ils dans la charte ? J’ai reçu la semaine dernière tous les industriels et les acteurs de la chaîne du médicament. Cette année, nous ne sommes pas, comme l’an dernier, dans une gestion de la pénurie. Je pense aux médicaments génériques, qui ne sont pas innovants. Nous avons sur le territoire national les stocks nécessaires.

En revanche, nous constatons une dérégulation totale du système de distribution du médicament, avec notamment, des pharmaciens – disant cela, je ne leur jette pas la pierre, car leur comportement est parfaitement rationnel – qui essaient d’obtenir directement auprès des industriels les doses, en particulier d’amoxicilline. S’ils les stockent, ce n’est pas pour le plaisir, mais parce qu’ils souhaitent pouvoir répondre à la demande. Dans ce cadre, les industriels privilégient souvent, quant à eux, les plus grosses officines au détriment des pharmacies rurales, qui se retrouvent alors en pénurie.

J’ai demandé la semaine dernière à la présidente de l’ordre des pharmaciens de me remettre sous dix jours une charte. Je souhaite en revenir au rôle structurant du grossiste répartiteur : c’est à lui de passer les commandes à l’industriel. Je propose donc grosso modo le retour à une répartition à 80/20 ou à 70/30, à savoir que 80 % de médicaments sont commandés par le grossiste répartiteur auprès de l’industriel, le reste étant commandé en direct. Les grossistes répartiteurs ont fait la preuve le leur efficacité.

J’inclus dans cette procédure les molécules sensibles, mais aussi certains dispositifs médicaux. Nous rencontrons en effet aujourd’hui sur certains produits, comme les médicaments pédiatriques, conditionnés souvent en flacons en verre ou en pipettes, un problème d’approvisionnement. Nous mettons donc aussi ces médicaments sous surveillance. Tous les acteurs de la chaîne ont compris, il me semble, leurs responsabilités.

En tout état de cause, je vous présenterai un dispositif visant à renforcer les compétences de police sanitaire de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), notamment pour prendre la main en cas de dérégulation. Aujourd’hui, cette possibilité n’existe pas. Notre seule solution, à l’heure actuelle, est de faire du name and shame – tous les industriels et tous les acteurs l’ont compris. Si la charte n’est pas « mordante », je donnerai à voir aux Français l’état de la situation, en pointant les responsabilités de chacun…

Je suis donc favorable à ces amendements, à l’exception de l’amendement n° 992 rectifié.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

La parole est à Mme Émilienne Poumirol, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Émilienne Poumirol

Vous venez d’évoquer, monsieur le ministre, des questions qui seront abordées dans la suite du texte.

Je veux insister sur le rôle que vous pourriez avoir pour contrôler les industriels et les packagings. Nous connaissons tous des patients qui, après s’être fait poser trois points de suture dans leur établissement de santé de proximité – clinique ou autre –, ressortent avec des prescriptions pour cinquante boîtes de compresses, des champs stériles, des pinces, des ciseaux, etc. Avec cela, ils pourraient tenir un siège pendant vingt ans !

Les industriels devraient être mis à contribution. Le pharmacien est souvent obligé de délivrer un sac entier de compresses, ce qui est sidérant quand il s’agit de plaies très bénignes – sans parler de la note pour la sécurité sociale !

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

La parole est à Mme Nathalie Goulet, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Nathalie Goulet

J’ai également été saisie de cette question. Quand un malade sort de l’hôpital, il a parfois affaire directement à un prestataire qui lui fournira une quantité très importante de compresses ou autres, au détriment de la pharmacie locale qui pourrait très bien distribuer les produits dont le malade a besoin en quantité plus raisonnable et dans un flux plus continu.

Tout cela porte préjudice aux petites pharmacies, en particulier en milieu rural.

Des cabinets de conseil à l’intérieur des hôpitaux orientent ainsi les patients vers des prestataires, au détriment des pharmacies en milieu rural.

Il y a là un problème à la fois déontologique, mais aussi financier. Notre collègue vient de parler de la gabegie sur un certain nombre de produits. Il serait utile de demander aux personnels des hôpitaux de se renseigner pour savoir si, quand un malade sort, il a ou non une pharmacie de proximité. Dans l’affirmative, il serait beaucoup plus facile de passer par elle pour délivrer le stock de médicaments de façon régulière, au fur et à mesure des besoins, plutôt que de faire sortir le patient de l’hôpital avec des caisses entières de produits dont on ne sait pas du tout s’ils seront utilisés ou s’ils se périmeront avant usage.

Il s’agit d’un problème récurrent qu’il importe de prendre en considération.

Debut de section - Permalien
Aurélien Rousseau

Je partage totalement votre point de vue. Bien sûr, il n’y a pas là 500 millions d’euros d’économies à réaliser. Pour autant, si j’ai souhaité demander dans ce PLFSS un effort d’économies aux hôpitaux sur les achats, c’est notamment en ayant ce point à l’esprit.

À l’heure actuelle, certains patients quittent l’hôpital ou sortent de leur pharmacie avec une valise entière de produits. Nous avons d’importants gains à faire. L’hôpital n’a pas pour mission de délivrer la totalité des médicaments postopératoires. Je rejoins donc votre avis, c’est l’un des éléments que je suivrai de près en termes d’efficience de la dépense hospitalière.

Les mesures et les ambitions d’économies ne sont pas uniquement strictement comptables. Il s’agit là d’abord d’un état de fait insoutenable.

Par ailleurs, je rejoins la préoccupation du sénateur Daniel Chasseing, qui est également celle de l’ensemble du Sénat, sur notre réseau de pharmacies – la France en compte environ 21 000 aujourd’hui. Je rappelle que des expérimentations sont en cours sur les antennes officinales, dont nous ne connaissons pas encore les résultats.

C’est un vrai débat. Quand, dans une petite ville, une pharmacie ferme, l’agrément ne peut pas forcément être repris, notamment si l’on passe en dessous des seuils. J’ai demandé que ce point soit examiné. C’est un sujet sur lequel la compétence des ARS est totalement liée.

La question du maintien du tissu officinal est donc un sujet majeur. Il n’y a pas de désert officinal à l’heure actuelle dans notre pays ; nous devons nous battre pour que cela continue. À défaut, nous entrerions dans une nouvelle ère de difficultés.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

La parole est à M. Daniel Chasseing, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Daniel Chasseing

Je suis d’accord avec les remarques de Mme Goulet. Certaines personnes sortent de l’hôpital avec de très grosses boîtes de compresses qui ne serviront que quelques jours, car elles souffrent seulement de petites plaies nécessitant uniquement des soins infirmiers. Il y a là des économies à faire.

L ’ amendement est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l’article 25, et les amendements n° 423 rectifié bis, 1024 rectifié ter, 588 rectifié bis, 883 rectifié bis et 992 rectifié n’ont plus d’objet.

Je suis saisi de deux amendements faisant l’objet d’une discussion commune.

L’amendement n° 35 rectifié bis, présenté par MM. Milon et Burgoa, est ainsi libellé :

Après l’article 25

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Le code de la santé publique est ainsi modifié :

1° L’article L. 5125-23 est ainsi modifié :

a) Le II est ainsi modifié :

- au premier alinéa, après les mots : « d’une spécialité figurant dans un groupe générique », sont insérés les mots : «, biosimilaire mentionné au 15° de l’article L. 5121-1 » ;

- au deuxième alinéa, après les mots : « une spécialité du même groupe générique », sont insérés les mots : «, du même groupe biosimilaire » ;

- après le troisième alinéa, est inséré un quatrième alinéa ainsi rédigé :

« Un arrêté des ministres chargés de la santé et de la sécurité sociale précise, après avis de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé, les situations médicales dans lesquelles la substitution ne peut pas être effectuée par le pharmacien au sein d’un groupe biosimilaire. » ;

b) Au premier alinéa du III, après les mots : « une spécialité du même groupe générique », sont insérés les mots : «, du même groupe biosimilaire » ;

2° L’article L. 5125-23-2 est abrogé.

La parole est à M. Alain Milon.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Milon

Les médicaments biologiques similaires constituent une alternative sûre et efficiente aux médicaments biologiques de référence, comme en témoigne la position de l’Agence européenne du médicament (EMA) d’avril 2023 en faveur d’une automaticité de l’interchangeabilité entre les médicaments biologiques de référence et leur biosimilaire dès l’obtention de leur autorisation de mise sur le marché.

L’expérience de la substitution engagée l’année passée sur deux molécules démontre également que la solution de remplacement que sont les médicaments biologiques similaires représente une vraie source d’économie pour la sécurité sociale.

Ainsi, ce marché représente 1, 03 milliard d’euros de dépenses remboursées au premier semestre 2023, soit plus de 8 % des dépenses remboursées de l’ensemble des médicaments en ville sur la même période.

Il convient donc dès maintenant de prévoir une possibilité de substitution de tous les biosimilaires.

En effet, la possibilité pour le pharmacien de substituer un médicament biologique de référence prescrit par un médecin par son biosimilaire, lorsque certaines conditions sont remplies, apparaît comme un levier efficace pour contribuer à accroître la pénétration des biosimilaires.

Une telle mesure permettrait également de gagner en lisibilité tant pour les professionnels de santé que pour les patients, en mettant en place un dispositif de substitution clair et simple.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

L’amendement n° 1300 rectifié, présenté par le Gouvernement, est ainsi libellé :

Après l’article 25

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

I. – Le 2° de l’article L. 5125-23-2 du code de la santé publique est complété par un alinéa ainsi rédigé :

« À défaut, deux ans après la publication de l’arrêté d’inscription sur la liste prévue au premier alinéa de l’article L. 162-17 du code de la sécurité sociale du premier médicament biologique similaire, un arrêté des ministres chargé de la santé et de la sécurité sociale autorise le pharmacien à délivrer par substitution au médicament biologique de référence un médicament biologique similaire appartenant à ce groupe sauf avis contraire de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé publié avant la fin de cette période. L’avis de l’Agence peut comprendre le cas échéant des conditions de substitution et d’information et des mises en garde de nature à assurer la continuité du traitement en vue de la substitution par le pharmacien. »

II. – Pour la mise en œuvre du 2° de l’article L. 5125-23-2 du code de la santé publique concernant les médicaments biologiques similaires déjà inscrits sur la liste prévue au premier alinéa de l’article L. 162-17 du code de la sécurité sociale avant la publication de la présente loi, l’avis de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé aux ministres chargés de la santé et de la sécurité sociale doit intervenir avant le 31 décembre 2024.

La parole est à M. le ministre.

Debut de section - Permalien
Aurélien Rousseau

L’amendement du Gouvernement, monsieur Milon, va dans le même sens que le vôtre. Je souhaite d’ailleurs que vous vous ralliiez à sa rédaction, car – nous ne l’avons pas écrit de manière explicite – les associations de patients se sont montrées très dubitatives sur cette mesure lors de la concertation et ont manifesté beaucoup de prévention et de craintes.

Nous sommes arrivés à un point d’équilibre, en proposant d’abord deux ans de commercialisation avant de mettre en place une automaticité. Je ne pensais pas qu’il y aurait autant de réticences. Elles sont bien réelles, j’en veux pour preuve les réactions de certains, encore aujourd’hui, par rapport aux génériques. Je préfère que nous respections l’accord informel auquel nous sommes parvenus avec les associations de patients. C’est tout le sens de l’amendement du Gouvernement.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Mouiller

En présentant votre amendement, monsieur le ministre, vous avez fait mon argumentaire !

Les deux amendements allant dans le même sens, par souci d’efficacité et de souplesse, la commission est favorable à l’amendement n° 35 rectifié bis de notre collègue Alain Milon, et donc défavorable à l’amendement n° 1300 rectifié du Gouvernement.

Debut de section - Permalien
Aurélien Rousseau

M. Aurélien Rousseau, ministre. C’est blessant !

Sourires.

L ’ amendement est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l’article 25, et l’amendement n° 1300 rectifié n’a plus d’objet.

L’article L. 717-1 du code rural et de la pêche maritime est ainsi modifié :

1° Le premier alinéa est ainsi modifié :

a) Au début, est ajoutée la mention : « I. – » ;

b) Les mots : « des dispositions du titre IV du livre II » sont remplacés par les mots : « du titre II du livre VI de la quatrième partie » ;

2° Après le même premier alinéa, il est inséré un II ainsi rédigé :

« II. – Pour le renouvellement périodique de l’examen médical d’aptitude mentionné au II de l’article L. 4624-2 du code du travail, certains actes de cet examen, préalables à la délivrance par le médecin du travail d’un avis d’aptitude, peuvent être délégués à un infirmier en santé au travail dans le cadre d’un protocole écrit et dans les conditions prévues aux articles L. 4622-8 et L. 4623-9 du même code. Lorsque l’infirmier en santé au travail constate des éléments pouvant justifier une inaptitude au poste de travail ou estime nécessaire de proposer l’une des mesures prévues à l’article L. 4624-3 dudit code, il oriente sans délai le travailleur vers le médecin du travail pour qu’il réalise tous les actes de l’examen médical d’aptitude. » ;

3° Au début du deuxième alinéa, est ajoutée la mention : « III. – » ;

4° Au début du dernier alinéa, est ajoutée la mention : « IV. – ».

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

L’amendement n° 268, présenté par Mme Richer, au nom de la commission des affaires sociales, est ainsi libellé :

Alinéa 6

I. – Première phrase

1° Après le mot :

écrit

insérer les mots :

établi conformément aux dispositions de l’article L. 4011-1 du code de la santé publique

2° Remplacer les mots :

même code

par les mots :

code du travail

II. – Seconde phrase

Remplacer le mot :

dudit

par les mots :

du même

La parole est à Mme la rapporteure.

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Pierre Richer

Cet amendement vise à sécuriser davantage le dispositif, en prévoyant un encadrement renforcé de l’établissement des protocoles de délégation entre médecins du travail et infirmiers en santé au travail, qui devront s’établir conformément aux dispositions les régissant dans le code de la santé publique.

J’en profite, monsieur le ministre, pour souligner qu’il nous semble opportun d’élargir le dispositif au-delà des seuls salariés agricoles.

Debut de section - Permalien
Aurélien Rousseau

Cet amendement vise à sécuriser plus fortement l’encadrement des protocoles de délégation entre médecins du travail et infirmiers en santé au travail pour le suivi individuel renforcé des salariés agricoles.

Il se réfère à l’article L. 4011-1 du code de la santé publique. Or la notion de protocole écrit émane de dispositions législatives spéciales figurant à l’article L. 4624-1 et suivants du code du travail.

Les protocoles écrits prévus par ces dispositions relèvent, en effet, de la responsabilité et du choix de chaque médecin du travail, qui reste libre d’en définir le périmètre exact dans les limites des missions qu’il peut déléguer selon les compétences de chaque professionnel.

En revanche, les protocoles de coopération auxquels votre amendement renvoie dans le code de la santé publique ne sont pas de même nature. Ils visent un ensemble de professionnels à l’échelle nationale et répondent, en outre, à une procédure précise sous le contrôle d’un comité national de coopération interprofessionnelle qui donne notamment un avis sur leur financement par l’assurance maladie.

En conséquence, la proposition d’un renvoi à l’article L. 4011-1 du code de la santé publique n’aurait pas l’effet escompté de sécurisation du dispositif prévu par le présent article 26 du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2024, puisqu’il n’est pas applicable à ce type de délégation.

Je tiens cependant à vous rassurer : les dispositions du code du travail permettent de sécuriser pleinement l’exercice de cette délégation.

Après cette explication limpide, §j’émets un avis défavorable sur cet amendement.

L ’ amendement est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

L’amendement n° 1236, présenté par Mme Lubin, MM. Lurel, Mérillou, Ouizille et Jomier, Mme Le Houerou, M. Kanner, Mmes Canalès, Conconne et Féret, M. Fichet, Mmes Poumirol et Rossignol, MM. Redon-Sarrazy et Chantrel, Mme Bélim, MM. Jacquin, Ziane, Kerrouche et Michau, Mmes Bonnefoy et Harribey, MM. Temal et Durain, Mme G. Jourda, MM. Féraud et Cardon, Mme Blatrix Contat, MM. Cozic, P. Joly et Stanzione, Mmes Conway-Mouret et Monier, MM. Chaillou, Tissot et Marie, Mme Artigalas, MM. Gillé et Montaugé, Mme Linkenheld et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Alinéa 6

Compléter cet alinéa par une phrase ainsi rédigée :

La liste des actes pouvant ainsi être délégués fait l’objet d’un avis de la Haute Autorité de santé.

La parole est à Mme Monique Lubin.

Debut de section - PermalienPhoto de Monique Lubin

Cet amendement vise à prévoir la remise d’un avis de la Haute Autorité de santé sur la liste des actes pouvant faire l’objet d’une délégation à l’infirmier en santé au travail dans le cadre d’un renouvellement périodique de l’examen médical d’aptitude des salariés agricoles.

Le regard de la Haute Autorité de santé sur l’établissement d’une liste des actes pouvant être délégués à l’infirmier en santé au travail dans ce cadre semble indispensable. Or aucune consultation d’une autorité d’expertise indépendante, telle que la Haute Autorité de santé, n’est prévue dans l’article 26.

Ce défaut que nous déplorons est cohérent avec l’absence de stratégie du Gouvernement face à la crise de la médecine du travail.

Cette dernière est en effet exsangue, car elle connaît une véritable pénurie de personnel. S’il y avait 6 000 médecins du travail il y a dix ans, il n’y en a plus que 3 500 aujourd’hui.

Dans le même temps, la loi pour renforcer la prévention en santé au travail, entrée en application à partir du 1er avril 2022, qui prévoit une visite médicale de mi-carrière, un suivi médical renforcé et une meilleure prévention des risques, met l’accent sur la prévention. L’objectif est impossible à tenir.

Dans ce contexte, l’objet du présent amendement est de remédier à un « oubli » symptomatique, en l’occurrence au fait qu’aucune consultation d’une autorité d’expertise indépendante, telle que la Haute Autorité de santé, n’est prévue à l’article 26.

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Pierre Richer

Cet amendement n’a semblé ni souhaitable ni nécessaire à la commission dès lors que l’article 26 se borne à prévoir des délégations d’actes entre le médecin du travail et l’infirmier en santé au travail dans la limite des compétences des infirmiers.

Il n’y a donc pas véritablement de nouveauté dans les actes que les infirmiers seraient autorisés à pratiquer si l’article 26 était adopté.

Cet amendement n’est pas nécessaire non plus dès lors que la commission a déjà proposé un amendement pour mieux encadrer les protocoles de délégation entre médecins du travail et infirmiers en santé au travail.

Il n’est pas davantage souhaitable dès lors qu’il vise à ajouter une nouvelle mission à la HAS, qui peine déjà à assurer l’ensemble des missions qui lui sont dévolues puisqu’elles ne cessent de s’élargir à moyens quasi constants.

Par conséquent, la commission a émis un avis défavorable.

Debut de section - Permalien
Aurélien Rousseau

Il n’est pas cohérent de faire au Gouvernement le procès de vouloir tuer la médecine du travail.

Cet article permet, si un protocole de coopération existe sur les mêmes actes ailleurs, de ne pas repasser par un avis de la HAS. Tous ceux qui connaissent l’hôpital savent que rendre les protocoles de coopération plus accessibles a été un véritable combat. Or ces protocoles donnent aux infirmiers un terrain d’expertise et d’expérience beaucoup plus large.

Le changement proposé évite de faire valider les mêmes protocoles de coopération par la HAS. Il s’agit d’un progrès, y compris pour l’intérêt du travail des infirmiers en santé au travail. Il serait inutile, à mon sens, d’alourdir une procédure qui fonctionne déjà bien à l’hôpital. Voilà pourquoi j’émets un avis défavorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

La parole est à Mme Émilienne Poumirol, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Émilienne Poumirol

J’ai le sentiment, monsieur le ministre, que vous avez interprété de façon abusive cet amendement. Nous ne disons nullement que le Gouvernement souhaite tuer la médecine du travail. Il s’agit d’un constat : le nombre de médecins du travail ne fait que diminuer drastiquement.

En fin d’études, au moment du choix de carrière, la médecine du travail est la filière qui est choisie en dernier, avec la psychiatrie. Ce n’est pas un hasard… Il s’agit pourtant d’un métier qui peut être passionnant.

Nous comprenons l’intérêt de déléguer aux infirmiers en santé au travail, car il faut bien pallier la pénurie de médecins. Nous proposons simplement de passer par la HAS pour savoir quelles sont les délégations possibles.

Nous ne vous accusons absolument pas de vouloir tuer la médecine du travail ; elle est en train de mourir depuis plusieurs années. Nous avons de plus en plus de mal à trouver des médecins du travail. Il importe de s’interroger sur l’attractivité de la médecine du travail, domaine pourtant passionnant.

L ’ amendement n ’ est pas adopté.

L ’ article 26 est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

L’amendement n° 1297, présenté par le Gouvernement, est ainsi libellé :

Après l’article 26

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

I. – Le code de la sécurité sociale est ainsi modifié :

1° L’article L. 165-1 est complété par deux alinéas ainsi rédigés :

« L’inscription sur la liste mentionnée au premier alinéa d’un produit ou d’une prestation sous forme de nom de marque ou de nom commercial est subordonnée à la transmission la certification de conformité à la charte mentionnée à l’article L. 162-17-9, ou un engagement de l’entreprise à se faire certifier dans un délai et dans des conditions fixées par décret, sauf dans le cas où il déclare sur l’honneur qu’il n’a ni ne diligente d’activité visée par la charte et la certification.

« En cas de manquement par un exploitant à un engagement souscrit à l’alinéa précédent, les produits et prestations inscrits par cet exploitant sont alors radiés de la liste mentionnée au premier alinéa. » ;

2° L’article L. 165-5-1 est ainsi modifié :

a) Au premier alinéa de l’article L. 165-5-1 après les mots : « exploitant ou distributeur au détail » sont insérés les mots : « et pour l’exploitant ou le distributeur au détail à la détention de la certification de conformité à la charte mentionnée à l’article L. 162-17-9 ou un engagement de l’entreprise à se faire certifier dans un délai et dans des conditions fixées par décret, en l’attente de l’obtention de la certification. L’exploitant ou le distributeur qui ne diligente pas d’activités de présentation d’information et de promotion, telles que visées par la charte, fournira une déclaration sur l’honneur attestant de sa situation. » ;

b) Il est ajouté un alinéa ainsi rédigé :

« Ce code ne peut être obtenu que sur présentation par l’entreprise du certificat ou d’une attestation sur l’honneur qu’elle n’a ni ne diligente d’activité visée par la charte et la certification. » ;

3° L’article L. 165-6 est complété par deux alinéas ainsi rédigés :

« IV. – Peuvent seuls adhérer aux accords locaux ou nationaux mentionnés au I, les distributeurs au détail détenant la certification de conformité à la charte mentionnée à l’article L. 162-17-9 ou s’étant engagés à se faire certifier dans un délai et dans des conditions fixées par décret, en l’attente de l’obtention de la certification. L’exploitant ou le distributeur qui ne diligente pas d’activités de présentation d’information et de promotion, telles que visées par la charte, fournira une déclaration sur l’honneur attestant de sa situation.

« V. – Les produits et prestations inscrits sur la liste définie à l’article L. 165-1 délivrés par un distributeur au détail ne sont pris en charge par l’assurance maladie que si l’entreprise détient la certification de conformité à la charte mentionnée à l’article L. 162-17-9 ou s’est engagé à se faire certifier, en l’attente de l’obtention de la certification, ou une déclaration sur l’honneur qu’il n’a ni ne diligente d’activité visée par la charte et la certification. »

II. – Les modalités d’application du présent article sont définies par décret en Conseil d’État.

La parole est à M. le ministre.

Debut de section - Permalien
Aurélien Rousseau

L’objet de cet amendement est de clarifier le périmètre et d’améliorer l’application de la charte de la visite médicale prévue depuis la loi de financement de la sécurité sociale pour 2019.

Cette charte constitue le socle de la régulation des activités de présentation, d’information et de promotion des produits de santé et prestations remboursés. Son objectif est de garantir un recours raisonné aux produits de santé et prestations pris en charge par l’assurance maladie.

Lors de la loi de financement de la sécurité sociale pour 2019, l’intention du législateur portait sur son application à l’ensemble des dispositifs médicaux inscrits sur la liste des produits et prestations.

Or la rédaction actuelle, à la suite de modifications induites par la dernière loi de financement de la sécurité sociale, a restreint l’application de la charte aux seuls produits inscrits sous nom de marque.

Le présent amendement vise, dès lors, à sécuriser le périmètre d’application de la charte dans son périmètre initial de 2019, en incluant non seulement les produits sous nom de marque, mais aussi les produits et prestations sous description générique, qui représentent 75 % de la dépense remboursée.

Il s’agit donc de corriger un effet de bord lié à une modification introduite par la dernière loi de financement de la sécurité sociale.

L ’ amendement est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l’article 26.

L’amendement n° 481 rectifié ter, présenté par M. Ouizille, Mme Narassiguin, MM. Fichet, M. Weber et Redon-Sarrazy, Mme G. Jourda, M. Ziane, Mmes Canalès et Blatrix Contat, M. Lurel, Mme Espagnac, MM. Mérillou, Montaugé, Bourgi et Tissot, Mme Bonnefoy, MM. Gillé et Ros, Mmes Conway-Mouret et Conconne et MM. P. Joly et Roiron, est ainsi libellé :

Après l’article 26

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

I. – Le code de la santé publique est ainsi modifié :

1° L’article L. 4111-1 est complété par un alinéa ainsi rédigé :

« Les médecins et les chirurgiens-dentistes sont autorisés à exercer leur activité en ville dans les conditions prévues à l’article L. 4111-1-3. »

2° Après l’article L. 4111-1-2, il est inséré un article L. 4111-1-3 ainsi rédigé :

« Art. L. 4111 -1 -3. – Toute nouvelle installation d’un médecin ou d’un chirurgien-dentiste en ville au sens de l’article L. 4111-1 est subordonnée à l’autorisation de l’agence régionale de santé du territoire où se situe la résidence professionnelle principale du médecin ou du chirurgien-dentiste, après avis simple, rendu dans les trente jours suivant sa saisine, du conseil départemental de l’ordre dont il relève.

« Si la résidence professionnelle principale du médecin ou du chirurgien-dentiste est située dans une zone caractérisée par une offre de soins insuffisante ou par des difficultés dans l’accès aux soins au sens du 1° de l’article L. 1434-4, l’autorisation est délivrée de droit.

« Dans le cas contraire, l’autorisation d’installation ne peut être délivrée qu’à la condition qu’un médecin ou un chirurgien-dentiste de la même spécialité et exerçant dans la même zone cesse concomitamment son activité. Cette autorisation est de droit.

« Les conditions d’application du présent article sont définies par décret en Conseil d’État, pris après avis du conseil national de l’ordre des médecins et du conseil national de l’ordre des chirurgiens-dentistes.

« Ce décret est pris dans un délai de douze mois à compter de la promulgation de la présente loi. »

II. – Dans un délai de six mois à compter de la promulgation de la présente loi, le Gouvernement remet au Parlement un rapport qui formule des propositions afin de cibler des aides à l’installation vers les zones où l’offre de soins est la plus dégradée.

La parole est à Mme Marion Canalès.

Debut de section - PermalienPhoto de Marion CANALÈS

Cet amendement vise à flécher l’installation des médecins – généralistes et spécialistes – et des chirurgiens-dentistes vers les zones où l’offre de soins est insuffisante. Nous reprenons ici l’esprit de l’article 4 de la proposition de loi de ma collègue Émilienne Poumirol, examinée au Sénat en décembre 2022.

En zone sous-dotée, l’autorisation serait délivrée de droit pour toute nouvelle installation. Dans tous les autres cas, c’est-à-dire lorsque l’offre de soins est au moins suffisante, l’autorisation serait délivrée uniquement si l’installation fait suite à la cessation d’activité d’un praticien pratiquant la même spécialité sur ce territoire.

L’autorisation d’installation interviendrait après consultation, par l’ARS, de l’ordre départemental des médecins ou de l’ordre départemental des chirurgiens-dentistes.

Il s’agirait d’un premier pas vers la régulation de l’installation des médecins et des chirurgiens-dentistes sur le territoire, qui permettra, à tout le moins, de stopper la progression des inégalités entre territoires.

Cette mesure vise à orienter l’installation des professionnels de santé vers les zones où l’offre est la moins dense par un aménagement du principe de la liberté d’installation, qui continuerait de prévaloir.

Les politiques d’incitation à l’installation des médecins dans les zones sous-denses restent bien entendu nécessaires. Mais elles ne répondent pas à l’urgence de la situation pour nombre de territoires et doivent être complétées.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Mouiller

Cet amendement vise à conditionner l’installation des médecins et chirurgiens-dentistes dans les zones non sous-denses à une cessation d’activité concomitante sur le même territoire.

Nous avons longuement débattu de ce type de sujet, il y a quelques semaines, dans le cadre de l’examen de la proposition de loi visant à améliorer l’accès aux soins par l’engagement territorial des professionnels, dite proposition de loi Valletoux.

J’émets donc un avis défavorable.

Debut de section - Permalien
Aurélien Rousseau

Nous avons effectivement examiné longuement il y a trois semaines la proposition de loi Valletoux. J’émets également un avis défavorable, éclairé par les heures de débats que nous avons eues à cette occasion.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

La parole est à Mme Corinne Narassiguin, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Corinne NARASSIGUIN

C’est en effet un débat que nous avons déjà eu lors de l’examen de la proposition de loi Valletoux, mais si l’on revient à la charge, c’est que le problème reste entier.

La désertification médicale touche 90 % de notre territoire, que ce soit en zone rurale ou urbaine, comme dans mon département, la Seine-Saint-Denis, où on pourrait penser que la proximité avec Paris jouerait en notre faveur. Force est de constater que l’on rencontre les mêmes problèmes d’accès aux soins dans les zones très urbaines que dans les zones rurales.

Des travaux sont menés de manière transpartisane à l’Assemblée nationale. C’est une thématique qui dépasse les bords politiques. Il serait temps de laisser place à un peu d’imagination et d’accepter de passer par des solutions nouvelles, et beaucoup plus contraignantes pour les médecins.

Certes, il s’agit de professionnels libéraux, mais les médecins sont quand même très largement subventionnés par l’argent du contribuable.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

La parole est à Mme Nathalie Goulet, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Nathalie Goulet

Je soutiens traditionnellement ce type d’amendement. C’est un débat que nous avons déjà eu plusieurs fois. Il n’y a pas d’un côté les gentils et de l’autre les méchants ; on peut avoir une opinion différente sur ces sujets. Il existe d’importants problèmes de démographie médicale un peu partout. Nous tenons là une occasion d’agir.

Du temps de la loi portant réforme de l’hôpital et relative aux patients, à la santé et aux territoires (HPST), nous avions voté un dispositif légèrement contraignant, très vite supprimé par l’adoption d’une proposition de loi déposée par notre ancien collègue Alain Vasselle.

On nous répond que cela ne fonctionne pas, mais on n’a jamais vraiment essayé ! Je voterai donc cet amendement.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

La parole est à M. Daniel Chasseing, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Daniel Chasseing

Mon intervention ne sera pas appréciée des médecins, mais nous avons tellement de difficultés à les attirer en milieu rural que je soutiendrai également cet amendement, d’autant qu’il n’est pas très contraignant.

Il s’agit simplement, en zones hyperdenses – d’aucuns nient leur existence –, de délivrer une autorisation uniquement si l’installation fait suite à la cessation d’activité d’un praticien.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

Je mets aux voix l’amendement n° 481 rectifié ter.

J’ai été saisi d’une demande de scrutin public émanant du groupe Les Républicains.

Je rappelle que l’avis de la commission est défavorable, de même que celui du Gouvernement.

Il va être procédé au scrutin dans les conditions fixées par l’article 56 du règlement.

Le scrutin est ouvert.

Le scrutin a lieu.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

Personne ne demande plus à voter ?…

Le scrutin est clos.

J’invite Mmes et MM. les secrétaires à constater le résultat du scrutin.

Mmes et MM. les secrétaires constatent le résultat du scrutin.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

Voici, compte tenu de l’ensemble des délégations de vote accordées par les sénateurs aux groupes politiques et notifiées à la présidence, le résultat du scrutin n° 48 :

Le Sénat n’a pas adopté.

L’amendement n° 1122 rectifié, présenté par M. Lurel, Mme Bélim, MM. Mérillou et Pla, Mme Conway-Mouret, M. P.Joly et Mmes Monier et Conconne, est ainsi libellé :

Après l’article 26

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

I. – Au premier alinéa de l’article L. 4131-5 du code de la santé publique, l’année : « 2025 » est remplacée par l’année : « 2026 ».

II. – La perte de recettes résultant pour l’État du I est compensée, à due concurrence, par la création d’une taxe additionnelle à l’accise sur les tabacs prévue au chapitre IV du titre Ier du livre III du code des impositions sur les biens et services.

III. – La perte de recettes résultant pour les organismes de sécurité sociale du I est compensée, à due concurrence, par la création d’une taxe additionnelle à l’accise sur les tabacs prévue au chapitre IV du titre Ier du livre III du code des impositions sur les biens et services.

La parole est à M. Patrice Joly.

Debut de section - PermalienPhoto de Patrice Joly

Cet amendement vise à faire face à la désertification médicale, qui est aussi à l’œuvre dans les outre-mer.

L’article 71 de la loi relative à l’organisation et à la transformation du système de santé de 2019 a prévu de permettre aux praticiens à diplôme hors Union européenne (Padhue) de s’installer aux Antilles, en Guyane et à Saint-Pierre-et-Miquelon.

Cette mesure prise à titre dérogatoire et à titre transitoire doit prendre fin au 31 décembre 2025, sans qu’aucune évaluation quantitative et qualitative de l’impact de cette facilitation de recrutement de praticiens formés en dehors du territoire national sur l’offre ait été produite.

Il est donc proposé de reporter cette échéance à 2026.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Mouiller

Monsieur le sénateur, votre demande va être satisfaite par la proposition de loi Valletoux, dans laquelle nous avons reporté l’échéance à 2030 et rajouté Mayotte, qui ne figurait pas sur la liste.

La commission mixte paritaire sur ce texte n’ayant pas encore été réunie, un doute peut subsister, raison pour laquelle je sollicite l’avis du Gouvernement.

En tout état de cause, le Sénat soutient cette position.

Debut de section - Permalien
Aurélien Rousseau

Effectivement, le Sénat a prévu, dans le cadre de la proposition de loi Valletoux, examinée à la fin du mois d’octobre, de reporter à 2030 la fin de cette période transitoire.

Même s’il ne participe pas à la commission mixte paritaire, le Gouvernement a l’intention de tout faire pour que cette disposition soit maintenue dans le texte.

Aussi, je sollicite le retrait de cet amendement.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

Monsieur Joly, l’amendement n° 1122 rectifié est-il maintenu ?

Debut de section - PermalienPhoto de Patrice Joly

Oui, monsieur le président, parce que je ne me sens pas investi du pouvoir de le retirer.

Qui peut le plus peut le moins. Si, d’aventure, la proposition de loi Valletoux était adoptée, en intégrant la disposition évoquée ici, cet amendement deviendrait superfétatoire. En attendant, je le maintiens !

L ’ amendement n ’ est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

L’amendement n° 450 rectifié quater, présenté par MM. P. Joly et Pla, Mmes Narassiguin et Blatrix Contat, MM. M. Weber, Fichet, Bouad, Cozic, Ziane, Redon-Sarrazy, Darras et Tissot, Mme Espagnac, M. Mérillou, Mmes Monier et Bonnefoy, MM. Bourgi, Kerrouche, Ros, Lurel et Jeansannetas et Mmes Conconne et Canalès, est ainsi libellé :

Après l’article 26

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

I. – Après l’article L. 4131-6 du code de la santé publique, il est inséré un article L. 4131-6-… ainsi rédigé :

« Art. L. 4131 -6 -…. – La signature par un médecin généraliste, installé dans une zone caractérisée par une offre de soins particulièrement élevée au sens du 2° de l’article L. 1434-4 du présent code, d’une convention prévue à l’article L. 162-5 du code de la sécurité sociale est subordonnée à l’exercice préalable de son activité, pendant au moins dix-huit mois en équivalent temps plein sur une période maximale de trois ans dans une zone autre que celles évoquées aux 1° et 2° de l’article L. 1434-4 du présent code. Cette durée peut être accomplie, selon le choix du médecin généraliste de manière continue ou par intermittence et à un rythme qu’il détermine.

« Dans l’une des zones caractérisées par une offre de soins insuffisante ou par des difficultés dans l’accès aux soins au sens du 1° du même article L. 1434-4, cette durée est réduite à douze mois sur une période maximale de deux ans. Cette durée peut être accomplie, selon le choix du médecin généraliste, de manière continue ou par intermittence et à un rythme qu’il détermine. Le cas échéant, la période accomplie dans cette zone est prise en compte pour le calcul de la durée mentionnée au premier alinéa du présent article si le médecin généraliste concerné s’installe ultérieurement dans une zone relevant du 2° dudit article.

« Un décret en Conseil d’État fixe les modalités d’application du présent article. »

II. – Le I n’est pas applicable aux médecins généralistes qui, à la date de publication de la présente loi, remplissent les conditions mentionnées au I de l’article L. 632-2 du code de l’éducation.

La parole est à M. Patrice Joly.

Debut de section - PermalienPhoto de Patrice Joly

Puisque nous évoquons la situation des patients dans les zones sous-dotées, je vais prendre le cas particulier des zones rurales.

Qu’y constate-t-on ? De plus en plus de personnes sans médecin référent ; deux fois moins de consultations médicales que la moyenne nationale ; une consommation de services hospitaliers inférieure de 16 % à celle-ci – pour certaines spécialités, ce taux passe à 30 %.

Un chirurgien me disait que, depuis quelque temps, il ne peut plus soigner définitivement les patients qu’il reçoit, parce qu’ils le consultent trois ou quatre mois trop tard. Il les traite, mais la perte de chances est très nette.

En outre, une étude récente a démontré qu’il y avait 14 000 morts de plus dans les territoires ruraux que ce qu’il devrait y avoir si l’accès aux professionnels de santé y était égal à la moyenne nationale.

Au reste, l’espérance de vie y est inférieure de deux ans – jusqu’à quatre ans dans certains territoires. C’est un scandale. Cette situation est complètement inéquitable et inacceptable.

La question se pose : continue-t-on sur cette voie ou essaie-t-on de prendre le problème à bras-le-corps ?

À cet égard, l’amendement que je propose d’adopter fait appel à la solidarité nationale et à la solidarité des professionnels de santé.

Son dispositif est assez simple : il s’agit de laisser les médecins s’installer où ils veulent à l’issue de leurs études. On leur demande seulement de venir travailler à mi-temps, pendant trois ans, dans un territoire non surdoté, durée réduite à deux ans s’ils viennent dans les territoires sous-dotés. Concrètement, ils s’organisent comme ils le souhaitent, pourvu qu’ils fassent l’équivalent de dix-huit mois sur trois ans.

Debut de section - Permalien
Aurélien Rousseau

Monsieur le sénateur, vous évoquez l’existence d’écarts d’espérance de vie sur le territoire. Ils existent et je ne nie pas l’impact que peut avoir, sur ce plan, la couverture en professionnels de santé.

Je répète cependant que leur premier déterminant est constitué par les inégalités sociales de santé.

Debut de section - PermalienPhoto de Patrice Joly

Pas seulement ! Lisez l’étude de l’Association des maires ruraux de France (AMRF) !

Debut de section - Permalien
Aurélien Rousseau

Permettez-moi de finir ma réponse, monsieur le sénateur !

En Île-de-France, entre le sud et le nord de la ligne B du RER, l’écart d’espérance de vie est de dix ans. Pourtant, nous ne nous trouvons, ni d’un côté ni de l’autre de cette ligne, dans des déserts médicaux absolus…

Mon but n’est pas de disqualifier votre remarque. Il s’agit de dire que la lutte passe aussi par la prévention et la mobilisation de tous les autres professionnels de santé.

Par ailleurs, votre amendement propose ce que l’on appelle le conventionnement ou le déconventionnement sélectif.

On constate aujourd’hui qu’un certain nombre de professionnels de santé ont commencé à s’adonner à cette pratique pour faire pression et pour que le C – la rémunération du médecin généraliste – soit augmenté.

Tous les syndicats médicaux, même ceux que l’on dit progressistes, ont annoncé qu’ils s’engageraient dans le déconventionnement si de telles mesures étaient mises en œuvre. Je ne suis donc pas certain que le mouvement dont je viens de parler ne prendra pas une ampleur démesurée. Je pense que nous nous mettrions alors encore plus en péril, la situation étant déjà extrêmement tendue !

Je ne refais pas le débat que nous avons eu il y a seulement quelques semaines, mais je veux vous faire comprendre que je n’ai pas de solution miraculeuse à opposer à votre proposition. Je l’ai moi-même testée et retestée auprès de tous les représentants des syndicats de médecins, y compris ceux qui ont le plus le sens de la responsabilité populationnelle. La réponse est unanime et c’est sans parler de la position des internes…

C’est pourquoi nous avons assoupli les dispositifs d’aides. Nous faisons tout pour renforcer l’attractivité – ce n’est pas aux élus territoriaux que vous êtes que je vais l’apprendre, mesdames, messieurs les sénateurs.

Nous menons de front un chantier avec les doyens pour pousser de jeunes internes à faire leur stage dans des territoires où, pour l’instant, il n’y a pas de médecins. Nous essayons de pousser tous les curseurs, mais, dès que nous basculerons dans un dispositif de coercition, nous risquons, me semble-t-il – c’est notre crainte –, d’aboutir à un raidissement complet, dont le premier effet sera la chute de l’hôpital. De fait, les internes sont aujourd’hui des acteurs majeurs du fonctionnement des hôpitaux.

Cette question est loin d’être secondaire, mais, pour les raisons que je viens de développer, le Gouvernement émet un avis défavorable sur votre amendement.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

La parole est à M. Patrice Joly, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Patrice Joly

Monsieur le ministre, vous évoquez les inégalités sociales, qui induisent une espérance de vie plus faible – jusqu’à sept, huit, voire dix ans –, mais celles-ci s’ajoutent aux inégalités territoriales.

En tout cas, pour ma part, c’est auprès de patients et d’élus de mon département que j’ai testé et retesté ma proposition. Je peux vous dire qu’elle leur convient parfaitement !

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

Je mets aux voix l’amendement n° 450 rectifié quater.

J’ai été saisi d’une demande de scrutin public émanant du groupe Les Républicains.

Je rappelle que l’avis de la commission est défavorable, de même que celui du Gouvernement.

Il va être procédé au scrutin dans les conditions fixées par l’article 56 du règlement.

Le scrutin est ouvert.

Le scrutin a lieu.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

Personne ne demande plus à voter ?…

Le scrutin est clos.

J’invite Mmes et MM. les secrétaires à constater le résultat du scrutin.

Mmes et MM. les secrétaires constatent le résultat du scrutin.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

Voici, compte tenu de l’ensemble des délégations de vote accordées par les sénateurs aux groupes politiques et notifiées à la présidence, le résultat du scrutin n° 49 :

Le Sénat n’a pas adopté.

L’amendement n° 648 rectifié n’est pas soutenu.

L’amendement n° 957, présenté par Mmes Brulin, Apourceau-Poly, Silvani et les membres du groupe Communiste Républicain Citoyen et Écologiste – Kanaky, est ainsi libellé :

Après l’article 26

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Après l’article L. 4131-6 du code de la santé publique, il est inséré un article L. 4131-6-… ainsi rédigé :

« Art. L. 4131 -6 -…. – Dans les zones dans lesquelles le niveau de l’offre de soins est particulièrement élevé, définies par arrêté du directeur général de l’agence régionale de santé, le conventionnement d’un médecin libéral en application de l’article L. 162-5 du code de la sécurité sociale ne peut intervenir qu’en concomitance avec la cessation d’activité libérale d’un médecin exerçant dans des conditions équivalentes dans la même zone. Un décret en Conseil d’État fixe les modalités d’application du présent article. »

La parole est à Mme Cathy Apourceau-Poly.

Debut de section - PermalienPhoto de Cathy Apourceau-Poly

Monsieur le ministre, la ministre chargée de l’organisation territoriale et des professions de santé, Mme Agnès Firmin Le Bodo, a déclaré, voilà quelques mois, que le territoire français était, à 87 %, un désert médical. Paris comme la Nièvre sont des déserts médicaux !

Selon l’atlas de la démographie médicale 2022, les déserts médicaux de médecins généralistes concernent, en tête de classement, les départements du centre et du nord de la France, auxquels s’ajoutent ceux qui entourent le bassin parisien ou les grandes périphéries des métropoles. Il existe donc des nuances de déserts médicaux et des concentrations d’îlots de professionnels dans certains quartiers de certaines villes.

Nous avons conscience que nous devons gérer la pénurie entraînée par le choix d’un numerus clausus extrêmement faible qui a été fait précédemment.

La théorie de la réduction de l’offre de médecins qui devait entraîner une diminution des besoins de santé n’ayant pas fonctionné et, surtout, le vieillissement de la société et le développement des maladies de longue durée n’ayant pas été anticipés, nous devons avoir le courage politique d’organiser l’installation des médecins.

Nous en avons encore débattu au mois d’octobre dernier, lors de l’examen de la proposition de loi Valletoux. Les désaccords transcendent les groupes politiques sur ce sujet. Permettez-moi de renvoyer les opposants aux mesures de régulation aux résultats de la politique de liberté d’installation et d’aides financières que nous avons tentée !

Comme nous ne pouvons pas faire pire, essayons mieux. Instaurons un conventionnement sélectif à l’installation, afin que l’installation d’un médecin dans une zone à forte densité médicale ne puisse intervenir qu’en concomitance avec le départ d’un médecin de cette même zone.

L’objectif de cette disposition est d’inciter les installations dans les zones sous-denses ou en déperdition médicale et d’éviter une trop grande concentration de l’offre de médecine de ville.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Mouiller

Pour les raisons que j’ai évoquées précédemment, l’avis de la commission est défavorable.

Debut de section - Permalien
Aurélien Rousseau

Pardon d’être expéditif, madame la sénatrice, mais, pour les raisons que j’ai développées tout à l’heure en réponse à votre collègue, le Gouvernement émet un avis défavorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

La parole est à Mme Cathy Apourceau-Poly, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Cathy Apourceau-Poly

Chaque fois que nous formulons une proposition, elle est refusée. Nous savons pourtant que nous ne sommes pas encore au creux de la vague, que le pire est devant nous et que nous allons, dans quelques années, manquer de médecins généralistes de manière assez cruelle pour nos populations.

Monsieur le président de la commission, monsieur le ministre, quelle autre solution nous proposez-vous pour éviter les déserts médicaux ? J’aimerais quand même finir par vous entendre ! Dans le Pas-de-Calais, la situation est proprement catastrophique.

Quelles sont vos propositions alternatives ? Que devons-nous répondre à nos populations, aux gens qui nous téléphonent et viennent dans nos permanences ? La plupart de nos maires, dans les territoires ruraux comme dans les villes, sont harcelés par les habitants, qui leur demandent de leur trouver un médecin généraliste. C’est bien normal quand on sait qu’il faut désormais quinze jours, voire trois semaines pour obtenir un rendez-vous médical !

Que comptez-vous faire concrètement pour aider nos populations ? Franchement, je ne vois pas comment nous allons faire.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

La parole est à M. Daniel Chasseing, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Daniel Chasseing

Je souhaite revenir sur une autre disposition qui concerne le même sujet. Les étudiants en quatrième année d’internat – soit en dixième année d’études – ne peuvent effectuer leur stage qu’encadrés par des médecins maîtres de stages. Or, malheureusement, certains médecins sont surbookés et n’ont pas le temps d’assurer ces fonctions.

J’avais déposé un amendement, jugé irrecevable, qui visait à ce que les six derniers mois de la quatrième année d’internat puissent être effectués auprès d’un médecin référent, à savoir un médecin installé et volontaire pour recevoir un médecin thésé en quatrième année.

Ce médecin référent pourrait, en cas de besoin, donner son avis – par exemple sur l’orientation des malades – ou répondre à certaines questions des familles, sans avoir besoin pour autant d’être maître de stage. Je pense que cela aurait pu irriguer les territoires dépourvus de médecins.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

Je mets aux voix l’amendement n° 957.

J’ai été saisi d’une demande de scrutin public émanant du groupe Les Républicains.

Je rappelle que l’avis de la commission est défavorable, de même que celui du Gouvernement.

Il va être procédé au scrutin dans les conditions fixées par l’article 56 du règlement.

Le scrutin est ouvert.

Le scrutin a lieu.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

Personne ne demande plus à voter ?…

Le scrutin est clos.

J’invite Mmes et MM. les secrétaires à constater le résultat du scrutin.

Mmes et MM. les secrétaires constatent le résultat du scrutin.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

Voici, compte tenu de l’ensemble des délégations de vote accordées par les sénateurs aux groupes politiques et notifiées à la présidence, le résultat du scrutin n° 50 :

Le Sénat n’a pas adopté.

L’amendement n° 131 rectifié ter, présenté par MM. Milon, Burgoa, J.B. Blanc et Khalifé et Mmes Demas, Petrus et Aeschlimann, est ainsi libellé :

Après l’article 26

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

I. – À titre expérimental, et pour une durée de trois ans à compter de la promulgation de la présente loi, l’État peut autoriser une évolution des actes réalisés par les manipulateurs en électroradiologie.

II. – Un décret, pris après avis de l’Académie nationale de médecine et de l’Académie nationale de pharmacie, précise les modalités de mise en œuvre de l’expérimentation mentionnée au I, notamment les actes autorisés et les régions concernées.

La parole est à M. Alain Milon.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Milon

Le présent amendement vise à poursuivre la dynamique entreprise ces dernières années quant à la délégation de tâches dans certaines professions de santé.

La radiothérapie fait face à un enjeu de démographie médicale qui entraîne des difficultés d’accès à certaines thérapies, notamment innovantes. Dans un contexte de besoins croissants liés à l’installation de nouveaux équipements, la profession des manipulateurs en électroradiologie médicale (MEM) connaît des tensions dans les établissements de santé, d’une part, et en ville, d’autre part.

Les tâches réalisées et les modalités d’exercice des manipulateurs en radiothérapie sont transformées par les innovations existantes. Les nouvelles technologies provoquent des transformations organisationnelles, qui impliquent un accompagnement, une formation spécifique et une adaptation des pratiques de ces professionnels de santé.

Si le manipulateur en électroradiologie est « destiné à adapter sa pratique professionnelle à l’évolution des sciences et des techniques », comme le précise l’article R. 4351-3 du code de la santé publique, le cadre réglementaire actuel n’est pas adapté à la transformation de leurs pratiques en pleine mutation, au gré des innovations.

Des délégations de tâches sont à l’étude et font l’objet de protocoles de coopération dans certaines régions. Un diplôme universitaire visant à développer une expertise clinique en radiothérapie a été mis en place à l’Institut Gustave-Roussy. En dépit de ces initiatives, l’absence d’une approche nationale et d’un dispositif harmonisé pour reconnaître l’évolution des pratiques par l’ensemble des établissements de santé empêche une évolution concrète des actes réalisés par les MEM.

La pratique avancée constitue un progrès majeur pour les médecins et l’amélioration de la prise en charge, comme en témoigne l’exemple de la profession d’infirmier. En radiothérapie, elle participerait de l’optimisation dans l’organisation du recours aux thérapies, d’une part, et du parcours patient, d’autre part.

Cet amendement vise à proposer une expérimentation de trois ans qui permettra la montée en compétences et la reconnaissance du rôle des MEM dans les traitements de radiothérapie, avant une éventuelle généralisation de cette évolution quant aux délégations de tâches.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Mouiller

Il ne fait pas de doute que le cadre réglementaire aujourd’hui applicable aux MEM est pour partie dépassé par l’évolution rapide des techniques : il semble opportun de réfléchir aux conséquences de cette évolution.

Les risques induits par cet amendement, économe pour les finances sociales, ont semblé très limités à la commission, d’une part, parce que le dispositif est expérimental et, d’autre part, parce qu’il sera encadré par l’avis des Académies nationales de médecine et de pharmacie, ce qui nous semble très positif.

Laissons aux professionnels de santé l’opportunité de réfléchir à leurs pratiques et à leur organisation !

Avis favorable.

Debut de section - Permalien
Aurélien Rousseau

Le métier de manipulateur en électroradiologie médicale, qui se transforme très rapidement, est un métier clé, notamment à l’hôpital. C’est une « denrée » particulièrement rare – pardon de l’exprimer ainsi –, qui fait l’objet d’une concurrence majeure entre les hôpitaux et le secteur privé ; dans ce dernier, en effet, ces professionnels peuvent multiplier leur rémunération par trois ou quatre.

J’exprimerai cependant un désaccord de principe sur cet amendement : je considère, pour ma part, que le bon levier pour atteindre l’objectif que vous évoquez, monsieur le sénateur, ce sont les protocoles de coopération.

Il existe d’ores et déjà des protocoles de coopération validés par la HAS, qui peuvent être généralisés. Je pense notamment à un protocole de coopération lancé au sein de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), désormais disponible dans tous les établissements, qui est destiné à donner aux MEM un rôle spécifique au sein des services d’urgence pour des cas simples, comme des fractures.

Mieux vaut donc, partout où on le peut, pousser les feux sur ce dispositif, plutôt que de s’en remettre à une nouvelle expérimentation. Par ailleurs, cet outil qu’est le protocole de coopération s’est fortement diffusé en quelques années.

J’émettrai donc un avis défavorable sur cet amendement, tout en notant qu’il y a des secteurs dans lesquels les protocoles de coopération se diffusent très vite – je pense à la dispensation de certains produits par les infirmières. Il y en a d’autres, comme l’électroradiologie, où cette diffusion est moins rapide.

Il convient d’encourager les professionnels à se saisir des protocoles existants, et à les mettre ensuite en œuvre. Il n’est guère besoin, en revanche, d’une mesure législative pour mettre en place un cadre expérimental.

Sur le fond, nous partageons l’objectif des auteurs de l’amendement ; mon avis défavorable est donc plutôt fondé sur le moyen préconisé.

L ’ amendement est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l’article 26.

L’amendement n° 1239, présenté par MM. Fichet et Jomier, Mme Le Houerou, M. Kanner, Mmes Canalès, Conconne, Féret, Lubin, Poumirol et Rossignol, MM. Redon-Sarrazy, Kerrouche, Chantrel et Lurel, Mme Bélim, MM. Jacquin, Ziane, Ouizille et Michau, Mmes Bonnefoy et Harribey, MM. Temal et Durain, Mme G. Jourda, MM. Féraud et Cardon, Mme Blatrix Contat, MM. Cozic, P. Joly et Stanzione, Mmes Conway-Mouret et Monier, MM. Chaillou, Tissot et Marie, Mme Artigalas, MM. Mérillou, Gillé et Montaugé, Mme Linkenheld et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Après l’article 26

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Dans un délai de six mois à compter de la promulgation de la présente loi, le Gouvernement remet au Parlement un rapport portant sur l’article 48 de la loi n° 2020-1576 du 14 décembre 2020 de financement de la sécurité sociale pour 2021.

Ce rapport analyse plus largement les conséquences financières et organisationnelles de la régulation de l’intérim médical relevant de l’article L. 6146-4 du code de la santé publique, en particulier en matière de fermetures de lits et de services, dans les centres hospitaliers dits de proximité ou intermédiaires, et plus spécifiquement pour les services qui fonctionnent majoritairement avec des personnels assurant des missions d’intérim.

La parole est à Mme Annie Le Houerou.

Debut de section - PermalienPhoto de Annie Le Houerou

Cet amendement, initialement porté par notre collègue finistérien Jean-Luc Fichet et repris par notre groupe, vise à demander un rapport sur les conséquences financières et organisationnelles de la régulation de l’intérim médical.

Je ne reviendrai pas sur la situation de l’hôpital public, qui se caractérise par une dégradation des conditions d’accueil, l’épuisement des personnels, la fermeture de nombreux services, etc. Vous avez parlé de maternités où l’on ne compte que quatre-vingt-seize accouchements par an, monsieur le ministre ; c’est un cas parmi d’autres… Dans mon territoire, il y a une maternité qui ferme temporairement, alors même qu’elle assure cinq cents accouchements par an !

La régulation de l’intérim médical était nécessaire. Toutefois, le fonctionnement des centres hospitaliers de proximité en milieu rural a été bouleversé par la mise en œuvre de cette régulation.

Certains de leurs services fonctionnaient en effet majoritairement avec des personnels relevant de l’intérim médical : c’est le cas de l’hôpital de Carhaix, notamment de son service d’urgence qui fermait quelques nuits par semaine ; il en est de même à Pontivy et à Guingamp. Au sein du centre hospitalier régional universitaire (CHRU) de Brest-Carhaix, qui est l’hôpital le plus proche, quinze urgentistes manquaient sur quarante-trois, sans que l’agence régionale de santé (ARS) Bretagne soit en mesure de proposer des solutions, hormis celles relevant des ressources humaines en interne. Alors, tout le monde s’est mis autour de la table, un protocole d’accord a été signé et des solutions ont été trouvées.

Au vu des dysfonctionnements résultant de la régulation et de la mise en œuvre de l’intérim médical, nous demandons que soit réalisée une évaluation de l’application de ladite régulation, afin que soient envisagées des mesures d’adaptation permettant de prendre le relais.

La prime de solidarité territoriale, par exemple, ne fonctionne pas dans certains centres hospitaliers, comme ceux de Carhaix et de Pontivy. Il est possible de trouver des solutions ; j’en veux pour preuve l’exemple que j’ai cité.

L ’ amendement n ’ est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

L’amendement n° 1276, présenté par M. Jomier, Mme Le Houerou, M. Kanner, Mmes Canalès, Conconne et Féret, M. Fichet, Mmes Lubin, Poumirol et Rossignol, MM. Redon-Sarrazy, Kerrouche, Chantrel et Lurel, Mme Bélim, MM. Jacquin, Ziane, Ouizille et Michau, Mmes Bonnefoy, Harribey et G. Jourda, MM. Temal, Durain, Féraud et Cardon, Mme Blatrix Contat, MM. Cozic, P. Joly et Stanzione, Mmes Conway-Mouret et Monier, MM. Chaillou, Tissot et Marie, Mme Artigalas, MM. Mérillou, Gillé et Montaugé, Mme Linkenheld et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Après l’article 26

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Le Gouvernement remet un rapport au Parlement, avant le 31 mars 2024, ayant pour but de prévoir un plan de développement, de financement et de programmation triennal de l’offre concernant les appartements de coordination thérapeutique, les lits halte soins santé et les lits d’accueils mutualisés.

Ce rapport devra établir une feuille de route précise du développement et du financement de ces prises en charge sur les années à venir.

La parole est à M. Bernard Jomier.

Debut de section - PermalienPhoto de Bernard Jomier

Au travers de cet amendement, qui vise à demander un rapport, nous souhaitons attirer l’attention sur le manque de lits halte soins santé (LHSS), de lits d’accueils médicalisés (LAM) et d’appartements de coordination thérapeutique (ACT). Ces structures, qui accueillent des personnes en situation de précarité, et donc souvent sans-abri, sont indispensables dans la chaîne de soins.

Les LHSS, par exemple, accueillent des personnes qui, en l’absence de telles structures, resteraient hospitalisées à l’occasion, par exemple, de la surveillance d’un traitement anti-infectieux prolongé. Ces personnes n’ayant pas de logement, ce dispositif d’accueil est précieux. Or ces structures ne sont pas en nombre suffisant, qu’il s’agisse des LHSS, des LAM ou des ACT. Il manque ainsi plusieurs milliers d’appartements, voire 10 000 selon certaines estimations.

Nous souhaitons donc que le Gouvernement procède à une programmation sur les trois années à venir, afin de renforcer ce secteur essentiel pour soigner les personnes en situation de précarité.

L ’ amendement n ’ est pas adopté.

Le code de la santé publique est ainsi modifié :

1° Après le deuxième alinéa de l’article L. 6311-3, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :

« Il peut organiser une réponse psychiatrique spécifique, coordonnée avec les dispositifs de psychiatrie d’intervention en urgence, pour les appels relevant d’un motif psychiatrique et une réponse pédiatrique spécifique pour les appels relevant d’un motif pédiatrique. » ;

2° L’article L. 3221-5-1 est complété par un alinéa ainsi rédigé :

« Ce dispositif peut s’appuyer sur l’organisation de la réponse psychiatrique spécifique prévue à l’article L. 6311-3. »

Debut de section - PermalienPhoto de Daniel Chasseing

Cet article prévoit l’organisation d’« une réponse psychiatrique spécifique, coordonnée avec les dispositifs de psychiatrie d’intervention en urgence, pour les appels relevant d’un motif psychiatrique et une réponse pédiatrique spécifique pour les appels relevant d’un motif pédiatrique ».

Ces consultations et mobilisations dans le cadre d’interventions d’urgence pourraient être bénéfiques s’il existait dans les territoires des solutions correspondant à un besoin identifié. Ainsi, en Corrèze, comme dans d’autres départements, il n’y a pas de services de pédopsychiatrie ; il y en a à Limoges, mais il est impossible d’y accéder.

On constate que de jeunes mineurs relevant des centres départementaux de l’enfance (CDE) ou des maisons d’enfants à caractère social (Mecs) présentent des troubles psychotiques ou des troubles du comportement, se livrent à des violences qui entraînent de graves dégradations ou profèrent des menaces – tout cela provoque une désorganisation des services.

Sur le plan pratique, avec le nouveau dispositif, ces mineurs seront adressés aux services d’urgence et ressortiront quelques heures plus tard avec un traitement qu’ils ne prendront pas.

Il n’y a pas de lits de pédopsychiatrie permettant d’accueillir ces jeunes au cours d’un séjour de rupture, durant lequel ils pourraient prendre un traitement. Il en résulte une gestion absolument catastrophique des CDE et des Mecs.

Comme la commission des affaires sociales l’a souligné, il est nécessaire de mettre en place des structures d’accès aux soins, qui soient adaptées à ces situations. Lorsque les symptômes que la personne présente ne sont pas graves, soit elle quitte très vite le service d’urgence, soit elle y reste quelques heures ; il n’y a donc pas de problème. En revanche, en cas de symptômes psychotiques graves, l’hospitalisation est nécessaire : l’absence de lits est alors très problématique.

Je souhaitais donc vous interpeller, monsieur le ministre, sur le manque de lits pour ces patients dans nos départements, notamment en Corrèze.

L ’ article 26 bis est adopté.

À l’article L. 162-13-4 du code de la sécurité sociale, la référence : « L. 6213-3 » est remplacée par la référence : « L. 6212-3 ». –

Adopté.

Le III de l’article 49 de la loi n° 2022-1616 du 23 décembre 2022 de financement de la sécurité sociale pour 2023 est ainsi modifié :

1° À la première phrase les mots : « dans un délai de quatre mois à compter de la promulgation de la présente loi » sont remplacés par les mots : « jusqu’au 1er mars 2024 » ;

2° À la fin de la seconde phrase, la date : « 1er juillet 2023 » est remplacée par la date : « 1er mars 2024 »

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

L’amendement n° 269, présenté par Mme Imbert, au nom de la commission des affaires sociales, est ainsi libellé :

Supprimer cet article.

La parole est à M. le rapporteur.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Mouiller

Cet article vise à prolonger une autorisation légale donnée aux ministres pour définir par arrêté les forfaits techniques compensant les frais d’équipement des médecins radiologues. Cette autorisation législative avait été introduite par le Gouvernement dans le dernier PLFSS, en nouvelle lecture, et visait à inclure les produits de contraste au sein des frais couverts par ces forfaits.

Le Gouvernement a fait alors un usage étonnant de son pouvoir réglementaire en prenant un arrêté en avril 2023, pour l’abroger quelques mois plus tard. Cet article est donc un nouveau revirement demandant un nouveau délai pour prendre un troisième arrêté.

Le Parlement n’a été tenu au courant, ni cette année ni en 2022, des intentions précises du Gouvernement et des raisons qui justifieraient de prendre de court la négociation conventionnelle. L’autorisation législative est toujours demandée par voie d’amendement, sans estimation financière des enjeux.

Pour toutes ces raisons, le présent amendement de la commission vise à supprimer cet article.

Debut de section - Permalien
Aurélien Rousseau

J’admets, monsieur le président de la commission, que le Gouvernement a évolué sur ce sujet ou, à tout le moins, a tâtonné. Je reviendrai successivement sur l’objectif de cet article, puis sur le cheminement suivi, et enfin sur la proposition.

L’objectif est simple. Seuls deux pays dans le monde, le Japon et la France, procèdent au conditionnement individuel pour les produits de contraste : il est demandé au patient qui doit subir certains examens médicaux de venir avec son produit, qu’il aura préalablement acheté en pharmacie. Or les différents acteurs concernés ont la conviction que nous devrions nous aligner sur les autres pays. Après tout, il arrive que le génie français doive s’incliner devant l’expérience d’autrui…

Sourires.

Debut de section - Permalien
Aurélien Rousseau

Il s’agirait donc de prévoir des conditionnements multiusages, qui seront achetés par les professionnels de santé ou l’hôpital et pris en charge dans leur forfait. Telle était l’intention du Gouvernement.

Par la suite, des sociétés savantes et des spécialistes en radiologie nous ont alertés – et nous les avons pris au sérieux. Ils craignaient en effet que certains radiologues ne soient tentés d’utiliser moins de produits de contraste, qui sont très chers, au prix de clichés de moins bonne qualité, et que cela crée une distorsion entre l’hôpital public et le secteur privé. Ils souhaitaient donc que nous définissions et encadrions les bonnes pratiques.

Pour ma part, je persiste à penser que cette évolution est nécessaire, même s’il convient de l’encadrer. Ce sera l’objet de l’amendement n° 1296 du Gouvernement dont nous débattrons dans quelques instants.

Encore une fois, je trouve plus sain que les produits de contraste soient inclus dans le forfait du radiologue, qu’il travaille en libéral ou à l’hôpital. Par ailleurs, cela permettrait de réduire considérablement le gaspillage de ces produits qui, d’un point de vue écologique, sont assez terrifiants.

Je considère donc qu’il s’agit d’une bonne mesure, même si l’on est sans doute allé trop vite l’an dernier. Les sociétés savantes nous ayant alertés à cet égard, nous revenons aujourd’hui devant vous avec la même intention, mais en ayant mieux encadré ce dispositif grâce à un travail conjoint avec les meilleurs spécialistes des produits de contraste.

J’espère avoir été clair… Cette disposition permettra de réaliser des économies très substantielles sur ces produits dont le prix est très élevé, et de répondre à un enjeu écologique majeur, compte tenu de leur caractère très difficilement recyclable. En effet, la dose individuelle est parfois quatre à cinq fois supérieure à celle qui serait véritablement nécessaire ; un conditionnement plus grand permettrait de résoudre ce problème.

C’est pour ces raisons que le Gouvernement est défavorable à cet amendement.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Mouiller

Je vais me permettre de faire une entorse à nos habitudes : au vu des explications que vient de nous donner le ministre, je retire le présent amendement au bénéfice de l’amendement n° 1296, que nous allons examiner dans quelques instants.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

L’amendement n° 269 est retiré.

Je suis saisi de trois amendements faisant l’objet d’une discussion commune.

L’amendement n° 1049, présenté par Mme Nadille, MM. Patriat, Iacovelli, Théophile, Bitz, Buis et Buval, Mmes Cazebonne et Duranton, M. Fouassin, Mme Havet, MM. Haye, Kulimoetoke, Lemoyne, Lévrier, Mohamed Soilihi, Omar Oili et Patient, Mme Phinera-Horth, MM. Rambaud et Rohfritsch et Mme Schillinger, est ainsi libellé :

Après l’alinéa 2

Insérer un alinéa ainsi rédigé :

…°Après la première phrase est insérée une phrase ainsi rédigée : « L’arrêté susmentionné peut prévoir la création d’un supplément facturable par les spécialités utilisant des produits de contraste et non éligibles à la facturation de forfaits techniques. »

La parole est à Mme Solanges Nadille.

Debut de section - PermalienPhoto de Solanges NADILLE

Monsieur le président, je vais retirer cet amendement au profit de notre amendement suivant n° 1073.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

L’amendement n° 1049 est retiré.

Les deux amendements suivants sont identiques.

L’amendement n° 1073 est présenté par Mme Nadille.

L’amendement n° 1296 est présenté par le Gouvernement.

Ces deux amendements sont ainsi libellés :

Compléter cet article par un alinéa ainsi rédigé :

…°Est ajoutée une phrase ainsi rédigée : « L’arrêté susmentionné peut prévoir la création d’un supplément facturable par les spécialités utilisant des produits de contraste et non éligibles à la facturation de forfaits techniques. »

La parole est à Mme Solanges Nadille, pour présenter l’amendement n° 1073.

Debut de section - PermalienPhoto de Solanges NADILLE

L’article 49 de la loi de financement de la sécurité sociale pour 2023 prévoyait que les produits de contraste seraient intégrés dans le périmètre des charges financées par les forfaits techniques en imagerie médicale.

Cette mesure devait initialement entrer en vigueur le 1er juillet 2023. Or, compte tenu des contraintes opérationnelles identifiées lors des échanges avec les parties prenantes, il a été décidé de reporter sa mise en œuvre au 1er mars 2024. L’article 26 quater met en œuvre ce report.

Au travers du présent amendement, nous souhaitons compléter cet article afin de revaloriser les actes associés à l’utilisation des produits de contraste pour lesquels il n’existe pas de forfait technique. Cela permettra de compenser, pour les professionnels concernés – principalement les rhumatologues – le coût lié à l’acquisition des produits de contraste.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

La parole est à M. le ministre, pour présenter l’amendement n° 1296.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

Quel est l’avis de la commission sur ces deux amendements identiques ?

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

Je mets aux voix les amendements identiques n° 1073 et 1296.

Les amendements sont adoptés.

L ’ article 26 quater est adopté.

L’article 20-3 de l’ordonnance n° 96-1122 du 20 décembre 1996 relative à l’amélioration de la santé publique, à l’assurance maladie, maternité, invalidité, décès et autonomie, au financement de la sécurité sociale à Mayotte et à la caisse de sécurité sociale de Mayotte est complété par un alinéa ainsi rédigé :

« Les dispositions relatives aux centres de santé prévues aux articles L. 162-32 à L. 162-32-4 du même code sont applicables à Mayotte. » –

Adopté.

I. – À titre expérimental et pour une durée de trois ans, il est mis en place par l’agence régionale de santé un parcours « dépression post-partum », qui associe des professionnels médicaux et des psychologues hospitaliers et libéraux, des sages-femmes et des puéricultrices, dans le cadre d’une approche pluridisciplinaire visant à mieux accompagner les femmes confrontées à une dépression post-partum. Les frais relatifs à cette expérimentation sont pris en charge par le fonds d’intervention régional mentionné à l’article L. 1435-8 du code de la santé publique.

Ce parcours a pour objectif de prendre en charge le plus précocement possible les femmes diagnostiquées, de développer la formation des professionnels médicaux sur les conséquences psychologiques du post-partum, d’améliorer l’orientation de ces femmes, de faciliter leur accès à un suivi psychologique et d’améliorer le suivi médical des femmes qui vivent une dépression post-partum. Il vise à systématiser l’information des femmes sur la dépression post-partum, sur les possibilités de traitement ou d’intervention et sur les dispositifs de suivi médical et d’accompagnement psychologique disponibles.

II. – Un décret détermine les modalités de mise en œuvre de l’expérimentation mentionnée au I du présent article. Les ministres chargés de la santé et de la sécurité sociale arrêtent la liste des territoires participant à cette expérimentation, dans la limite de six régions.

III. – Au plus tard trois mois après le terme de l’expérimentation, le Gouvernement adresse au Parlement un rapport d’évaluation, qui se prononce notamment sur la pertinence d’une généralisation.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

L’amendement n° 270, présenté par Mme Imbert, au nom de la commission des affaires sociales, est ainsi libellé :

I. – Alinéa 1, première phrase

1° Supprimer les mots :

« dépression post-partum »

2° Remplacer la deuxième occurrence du mot :

et

par le signe :

3° Supprimer les mots :

, des sages-femmes

II. – Alinéa 2, première phrase

1° Remplacer la deuxième occurrence du mot :

le

par le mot :

leur

2° Supprimer les mots :

des femmes qui vivent une dépression post-partum

La parole est à M. le président de la commission.

L ’ amendement est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

L’amendement n° 271, présenté par Mme Imbert, au nom de la commission des affaires sociales, est ainsi libellé :

Alinéa 4

Remplacer le mot :

après

par le mot :

avant

La parole est à M. le président de la commission.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Mouiller

Cet amendement vise à avancer la date à laquelle le Gouvernement doit adresser au Parlement un rapport d’évaluation destiné à donner un avis sur la pertinence d’une généralisation.

L ’ amendement est adopté.

L ’ article 26 sexies est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

Chapitre II

Garantir la soutenabilité de notre modèle social

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

L’amendement n° 273, présenté par Mme Imbert, au nom de la commission des affaires sociales, est ainsi libellé :

Avant l’article 27

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

L’article L. 160-13 du code de la sécurité sociale est ainsi modifié :

1° Le premier alinéa du II est complété par deux phrases ainsi rédigées : « Les commissions de l’Assemblée nationale et du Sénat saisies au fond des projets de loi de financement de la sécurité sociale sont saisies pour avis de tout projet de décret en Conseil d’État modifiant le plafond du montant de la participation forfaitaire. Le cas échéant, la signature du décret en Conseil d’État ne peut intervenir qu’après réception des avis de ces commissions ou, à défaut, après l’expiration d’un délai de sept jours. » ;

2° Le dernier alinéa du III est complété par deux phrases ainsi rédigées : « Les commissions de l’Assemblée nationale et du Sénat saisies au fond des projets de loi de financement de la sécurité sociale sont saisies pour avis de tout projet de décret modifiant le montant de la franchise annuelle pour au moins l’une des prestations ou l’un produits mentionnés aux 1°, 2°, 3° et 4° du présent III. Le cas échéant, la signature du décret ne peut intervenir qu’après réception des avis de ces commissions ou, à défaut, après l’expiration d’un délai de sept jours. »

La parole est à M. le président de la commission.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Mouiller

Je vais résumer l’intention politique de cet amendement très technique. Lors de la discussion générale et des auditions au sein de la commission, nous avons évidemment évoqué la question des franchises.

À cet égard, il subsiste une incompréhension : le doublement de la participation forfaitaire et de la franchise médicale ne figure pas dans le PLFSS. Nous savons bien que cette mesure relève du pouvoir réglementaire, mais même l’intention y afférente n’est pas indiquée dans les annexes du projet de loi. Pourtant, cette estimation est intégrée dans les recettes attendues en vue de respecter l’objectif national de dépenses d’assurance maladie (Ondam)…

Quelle est votre intention, monsieur le ministre ? Y aurait-il un problème de chiffrage ?

Afin de vous aider, puisque j’ai le sentiment que vous n’avez pas forcément la réponse pour le moment, nous vous proposons de venir en débattre devant les commissions des affaires sociales des deux chambres.

Debut de section - Permalien
Aurélien Rousseau

M. Aurélien Rousseau, ministre. Je vous remercie, monsieur le président, de cette proposition d’aide, qui me touche.

Rires.

Debut de section - Permalien
Aurélien Rousseau

Je serai le plus transparent possible : la décision qui conduirait à augmenter les franchises médicales n’est pas prise, mais, comme ont pu le constater les députés, le dossier a été totalement expertisé.

Cette décision n’est pas encore prise, parce que je souhaitais disposer de la totalité des éléments d’information nécessaires – ce n’est pas possible en appuyant sur un bouton ! –, notamment la répartition de l’impact de cette mesure, laquelle maintiendrait toutefois le plafond actuel à hauteur de 50 euros.

J’avais donné devant votre commission une première réponse à votre question. Les travaux statistiques nous permettent de conclure que la quasi-totalité des patients en affections de longue durée (ALD) atteint déjà ce plafond et que leur situation ne se dégraderait pas dans le cas d’un maintien dudit plafond.

J’ai souhaité disposer d’éléments complémentaires, notamment pour connaître – même si ce n’est pas simple, pour des raisons liées à l’exploitation des systèmes d’information de l’assurance maladie – l’impact moyen du doublement de la participation forfaitaire et de la franchise sur les médicaments. Les éléments dont je dispose indiquent que, pour l’assuré « lambda » qui se rend peu de fois par an chez le médecin, ce doublement équivaudrait à 17 euros par an, en moyenne.

Nous savons bien que nous sommes dans une période où nos concitoyens sont très sensibles à la question du pouvoir d’achat. De plus, quatre mois de consultations obligatoires avec les caisses d’assurance maladie sont prévus pour ce type de décision.

Je n’aurai aucun problème à venir discuter de ce sujet devant votre commission, mais je ne conditionnerai pas l’exercice du pouvoir réglementaire, autonome, du Gouvernement à l’aval du Parlement.

Je comprends parfaitement que vous souhaitiez être éclairés. En tout cas, si une telle décision était prise, elle ne s’appliquerait pas sur l’ensemble de l’année 2024 en raison des quatre mois dont je viens de parler ; nous aurons donc besoin de savoir quelles mesures de compensation prendre par rapport aux recettes escomptées.

Il nous faut également vérifier sur le plan statistique qu’il n’y aura pas de perdants structurels ; à ce stade, je n’en vois pas, mais j’attends encore des données de l’assurance maladie.

Lorsque j’aurai lancé la procédure de consultation, je vous transmettrai tous les éléments dont je dispose, monsieur le président de la commission, et je me tiens à la disposition des membres de la commission pour répondre à leurs questions.

En attendant, j’émets un avis défavorable sur cet amendement.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

La parole est à Mme Céline Brulin, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Céline Brulin

Monsieur le ministre, ce qui se pense bien s’énonce clairement et les mots pour le dire viennent aisément !

Je suis effarée : tandis que nous examinons ce projet de budget de la sécurité sociale, lequel représente tout de même 640 milliards d’euros, et que nous sommes réunis dans cet hémicycle depuis plus d’une trentaine d’heures, cette disposition, qui est de l’ordre de 800 millions d’euros, me semble-t-il, …

Debut de section - PermalienPhoto de Céline Brulin

… n’a pas encore été tranchée par le Gouvernement ! C’est intolérable pour la représentation nationale et encore davantage pour nos concitoyens, alors même que 6 millions d’entre eux sont privés de médecin traitant, et alors qu’ils ont subi des pénuries de médicaments et qu’ils doivent de plus en plus souvent, pour avoir accès aux soins et à la santé, se livrer à un véritable parcours du combattant.

Il serait honnête et sain pour la poursuite de nos débats et pour la crédibilité politique que vous puissiez nous dire si, oui ou non, le Gouvernement augmentera les franchises médicales !

Je terminerai en disant que, depuis le début de l’examen du PLFSS, nous avons passé l’essentiel du temps à travailler sur les recettes. Nous avons, les uns et les autres, en particulier le groupe CRCE-K, fait des propositions en la matière…

Debut de section - PermalienPhoto de Céline Brulin

.. qui ont été refusées quasi systématiquement au motif qu’il s’agissait d’abord de diminuer les dépenses.

Or l’on constate ici que c’est sur nos concitoyens, sur les patients, sur les malades, que le Gouvernement veut faire peser un effort considérable.

Monsieur le ministre, je considère que nous ne pourrons pas poursuivre le débat si vous n’apportez pas davantage d’éclaircissements.

Quant à cet amendement, je le voterai sans aucun problème. Toutefois, j’ai vu parfois des levées de boucliers en commission des affaires sociales, qui se sont traduites par des votes allant dans un autre sens dans l’hémicycle. J’espère que la commission ira jusqu’au bout de son geste et que nous continuerons ensemble, jusqu’au bout, j’y insiste, de refuser ce genre de pratique.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

La parole est à Mme Corinne Féret, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Corinne Feret

Monsieur le ministre, je m’associe aux propos que vient de tenir Céline Brulin et je veux moi aussi vous interpeller.

Au travers de cet amendement, vous en venez enfin à évoquer le doublement des franchises. Vous rendez-vous compte que cela fait de nombreuses heures que nous discutons de ce budget de la sécurité sociale et que c’est incidemment, pourrait-on dire, que vous évoquez cette mesure qui n’a rien de neutre.

Certains collègues considèrent sans doute qu’elle relève du symbole, tout comme cela avait été le cas lorsque, au début de son précédent mandat, le président Macron avait décidé de diminuer les aides personnelles au logement (APL).

Vous voulez désormais doubler les franchises et vous nous dites que la dépense supplémentaire sera de 17 euros en moyenne pour nos concitoyens. Monsieur le ministre, savez-vous bien ce que représentent ces 17 euros pour celles et ceux qui n’ont déjà pas les moyens de finir le mois ? Compte tenu du niveau d’inflation que nous connaissons, vous rendez-vous compte de ce que cette somme représente ?

Certes, le Président de la République promet que les impôts n’augmenteront pas. Mais, précisément, votre mesure n’est-elle pas une façon indirecte d’augmenter la contribution de nos concitoyens ? Vous nous dites qu’il y a des économies à trouver et, en effet, vous les trouvez sur le dos des Français.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

La parole est à Mme Raymonde Poncet Monge, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Raymonde Poncet Monge

Je remarque, monsieur le ministre, que vous avez étudié l’impact financier de la mesure : elle se fera à plafond inchangé et coûtera 17 euros en moyenne aux Français. Mais vous ne posez pas la question dans les bons termes.

Qu’est-ce que cette mesure changera dans le comportement d’accès aux soins ? Voilà la question que devrait se poser un ministre de la santé et qui ne conviendrait sans doute pas à un ministre des finances.

Le doublement des franchises vise à récupérer 800 millions d’euros sur les ménages. Or nous vous avons fait des propositions susceptibles de rapporter 100 millions, 200 millions ou 500 millions d’euros, mais vous les avez refusées au nom du « choc » fiscal…

Rappelons-nous ce qu’était initialement le but de la mise en place des franchises : il s’agissait, nous disait-on, d’inciter les Français à être plus responsables, en empêchant les consultations et les médicaments de confort.

La question que vous devez vous poser, en tant que ministre de la santé, concerne l’impact que cette mesure aura sur le recours aux soins et sur la consommation de soins, en prenant en compte le risque du non-recours, qui concernera ceux pour qui la somme supplémentaire de 17 euros sera rédhibitoire.

Debut de section - Permalien
Aurélien Rousseau

Tout d’abord, je conçois tout à fait qu’une telle mesure ne soit pas neutre.

Madame la sénatrice Brulin, je peux tout entendre, mais je n’accepte pas que vous mettiez en cause mon honnêteté.

Debut de section - PermalienPhoto de Céline Brulin

Il ne s’agit pas de votre honnêteté personnelle.

Debut de section - Permalien
Aurélien Rousseau

En tout cas, ce n’est pas le sujet.

Ensuite, je précise pour lever toute ambiguïté que la dépense supplémentaire serait en moyenne de 17 euros sur l’année.

De plus, je ne vous autorise pas à laisser entendre que je n’aurais aucune idée de ce que représentent ces 17 euros pour nos concitoyens, et je le dis clairement. Vous avez parfaitement le droit d’être en désaccord politique avec moi sans que cela laisse cours à de tels sous-entendus. J’ai l’expérience de la vie, tout comme vous, et je sais ce que représente une dépense de 17 euros.

En outre, je ne peux pas accepter l’argument qui consiste à dire que cette mesure serait présentée de manière détournée et à laisser entendre que vous auriez débusqué quelque chose de mystérieux.

Il se trouve que j’ai été le premier à parler de la hausse des franchises, le 22 juillet dernier, alors que j’étais ministre depuis deux jours. Pourquoi l’ai-je fait ? Parce que la mesure figurait dans les tablettes de la direction de la sécurité sociale au moment où l’on préparait le budget. J’ai donc dit que le doublement des franchises faisait partie des options possibles et que je me battrais, si la mesure devait être retenue, pour que l’on ne touche pas au plafond.

Il semble qu’il y ait parmi vous des apprentis détectives qui auraient découvert un projet secret du Gouvernement… En réalité, c’est moi, en tant que ministre de la santé, qui ai installé ce sujet dans le paysage.

Par ailleurs, pour reprendre ce que vous avez évoqué, madame la sénatrice Poncet Monge, la question est double. Il y a d’abord celle des recettes, qui ne fait aucun doute, ensuite celle qui consiste à savoir si la mesure peut produire un effet, dans un sens ou dans un autre, sur le comportement de nos concitoyens en matière de consommation de médicaments, le terme n’ayant rien de péjoratif.

Je réponds très simplement que ce sera le cas, selon moi, et que l’effet s’exercera sur la plupart de nos concitoyens. Il ne s’agit pas de m’en réjouir ou de m’en attrister. Il est toujours compliqué d’expliquer pourquoi l’on choisit tel ou tel moment pour revoir les franchises, notamment à ceux qui ont une mutuelle. D’ailleurs, le recouvrement des franchises est un sujet en soi.

Nos concitoyens doivent-ils changer de comportement par rapport aux médicaments ? Il ne fait aucun doute que oui. La consommation de médicaments a progressé de 7, 7 % en volume en 2021. J’ai entendu, précédemment, certaines interventions très émouvantes sur les risques liés à la surconsommation de médicaments, dont l’antibiorésistance.

Donc, oui, je considère que nous devons ouvrir une réflexion sur notre consommation de médicaments, y compris pour des raisons écologiques – il ne s’agit pas là d’un clin d’œil qui serait ridicule.

Celle-ci ne pourra pas être menée de manière isolée : la consommation d’antidépresseurs, par exemple, est révélatrice de l’état de la société et nous ramène au sujet de la santé mentale.

Le parcours pédestre ou automobile d’une personne qui sort de chez le médecin est assez prévisible. Généralement, elle se rendra directement à la pharmacie après la consultation, où elle achètera ses médicaments qui seront remboursés en moyenne à 82 % par l’assurance maladie obligatoire et à 14 % par les complémentaires, puis elle rentrera chez elle. C’est du moins ce que je fais : j’habite dans le XIXe arrondissement de Paris et je ne repasse pas par chez moi avant d’aller à la pharmacie. Ainsi, quand j’arrive chez moi, j’ai le Pivalone dont j’ai besoin pour soigner mes enfants.

L’enjeu pourrait donc se résumer à cette question, que j’assume de formuler ainsi : est-ce que l’éventuel doublement des franchises médicales est un élément de modification des comportements en matière de consommation ou d’accès aux médicaments ? La réponse peut aller dans les deux sens. Certains considéreront que les franchises restent en grande partie invisibles de sorte que leur doublement ne changerait rien ; d’autres verront dans cette mesure un moyen de signaler que le médicament n’est pas un bien de consommation comme les autres. La question reste ouverte.

Pour en revenir au sujet de l’honnêteté, je veux bien accepter qu’il s’agisse de celle du Gouvernement. Je le dis d’autant plus tranquillement que vous l’avez laissé entendre dans votre propos, madame la sénatrice Brulin.

Si cette mesure n’est vécue que comme une manœuvre pour faire les fonds de poche déjà pas très remplis des Français et qu’elle ne change rien aux comportements en matière de consommation des médicaments, nous aurons en effet tout raté. Si l’on ne voit dans cette mesure que le fait qu’elle pèse sur le pouvoir d’achat, nous aurons également tout raté.

En effet, le doublement des franchises ne peut avoir de sens que si l’on réalise, parallèlement, un travail extrêmement poussé sur la pertinence de la délivrance des médicaments et de la prescription des actes. Or ces sujets constituent précisément l’axe majeur de la mission que j’ai confiée à l’assurance maladie dans la négociation avec les médecins.

Oui, je pense que la consommation de médicaments est un enjeu majeur dans ce pays et qu’il n’est pas soutenable – au moins au sens économique du terme – qu’elle augmente de 7 % par an. Il faut donc réduire cette dépense.

Nous pouvons le faire dans le cadre des négociations avec les industriels et nous pourrons avoir un débat sur l’intensité de la charge qu’il convient de faire peser sur eux, car ils sont nombreux à fournir de l’emploi dans notre pays.

Toutefois, quand je parle de responsabilisation, je ne veux pas dire culpabilisation du patient qui doit prendre des médicaments prescrits par son médecin.

Il n’empêche que ce pays figure parmi les plus gros consommateurs de médicaments : nous étions ainsi le quatrième consommateur d’antibiotiques en Europe et nous remontons dans le classement.

Je redis donc que la situation est préoccupante. Pour traiter le sujet, il faudra prendre en compte non seulement les patients, mais aussi les médecins, sans doute les pharmaciens, ainsi que les visiteurs médicaux – on ne les appelle plus ainsi –, dont nous avons déjà parlé. Le sujet est global.

Je considère, à titre personnel, que dans la situation où nous sommes – nous l’avons déjà évoquée – nous devons faire des efforts pour renforcer notre hôpital public et pour développer l’attractivité des professions de santé.

Si donc j’étais seul à décider, j’assumerais de porter cette mesure devant les Français, car elle permettrait de dégager 800 millions d’euros que nous pourrions utiliser pour revaloriser la rémunération des soignants. N’y voyez pas de démagogie : ce montant équivaut au coût que représente l’augmentation de 25 % dont doivent bénéficier les soignants pour leur travail de nuit. Je le dis tel que je le pense.

La différence entre le PLFSS et le projet de loi de finances (PLF), c’est que les 800 millions d’euros de recettes potentielles ne serviront pas à financer une part d’un sous-marin nucléaire, mais resteront dans les frontières du champ de la sécurité sociale, de sorte qu’ils bénéficieront à celle-ci.

Enfin, la question est bien, en effet, de savoir si cette mesure sera finalement un point de cristallisation et de colère – j’ose dire le mot, il n’a pas été prononcé, mais cette mesure pourrait provoquer la colère des Français.

Or je préfère – et j’assume cette position – que nous finissions l’examen des textes financiers et que les Français soient éclairés sur les mesures qui affecteront leur pouvoir d’achat, dans un sens ou dans l’autre – elles sont nombreuses dans le PLF à pouvoir avoir un effet aussi bien positif que négatif –, avant de prendre une décision concernant cette mesure sur le doublement des franchises.

Tel est le sens du temps que nous nous donnons avant la décision. Ce temps n’est pas celui de la dissimulation, mais celui de la réflexion et de l’analyse politique, que viennent nourrir aussi – pardon de le rappeler – les réactions qui se manifestent au Parlement ainsi qu’au sein de la population, quant à cette mesure.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

La parole est à M. Alain Milon, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Milon

Monsieur le ministre, tout d’abord, c’est en 2008, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, que la franchise médicale a été mise en place pour la première fois. Le ministre de la santé était, à l’époque, soit Xavier Bertrand, soit Roselyne Bachelot – la mémoire me fait défaut. Quoi qu’il en soit, ceux qui sont arrivés au pouvoir depuis lors ne l’ont pas supprimée.

Ensuite, j’ai le sentiment que, si la mesure que vous proposez devait être mise en place, le recouvrement des franchises serait très probablement pris en charge par les organismes complémentaires d’assurance maladie (Ocam) – c’est ainsi qu’on les désigne –, qui en profiteront pour augmenter un peu plus leurs prix. Ils les augmentent déjà régulièrement sans que personne ne trouve rien à redire…

Enfin, les Ocam disent déjà faire figure de payeurs aveugles dans le système de la sécurité sociale. Une fois qu’ils auront pris en charge le doublement des franchises et augmenté leurs primes, ils gagneront un pouvoir supplémentaire dans le remboursement des frais de santé. Par conséquent, ils demanderont très probablement à ne plus être des payeurs aveugles.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

La parole est à M. Bernard Jomier, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Bernard Jomier

Pardonnez-moi, monsieur le ministre, mais avec tout le respect que je vous dois j’ai trouvé votre réponse confuse et votre objectif peu clair.

Lors de l’examen de la première partie du PLFSS, votre collègue chargé des comptes publics a refusé toute augmentation de recettes, y compris sur la fiscalité comportementale. Pourtant, celle-ci, quand elle est bien maniée, permet à la fois de dégager un rendement élevé et de modifier les comportements dans un sens favorable à la santé.

Or le ministre délégué a dit non à tout, s’enfermant dans un refus total et répétant à l’envi le même argument : il faut préserver le pouvoir d’achat des Français.

Nous n’allons quand même pas rejouer l’épisode de l’aide médicale de l’État (AME), dans lequel les ministres défendaient des positions contradictoires ! Nous devrions être d’accord sur la nécessité d’avoir une cohésion d’ensemble. Si le ministre délégué chargé des comptes publics ne veut aucune augmentation d’impôt au nom de la préservation du pouvoir d’achat des Français, le ministre de la santé ne peut pas vouloir récupérer plusieurs centaines de millions d’euros en faisant contribuer des gens qui sont malades et qui ont besoin de médicaments.

Certes, la surconsommation de médicaments dans notre pays est un phénomène bien connu, mais en l’occurrence la mesure que vous proposez porte sur des médicaments qui sont prescrits et remboursés à ce titre. Il ne s’agit pas de produits que les gens iraient acheter de leur propre initiative pour ensuite envoyer la facture à leur caisse d’assurance.

Par conséquent, le dispositif est injuste et vous ne visez pas la bonne cible. Cette mesure n’entre pas en cohérence avec ce que vous défendez depuis le début de l’examen du PLFSS.

Même si je comprends votre discours sur la consommation de médicaments, problématique globale qui nécessite d’actionner différents leviers, la hausse des franchises que vous proposez est une mesure profondément antisociale et injuste, parce qu’elle frappe des patients, donc nos compatriotes les plus fragiles.

Dieu merci, vous n’envisagez pas d’augmenter le plafond ! Ce serait le pompon, si vous me permettez l’expression. La mesure deviendrait alors extrêmement sévère et totalement inacceptable, même si l’on sait que c’est ce qui rapporterait le plus.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

La parole est à Mme Nathalie Goulet, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Nathalie Goulet

Monsieur le ministre, j’espère que vous serez présent au banc du Gouvernement, demain. En effet, à partir de l’article 40, nous examinerons un tunnel d’amendements visant à résorber la fraude.

Or je considère qu’il faut commencer par prendre l’argent dans la poche des voleurs avant de le prendre dans celle des contribuables.

J’espère que vous nous donnerez votre accord pour adopter ces mesures qui porteront à la fois sur la fraude aux cotisations et sur la fraude aux prestations. Elles permettront de mieux équilibrer les comptes de la sécurité sociale et d’éviter le problème de la hausse des franchises.

Je ne mets pas en doute votre honnêteté et je suis certaine que vous ne mettrez pas en doute la mienne.

Mme Nadia Sollogoub applaudit.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

La parole est à Mme Anne Souyris, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Anne SOUYRIS

Je souhaite reprendre la question de Mme Poncet Monge sur l’inégalité que représenterait une telle mesure. En effet, s’il doit y avoir un changement des comportements, le risque n’est-il pas que ce soit surtout ceux qui ont le moins de moyens qui arrêteront de prendre des médicaments, de sorte que l’effet de responsabilisation que vous attendez n’aura rien d’un phénomène global ?

Cette responsabilisation serait pourtant intéressante en matière de santé publique, car, comme vous l’avez dit, notre consommation d’antibiotiques ou d’antidépresseurs atteint un niveau record, ce qui ne manque pas de poser question.

Toutefois, il faudrait sans doute intervenir dans le cadre de la formation des médecins plutôt que de faire peser la charge sur les patients qui prennent des médicaments. En effet, l’on sait bien que, dès lors qu’il faut payer, une certaine partie de la population arrête de se soigner, sans que cela relève d’un souci de moins consommer ou d’améliorer son comportement par rapport aux médicaments.

Quelles en sont les conséquences ? Bien évidemment, la situation sociale se dégrade et, surtout, cela finit par coûter plus cher à la sécurité sociale, comme c’est toujours le cas lorsqu’on ne se soigne pas suffisamment tôt.

Monsieur le ministre, votre proposition ne s’inscrit-elle pas d’abord dans une logique de très court terme ?

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

La parole est à Mme Émilienne Poumirol, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Émilienne Poumirol

Je veux insister sur l’incohérence qui caractérise la position des deux ministres.

En effet, nous avons longuement débattu, au cours de la journée d’hier, sur les taxes comportementales visant les addictions, notamment à l’alcool et au sucre. Nous avons rappelé, à plusieurs reprises, que les taxes comportementales avaient fait la preuve de leur efficacité, en particulier celle sur le tabac. Mais le ministre nous a opposé un refus, au motif qu’il fallait préserver le pouvoir d’achat des Français, comme l’a expliqué mon collègue Bernard Jomier.

Or voilà que vous nous dites que l’augmentation des franchises aura l’effet d’une taxe comportementale qui permettra de diminuer la consommation des médicaments.

Messieurs les ministres, mettez-vous d’accord ! Les taxes comportementales sont-elles bénéfiques ? Sont-elles efficaces ?

Si c’est le cas, taxons la consommation de sucre et d’alcool et nous obtiendrons des gains substantiels, qui permettront non seulement d’améliorer, dans l’immédiat, notre économie de la santé, mais surtout de réduire le nombre des pathologies chroniques que la consommation de ces produits induit.

En revanche, si les taxes comportementales ne sont pas efficaces, votre mesure sur la hausse des franchises n’a aucun intérêt.

Expliquez-nous donc comment le Gouvernement peut tenir ces deux discours différents !

Debut de section - Permalien
Aurélien Rousseau

Je ne crois pas que le Gouvernement tienne deux discours différents, mais des ministres peuvent prendre des positions différentes sur la même question.

Pour le dire de manière très directe, j’ai défendu dans le cadre des discussions interministérielles des propositions de taxes comportementales. Je n’ai pas été suivi, parce que leur impact financier aurait été sans commune mesure pour les contribuables.

Pour autant, j’aurai l’occasion de présenter dans quelques jours le plan national de lutte contre le tabagisme. J’ai défendu, dans ce cadre, une augmentation substantielle du prix du paquet de cigarettes. Le Gouvernement a jugé – et je suis solidaire de cette décision, par construction – que, cette année, une mesure visant à augmenter le prix du paquet de cigarettes – il s’agit bien d’une taxe comportementale, madame Poumirol – n’aurait pour effet que d’être impopulaire. D’ailleurs, la hausse des franchises n’est pas non plus une mesure particulièrement populaire…

Le débat sur la taxation des produits sucrés et alcoolisés a eu lieu à l’Assemblée nationale et au Sénat. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle le Gouvernement n’a pas tranché sur la hausse des franchises. En effet, si l’on brouille le message, en laissant croire qu’il ne s’agit que d’une mesure financière, au même titre notamment que la taxe sur le tabac, et cela alors que nous connaissons une période de forte inflation qui a des conséquences sur le pouvoir d’achat des Français, alors on ne parviendra pas à défendre l’idée que la hausse des franchises est aussi une mesure de santé publique.

Je ne prétends pas que cette mesure soit seulement cela, de la même manière que la taxe sur le tabac est une mesure de santé publique et un investissement à moyen terme pour réduire les coûts de traitement du cancer du poumon, qui atteignent dans la durée un montant de 400 milliards d’euros.

Le Gouvernement a tranché la question dans certains domaines, mais croyez-le bien, le ministère de la santé n’a pas abdiqué quant au fait que les taxes comportementales sont nécessaires sur certaines consommations. C’est une conviction que je porte et nous avons la preuve – selon une pratique evidence-based, pour le dire en anglais – qu’elles contribuent à faire évoluer les comportements.

L ’ amendement est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, avant l’article 27.

Je suis saisi de deux amendements identiques.

L’amendement n° 272 est présenté par Mme Imbert, au nom de la commission des affaires sociales.

L’amendement n° 1336 rectifié ter est présenté par Mme Schillinger, MM. Rambaud, Buis et Buval, Mmes Havet et Duranton et M. Rohfritsch.

Ces deux amendements sont ainsi libellés :

Avant l’article 27

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Le code de la sécurité sociale est ainsi modifié :

1° Après l’article L. 162-1-13, il est inséré un article L. 162-1-13-1 ainsi rédigé :

« Art. L. 162 -1 -13 -1. – Un décret en Conseil d’État fixe les conditions dans lesquelles, en cas de rendez-vous non honoré auprès d’un professionnel de santé en ville, il est mis à la charge de l’assuré social une somme forfaitaire définie par décret.

« La somme mentionnée au premier alinéa peut être payée directement par l’assuré à l’organisme d’assurance maladie, prélevée sur le compte bancaire de l’assuré après autorisation de ce dernier ou récupérée par l’organisme d’assurance maladie sur les prestations de toute nature à venir. » ;

2° Après le 1° du I de l’article L. 162-14-1, il est inséré un 1° … ainsi rédigé :

« 1° … Les modalités et les conditions d’indemnisation du professionnel de santé au titre d’un rendez-vous non honoré par l’assuré social pour lequel l’assurance maladie a mis une somme forfaitaire à la charge de l’assuré dans les conditions prévues à l’article L. 162-1-13-1 ; ».

La parole est à M. le président de la commission, pour présenter l’amendement n° 272.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Mouiller

L’objet de cet amendement est la création d’une somme forfaitaire, versée à l’assurance maladie, à la charge des assurés n’honorant pas un rendez-vous médical.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

L’amendement n° 1336 rectifié ter n’est pas soutenu.

Quel est l’avis du Gouvernement ?

Debut de section - Permalien
Aurélien Rousseau

Cet amendement sur les « lapins » ne pose pas de problème sur le fond, mais le sujet doit être renvoyé à la négociation conventionnelle. En effet, nous n’avons toujours pas trouvé le moyen de traiter le problème selon un principe d’égalité.

On peut facilement envisager de créer une taxe dite « lapin », dans le cas où les gens prendraient leur rendez-vous médical via un site internet, comme Doctolib, et ne l’honoreraient pas. Il est plus compliqué de le faire, dès lors que le rendez-vous est pris par téléphone. Nous n’avons pas trouvé la solution.

Avec Agnès Firmin Le Bodo, dont je salue l’arrivée parmi nous, nous sommes très sensibles à ce problème que l’on nous signale régulièrement, car les médecins perdent ainsi beaucoup de temps. Je peux vous dire que nous travaillons d’arrache-pied à trouver une solution satisfaisante, mais je ne crois pas que celle qui est proposée ici le soit.

Les médecins sont très demandeurs et en même temps très réticents à l’idée, par exemple, de devoir annoncer à un patient qu’ils majoreront le tarif de la prochaine consultation à cause d’un « lapin ».

Encore une fois, il faut traiter le problème dans le cadre de la négociation conventionnelle, car on n’arrivera pas à le faire par un décret en Conseil d’État.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

La parole est à Mme Céline Brulin, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Céline Brulin

Nous voterons contre cet amendement.

Tout d’abord, il existe sans doute – je ne suis pas naïve – quelques personnes assez individualistes pour prendre plusieurs rendez-vous à la fois, puis en abandonner certains, sans se soucier du tort qu’elles font à leurs concitoyens.

Mais, dans la plupart des cas, ceux qui utilisent les plateformes pour trouver un médecin le font précisément parce qu’ils n’en ont plus à proximité. Ils sont donc obligés de prendre une multitude de rendez-vous §pour essayer d’en trouver un, qui soit le plus près possible de chez eux. Chacun a des exemples, dans sa famille ou dans son entourage, de personnes qui sont contraintes d’agir ainsi.

Ensuite, il me semble – certes, de manière empirique, mais je veux quand même le dire – que, lorsque l’on connaît son médecin, notamment parce qu’il exerce dans la ville où l’on habite, on préférera téléphoner à l’assistante médicale pour prévenir que l’on ne pourra pas venir plutôt que de poser un lapin au médecin.

En revanche, dès lors que le « marché de la consultation » – c’est ainsi que je le nomme – est organisé par des plateformes qui s’en emparent – ces mêmes plateformes qui naissent des crises que nous connaissons –, les rendez-vous deviennent impersonnels. Il est plus facile de ne pas honorer un rendez-vous quand on l’a pris sur Doctolib que quand on a fixé la date avec une assistante par téléphone ou de visu.

Enfin, je souscris à ce que vient de dire le ministre. Nous ne cessons de dire que les médecins sont surbookés, ne sont pas assez nombreux et croulent sous le travail. Comment donc pourrions-nous leur demander de gérer ce genre de situation, en mettant à l’amende les patients qui n’honorent pas leur rendez-vous pour telle ou telle raison ? Comment faire le tri, également, entre ceux qui sont vraiment dans l’impossibilité d’honorer leur rendez-vous et les cas plus farfelus ?

L ’ amendement est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, avant l’article 27.

L’amendement n° 275, présenté par Mme Imbert, au nom de la commission des affaires sociales, est ainsi libellé :

Avant l’article 27

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Le I de l’article L. 162-14-1 du code de la sécurité sociale est complété par trois alinéas ainsi rédigés :

« …° Les conditions de modulation de la rémunération des professionnels de santé en fonction :

« a) de la consultation et du renseignement du dossier médical partagé mentionné à l’article L. 1111-14 du code de la santé publique, dans les conditions mentionnées à l’article L. 1111-15 du même code ;

« b) de la participation des professionnels à l’effort de maîtrise des dépenses d’assurance maladie et aux mesures destinées à garantir la pertinence des soins. »

La parole est à M. le président de la commission.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Mouiller

Cet amendement vise à ce que les conventions professionnelles conclues entre l’assurance maladie et les professionnels de santé prévoient les conditions dans lesquelles la rémunération des professionnels peut être modulée selon deux critères, d’une part, leur degré d’utilisation du dossier médical partagé (DMP), d’autre part, leur participation à l’effort de maîtrise des dépenses d’assurance maladie et aux mesures destinées à garantir la pertinence des soins.

Les conditions dans lesquelles ces deux critères seront appréciés pourront être librement fixées par les partenaires conventionnels et varier selon la profession concernée.

De manière concrète, il s’agit d’assurer une contribution plus forte au développement du DMP, la « modulation » – le terme que nous employons ici – de la rémunération ayant une valeur d’incitation. Les règles de l’article 40 de la Constitution nous ont conduits à utiliser ce terme dans l’amendement. Le message reste toutefois clair : il s’agit d’inciter les professionnels de santé à remplir les objectifs mentionnés.

Debut de section - Permalien
Agnès Firmin Le Bodo

Tout d’abord, la modulation de la rémunération des professionnels de santé inclut déjà des indicateurs qui sont liés à l’usage du dossier médical partagé.

Ensuite, l’effort de maîtrise des dépenses est un objectif auquel les professionnels de santé souscrivent déjà depuis plusieurs années. Il n’est donc pas nécessaire d’en faire une condition de modulation de leur rémunération.

Pour ces deux raisons, l’avis est défavorable.

L ’ amendement est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, avant l’article 27.

L’amendement n° 274, présenté par Mme Imbert, au nom de la commission des affaires sociales, est ainsi libellé :

Avant l’article 27

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Le code de la sécurité sociale est ainsi modifié :

1° Après le mot : « tôt », la fin du I de l’article L. 162-14-1-1 est ainsi rédigée : « à la date d’entrée en vigueur d’une loi de financement de la sécurité sociale tenant compte de ses conséquences sur la trajectoire des dépenses d’assurance maladie. » ;

2° La seconde phrase du deuxième alinéa de l’article L. 162-15 est complétée par les mots : « ou lorsque leur incidence financière conduit la trajectoire de dépenses d’assurance maladie à s’écarter excessivement de celle votée en loi de financement de la sécurité sociale » ;

3° L’article L. 162-16-1 est ainsi modifié :

a) La seconde phrase du vingt-cinquième alinéa est complétée par les mots : « ou lorsque leur incidence financière conduit la trajectoire de dépenses d’assurance maladie à s’écarter excessivement de celle votée en loi de financement de la sécurité sociale » ;

b) Après le mot : « tôt », la fin du vingt-septième alinéa est ainsi rédigée : « à la date d’entrée en vigueur d’une loi de financement de la sécurité sociale tenant compte de ses conséquences sur la trajectoire des dépenses d’assurance maladie. »

La parole est à M. le président de la commission.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Mouiller

Comme le constatait la Cour des comptes dans son rapport de 2022 sur l’application des lois de financement de la sécurité sociale, l’évaluation et le suivi des effets induits par les conventions conclues entre les professionnels de santé et l’assurance maladie sont insuffisants.

Leurs incidences ne sont pas non plus connues du Parlement en temps utile. J’en veux pour preuve ce dont nous débattions tout à l’heure, à savoir que nous ne disposons pas de la traduction financière des nouvelles conventions nationales en cours de négociation.

Le présent amendement tend à introduire deux modifications au régime applicable à ces conventions, afin de mieux en maîtriser les répercussions financières.

D’une part, il vise à permettre au ministre chargé de la sécurité sociale et de la santé de s’opposer à l’entrée en vigueur d’une convention dont les conséquences financières remettraient en cause de manière substantielle – je dis bien substantielle – la trajectoire des dépenses d’assurance maladie votée par le Parlement.

D’autre part, il vise à remplacer dans le code de la sécurité sociale le délai de six mois nécessaire à l’entrée en vigueur d’une mesure conventionnelle dépensière par un délai subordonné à la date d’entrée en vigueur d’une loi de financement de la sécurité sociale tenant compte de ses conséquences sur la trajectoire des dépenses d’assurance maladie.

Pour le dire plus simplement, nous souhaitons pouvoir cerner les enjeux financiers qui découlent des négociations.

Debut de section - Permalien
Agnès Firmin Le Bodo

La commission propose de modifier le régime applicable aux conventions, afin de mieux en maîtriser les incidences financières.

Je rappelle que le code de la sécurité sociale prévoit déjà un mécanisme suspendant l’entrée en vigueur de revalorisations conventionnelles, dès lors que le comité d’alerte de l’Ondam considère qu’il existe un risque sérieux de dépassement.

D’ailleurs, les pouvoirs publics mettent en œuvre ce type de mesure sans même attendre le déclenchement d’un tel mécanisme. Par exemple, en 2023, l’assurance maladie a décalé de six mois l’entrée en vigueur du bilan de soins infirmiers pour les patients dépendants de moins de 85 ans, car la trajectoire de remboursement excédait déjà les prévisions.

Je rappelle aussi que les accords conventionnels respectent l’enveloppe de l’Ondam votée en loi de financement de la sécurité sociale, ainsi que la trajectoire pluriannuelle fixée par la loi de programmation des finances publiques ; en outre, les ministres peuvent déjà s’opposer à leur publication, le cas échéant.

Enfin, la commission propose de modifier les dispositions relatives au délai de six mois nécessaire à l’entrée en vigueur de nouvelles mesures conventionnelles. Cette modification reviendrait, dans la plupart des cas, à supprimer ce délai. Je ne suis pas favorable à une telle évolution, car nous savons que le mécanisme actuel est utile pour réguler les dépenses de soins de ville.

Pour l’ensemble de ces raisons, je suis défavorable à cet amendement.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

La parole est à M. Bernard Jomier, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Bernard Jomier

Je doute un peu de l’opérationnalité du dispositif proposé par la commission.

Mes chers collègues, nous allons bientôt voter le projet de loi de financement de la sécurité sociale. Or notre maîtrise de la trajectoire des dépenses est toute relative, puisque, in fine, ce texte sera adopté via le recours à l’article 49, alinéa 3, de la Constitution : c’est donc le Gouvernement seul qui établira le montant de l’Ondam.

J’ajoute qu’un certain nombre de négociations conventionnelles viennent de s’engager, et que le Gouvernement n’en a pas tenu compte dans ses prévisions financières pour 2024. Admettons, par exemple, que ces négociations aboutissent avec les uns ou les autres – on parle beaucoup des négociations avec les médecins, mais il en existe avec les différentes catégories de soignants – et qu’elles conduisent à des revalorisations tarifaires. Imaginons que les infirmières obtiennent enfin une revalorisation de leur lettre clé : que fera-t-on ? Devra-t-on considérer que notre vote n’a pas été respecté ?

L’amendement devrait a minima préciser que le dispositif ne peut s’appliquer que dans le cas où une négociation conventionnelle conduirait au dépassement du seuil d’alerte – et encore, l’amendement resterait difficilement applicable.

Si je comprends bien les motifs pour lesquels la commission a fait cette proposition – je pense notamment à la coexistence d’une absence effective de régulation des dépenses de soins de ville et d’un contrôle plus strict de l’hôpital qui, lui, est soumis à des mises en réserve prudentielles –, je considère que tout cela n’est pas très adroit.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Mouiller

J’entends les remarques de notre collègue Jomier et je les comprends. Cet amendement donne surtout l’occasion à la commission de délivrer un message : nous déplorons l’absence d’anticipation et de prévisions financières.

Pour ne citer que cet exemple, l’objectif de dépenses en matière de soins de ville est continuellement dépassé. §Il s’agit certes d’un système de guichet, mais on constate en permanence que les prévisions sont allègrement dépassées.

Avec cet amendement, non seulement on considère qu’il faut mettre un peu de sérieux dans tout cela, mais on demande un minimum de prévisibilité.

J’espère que le Gouvernement, lorsqu’il réfléchit aux négociations conventionnelles, en anticipe les conséquences financières. J’imagine mal qu’on négocie avec les professionnels de santé sans avoir la moindre idée des incidences budgétaires de ces négociations. Sans de telles prévisions, il serait vraiment bien difficile de négocier.

Il faut a minima que nous parvenions à faire en sorte que l’Ondam relatif aux soins de ville soit enfin respecté. Dans ce cadre, les dépassements ne pourraient être tolérés que pour les seules dépenses de guichet.

De surcroît, nous pensons qu’il faut anticiper sur les incidences financières des négociations conventionnelles, de sorte à améliorer le pilotage des dépenses d’assurance maladie. Tel est le message que nous défendons à travers cet amendement.

Debut de section - PermalienPhoto de Bernard Jomier

M. Bernard Jomier. C’est donc un amendement d’appel !

Sourires.

L ’ amendement est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, avant l’article 27.

L’amendement n° 1244, présenté par MM. Temal et Jomier, Mme Le Houerou, M. Kanner, Mmes Canalès, Conconne et Féret, M. Fichet, Mmes Lubin, Poumirol et Rossignol, MM. Redon-Sarrazy, Kerrouche, Chantrel et Lurel, Mme Bélim, MM. Jacquin, Ziane, Ouizille et Michau, Mmes Bonnefoy et Harribey, M. Durain, Mme G. Jourda, MM. Féraud et Cardon, Mme Blatrix Contat, MM. Cozic, P. Joly et Stanzione, Mmes Conway-Mouret et Monier, MM. Chaillou, Tissot et Marie, Mme Artigalas, MM. Mérillou, Gillé et Montaugé, Mme Linkenheld et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Avant l’article 27

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

L’article L. 114-8 du code des relations entre le public et l’administration est ainsi modifié :

1° Le premier alinéa du I est complété par les mots : «, ainsi que pour établir son droit au bénéfice éventuel d’une prestation ou d’un avantage prévus par des dispositions législatives ou des actes réglementaires et, le cas échéant, lui attribuer lesdits prestations ou avantages. » ;

2° Le premier alinéa du II est ainsi modifié :

a) Les mots : « peuvent échanger » sont remplacés par le mot « échangent » ;

b) Le mot : « éventuellement » est supprimé.

La parole est à Mme Corinne Féret.

Debut de section - PermalienPhoto de Corinne Feret

Cet amendement, dont le dispositif s’inspire de la proposition de loi, déposée par Rachid Temal et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, visant à lutter contre le non-recours aux droits et prestations sociales, tend à faire de l’échange des données entre les différentes administrations, aujourd’hui conçu comme un outil d’information des usagers, un outil opérationnel d’attribution de droits sociaux, et ce dès la promulgation de la présente loi, et non à l’horizon 2027, comme le prévoit l’expérimentation lancée par le Gouvernement.

Dans la période de forte inflation que nous connaissons, ce sont nos concitoyens les plus fragiles qui subissent le plus durement les effets de la hausse des prix, notamment ceux des biens de première nécessité. Or le non-recours aux prestations sociales peut atteindre plus de 60 % selon les dispositifs concernés.

Nous défendons donc une démarche de bon sens qui permettrait à nos concitoyens de bénéficier pleinement des droits auxquels ils sont éligibles.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Mouiller

Nous comprenons parfaitement l’objet de cet amendement et votre intention est tout à fait légitime, ma chère collègue.

Cependant, les modifications que vous proposez sont assez marginales, elles portent sur les dispositions générales du code des relations entre le public et l’administration et elles sont en réalité satisfaites par les dispositions spécifiques du code de la sécurité sociale.

C’est pourquoi la commission demande le retrait de cet amendement ; à défaut, l’avis serait défavorable.

Debut de section - Permalien
Agnès Firmin Le Bodo

Nous comprenons l’objectif que vous visez, madame la sénatrice, et nous partageons votre souci de lutter contre le non-recours – c’est également un enjeu important pour le Gouvernement.

La loi relative à la différenciation, la décentralisation, la déconcentration et portant diverses mesures de simplification de l’action publique locale, dite 3DS, a déjà permis beaucoup d’avancées en ce sens.

La lutte contre le non-recours passera aussi, et surtout, par la mise en œuvre de l’un des engagements du Président de la République, le projet de solidarité à la source.

Dès le 1er janvier prochain, les allocataires du revenu de solidarité active (RSA) et de la prime d’activité pourront déclarer leurs ressources sur la base du montant net social. Cette ligne sur le bulletin de paie constitue un premier effort de simplification qui permettra de supprimer les erreurs, les indus et les rappels fragilisant la situation des allocataires.

Au premier trimestre de l’année 2025, les déclarations des allocataires seront préremplies pour simplifier encore davantage leurs démarches et encourager le recours aux droits.

Par ailleurs, comme vous le savez, nous complétons dès cette année nos efforts en étendant le dispositif « territoires zéro non-recours » à trente-neuf collectivités. C’est l’ensemble des acteurs de la solidarité qui travailleront ensemble pour aller vers les publics les plus éloignés de leurs droits.

Vous le constatez, madame la sénatrice, le Gouvernement est résolument engagé dans la lutte contre le non-recours. Modifier encore les textes n’accélérera pas les travaux en cours. Une telle démarche étant sans doute inutile, je vous demande de bien vouloir retirer votre amendement, faute de quoi j’y serai défavorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

La parole est à Mme Marion Canalès, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Marion CANALÈS

Le non-recours accroît les risques de basculement dans la précarité. Il résulte souvent, selon les différentes études publiées, d’un manque d’informations, qui découle lui-même, dans nos territoires, d’un vrai repli des services publics qui diffusaient jusqu’à maintenant, au plus près des citoyens, ces informations sur les aides existantes.

Les maisons et les bus France Services ne peuvent pas tout faire, d’autant qu’ils impliquent un effort des collectivités locales elles-mêmes pour pallier l’absence des services publics dans nos territoires, en particulier ruraux, et pour garantir un meilleur accès aux informations et, donc, aux prestations.

Aujourd’hui, un certain nombre d’initiatives privées voient le jour, comme le site www.mes-allocs.fr qui tire parti, non seulement de la complexité du système des prestations sociales, mais aussi des difficultés pour y accéder.

On assiste à une marchandisation tarifée d’une démarche censée être universelle, gratuite – des principes à la base du fonctionnement de nos administrations et de l’accès aux prestations –, avec des slogans du type « il n’a jamais été aussi simple de faire valoir ses droits » et des promesses d’accompagnement payant pour 29 euros « seulement » par trimestre…

Alors, certes, vous avez lancé l’expérimentation « territoires zéro non–recours » qui a impliqué un certain nombre de collectivités – comme pour France Services –, mais tous les leviers doivent être activés, dont l’échange de données entre administrations.

Si cet échange existe – le président de la commission l’a assuré –, il faut qu’il soit efficace et opérationnel. Cela évitera cette marchandisation de l’accès aux prestations dans laquelle nombre de nos concitoyens vont très vite verser, tant ils rencontrent des difficultés à s’informer sur les aides et à accéder aux services publics qui pourraient les accompagner dans leurs démarches pour recourir aux prestations sociales.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

La parole est à Mme Nathalie Goulet, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Nathalie Goulet

En 2019, Carole Grandjean, alors députée, et moi-même avons commis un rapport sur la fraude sociale et son pendant, le non-recours aux prestations sociales. Nous avons fait un certain nombre de propositions qui ne sont malheureusement pas encore mises en œuvre, dont l’échange de données faisait évidemment partie.

Je ne suis pas persuadée que le dispositif de cet amendement soit complètement opérationnel, mais, à l’évidence, le non-recours aux droits est un problème majeur aujourd’hui. Aussi, les propositions que l’on a formulées, notamment celles sur l’information des publics les plus fragiles, doivent absolument être prises en considération.

Enfin, je dois vous dire mon hostilité absolue à la solidarité à la source, dans la mesure où nos bases de données sont complètement tronquées : on risque d’encourager la fraude plutôt que de favoriser la lutte contre le non-recours, qui est pourtant un impératif.

L ’ amendement n ’ est pas adopté.

I. – Le code de la sécurité sociale est ainsi modifié :

1° À la première phrase du 6° du II de l’article L. 114-17-1, après le mot : « santé », sont insérés les mots : «, le centre de santé ou la société de téléconsultation » ;

2° L’article L. 162-1-15 est ainsi modifié :

a) Au premier alinéa du I, les mots : « et après avis de la commission prévue à l’article L. 114-17-2, à laquelle participent des professionnels de santé » sont supprimés ;

b) Après le même I, il est inséré un I bis ainsi rédigé :

« I bis. – Le directeur de l’organisme local d’assurance maladie peut également, après que le centre de santé ou la société de téléconsultation mentionnée à l’article L. 4081-1 du code de la santé publique a été mis en mesure de présenter ses observations, subordonner à l’accord préalable du service du contrôle médical, pour une durée ne pouvant excéder six mois, le versement des indemnités journalières mentionnées à l’article L. 321-1 et au 2° de l’article L. 431-1 du présent code prescrites par les professionnels de santé exerçant au sein de ces structures, en cas de constatation par ce service :

« 1° Du non-respect des conditions prévues, respectivement, à l’article L. 321-1 et au 2° de l’article L. 431-1 ;

« 2° Ou d’un nombre ou d’une durée des arrêts de travail prescrits par les professionnels exerçant au sein du centre de santé ou de la société de téléconsultation et donnant lieu au versement d’indemnités journalières ou d’un nombre de tels arrêts de travail rapporté au nombre de patients pour lesquels au moins un acte ou une consultation a été facturé au cours de la période considérée significativement supérieurs aux données moyennes constatées pour les centres de santé ou les sociétés de téléconsultation ayant une activité comparable dans le ressort de la même agence régionale de santé ou au niveau national.

« Toutefois, en cas d’urgence attestée par le professionnel de santé prescripteur, l’accord préalable de l’organisme débiteur des prestations n’est pas requis pour le versement des indemnités journalières. » ;

c) Le II est ainsi modifié :

– à la première phrase, après le mot : « santé, », sont insérés les mots : « au centre de santé ou à la société de téléconsultation, » ;

– à la seconde phrase, les mots : « du professionnel de santé » sont supprimés et sont ajoutés les mots : « ou au I bis » ;

3° L’article L. 315-1 est ainsi modifié :

a) Les trois derniers alinéas du II sont remplacés par cinq alinéas ainsi rédigés :

« Lorsqu’un contrôle effectué par un médecin à la demande de l’employeur, en application de l’article L. 1226-1 du code du travail, conclut à l’absence de justification d’un arrêt de travail ou de sa durée ou fait état de l’impossibilité de procéder à l’examen de l’assuré, ce médecin transmet son rapport au service du contrôle médical de la caisse dans un délai de soixante-douze heures. Ce rapport précise si le médecin diligenté par l’employeur a ou non procédé à un examen médical de l’assuré.

« Si ce rapport conclut à l’absence de justification de l’arrêt de travail ou de sa durée, le médecin en informe également, dans le même délai, l’organisme local d’assurance maladie, qui suspend le versement des indemnités journalières. Cette suspension prend effet à la date à laquelle l’assuré a été informé de cette décision. Toutefois, dans le cas où le médecin diligenté par l’employeur a estimé que l’arrêt de travail est justifié pour une durée inférieure à celle fixée par le médecin prescripteur, la suspension prend effet à l’échéance de la durée retenue par le médecin diligenté par l’employeur.

« Le service du contrôle médical peut, au vu du rapport, décider de procéder à un nouvel examen de la situation de l’assuré. S’il décide de procéder à cet examen, il n’est pas fait application de la suspension du versement des indemnités journalières jusqu’à ce que ce service ait statué.

« Le service du contrôle médical peut en outre être saisi par l’assuré, qui en fait la demande à son organisme de prise en charge. Le délai dans lequel cette demande est effectuée ainsi que le délai dans lequel intervient le nouvel examen de la situation de l’assuré sont fixés par décret en Conseil d’État.

« Lorsque le rapport fait état de l’impossibilité de procéder à l’examen de l’assuré, le service du contrôle médical ne peut demander la suspension du versement des indemnités journalières qu’après un nouvel examen de la situation de l’assuré. » ;

b) Il est ajouté un VIII ainsi rédigé :

« VIII. – Les missions du service du contrôle médical sont exercées par les praticiens conseils mentionnés à l’article L. 224-7 du présent code. Ceux-ci peuvent déléguer, sous leur responsabilité, la réalisation de certains actes et de certaines activités au personnel des échelons régionaux et locaux du contrôle médical disposant de la qualification nécessaire. Lorsque ces délégations concernent des auxiliaires médicaux, lesdites missions sont exercées dans la limite de leurs compétences prévues par le code de la santé publique. Lorsque, dans le cadre de ces délégations, des auxiliaires médicaux rendent des avis qui commandent l’attribution et le service de prestations, elles s’exercent dans le cadre d’un protocole écrit. » ;

4° Le III de l’article L. 315-2 est ainsi modifié :

a) La troisième phrase est ainsi rédigée : « Lorsque le service du contrôle médical estime, à l’issue de l’examen d’un assuré, qu’une prescription d’arrêt de travail n’est pas ou n’est plus médicalement justifiée, l’intéressé en est directement informé. » ;

b) À l’avant-dernière phrase, les mots : « praticien-conseil » sont remplacés par les mots : « service du contrôle médical ».

II. – Le a du 2° du I s’applique à compter du 1er février 2024.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

Je suis saisi de trois amendements identiques.

L’amendement n° 816 rectifié est présenté par Mmes Poncet Monge et Souyris, MM. Benarroche, G. Blanc et Dantec, Mme de Marco, MM. Dossus, Fernique et Gontard, Mme Guhl, MM. Jadot et Mellouli, Mme Ollivier, MM. Parigi et Salmon et Mmes Senée et M. Vogel.

L’amendement n° 920 est présenté par Mmes Apourceau-Poly, Brulin, Silvani et les membres du groupe Communiste Républicain Citoyen et Écologiste – Kanaky.

L’amendement n° 1245 est présenté par Mme Poumirol, M. Jomier, Mme Le Houerou, M. Kanner, Mmes Canalès, Conconne et Féret, M. Fichet, Mmes Lubin et Rossignol, MM. Redon-Sarrazy, Kerrouche, Chantrel et Lurel, Mme Bélim, MM. Jacquin, Ziane, Michau et Ouizille, Mmes Bonnefoy et Harribey, MM. Temal et Durain, Mme G. Jourda, MM. Féraud et Cardon, Mme Blatrix Contat, MM. Cozic, P. Joly et Stanzione, Mmes Conway-Mouret et Monier, MM. Chaillou, Tissot et Marie, Mme Artigalas, MM. Mérillou, Gillé et Montaugé, Mme Linkenheld et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain.

Ces trois amendements sont ainsi libellés :

Supprimer cet article.

La parole est à Mme Raymonde Poncet Monge, pour présenter l’amendement n° 816 rectifié.

Debut de section - PermalienPhoto de Raymonde Poncet Monge

Le Gouvernement justifie les dispositions de l’article 27, en insistant sur l’augmentation des dépenses au titre des indemnités journalières (IJ), alors même que, selon la Commission des comptes de la sécurité sociale, le dépassement de 300 millions d’euros constaté par rapport à l’objectif fixé en loi de financement rectificative de la sécurité sociale pour 2023 est « quasiment intégralement dû au contexte inflationniste persistant qui a tiré à la hausse le coût moyen des arrêts de travail de façon plus importante qu’anticipée ».

Par ailleurs, l’essentiel de la hausse du nombre des arrêts de travail s’explique par l’augmentation du taux d’emploi et le vieillissement de la population active.

Si le Gouvernement s’attarde sur la question du nombre des arrêts de maladie, il ne pondère jamais ce constat par une prise en compte de l’intensification bien plus dynamique du travail. Ainsi, selon la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares), le taux de salariés exposés à trois contraintes physiques ou plus s’élevait à 34 % en 2016, contre 12 % en 1984.

Si le taux d’absentéisme des moins de 30 ans a explosé, c’est aussi parce ces jeunes sont touchés par l’intensification du travail et qu’ils ont un rapport conflictuel avec celui-ci, notamment en raison du manque de sens qui caractérise certaines activités, lequel a été largement étudié.

L’intensification du travail, le manque de sens, l’insécurité socioéconomique affectent plus particulièrement les jeunes et les cadres.

Quant aux arrêts pour épuisement professionnel, ils sont devenus la première pathologie à l’origine des arrêts de travail de longue durée.

Aucun de ces éléments n’est pris en considération dans cet article 27 qui se contente, une fois de plus, d’ignorer la question du travail, de sa perte de sens et de son intensification délétère pour la santé et qui fait peser sur les épaules des salariés toute la charge de la sanction.

S’il faut lutter contre les arrêts maladie indus, il serait préférable de lutter au préalable contre la dégradation des conditions de travail et la perte de sens au travail.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

La parole est à Mme Marianne Margaté, pour présenter l’amendement n° 920.

Debut de section - PermalienPhoto de Marianne MARGATÉ

Cet été, le ministre de l’économie s’est alarmé de l’augmentation des dépenses au titre des indemnités journalières versées par l’assurance maladie ces dernières années, puis a proposé un allongement des délais de carence en cas d’arrêt de travail.

Si le Gouvernement a finalement renoncé à instaurer un délai de carence plus long, il a trouvé une alternative qui consiste à fliquer les malades, en prévoyant la suspension du versement de leurs indemnités journalières.

Envisager la suspension automatique de ces indemnités à la suite d’un contrôle mandaté par l’employeur est scandaleux ! Le contrôle des arrêts de travail indemnisés par l’assurance maladie doit rester l’apanage de l’assurance maladie, laquelle offre des garanties en termes de débat et de recours.

Le Gouvernement a décidé de mener une bataille contre ce qu’il appelle les « travailleurs enclins à la paresse » et les « médecins de connivence », en offrant la possibilité aux employeurs de mandater un médecin qui contrôlera les arrêts de travail de leurs salariés.

Si la lutte contre la fraude est indispensable, la casse sociale n’est pas une option, a dénoncé le syndicat des médecins généralistes MG France.

Le risque d’une dérive vers une privatisation du contrôle de l’assuré social et d’une instrumentalisation de la procédure par l’employeur pour précariser des salariés en position de fragilité est inacceptable. Nous refusons la stigmatisation des assurés sociaux et des médecins prescripteurs au nom de la réduction des dépenses au titre des indemnités journalières versées par l’assurance maladie.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

La parole est à Mme Émilienne Poumirol, pour présenter l’amendement n° 1245.

Debut de section - PermalienPhoto de Émilienne Poumirol

Cet amendement vise à supprimer l’article 27, dont le but est de maîtriser le nombre d’arrêts de travail que le Gouvernement considère – je dis bien considère – comme injustifiés.

Pourtant, il existe déjà un certain nombre de dispositifs en la matière, puisqu’une entreprise a la possibilité depuis longtemps de faire appel à un médecin agréé par l’ordre des médecins pour contrôler les arrêts maladie.

Avec cet article, vous entendez renforcer ces mesures : vous octroyez au médecin diligenté par l’employeur le pouvoir de contrôler et de remettre en cause la durée de l’arrêt de travail prescrit par le médecin généraliste ; vous suspendez de manière automatique le versement des indemnités journalières ; enfin, vous rendez possible la suspension de ces indemnités à la date retenue par ce médecin, et non à la date de notification au travailleur, et ce sans intervention du praticien-conseil.

Pour nous, il s’agit d’une dérive vers une privatisation des contrôles de l’assurance maladie, ce qui est inacceptable. Si le médecin mandaté par l’employeur peut jouer un rôle d’alerte, la décision finale de suspendre les indemnités ne peut être prise que par un tiers indépendant de l’employeur, du payeur et du prescripteur.

Le non-respect du principe d’impartialité entraîne une fragilisation du système des indemnités journalières. Ces dernières ne peuvent en aucun cas être supprimées sans un avis systématique du médecin-conseil de l’assurance maladie.

Nous dénonçons de surcroît le fait qu’aucune procédure contradictoire instaurant un délai permettant à l’assuré de saisir le contrôle médical de l’assurance maladie ne soit prévue par le texte.

Enfin, si nous comprenons bien qu’il se justifie par le souci de faire des économies, l’article 17 ne s’attaque pas aux causes réelles de l’augmentation des dépenses au titre des indemnités journalières, à savoir les conditions de travail, la pénibilité des postes ou la santé mentale des travailleurs.

Debut de section - PermalienPhoto de Philippe Mouiller

Ces amendements tendent à supprimer l’article 27, qui prévoit de modérer les dépenses au titre des indemnités journalières.

La commission a soutenu ce dispositif, car les dépenses au titre des indemnités journalières ont augmenté de 57 % depuis 2020 et s’élèvent aujourd’hui à plus de 9 milliards d’euros. Cette dynamique est réelle et résulte de la conjonction de plusieurs facteurs déjà évoqués.

L’article 27 ne nie pas cette tendance de fond ; il ne s’agit en aucun cas de cesser le versement des indemnités journalières dûment justifiées ; il ne s’agit pas non plus d’exercer une suspicion généralisée sur les patients ou sur les médecins, ou d’inverser la charge de la preuve.

Cet article prévoit de simplifier le circuit de traitement par le service du contrôle médical des rapports adressés par les médecins contrôleurs faisant état d’une prescription n’étant pas ou plus médicalement justifiée.

Il rendrait la suspension des indemnités concomitante à la notification à l’assuré des conclusions de ce rapport. Il permettrait ainsi de libérer du temps médical pour les médecins-conseils.

La nouvelle procédure serait assortie de plusieurs garanties. Les indemnités journalières ne pourront pas être suspendues si aucune contre-visite médicale n’est effectuée. Le service du contrôle médical pourra toujours réexaminer une situation et maintenir aussitôt le versement des IJ. L’assuré disposera d’un délai de dix jours francs pour saisir le service du contrôle médical, qui se prononcera alors dans un délai de quatre jours francs sur la situation médicale du salarié.

Par ailleurs, ce que les auteurs des amendements oublient de mentionner, c’est que certaines dispositions de l’article 27 visent aussi à étendre les procédures de contrôle des arrêts de travail aux centres de santé et aux sociétés de téléconsultation, dont l’activité de prescription est anormalement élevée. Faire en sorte de mieux contrôler les sociétés de téléconsultation ayant une politique générale de surprescription me semble pourtant constituer un objectif consensuel.

Enfin, pour définitivement dissiper toutes les inquiétudes, la commission vous proposera d’adopter cet article modifié par deux amendements, l’un visant à maintenir les garanties d’une procédure contradictoire pour les professionnels de santé faisant l’objet d’un contrôle, l’autre ayant pour objet de renforcer les garanties d’une procédure juste pour les personnes dont l’état de santé est plus fragile.

Vous l’aurez compris, la commission est défavorable à ces trois amendements.

Debut de section - Permalien
Agnès Firmin Le Bodo

Je ne reviendrai pas sur les aspects techniques de l’argumentaire que M. le président de la commission vient de très bien exposer.

Je voudrais simplement vous expliquer les raisons pour lesquelles nous défendons cet article. Celui-ci a bien pour objet de renforcer le contrôle des arrêts de travail médicalement injustifiés, et non de remettre en cause la reconnaissance de l’incapacité de travail d’un salarié. Il ne s’agit en aucun cas de revenir sur les droits des salariés.

Cet article vise l’efficacité : il s’agit de simplifier, d’accélérer et d’améliorer, et non de stigmatiser les travailleurs ou les médecins prescripteurs.

Nous voulons continuer de réfléchir à l’amélioration des conditions de travail. Nous ne nions pas les facteurs structurels qui poussent un certain nombre de salariés, jeunes notamment, à faire des burn-out ou à s’arrêter de travailler. Je le redis, nous cherchons à redonner du sens à l’activité professionnelle.

J’ajoute, comme l’a indiqué le président de la commission, que cet article vise aussi à étendre les procédures de contrôle de prescriptions aux centres de santé et aux sociétés de téléconsultation.

Pour toutes ces raisons, je suis défavorable à ces amendements.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

La parole est à Mme Raymonde Poncet Monge, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Raymonde Poncet Monge

Permettez-moi de vous rappeler que j’ai consacré une partie de mon intervention à expliquer que l’augmentation des arrêts de travail – car c’est cette augmentation qui vous pose problème et qui vous a poussé à élaborer l’article 27 – résulte de causes bien identifiées, que la Commission des comptes de la sécurité sociale a elle-même détaillées.

Cette augmentation n’est ni une dérive ni le fruit d’une dynamique délétère. Je m’élève contre cette mauvaise foi et cette propension à tout mélanger.

Par ailleurs, vous ne me ferez pas croire que cet article vise à dégager du temps médical pour les médecins-conseils. Il s’agit de privatiser le contrôle des arrêts de travail, qui plus est au bénéfice d’un contrôle opéré par un médecin mandaté par l’employeur ! C’est une chose de privatiser, c’en est une autre de confier la responsabilité de ce contrôle à l’employeur.

Pourquoi ne pas aller plus loin et prévoir, par exemple, que seul le médecin de l’employeur puisse délivrer des arrêts de travail ? Ce pourrait être la prochaine étape… Il est vraiment scandaleux de faire appel à un médecin qui ne serait pas neutre.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

La parole est à Mme Émilienne Poumirol, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Émilienne Poumirol

Nous tenons à souligner l’importance de cet article.

Oui, nous croyons que vous stigmatisez les patients et les médecins. Et j’en veux pour preuve que, la semaine dernière, le quotidien régional La Dépêche a évoqué le cas de trois médecins du Tarn, qui ont été épinglés et qui risquent d’être sanctionnés pour avoir prescrit « trop » d’arrêts de travail. Au moins quinze à vingt de leurs collègues sont venus les soutenir, parce qu’ils trouvaient que les sanctionner pour cela serait injuste. Ces médecins exercent dans une zone du département qui concentre des difficultés sociales importantes, ce qui explique que le taux d’arrêts de travail puisse être plus élevé qu’ailleurs.

Vous prétendez que le médecin mandaté et payé par l’employeur pourra désormais décider si les arrêts de travail sont justifiés ou non. Mais jamais de la vie ! On ne peut pas confier une telle responsabilité à ce médecin : il faut une personne neutre.

Nous continuons à penser que, d’abord, il faut faire confiance aux médecins généralistes. Ils ne prescrivent pas d’arrêt de travail sans raison. Laissez donc les médecins généralistes jouer leur rôle.

Ensuite, si vous voulez renforcer les contrôles, faites en sorte qu’ils soient diligentés par l’assurance maladie et non par l’employeur. En mandatant un médecin rémunéré par l’employeur, vous ne faites qu’aggraver la situation de salariés qui sont déjà en difficulté dans leur entreprise.

Nous sommes donc en absolu désaccord avec vous sur ce point.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

La parole est à Mme Marianne Margaté, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Marianne MARGATÉ

Je partage l’avis de mes collègues au sujet de cette privatisation du contrôle des arrêts de travail au profit de l’employeur.

Savez-vous d’ailleurs que de plus en plus d’agences de détectives offrent leurs services sur internet pour surveiller les salariés en arrêt de travail ?

L’une de ces agences explique sur son site qu’« il est de plus en plus difficile pour le médecin de déceler une simulation de maladie lors de la contre-visite » et que « l’arrivée des nouvelles pathologies récurrentes comme la dépression facilite grandement la tâche des salariés fraudeurs » – on appréciera ! Elle ajoute que « seule la surveillance physique d’un détective privé sur plusieurs jours pourra prouver l’arrêt de travail frauduleux ».

L’article 27 ouvre la voie à ce genre de pratiques, dont l’essor est rapide sur internet. Je vous invite à le constater par vous-mêmes : c’est impressionnant, sans compter que ce genre de prestation ne coûte pas très cher à l’employeur – 1 000 euros hors taxe.

Debut de section - Permalien
Agnès Firmin Le Bodo

Je le redis, et j’y insiste, cet article vise à simplifier les contrôles et à les rendre plus efficaces.

Je rappelle quand même que tous les médecins sont soumis à un code de déontologie. Vous avez donc raison de faire confiance aux médecins généralistes et aux médecins traitants, mais je note que vous ne faites pas confiance aux médecins contrôleurs, qui sont eux aussi soumis au code de déontologie.

Debut de section - PermalienPhoto de Cathy Apourceau-Poly

C’est vous qui ne faites pas confiance aux médecins généralistes !

Debut de section - Permalien
Agnès Firmin Le Bodo

Seuls 0, 5 % des médecins bénéficient d’un accompagnement de la caisse primaire d’assurance maladie, sous la forme d’une procédure de mise sous objectifs (MSO) de réduction du nombre d’arrêts de travail ou d’une mise sous accord préalable.

On ne peut donc pas parler d’une stigmatisation des médecins comme on ne peut pas parler – je le répète – d’une stigmatisation des salariés.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

Je mets aux voix les amendements identiques n° 816 rectifié, 920 et 1245.

Les amendements ne sont pas adoptés.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

La parole est à M. Bernard Fialaire, pour une mise au point au sujet d’un vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Bernard Fialaire

Monsieur le président, lors du scrutin public n° 48, ma collègue Véronique Guillotin souhaitait voter contre.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

Acte est donné de votre mise au point. Elle sera publiée au Journal officiel et figurera dans l’analyse politique du scrutin.

Mes chers collègues, nous allons maintenant interrompre nos travaux ; nous les reprendrons à vingt et une heures trente.

La séance est suspendue.

La séance, suspendue à vingt heures, est reprise à vingt-et-une heures trente, sous la présidence de Mme Sylvie Vermeillet.