Séance en hémicycle du 4 juillet 2023 à 9h30

Résumé de la séance

Les mots clés de cette séance

  • aidant
  • congé
  • handicap
  • maladie
  • parent
  • professionnelle
  • présence

Sommaire

La séance

Source

La séance est ouverte à neuf heures trente.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

Le compte rendu analytique de la précédente séance a été distribué.

Il n’y a pas d’observation ?…

Le procès-verbal est adopté sous les réserves d’usage.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

L’ordre du jour appelle les réponses à des questions orales.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à Mme Michelle Meunier, auteure de la question n° 767, adressée à Mme la ministre déléguée auprès du ministre des solidarités, de l’autonomie et des personnes handicapées, chargée des personnes handicapées.

Debut de section - PermalienPhoto de Michelle Meunier

Madame la ministre, nombre de familles d’enfants et de jeunes adultes en situation de handicap, sévère ou complexe, sont en attente de solutions d’accueil et d’accompagnement adaptées, qui leur permettraient de les scolariser.

En raison de ces carences, les parents d’enfants en situation de handicap se battent quotidiennement pour faire reconnaître les droits fondamentaux de leurs enfants. Dans le département de Loire-Atlantique, près de 1 500 familles subissent ainsi des défauts d’accompagnement scolaire ; quelque 900 personnes voient leurs droits reconnus et notifiés, mais attendent toujours des places.

Ce département connaît en effet une forte attractivité démographique, qui accentue davantage encore les problématiques de prise en charge des enfants. Certains d’entre eux sont contraints de rester au domicile parental, ce qui oblige le plus souvent les mères à mettre leur carrière professionnelle entre parenthèses. D’autres sont dans des classes inadaptées, avec des enseignants peu ou mal formés et souvent démunis. D’autres enfin, atteints de troubles psychiques ou cognitifs, sont isolés en hôpital psychiatrique.

Fédérées en collectif, ces familles revendiquent l’effectivité de la loi de 2005 – loi pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées –, la prise en compte des besoins spécifiques de leurs enfants et adultes handicapés et le déploiement de solutions adaptées.

Le Président de la République, lors de la Conférence nationale du handicap qui s’est tenue dernièrement, a quelque peu désorienté les associations du secteur, en annonçant, dans la précipitation et sans véritable concertation, la création de 50 000 nouvelles solutions médico-sociales d’ici à 2030.

Madame la ministre, je vous enjoins de définir urgemment un plan de création de ces nouvelles places et de favoriser des solutions innovantes, telles que les unités d’enseignement externalisées. Concrètement, combien de nouvelles places en médico-social seront créées d’ici à 2030 ?

Debut de section - Permalien
Geneviève Darrieussecq

Madame la sénatrice, vous l’avez dit, à l’occasion de la Conférence nationale du handicap, le Président de la République a annoncé la création de 50 000 nouvelles solutions d’accompagnement pour les personnes en situation de handicap et leurs proches. Cette décision a été prise non pas au hasard, mais au regard des besoins constatés. Notre préoccupation est de développer une palette de solutions complémentaires et adaptées.

Ces 50 000 solutions ont trois objectifs.

Le premier, c’est de faire en sorte que les jeunes adultes relevant de l’amendement Creton, encore présents dans les établissements pour enfants, soient accompagnés dans des établissements pour adultes, afin de libérer des places pour les enfants.

Le deuxième, c’est de trouver et de construire des solutions nouvelles dans les départements qui sont en déficit d’offre, à l’instar du vôtre.

Le troisième, c’est d’apporter des solutions aux personnes présentant des handicaps complexes, aux polyhandicapés, aux autistes en situation très complexe ou encore aux personnes handicapées vieillissantes.

Nous allons établir un plan pluriannuel – sur cinq ans –, qui donnera de la visibilité aux agences régionales de santé (ARS) et aux départements. L’objectif est de construire, avec les conseils départementaux, ces solutions adaptées aux territoires, en fonction des données consolidées et partagées entre les ARS et les départements.

Madame la sénatrice, vous le voyez, tout cela va être fait, grâce à la concertation et à la coconstruction. Bien entendu, des solutions pour la scolarisation des enfants sont à l’ordre du jour. Il pourra s’agir de nouvelles places dans les services d’éducation spéciale et de soins à domicile (Sessad) ou de la création d’unités d’enseignement externalisées ou d’unités mobiles d’enseignement, afin d’aider la scolarisation de tous les enfants handicapés dans l’école de la République.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à M. Jérôme Bascher, auteur de la question n° 771, transmise à Mme la ministre déléguée auprès du ministre des solidarités, de l’autonomie et des personnes handicapées, chargée des personnes handicapées.

Debut de section - PermalienPhoto de Jérôme Bascher

Madame la ministre, le 15 mars dernier, le maire de Lamorlaye, commune située dans le sud de l’Oise, a dû prendre un arrêté de péril à propos du centre de médecine physique et de réadaptation pour enfants, notamment handicapés. Du jour au lendemain, des parents se trouvent sans solution !

Ce centre appartient à la Croix-Rouge. Les responsables de l’ARS sont parfaitement informés de l’affaire. Nombre de personnes se sont mobilisées. Ce qui choque, c’est que ces enfants, qui rencontrent déjà beaucoup de difficultés, ne soient pas bien pris en charge, que ce soit par la Croix-Rouge ou par l’ARS. Ils ont besoin d’être scolarisés, pas trop loin, et de recevoir des soins en permanence.

Or on va fermer un centre, en laissant des professionnels de santé au chômage technique, alors même qu’il en manque en France. On envisage, un beau jour, d’en réimplanter un à 30 kilomètres de là, ou plutôt à 29, 8 kilomètres parce que si c’était à plus de 30 kilomètres, il serait obligatoire de licencier, etc. Ce n’est pas une solution !

De plus, quand déplacer le site à 29, 8 kilomètres oblige à passer de l’Oise au Val-d’Oise, le trajet des enfants peut durer non pas dix minutes, mais plusieurs heures. Ce n’est pas envisageable !

Madame la ministre, quelle solution pouvez-vous trouver, en lien avec l’ARS, pour aider ces enfants ?

Debut de section - Permalien
Geneviève Darrieussecq

Monsieur le sénateur, le centre de médecine physique et de réadaptation pour enfants de Lamorlaye, géré par la Croix-Rouge française, a en effet dû être évacué à la mi-mars, quelques jours avant la signature par le maire – le 24 mars dernier – d’un arrêté de péril. Face à cette situation difficile, je me suis rapprochée des services de l’ARS et de l’éducation nationale.

Monsieur le sénateur, soyez assuré que l’ARS est pleinement mobilisée. La sécurité des locaux est évidemment incontournable. J’ai demandé que toutes les garanties soient apportées pour la continuité de l’accompagnement de ces enfants. Cette continuité est notre priorité absolue.

Des solutions ont été trouvées pour répondre en urgence aux différentes situations. Ainsi, tous les enfants accueillis ont pu bénéficier d’une continuité de soins. Pour les prises en charge en hospitalisation complète, le centre s’est appuyé sur l’hôpital d’enfants de Margency, qui est également géré par la Croix-Rouge française. Les enfants pour lesquels une hospitalisation de jour est nécessaire ont pu poursuivre leurs soins à domicile, grâce à l’intervention d’une équipe mobile. Les vingt-cinq enfants scolarisés ont bien une solution de scolarisation jusqu’au 8 juillet prochain, dans des locaux provisoires mis à disposition par la municipalité. Le directeur académique des services de l’éducation nationale (Dasen) garantit que cette scolarisation pourra bien se poursuivre à la rentrée.

En ce qui concerne l’activité du centre, l’ARS met tout en œuvre pour assurer une solution pérenne qui réponde aux besoins du territoire et des habitants.

Monsieur le sénateur, nous serons particulièrement attentifs à ce que tous ces enfants puissent bénéficier de la continuité des soins et de la poursuite de leur scolarisation dans les meilleures conditions possible.

Je n’ai pas d’éléments quant au lieu d’implantation, mais je veux bien suivre avec vous ce sujet, afin que la meilleure solution soit trouvée.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à M. Jérôme Bascher, pour la réplique.

Debut de section - PermalienPhoto de Jérôme Bascher

Le sud de l’Oise traverse une grave crise en termes d’accès aux soins et de système de santé : le groupe hospitalier public du sud de l’Oise (GHPSO) a un déficit incroyable, tout comme l’hôpital Les Jockeys à Chantilly, et l’on a évoqué la situation du centre du Bois-Larris.

On a besoin de professionnels dans le sud de l’Oise ! Les familles s’y sont installées en raison de la présence de tels centres. Aussi, les déplacer de 30 kilomètres, en Île-de-France et non pas dans les Hauts-de-France, serait une faute, une erreur.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à M. Jean-Marie Mizzon, auteur de la question n° 748, adressée à M. le ministre des solidarités, de l’autonomie et des personnes handicapées.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Marie Mizzon

Madame la ministre, au siècle passé, au soir de sa vie, Charles de Gaulle prononce cette phrase terrible : « La vieillesse est un naufrage. » En dépit des progrès de la médecine, nombreux sont nos concitoyens qui pourraient porter ce même jugement aujourd’hui, à l’aube du XXIe siècle. Comment est-ce possible ?

Dans notre pays, l’un des plus vieillissants d’Europe, la défaillance de la prise en charge du grand âge est un fait. Et ce ne sont pas seulement les nouveaux modes de vie qui expliquent cette situation. Dans nos villes comme dans nos villages, nos aînés ne trouvent plus leur place. Et que dire du moment ultime, que d’aucuns souhaitent même abréger, faisant fi du serment d’Hippocrate, sous prétexte que les soins palliatifs sont une perte de temps et d’argent ?

Tout cela est glaçant ! Je le dis avec force : un être humain n’a pas de date de péremption ; un être humain n’est pas un objet dont on dispose à sa guise. Doué de pensée et pétri de sentiments, il est fait de chair et de sang. Sa vie n’a pas de prix.

Madame la ministre, ma question est simple : votre réforme du grand âge est-elle construite autour de l’humain ou est-elle rédigée par un comptable ? Je vous invite à être prudente dans votre réponse, car s’il est un sujet qui nous concerne tous un jour ou l’autre, c’est bien celui-là.

Debut de section - Permalien
Geneviève Darrieussecq

Monsieur le sénateur, je veux tout d’abord affirmer une chose : les personnes âgées, quel que soit leur état physique ou cognitif, sont avant tout des personnes. Elles doivent être prises en compte comme tel, car elles ont des droits : le droit de vivre dans la dignité et selon leur propre choix.

Le ministre Jean-Christophe Combe s’attache ainsi à répondre aux souhaits des Français – désormais majoritaires – de pouvoir vieillir à domicile. Cette priorité passe notamment par des mesures de prévention et d’accompagnement de la perte d’autonomie.

Justement, nombre de mesures ont été prises ces dernières années. Je pense tout particulièrement à la création de la branche autonomie de la sécurité sociale en 2020 et à l’augmentation progressive de ses ressources. Ces moyens doivent permettre notamment de financer des mesures pleinement respectueuses de la volonté et de la dignité des personnes âgées. Telle est notre boussole.

C’est à ce titre que le Parlement avait adopté, dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2023, des réformes cruciales, comme la trajectoire de recrutement de 50 000 professionnels soignants dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) pour les prochaines années. Cela signifie davantage de professionnels au chevet des personnes en perte d’autonomie. Il s’agit aussi du renforcement des mesures de contrôle des Ehpad, rendu indispensable par les dérives constatées, dont ont souffert de trop nombreuses personnes âgées, ainsi que de tous les plans d’aide à domicile visant à lutter contre l’isolement.

Nous sommes déterminés à continuer d’agir. En clôture du Conseil national de la refondation consacré au « bien vieillir », le 4 avril 2023, Jean-Christophe Combe a donné le coup d’envoi d’une réforme du grand âge, rassemblant toutes les mesures pour préparer la société au vieillissement de la population. Il s’agit de reconnaître et de simplifier la vie de ceux qui entourent les personnes âgées, de repérer l’isolement social et de mieux prévenir la perte d’autonomie, de simplifier l’accès au service public et à l’offre de soins, de lutter contre les maltraitances et de moraliser le secteur du grand âge.

Certaines mesures de cette réforme figureront dans des textes législatifs, notamment dans la proposition de loi portant mesures pour bâtir la société du bien vieillir en France, qui est en cours d’examen à l’Assemblée nationale.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à M. Jean-Marie Mizzon, pour la réplique.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Marie Mizzon

Madame la ministre, nous en sommes encore au stade des généralités, à propos desquelles nous nous retrouvons tous – Dieu merci !

On verra comment vous conduirez votre action et quelles seront vos propositions concrètes pour joindre la volonté politique à l’esprit que vous venez d’évoquer dans votre réponse. J’y serai personnellement très attentif ; croyez bien que le Sénat tout entier le sera également.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à Mme Marie-Pierre de La Gontrie, auteure de la question n° 737, adressée à M. le ministre des solidarités, de l’autonomie et des personnes handicapées.

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Pierre de La Gontrie

Madame la ministre, je me fais ici le relais d’un courrier de l’adjointe à la maire de Paris, chargée de l’accessibilité universelle et des personnes en situation de handicap, Lamia El Aaraje, qu’elle a adressé à votre collègue Jean-Christophe Combe le 11 avril dernier – nous vous en avons fait tenir copie – et qui n’a jamais reçu de réponse.

Comme vous le savez, l’article D. 245-9 du code de l’action sociale et des familles dispose que : « Les personnes atteintes de cécité, c’est-à-dire dont la vision centrale est nulle ou inférieure à 1/20 de la vision normale, sont considérées comme remplissant les conditions qui permettent l’attribution et le maintien de l’élément de la prestation lié à un besoin d’aides humaines. »

Ainsi, les personnes ayant un champ visuel altéré se trouvent exclues du dispositif de forfait cécité.

Pourtant, l’acuité et le champ visuels sont deux fonctions indispensables dans l’appréciation du déficit visuel, comme le rappellent le Syndicat national des ophtalmologues de France (Snof) ou l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui en tient systématiquement compte dans la description des différents stades de la déficience visuelle.

Si à l’échelon local certaines maisons départementales des personnes handicapées (MDPH) adoptent cette juste compréhension dans l’attribution du forfait cécité, elles appliquent dans leur majorité la législation actuelle stricto sensu, entraînant ainsi une inégalité de traitement sur le territoire national.

La MDPH de Paris a ainsi demandé à la commission des droits et de l’autonomie des personnes handicapées de faire jurisprudence sur un accord de forfait cécité pour les personnes qui ont un champ visuel très rétréci.

Aussi, madame la ministre, êtes-vous prête à remédier à ce problème, en mentionnant le champ visuel parmi les critères d’évaluation visant à octroyer le forfait cécité prévu à l’article D. 245-9 du code de l’action sociale et des familles ?

Debut de section - Permalien
Geneviève Darrieussecq

Madame la sénatrice, je vous remercie de cette question, qui me donne l’occasion de revenir sur l’accès à la prestation de compensation du handicap (PCH) aide humaine pour les personnes déficientes visuelles.

La PCH pour la déficience visuelle permet de demander cinq types d’aides : les aides humaines, les aides techniques, des aménagements du logement et du véhicule, des charges spécifiques ou exceptionnelles, une aide animalière.

Pour ces personnes, le code de l’action sociale et des familles prévoit deux possibilités différentes pour accéder à l’aide humaine. Elles peuvent accéder au forfait cécité dont vous parliez, qui correspond à cinquante heures d’aide humaine sur la base de l’évaluation de l’acuité en vision centrale après correction et sans prise en compte des amputations du champ visuel.

Mais des personnes qui ont un handicap visuel, autre que cette acuité en vision centrale dégradée, peuvent aussi demander une évaluation de leur éligibilité à la PCH sur la base des critères classiques, c’est-à-dire présenter une difficulté absolue ou deux difficultés graves dans des activités de la vie quotidienne.

Dans cette situation, une personne – éligible ou non – au forfait cécité pourra avoir un plan d’aides humaines supérieur à cinquante heures mensuelles. Pour les personnes présentant une surdicécité, sont prises en compte la perte auditive et la réduction de l’activité et du champ visuels pour accéder au forfait surdicécité, et ce depuis le 1er janvier 2023.

Vous le voyez, la situation évolue : les personnes souffrant d’une perte de champ visuel peuvent faire valoir ce handicap dans leur demande de PCH.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à Mme Marie-Pierre de La Gontrie, pour la réplique.

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Pierre de La Gontrie

Madame la ministre, je vous remercie de la grande précision de votre réponse, mais vous comprenez bien que la difficulté réside dans l’hétérogénéité de l’appréciation de la situation selon les départements.

Il serait bienvenu que vos services fassent en sorte qu’il y ait une application homogène dans l’ensemble des départements, parce que, vous comme moi, j’imagine, n’acceptons pas l’idée que les situations soient inégalitaires. Je vous remercie d’y veiller !

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à Mme Frédérique Gerbaud, auteure de la question n° 710, adressée à M. le ministre de la santé et de la prévention.

Debut de section - PermalienPhoto de Frédérique Gerbaud

Madame la ministre, ma question concerne l’encadrement des rémunérations des intérimaires médicaux.

Les plafonds fixés en la matière par la loi de 2016 de modernisation de notre système de santé, dite loi Touraine, n’étaient pas respectés. Pour cette raison, la loi du 26 avril 2021 visant à améliorer le système de santé par la confiance et la simplification, dite loi Rist, a fait obligation aux comptes publics d’interdire la mise en paiement de factures excédant le plafond de rémunération fixé par décret, en l’occurrence 1 170 euros brut pour vingt-quatre heures de travail.

Lors de l’entrée en vigueur de cette disposition, le 3 avril dernier, ce montant a été porté à 1 390 euros brut pour les contrats signés à partir de cette date. Un décret d’application en bonne et due forme viendra-t-il prochainement confirmer ou préciser ce montant, ainsi que les modalités transitoires de la mise en œuvre de la loi ?

Par ailleurs, êtes-vous en mesure de m’indiquer s’il est envisagé d’appliquer au secteur hospitalier privé l’encadrement des rémunérations des intérimaires médicaux ? Cela paraît logique et hautement souhaitable, étant donné l’appel d’air engendré par l’encadrement dans le secteur public, qui prive d’ores et déjà ce dernier d’une partie de l’appoint des intérimaires.

Enfin, n’est-il pas devenu urgent d’augmenter substantiellement les rémunérations des praticiens hospitaliers, toujours caractérisées par une différence considérable avec celles des intérimaires, même si ces dernières sont mieux maîtrisées ? Pour mémoire, une garde de nuit courant de dix-neuf heures au lendemain matin ne rapporte pas plus de 248 euros aux praticiens hospitaliers à temps plein qui l’effectuent.

Debut de section - Permalien
Geneviève Darrieussecq

Madame la sénatrice, encadrer les rémunérations des intérimaires est une volonté constante du législateur – elle est inscrite dans la loi depuis 2016.

La mise en application effective de cet encadrement depuis le 3 avril dernier était nécessaire pour garantir la pérennité de notre système de santé, pour renforcer les collectifs de travail hospitalier et pour lutter contre des dérives insoutenables financièrement et inacceptables éthiquement.

L’engagement de tous les acteurs locaux a été nécessaire afin d’accompagner l’entrée en vigueur de cette mesure. L’ensemble des fédérations d’établissements publics et privés de santé ont signé une charte d’engagement solidaire pour soutenir la mise en œuvre de ce dispositif et éviter toute surenchère ou concurrence entre les établissements publics et privés.

Des dispositifs de soutien ont été déployés en faveur des organisations locales et afin de revaloriser l’exercice hospitalier : majoration de 30 % de la prime de solidarité territoriale pour valoriser l’engagement des soignants, là où les besoins sont accrus ; revalorisation de 50 % du montant des indemnités de garde depuis la mission flash réalisée à l’été 2022, mission dont les mesures ont été prolongées ; et augmentation du plafond de l’intérim médical à 1 390 euros pour vingt-quatre heures jusqu’au 31 août.

Des mesures de revalorisation durable seront prochainement décidées. Conformément aux annonces du Président de la République lors de ses vœux aux soignants, une concertation sur les enjeux de permanence des soins, de l’évolution des carrières hospitalières et d’amélioration des conditions de travail des praticiens est en cours et devrait se terminer cet été.

Cette concertation s’appuie notamment sur les travaux qu’a menés l’inspection générale des affaires sociales (Igas) sur ces questions. Des propositions sont également en cours de discussion avec les partenaires sociaux en vue de leur entrée en vigueur avant la fin de l’année.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à Mme Frédérique Gerbaud, pour la réplique.

Debut de section - PermalienPhoto de Frédérique Gerbaud

Je vous remercie de votre réponse, madame la ministre.

Je répète l’une de mes questions : pouvez-vous me donner des renseignements supplémentaires ou des indications quant à la publication du décret ? Est-il prévu pour le courant du mois de juillet ? À ma connaissance, il n’est toujours pas sorti.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à Mme Corinne Féret, auteure de la question n° 770, adressée à M. le ministre de la santé et de la prévention.

Debut de section - PermalienPhoto de Corinne Feret

Madame la ministre, en 2017, la ministre de la santé de l’époque reconnaissait l’abandon de la psychiatrie. Près de six plus tard, rien n’a changé.

Le personnel exerce dans des conditions difficiles, qui se sont encore dégradées à l’issue de la crise de covid-19, laquelle a d’autant plus détérioré la santé mentale des adultes comme des plus jeunes. Ainsi, des enfants et leurs parents souffrent d’un manque d’accompagnement et les files d’attente s’allongent dans les centres médico-psychologiques ou médico-psycho-pédagogiques.

Manifestement, l’urgence et la gravité de la crise que connaît la psychiatrie publique sont loin d’être prises en compte. Les établissements sont confrontés à des départs massifs et sans précédent de praticiens et de personnels soignants non médicaux. Partout, les fermetures de lits, voire d’entités entières, se multiplient, forçant les directions à des restructurations particulièrement délétères pour la prise en charge des patients.

Les retards ou les défauts de prise en charge des personnes atteintes de troubles psychiatriques ne sont évidemment pas sans conséquence, comme en témoigne la récente agression qui a coûté la vie à une infirmière au centre hospitalier universitaire de Reims.

Dans le Calvados, au début du mois de juin dernier, au sein de l’établissement public de santé mentale (EPSM) de Caen, un malade a réussi à mettre le feu à sa chambre et à en saccager deux autres. Résultat : trois agents ont dû être conduits aux urgences. On vient d’apprendre que cet été, faute de médecins, l’établissement va devoir fermer l’un de ses services, quelques semaines après avoir fermé temporairement vingt-huit lits dans trois unités.

Les équipes ne cessent d’alerter les autorités, en vain, sur cette situation, qui porte atteinte à leur sécurité et à celle des patients. Ce personnel, déjà sous tension, n’a pas à travailler dans la peur.

Aussi, madame la ministre, je souhaiterais connaître la stratégie du Gouvernement pour répondre aux besoins urgents de la psychiatrie publique, en particulier dans le Calvados et plus précisément à l’EPSM de Caen.

Debut de section - Permalien
Geneviève Darrieussecq

Madame la sénatrice, la stratégie d’ensemble pour la santé mentale, qui est une priorité de notre action, est déployée depuis 2018. En 2026, elle aura mobilisé 3, 3 milliards d’euros et aura entraîné des réformes et des actions importantes pour la prévention, le parcours de soins et l’inclusion sociale.

La psychiatrie a toute sa place au cœur de cette stratégie. Mais nous n’ignorons rien de la crise qu’elle traverse, qui est multifactorielle. Aujourd’hui, la question est non pas celle des moyens et des financements, mais celle de la capacité à trouver le personnel médical et paramédical nécessaire. En effet, si la démographie médicale est aujourd’hui globalement défavorable, celle de la psychiatrie et de la pédopsychiatrie l’est encore plus.

Aussi, pour rénover l’attractivité de cette filière et afin que les futurs médecins soient toujours plus nombreux à la rejoindre, des mesures structurantes à moyen et à long termes ont été engagées : suppression du numerus clausus ; passage de quatre ans à cinq ans du diplôme d’études spécialisées (DES) de psychiatrie ; augmentation du nombre de postes de chefs de clinique et de personnels hospitalo-universitaires titulaires en pédopsychiatrie ; renforcement et valorisation de la recherche et de la formation ; recrutement d’infirmiers en pratique avancée en psychiatrie…

Dans l’immédiat, nous nous attachons à optimiser les organisations et les ressources humaines par des réformes structurantes du financement et des autorisations en psychiatrie, par le déploiement de projets territoriaux de santé mentale (PTSM), par la généralisation des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), par l’appui de psychologues volontaires et conventionnés du dispositif « Mon Psy ».

Nous renforçons ainsi l’articulation entre les premières lignes généralistes et l’offre spécialisée, entre l’offre publique et l’offre privée. Nous encourageons la délégation de tâches et nous développons les politiques de prévention de la souffrance psychique et des crises, ce qui contribue à protéger l’hôpital et les services d’urgence.

Le sujet de la sécurité des soignants, que vous avez mentionné, est un autre enjeu qu’il ne faut pas mélanger avec celui que je viens d’évoquer. Ce sont deux questions distinctes. Le ministre François Braun travaille bien sûr pour sécuriser les urgences.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à Mme Corinne Féret, pour la réplique.

Debut de section - PermalienPhoto de Corinne Feret

Madame la ministre, je vous remercie de votre réponse, mais je veux insister sur le fait qu’il y a urgence à agir, aussi bien pour les agents hospitaliers et les patients déjà pris en charge que pour les personnes qui devraient l’être.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à Mme Véronique Guillotin, auteure de la question n° 636, adressée à M. le ministre de la santé et de la prévention.

Debut de section - PermalienPhoto de Véronique Guillotin

Madame la ministre, la filière pharmaceutique est un maillon essentiel de notre système de santé et de la bonne prise en charge des patients.

Pourtant, alors que certaines pharmacies doivent fermer faute de repreneur et que le nombre de postes non pourvus dans l’industrie pharmaceutique est estimé à 10 000, 1 100 places ont été perdues en deuxième année de cursus au cours de l’année 2022-2023. Ainsi, 1 100 étudiants n’ont pas souhaité poursuivre leurs études à l’issue de la première année !

Taux plus éloquent encore, moins de 50 % des places offertes ont été pourvues dans les facultés de Caen, Bordeaux, Poitiers et Reims, qui ne sont pas les moins attractives ! Ces étudiants non formés sont autant de pharmaciens qui ne pourront être déployés dans nos territoires.

Ce phénomène est dû à deux réalités. D’une part, du fait de la montée en compétences du métier, son attractivité doit probablement être repensée. D’autre part, la complexité de la réforme de l’entrée dans les études de santé, qui est pointée du doigt par toutes les parties prenantes, est considérée comme l’une des causes de nombre de désistements.

En effet, sous l’effet conjugué du manque de médecins, d’une évolution des pratiques et de la pandémie de covid-19, de nouvelles missions de santé publique ont été confiées aux pharmaciens – c’est bien –, telles que certains dépistages et vaccinations, sans toutefois les accompagner d’une revalorisation à la hauteur – c’est moins bien.

De même, la réforme des parcours accès santé spécifique (Pass) et des licences accès santé (LAS), l’absence du cursus sur Parcoursup et le manque d’informations sur l’éventail des métiers de la pharmacie sont des freins qui ne permettent pas de remplir les filières. Bien souvent, ces complexités conduisent d’ailleurs les candidats les plus motivés à se tourner vers des facultés étrangères, plus simples d’accès.

Madame la ministre, je souhaiterais donc savoir si des ajustements sont envisagés pour améliorer l’attractivité de cette formation et de cette filière, qui est indispensable à notre système de santé et à nos territoires.

Debut de section - Permalien
Geneviève Darrieussecq

Madame la sénatrice, le métier de pharmacien est indispensable : les 21 000 officines du réseau des pharmacies sont des lieux privilégiés d’accès à la santé sur les territoires.

Le métier de pharmacien est un métier d’avenir, avec de nouveaux enjeux et de nouvelles perspectives. Nous avons par exemple élargi les compétences des pharmaciens en matière de vaccination – leur rôle dans les récentes campagnes a été crucial – et de prévention. Ils ont également un rôle clé à jouer en matière de numérisation et de transition écologique du système de santé.

Il est crucial que le métier de pharmacien continue de susciter des vocations. Le ministère de la santé a agi, en lien avec le ministère de l’enseignement supérieur : amélioration de la visibilité de l’offre de formation sur Parcoursup ; amélioration du module de découverte des métiers de la santé ; réforme du troisième cycle de pharmacie, très attendue par la communauté étudiante. Le ministre de la santé et de la prévention, François Braun, a également annoncé la création de deux diplômes d’études spécialisées (DES) courts, l’un pour l’officine, l’autre pour l’industrie.

Afin d’améliorer l’attractivité du métier de pharmacien d’officine, l’indemnité du stage de neuf mois que nous proposerons aux étudiants en DES court de pharmacien d’officine sera significativement revalorisée.

De plus, afin de favoriser ces stages en dehors des centres-villes et dans les zones rurales et de soutenir ainsi le maillage territorial des pharmacies, nous souhaitons créer une indemnité de déplacement pour les étudiants de troisième cycle.

Cette réforme contribue à l’attractivité de la formation en pharmacie, en renforçant le cursus – pour prendre notamment en compte les nouvelles réalités de l’exercice de la profession – et en confirmant l’excellence des parcours.

Enfin, afin de diminuer le nombre de places non pourvues, un décret permet désormais de reporter, au sein d’une même région, les places non pourvues dans une université vers une ou plusieurs autres.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à Mme Véronique Guillotin, pour la réplique.

Debut de section - PermalienPhoto de Véronique Guillotin

Nous devons trouver des solutions, en nous inspirant notamment de ce qui se fait pour les médecins. On parle beaucoup du maillage territorial des pharmacies, mais la désertification progresse là aussi.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à M. Alain Marc, auteur de la question n° 659, adressée à M. le ministre de la santé et de la prévention.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

Les infirmiers sont des professionnels de proximité dont l’activité est caractérisée par le soin technique et le soin relationnel, nécessaires à la prise en charge du patient.

Présents sept jours sur sept, 365 jours par an, au chevet des patients sur l’ensemble du territoire, les infirmiers libéraux pallient le déficit d’offre de soins dans les territoires sous-dotés. Mais leurs missions et leur travail sont insuffisamment reconnus, alors que ces professionnels sont l’un des maillons essentiels de la continuité des soins. Ils répondent aux besoins des patients dans des conditions qui se dégradent peu à peu.

Malgré les crises et les pandémies, ces soignants de première ligne n’ont bénéficié ni de la prime covid ni de celle du Ségur de la santé.

À l’exception de l’augmentation exceptionnelle de 4 centimes de l’indemnité forfaitaire de déplacement, qui a pris fin le 31 décembre dernier, leurs indemnités kilométriques n’ont pas été revalorisées en dépit de la flambée des prix du carburant.

Enfin, la forfaitisation des soins infirmiers pour les personnes dépendantes pose un réel problème de prise en charge.

Madame la ministre, le Gouvernement envisage-t-il de revaloriser les lettres clés de la nomenclature des actes infirmiers – inchangées depuis 2012 – et d’instaurer une compensation pérenne de la hausse des prix du carburant ?

Quelles mesures le Gouvernement compte-t-il mettre en œuvre afin d’améliorer rapidement la situation des infirmiers libéraux en revalorisant le travail de ces femmes et de ces hommes qui œuvrent inlassablement pour la santé des concitoyens ?

Debut de section - Permalien
Geneviève Darrieussecq

Monsieur le sénateur, la profession d’infirmier libéral, première profession de santé libérale en France métropolitaine, est absolument indispensable sur tous nos territoires pour le maintien des personnes âgées et des personnes handicapées à domicile, ainsi que pour tous les soins courants. Nous accordons donc une importance toute particulière à leurs tarifs et à leur rémunération.

Le ministre de la santé et de la prévention, François Braun, a souhaité que les partenaires conventionnels ouvrent des négociations rapides et ciblées sur la revalorisation des actes du quotidien. Il a demandé au directeur général de la Caisse nationale d’assurance maladie d’engager ces discussions.

À la suite d’échanges fructueux ces dernières semaines, un accord a été signé le 16 juin dernier. Il acte d’importantes revalorisations au bénéfice des infirmiers et infirmières libéraux qui interviennent au domicile de leurs patients : augmentation de 10 % de l’indemnité forfaitaire de déplacement ; généralisation, à partir d’octobre 2023, du bilan de soins infirmiers (BSI) pour les patients dépendants de moins de 85 ans et suivis par l’infirmier à domicile. Il s’agit de la dernière étape du déploiement du fameux BSI : cette réforme majeure reconnaît le rôle essentiel des infirmiers libéraux dans la prise en charge des patients dépendants.

Nous améliorons également la reconnaissance de leurs compétences et de leur expertise : pérennisation de la permanence des soins infirmiers grâce à la loi du 19 mai 2023 portant amélioration de l’accès aux soins par la confiance aux professionnels de santé, dite loi Rist 2, qui permet l’évaluation à domicile des patients qui contactent le centre 15 ; nouveau champ d’exercice autonome, de manière coordonnée, pour la prise en charge de plaies ; droit de prescription et d’administration de l’ensemble des vaccins grâce à la loi de financement de la sécurité sociale pour 2023 ; expérimentation de la réalisation des certificats de décès ; statut d’infirmier référent prévu dans la proposition de loi visant à améliorer l’accès aux soins par l’engagement territorial des professionnels du député Frédéric Valletoux ; etc.

Vous le voyez, grâce à notre action, les infirmiers seront mieux reconnus dans leur action au quotidien auprès des personnes dont l’état exige des soins.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

Ces personnels ont besoin d’être mieux reconnus. Avec 5 habitants au kilomètre carré, certains de nos territoires sont particulièrement peu denses… Heureusement que les infirmiers libéraux sont là pour soigner les gens dans les maisons ! C’est un enjeu d’aménagement du territoire et d’égalité dans l’accès aux soins.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à Mme Sylviane Noël, auteure de la question n° 723, adressée à M. le ministre de la santé et de la prévention.

Debut de section - PermalienPhoto de Sylviane Noël

Madame la ministre, alors que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré la fin de l’épidémie de covid-19 en tant qu’urgence de santé publique internationale, différents hôpitaux en France persistent dans une pratique gravement discriminante : dans la liste d’attente nationale des greffes, ils placent les personnes non vaccinées contre la covid-19 en contre-indication temporaire, ce qui de facto les exclut de la liste et empêche toute transplantation.

C’est ainsi qu’au mois d’octobre 2022 le centre hospitalier universitaire (CHU) de Dijon a invoqué une contre-indication médicale temporaire, en se fondant sur une recommandation nationale de la société francophone de transplantation qui préconise de ne pas transplanter les patients non vaccinés contre la covid-19, lorsque le taux d’incidence départementale de cette maladie est supérieur à 50 pour 100 000 habitants.

Au mois de février 2023, le CHU a réitéré son refus, invoquant des risques d’infection sévère au coronavirus, voire de décès à la suite de la perte du greffon.

Depuis, le CHU a changé d’avis et levé la contre-indication temporaire à la greffe de la personne concernée du fait de sa non-vaccination contre la covid-19. Il a toutefois demandé à la personne de signer un document dans lequel elle reconnaît les dangers de ne pas être vaccinée et qui dédouane l’hôpital en cas de complication…

Dès lors, le tribunal administratif de Dijon ne peut plus établir de jurisprudence pour d’autres patients ou centres hospitaliers, alors même que cette situation dramatique concerne de nombreuses personnes en attente de greffe non vaccinées contre la covid-19.

L’Agence de la biomédecine – garante de l’accès égal à la greffe d’organes sur tout le territoire – assure pourtant que la vaccination contre la covid-19 n’est pas obligatoire pour les personnes en attente de greffe.

Le Gouvernement le confirme-t-il ? Tous les Français doivent être égaux dans la répartition des organes prélevés en vue d’une greffe.

Debut de section - Permalien
Geneviève Darrieussecq

Madame la sénatrice, au cours de la crise sanitaire, toutes les recommandations de l’Agence de la biomédecine (ABM) – placée sous la tutelle du ministère de la santé – à destination des équipes hospitalières de prélèvement et de greffe ont porté sur la conduite à tenir en cas de symptomatologie covid positive du donneur.

Concernant les receveurs en attente de greffe, l’Agence, qui met tout en œuvre pour que chaque malade reçoive les soins nécessaires, dans le respect des règles de sécurité sanitaire, d’éthique et d’équité, s’est appuyée et s’appuie encore sur les différents avis actualisés au fur et à mesure des données scientifiques.

S’appuyant ainsi sur les avis du groupe de travail « Sécurité des éléments et produits du corps humain » du Haut Conseil de la santé publique (HCSP) et sur les recommandations des sociétés savantes – notamment de la Société francophone de transplantation et de la Société francophone de néphrologie, dialyse et transplantation –, l’Agence de la biomédecine n’a jamais considéré le schéma vaccinal complet comme un prérequis obligatoire pour accéder à la greffe d’organes.

Concernant la gestion et le suivi des contre-indications temporaires, l’ABM a émis les recommandations suivantes le 2 mars 2021 : les contre-indications temporaires doivent faire l’objet d’une révision régulière par les équipes de greffe, patient par patient ; l’ABM doit être informée des suspensions d’activité provisoires de prélèvement et de greffe. L’expertise de l’ABM en fait l’autorité de référence sur les aspects médicaux, scientifiques et éthiques relatifs à ces questions.

Dans le cas du CHU de Dijon, l’Agence a réalisé un état des lieux, en lien avec les équipes hospitalières. Elle a conclu qu’aucune disparité dans l’accès à la greffe, imputable à une potentielle gestion erratique de la liste d’attente par les équipes dijonnaises et concernant le motif covid, n’était apparue.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à Mme Catherine Deroche, auteure de la question n° 781, adressée à M. le ministre de la santé et de la prévention.

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Deroche

Ma question concerne l’accès des patients à des solutions thérapeutiques innovantes dans le traitement du tremblement essentiel. Cette maladie, qui touche plus de 300 000 patients en France, se traduit par la survenue d’un tremblement qui empêche le malade de contrôler ses mouvements.

Deux principaux traitements existent : le traitement par voie médicamenteuse, auquel certains patients ne peuvent accéder en raison de contre-indications médicales, d’absence de réponse au traitement ou de rejet du fait du caractère répétitif de la prise du médicament et de ses effets indésirables ; et la stimulation cérébrale profonde, méthode invasive qui consiste à implanter des électrodes dans le cerveau du patient à l’issue de deux interventions chirurgicales.

« Exablate Neuro » est une nouvelle piste de traitement, par ondes ultrasonores, sans incision, réalisé en ambulatoire dans la salle d’imagerie par résonance magnétique (IRM). En une seule intervention et sans anesthésie, les patients verraient leurs tremblements diminuer immédiatement et durablement.

Ce traitement innovant qui se développe depuis plusieurs années dans le monde entier devrait prochainement permettre de traiter d’autres maladies neurodégénératives, notamment la maladie de Parkinson. Il n’est pourtant toujours pas accessible en France.

Quelle est votre feuille de route en matière de maladies neurodégénératives dans le cadre du plan Innovation Santé 2030 ?

Debut de section - Permalien
Geneviève Darrieussecq

Madame la sénatrice Deroche, les travaux pour établir la nouvelle feuille de route sur les maladies neurodégénératives ont débuté en juin 2021. Ils s’appuient sur le bilan du plan contre les maladies neurodégénératives 2014-2019 et sur la feuille de route 2021-2022.

L’évaluation du plan 2014-2019 par les professeurs Joanette et Grand s’est déroulée de décembre 2019 à mai 2020. Ses auteurs recommandent de poursuivre nos efforts pour faire face aux impacts des maladies neurodégénératives, en particulier de celles qui sont cause de troubles majeurs de la cognition dans le vieillissement. Ils préconisent une approche équilibrée, allant de la prévention aux mesures sociales, en passant par un accès équitable et au juste moment à un diagnostic et à un suivi thérapeutique, en s’appuyant sur les données scientifiques.

La feuille de route 2021-2022 a été élaborée dans le contexte du covid-19, grâce à un dialogue nourri avec le collectif des associations de malades. Elle a été conçue comme une étape intermédiaire, avec l’objectif de cibler les mesures inachevées du plan 2014-2019.

Le rapport de l’inspection générale des affaires sociales (Igas) relatif à l’évaluation des dispositifs spécialisés de prise en charge des personnes atteintes de maladies neurodégénératives, remis en juillet 2022, était également attendu pour enrichir les volets médico-social et sanitaire.

Ces travaux ont permis d’identifier la nécessité de poursuivre les mesures déjà engagées dans le champ des maladies neurodégénératives. Ces projets feront l’objet d’une concertation réunissant l’ensemble des parties prenantes, dès les prochaines semaines.

Le Gouvernement a également souhaité que la nouvelle feuille de route intègre un volet relatif à la recherche.

Le traitement du tremblement essentiel par ondes ultrasonores est en effet prometteur. Mais il est encore à l’étude et des incertitudes quant à la durée de son efficacité demeurent. Nous sommes très attentifs à ce procédé qui est en cours de développement en France dans des services hautement spécialisés.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à Mme Catherine Deroche, pour la réplique.

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Deroche

Certains pays sont plus rapides que nous pour mettre les innovations thérapeutiques à la disposition de leurs patients. Nous l’avons bien vu lors de la table ronde sur la prise en charge de la douleur organisée par la commission des affaires sociales la semaine dernière et qui a permis d’évoquer les innovations en cancérologie. Nous restons trop focalisés sur le médicament : voyez la crise des opioïdes aux États-Unis !

Nous devons accélérer le déploiement de ces nouveaux traitements, car nos patients sont défavorisés par rapport à ceux d’autres pays.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à Mme Else Joseph, auteure de la question n° 499, adressée à M. le ministre de la santé et de la prévention.

Debut de section - PermalienPhoto de Else Joseph

Les mois passent et l’inquiétude sur l’offre de soins dans les Ardennes demeure. Telle sœur Anne, je ne vois rien venir, malgré les mots doux et les vagues promesses.

Le sort de la maternité de Sedan reste incertain et fait craindre une aggravation de la fracture obstétricale dans mon département. Sa fermeture accroîtrait démesurément la distance entre le domicile des femmes et leur lieu d’accouchement, car nous sommes dans un département rural. Une seule maternité, c’est insuffisant pour les Ardennes ! Quel message envoie-t-on aux femmes ?

Il y a deux mois, ici même, le ministre de la santé a annoncé des solutions pour chaque territoire, en organisant un parcours de soins pour chaque patiente, mais aussi en développant des solutions innovantes comme les centres périnataux de proximité, à l’instar de ce qui a été mis en place dans certaines villes.

Des initiatives ont été prises dans mon territoire, notamment par l’hôpital Nord-Ardennes, pour Charleville-Mézières et toute la vallée de la Meuse. Je pense notamment à l’expérimentation, qui a débuté il y a quelques semaines, d’équipes mobiles d’auxiliaires de puériculture qui se déplacent à domicile : ça fonctionne ! Mais comment en pérenniser le fonctionnement, notamment le financement de quatre véhicules ?

Madame la ministre, nous avons besoin de visibilité. Certes, le Gouvernement nous a rassurés en affirmant que le rapport de l’Académie de médecine qui prône la fermeture des maternités réalisant moins de 1 000 accouchements annuels ne l’engageait pas, mais nous sommes inquiets pour l’avenir de la maternité de Sedan.

On ne peut ainsi sacrifier la santé des femmes et de leurs enfants. Elle n’a pas de prix, mais elle a un coût. Nous devons agir. Quelles solutions nous proposez-vous ? Comment les financer sans grever davantage le budget déjà contraint des agences régionales de santé (ARS) ?

Debut de section - Permalien
Geneviève Darrieussecq

Madame la sénatrice, le ministre de la santé, François Braun, l’a réaffirmé : nous n’avons aucun objectif de fermeture ni d’établissement de santé ni de service.

Depuis plusieurs mois, l’ARS Grand Est suit avec attention la situation de la maternité de Sedan, dans un contexte marqué par une extrême fragilité des équipes médicales et en particulier de l’anesthésie-réanimation – les deux praticiens assurant cette activité ont annoncé leur départ dès 2022. Il s’agit donc plus d’une question de moyens humains que de moyens financiers.

Les professionnels du centre hospitalier intercommunal Nord-Ardennes, les élus du territoire et l’ARS ont beaucoup échangé depuis septembre 2022, dans l’objectif de sécuriser la prise en charge des parturientes et de renforcer l’offre de santé territoriale proposée aux femmes et aux enfants.

Au-delà de notre action pour renforcer l’attractivité des carrières hospitalières au niveau national et de l’action de l’ARS sur l’attractivité du territoire, des actions de communication conjointes entre les collectivités territoriales et l’hôpital ont été menées durant le premier semestre 2023.

Malgré ces actions fortes, en l’absence de candidat au poste de médecin anesthésiste, l’impératif de sécurité a conduit l’ARS à suspendre temporairement les accouchements sur le site de Sedan. Sans anesthésiste, pas d’accouchement possible.

Des mesures ont été prises et des solutions alternatives mobilisées pour que personne ne soit sans solution. Ces mesures sont en cours de mise en œuvre par les équipes hospitalières, pour une approche coordonnée de l’ensemble des acteurs du territoire sedanais autour de la femme et de l’enfant dans une logique d’« aller vers ». Bien sûr, nous poursuivrons ce travail pour améliorer la prise en charge des femmes, des parturientes et des enfants dans votre département, notamment à Sedan.

Debut de section - PermalienPhoto de Else Joseph

Je sais tout cela : il y a en effet un problème humain. Un gros travail a été fait avec les élus locaux. Je vous demande de soutenir les initiatives prises dans nos territoires, pour rassurer les acteurs et pérenniser ces nouvelles mesures. Nos territoires ruraux l’attendent.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à Mme Amel Gacquerre, auteure de la question n° 761, transmise à M. le ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse.

Debut de section - PermalienPhoto de Amel Gacquerre

Le 23 novembre 2020, un arrêt du Conseil d’État a conduit l’État à se désengager de la rémunération des accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH), lorsque ces derniers interviennent sur les temps de pause méridienne ou à l’occasion des activités périscolaires mises en place par les collectivités territoriales.

Cela est incompréhensible : le recrutement et la rémunération des AESH devraient relever de la seule responsabilité de l’État, garant de l’inclusion et de la continuité de la prise en charge des enfants en situation de handicap.

Dans un rapport du 25 août 2022, la Défenseure des droits a souligné le manque de moyens humains et budgétaires consacrés à l’accompagnement de ces enfants.

Les collectivités se retrouvent contraintes de supporter seules les frais d’intervention des AESH sur le temps périscolaire ; c’est insoutenable dans un contexte de baisse des recettes et d’explosion des dépenses, notamment énergétiques.

Dans le Pas-de-Calais, comme dans la plupart des départements, de nombreuses communes sont confrontées à un manque d’AESH dans les écoles, lié à des difficultés budgétaires, mais également de recrutement dans un métier essentiel et riche, mais difficile et peu reconnu.

À quelques semaines de la prochaine rentrée scolaire, de nombreux maires et parents d’élèves en situation de handicap, inquiets, m’interpellent.

Madame la ministre, afin de garantir le droit fondamental à l’éducation pour tous les enfants, quel que soit leur handicap, quels moyens humains et budgétaires l’État compte-t-il déployer pour faire de l’école inclusive une réalité ?

Avez-vous l’intention de faire évoluer rapidement le cadre légal de l’intervention des AESH lors des temps périscolaires en revenant notamment sur le désengagement de l’État dans leur rémunération ? Cela soulagerait la pression financière qui pèse sur les collectivités.

Debut de section - Permalien
Geneviève Darrieussecq

Madame la sénatrice, le Conseil d’État a simplement rappelé que les temps périscolaires relevaient de la compétence des collectivités territoriales. Dans le cadre de la Conférence nationale du handicap, nous envisageons de renforcer notre aide aux communes, via les Caisses d’allocations familiales (CAF), pour la prise en charge des enfants en situation de handicap pendant le temps périscolaire.

Le budget de l’école inclusive s’établit à 3, 8 milliards d’euros en 2023, en hausse depuis plusieurs années. À la rentrée prochaine, 4 000 AESH supplémentaires seront recrutés.

Au-delà de tout ce qui a déjà été fait pour améliorer leur situation, nous avons récemment pris trois mesures importantes.

La première, dans la loi de finances pour 2023, prévoit 10 % d’augmentation salariale nette pour tous les AESH dès le 1er septembre 2023, soit 80 millions d’euros en 2023 et 240 millions d’euros en année pleine.

Cette revalorisation s’ajoutera à l’extension aux AESH et aux assistants d’éducation (AED), depuis janvier, de la prime des réseaux d’éducation prioritaire (REP) et REP+.

Enfin, une fois la proposition de loi visant à lutter contre la précarité des accompagnants d’élèves en situation de handicap et des assistants d’éducation de la députée Michèle Victory définitivement adoptée, les AESH pourront bénéficier d’un CDI après trois ans de CDD – et non plus six ans.

Nous irons encore plus loin avec l’acte II de l’école pour tous, car la lutte contre la précarité de ces personnels passe par l’accès à un temps complet pour ceux qui le souhaitent.

Enfin, pour assurer la continuité de la prise en charge des élèves en situation de handicap, nous proposons aux AESH d’accompagner, pour le compte des collectivités territoriales, des élèves en situation de handicap sur le temps périscolaire : afin de faciliter cette organisation, une convention permettra que l’État soit l’employeur unique.

Nous souhaitons en outre proposer aux AESH qui le souhaitent des missions contribuant à la réussite éducative de tous les élèves.

Vous le voyez, nous prenons très au sérieux le rôle des AESH.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à M. Michel Canévet, auteur de la question n° 592, adressée à M. le ministre de l’économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique.

Debut de section - PermalienPhoto de Michel Canevet

Le Bulletin officiel des finances publiques (Bofip) du 8 février 2023 a modifié les règles d’assujettissement à la TVA, en prévoyant d’imposer au taux de 20 % les orthèses dentaires et les prothèses orthodontiques, alors que jusqu’à présent les prothésistes dentaires n’étaient pas assujettis à la TVA pour l’intégralité de leur activité.

Vous imaginez bien tous les problèmes que cela crée ! Il va falloir adapter l’organisation des cabinets de prothésistes dentaires : masques de factures, logiciels, etc. Les éditeurs de logiciels demandent des délais.

Des marchés publics, en cours, vont devoir être revus pour tenir compte de la modification des tarifs, ce qui nécessitera aussi des délais. Les professionnels devront également être formés, informés et sensibilisés.

Le Gouvernement peut-il nous rassurer sur le fait que cette disposition ne sera pas rétroactive ? Nous demandons en outre un délai dans l’application de cette disposition, afin de donner aux acteurs le temps de s’adapter.

Debut de section - Permalien
Geneviève Darrieussecq

Monsieur le sénateur, la législation en vigueur exonère de TVA les fournitures de prothèses dentaires par les dentistes et les prothésistes, conformément à la transposition de la directive relative au système commun de TVA.

La notion de prothèse dentaire fait l’objet d’une définition précise : il s’agit d’une pièce ou d’un appareil qui remplace un organe ou un membre, en totalité ou en partie, en reproduisant ses formes et en remplissant si possible les mêmes fonctions.

Elle se distingue donc de l’orthèse, qui est une pièce ou un appareil destiné à prévenir ou à corriger une déformation ou à suppléer les défaillances du membre ou de l’organe en cause.

Cette définition figure, depuis 2012, au Bulletin officiel des finances publiques, qui fait foi pour l’application par l’administration fiscale des taux réduits de TVA aux appareillages et équipements spéciaux pour les personnes handicapées.

L’exonération de TVA n’est donc, aux termes de la loi, pas applicable aux orthèses. Cette exclusion n’est pas nouvelle : le comité de la TVA l’a rappelée dès 2015, en précisant que l’expression « prothèses dentaires » ne comprend ni la fourniture de dispositifs dentaires tels que les appareils orthodontiques et les gouttières dentaires ni celle des matériaux qui servent à fabriquer des prothèses dentaires.

Dans ces conditions, la TVA applicable aux orthèses dentaires n’a pas évolué : son exclusion a été explicitement rappelée au Bofip le 8 février dernier, à la demande de la profession en lien avec les services de Bercy.

Notre cadre juridique prémunit les contribuables contre un changement de la norme fiscale. C’est ainsi que les entreprises qui ont bénéficié d’un rescrit confirmant à tort l’application du taux réduit à des orthèses dentaires bénéficieront de la garantie fiscale, tout comme les entreprises qui ont subi un contrôle fiscal dont les conclusions ont considéré que leur pratique était conforme à la loi. De tels rescrits ou garanties demeureront invocables tant que l’administration ne les aura pas rapportés. Il est important que les professionnels soient ainsi protégés.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à M. Michel Canévet, pour la réplique.

Debut de section - PermalienPhoto de Michel Canevet

Je remercie Mme la ministre pour ces précisions : la profession doit savoir à quoi s’en tenir. Il faut octroyer des délais dans l’application de cette taxation, comme cela a été le cas dans d’autres professions. Il ne faudrait pas que ces professionnels libéraux de santé, qui concourent à la santé de l’ensemble de nos concitoyens, soient mis en difficulté par cette imposition. Ils acceptent de payer, mais il faut leur laisser du temps.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à Mme Michelle Gréaume, auteure de la question n° 749, adressée à M. le ministre de l’économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique.

Debut de section - PermalienPhoto de Michelle Gréaume

Dernière entreprise française à fabriquer des roues et des essieux pour le ferroviaire et le matériel roulant, l’entreprise Valdunes est menacée de fermeture à la suite du désengagement de son unique actionnaire, le chinois MA Steel.

Quelque 368 salariés au savoir-faire reconnu – comme a pu le constater votre collègue Roland Lescure, ministre délégué chargé de l’industrie, lors de sa venue sur place – sont menacés de licenciement sur les deux sites nordistes de Trith-Saint-Léger et de Leffrinckoucke.

Or la suppression d’un emploi industriel entraîne la perte de trois emplois induits ; on mesure dès lors l’ampleur des conséquences que cela emporterait, aux plans humain et industriel, dans des territoires déjà fortement touchés par le chômage et la précarité. Rappelons que les salariés de Valdunes sont les seuls en France à produire les roues, axes et essieux dans un secteur d’activité clé : le ferroviaire et les transports publics.

La mobilisation des salariés, des élus et de la population a déjà fait bouger les lignes. L’activité devrait ainsi être maintenue jusqu’à la fin de cette année, laissant du temps pour trouver un repreneur et sauver les sites.

Pour autant, madame la ministre, le vrai sujet est la définition d’un projet industriel.

Les difficultés de Valdunes ne sont en effet pas nouvelles : elles résultent à la fois des délocalisations de productions, mises en œuvre par l’ancien actionnaire chinois qui a délaissé les sites français après avoir fait main basse sur la technologie et les brevets, et du choix de la SNCF, de la RATP et d’Alstom de faire fabriquer roues et essieux à l’étranger.

Le retrait de MA Steel offre l’opportunité de changer d’orientation et de reprendre la main sur cet outil stratégique pour notre indépendance industrielle et la transition écologique.

La reconquête des marchés de la SNCF, de la RATP et d’Alstom, des entreprises publiques ou bénéficiant très largement de fonds publics, est une priorité. L’État doit agir et faire pression, comme il s’y est engagé verbalement lors de la rencontre avec la délégation de représentants du personnel de Valdunes.

Debut de section - Permalien
Geneviève Darrieussecq

Madame la sénatrice, les services de l’État, comme vous l’avez mentionné, sont activement engagés auprès de l’entreprise Valdunes, en particulier depuis l’annonce du retrait de son actionnaire, le 5 mai 2023.

Dans un premier temps, leurs efforts se sont concentrés sur la sécurisation des conditions contractuelles et opérationnelles, afin de garantir la continuité de l’activité de l’entreprise tout au long de l’année. Un accord a été trouvé avec son actionnaire et principal fournisseur, ce qui a permis une reprise de l’activité.

Ce travail a donné à l’équipe dirigeante le temps nécessaire pour rechercher un repreneur qualifié dans les meilleures conditions possible. Un cabinet a en outre été mandaté par l’État pour l’accompagner dans cet objectif.

Il est clair que Valdunes est confrontée à de multiples enjeux qui nécessitent l’intervention d’un industriel disposant non seulement d’un capital financier, mais également de l’expertise technique et de l’assise commerciale permettant la restructuration de l’entreprise.

C’est pour cette raison que l’État et les services des collectivités territoriales concernées travaillent à la recherche d’un ou plusieurs repreneurs et s’efforcent de lever les obstacles administratifs ou opérationnels à l’émergence d’une solution durable pour l’actif industriel de Valdunes, son savoir-faire et ses employés.

Vous pouvez compter sur le suivi et la mobilisation du ministre délégué chargé de l’industrie, Roland Lescure, dans ce dossier qu’il connaît particulièrement bien.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à M. Georges Patient, auteur de la question n° 779, adressée à M. le ministre de l’économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique.

Debut de section - PermalienPhoto de Georges Patient

Madame la ministre, ma question porte sur les dysfonctionnements récurrents du service de distribution du courrier en Guyane.

Les retards de courrier et les envois non distribués emportent des conséquences préjudiciables, notamment lorsqu’il s’agit de courriers officiels ou de factures. Toutes les communes de Guyane subissent les effets négatifs de ce manquement à une mission de service public dont le groupe La Poste a la responsabilité.

Dans le contrat d’entreprise qui le lie à l’État, le groupe La Poste s’engage, dans le cadre du service universel postal – première des quatre missions qui lui sont dévolues –, à offrir des services postaux d’une certaine qualité, fournis de manière permanente en tout point du territoire et à des prix abordables pour tous les utilisateurs.

Cela implique notamment une levée et une distribution du courrier six jours sur sept sur l’ensemble du territoire national – j’y insiste ! –, incluant des envois de correspondance jusqu’à deux kilos et des colis postaux jusqu’à vingt kilos. Ces obligations sont la garantie d’un service postal de qualité.

Pourtant, la situation est loin de correspondre à ces standards en Guyane. Celle-ci ne ferait-elle pas partie du territoire national pour le groupe La Poste ? On est amenés à se poser la question.

Quelles que soient les raisons invoquées – abandon du timbre rouge, basculement du courrier physique vers le courrier électronique –, le groupe La Poste doit respecter ses obligations contractuelles, y compris dans les communes les plus isolées du territoire guyanais.

Madame la ministre, quelles mesures le Gouvernement envisage-t-il de prendre pour le contraire à le faire ?

Debut de section - Permalien
Geneviève Darrieussecq

Monsieur le sénateur, la loi du 9 février 2010 relative à l’entreprise publique La Poste et aux activités postales a confié à La Poste quatre missions de services publics, dont celle du service universel postal.

Cette même loi dispose que le ministre chargé des postes fixe les objectifs de qualité des prestations relevant du service universel postal et que l’Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (Arcep) veille à leur respect.

Le Gouvernement, convaincu du caractère essentiel de ces services postaux pour nos concitoyens, demeure très vigilant quant à la bonne exécution par La Poste de ces missions.

À cet égard, le nouveau contrat d’entreprise avec l’État, qui couvre la période 2023-2027, impose à La Poste des exigences renforcées en termes de qualité de service par rapport au précédent.

En Guyane, comme en tout point du territoire, les mesures de contrôle de la qualité de l’acheminement du courrier intradépartemental sont effectuées régulièrement par un organisme indépendant. D’après les dernières études, 90 % des envois intradépartementaux sont distribués dans un délai de deux à trois jours, et ce taux atteint 94 % pour les lettres recommandées.

Pour autant, la qualité parfois insuffisante de l’adressage dans certaines communes de Guyane complique la distribution effective : certains territoires ne disposent pas de dénominations de voies, de numérotations exhaustives des domiciles ou encore de boîtes aux lettres identifiées au nom des résidents. Ces défauts rendent la distribution et la remise en main propre plus difficiles.

L’adressage relevant de la compétence exclusive des communes, plusieurs réunions ont été organisées avec les responsables locaux et La Poste de Guyane pour pallier les difficultés rencontrées.

En outre, les conditions de transport depuis l’Hexagone influent aussi sur la distribution : les flux destinés à la Guyane ne peuvent être embarqués que trois fois par semaine, le lundi, le mercredi et le vendredi, ce qui peut allonger le délai d’acheminement depuis la métropole.

Malgré ces défis, nous faisons de la qualité de la couverture postale une priorité.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à M. Olivier Rietmann, auteur de la question n° 614, adressée à M. le ministre délégué auprès du ministre de l’économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, chargé des comptes publics.

Debut de section - PermalienPhoto de Olivier Rietmann

Madame la ministre, ma question concerne la réintégration de certains comptes dans les dépenses éligibles au fonds de compensation pour la taxe sur la valeur ajoutée (FCTVA).

L’arrêté du 30 décembre 2020 a défini une nouvelle liste de comptes éligibles, l’automatisation du traitement du FCTVA emporte donc un changement significatif. Désormais, ce n’est plus la nature de la dépense qui définit son éligibilité, mais son imputation comptable.

Les opérations d’ordre et certains comptes d’investissement, comme les terrains, les agencements et aménagements de terrains ou encore les immeubles de rapport, ont été retirés de l’assiette de l’éligibilité.

Par ailleurs, les subventions attribuées, dont la base est calculée sur le montant hors taxes, sont inscrites en recettes d’ordre. Désormais, elles sont, semble-t-il, exclues mécaniquement de l’assiette éligible au FCTVA, alors même que les textes prévoient leur intégration et qu’elles sont attribuées avec des montants hors taxes.

Par cette réforme, les principaux leviers d’investissement qui accompagnaient les communes ont été retirés du FCTVA, alors même que c’était là l’objet principal du dispositif.

Se pose également le problème majeur des communes ayant engagé des projets d’investissement en comptant sur le bénéfice du FCTVA. Leur modèle économique se trouvant ainsi grandement fragilisé, le groupe Les Républicains a proposé, lors de l’examen du projet de loi de finances pour 2023, la réintégration des opérations d’aménagement de terrain dans l’assiette du fonds.

Le Gouvernement a répondu par un avis défavorable, considérant que cette automatisation s’était échelonnée sur les années 2021, 2022 et 2023 et qu’elle s’était achevée à la fin du mois de mars 2023. Il a également indiqué vouloir tirer les conséquences de cette réforme entre mars et juin 2023 – nous y sommes ! – pour tous les niveaux de collectivité. Enfin, il a précisé que cette évaluation permettra d’opérer des choix et de décider des dépenses susceptibles d’être réintégrées ou retraitées.

Madame la ministre, je vous serais reconnaissant de préciser les modalités d’organisation de cette évaluation.

Debut de section - PermalienPhoto de Olivier Rietmann

Par ailleurs, vous serait-il possible de préciser s’il sera possible de rectifier par voie réglementaire les situations signalées, plus rapidement que par le biais du prochain projet de loi de finances ?

Debut de section - Permalien
Geneviève Darrieussecq

Monsieur le sénateur, la réforme de l’automatisation de la gestion du FCTVA a été introduite par la loi de finances pour 2021, mais n’a rien changé aux grands principes d’éligibilité au fonds.

Pour rendre possible la mise en œuvre d’un traitement automatisé, une assiette a été élaborée sur un périmètre comptable le plus proche possible du périmètre d’éligibilité antérieur.

La définition de ce périmètre d’éligibilité, associée à l’objectif de neutralité budgétaire à l’échelle nationale, a pu entraîner des évolutions de l’assiette éligible. Pour les limiter, des ajustements du plan de comptes ont été nécessaires, afin de se rapprocher du périmètre déclaratif antérieur.

L’automatisation est maintenant effective, après une mise en œuvre progressive depuis 2021, ce qui nous a permis d’établir un bilan provisoire du dispositif, dont les premiers éléments ont été présentés aux associations d’élus la semaine dernière. Le comité des finances locales examinera ce bilan lors de sa prochaine réunion, en juillet.

Cette réforme a permis la dématérialisation de la procédure, supprimant quasiment toutes les charges déclaratives pour les collectivités, ainsi que le non-recours.

De plus, les paiements du FCTVA ont été significativement accélérés. En juin 2023, les versements étaient supérieurs de 1, 4 milliard d’euros au montant attribué à la même date lors des années précédentes. L’assiette d’éligibilité a gagné en lisibilité, s’appuyant sur le plan de comptes par nature et des règles comptables connues. Les premières données indiquent que la réforme est restée neutre budgétairement à l’échelle nationale.

Néanmoins, ce premier bilan très positif ne nous interdit pas de réfléchir à la cohérence de l’assiette §ni de poursuivre les échanges techniques pour parfaire la prise en main de la réforme par les collectivités. Le travail et les réflexions se poursuivent, mais le premier bilan est assez positif.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à M. Cédric Vial, auteur de la question n° 765, adressée à M. le ministre délégué auprès du ministre de l’économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, chargé des comptes publics.

Debut de section - PermalienPhoto de Cédric Vial

Madame la ministre, ma question concerne l’impact de l’attribution de compensations sur la dotation globale de fonctionnement (DGF) à la suite de l’évolution des périmètres des intercommunalités.

La loi du 7 août 2015 portant nouvelle organisation territoriale de la République a confié à chaque préfet la responsabilité d’établir un schéma de coopération intercommunale départemental. Ce schéma a conduit à des fusions entre communautés de communes et communautés d’agglomération, dont les périmètres de compétence étaient différents, particulièrement en ce qui concerne les compétences liées aux actions sociales ou scolaires ou encore à la petite enfance.

Devant cette situation, lorsque la nouvelle structure a décidé de ne pas reprendre cette compétence, de nombreuses intercommunalités ont créé des syndicats intercommunaux pour gérer ces compétences à la place des anciens établissements publics de coopération intercommunale (EPCI).

Dans le cadre des équilibres financiers entre les anciens EPCI et la nouvelle intercommunalité, l’attribution de compensation (AC) versée aux communes fondatrices vient contrebalancer les transferts et les « détransferts » de compétences.

En ce qui concerne ces « détransferts », l’AC est versée à l’une des communes fondatrices de l’EPCI, à laquelle il incombe alors de reverser la somme correspondante au syndicat intercommunal qui gère la compétence non transférée à la nouvelle intercommunalité.

Ces flux financiers ont dû être instaurés, car ni les communautés de communes ni les communautés d’agglomération ne peuvent verser une telle somme directement aux syndicats intercommunaux. Cette situation est peu courante, mais elle permet de faire perdurer les services en question dans les territoires concernés.

Toutefois, les conséquences financières pour la commune qui fait office de boîte aux lettres sont significatives : ce flux financier accroît de manière fictive son potentiel financier, ce qui a pour effet de réduire le montant qui lui est attribué au titre de la DGF et de dégrader le taux de subvention qui lui est appliqué.

Aussi, ces communes se demandent quelles évolutions pourraient être mises en œuvre pour résoudre ce problème. Devons-nous permettre aux communautés de communes ou d’agglomération de verser directement l’attribution de compensation relative à ces « détransferts » aux syndicats chargés des compétences concernées ? Devons-nous exclure cette part d’attribution de compensation des recettes prises en compte dans le calcul du potentiel financier pour les communes qui font office de boîte aux lettres ?

Debut de section - Permalien
Geneviève Darrieussecq

Monsieur le sénateur, l’évolution de la carte intercommunale, qui a pu conduire à des fusions entre communautés de communes et d’agglomération, a imposé une révision du périmètre des compétences transférées entre communes et EPCI. Dans certains cas, cette évolution a nécessité la création de syndicats intercommunaux pour continuer à exercer les compétences qui n’étaient plus prises en charge par l’EPCI.

Ce type de montage financier a pour effet d’améliorer le potentiel financier des communes bénéficiant de ces attributions de compensation. Ces dernières sont intégrées au potentiel fiscal sous la forme d’un solde, lequel est positif si la commune perçoit une AC supérieure à sa part dans le total des AC de l’EPCI, déterminée au prorata de la population.

À l’inverse, le solde est négatif et diminue si la commune reçoit une attribution de compensation inférieure à sa part dans le total de ces AC.

Les attributions de compensation versées aux communes que vous qualifiez de boîtes aux lettres ne font pas exception à cette règle : ces communes bénéficient d’une prise en charge financière intégrale par l’EPCI à fiscalité propre d’appartenance de l’exercice d’une compétence qui est assurée sur le territoire par le syndicat.

Cette augmentation des attributions de compensation se traduit en retour par une diminution symétrique du potentiel financier des autres communes membres de l’EPCI à fiscalité propre. Cette baisse reflète le fait que ces autres communes financent des compétences exercées par un syndicat sur le territoire d’autres communes.

Néanmoins, les communes et EPCI conservent la faculté de revoir les effets de ce mécanisme, soit en modifiant les attributions de compensation, soit en optant pour une répartition dérogatoire de la DGF au sein de l’EPCI à fiscalité propre.

Debut de section - PermalienPhoto de Cédric Vial

Madame la ministre, vous nous réexpliquez la règle, alors qu’il convient de la changer, car elle donne lieu à des injustices : la commune qui assume la compétence concernée paye pour les autres.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à Mme Sabine Van Heghe, auteure de la question n° 738, adressée à Mme la ministre de la transition énergétique.

Debut de section - PermalienPhoto de Sabine Van Heghe

Madame la ministre, j’appelle votre attention sur l’étude scientifique portant sur les ressources gazières de Lorraine – Regalor – dans les gisements de charbon non exploités.

Présentés en exclusivité lors des Assises de l’énergie organisées le 31 mars dernier à Liévin par l’Association des communes minières de France, les résultats de cette étude dépassent les espérances initiales et touchent plusieurs domaines énergétiques majeurs.

Parmi ceux-ci, on compte l’exploitation du gaz de charbon, la découverte d’un gisement d’hydrogène natif unique en Europe, les capacités de stockage de CO2, ainsi que les innovations technologiques pour la prospection sur d’autres gisements houillers.

Les enjeux climatiques nous imposent de porter des ambitions fortes, notamment sur les questions énergétiques et sur les émissions de gaz à effet de serre, mais la perspective d’une société décarbonée ne peut s’exonérer des réalités : notre pays consomme chaque année 40 milliards de mètres cubes de gaz.

Les travaux menés par deux chercheurs du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) de Nancy ont confirmé un potentiel important de gaz de charbon, avec une réserve de plus de 60 milliards de mètres cubes, soit l’équivalent de dix-huit mois de consommation nationale.

Cette énergie locale de transition possède une empreinte carbone globale dix fois inférieure au gaz naturel importé, sans même tenir compte de l’augmentation de près de 150 % des importations françaises de gaz naturel liquéfié, une ressource majoritairement issue de l’exploitation de gaz de schiste américain – un procédé interdit en France depuis juillet 2011.

En outre, ces chercheurs du CNRS ont découvert la présence d’un important gisement d’hydrogène natif, source d’énergie d’avenir ; la création de la sonde SysMoG H représente une avancée technique majeure dans le domaine de la prospection de cet hydrogène.

L’attentisme actuel du Gouvernement relève d’un non-sens économique et écologique : une production nationale serait une opportunité que nous ne pouvons ignorer, tant sur le plan de l’indépendance énergétique et des enjeux environnementaux qu’en termes géopolitiques.

Aussi, j’aimerais connaître les ambitions gouvernementales en la matière afin que nous soyons au rendez-vous des défis énergétiques d’aujourd’hui et de demain.

Debut de section - Permalien
Dominique Faure

Madame la sénatrice Van Heghe, la société Française de l’énergie (FDE) a sollicité en novembre 2018 l’octroi d’une concession de gaz de charbon pour une durée de vingt ans.

Cette durée est en adéquation avec notre ambition de devenir la première grande nation à sortir des énergies fossiles et coïncide avec la date de fin de l’exploitation des hydrocarbures en 2040, comme prévu par la loi du 30 décembre 2017 mettant fin à la recherche ainsi qu’à l’exploitation des hydrocarbures et portant diverses dispositions relatives à l’énergie et à l’environnement.

La demande de concession portait sur une superficie de 168 kilomètres carrés située sur le territoire de quarante communes de l’Est mosellan. Cependant, lors de l’examen de sa demande, la FDE n’a pas été en mesure de démontrer sa capacité technique à extraire le gaz de couche contenu dans les veines de charbon. Par conséquent, l’arrêté rejetant la demande a été signé le 26 avril 2023.

En ce qui concerne l’hydrogène natif, la cartographie des zones concernées en France reste entièrement à réaliser ; le potentiel des ressources et leur caractère exploitable sont inconnus. La direction générale de l’énergie et du climat (DGEC) instruit actuellement six demandes de permis d’exploration en France, dont une concerne le bassin lorrain.

Pour ce dernier, les estimations qui font état d’une teneur de 95 % d’hydrogène à 3 000 mètres de profondeur sont purement théoriques : les puits les plus profonds réalisés dans la zone ne descendent qu’à 1 000 mètres.

Si certaines données semblent encourageantes, à ce jour, un seul gisement d’hydrogène natif est exploité dans le monde, et il se trouve au Mali.

Enfin, la capture, le stockage et la réutilisation du carbone font partie des technologies qui peuvent nous permettre d’atteindre la neutralité carbone pour les émissions incompressibles de l’industrie. Cette technologie pose des questions importantes, qui font l’objet d’une consultation de tous les acteurs jusqu’au 29 septembre prochain.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à Mme Laurence Garnier, auteure de la question n° 758, adressée à Mme la ministre de la transition énergétique.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Garnier

Madame la ministre, je souhaite appeler votre attention sur le projet de reconversion de la centrale à charbon de Cordemais, en Loire-Atlantique. En 2018, le Gouvernement a annoncé la fermeture des dernières centrales à charbon et, depuis lors, nous assistons à Cordemais à un feuilleton à rebondissements que plus personne ne parvient à suivre.

Depuis 2015, les salariés ont élaboré un projet d’implantation d’une usine de production de granulés noirs, ou black pellet, en partenariat avec EDF et le groupe Suez. Cependant, en 2021, le Gouvernement a annoncé l’abandon du projet et Suez s’est retiré, principalement pour des raisons de rentabilité financière.

En 2022, pourtant, la ministre Barbara Pompili a lancé un appel à manifestation d’intérêt pour relancer le projet Ecocombust, celui-là même qui avait été abandonné par l’État un an plus tôt… EDF a alors trouvé un nouveau partenaire, l’entreprise Paprec.

Depuis lors, il ne se passe plus rien.

Madame la ministre, l’État va-t-il, tout d’abord, confirmer l’aide publique annoncée à hauteur de 80 millions d’euros pour le projet Ecocombust ?

Ensuite, de manière plus générale, concernant l’avenir de la centrale de Cordemais elle-même, dans une période où les besoins en électricité ne cessent d’augmenter – la centrale a fonctionné à plein régime cet hiver –, pourriez-vous nous éclairer sur la vision et l’ambition du Gouvernement à moyen et long termes pour le site de Cordemais ?

Debut de section - Permalien
Dominique Faure

Madame la sénatrice Garnier, le Président de la République a fixé à notre pays un objectif clair et ambitieux : devenir le premier grand pays industriel à se libérer de la dépendance aux énergies fossiles et à atteindre la neutralité carbone.

Le projet Ecocombust, lauréat de l’appel à manifestation d’intérêt de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) de février 2022, vise à produire des granulés à partir de déchets de bois sur le site de Cordemais ; ces matériaux permettraient une reconversion partielle de la centrale – 80 % de granulés et 20 % de charbon – jusqu’à son arrêt définitif.

Ce projet bénéficie d’un soutien financier dans le cadre du troisième programme d’investissements d’avenir (PIA 3). Le comité de pilotage interministériel s’est prononcé le 5 avril 2023 en faveur de l’attribution d’une enveloppe maximale de 79 millions d’euros, sous réserve de l’identification de modalités de soutien financier adéquates auprès de la Commission européenne.

Concernant la production d’électricité, la préoccupation majeure du Gouvernement est bien de garantir la sécurité d’approvisionnement des Français, sans renier notre objectif de neutralité carbone d’ici à 2050.

Compte tenu du contexte international et des difficultés rencontrées par le parc nucléaire, nous avions exceptionnellement prolongé l’exploitation des deux centrales à charbon encore en activité l’hiver dernier ; cette prolongation s’est accompagnée d’une obligation de compenser les émissions de gaz à effet de serre supplémentaires à hauteur de 40 euros la tonne.

Aujourd’hui, Réseau de transport d’électricité (RTE) a indiqué que nous nous trouvions dans de meilleures conditions énergétiques pour affronter l’hiver prochain, grâce, notamment, à une disponibilité accrue du parc nucléaire et au niveau plus élevé de nos barrages hydroélectriques.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à Mme Laurence Garnier, pour la réplique.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Garnier

Je comprends qu’il est nécessaire de rechercher des subventions européennes en complément du programme d’investissements d’avenir.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Garnier

Vous me le confirmerez. Il est important que la parole gouvernementale soit claire sur ce dossier : les salariés ont besoin de stabilité et les élus de visibilité pour avancer.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à Mme Marie-Pierre Richer, auteure de la question n° 757, transmise à Mme la ministre de la transition énergétique.

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Pierre Richer

Madame la ministre, j’appelle votre attention sur les difficultés que rencontrent les collectivités locales pour être livrées en infrastructures de recharge pour véhicules électriques. À ce jour, le département du Cher dispose d’une centaine de ces infrastructures.

Le schéma directeur pour les infrastructures de recharge pour véhicules électriques (IRVE), établi le 4 mai 2023, anticipe une très forte augmentation des besoins des usagers ; le nombre des équipements devrait être multiplié par deux et demi, en ce qui concerne tant la puissance que l’aménagement.

Or les fabricants et les fournisseurs tardent à honorer leurs engagements envers les aménageurs publics, préférant consacrer leurs matériels à la construction de leurs propres réseaux.

Alors que nous encourageons fortement les Français à utiliser la mobilité électrique, il est impératif qu’ils aient accès à des bornes de recharge.

Il est donc indispensable que les collectivités qui œuvrent en ce sens soient livrées en matériel dans les délais fixés, non seulement pour répondre aux nouveaux besoins de leurs usagers, mais aussi pour bénéficier des primes du programme Advenir, lequel impose des délais contraints.

En outre, les infrastructures de recharge pour véhicules électriques ne sont guère rentables dans les territoires ruraux, malgré les subventions actuelles. L’arrêt de celles-ci en décembre dernier et la fin annoncée du programme Advenir pour la modernisation de ces équipements, auxquels s’ajoute la complexité du montage des dossiers, ne correspondent pas aux attentes des aménageurs publics. J’ai ainsi été alertée à ce sujet par le président du syndicat départemental d’énergie du Cher (SDE 18).

Pouvez-vous me préciser les mesures que vous envisagez de prendre dans ce domaine pour soutenir les collectivités territoriales ?

Debut de section - Permalien
Dominique Faure

Madame la sénatrice Richer, depuis plus d’un an, la filière de la recharge pour véhicules électriques est en effet confrontée à des difficultés d’approvisionnement de certains éléments entrant dans la fabrication des bornes de recharge, notamment certains composants électroniques et électriques.

Ces problématiques sont principalement dues à la reprise qui a suivi la fin du covid-19 et aux répercussions de la guerre en Ukraine sur les marchés internationaux.

En outre, les délais de livraison des postes de transformation nécessaires pour les raccordements au réseau public de distribution supérieurs à 250 kilovoltampères s’allongent également.

Enfin, les constructeurs automobiles affichent des tensions dans les délais de livraison de certains modèles, en particulier les véhicules utilitaires légers (VUL) électriques.

Cependant, malgré ces difficultés, 50 000 nouveaux points de recharge ont pu être déployés depuis le début de l’année 2022 et nous avons franchi le cap des 100 000 points ouverts au public en mai de cette année.

Depuis quelques mois, nous observons une adaptation de l’écosystème, notamment des fabricants de bornes, qui ont accru leur capacité de production pour répondre aux besoins de déploiement futurs.

En ce qui concerne les primes Advenir, mises en œuvre via des certificats d’économies d’énergie, le programme s’est régulièrement adapté aux évolutions des usages et des besoins en matière de recharge. Ainsi, l’arrêt de décembre dernier, que vous mentionnez, ne concerne que les bornes de recharge privées destinées aux flottes d’entreprises et à leurs salariés. Nous priorisons l’accompagnement des bornes ouvertes au public, comme celles que mettent en place les collectivités ou les syndicats d’énergie dans les territoires, à la suite de l’adoption de leur schéma directeur IRVE.

Le Gouvernement va poursuivre son action pour maintenir un rythme soutenu de déploiement des bornes de recharge.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à Mme Marie-Pierre Richer, pour la réplique.

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Pierre Richer

J’ai bien entendu votre réponse, madame la ministre.

Je forme le vœu que les collectivités territoriales continuent à être accompagnées, car elles ont été les premières à mettre en place des bornes de recharge électrique dans nos territoires ruraux. La mobilité y représente un enjeu essentiel et constitue, pour beaucoup de nos concitoyens, un obstacle à surmonter.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à Mme Frédérique Puissat, auteur de la question n° 747, adressée à Mme la ministre déléguée auprès du ministre de l’intérieur et des outre-mer et du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargée des collectivités territoriales et de la ruralité.

Debut de section - PermalienPhoto de Frédérique Puissat

Madame la ministre, le cofinancement collectivités-État est devenu légion dans nombre de territoires – je pense notamment aux maisons France Services, aux services délivrant des cartes nationales d’identité ou encore, bien que la portée en soit un peu différente, aux agences communales postales.

Si ces cofinancements permettent d’assurer le maillage de bien des territoires, cela ne doit pas nous dispenser de nous efforcer d’améliorer leur efficience, et partant, celle des services apportés aux populations.

Il est désormais possible – c’est une avancée récente dont je me félicite – d’installer dans les mêmes murs, sous réserve d’une maîtrise d’ouvrage unique, les maisons France Services et les services de délivrance de cartes nationales d’identité. Le maire de Saint-Laurent-du-Pont, dans l’Isère, est très satisfait que ces différents services cohabitent au sein d’un même lieu dans sa commune.

Les services continuent toutefois de fonctionner en silos, si bien que les agents qui traitent les demandes de cartes nationales d’identité ne s’occupent que de ce service, tandis que les agents de France Services ne s’occupent que des services rendus dans le cadre des maisons France Services.

Dans les territoires peu vastes, on pourrait pourtant imaginer une organisation plus transversale, avec des tâches fongibles.

Pensez-vous qu’à terme, une telle évolution pourra être envisagée, madame la ministre ? Sous réserve de former correctement les agents concernés, cela permettrait sans doute, dans les territoires ruraux, d’économiser quelques postes sur ces services à destination du public.

Debut de section - Permalien
Dominique Faure

Madame la sénatrice, le programme France Services est une priorité du Gouvernement. Lors du dernier comité de pilotage (Copil) que j’ai coprésidé avec Stanislas Guerini le 27 juin dernier, nous avons rappelé la trajectoire de financement à la hausse de la part de l’État et des opérateurs dans ce dispositif.

La dématérialisation des services publics n’est en rien synonyme de déshumanisation et nous y veillons. Pour l’usager, avoir un contact direct est essentiel. Le métier de conseiller France Services a d’ailleurs récemment intégré le répertoire des métiers de la fonction publique, inscription qui confirme les missions de ces agents et reconnaît leurs fonctions comme essentielles à la délivrance des services publics.

La feuille de route du programme France Services de l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT) prévoit de plus un fort investissement pour renforcer la formation des conseillers France Services.

Par ailleurs, un abondement de 12 millions d’euros a permis d’augmenter le financement annuel de chaque structure France Services de 5 000 euros dès 2023. Cette hausse tendancielle sera poursuivie, conjointement avec la participation des opérateurs, pour parvenir à une subvention de 50 000 euros par an et par structure d’ici à 2026, ce qui permettra de soutenir et de pérenniser les emplois de conseillers France Services.

Pour ce qui concerne les titres d’identité, seuls les conseillers habilités par un agent d’État assermenté peuvent délivrer ces documents. Les titres d’identité ne peuvent donc pas être délivrés par les intercommunalités, mais seulement en mairie.

Près de 170 maisons France Services sont du reste équipées d’un dispositif de recueil d’empreintes, l’objectif, que nous atteindrons dans le courant de l’été, étant de réduire les délais de délivrance de carte nationale d’identité à trente jours.

La mutualisation entre les agents des maisons France Services et les agents qui délivrent les titres d’identité sécurisés que vous appelez de vos vœux, madame la sénatrice, est à la main des maires. De telles mutualisations fonctionnent très bien, puisqu’il s’agit dans les deux cas d’agents municipaux, la seule contrainte étant l’habilitation des agents qui délivrent des titres d’identité sécurisés.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à Mme Frédérique Puissat, pour la réplique.

Debut de section - PermalienPhoto de Frédérique Puissat

Je vous remercie de ces informations, madame la ministre.

Si une maison France Services fonctionne grâce à deux agents et qu’un autre agent est affecté à la délivrance de titres d’identité sécurisés, est-il envisageable de confier l’ensemble de ces missions à seulement deux agents ? C’est à mon sens la seule question qui vaille, si nous souhaitons rationaliser les dépenses publiques en permettant une fongibilité entre les services.

Pour ma part, j’estime qu’il nous faut travailler en ce sens.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à M. Éric Bocquet, auteur de la question n° 763, adressée à Mme la ministre déléguée auprès du ministre de l’intérieur et des outre-mer et du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargée des collectivités territoriales et de la ruralité.

Debut de section - PermalienPhoto de Éric Bocquet

Le 13 avril dernier, dans une commune littorale de 3 500 habitants de mon département du Nord, le maire a appris la suppression du distributeur automatique de billets à la suite d’une décision prise par la Caisse d’Épargne.

Sans concertation, sans consultation, considérant que d’autres dispositifs sont accessibles à quelques kilomètres, l’établissement bancaire a pris une décision unilatérale qui impacte grandement le commerce local et l’autonomie des personnes qui ne peuvent pas se déplacer.

Pour ne pas voir son centre-village mourir à petit feu, la mairie a donc maintenu le distributeur de billets, à sa charge.

Un peu plus au sud, dans le Valenciennois, en février, le maire d’une commune de 13 000 habitants a appris la vente du bâtiment abritant les services de La Poste. Il s’est donc vu contraint de mettre à disposition un agent et des locaux pour maintenir une agence postale communale et éviter la disparition pure et simple du service sur son territoire.

S’ils ne sont pas toujours publics, ces services sont pourtant bel et bien essentiels à la vie et à l’attractivité des communes, si bien que lorsqu’ils quittent nos villes et nos villages, cela constitue un recul pour la population.

Une commune sans bureau de poste, sans boulangerie, sans distributeur de billets proche de la place du marché est une commune qui attirera à coup sûr moins d’habitantes et d’habitants et qui risque de devenir, à terme, un village-dortoir.

Une fois encore, c’est sur l’institution communale qu’est reportée la charge financière, matérielle, logistique de maintenir les services indispensables pour les habitants, les commerçants et, aussi et surtout, pour la préservation de la fonction de lieu de vie, de consommation et d’échange du village.

Nous voyons aujourd’hui les conséquences importantes – pour ne pas dire dramatiques – du recul de ces services de proximité.

En parallèle, les démissions de maires, plus nombreuses que jamais, font état du malaise que ressentent les édiles au regard de ces problématiques, dans un contexte où ils sont de plus progressivement privés de leurs leviers fiscaux ainsi que de leurs prérogatives, tandis qu’ils sont soumis à toujours plus de contraintes normatives et financières.

Madame la ministre, quelles mesures le Gouvernement compte-t-il prendre pour assurer l’accès des citoyennes et citoyens à ces services d’intérêt général et freiner la disparition des services dans nos villes et villages ?

Debut de section - Permalien
Dominique Faure

Monsieur le sénateur, vous attirez mon attention sur l’importance du maintien des services publics en ruralité. J’entends votre inquiétude et je partage votre constat selon lequel ces services sont des facteurs d’attractivité d’un territoire et doivent le rester.

Tel est précisément l’objet du plan France Ruralités, fruit d’un travail que j’ai conduit personnellement au cours des douze derniers mois.

La fermeture d’un service public ne doit pas affecter l’accès des citoyens à la réalisation de démarches essentielles à leur quotidien. C’est pourquoi, dès 2020, le Gouvernement a engagé le programme France Services, devenu depuis une politique prioritaire du Gouvernement.

Les maisons France Services regroupent en un même lieu les services de neuf opérateurs avec l’appui de conseillers formés pour accompagner les démarches des usagers. Dans un contexte de dématérialisation, leur existence est d’autant plus essentielle.

La charge du maintien du service public est assurée en partie par l’État. À ce titre, l’apport significatif de l’État aux maisons France Services sera accru au cours des années à venir, à commencer par une prise en charge à hauteur de 5 000 euros supplémentaires par espace France Services dès cette année.

Je tiens par ailleurs à souligner l’engagement du Gouvernement pour maintenir une offre de qualité sur le territoire. Le fonds alloué dans le cadre du programme de reconquête du commerce rural, doté de 12 millions d’euros pour 2023, sera pérennisé pour trois ans à hauteur de 36 millions d’euros. Cette annonce, qui date de moins de quinze jours, montre l’attention que le Gouvernement attache, tout comme vous, monsieur le sénateur, au rôle des commerces dans nos territoires.

De même, 2 millions d’euros serviront à soutenir l’ouverture de lieux de convivialité.

La Poste, qui s’est engagée à limiter drastiquement le nombre de bureaux, mènera une expérimentation de circulation de cinquante camions jaunes pour poursuivre la démarche d’« aller vers » entreprise au travers du maillage du territoire par 2 750 maisons France Services, en proposant des services tels que le retrait de liquidités.

Soyez assuré, monsieur le sénateur, de mon implication personnelle et de celle du Gouvernement pour maintenir l’activité et l’accessibilité aux services publics dans nos territoires, tout en renforçant les démarches d’« aller vers ».

J’ajoute que, pour avoir été confrontée, en tant que maire, à la suppression de distributeurs de billets dans ma commune, je conseille au maire que vous citez, monsieur le sénateur, de se rapprocher de l’établissement bancaire concerné afin d’évaluer la baisse du nombre de retraits. De fait, l’on constate parfois des baisses substantielles.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à M. Édouard Courtial, auteur de la question n° 782, adressée à Mme la ministre déléguée auprès du ministre de l’intérieur et des outre-mer et du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargée des collectivités territoriales et de la ruralité.

Debut de section - PermalienPhoto de Édouard Courtial

Madame la ministre, hier, à midi, les élus de la République et de nombreux concitoyens groupés devant les mairies de France ont lancé un appel pour dire : « Assez ! Ça suffit ! »

Après avoir été les témoins scandalisés de scènes inimaginables, d’une sauvagerie inouïe que rien ne saurait justifier, les mots manquent et seuls les actes comptent désormais.

Nous avons tous pleinement conscience qu’une ligne rouge a été franchie : après les insultes, les menaces, les intimidations ou les agressions, nous basculons aujourd’hui dans ce qu’objectivement, il faut bien qualifier de tentative d’assassinat d’une famille d’un élu de la République.

Jusqu’où iront ces fanatiques dont la violence n’a d’égal que l’ignorance ? Les maires étaient et sont toujours l’un des derniers remparts, une digue qui résiste tant bien que mal, un lien qui apaise les tensions et les clivages d’une société fracturée.

Mais force est de constater que de petits arrangements en grands renoncements, notre République est au bord de l’implosion.

Attaquer un maire – nous ne le répéterons jamais assez –, c’est attaquer la République et, si la justice doit effectivement passer, elle doit le faire partout et pour tous, avec fermeté, sans faux-semblants ni fausses excuses.

En adressant tout mon soutien à cette famille, je ne peux m’empêcher d’avoir également une pensée pour tous les élus violentés, blessés ou menacés.

Il n’y a qu’une chose à faire : écouter les fantassins de la République, agir pour leur donner les moyens de leurs compétences et les libertés nécessaires pour les exercer pleinement, mais aussi les défendre contre ces hordes sauvages. En un mot, il faut redonner le pouvoir aux maires.

M. Yves Détraigne applaudit.

Debut de section - Permalien
Dominique Faure, ministre déléguée auprès du ministre de l'intérieur et des outre-mer et du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargée des collectivités territoriales et de la ruralité

Mesdames, messieurs les sénateurs, je tiens à réaffirmer mon soutien sans faille à tous les parlementaires et à tous les élus locaux qui ont subi des agressions.

Sous l'autorité de la Première ministre, le 17 mai dernier, j'ai annoncé des mesures fortes pour que la République ne laisse plus passer de tels excès.

En ce qui concerne les démissions de maires, depuis juillet dernier, j'ai rencontré personnellement plus de mille élus locaux qui m'ont fait part de leur bonheur d'être maires, mais aussi – il ne faut pas le nier – d'un malaise, d'un flottement dans l'exercice de leurs fonctions.

Ce sentiment a récemment été très bien décrit par le président de l'Association des maires de France et des présidents d'intercommunalités (AMF) David Lisnard, que je tiens à saluer pour sa mobilisation sur ce sujet.

Il n'est pas le seul, car je sais que vous êtes également très impliqués sur ce sujet, mesdames, messieurs les sénateurs, au travers notamment de la mission d'information sur l'avenir de la commune et du maire en France présidée par Maryse Carrère.

Le Gouvernement, qui accorde une grande importance à ces sujets, a déjà beaucoup fait en la matière. La loi du 27 décembre 2019 relative à l'engagement dans la vie locale et à la proximité de l'action publique, dite loi Engagement et proximité, a par exemple permis la revalorisation des indemnités des maires et des adjoints des petites communes.

Je suis toutefois consciente qu'une nouvelle évolution est plus que nécessaire et qu'elle doit dépasser le cadre statutaire. Avec les associations d'élus comme l'AMF, avec David Lisnard, j'ai entrepris un travail que nous allons élargir à l'Association des maires ruraux de France (AMRF) et à toutes les associations d'élus afin de bâtir, dans une démarche large et concertée, pour bâtir une feuille de route relative aux conditions d'exercice du mandat d'élu local.

Ce travail, qui devrait aboutir vers le mois de novembre, pour le congrès des maires, vise à doter l'élu local, qui joue un rôle primordial au sein de notre République et de notre société, du statut que nous appelons tous de nos vœux.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à M. Édouard Courtial, pour la réplique.

Debut de section - Permalien
Dominique Faure

Mesdames, messieurs les sénateurs, je tiens à réaffirmer mon soutien sans faille à tous les parlementaires et à tous les élus locaux qui ont subi des agressions.

Sous l’autorité de la Première ministre, le 17 mai dernier, j’ai annoncé des mesures fortes pour que la République ne laisse plus passer de tels excès.

En ce qui concerne les démissions de maires, depuis juillet dernier, j’ai rencontré personnellement plus de mille élus locaux qui m’ont fait part de leur bonheur d’être maires, mais aussi – il ne faut pas le nier – d’un malaise, d’un flottement dans l’exercice de leurs fonctions.

Ce sentiment a récemment été très bien décrit par le président de l’Association des maires de France et des présidents d’intercommunalités (AMF) David Lisnard, que je tiens à saluer pour sa mobilisation sur ce sujet.

Il n’est pas le seul, car je sais que vous êtes également très impliqués sur ce sujet, mesdames, messieurs les sénateurs, au travers notamment de la mission d’information sur l’avenir de la commune et du maire en France présidée par Maryse Carrère.

Le Gouvernement, qui accorde une grande importance à ces sujets, a déjà beaucoup fait en la matière. La loi du 27 décembre 2019 relative à l’engagement dans la vie locale et à la proximité de l’action publique, dite loi Engagement et proximité, a par exemple permis la revalorisation des indemnités des maires et des adjoints des petites communes.

Je suis toutefois consciente qu’une nouvelle évolution est plus que nécessaire et qu’elle doit dépasser le cadre statutaire. Avec les associations d’élus comme l’AMF, avec David Lisnard, j’ai entrepris un travail que nous allons élargir à l’Association des maires ruraux de France (AMRF) et à toutes les associations d’élus afin de bâtir, dans une démarche large et concertée, pour bâtir une feuille de route relative aux conditions d’exercice du mandat d’élu local.

Ce travail, qui devrait aboutir vers le mois de novembre, pour le congrès des maires, vise à doter l’élu local, qui joue un rôle primordial au sein de notre République et de notre société, du statut que nous appelons tous de nos vœux.

Debut de section - Permalien
Dominique Faure

Mesdames, messieurs les sénateurs, je tiens à réaffirmer mon soutien sans faille à tous les parlementaires et à tous les élus locaux qui ont subi des agressions.

Sous l’autorité de la Première ministre, le 17 mai dernier, j’ai annoncé des mesures fortes pour que la République ne laisse plus passer de tels excès.

En ce qui concerne les démissions de maires, depuis juillet dernier, j’ai rencontré personnellement plus de mille élus locaux qui m’ont fait part de leur bonheur d’être maires, mais aussi – il ne faut pas le nier – d’un malaise, d’un flottement dans l’exercice de leurs fonctions.

Ce sentiment a récemment été très bien décrit par le président de l’Association des maires de France et des présidents d’intercommunalités (AMF) David Lisnard, que je tiens à saluer pour sa mobilisation sur ce sujet.

Il n’est pas le seul, car je sais que vous êtes également très impliqués sur ce sujet, mesdames, messieurs les sénateurs, au travers notamment de la mission d’information sur l’avenir de la commune et du maire en France présidée par Maryse Carrère.

Le Gouvernement, qui accorde une grande importance à ces sujets, a déjà beaucoup fait en la matière. La loi du 27 décembre 2019 relative à l’engagement dans la vie locale et à la proximité de l’action publique, dite loi Engagement et proximité, a par exemple permis la revalorisation des indemnités des maires et des adjoints des petites communes.

Je suis toutefois consciente qu’une nouvelle évolution est plus que nécessaire et qu’elle doit dépasser le cadre statutaire. Avec les associations d’élus comme l’AMF, avec David Lisnard, j’ai entrepris un travail que nous allons élargir à l’Association des maires ruraux de France (AMRF) et à toutes les associations d’élus afin de bâtir, dans une démarche large et concertée, une feuille de route relative aux conditions d’exercice du mandat d’élu local.

Ce travail, qui devrait aboutir vers le mois de novembre, pour le congrès des maires, vise à doter l’élu local, qui joue un rôle primordial au sein de notre République et de notre société, du statut que nous appelons tous de nos vœux.

Debut de section - PermalienPhoto de Édouard Courtial

Je me félicite du contenu de votre réponse, madame la ministre, mais au-delà des mots, c'est désormais la fermeté de l'action qui importe.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à M. Édouard Courtial, pour la réplique.

Photo de Édouard Courtial

Je me félicite du contenu de votre réponse, madame la ministre, mais au-delà des mots, c’est désormais la fermeté de l’action qui importe.

Photo de Pascale Gruny

La parole est à M. Yves Détraigne, auteur de la question n° 585, adressée à M. le ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires.

calcul du bilan carbone des entreprises

Debut de section - PermalienPhoto de Yves Détraigne

Ma question est simple, madame la ministre.

L'an dernier, Greenpeace accusait TotalEnergies de sous-estimer ses émissions de gaz à effet de serre, notamment au regard de ses concurrents de même envergure. Selon l'ONG, cette entreprise émettait quatre fois plus de gaz à effet de serre qu'elle ne le prétendait, car elle ne déclarait pas l'intégralité des volumes de pétrole et de gaz produits et vendus.

Pour établir son bilan carbone, chaque groupe industriel fait appel à un cabinet de conseil privé. Les méthodologies d'élaboration des bilans carbone étant complexes et soumises à discussion, il paraît surprenant qu'une autorité indépendante ne soit pas chargée de vérifier ces chiffres et, surtout, les projections effectuées sur plusieurs années.

Considérant que seul l'État peut jouer ce rôle et contraindre les grandes entreprises à engager une réduction claire, nette et rapide de leurs émissions de gaz à effet de serre, je vous demande, madame la ministre, de m'indiquer quelles sont les intentions du Gouvernement en la matière.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à M. Yves Détraigne, auteur de la question n° 585, adressée à M. le ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires.

Debut de section - PermalienPhoto de Yves Détraigne

Ma question est simple, madame la ministre.

L’an dernier, Greenpeace accusait TotalEnergies de sous-estimer ses émissions de gaz à effet de serre, notamment au regard de ses concurrents de même envergure. Selon l’ONG, cette entreprise émettait quatre fois plus de gaz à effet de serre qu’elle ne le prétendait, car elle ne déclarait pas l’intégralité des volumes de pétrole et de gaz produits et vendus.

Pour établir son bilan carbone, chaque groupe industriel fait appel à un cabinet de conseil privé. Les méthodologies d’élaboration des bilans carbone étant complexes et soumises à discussion, il paraît surprenant qu’une autorité indépendante ne soit pas chargée de vérifier ces chiffres et, surtout, les projections effectuées sur plusieurs années.

Considérant que seul l’État peut jouer ce rôle et contraindre les grandes entreprises à engager une réduction claire, nette et rapide de leurs émissions de gaz à effet de serre, je vous demande, madame la ministre, de m’indiquer quelles sont les intentions du Gouvernement en la matière.

Debut de section - Permalien
Dominique Faure, ministre déléguée auprès du ministre de l'intérieur et des outre-mer et du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargée des collectivités territoriales et de la ruralité

Monsieur le sénateur, la réglementation impose aux grandes entreprises de publier le bilan d'émissions de gaz à effet de serre (Beges) et de le mettre à jour tous les quatre ans. Cette réglementation ne concerne que les émissions liées aux activités en France.

TotalEnergies publie volontairement, dans le cadre de la communication relative à son plan visant à atteindre la neutralité carbone à l'horizon 2050, le bilan carbone de toutes ses activités, y compris à l'international.

Les derniers Beges fournis par TotalEnergies datent de 2018. Ils ne comportent pas encore le scope 3, dont la prise en compte est obligatoire pour les bilans produits à partir du 1er janvier 2023.

Cette obligation est une avancée importante, car le scope 3 correspond aux émissions indirectes sur la chaîne de valeur de l'entreprise. Il s'agit par exemple, pour TotalEnergies, de prendre en compte les émissions liées à la consommation de gaz ou de pétrole par ses clients.

Aujourd'hui, notre priorité est de faire mieux respecter cette réglementation. Le Gouvernement réfléchit à plusieurs pistes, comme la mise à disposition d'outils d'élaboration du Beges, l'augmentation de la fréquence des contrôles ou celle du montant des amendes.

Nous souhaiterions aussi relever l'ambition des plans de transition fournis avec les Beges afin de les mettre en cohérence avec les objectifs que se fixe la France dans sa stratégie nationale bas-carbone.

La question du contrôle des données publiées et de la robustesse des méthodologies employées demeure. Une réflexion est en cours pour mobiliser des organismes tiers indépendants qui pourraient évaluer la conformité des calculs aux méthodologies prévue par le code de l'environnement, ainsi que l'ambition de ces plans de transition.

Dominique Faure

Monsieur le sénateur, la réglementation impose aux grandes entreprises de publier le bilan d’émissions de gaz à effet de serre (Beges) et de le mettre à jour tous les quatre ans. Cette réglementation ne concerne que les émissions liées aux activités en France.

TotalEnergies publie volontairement, dans le cadre de la communication relative à son plan visant à atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050, le bilan carbone de toutes ses activités, y compris à l’international.

Les derniers Beges fournis par TotalEnergies datent de 2018. Ils ne comportent pas encore le scope 3, dont la prise en compte est obligatoire pour les bilans produits à partir du 1er janvier 2023.

Cette obligation est une avancée importante, car le scope 3 correspond aux émissions indirectes sur la chaîne de valeur de l’entreprise. Il s’agit par exemple, pour TotalEnergies, de prendre en compte les émissions liées à la consommation de gaz ou de pétrole par ses clients.

Aujourd’hui, notre priorité est de faire mieux respecter cette réglementation. Le Gouvernement réfléchit à plusieurs pistes, comme la mise à disposition d’outils d’élaboration du Beges, l’augmentation de la fréquence des contrôles ou celle du montant des amendes.

Nous souhaiterions aussi relever l’ambition des plans de transition fournis avec les Beges afin de les mettre en cohérence avec les objectifs que se fixe la France dans sa stratégie nationale bas-carbone.

La question du contrôle des données publiées et de la robustesse des méthodologies employées demeure. Une réflexion est en cours pour mobiliser des organismes tiers indépendants qui pourraient évaluer la conformité des calculs aux méthodologies prévue par le code de l’environnement, ainsi que l’ambition de ces plans de transition.

Photo de Pascale Gruny

La parole est à M. Pierre-Jean Verzelen, auteur de la question n° 780, adressée à M. le ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires.

futures dispositions d’application de « zéro artificialisation nette »

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre-Jean Verzelen

Madame la ministre, je souhaite aborder un sujet qui, depuis quelques mois, suscite beaucoup de débats, crée beaucoup d'incompréhension et alimente une certaine défiance : il s'agit de l'objectif de zéro artificialisation nette, le fameux ZAN.

Les dispositions de la loi du 22 août 2021 portant lutte contre le changement climatique et renforcement de la résilience face à ses effets, dite loi Climat et résilience, prévoient une réduction de moitié du rythme d'artificialisation des sols jusqu'en 2031, pour atteindre un objectif de zéro à l'horizon 2050.

Si nous comprenons les objectifs de ces dispositions, nous demandons que les moyens pour y parvenir tiennent compte des réalités locales et des enjeux de développement, et que la trajectoire, qui devra certainement être remise en cause dans le temps, soit envisagée avec souplesse.

Or les premiers décrets d'application étaient totalement déconnectés du terrain, puisqu'ils prévoyaient des règles floues, sans aucune différenciation, et une déclinaison uniforme.

Soucieux de rectifier le tir, le Sénat s'est emparé du sujet par le biais d'une proposition de loi visant à faciliter la mise en œuvre des objectifs de « zéro artificialisation nette » au cœur des territoires, adoptée le 16 mars dernier par le Sénat et examinée en juin par l'Assemblée nationale.

Une commission mixte paritaire se réunira dans quelques jours, puis viendra le temps de la publication des décrets d'application par le Gouvernement.

Dans ce contexte, madame la ministre, je souhaite connaître les orientations du Gouvernement sur plusieurs points.

Les projets d'ampleur nationale, tels que le canal Seine-Nord, les routes nationales ou l'implantation d'usines, entreront-ils ou non dans le calcul du ZAN ?

Pouvez-vous nous garantir que, dans le cadre de la construction d'une maison individuelle par un particulier ou d'un bâtiment par une entreprise, seule la surface bâtie sera comptabilisée, à l'exclusion du jardin ou de la surface enherbée ?

Les surfaces recouvertes par des dispositifs photovoltaïques seront-elles considérées ou non comme artificialisées ?

Convenez-vous enfin que les territoires, en particulier ruraux, qui ont connu peu de constructions durant les dernières années, pourront bénéficier d'une plus grande souplesse et de dérogations spécifiques ?

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à M. Pierre-Jean Verzelen, auteur de la question n° 780, adressée à M. le ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre-Jean Verzelen

Madame la ministre, je souhaite aborder un sujet qui, depuis quelques mois, suscite beaucoup de débats, crée beaucoup d’incompréhension et alimente une certaine défiance : il s’agit de l’objectif de zéro artificialisation nette, le fameux ZAN.

Les dispositions de la loi du 22 août 2021 portant lutte contre le changement climatique et renforcement de la résilience face à ses effets, dite loi Climat et résilience, prévoient une réduction de moitié du rythme d’artificialisation des sols jusqu’en 2031, pour atteindre un objectif de zéro à l’horizon 2050.

Si nous comprenons les objectifs de ces dispositions, nous demandons que les moyens pour y parvenir tiennent compte des réalités locales et des enjeux de développement, et que la trajectoire, qui devra certainement être remise en cause dans le temps, soit envisagée avec souplesse.

Or les premiers décrets d’application étaient totalement déconnectés du terrain, puisqu’ils prévoyaient des règles floues, sans aucune différenciation, et une déclinaison uniforme.

Soucieux de rectifier le tir, le Sénat s’est emparé du sujet par le biais d’une proposition de loi visant à faciliter la mise en œuvre des objectifs de « zéro artificialisation nette » au cœur des territoires, adoptée le 16 mars dernier par le Sénat et examinée en juin par l’Assemblée nationale.

Une commission mixte paritaire se réunira dans quelques jours, puis viendra le temps de la publication des décrets d’application par le Gouvernement.

Dans ce contexte, madame la ministre, je souhaite connaître les orientations du Gouvernement sur plusieurs points.

Les projets d’ampleur nationale, tels que le canal Seine-Nord, les routes nationales ou l’implantation d’usines, entreront-ils ou non dans le calcul du ZAN ?

Pouvez-vous nous garantir que, dans le cadre de la construction d’une maison individuelle par un particulier ou d’un bâtiment par une entreprise, seule la surface bâtie sera comptabilisée, à l’exclusion du jardin ou de la surface enherbée ?

Les surfaces recouvertes par des dispositifs photovoltaïques seront-elles considérées ou non comme artificialisées ?

Convenez-vous enfin que les territoires, en particulier ruraux, qui ont connu peu de constructions durant les dernières années, pourront bénéficier d’une plus grande souplesse et de dérogations spécifiques ?

Debut de section - Permalien
Dominique Faure, ministre déléguée auprès du ministre de l'intérieur et des outre-mer et du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargée des collectivités territoriales et de la ruralité

Monsieur le sénateur, en adoptant la loi Climat et résilience, la France s'est fixé une trajectoire visant l'absence d'artificialisation nette des sols en 2050, avec un objectif de réduction de moitié de la consommation d'espace sur la période 2021-2031 par rapport à la décennie précédente.

Conformément aux engagements pris par la Première ministre lors du congrès de l'Association des maires de France et des présidents d'intercommunalités, des ajustements ont été apportés en concertation avec les associations nationales d'élus et les parlementaires.

Pour tenir compte de ces discussions, deux projets de décret ont été mis en consultation jusqu'à la date d'aujourd'hui.

Le premier a pour objet de renforcer les principes de différenciation et de territorialisation, en prévoyant la prise en compte des spécificités locales des territoires ruraux, littoraux ou de montagne. Il ne prévoit plus la fixation obligatoire de cibles chiffrées à l'échelle infrarégionale dans les schémas régionaux d'aménagement, de développement durable et d'égalité des territoires (Sraddet).

Le projet de décret précise par ailleurs la notion de « garantie rurale » que le Sénat a souhaité introduire et que la Première ministre a retenue.

Le second projet de décret vise à expliciter et à ajuster les catégories de surfaces artificialisées et non artificialisées.

La proposition de loi d'origine sénatoriale visant à faciliter la mise en œuvre des objectifs de ZAN adoptée par l'Assemblée nationale le 27 juin dernier prévoit également une mutualisation au niveau national des projets d'envergure nationale et européenne. La réponse à votre première question est donc positive, monsieur le sénateur.

Je souhaite que nous puissions rapidement faire évoluer les dispositions relatives à la trajectoire de réduction de l'artificialisation des sols, afin de donner de la visibilité à nos territoires. C'est la raison pour laquelle les éventuelles lectures des conclusions de la commission mixte paritaire sont prévues les 12 et 13 juillet prochains et que la publication des décrets devrait intervenir dès l'automne prochain.

Dominique Faure

Monsieur le sénateur, en adoptant la loi Climat et résilience, la France s’est fixé une trajectoire visant l’absence d’artificialisation nette des sols en 2050, avec un objectif de réduction de moitié de la consommation d’espace sur la période 2021-2031 par rapport à la décennie précédente.

Conformément aux engagements pris par la Première ministre lors du congrès de l’Association des maires de France et des présidents d’intercommunalités, des ajustements ont été apportés en concertation avec les associations nationales d’élus et les parlementaires.

Pour tenir compte de ces discussions, deux projets de décret ont été mis en consultation jusqu’à la date d’aujourd’hui.

Le premier a pour objet de renforcer les principes de différenciation et de territorialisation, en prévoyant la prise en compte des spécificités locales des territoires ruraux, littoraux ou de montagne. Il ne prévoit plus la fixation obligatoire de cibles chiffrées à l’échelle infrarégionale dans les schémas régionaux d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires (Sraddet).

Le projet de décret précise par ailleurs la notion de « garantie rurale » que le Sénat a souhaité introduire et que la Première ministre a retenue.

Le second projet de décret vise à expliciter et à ajuster les catégories de surfaces artificialisées et non artificialisées.

La proposition de loi d’origine sénatoriale visant à faciliter la mise en œuvre des objectifs de ZAN adoptée par l’Assemblée nationale le 27 juin dernier prévoit également une mutualisation au niveau national des projets d’envergure nationale et européenne. La réponse à votre première question est donc positive, monsieur le sénateur.

Je souhaite que nous puissions rapidement faire évoluer les dispositions relatives à la trajectoire de réduction de l’artificialisation des sols, afin de donner de la visibilité à nos territoires. C’est la raison pour laquelle les éventuelles lectures des conclusions de la commission mixte paritaire sont prévues les 12 et 13 juillet prochains et que la publication des décrets devrait intervenir dès l’automne prochain.

Photo de Pascale Gruny

La parole est à M. Pierre Louault, auteur de la question n° 783, adressée à M. le ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires.

inefficacité de la politique de continuité écologique des cours d’eau

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Louault

Madame la ministre, je souhaite vous interroger sur l'inefficacité de la politique de continuité écologique des cours d'eau. Ce principe, issu de la loi du 30 décembre 2006 sur l'eau et les milieux aquatiques, dite loi Lema, implique la libre circulation dans les cours d'eau des espèces et des sédiments.

Les barrages et les étangs qui ont été construits au cours des siècles précédents constituent aujourd'hui l'essentiel des zones humides. L'application rigoureuse de la loi Lema par les services de l'État fait disparaître ces zones humides, transforme les rivières et cours d'eau en torrents et vidange les nappes phréatiques.

L'on s'étonne aujourd'hui de l'épuisement des réserves d'eau, qui provoque une restriction de l'usage. Cette politique, appliquée depuis près de vingt ans, en est la principale responsable.

Les agences de l'eau subventionnent uniquement les projets d'arasement des ouvrages et de suppression des étangs, sans prendre en compte l'impact catastrophique de ces projets sur les réserves d'eau.

La Cour des comptes a récemment démontré que plus de 15 milliards d'euros ont été dépensés au nom d'une politique de protection des espèces de poissons migrateurs, sans aucun résultat.

À l'heure où les sécheresses à répétition menacent nos ressources en eau, je souhaite connaître les mesures envisagées par le ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires pour remédier à la disparition des prairies et des zones humides, à l'assèchement des ruisseaux et des cours d'eau et à la vidange des nappes phréatiques au nom d'une continuité écologique qui ne remplit pas ses promesses. Quand compte-t-il sortir d'une loi doctrinaire et qui n'est étayée par aucune évaluation scientifique ?

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à M. Pierre Louault, auteur de la question n° 783, adressée à M. le ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Louault

Madame la ministre, je souhaite vous interroger sur l’inefficacité de la politique de continuité écologique des cours d’eau. Ce principe, issu de la loi du 30 décembre 2006 sur l’eau et les milieux aquatiques, dite Lema, implique la libre circulation dans les cours d’eau des espèces et des sédiments.

Les barrages et les étangs qui ont été construits au cours des siècles précédents constituent aujourd’hui l’essentiel des zones humides. L’application rigoureuse de la Lema par les services de l’État fait disparaître ces zones humides, transforme les rivières et cours d’eau en torrents et vidange les nappes phréatiques.

L’on s’étonne aujourd’hui de l’épuisement des réserves d’eau, qui provoque une restriction de l’usage. Cette politique, appliquée depuis près de vingt ans, en est la principale responsable.

Les agences de l’eau subventionnent uniquement les projets d’arasement des ouvrages et de suppression des étangs, sans prendre en compte l’impact catastrophique de ces projets sur les réserves d’eau.

La Cour des comptes a récemment démontré que plus de 15 milliards d’euros ont été dépensés au nom d’une politique de protection des espèces de poissons migrateurs, sans aucun résultat.

À l’heure où les sécheresses à répétition menacent nos ressources en eau, je souhaite connaître les mesures envisagées par le ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires pour remédier à la disparition des prairies et des zones humides, à l’assèchement des ruisseaux et des cours d’eau et à la vidange des nappes phréatiques au nom d’une continuité écologique qui ne remplit pas ses promesses. Quand compte-t-il sortir d’une loi doctrinaire et qui n’est étayée par aucune évaluation scientifique ?

Debut de section - Permalien
Dominique Faure, ministre déléguée auprès du ministre de l'intérieur et des outre-mer et du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargée des collectivités

Monsieur le sénateur, la politique de restauration de la continuité des cours d'eau vise à limiter la fragmentation des habitats, qui est l'une des causes majeures de l'érosion de la biodiversité, et à redonner aux rivières leurs fonctionnalités naturelles.

Restaurer nos cours d'eau suppose de supprimer les obstacles, surtout quand ils sont devenus inutiles, mais aussi et avant tout, de laisser les cours d'eau s'écouler le plus naturellement possible, de ralentir leur vitesse en recréant les méandres et les bras morts et en leur permettant de déborder par endroits.

Seule cette restauration complète permet de mieux recharger les nappes et de garder nos sols humides. Il s'agit donc d'une solution fondée sur la nature, qui permet une meilleure résilience face au changement climatique.

Je rappelle que l'installation de petites retenues ou de plans d'eau nombreux sur les cours d'eau conduit souvent à une évaporation très importante en été, et partant, à une diminution des débits. §

La restauration des cours d'eau doit être adaptée au cas par cas, afin de choisir le moyen de restauration le plus approprié. En la matière, la territorialisation de notre politique nationale est fondamentale. Celle-ci a montré des résultats, que ce soit sur le retour des poissons dans de nombreux cours d'eau, l'amélioration de la biodiversité et de l'état écologique des cours d'eau, l'abaissement des températures ou encore l'évaporation des cours d'eau.

Soyez assuré, monsieur le sénateur, de l'absence de dogmatisme du Gouvernement en la matière. Nous travaillons territoire par territoire.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à M. Pierre Louault, pour la réplique.

Debut de section - Permalien
Dominique Faure

Monsieur le sénateur, la politique de restauration de la continuité des cours d’eau vise à limiter la fragmentation des habitats, qui est l’une des causes majeures de l’érosion de la biodiversité, et à redonner aux rivières leurs fonctionnalités naturelles.

Restaurer nos cours d’eau suppose de supprimer les obstacles, surtout quand ils sont devenus inutiles, mais aussi et avant tout, de laisser les cours d’eau s’écouler le plus naturellement possible, de ralentir leur vitesse en recréant les méandres et les bras morts et en leur permettant de déborder par endroits.

Seule cette restauration complète permet de mieux recharger les nappes et de garder nos sols humides. Il s’agit donc d’une solution fondée sur la nature, qui permet une meilleure résilience face au changement climatique.

Je rappelle que l’installation de petites retenues ou de plans d’eau nombreux sur les cours d’eau conduit souvent à une évaporation très importante en été, et partant, à une diminution des débits.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Louault

Les ministres changent, mais la technostructure doctrinaire demeure. Depuis vingt ans, nous en sommes toujours au même point, si bien que nous allons à la catastrophe, tout en klaxonnant !

M. Pierre Louault le conteste.

Dominique Faure

La restauration des cours d’eau doit être adaptée au cas par cas, afin de choisir le moyen de restauration le plus approprié. En la matière, la territorialisation de notre politique nationale est fondamentale. Celle-ci a montré des résultats, que ce soit sur le retour des poissons dans de nombreux cours d’eau, l’amélioration de la biodiversité et de l’état écologique des cours d’eau, l’abaissement des températures ou encore l’évaporation des cours d’eau.

Soyez assuré, monsieur le sénateur, de l’absence de dogmatisme du Gouvernement en la matière. Nous travaillons territoire par territoire.

Photo de Pascale Gruny

La parole est à M. Jean-Pierre Decool, auteur de la question n° 776, adressée à Mme la secrétaire d'État auprès du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargée de l'écologie.

Photo de Pascale Gruny

La parole est à M. Pierre Louault, pour la réplique.

Photo de Jean-Pierre Decool

Le Nord compte 680 kilomètres de voies d'eau, 90 écluses et plus de 100 ouvrages de régulation des niveaux d'eau. Les sédiments, essentiellement non dangereux, s'y accumulent inévitablement.

Le droit communautaire considère les sédiments comme des déchets. Cela implique mécaniquement une procédure coûteuse de traitement. L'entretien des voies d'eau est donc empêché, tandis que l'excès de sédiments dans les canaux génère régulièrement des entraves à la navigation, mais pas seulement.

Dans les Hauts-de-France, la gestion des eaux est primordiale pour contribuer efficacement à la lutte contre les inondations. En effet, des canaux, rivières et bassins entretenus seraient plus à même d'accueillir des crues liées à de fortes précipitations. Des canaux non navigués, régulièrement curés, pourraient agir comme des bassins de rétention et de régulation.

La France accuse du retard dans la définition d'un cadre réglementaire national de valorisation des sédiments, ce qui a favorisé le développement de filières de valorisation dans les pays voisins, au détriment de notre économie.

J'ai eu l'occasion d'évoquer cette problématique dans cet hémicycle à la suite des fortes inondations que le Nord a connues en décembre 2021 et lors d'un retour d'expérience placé sous l'autorité du préfet et organisé avec les acteurs de terrain, notamment avec Voies navigables de France (VNF), le vendredi 17 décembre 2021.

Je tiens par ailleurs à saluer l'expérimentation, menée par VNF à Wambrechies, d'une plateforme de dépotage susceptible de prendre en charge d'importantes quantités de sédiments, et ainsi, de répondre aux besoins liés au projet de canal Seine-Nord.

Madame la ministre, il serait inconcevable de voir ces sédiments finir sur des sites de dépôt avant d'être exportés vers la Belgique et les Pays-Bas, où l'on peut plus facilement les réutiliser.

Ne serait-il pas possible d'étendre le périmètre de l'arrêté du 4 juin 2021, afin de permettre la réutilisation des sédiments en tant que matériau de construction ou pour un usage agricole, eu égard aux propriétés fertilisantes de certains sédiments ?

Photo de Pierre Louault

Les ministres changent, mais la technostructure doctrinaire demeure. Depuis vingt ans, nous en sommes toujours au même point, si bien que nous allons à la catastrophe, tout en klaxonnant !

Photo de Pascale Gruny

La parole est à Mme la ministre déléguée.

valorisation des sédiments issus de dragage

Debut de section - Permalien
Dominique Faure, ministre déléguée auprès du ministre de l'intérieur et des outre-mer et du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargée des collectivités territoriales et de la ruralité

Monsieur le sénateur, chaque année, dans notre pays, l'entretien des voies de navigation et des ports génère 50 millions de mètres cubes de sédiments. En parallèle, le secteur du BTP consomme en France 400 millions de tonnes par an de granulats extraits du sol.

Le 25 janvier dernier, ma collègue Bérangère Couillard, secrétaire d'État chargée de l'écologie, a engagé une feuille de route avec les acteurs économiques de la région des Hauts-de-France et VNF pour enclencher une dynamique d'économie circulaire vertueuse en matière de valorisation de ces sédiments.

Cette feuille de route est le résultat de travaux expérimentaux menés dans la région pionnière des Hauts-de-France avec le concours des acteurs économiques du BTP et de l'École nationale supérieure des techniques industrielles et des mines de Douai et avec l'accompagnement de la région ainsi que du ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires.

Grâce à cette démarche d'économie circulaire territoriale, les sédiments pourront être recyclés dans le béton et d'autres produits du BTP. À l'échelle de la région des Hauts-de-France, quelque 300 000 tonnes de sédiments par an pourront ainsi être recyclées au lieu d'être mises en décharge, ce qui permettra de dégager des gains d'un montant de 15 millions d'euros par an et de créer 400 emplois.

D'autres voies de valorisation des sédiments sont envisageables, notamment leur utilisation comme fertilisants et supports de culture, sous réserve qu'ils ne soient pas pollués.

Le ministère de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire parachève un décret d'application de la loi du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l'économie circulaire qui établira prochainement un socle commun de critères pour les matières fertilisantes et les supports de culture.

Vous le voyez, monsieur le sénateur, le Gouvernement est au travail sur ce sujet.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à M. Jean-Pierre Decool, auteur de la question n° 776, adressée à Mme la secrétaire d’État auprès du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargée de l’écologie.

Photo de Jean-Pierre Decool

Le Nord compte 680 kilomètres de voies d’eau, 90 écluses et plus de 100 ouvrages de régulation des niveaux d’eau. Les sédiments, essentiellement non dangereux, s’y accumulent inévitablement.

Le droit communautaire considère les sédiments comme des déchets. Cela implique mécaniquement une procédure coûteuse de traitement. L’entretien des voies d’eau est donc empêché, tandis que l’excès de sédiments dans les canaux génère régulièrement des entraves à la navigation, mais pas seulement.

Dans les Hauts-de-France, la gestion des eaux est primordiale pour contribuer efficacement à la lutte contre les inondations. En effet, des canaux, rivières et bassins entretenus seraient plus à même d’accueillir des crues liées à de fortes précipitations. Des canaux non navigués, régulièrement curés, pourraient agir comme des bassins de rétention et de régulation.

La France accuse du retard dans la définition d’un cadre réglementaire national de valorisation des sédiments, ce qui a favorisé le développement de filières de valorisation dans les pays voisins, au détriment de notre économie.

J’ai eu l’occasion d’évoquer cette problématique dans cet hémicycle à la suite des fortes inondations que le Nord a connues en décembre 2021 et lors d’un retour d’expérience placé sous l’autorité du préfet et organisé avec les acteurs de terrain, notamment avec Voies navigables de France (VNF), le vendredi 17 décembre 2021.

Je tiens par ailleurs à saluer l’expérimentation, menée par VNF à Wambrechies, d’une plateforme de dépotage susceptible de prendre en charge d’importantes quantités de sédiments, et ainsi, de répondre aux besoins liés au projet de canal Seine-Nord.

Madame la ministre, il serait inconcevable de voir ces sédiments finir sur des sites de dépôt avant d’être exportés vers la Belgique et les Pays-Bas, où l’on peut plus facilement les réutiliser.

Ne serait-il pas possible d’étendre le périmètre de l’arrêté du 4 juin 2021, afin de permettre la réutilisation des sédiments en tant que matériau de construction ou pour un usage agricole, eu égard aux propriétés fertilisantes de certains sédiments ?

Photo de Pascale Gruny

La parole est à M. Christian Klinger, auteur de la question n° 602, transmise à M. le ministre délégué auprès du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargé de la ville et du logement.

Photo de Pascale Gruny

La parole est à Mme la ministre déléguée.

Photo de Christian Klinger

Madame la ministre, je souhaite attirer votre attention sur les conséquences de l'interdiction, à l'horizon 2026, des chaudières à gaz, qui permettent de chauffer près de 12 millions de ménages, sans compter les collectivités.

L'interdiction des chaudières à gaz soulève deux difficultés.

Premièrement, les ménages souhaitant remplacer leur ancienne chaudière devront se tourner vers l'installation d'une pompe à chaleur, dont le coût est beaucoup plus important. Celui-ci s'établit en moyenne autour de 15 000 euros, contre 5 000 euros pour les chaudières, soit une différence de 10 000 euros, auxquels il faut ajouter la rénovation énergétique du logement et les difficultés relatives au manque de place pour la pose, aux nuisances sonores et esthétiques ou encore à la durée des chantiers, ce qui rend l'installation d'une pompe à chaleur difficile, voire impossible dans de nombreux logements, ou alors au prix de travaux très importants.

Deuxièmement, au-delà de leur prix, une grande partie des pompes à chaleur sont fabriquées en Asie, quand les chaudières à gaz viennent principalement d'Europe et, très souvent, de France. Serait-ce donc, après les voitures électriques, dont les batteries sont fabriquées en Asie, une nouvelle incitation à acheter hors d'Europe ?

Cette interdiction est un sabotage en règle d'une des rares filières d'excellence française.

De plus, le système d'aides aux ménages que le Gouvernement ne manquera pas de mettre en place, madame la ministre, creusera encore le déficit déjà abyssal de nos comptes publics.

À ce prix-là, me direz-vous, on agira pour le climat. Mais est-ce seulement vrai ? Aura-t-on l'électricité suffisante pour alimenter l'ensemble de ces pompes à chaleur ? Ou devra-t-on alimenter les centrales au gaz pour qu'elles produisent de l'électricité ?

Le moment n'est-il pas venu de prendre des décisions un peu plus concertées pour laisser à nos concitoyens le temps de souffler financièrement et aux filières concernées, celui de s'adapter et de s'approprier de nouvelles énergies comme le biogaz ?

Je crains que tous les impacts du projet gouvernemental d'interdiction des chaudières à gaz en 2026 n'aient pas été correctement évalués.

Dominique Faure

Monsieur le sénateur, chaque année, dans notre pays, l’entretien des voies de navigation et des ports génère 50 millions de mètres cubes de sédiments. En parallèle, le secteur du BTP consomme en France 400 millions de tonnes par an de granulats extraits du sol.

Le 25 janvier dernier, ma collègue Bérangère Couillard, secrétaire d’État chargée de l’écologie, a engagé une feuille de route avec les acteurs économiques de la région des Hauts-de-France et VNF pour enclencher une dynamique d’économie circulaire vertueuse en matière de valorisation de ces sédiments.

Cette feuille de route est le résultat de travaux expérimentaux menés dans la région pionnière des Hauts-de-France avec le concours des acteurs économiques du BTP et de l’École nationale supérieure des techniques industrielles et des mines de Douai et avec l’accompagnement de la région ainsi que du ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires.

Grâce à cette démarche d’économie circulaire territoriale, les sédiments pourront être recyclés dans le béton et d’autres produits du BTP. À l’échelle de la région des Hauts-de-France, quelque 300 000 tonnes de sédiments par an pourront ainsi être recyclées au lieu d’être mises en décharge, ce qui permettra de dégager des gains d’un montant de 15 millions d’euros par an et de créer 400 emplois.

D’autres voies de valorisation des sédiments sont envisageables, notamment leur utilisation comme fertilisants et supports de culture, sous réserve qu’ils ne soient pas pollués.

Le ministère de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire parachève un décret d’application de la loi du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire qui établira prochainement un socle commun de critères pour les matières fertilisantes et les supports de culture.

Vous le voyez, monsieur le sénateur, le Gouvernement est au travail sur ce sujet.

Photo de Pascale Gruny

La parole est à Mme la ministre déléguée.

coûts pour les ménages d’une interdiction des chaudières à gaz dans le secteur du bâtiment

Debut de section - Permalien
Dominique Faure, ministre déléguée auprès du ministre de l'intérieur et des outre-mer et du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargée des collectivités territoriales et de la ruralité

Monsieur le sénateur Klinger, l'objectif de neutralité carbone d'ici à 2050, fixé par le Président de la République, est un immense défi. Il passera avant tout par la décarbonation des grands secteurs, comme celui du bâtiment, qui représente 18 % des émissions en France.

Mes collègues Agnès Pannier-Runacher, Christophe Béchu et Olivier Klein ont lancé une concertation publique portant sur la décarbonation du secteur du bâtiment. Ces échanges, qui se dérouleront jusqu'au 28 juillet prochain, permettront de débattre avec l'ensemble des acteurs du bâtiment des solutions alternatives aux chaudières fossiles.

S'il n'y a à ce jour pas d'interdiction d'installation de chaudières à gaz dans les logements existants, le dispositif MaPrimeRénov' ne subventionne plus l'installation de nouvelles chaudières au fioul ou au gaz et la réglementation environnementale 2020 (RE2020) interdit l'installation de chaudières au gaz ou au fioul dans les bâtiments neufs.

Cette transition est aussi un enjeu de souveraineté, dans la mesure où ces installations alternatives décarbonées ne reposent pas sur une énergie massivement importée, comme le gaz.

Le Gouvernement s'est engagé à accompagner la transition des filières industrielles du chauffage vers les énergies bas-carbone. Il est pleinement mobilisé pour leur développement, auquel concourent plusieurs outils déployés par l'État, dont le renforcement des aides au raccordement au réseau de chaleur, le fonds Chaleur et le plan géothermie, lancé en février 2023.

Enfin, si le coût d'installation d'une pompe à chaleur reste très élevé à l'achat, le surcoût est compensé par les économies faites à l'usage. L'État apporte désormais un soutien financier important pour le remplacement des chaudières fossiles via l'aide publique MaPrimeRénov', qui peut être complétée par les aides privées des certificats d'économies d'énergie (C2E) et, dans certains cas, par les aides des collectivités territoriales, en particulier pour les ménages les plus modestes.

Le Gouvernement continuera d'agir afin de réduire autant que possible nos émissions de gaz à effet de serre tout en favorisant l'émergence et le développement des énergies bas-carbone.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à M. Christian Klinger, auteur de la question n° 602, transmise à M. le ministre délégué auprès du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargé de la ville et du logement.

Photo de Christian Klinger

Madame la ministre, je souhaite attirer votre attention sur les conséquences de l’interdiction, à l’horizon 2026, des chaudières à gaz, qui permettent de chauffer près de 12 millions de ménages, sans compter les collectivités.

L’interdiction des chaudières à gaz soulève deux difficultés.

Premièrement, les ménages souhaitant remplacer leur ancienne chaudière devront se tourner vers l’installation d’une pompe à chaleur, dont le coût est beaucoup plus important. Celui-ci s’établit en moyenne autour de 15 000 euros, contre 5 000 euros pour les chaudières, soit une différence de 10 000 euros, auxquels il faut ajouter la rénovation énergétique du logement et les difficultés relatives au manque de place pour la pose, aux nuisances sonores et esthétiques ou encore à la durée des chantiers, ce qui rend l’installation d’une pompe à chaleur difficile, voire impossible dans de nombreux logements, ou alors au prix de travaux très importants.

Deuxièmement, au-delà de leur prix, une grande partie des pompes à chaleur sont fabriquées en Asie, quand les chaudières à gaz viennent principalement d’Europe et, très souvent, de France. Serait-ce donc, après les voitures électriques, dont les batteries sont fabriquées en Asie, une nouvelle incitation à acheter hors d’Europe ?

Cette interdiction est un sabotage en règle d’une des rares filières d’excellence française.

De plus, le système d’aides aux ménages que le Gouvernement ne manquera pas de mettre en place, madame la ministre, creusera encore le déficit déjà abyssal de nos comptes publics.

À ce prix-là, me direz-vous, on agira pour le climat. Mais est-ce seulement vrai ? Aura-t-on l’électricité suffisante pour alimenter l’ensemble de ces pompes à chaleur ? Ou devra-t-on alimenter les centrales au gaz pour qu’elles produisent de l’électricité ?

Le moment n’est-il pas venu de prendre des décisions un peu plus concertées pour laisser à nos concitoyens le temps de souffler financièrement et aux filières concernées, celui de s’adapter et de s’approprier de nouvelles énergies comme le biogaz ?

Je crains que tous les impacts du projet gouvernemental d’interdiction des chaudières à gaz en 2026 n’aient pas été correctement évalués.

Photo de Pascale Gruny

La parole est à Mme Laure Darcos, auteure de la question n° 701, adressée à M. le ministre délégué auprès du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargé de la ville et du logement.

Photo de Pascale Gruny

La parole est à Mme la ministre déléguée.

Photo de Laure Darcos

Ma question s'adressait effectivement à M. le ministre délégué chargé de la ville et du logement.

Madame la ministre, les élus de l'Essonne sont inquiets. L'effort de construction est aujourd'hui insuffisant pour répondre aux besoins de nos concitoyens et le secteur locatif risque de connaître une véritable déflagration liée au retrait du marché, à court terme, de 400 000 logements du parc social et du secteur privé.

L'augmentation du prix des terrains, les contraintes de la réglementation environnementale RE2020, le coût élevé des matières premières et les taux d'intérêt qui flambent freinent considérablement l'activité du bâtiment.

Le secteur locatif, quant à lui, sera fortement touché par les mesures prises pour exclure du marché de la location les logements consommant le plus d'énergie ou émettant le plus de gaz à effet de serre.

Bien entendu, je ne remets pas en cause l'obligation qu'ont les propriétaires de proposer des logements décents, respectant des niveaux de performance énergétique minimaux. Les passoires thermiques sont une réalité que nous ne devons pas ignorer.

Toutefois, en agissant avec précipitation et en réglementant toujours davantage dans un domaine essentiel comme le logement, l'on fait courir des risques considérables à notre pays. À brève échéance, la France est menacée d'une crise de l'offre doublée d'une crise de la demande.

Dans ce contexte, la suppression du dispositif Pinel et la refonte du prêt à taux zéro (PTZ), récemment annoncées par le Gouvernement, ont été particulièrement mal perçues. Les associations d'élus se mobilisent très légitimement contre ces mesures. Elles mettent en avant des propositions pragmatiques pour la maîtrise du coût du foncier et la rénovation thermique du parc locatif social et du parc privé.

Madame la ministre, quelles mesures de soutien le Gouvernement entend-il mettre en œuvre pour accompagner massivement la rénovation du parc existant, relancer la construction et favoriser l'accès des Français à la propriété ?

Dominique Faure

Monsieur le sénateur Klinger, l’objectif de neutralité carbone d’ici à 2050, fixé par le Président de la République, est un immense défi. Il passera avant tout par la décarbonation des grands secteurs, comme celui du bâtiment, qui représente 18 % des émissions en France.

Mes collègues Agnès Pannier-Runacher, Christophe Béchu et Olivier Klein ont lancé une concertation publique portant sur la décarbonation du secteur du bâtiment. Ces échanges, qui se dérouleront jusqu’au 28 juillet prochain, permettront de débattre avec l’ensemble des acteurs du bâtiment des solutions alternatives aux chaudières fossiles.

S’il n’y a à ce jour pas d’interdiction d’installation de chaudières à gaz dans les logements existants, le dispositif MaPrimeRénov’ ne subventionne plus l’installation de nouvelles chaudières au fioul ou au gaz et la réglementation environnementale 2020 (RE2020) interdit l’installation de chaudières au gaz ou au fioul dans les bâtiments neufs.

Cette transition est aussi un enjeu de souveraineté, dans la mesure où ces installations alternatives décarbonées ne reposent pas sur une énergie massivement importée, comme le gaz.

Le Gouvernement s’est engagé à accompagner la transition des filières industrielles du chauffage vers les énergies bas-carbone. Il est pleinement mobilisé pour leur développement, auquel concourent plusieurs outils déployés par l’État, dont le renforcement des aides au raccordement au réseau de chaleur, le fonds Chaleur et le plan géothermie, lancé en février 2023.

Enfin, si le coût d’installation d’une pompe à chaleur reste très élevé à l’achat, le surcoût est compensé par les économies faites à l’usage. L’État apporte désormais un soutien financier important pour le remplacement des chaudières fossiles via l’aide publique MaPrimeRénov’, qui peut être complétée par les aides privées des certificats d’économies d’énergie (C2E) et, dans certains cas, par les aides des collectivités territoriales, en particulier pour les ménages les plus modestes.

Le Gouvernement continuera d’agir afin de réduire autant que possible nos émissions de gaz à effet de serre tout en favorisant l’émergence et le développement des énergies bas-carbone.

Photo de Pascale Gruny

La parole est à Mme la ministre déléguée.

crise du logement

Debut de section - Permalien
Dominique Faure, ministre déléguée auprès du ministre de l'intérieur et des outre-mer et du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargée des collectivités territoriales et de la ruralité

Madame la sénatrice Laure Darcos, à l'issue du Conseil national de la refondation (CNR) sur le logement, qui a réuni toutes les parties prenantes, Mme la Première ministre a rappelé cette priorité du Gouvernement : favoriser l'accès à un logement pour tous les Français. Avec mon collègue chargé du logement, Olivier Klein, elle a également annoncé des mesures d'urgence et de long terme pour répondre aux difficultés du secteur.

S'agissant de l'accession à la propriété, le prêt à taux zéro sera prolongé jusqu'en 2027. Il s'appliquera aux opérations neuves en habitat collectif en zone tendue et à l'acquisition de logements anciens en zone détendue, sous condition de travaux de rénovation.

S'agissant de l'accession sociale à la propriété, le bail réel solidaire (BRS), qui permet de dissocier le foncier et le bâti, est un dispositif dont l'intérêt fait consensus. Le Gouvernement s'est engagé à le développer en lien avec les porteurs locaux afin de le rendre accessible à davantage de Français.

Un travail est également engagé pour faire évoluer la fiscalité locative et favoriser les locations de longue durée. Une fiscalité plus simple et plus juste contribuera au développement d'une offre locative de qualité.

La concertation sur la décarbonation du bâtiment, qui a été lancée le 12 juin dernier, permet d'examiner différents leviers pour accompagner la rénovation du parc.

Enfin, le parcours des usagers est simplifié par le déploiement progressif d'une offre d'accompagnement des ménages dans leurs travaux, grâce au dispositif Mon Accompagnateur Rénov' et à la couverture du territoire par le service public France Rénov', qui exerce une mission d'information, de conseil et d'accompagnement. Il nous semble que les conditions sont réunies pour faciliter ce parcours.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à Mme Laure Darcos, auteure de la question n° 701, adressée à M. le ministre délégué auprès du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargé de la ville et du logement.

Debut de section - PermalienPhoto de Laure Darcos

Ma question s’adressait effectivement à M. le ministre délégué chargé de la ville et du logement.

Madame la ministre, les élus de l’Essonne sont inquiets. L’effort de construction est aujourd’hui insuffisant pour répondre aux besoins de nos concitoyens et le secteur locatif risque de connaître une véritable déflagration liée au retrait du marché, à court terme, de 400 000 logements du parc social et du secteur privé.

L’augmentation du prix des terrains, les contraintes de la réglementation environnementale RE2020, le coût élevé des matières premières et les taux d’intérêt qui flambent freinent considérablement l’activité du bâtiment.

Le secteur locatif, quant à lui, sera fortement touché par les mesures prises pour exclure du marché de la location les logements consommant le plus d’énergie ou émettant le plus de gaz à effet de serre.

Bien entendu, je ne remets pas en cause l’obligation qu’ont les propriétaires de proposer des logements décents, respectant des niveaux de performance énergétique minimaux. Les passoires thermiques sont une réalité que nous ne devons pas ignorer.

Toutefois, en agissant avec précipitation et en réglementant toujours davantage dans un domaine essentiel comme le logement, l’on fait courir des risques considérables à notre pays. À brève échéance, la France est menacée d’une crise de l’offre doublée d’une crise de la demande.

Dans ce contexte, la suppression du dispositif Pinel et la refonte du prêt à taux zéro (PTZ), récemment annoncées par le Gouvernement, ont été particulièrement mal perçues. Les associations d’élus se mobilisent très légitimement contre ces mesures. Elles mettent en avant des propositions pragmatiques pour la maîtrise du coût du foncier et la rénovation thermique du parc locatif social et du parc privé.

Madame la ministre, quelles mesures de soutien le Gouvernement entend-il mettre en œuvre pour accompagner massivement la rénovation du parc existant, relancer la construction et favoriser l’accès des Français à la propriété ?

Debut de section - PermalienPhoto de Laure Darcos

Ma question s’adressait en effet à M. le ministre délégué chargé de la ville et du logement.

Madame la ministre, les élus de l’Essonne sont inquiets. L’effort de construction est aujourd’hui insuffisant pour répondre aux besoins de nos concitoyens et le secteur locatif risque de connaître une véritable déflagration liée au retrait du marché, à court terme, de 400 000 logements du parc social et du secteur privé.

L’augmentation du prix des terrains, les contraintes de la réglementation environnementale RE2020, le coût élevé des matières premières et les taux d’intérêt qui flambent freinent considérablement l’activité du bâtiment.

Le secteur locatif, quant à lui, sera fortement touché par les mesures prises pour exclure du marché de la location les logements consommant le plus d’énergie ou émettant le plus de gaz à effet de serre.

Bien entendu, je ne remets pas en cause l’obligation qu’ont les propriétaires de proposer des logements décents, respectant des niveaux de performance énergétique minimaux. Les passoires thermiques sont une réalité que nous ne devons pas ignorer.

Toutefois, en agissant avec précipitation et en réglementant toujours davantage dans un domaine essentiel comme le logement, l’on fait courir des risques considérables à notre pays. À brève échéance, la France est menacée d’une crise de l’offre doublée d’une crise de la demande.

Dans ce contexte, la suppression du dispositif Pinel et la refonte du prêt à taux zéro (PTZ), récemment annoncées par le Gouvernement, ont été particulièrement mal perçues. Les associations d’élus se mobilisent très légitimement contre ces mesures. Elles mettent en avant des propositions pragmatiques pour la maîtrise du coût du foncier et la rénovation thermique du parc locatif social et du parc privé.

Madame la ministre, quelles mesures de soutien le Gouvernement entend-il mettre en œuvre pour accompagner massivement la rénovation du parc existant, relancer la construction et favoriser l’accès des Français à la propriété ?

Debut de section - PermalienPhoto de Laure Darcos

Madame la ministre, j'entends ce que vous nous dites quant au développement des aides de l'État. Toutefois, je vous invite à lire l'excellent livre L'H abitat fait le citoyen, préfacé par Jean-Louis Borloo, que vient de publier mon collègue et ami Jean-Philippe Dugoin-Clément, vice-président de la région d'Île-de-France et maire de Mennecy. Vous y trouverez de nombreuses solutions pour répondre aux défis du logement et du mal-logement.

Debut de section - Permalien
Dominique Faure, ministre déléguée

Je vais le lire !

Debut de section - Permalien
Dominique Faure

Madame la sénatrice Laure Darcos, à l’issue du Conseil national de la refondation (CNR) sur le logement, qui a réuni toutes les parties prenantes, Mme la Première ministre a rappelé cette priorité du Gouvernement : favoriser l’accès à un logement pour tous les Français. Avec mon collègue chargé du logement, Olivier Klein, elle a également annoncé des mesures d’urgence et de long terme pour répondre aux difficultés du secteur.

S’agissant de l’accession à la propriété, le prêt à taux zéro sera prolongé jusqu’en 2027. Il s’appliquera aux opérations neuves en habitat collectif en zone tendue et à l’acquisition de logements anciens en zone détendue, sous condition de travaux de rénovation.

S’agissant de l’accession sociale à la propriété, le bail réel solidaire (BRS), qui permet de dissocier le foncier et le bâti, est un dispositif dont l’intérêt fait consensus. Le Gouvernement s’est engagé à le développer en lien avec les porteurs locaux afin de le rendre accessible à davantage de Français.

Un travail est également engagé pour faire évoluer la fiscalité locative et favoriser les locations de longue durée. Une fiscalité plus simple et plus juste contribuera au développement d’une offre locative de qualité.

La concertation sur la décarbonation du bâtiment, qui a été lancée le 12 juin dernier, permet d’examiner différents leviers pour accompagner la rénovation du parc.

Enfin, le parcours des usagers est simplifié par le déploiement progressif d’une offre d’accompagnement des ménages dans leurs travaux, grâce au dispositif Mon Accompagnateur Rénov’ et à la couverture du territoire par le service public France Rénov’, qui exerce une mission d’information, de conseil et d’accompagnement. Il nous semble que les conditions sont réunies pour faciliter ce parcours.

Photo de Pascale Gruny

La parole est à Mme Laure Darcos, pour la réplique.

Photo de Pascale Gruny

La parole est à M. Bernard Buis, auteur de la question n° 582, adressée à M. le ministre délégué chargé des transports.

Photo de Laure Darcos

Madame la ministre, j’entends ce que vous nous dites quant au développement des aides de l’État. Toutefois, je vous invite à lire l’excellent livre L ’ Habitat fait le citoyen, préfacé par Jean-Louis Borloo, que vient de publier mon collègue et ami Jean-Philippe Dugoin-Clément, vice-président de la région d’Île-de-France et maire de Mennecy. Vous y trouverez de nombreuses solutions pour répondre aux défis du logement et du mal-logement.

Photo de Bernard Buis

Madame la ministre, l'irruption des fumées canadiennes dans le ciel français nous rappelle une réalité amère : notre planète est en feu et nous devons éteindre l'incendie.

L'aménagement cyclable hors agglomération est un levier non négligeable à actionner pour que nos territoires puissent contribuer à cette lutte.

La loi d'orientation des mobilités a modifié le code de l'environnement en y introduisant l'article L. 228-3, qui réglemente la réalisation des aménagements et des itinéraires cyclables hors agglomération.

En vertu de cet article, le gestionnaire de la voirie est tenu d'évaluer, « en lien avec la ou les autorités organisatrices de la mobilité (AOM) compétentes, le besoin de réalisation d'un aménagement ou d'un itinéraire cyclable ainsi que sa faisabilité technique et financière », à l'occasion des réalisations ou des réaménagements des voies hors agglomération.

La même loi précise que cette évaluation est rendue publique dès sa finalisation. Si un besoin est avéré, un aménagement ou un itinéraire cyclable est réalisé, sauf en cas d'impossibilité technique ou financière.

Toutefois, trois ans après l'adoption de ce texte, la question de la mise en œuvre de cet article se pose encore pour les acteurs du cyclisme, notamment en ce qui concerne le fait de rendre publiques les évaluations des besoins d'aménagements cyclables, la transparence de la méthodologie utilisée n'allant pas de soi.

Madame la ministre, dans la lutte contre le réchauffement climatique, l'importance du vélo est indéniable : il est primordial de veiller à l'application de la législation existante.

Dans le cadre du plan Vélo, dont le deuxième volet a été annoncé en septembre 2022, ce moyen de locomotion reçoit de nombreux investissements.

Quelle est la position du Gouvernement quant aux procédures de réalisation des évaluations, aux modalités de publication des résultats et aux méthodes employées pour évaluer les besoins ? Ces démarches ont-elles abouti à la réalisation d'itinéraires cyclables ?

Enfin, dans quelle mesure les contraintes techniques et financières…

Dominique Faure

Je vais le lire !

évaluation des aménagements cyclables hors agglomération

Debut de section - PermalienPhoto de Bernard Buis

… ont-elles été invoquées pour justifier l'abandon d'un projet ?

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à M. Bernard Buis, auteur de la question n° 582, adressée à M. le ministre délégué chargé des transports.

Debut de section - PermalienPhoto de Bernard Buis

Madame la ministre, l’irruption des fumées canadiennes dans le ciel français nous rappelle une réalité amère : notre planète est en feu et nous devons éteindre l’incendie.

L’aménagement cyclable hors agglomération est un levier non négligeable à actionner pour que nos territoires puissent contribuer à cette lutte.

La loi d’orientation des mobilités a modifié le code de l’environnement en y introduisant l’article L. 228-3, qui réglemente la réalisation des aménagements et des itinéraires cyclables hors agglomération.

En vertu de cet article, le gestionnaire de la voirie est tenu d’évaluer, « en lien avec la ou les autorités organisatrices de la mobilité (AOM) compétentes, le besoin de réalisation d’un aménagement ou d’un itinéraire cyclable ainsi que sa faisabilité technique et financière », à l’occasion des réalisations ou des réaménagements des voies hors agglomération.

La même loi précise que cette évaluation est rendue publique dès sa finalisation. Si un besoin est avéré, un aménagement ou un itinéraire cyclable est réalisé, sauf en cas d’impossibilité technique ou financière.

Toutefois, trois ans après l’adoption de ce texte, la question de la mise en œuvre de cet article se pose encore pour les acteurs du cyclisme, notamment en ce qui concerne le fait de rendre publiques les évaluations des besoins d’aménagements cyclables, la transparence de la méthodologie utilisée n’allant pas de soi.

Madame la ministre, dans la lutte contre le réchauffement climatique, l’importance du vélo est indéniable : il est primordial de veiller à l’application de la législation existante.

Dans le cadre du plan Vélo, dont le deuxième volet a été annoncé en septembre 2022, ce moyen de locomotion reçoit de nombreux investissements.

Quelle est la position du Gouvernement quant aux procédures de réalisation des évaluations, aux modalités de publication des résultats et aux méthodes employées pour évaluer les besoins ? Ces démarches ont-elles abouti à la réalisation d’itinéraires cyclables ?

Enfin, dans quelle mesure les contraintes techniques et financières…

Debut de section - Permalien
Dominique Faure, ministre déléguée auprès du ministre de l'intérieur et des outre-mer et du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargée des collectivités territoriales et de la ruralité

Monsieur le sénateur Buis, en 2019, le législateur a souhaité développer les aménagements cyclables hors agglomération afin d'encourager la pratique du vélo.

L'incitation à mener des études d'opportunité à l'occasion des travaux de réalisation ou de réaménagement de voirie hors agglomération a pour but de mutualiser les coûts. Ces études et leur publicité sont menées sur le terrain par le gestionnaire de la voirie, aux côtés des autorités organisatrices de la mobilité compétentes.

L'échelle locale, retenue pour ce dispositif, complique bel et bien le recensement d'informations sur les méthodes, les modalités ou les résultats de ces évaluations à l'échelle nationale ; mais il faut s'efforcer d'évaluer encore et toujours !

Vous avez également raison de souligner que les collectivités territoriales et l'État investissent de plus en plus dans les aménagements cyclables. L'État est pleinement mobilisé pour soutenir le développement du vélo. Le premier comité interministériel vélo et marche, qui s'est tenu le 5 mai 2023, en est la preuve : à cette occasion, Mme la Première ministre a annoncé que l'État investirait un montant inédit de 2 milliards d'euros dans le cadre du plan Vélo et marche 2023-2027.

Le fonds mobilité active a également été doté d'un montant inédit de 250 millions d'euros par an entre 2023 et 2027, après avoir bénéficié de 410 millions d'euros entre 2019 et 2022.

De plus, au titre des projets pouvant bénéficier d'un soutien dans le cadre du fonds vert, doté de 2 milliards d'euros pour 2023, les aides à l'utilisation du vélo, le développement de la cyclologistique ou encore les aménagements cyclables sont concernés.

Quant aux contrats de plan État-région (CPER) 2023-2027, ils permettront aussi – c'est une première – un soutien financier de l'État à des aménagements cyclables liés aux véloroutes nationales ou régionales. L'État est prêt à mobiliser 200 millions d'euros sur ce volet : c'est ce qui ressort des mandats envoyés aux préfets de tous les départements.

Photo de Bernard Buis

… ont-elles été invoquées pour justifier l’abandon d’un projet ?

Photo de Pascale Gruny

La parole est à Mme Laurence Cohen, auteure de la question n° 734, adressée à M. le ministre délégué auprès du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargé des transports.

Photo de Pascale Gruny

La parole est à Mme la ministre déléguée.

Photo de Laurence Cohen

Madame la ministre, le 23 mai 2023, vous avez annoncé la suppression de 500 emplois et la cession de 20 % de l'activité du fret de la SNCF à la concurrence dont, semble-t-il, la ligne du train des primeurs Perpignan-Rungis.

Comme vous le savez, cette ligne est unique en France. Sa suppression en 2019 avait été vécue comme une provocation. Grâce à la mobilisation des élus, des usagers et des syndicalistes, notamment dans le Val-de-Marne, elle a été relancée en octobre 2021. Or je viens d'apprendre qu'elle était de nouveau arrêtée du fait de problèmes liés aux wagons réfrigérés. Le sursis aura été de courte durée.

Maintenir la ligne Perpignan-Rungis dans le giron de Fret SNCF est pourtant une nécessité économique, sociale et écologique : on parle tout de même de 25 000 camions en moins sur les routes.

Cette ligne est cruciale, non seulement pour réduire les émissions de CO2, mais aussi pour assurer la sécurité alimentaire de la population d'Île-de-France : elle peut transporter l'équivalent de presque la moitié de sa consommation de fruits et de légumes frais par an.

Par ailleurs, si elle était prolongée, cette ligne pourrait relier Barcelone à Anvers et l'on en tirerait encore plus d'avantages, y compris pécuniaires.

Nous avions été nombreux à dénoncer les dangers de l'arrêt de cette ligne. L'histoire nous a donné raison et elle a été rétablie. Alors qu'elle est de nouveau suspendue, que comptez-vous faire pour la relancer de manière pérenne ?

Dominique Faure

Monsieur le sénateur Buis, en 2019, le législateur a souhaité développer les aménagements cyclables hors agglomération afin d’encourager la pratique du vélo.

L’incitation à mener des études d’opportunité à l’occasion des travaux de réalisation ou de réaménagement de voirie hors agglomération a pour but de mutualiser les coûts. Ces études et leur publicité sont menées sur le terrain par le gestionnaire de la voirie, aux côtés des autorités organisatrices de la mobilité compétentes.

L’échelle locale, retenue pour ce dispositif, complique bel et bien le recensement d’informations sur les méthodes, les modalités ou les résultats de ces évaluations à l’échelle nationale ; mais il faut s’efforcer d’évaluer encore et toujours !

Vous avez également raison de souligner que les collectivités territoriales et l’État investissent de plus en plus dans les aménagements cyclables. L’État est pleinement mobilisé pour soutenir le développement du vélo. Le premier comité interministériel vélo et marche, qui s’est tenu le 5 mai 2023, en est la preuve : à cette occasion, Mme la Première ministre a annoncé que l’État investirait un montant inédit de 2 milliards d’euros dans le cadre du plan Vélo et marche 2023-2027.

Le fonds mobilité active a également été doté d’un montant inédit de 250 millions d’euros par an entre 2023 et 2027, après avoir bénéficié de 410 millions d’euros entre 2019 et 2022.

De plus, au titre des projets pouvant bénéficier d’un soutien dans le cadre du fonds vert, doté de 2 milliards d’euros pour 2023, les aides à l’utilisation du vélo, le développement de la cyclologistique ou encore les aménagements cyclables sont concernés.

Quant aux contrats de plan État-région (CPER) 2023-2027, ils permettront aussi – c’est une première – un soutien financier de l’État à des aménagements cyclables liés aux véloroutes nationales ou régionales. L’État est prêt à mobiliser 200 millions d’euros sur ce volet : c’est ce qui ressort des mandats envoyés aux préfets de tous les départements.

Photo de Pascale Gruny

La parole est à Mme la ministre déléguée.

privatisation de la ligne de fret du train des primeurs perpignan-rungis

Debut de section - Permalien
Dominique Faure, ministre déléguée auprès du ministre de l'intérieur et des outre-mer et du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargée des collectivités territoriales et de la ruralité

Madame la sénatrice Cohen, le Gouvernement agit en faveur du fret ferroviaire : permettez-moi, pour vous en convaincre, de vous rappeler quelques éléments de contexte.

Comme l'a annoncé mon collègue chargé des transports, les aides à l'exploitation augmenteront de 30 millions d'euros à partir de 2025 – elles concerneront directement l'activité de fret ferroviaire –, de sorte que leur montant atteindra un niveau sans précédent de 330 millions d'euros. Elles seront pérennisées jusqu'en 2030 pour donner de la visibilité aux entreprises.

Par ailleurs, 4 milliards d'euros seront investis dans les infrastructures de fret ferroviaire sur la période allant de 2023 à 2032, ce qui correspond, me semble-t-il, aux attentes du secteur.

Pour ce qui concerne Fret SNCF, l'État fait tout pour éviter le pire scénario, à savoir l'obligation pour l'opérateur de rembourser près de 5 milliards d'euros. Une telle décision conduirait sa liquidation immédiate, supprimerait de nombreux emplois et jetterait plus d'un million de camions supplémentaires sur les routes chaque année.

Plutôt que de prendre le risque de voir disparaître Fret SNCF, la solution privilégiée est de mener une transformation de l'entreprise, qui, à terme, permettra d'écarter tout risque de remboursement de ces 5 milliards d'euros.

Cette solution garantit le respect des trois lignes rouges que le Gouvernement s'était fixées, à savoir l'absence de tout licenciement, l'absence de privatisation, puisque le groupe SNCF conservera la majorité du capital, et l'absence de report modal sur la route.

Quant au cas spécifique du service Perpignan-Rungis, qui fait partie des contrats que Fret SNCF ne pourrait plus opérer, l'État lancera très prochainement un nouvel appel à manifestation d'intérêt pour identifier un repreneur. Le train des primeurs, qui a été sauvé par l'État en 2021, continuera de rouler quelle que soit la nouvelle étiquette de l'opérateur.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à Mme Laurence Cohen, auteure de la question n° 734, adressée à M. le ministre délégué auprès du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargé des transports.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à Mme Laurence Cohen, pour la réplique.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Cohen

Madame la ministre, le 23 mai 2023, vous avez annoncé la suppression de 500 emplois et la cession de 20 % de l’activité du fret de la SNCF à la concurrence dont, semble-t-il, la ligne du train des primeurs Perpignan-Rungis.

Comme vous le savez, cette ligne est unique en France. Sa suppression en 2019 avait été vécue comme une provocation. Grâce à la mobilisation des élus, des usagers et des syndicalistes, notamment dans le Val-de-Marne, elle a été relancée en octobre 2021. Or je viens d’apprendre qu’elle était de nouveau arrêtée du fait de problèmes liés aux wagons réfrigérés. Le sursis aura été de courte durée.

Maintenir la ligne Perpignan-Rungis dans le giron de Fret SNCF est pourtant une nécessité économique, sociale et écologique : on parle tout de même de 25 000 camions en moins sur les routes.

Cette ligne est cruciale, non seulement pour réduire les émissions de CO2, mais aussi pour assurer la sécurité alimentaire de la population d’Île-de-France : elle peut transporter l’équivalent de presque la moitié de sa consommation de fruits et de légumes frais par an.

Par ailleurs, si elle était prolongée, cette ligne pourrait relier Barcelone à Anvers et l’on en tirerait encore plus d’avantages, y compris pécuniaires.

Nous avions été nombreux à dénoncer les dangers de l’arrêt de cette ligne. L’histoire nous a donné raison et elle a été rétablie. Alors qu’elle est de nouveau suspendue, que comptez-vous faire pour la relancer de manière pérenne ?

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Cohen

Madame la ministre, il faut déclarer la ligne Perpignan-Rungis d'intérêt général : c'est une urgence.

Si vous souhaitez relancer le fret ferroviaire, écoutez le Sénat : selon notre rapport d'information de 2021, il faudrait investir 1 milliard d'euros par an dans le réseau.

Écoutez aussi nos collègues députés, qui ont approuvé le principe d'une commission d'enquête relative à la libéralisation du fret ferroviaire et ses conséquences pour l'avenir, à la demande du groupe communiste de l'Assemblée nationale : cette libéralisation serait une catastrophe.

Dominique Faure

Madame la sénatrice Cohen, le Gouvernement agit en faveur du fret ferroviaire : permettez-moi, pour vous en convaincre, de vous rappeler quelques éléments de contexte.

Comme l’a annoncé mon collègue chargé des transports, les aides à l’exploitation augmenteront de 30 millions d’euros à partir de 2025 – elles concerneront directement l’activité de fret ferroviaire –, de sorte que leur montant atteindra un niveau sans précédent de 330 millions d’euros. Elles seront pérennisées jusqu’en 2030 pour donner de la visibilité aux entreprises.

Par ailleurs, 4 milliards d’euros seront investis dans les infrastructures de fret ferroviaire sur la période allant de 2023 à 2032, ce qui correspond, me semble-t-il, aux attentes du secteur.

Pour ce qui concerne Fret SNCF, l’État fait tout pour éviter le pire scénario, à savoir l’obligation pour l’opérateur de rembourser près de 5 milliards d’euros. Une telle décision conduirait sa liquidation immédiate, supprimerait de nombreux emplois et jetterait plus d’un million de camions supplémentaires sur les routes chaque année.

Plutôt que de prendre le risque de voir disparaître Fret SNCF, la solution privilégiée est de mener une transformation de l’entreprise, qui, à terme, permettra d’écarter tout risque de remboursement de ces 5 milliards d’euros.

Cette solution garantit le respect des trois lignes rouges que le Gouvernement s’était fixées, à savoir l’absence de tout licenciement, l’absence de privatisation, puisque le groupe SNCF conservera la majorité du capital, et l’absence de report modal sur la route.

Quant au cas spécifique du service Perpignan-Rungis, qui fait partie des contrats que Fret SNCF ne pourrait plus opérer, l’État lancera très prochainement un nouvel appel à manifestation d’intérêt pour identifier un repreneur. Le train des primeurs, qui a été sauvé par l’État en 2021, continuera de rouler quelle que soit la nouvelle étiquette de l’opérateur.

Photo de Pascale Gruny

La parole est à M. Laurent Lafon, auteur de la question n° 774, adressée à M. le ministre délégué auprès du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargé des transports.

Photo de Pascale Gruny

La parole est à Mme Laurence Cohen, pour la réplique.

Photo de Laurent Lafon

Madame la ministre, le chantier de la nouvelle gare d'interconnexion Bry-Villiers-Champigny du Grand Paris Express est menacé d'un nouveau report, ce qui renvoie les usagers et les élus locaux à l'horizon de 2030 pour toute perspective d'ouverture. La gestion de SNCF Réseau a été mise en cause, l'opérateur ayant pris la décision de « mutualiser la conduite de ces travaux sur des périodes triennales », durant lesquelles le chantier de la nouvelle gare d'interconnexion sera nécessairement affecté, perturbé, voire mis à l'arrêt.

Une telle décision, prise unilatéralement par SNCF Réseau, sans aucune concertation avec Île-de-France Mobilités ou les maires des communes concernées, n'est pas acceptable, alors même que les financements sont au rendez-vous.

Le non-respect des échéances fixées par la commande publique pour une livraison attendue en 2027, du fait d'un premier report de deux ans, aura de lourdes conséquences pour nos territoires. En effet, le projet d'interconnexion n'a de sens que s'il comprend l'ensemble des offres de transports, en particulier l'interconnexion entre la ligne 15 du Grand Paris Express, le RER E et la ligne P du Transilien. J'ajoute que les 1, 5 million de voyageurs quotidiens de la ligne 15 passeront par la gare de Villiers-sur-Marne dès 2025.

Un tel report remettrait en cause l'accès facilité à l'emploi, à la santé et à l'enseignement. Il affecterait en effet un pôle majeur situé à proximité de l'interconnexion, qui est l'un des principaux projets portés par la métropole du Grand Paris, avec 6 000 emplois à la clé, un palais des congrès, le centre d'exploitation de Champigny dédié à l'entretien et à la réparation d'une partie des trains de la ligne 15, le siège des compagnons du tour de France ou encore le futur pôle de l'image.

Cette décision aurait aussi des conséquences en matière environnementale, car il serait illusoire de penser atteindre nos objectifs de diminution du nombre de véhicules sur l'autoroute A4. Les usagers en provenance de Seine-et-Marne, qui auraient dû s'arrêter à Villiers-sur-Marne pour prendre leur correspondance, devront poursuivre leur route en voiture. On irait ainsi à rebours d'une politique sérieuse et exigeante de réduction de notre empreinte carbone et de diminution de la pollution atmosphérique, par la mise en place de zones à faibles émissions (ZFE), rendues obligatoires avant le 31 décembre 2024.

Photo de Laurence Cohen

Madame la ministre, il faut déclarer la ligne Perpignan-Rungis d’intérêt général : c’est une urgence.

Si vous souhaitez relancer le fret ferroviaire, écoutez le Sénat : selon notre rapport d’information de 2021, il faudrait investir 1 milliard d’euros par an dans le réseau.

Écoutez aussi nos collègues députés, qui ont approuvé le principe d’une commission d’enquête relative à la libéralisation du fret ferroviaire et ses conséquences pour l’avenir, à la demande du groupe communiste de l’Assemblée nationale : cette libéralisation serait une catastrophe.

Photo de Pascale Gruny

La parole est à Mme la ministre déléguée.

aménagement de la gare de bry-villiers-champigny-grand paris express

Debut de section - Permalien
Dominique Faure, ministre déléguée auprès du ministre de l'intérieur et des outre-mer et du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargée des collectivités territoriales et de la ruralité

Monsieur le président Lafon, la nouvelle gare SNCF de Bry-Villiers-Champigny permettra de se déplacer de banlieue à banlieue sans passer par le centre de Paris, en connectant le RER E, la ligne P et le Grand Paris Express via la ligne 15 sud et la ligne de bus Altival, qui doit relier Chennevières-sur-Marne et Noisy-le-Grand.

Sa mise en service avait été décalée à l'horizon 2027, mais de nombreuses contraintes techniques conduisent SNCF Réseau, maître d'ouvrage du projet, à réexaminer ce calendrier prévisionnel.

Tout d'abord, il faut s'assurer de la disponibilité des ressources humaines, en particulier d'une main-d'œuvre qualifiée par ailleurs très sollicitée compte tenu de l'accumulation de travaux prévus sur l'axe – je pense notamment au projet Est-Ouest liaison express (Eole) – et plus globalement à l'échelle de la région d'Île-de-France.

Ensuite, il faut mesurer l'acceptabilité du volume des interruptions temporaires de circulation, nécessaires à la réalisation de ce projet, dans le calendrier prévu. Par leurs incidences, ces travaux peuvent avoir des conséquences lourdes sur le quotidien des usagers.

En tout état de cause, le financement du projet n'est pas remis en question – vous l'avez dit et c'est bien heureux. Le comité axe Est du réseau francilien, qui s'est réuni hier, lundi 3 juillet, et auquel vous étiez d'ailleurs associé comme de nombreux élus, a permis de présenter le détail de cette situation et de nouer un dialogue entre, d'une part, la SNCF et Île-de-France Mobilités et, de l'autre, les élus.

Le Gouvernement est attentif à ce qu'un équilibre soit trouvé entre la sécurisation des transports du quotidien et la nécessité d'améliorer rapidement et efficacement l'offre structurelle, grâce à l'interconnexion de la gare de Bry-Villiers- Champigny.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à M. Laurent Lafon, auteur de la question n° 774, adressée à M. le ministre délégué auprès du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargé des transports.

Photo de Laurent Lafon

Madame la ministre, le chantier de la nouvelle gare d’interconnexion Bry-Villiers-Champigny du Grand Paris Express est menacé d’un nouveau report, ce qui renvoie les usagers et les élus locaux à l’horizon de 2030 pour toute perspective d’ouverture. La gestion de SNCF Réseau a été mise en cause, l’opérateur ayant pris la décision de « mutualiser la conduite de ces travaux sur des périodes triennales », durant lesquelles le chantier de la nouvelle gare d’interconnexion sera nécessairement affecté, perturbé, voire mis à l’arrêt.

Une telle décision, prise unilatéralement par SNCF Réseau, sans aucune concertation avec Île-de-France Mobilités ou les maires des communes concernées, n’est pas acceptable, alors même que les financements sont au rendez-vous.

Le non-respect des échéances fixées par la commande publique pour une livraison attendue en 2027, du fait d’un premier report de deux ans, aura de lourdes conséquences pour nos territoires. En effet, le projet d’interconnexion n’a de sens que s’il comprend l’ensemble des offres de transports, en particulier l’interconnexion entre la ligne 15 du Grand Paris Express, le RER E et la ligne P du Transilien. J’ajoute que les 1, 5 million de voyageurs quotidiens de la ligne 15 passeront par la gare de Villiers-sur-Marne dès 2025.

Un tel report remettrait en cause l’accès facilité à l’emploi, à la santé et à l’enseignement. Il affecterait en effet un pôle majeur situé à proximité de l’interconnexion, qui est l’un des principaux projets portés par la métropole du Grand Paris, avec 6 000 emplois à la clé, un palais des congrès, le centre d’exploitation de Champigny dédié à l’entretien et à la réparation d’une partie des trains de la ligne 15, le siège des compagnons du tour de France ou encore le futur pôle de l’image.

Cette décision aurait aussi des conséquences en matière environnementale, car il serait illusoire de penser atteindre nos objectifs de diminution du nombre de véhicules sur l’autoroute A4. Les usagers en provenance de Seine-et-Marne, qui auraient dû s’arrêter à Villiers-sur-Marne pour prendre leur correspondance, devront poursuivre leur route en voiture. On irait ainsi à rebours d’une politique sérieuse et exigeante de réduction de notre empreinte carbone et de diminution de la pollution atmosphérique, par la mise en place de zones à faibles émissions (ZFE), rendues obligatoires avant le 31 décembre 2024.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurent Lafon

Madame la ministre, le chantier de la nouvelle gare d’interconnexion Bry-Villiers-Champigny du Grand Paris Express est menacé d’un nouveau report, ce qui renvoie les usagers et les élus locaux à l’horizon de 2030 pour toute perspective d’ouverture. La gestion de SNCF Réseau a été mise en cause, l’opérateur ayant pris la décision de « mutualiser la conduite de ces travaux sur des périodes triennales », durant lesquelles le chantier de la nouvelle gare d’interconnexion sera nécessairement affecté, perturbé, voire mis à l’arrêt.

Une telle décision, prise unilatéralement par SNCF Réseau, sans aucune concertation avec Île-de-France Mobilités ou les maires des communes concernées, n’est pas acceptable, alors même que les financements sont au rendez-vous.

Le non-respect des échéances fixées par la commande publique pour une livraison attendue en 2027, du fait d’un premier report de deux ans, aura de lourdes conséquences pour nos territoires. En effet, le projet d’interconnexion n’a de sens que s’il comprend l’ensemble des offres de transports, en particulier l’interconnexion entre la ligne 15 du Grand Paris Express, le RER E et la ligne P du Transilien. J’ajoute que les 1, 5 million de voyageurs quotidiens de la ligne 15 passeront par la gare de Villiers-sur-Marne dès 2025.

Un tel report remettrait en cause l’accès facilité à l’emploi, à la santé et à l’enseignement. Il affecterait en effet un pôle majeur situé à proximité de l’interconnexion, qui est l’un des principaux projets portés par la métropole du Grand Paris, avec 6 000 emplois à la clé, un palais des congrès, le centre d’exploitation de Champigny dédié à l’entretien et à la réparation d’une partie des trains de la ligne 15, le siège des Compagnons du tour de France ou encore le futur pôle de l’image.

Cette décision aurait aussi des conséquences en matière environnementale, car il serait illusoire de penser atteindre nos objectifs de diminution du nombre de véhicules sur l’autoroute A4. Les usagers en provenance de Seine-et-Marne, qui auraient dû s’arrêter à Villiers-sur-Marne pour prendre leur correspondance, devront poursuivre leur route en voiture. On irait ainsi à rebours d’une politique sérieuse et exigeante de réduction de notre empreinte carbone et de diminution de la pollution atmosphérique, par la mise en place de zones à faibles émissions (ZFE), rendues obligatoires avant le 31 décembre 2024.

Photo de Pascale Gruny

La parole est à M. Denis Bouad, auteur de la question n° 745, adressée à M. le ministre de l'intérieur et des outre-mer.

Photo de Pascale Gruny

La parole est à Mme la ministre déléguée.

Photo de Denis Bouad

En 2019, un rapport d'information sénatorial préconisait un plan Marshall pour sécuriser nos ouvrages d'art. Il suggérait notamment de créer un fonds d'aide aux collectivités territoriales à hauteur de 130 millions d'euros par an pendant dix ans.

La mise en œuvre du programme national Ponts, piloté par le Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement (Cerema), s'inscrit dans cette logique. Toutefois, avec 40 millions d'euros engagés sur trois ans, on est très loin des recommandations émises par le Sénat. Ce montant reste insuffisant, ne serait-ce que pour enrayer la spirale de dégradation de nos ponts.

Madame la ministre, afin d'illustrer cette situation par un exemple de terrain, je citerai le cas de Molières-sur-Cèze, dans le Gard.

Cette commune s'est portée candidate au programme national et a ainsi bénéficié d'un diagnostic gratuit du Cerema portant sur une passerelle piétonne. L'étude a remis en cause la sécurité de cette passerelle, compte tenu de l'érosion de ses piliers.

La commune a alors fermé ladite passerelle au public. Elle s'est logiquement rapprochée des services de l'État afin de connaître les aides disponibles pour sécuriser l'ouvrage. On lui a clairement indiqué qu'elle ne pouvait prétendre à aucune aide de l'État.

Molières-sur-Cèze est une ancienne commune minière de 1 200 habitants, qui connaît un très fort niveau de précarité. Qu'il s'agisse de la sécurisation des ruisseaux couverts, de la rénovation des réseaux d'eau potable ou de son fort niveau d'endettement, cette collectivité est confrontée à de nombreux défis et ses moyens financiers sont extrêmement limités. Il va de soi qu'avec une capacité d'autofinancement quasi nulle elle n'est pas en mesure de réaliser les travaux nécessaires à la sécurisation de cette passerelle.

L'État envisage-t-il d'engager les moyens financiers nécessaires à la sécurisation des ouvrages d'art de nos communes ?

Dominique Faure

Monsieur le président Lafon, la nouvelle gare SNCF de Bry-Villiers-Champigny permettra de se déplacer de banlieue à banlieue sans passer par le centre de Paris, en connectant le RER E, la ligne P et le Grand Paris Express via la ligne 15 sud et la ligne de bus Altival, qui doit relier Chennevières-sur-Marne et Noisy-le-Grand.

Sa mise en service avait été décalée à l’horizon 2027, mais de nombreuses contraintes techniques conduisent SNCF Réseau, maître d’ouvrage du projet, à réexaminer ce calendrier prévisionnel.

Tout d’abord, il faut s’assurer de la disponibilité des ressources humaines, en particulier d’une main-d’œuvre qualifiée par ailleurs très sollicitée compte tenu de l’accumulation de travaux prévus sur l’axe – je pense notamment au projet Est-Ouest liaison express (Eole) – et plus globalement à l’échelle de la région d’Île-de-France.

Ensuite, il faut mesurer l’acceptabilité du volume des interruptions temporaires de circulation, nécessaires à la réalisation de ce projet, dans le calendrier prévu. Par leurs incidences, ces travaux peuvent avoir des conséquences lourdes sur le quotidien des usagers.

En tout état de cause, le financement du projet n’est pas remis en question – vous l’avez dit et c’est bien heureux. Le comité axe Est du réseau francilien, qui s’est réuni hier, lundi 3 juillet, et auquel vous étiez d’ailleurs associé comme de nombreux élus, a permis de présenter le détail de cette situation et de nouer un dialogue entre, d’une part, la SNCF et Île-de-France Mobilités et, de l’autre, les élus.

Le Gouvernement est attentif à ce qu’un équilibre soit trouvé entre la sécurisation des transports du quotidien et la nécessité d’améliorer rapidement et efficacement l’offre structurelle, grâce à l’interconnexion de la gare de Bry-Villiers- Champigny.

Debut de section - Permalien
Dominique Faure

Monsieur le président Lafon, la nouvelle gare SNCF de Bry-Villiers-Champigny permettra de se déplacer de banlieue à banlieue sans passer par le centre de Paris, en connectant le RER E, la ligne P et le Grand Paris Express via la ligne 15 sud et la ligne de bus Altival, qui doit relier Chennevières-sur-Marne et Noisy-le-Grand.

Sa mise en service avait été décalée à l’horizon 2027, mais de nombreuses contraintes techniques conduisent SNCF Réseau, maître d’ouvrage du projet, à réexaminer ce calendrier prévisionnel.

Tout d’abord, il faut s’assurer de la disponibilité des ressources humaines, en particulier d’une main-d’œuvre qualifiée par ailleurs très sollicitée compte tenu de l’accumulation de travaux prévus sur l’axe – je pense notamment au projet Est-Ouest liaison express (Eole) – et plus globalement à l’échelle de la région d’Île-de-France.

Ensuite, il faut mesurer l’acceptabilité du volume des interruptions temporaires de circulation, nécessaires à la réalisation de ce projet, dans le calendrier prévu. Par leurs incidences, ces travaux peuvent avoir des conséquences lourdes sur le quotidien des usagers.

En tout état de cause, le financement du projet n’est pas remis en question – vous l’avez dit et c’est bien heureux. Le comité axe Est du réseau francilien, qui s’est réuni hier, lundi 3 juillet, et auquel vous étiez d’ailleurs associé comme de nombreux élus, a permis de présenter le détail de cette situation et de nouer un dialogue entre, d’une part, la SNCF et Île-de-France Mobilités et, de l’autre, les élus.

Le Gouvernement est attentif à ce qu’un équilibre soit trouvé entre la sécurisation des transports du quotidien et la nécessité d’améliorer rapidement et efficacement l’offre structurelle, grâce à l’interconnexion de la gare de Bry-Villiers-Champigny.

Photo de Pascale Gruny

La parole est à Mme la ministre déléguée.

accompagnement des communes pour la réhabilitation des ponts

Debut de section - Permalien
Dominique Faure, ministre déléguée auprès du ministre de l'intérieur et des outre-mer et du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargée des collectivités territoriales et de la ruralité

Monsieur le sénateur Bouad, vous attirez notre attention sur les moyens accordés par l'État à la rénovation des ponts, qui représentent un sujet essentiel dans nos communes rurales.

Comme vous l'avez rappelé, dès 2020, le Gouvernement a mobilisé une enveloppe de 40 millions d'euros pour accompagner les collectivités dans la connaissance et l'entretien de leurs ouvrages. Grâce à l'appui du Cerema, plus de 45 000 ouvrages ont ainsi été recensés. Dès 2021, 11 540 communes ont pu être accompagnées pour réaliser un carnet de santé de leurs ouvrages et ont bénéficié d'un soutien en ingénierie.

Au regard des besoins et du succès de cette édition, nous avons, avec mes collègues Christophe Béchu et Clément Beaune, annoncé que le programme national Ponts bénéficierait d'un abondement de 10 millions d'euros supplémentaires pour poursuivre son action. Ainsi, 20 000 communes de moins de 10 000 habitants, dont le potentiel fiscal est inférieur à 3 millions d'euros, seront éligibles au programme national Ponts 2 (PNP2), couvrant les années 2023 à 2025. Les 4 000 premières communes à se porter candidates seront retenues.

En complément, le Gouvernement mobilisera une aide au financement des travaux pour les communes éligibles aux deux vagues du programme. Ce dispositif sera présenté dans les jours ou les semaines à venir.

Je puis vous assurer que le Gouvernement reste attentif à ce sujet central pour les communes, notamment rurales : il s'agit là d'un enjeu d'accessibilité, de patrimoine et de sécurité.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à M. Denis Bouad, auteur de la question n° 745, adressée à M. le ministre de l’intérieur et des outre-mer.

Photo de Denis Bouad

En 2019, un rapport d’information sénatorial préconisait un plan Marshall pour sécuriser nos ouvrages d’art. Il suggérait notamment de créer un fonds d’aide aux collectivités territoriales à hauteur de 130 millions d’euros par an pendant dix ans.

La mise en œuvre du programme national Ponts, piloté par le Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema), s’inscrit dans cette logique. Toutefois, avec 40 millions d’euros engagés sur trois ans, on est très loin des recommandations émises par le Sénat. Ce montant reste insuffisant, ne serait-ce que pour enrayer la spirale de dégradation de nos ponts.

Madame la ministre, afin d’illustrer cette situation par un exemple de terrain, je citerai le cas de Molières-sur-Cèze, dans le Gard.

Cette commune s’est portée candidate au programme national et a ainsi bénéficié d’un diagnostic gratuit du Cerema portant sur une passerelle piétonne. L’étude a remis en cause la sécurité de cette passerelle, compte tenu de l’érosion de ses piliers.

La commune a alors fermé ladite passerelle au public. Elle s’est logiquement rapprochée des services de l’État afin de connaître les aides disponibles pour sécuriser l’ouvrage. On lui a clairement indiqué qu’elle ne pouvait prétendre à aucune aide de l’État.

Molières-sur-Cèze est une ancienne commune minière de 1 200 habitants, qui connaît un très fort niveau de précarité. Qu’il s’agisse de la sécurisation des ruisseaux couverts, de la rénovation des réseaux d’eau potable ou de son fort niveau d’endettement, cette collectivité est confrontée à de nombreux défis et ses moyens financiers sont extrêmement limités. Il va de soi qu’avec une capacité d’autofinancement quasi nulle elle n’est pas en mesure de réaliser les travaux nécessaires à la sécurisation de cette passerelle.

L’État envisage-t-il d’engager les moyens financiers nécessaires à la sécurisation des ouvrages d’art de nos communes ?

Photo de Pascale Gruny

La parole est à M. Jean-Claude Anglars, auteur de la question n° 746, adressée à M. le ministre de l'intérieur et des outre-mer.

Photo de Pascale Gruny

La parole est à Mme la ministre déléguée.

Photo de Jean-Claude Anglars

Madame la ministre, en ce début juillet, les jeunes ont besoin d'un titre d'identité à de nombreuses occasions, que ce soit pour passer un examen, effectuer un déplacement professionnel ou tout simplement partir en vacances. Pourtant, depuis déjà deux ans, les démarches pour obtenir une carte d'identité ou un passeport s'apparentent à un parcours du combattant. Cette situation, qui dure, n'est pas acceptable pour nos concitoyens.

Vous me répondrez que, après la crise du covid-19, il a fallu du temps pour absorber les demandes de renouvellement qui s'étaient accumulées. Sans doute énumérerez-vous aussi les mesures prises par le Gouvernement.

Je ne les conteste pas, mais je constate, à l'instar des Français, que la situation ne s'améliore en rien. Certaines mesures prises sont tout simplement insatisfaisantes, comme l'organisation des rendez-vous dans les territoires ruraux, où l'on doit parcourir plusieurs dizaines de kilomètres pour se rendre à l'antenne des services de l'état civil. D'autres sont insuffisantes, comme la mise à disposition d'équipements supplémentaires, qui ne peuvent évidemment pas remplacer le contact humain.

L'absence d'amélioration de la situation, que nos concitoyens subissent depuis deux ans, ne peut que remettre en cause à leurs yeux l'efficacité de l'action de l'État. Alors que les services publics de proximité sont un enjeu dont nous débattons régulièrement, le Gouvernement doit se saisir urgemment de ce problème.

Cette semaine encore, une habitante de Saint-Côme-d'Olt, dans la vallée du Lot, en Aveyron, m'indiquait que le délai pour son premier rendez-vous en mairie – ce n'est d'ailleurs pas celle de son lieu de résidence – était supérieur à trois mois.

Au-delà des mesures déjà prises, quelles solutions le Gouvernement compte-t-il proposer pour réduire drastiquement les délais d'attente des Français ?

Dominique Faure

Monsieur le sénateur Bouad, vous attirez notre attention sur les moyens accordés par l’État à la rénovation des ponts, qui représentent un sujet essentiel dans nos communes rurales.

Comme vous l’avez rappelé, dès 2020, le Gouvernement a mobilisé une enveloppe de 40 millions d’euros pour accompagner les collectivités dans la connaissance et l’entretien de leurs ouvrages. Grâce à l’appui du Cerema, plus de 45 000 ouvrages ont ainsi été recensés. Dès 2021, 11 540 communes ont pu être accompagnées pour réaliser un carnet de santé de leurs ouvrages et ont bénéficié d’un soutien en ingénierie.

Au regard des besoins et du succès de cette édition, nous avons, avec mes collègues Christophe Béchu et Clément Beaune, annoncé que le programme national Ponts bénéficierait d’un abondement de 10 millions d’euros supplémentaires pour poursuivre son action. Ainsi, 20 000 communes de moins de 10 000 habitants, dont le potentiel fiscal est inférieur à 3 millions d’euros, seront éligibles au programme national Ponts 2 (PNP2), couvrant les années 2023 à 2025. Les 4 000 premières communes à se porter candidates seront retenues.

En complément, le Gouvernement mobilisera une aide au financement des travaux pour les communes éligibles aux deux vagues du programme. Ce dispositif sera présenté dans les jours ou les semaines à venir.

Je puis vous assurer que le Gouvernement reste attentif à ce sujet central pour les communes, notamment rurales : il s’agit là d’un enjeu d’accessibilité, de patrimoine et de sécurité.

Debut de section - Permalien
Dominique Faure

Monsieur le sénateur Bouad, vous attirez notre attention sur les moyens accordés par l’État à la rénovation des ponts, qui représentent un sujet essentiel dans nos communes rurales.

Comme vous l’avez rappelé, dès 2020, le Gouvernement a mobilisé une enveloppe de 40 millions d’euros pour accompagner les collectivités dans la connaissance et l’entretien de leurs ouvrages. Grâce à l’appui du Cerema, plus de 45 000 ouvrages ont ainsi été recensés. Dès 2021, 11 540 communes ont pu être accompagnées pour réaliser un carnet de santé de leurs ouvrages et ont bénéficié d’un soutien en ingénierie.

Au regard des besoins et du succès de cette édition, nous avons, avec mes collègues Christophe Béchu et Clément Beaune, annoncé que le programme national Ponts bénéficierait d’un abondement de 10 millions d’euros supplémentaires pour poursuivre son action. Ainsi, 20 000 communes de moins de 10 000 habitants, dont le potentiel fiscal est inférieur à 3 millions d’euros, seront éligibles au programme national Ponts 2 (PNP 2), couvrant les années 2023 à 2025. Les 4 000 premières communes à se porter candidates seront retenues.

En complément, le Gouvernement mobilisera une aide au financement des travaux pour les communes éligibles aux deux vagues du programme. Ce dispositif sera présenté dans les jours ou les semaines à venir.

Je puis vous assurer que le Gouvernement reste attentif à ce sujet central pour les communes, notamment rurales : il s’agit là d’un enjeu d’accessibilité, de patrimoine et de sécurité.

Photo de Pascale Gruny

La parole est à Mme la ministre déléguée.

délais pour l’obtention des cartes d’identité et passeports

Debut de section - Permalien
Dominique Faure, ministre déléguée auprès du ministre de l'intérieur et des outre-mer et du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargée des collectivités territoriales et de la ruralité

Monsieur le sénateur Anglars, face à la hausse massive du nombre des demandes de titres d'identité et face à l'allongement des délais en mairie, le Gouvernement et les communes ont accompli d'importants efforts depuis le printemps 2022.

Depuis la mi-janvier 2023, avec les services de Beauvau, les préfets et les collectivités territoriales, nous travaillons d'arrache-pied.

Je ne souscris pas du tout pas à votre discours quand vous affirmez que rien ne change. Au contraire, on constate une réelle amélioration : les délais sont passés de soixante-dix jours au 15 janvier dernier à quarante jours aujourd'hui et ils ne seront plus que de trente jours à la fin de ce mois. Les délais d'attente en mairie sont donc largement réduits.

Laissez-moi revenir en quelques mots sur tous les moyens qui ont été déployés.

Je salue bien sûr le travail, l'investissement et la solidarité des collectivités territoriales.

Le 27 mars dernier, Mme la Première ministre a lancé un nouveau plan d'urgence, grâce auquel les moyens dédiés à cette question ont été portés de 45 à 100 millions d'euros. Il doit permettre un retour à des conditions normales, pour nos concitoyens, avant la fin de l'été. Nous sommes sur le chemin. J'examinerai en détail la situation du Lot dès que je serai de retour au ministère.

Ce nouveau plan d'urgence s'accompagne d'un soutien financier significatif. Près de 700 dispositifs supplémentaires de recueil de dossiers ont été déployés depuis le début de 2023. En outre, des contrats urgence titres (CUT) ont été conclus avec des communes qui se sont portées volontaires pour augmenter leur capacité de rendez-vous de plus de 20 % aux mois de mai et juin.

L'État accompagne financièrement les communes qui s'engagent grâce à la dotation pour les titres sécurisés (DTS), dont le montant a, récemment encore, augmenté très significativement.

Des opérations dites coup de poing, consistant à proposer aux communes des dispositifs de recueil temporaires, sont également menées dans trente et une d'entre elles, réparties dans toute la France, afin d'accueillir les usagers de manière plus massive à la veille des congés estivaux.

Enfin, pour maintenir des délais de traitement…

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à M. Jean-Claude Anglars, auteur de la question n° 746, adressée à M. le ministre de l’intérieur et des outre-mer.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Claude Anglars

Madame la ministre, en ce début juillet, les jeunes ont besoin d’un titre d’identité à de nombreuses occasions, que ce soit pour passer un examen, effectuer un déplacement professionnel ou tout simplement partir en vacances. Pourtant, depuis déjà deux ans, les démarches pour obtenir une carte d’identité ou un passeport s’apparentent à un parcours du combattant. Cette situation, qui dure, n’est pas acceptable pour nos concitoyens.

Vous me répondrez que, après la crise du covid-19, il a fallu du temps pour absorber les demandes de renouvellement qui s’étaient accumulées. Sans doute énumérerez-vous aussi les mesures prises par le Gouvernement.

Je ne les conteste pas, mais je constate, à l’instar des Français, que la situation ne s’améliore en rien. Certaines mesures prises sont tout simplement insatisfaisantes, comme l’organisation des rendez-vous dans les territoires ruraux, où l’on doit parcourir plusieurs dizaines de kilomètres pour se rendre à l’antenne des services de l’état civil. D’autres sont insuffisantes, comme la mise à disposition d’équipements supplémentaires, qui ne peuvent évidemment pas remplacer le contact humain.

L’absence d’amélioration de la situation, que nos concitoyens subissent depuis deux ans, ne peut que remettre en cause à leurs yeux l’efficacité de l’action de l’État. Alors que les services publics de proximité sont un enjeu dont nous débattons régulièrement, le Gouvernement doit se saisir urgemment de ce problème.

Cette semaine encore, une habitante de Saint-Côme-d’Olt, dans la vallée du Lot, en Aveyron, m’indiquait que le délai pour son premier rendez-vous en mairie – ce n’est d’ailleurs pas celle de son lieu de résidence – était supérieur à trois mois.

Au-delà des mesures déjà prises, quelles solutions le Gouvernement compte-t-il proposer pour réduire drastiquement les délais d’attente des Français ?

Debut de section - Permalien
Dominique Faure, ministre déléguée

… adaptés à la cible, les effectifs des services d'instruction de l'État ont été renforcés à hauteur de 325 agents pour 2023.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à M. Jean-Claude Anglars, pour la réplique.

Debut de section - Permalien
Dominique Faure

Monsieur le sénateur Anglars, face à la hausse massive du nombre des demandes de titres d’identité et face à l’allongement des délais en mairie, le Gouvernement et les communes ont accompli d’importants efforts depuis le printemps 2022.

Depuis la mi-janvier 2023, avec les services de Beauvau, les préfets et les collectivités territoriales, nous travaillons d’arrache-pied.

Je ne souscris pas du tout pas à votre discours quand vous affirmez que rien ne change. Au contraire, on constate une réelle amélioration : les délais sont passés de soixante-dix jours au 15 janvier dernier à quarante jours aujourd’hui et ils ne seront plus que de trente jours à la fin de ce mois. Les délais d’attente en mairie sont donc largement réduits.

Laissez-moi revenir en quelques mots sur tous les moyens qui ont été déployés.

Je salue bien sûr le travail, l’investissement et la solidarité des collectivités territoriales.

Le 27 mars dernier, Mme la Première ministre a lancé un nouveau plan d’urgence, grâce auquel les moyens dédiés à cette question ont été portés de 45 à 100 millions d’euros. Il doit permettre un retour à des conditions normales, pour nos concitoyens, avant la fin de l’été. Nous sommes sur le chemin. J’examinerai en détail la situation du Lot dès que je serai de retour au ministère.

Ce nouveau plan d’urgence s’accompagne d’un soutien financier significatif. Près de 700 dispositifs supplémentaires de recueil de dossiers ont été déployés depuis le début de 2023. En outre, des contrats urgence titres (CUT) ont été conclus avec des communes qui se sont portées volontaires pour augmenter leur capacité de rendez-vous de plus de 20 % aux mois de mai et juin.

L’État accompagne financièrement les communes qui s’engagent grâce à la dotation pour les titres sécurisés (DTS), dont le montant a, récemment encore, augmenté très significativement.

Des opérations dites coup de poing, consistant à proposer aux communes des dispositifs de recueil temporaires, sont également menées dans trente et une d’entre elles, réparties dans toute la France, afin d’accueillir les usagers de manière plus massive à la veille des congés estivaux.

Enfin, pour maintenir des délais de traitement…

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Claude Anglars

Madame la ministre, j'ai bien noté les délais que vous indiquez : les problèmes devraient être réglés cet été.

Puisque vous souhaitez donner un « coup de poing », faites-le dans l'Aveyron

Sourires .

Debut de section - Permalien
Dominique Faure

… adaptés à la cible, les effectifs des services d’instruction de l’État ont été renforcés à hauteur de 325 agents pour 2023.

Photo de Pascale Gruny

La parole est à M. Jean-Claude Anglars, pour la réplique.

Photo de Pascale Gruny

La parole est à Mme Anne Ventalon, auteure de la question n° 777, adressée à M. le ministre de l'intérieur et des outre-mer.

Photo de Jean-Claude Anglars

Madame la ministre, j’ai bien noté les délais que vous indiquez : les problèmes devraient être réglés cet été.

Puisque vous souhaitez donner un « coup de poing », faites-le dans l’Aveyron

Photo de Anne Ventalon

Madame la ministre, si 41 % des jeunes de 18 à 24 ans habitant dans l'agglomération parisienne disposent du permis B, le chiffre est de 85 % en milieu rural. Un tel écart s'explique tout simplement par le fait que, dans les territoires ruraux, l'usage de la voiture est indispensable à toute vie sociale et familiale. Pour les jeunes, l'obtention du permis de conduire y constitue un prérequis à l'insertion professionnelle et à la formation.

Toutefois, le faible nombre d'inspecteurs du permis de conduire rend le passage de l'examen long et compliqué.

Prise d'assaut, la plateforme RDV permis distille les dates d'examen au compte-gouttes, quand elle ne dysfonctionne pas, congestionnée qu'elle est par l'afflux de demandes. Quant aux candidats recalés, ils doivent attendre trois à six mois avant d'obtenir une nouvelle convocation.

Il y a donc une pénurie d'inspecteurs du permis de conduire. En Ardèche, ces professionnels ne sont que 5 pour quelque 6 200 candidats.

Indépendamment du débat auquel le sujet donne lieu, l'abaissement à 17 ans de l'âge minimal requis pour l'apprentissage de la conduite aggravera mécaniquement la crise actuelle, dans la mesure où une nouvelle classe d'âge sera appelée à passer cet examen. Les dispositions de la loi visant à faciliter le passage et l'obtention de l'examen du permis de conduire, qui vient d'être promulguée, sont certes salutaires ; mais elles resteront insuffisantes si elles ne s'accompagnent pas d'une véritable augmentation du nombre des créneaux d'examen.

Madame la ministre, le Gouvernement prévoit-il d'augmenter sensiblement le nombre d'inspecteurs du permis de conduire ?

Photo de Pascale Gruny

La parole est à Mme la ministre déléguée.

insuffisance du nombre d’inspecteurs du permis de conduire

Debut de section - Permalien
Dominique Faure, ministre déléguée auprès du ministre de l'intérieur et des outre-mer et du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargée des collectivités territoriales et de la ruralité

Madame la sénatrice Ventalon, pour remédier à l'augmentation des délais de passage de l'examen pratique du permis de conduire, plusieurs mesures ont d'ores et déjà été mises en œuvre.

Premièrement, le périmètre des agents habilités à faire passer les examens a été élargi. Deuxièmement, deux cohortes d'agents contractuels du groupe La Poste ont été recrutées, soit soixante personnes depuis 2021, et une troisième cohorte complétera le dispositif de recrutement. Troisièmement, les différents mécanismes d'incitation ont permis d'accroître l'offre de créneaux d'examen : le nombre de créneaux supplémentaires dépasse désormais les 100 000 chaque année. Quatrièmement, les inspecteurs retraités volontaires peuvent être sollicités localement pour réaliser des examens du permis de conduire.

De plus, la décision d'organiser le recrutement de 100 inspecteurs du permis de conduire et de la sécurité routière supplémentaires a été prise pour la période allant de 2023 à 2026.

Les recrutements menés en 2023 permettront de déployer dans les départements plus de 50 inspecteurs du permis de conduire, qui s'ajouteront aux effectifs actuels. Ils seront appuyés par les 26 examinateurs supplémentaires en cours de formation.

Dans votre département, l'effectif cible d'inspecteurs du permis de conduire et de la sécurité routière était en effet de 5. Le seuil des formateurs, qui correspond au ratio entre le nombre de candidats à examiner et le nombre de formateurs est de 5, 3 pour le mois de juin, ce qui traduit une offre de places en adéquation avec les capacités de formation des auto-écoles.

Cela étant, je vais regarder de plus près la situation de l'Ardèche. Vous le soulignez avec raison : l'arrivée d'une nouvelle classe d'âge augmentera le nombre des demandeurs. Nous devons poursuivre l'amélioration des conditions de passage de l'épreuve pratique du permis de conduire à l'aune de cette probable évolution.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à Mme Anne Ventalon, auteure de la question n° 777, adressée à M. le ministre de l’intérieur et des outre-mer.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à Mme Anne Ventalon, pour la réplique.

Debut de section - PermalienPhoto de Anne Ventalon

Madame la ministre, si 41 % des jeunes de 18 à 24 ans habitant dans l’agglomération parisienne disposent du permis B, le chiffre est de 85 % en milieu rural. Un tel écart s’explique tout simplement par le fait que, dans les territoires ruraux, l’usage de la voiture est indispensable à toute vie sociale et familiale. Pour les jeunes, l’obtention du permis de conduire y constitue un prérequis à l’insertion professionnelle et à la formation.

Toutefois, le faible nombre d’inspecteurs du permis de conduire rend le passage de l’examen long et compliqué.

Prise d’assaut, la plateforme RDV permis distille les dates d’examen au compte-gouttes, quand elle ne dysfonctionne pas, congestionnée qu’elle est par l’afflux de demandes. Quant aux candidats recalés, ils doivent attendre trois à six mois avant d’obtenir une nouvelle convocation.

Il y a donc une pénurie d’inspecteurs du permis de conduire. En Ardèche, ces professionnels ne sont que 5 pour quelque 6 200 candidats.

Indépendamment du débat auquel le sujet donne lieu, l’abaissement à 17 ans de l’âge minimal requis pour l’apprentissage de la conduite aggravera mécaniquement la crise actuelle, dans la mesure où une nouvelle classe d’âge sera appelée à passer cet examen. Les dispositions de la loi visant à faciliter le passage et l’obtention de l’examen du permis de conduire, qui vient d’être promulguée, sont certes salutaires ; mais elles resteront insuffisantes si elles ne s’accompagnent pas d’une véritable augmentation du nombre des créneaux d’examen.

Madame la ministre, le Gouvernement prévoit-il d’augmenter sensiblement le nombre d’inspecteurs du permis de conduire ?

Debut de section - PermalienPhoto de Anne Ventalon

Madame la ministre, je vous remercie de ces annonces et de l'attention que vous voudrez bien porter à la situation particulière de l'Ardèche.

Les gérants d'auto-école se trouvent dans une situation critique : ils ne peuvent pas répondre aux besoins de leurs élèves, même s'ils mesurent l'importance de ce sésame rose, gage d'émancipation personnelle et professionnelle.

Dominique Faure

Madame la sénatrice Ventalon, pour remédier à l’augmentation des délais de passage de l’examen pratique du permis de conduire, plusieurs mesures ont d’ores et déjà été mises en œuvre.

Premièrement, le périmètre des agents habilités à faire passer les examens a été élargi. Deuxièmement, deux cohortes d’agents contractuels du groupe La Poste ont été recrutées, soit soixante personnes depuis 2021, et une troisième cohorte complétera le dispositif de recrutement. Troisièmement, les différents mécanismes d’incitation ont permis d’accroître l’offre de créneaux d’examen : le nombre de créneaux supplémentaires dépasse désormais les 100 000 chaque année. Quatrièmement, les inspecteurs retraités volontaires peuvent être sollicités localement pour réaliser des examens du permis de conduire.

De plus, la décision d’organiser le recrutement de 100 inspecteurs du permis de conduire et de la sécurité routière supplémentaires a été prise pour la période allant de 2023 à 2026.

Les recrutements menés en 2023 permettront de déployer dans les départements plus de 50 inspecteurs du permis de conduire, qui s’ajouteront aux effectifs actuels. Ils seront appuyés par les 26 examinateurs supplémentaires en cours de formation.

Dans votre département, l’effectif cible d’inspecteurs du permis de conduire et de la sécurité routière était en effet de 5. Le seuil des formateurs, qui correspond au ratio entre le nombre de candidats à examiner et le nombre de formateurs est de 5, 3 pour le mois de juin, ce qui traduit une offre de places en adéquation avec les capacités de formation des auto-écoles.

Cela étant, je vais regarder de plus près la situation de l’Ardèche. Vous le soulignez avec raison : l’arrivée d’une nouvelle classe d’âge augmentera le nombre des demandeurs. Nous devons poursuivre l’amélioration des conditions de passage de l’épreuve pratique du permis de conduire à l’aune de cette probable évolution.

Photo de Pascale Gruny

La parole est à M. Jean-Pierre Sueur, auteur de la question n° 667, adressée à M. le garde des sceaux, ministre de la justice.

Photo de Pascale Gruny

La parole est à Mme Anne Ventalon, pour la réplique.

Photo de Jean-Pierre Sueur

Madame la ministre, j'appelle votre attention sur les disparités existant sur le territoire national quant au nombre de magistrats et autres personnels affectés aux différentes juridictions, eu égard aux populations de leur ressort.

Un rapport général des États généraux de la justice indique ainsi aux pages 22 et 23 que, faute de répondre à des paramètres explicites, l'allocation territoriale des effectifs « suscite des interrogations sur les disparités constatées entre l'évolution de l'activité des juridictions et la répartition des moyens ».

Le même rapport précise que la ventilation des effectifs entre siège, parquet et greffe par nature de juridiction pour 100 000 habitants et selon le flux d'activité met en lumière des « déséquilibres significatifs non explicables et en tout cas non expliqués par l'administration centrale dans la répartition des ressources entre les différents ressorts des cours d'appel ».

Un tableau permet de constater quelles sont les juridictions bien dotées, moins bien dotées ou encore moins bien dotées. Or il se trouve que la cour d'appel d'Orléans arrive en dernière position ; c'est donc la cour d'appel qui dispose du moins de postes de magistrats du siège et du parquet, de greffiers et de moyens.

Un rééquilibre paraît bien entendu nécessaire : la cour d'appel d'Orléans et les juridictions qui en dépendent doivent être dotées des effectifs et des moyens dont elles ont besoin.

Je vous remercie, madame la ministre, des réponses que vous pourrez m'apporter.

Photo de Anne Ventalon

Madame la ministre, je vous remercie de ces annonces et de l’attention que vous voudrez bien porter à la situation particulière de l’Ardèche.

Les gérants d’auto-école se trouvent dans une situation critique : ils ne peuvent pas répondre aux besoins de leurs élèves, même s’ils mesurent l’importance de ce sésame rose, gage d’émancipation personnelle et professionnelle.

Photo de Pascale Gruny

La parole est à Mme la ministre déléguée, à qui je souhaite la bienvenue.

disparités dans la répartition des effectifs de magistrats et de greffiers portant préjudice aux juridictions de la cour d’appel d’orléans

Debut de section - Permalien
Isabelle Rome, ministre déléguée auprès de la Première ministre, chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l'égalité des chances

Monsieur le sénateur, le plan particulièrement ambitieux que nous mettons en œuvre prouve que le renforcement des effectifs des juridictions est au cœur de nos préoccupations.

Grâce au projet de loi d'orientation et de programmation du ministère de la justice 2023-2027, voté par le Sénat le mois dernier – hélas sans votre soutien –, 10 000 emplois supplémentaires viendront renforcer, en l'espace de cinq ans, non seulement les services judiciaires, mais aussi l'administration pénitentiaire et la protection judiciaire de la jeunesse.

Pour ce qui concerne les effectifs, nous allons créer au moins 1 500 postes de magistrat et 1 500 postes de greffier en cinq ans. Au cours de cette période, nous allons recruter autant qu'au cours des vingt dernières années !

La répartition de ces renforts entre les différentes cours d'appel est un sujet de premier plan. Elle prendra en compte une pluralité de facteurs, comme, bien sûr, l'évolution démographique, l'activité des juridictions dans le temps long ou encore l'état des stocks.

Le Gouvernement engagera une gestion rigoureuse des moyens supplémentaires que la représentation nationale s'apprête à allouer à l'institution judiciaire.

Enfin, sans attendre le vote du projet de loi d'orientation et de programmation, nous avons commencé à résorber la vacance grâce au budget très important voté pour l'année 2023.

Ainsi, pour l'ensemble du ressort de la cour d'appel d'Orléans, nous ne compterons plus que cinq postes vacants au 1er septembre 2023, contre huit au 1er septembre 2022, pour un effectif total de 159 magistrats.

Même si vous n'avez pas souhaité soutenir ces efforts historiques, vous pouvez constater que nous avançons dans le bon sens en suivant une méthode claire : réduction des postes vacants, puis augmentation des effectifs. D'ici à 2027, l'ensemble des juridictions françaises auront été renforcées dans des proportions considérables.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à M. Jean-Pierre Sueur, auteur de la question n° 667, adressée à M. le garde des sceaux, ministre de la justice.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à M. Jean-Pierre Sueur, pour la réplique.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Sueur

Madame la ministre, j’appelle votre attention sur les disparités existant sur le territoire national quant au nombre de magistrats et autres personnels affectés aux différentes juridictions, eu égard aux populations de leur ressort.

Un rapport général des États généraux de la justice indique ainsi aux pages 22 et 23 que, faute de répondre à des paramètres explicites, l’allocation territoriale des effectifs « suscite des interrogations sur les disparités constatées entre l’évolution de l’activité des juridictions et la répartition des moyens ».

Le même rapport précise que la ventilation des effectifs entre siège, parquet et greffe par nature de juridiction pour 100 000 habitants et selon le flux d’activité met en lumière des « déséquilibres significatifs non explicables et en tout cas non expliqués par l’administration centrale dans la répartition des ressources entre les différents ressorts des cours d’appel ».

Un tableau permet de constater quelles sont les juridictions bien dotées, moins bien dotées ou encore moins bien dotées. Or il se trouve que la cour d’appel d’Orléans arrive en dernière position ; c’est donc la cour d’appel qui dispose du moins de postes de magistrats du siège et du parquet, de greffiers et de moyens.

Un rééquilibrage paraît bien entendu nécessaire : la cour d’appel d’Orléans et les juridictions qui en dépendent doivent être dotées des effectifs et des moyens dont elles ont besoin.

Je vous remercie, madame la ministre, des réponses que vous pourrez m’apporter.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Sueur

Madame la ministre, je vous remercie de votre réponse. Je me réjouis que la vacance se résorbe dans le ressort de la cour d'appel d'Orléans. Toutefois, il faut aller plus loin en assurant un rééquilibrage, car visiblement ces juridictions sont sous-dotées.

J'espère que la nouvelle procédure en tiendra compte…

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à Mme la ministre déléguée, à qui je souhaite la bienvenue.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

Merci, mon cher collègue. Mme la ministre vous a entendu !

Debut de section - Permalien
Isabelle Rome

Monsieur le sénateur, le plan particulièrement ambitieux que nous mettons en œuvre prouve que le renforcement des effectifs des juridictions est au cœur de nos préoccupations.

Grâce au projet de loi d’orientation et de programmation du ministère de la justice 2023-2027, voté par le Sénat le mois dernier – hélas sans votre soutien –, 10 000 emplois supplémentaires viendront renforcer, en l’espace de cinq ans, non seulement les services judiciaires, mais aussi l’administration pénitentiaire et la protection judiciaire de la jeunesse.

Pour ce qui concerne les effectifs, nous allons créer au moins 1 500 postes de magistrat et 1 500 postes de greffier en cinq ans. Au cours de cette période, nous allons recruter autant qu’au cours des vingt dernières années !

La répartition de ces renforts entre les différentes cours d’appel est un sujet de premier plan. Elle prendra en compte une pluralité de facteurs, comme, bien sûr, l’évolution démographique, l’activité des juridictions dans le temps long ou encore l’état des stocks.

Le Gouvernement engagera une gestion rigoureuse des moyens supplémentaires que la représentation nationale s’apprête à allouer à l’institution judiciaire.

Enfin, sans attendre le vote du projet de loi d’orientation et de programmation, nous avons commencé à résorber la vacance grâce au budget très important voté pour l’année 2023.

Ainsi, pour l’ensemble du ressort de la cour d’appel d’Orléans, nous ne compterons plus que cinq postes vacants au 1er septembre 2023, contre huit au 1er septembre 2022, pour un effectif total de 159 magistrats.

Même si vous n’avez pas souhaité soutenir ces efforts historiques, vous pouvez constater que nous avançons dans le bon sens en suivant une méthode claire : réduction des postes vacants, puis augmentation des effectifs. D’ici à 2027, l’ensemble des juridictions françaises auront été renforcées dans des proportions considérables.

Debut de section - Permalien
Isabelle Rome

Monsieur le sénateur, le plan particulièrement ambitieux que nous mettons en œuvre prouve que le renforcement des effectifs des juridictions est au cœur de nos préoccupations.

Grâce au projet de loi d’orientation et de programmation du ministère de la justice 2023-2027, voté par le Sénat le mois dernier – hélas sans votre soutien ! –, 10 000 emplois supplémentaires viendront renforcer, en l’espace de cinq ans, non seulement les services judiciaires, mais aussi l’administration pénitentiaire et la protection judiciaire de la jeunesse.

Pour ce qui concerne les effectifs, nous allons créer au moins 1 500 postes de magistrat et 1 500 postes de greffier en cinq ans. Au cours de cette période, nous allons recruter autant qu’au cours des vingt dernières années !

La répartition de ces renforts entre les différentes cours d’appel est un sujet de premier plan. Elle prendra en compte une pluralité de facteurs, comme, bien sûr, l’évolution démographique, l’activité des juridictions dans le temps long ou encore l’état des stocks.

Le Gouvernement engagera une gestion rigoureuse des moyens supplémentaires que la représentation nationale s’apprête à allouer à l’institution judiciaire.

Enfin, sans attendre le vote du projet de loi d’orientation et de programmation, nous avons commencé à résorber la vacance grâce au budget très important voté pour l’année 2023.

Ainsi, pour l’ensemble du ressort de la cour d’appel d’Orléans, nous ne compterons plus que cinq postes vacants au 1er septembre 2023, contre huit au 1er septembre 2022, pour un effectif total de 159 magistrats.

Même si vous n’avez pas souhaité soutenir ces efforts historiques, vous pouvez constater que nous avançons dans le bon sens en suivant une méthode claire : réduction des postes vacants, puis augmentation des effectifs. D’ici à 2027, l’ensemble des juridictions françaises auront été renforcées dans des proportions considérables.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Sueur

M. Jean-Pierre Sueur. Je l'espère également !

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à M. Jean-Pierre Sueur, pour la réplique.

Sourires .

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Sueur

Madame la ministre, je vous remercie de votre réponse. Je me réjouis que la vacance se résorbe dans le ressort de la cour d’appel d’Orléans. Toutefois, il faut aller plus loin en assurant un rééquilibrage, car visiblement ces juridictions sont sous-dotées.

J’espère que la nouvelle procédure en tiendra compte…

Photo de Pascale Gruny

Mme la ministre vous a entendu, mon cher collègue !

Photo de Pascale Gruny

La parole est à Mme Laurence Rossignol, auteure de la question n° 772, transmise à Mme la ministre déléguée auprès de la Première ministre, chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l'égalité des chances.

Photo de Jean-Pierre Sueur

M. Jean-Pierre Sueur. Je l’espère également !

Photo de Laurence Rossignol

Madame la ministre, j'appelle votre attention sur le regain d'activisme et de virulence des associations, lobbies et autres mouvements anti-interruption volontaire de grossesse (IVG).

Il est clair que la concomitance entre le regain d'activisme des mouvements d'ultradroite et celui des anti-IVG n'est ni totalement fortuite ni anodine.

À Bordeaux et dans de nombreuses autres villes, des locaux du planning familial ont été pris pour cibles. À Paris, le 25 mai dernier, nous avons assisté à une autre campagne de vandalisme, des autocollants antiavortement ayant été appliqués sur les Vélib'.

Des plaintes ont été déposées et des réponses judiciaires seront sans doute apportées. Pour autant, elles ne sauraient suffire, car il s'agit clairement d'une question politique.

Comment pouvons-nous, ensemble, renvoyer dans leurs cordes les lobbies anti-IVG qui s'agitent aujourd'hui ?

La première réponse, la plus simple, est de nature politique : elle consiste à constitutionnaliser le droit à l'IVG.

Les deux assemblées se sont prononcées en des termes certes différents, mais convergents : l'une et l'autre ont voté pour une constitutionnalisation de ce droit. Qu'attend le Président de la République pour faire déposer un projet de loi, réunir le Congrès et affirmer clairement que la France défend le droit à l'IVG au point de l'inscrire dans sa Constitution ? Les activistes anti-IVG cesseraient dès lors de nous harceler : eux qui ont déjà perdu la bataille d'opinion auraient définitivement perdu la bataille politique.

Photo de Pascale Gruny

La parole est à Mme la ministre déléguée.

multiplication des attaques contre le droit à l’interruption volontaire de grossesse

Debut de section - Permalien
Isabelle Rome, ministre déléguée auprès de la Première ministre, chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l'égalité des chances

Madame la sénatrice, je vous remercie de poser cette question.

L'actualité récente nous rappelle que les droits des femmes sont encore, hélas ! la cible favorite des conservateurs. Ces dernières semaines, Paris a ainsi subi de honteuses campagnes de désinformation contre l'avortement.

En vertu de l'article 40 du code de procédure pénale, j'ai saisi le procureur de la République pour que cette campagne cesse et que ses auteurs soient poursuivis.

L'IVG est un droit fondamental des femmes et nous ne laisserons personne y porter atteinte.

Depuis 2017, nous avons renforcé ce droit en assurant le tiers payant intégral de l'IVG, en luttant contre la désinformation, avec la création d'un numéro vert national, et en allongeant le délai de recours à l'IVG de douze à quatorze semaines.

En outre, le plan « Toutes et tous égaux », que nous avons présenté le 8 mars dernier avec Mme la Première ministre, prévoit la généralisation de la pratique des IVG chirurgicales par les sages-femmes.

Ce combat pour les droits sexuels et reproductifs des femmes passe aussi par l'amélioration de l'accès à la contraception.

Nous avons instauré la gratuité de la contraception pour les jeunes de moins de 26 ans et l'accès gratuit en pharmacie à la pilule du lendemain sans ordonnance pour toutes, sans limite d'âge. En effet, on ne pouvait plus tolérer que les femmes subissent des freins financiers pour l'accès à la contraception.

Enfin, le combat pour le droit à l'IVG est, bien sûr, un symbole puissant de la liberté des femmes. C'est pourquoi le Président de la République a pris des engagements forts, qui se déploient en France et en Europe.

Sur son initiative, les députés européens ont voté l'inscription du droit à l'IVG dans la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne.

Le 8 mars dernier – vous le savez –, il a exprimé sa volonté d'inscrire ce droit dans notre Constitution. Cette promesse est un message de liberté adressé à toutes les femmes de France et vous pourrez compter sur moi pour le porter.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à Mme Laurence Rossignol, auteure de la question n° 772, transmise à Mme la ministre déléguée auprès de la Première ministre, chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l’égalité des chances.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à Mme Laurence Rossignol, pour la réplique.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Madame la ministre, j’appelle votre attention sur le regain d’activisme et de virulence des associations, lobbies et autres mouvements anti-interruption volontaire de grossesse (IVG).

Il est clair que la concomitance entre le regain d’activisme des mouvements d’ultradroite et celui des anti-IVG n’est ni totalement fortuite ni anodine.

À Bordeaux et dans de nombreuses autres villes, des locaux du planning familial ont été pris pour cibles. À Paris, le 25 mai dernier, nous avons assisté à une autre campagne de vandalisme, des autocollants antiavortement ayant été appliqués sur les Vélib’.

Des plaintes ont été déposées et des réponses judiciaires seront sans doute apportées. Pour autant, elles ne sauraient suffire, car il s’agit clairement d’une question politique.

Comment pouvons-nous, ensemble, renvoyer dans leurs cordes les lobbies anti-IVG qui s’agitent aujourd’hui ?

La première réponse, la plus simple, est de nature politique : elle consiste à constitutionnaliser le droit à l’IVG.

Les deux assemblées se sont prononcées en des termes certes différents, mais convergents : l’une et l’autre ont voté pour une constitutionnalisation de ce droit. Qu’attend le Président de la République pour faire déposer un projet de loi, réunir le Congrès et affirmer clairement que la France défend le droit à l’IVG au point de l’inscrire dans sa Constitution ? Les activistes anti-IVG cesseraient dès lors de nous harceler : eux qui ont déjà perdu la bataille d’opinion auraient définitivement perdu la bataille politique.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Madame la ministre, nous savons votre engagement et nous saluons votre réactivité, chaque fois qu'une attaque est portée contre ce droit. Pour autant – je le dis très clairement –, le Président de la République nous balade !

Il ne suffit pas de promettre et de prendre des engagements : il est temps de passer à l'acte. C'est une urgence politique. Il est urgent de défendre le droit à l'IVG.

M. Jean-Pierre Sueur applaudit.

Debut de section - Permalien
Isabelle Rome

Madame la sénatrice, je vous remercie de poser cette question.

L’actualité récente nous rappelle que les droits des femmes sont encore, hélas ! la cible favorite des conservateurs. Ces dernières semaines, Paris a ainsi subi de honteuses campagnes de désinformation contre l’avortement.

En vertu de l’article 40 du code de procédure pénale, j’ai saisi le procureur de la République pour que cette campagne cesse et que ses auteurs soient poursuivis.

L’IVG est un droit fondamental des femmes et nous ne laisserons personne y porter atteinte.

Depuis 2017, nous avons renforcé ce droit en assurant le tiers payant intégral de l’IVG, en luttant contre la désinformation, avec la création d’un numéro vert national, et en allongeant le délai de recours à l’IVG de douze à quatorze semaines.

En outre, le plan « Toutes et tous égaux », que nous avons présenté le 8 mars dernier avec Mme la Première ministre, prévoit la généralisation de la pratique des IVG chirurgicales par les sages-femmes.

Ce combat pour les droits sexuels et reproductifs des femmes passe aussi par l’amélioration de l’accès à la contraception.

Nous avons instauré la gratuité de la contraception pour les jeunes de moins de 26 ans et l’accès gratuit en pharmacie à la pilule du lendemain sans ordonnance pour toutes, sans limite d’âge. En effet, on ne pouvait plus tolérer que les femmes subissent des freins financiers pour l’accès à la contraception.

Enfin, le combat pour le droit à l’IVG est, bien sûr, un symbole puissant de la liberté des femmes. C’est pourquoi le Président de la République a pris des engagements forts, qui se déploient en France et en Europe.

Sur son initiative, les députés européens ont voté l’inscription du droit à l’IVG dans la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne.

Le 8 mars dernier – vous le savez –, il a exprimé sa volonté d’inscrire ce droit dans notre Constitution. Cette promesse est un message de liberté adressé à toutes les femmes de France et vous pourrez compter sur moi pour le porter.

Photo de Pascale Gruny

La parole est à Mme Laurence Rossignol, pour la réplique.

Photo de Pascale Gruny

La parole est à Mme Alexandra Borchio Fontimp, auteure de la question n° 769, adressée à M. le garde des sceaux, ministre de la justice.

Photo de Laurence Rossignol

Madame la ministre, nous savons votre engagement et nous saluons votre réactivité, chaque fois qu’une attaque est portée contre ce droit. Pour autant – je le dis très clairement –, le Président de la République nous balade !

Il ne suffit pas de promettre et de prendre des engagements : il est temps de passer à l’acte. C’est une urgence politique. Il est urgent de défendre le droit à l’IVG.

Photo de Alexandra Borchio Fontimp

Madame la ministre, ma question porte sur les violences routières, plus précisément sur l'absence d'effectivité des peines censées mettre un terme à ce fléau.

Voilà quelques jours, Noé aurait dû fêter ses dix-huit ans et préparer les prochains jeux Olympiques, puisqu'il venait de rejoindre l'équipe de France de tir sportif. Mais, le 25 juin 2022, au volant de sa voiture sans permis, il a été mortellement fauché à Antibes, dans mon département des Alpes-Maritimes, par un conducteur sous l'emprise de l'alcool et de stupéfiants, en excès de vitesse et, qui plus est, en récidive.

Le chauffard, qui ne lui a même pas porté secours, est ressorti libre soixante-dix jours plus tard, après avoir déposé une caution de 5 000 euros.

Il s'agit d'une double peine insupportable, particulièrement pour les victimes – vous vous en doutez.

En pareil cas, le régime de sanctions en vigueur permet au juge de prononcer une peine d'emprisonnement de dix ans, mais la réalité est toute autre : seuls 10 % des auteurs sont condamnés à une peine de prison ferme. Plus de 40 % des personnes impliquées dans des accidents mortels ne sont même pas condamnées à une peine de prison ferme.

Les familles doivent donc se taire, tandis que leur bourreau demeure libre de ses mouvements.

Quel message envoie notre pays ? Que les délinquants jouissent légalement de leur liberté de circulation alors qu'ils ont soustrait la vie d'un enfant à toute une famille et cumulé les circonstances aggravantes.

Les familles des victimes, les associations, nos concitoyens ou encore les élus, comme moi, en sont réduits à implorer le Gouvernement de faire appliquer les lois que nous avons votées.

Outre les difficultés rencontrées par les familles lors de leur demande d'indemnisation, point sur lequel j'ai d'ailleurs alerté le garde des sceaux, il est urgent de faire appliquer la loi.

Avec mes collègues Laurent Somon et Stéphane Demilly, nous avons déposé une proposition de loi en octobre dernier, notamment afin d'interdire, sous certaines conditions, de prononcer des aménagements de peine. J'attire votre attention sur ce texte pour que puissent émerger des engagements plus réalistes que communicationnels.

Madame la ministre, pouvez-vous nous donner les chiffres de l'année 2022 et ceux du début d'année 2023 concernant les peines effectivement purgées ?

Photo de Pascale Gruny

La parole est à Mme la ministre déléguée.

violences routières et absence d’effectivité des peines

Debut de section - Permalien
Isabelle Rome, ministre déléguée auprès de la Première ministre, chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l'égalité des chances

Madame la sénatrice, mes pensées vont, tout d'abord, vers Noé et sa famille.

Le Gouvernement est pleinement engagé dans la lutte contre la délinquance routière.

Une attention particulière est portée au traitement des infractions entraînant des accidents de la route. Leurs conséquences peuvent se révéler particulièrement dramatiques pour nos concitoyens ; ces accidents sont trop souvent liés à une consommation d'alcool ou de produits stupéfiants par l'un des conducteurs mis en cause.

Les peines prévues par notre code pénal tiennent d'ores et déjà compte de la dangerosité induite par de telles consommations en cas d'accident. Elles peuvent aller jusqu'au maximum légal de dix années d'emprisonnement en matière délictuelle.

Les peines prononcées par nos juridictions s'inscrivent nécessairement dans le cadre du droit de la peine fixé par le législateur. Dès lors, l'incarcération ne peut qu'être un ultime recours, afin de concilier les impératifs légaux de sanction et de réinsertion des personnes condamnées.

Cela étant, il convient de souligner qu'en 2021 l'intégralité des personnes déclarées coupables d'homicide involontaire par conducteur, aggravé par une conduite en état d'ivresse ou après usage de stupéfiants, ont été condamnées à une peine d'emprisonnement, dont 67 % à une peine d'emprisonnement ferme avec un quantum moyen de seize mois.

La proportion d'emprisonnements fermes prononcés est la plus forte constatée depuis 2015. Au 1er janvier 2023, on comptait ainsi une centaine de personnes condamnées et détenues pour de tels faits.

Enfin, des réflexions sont en cours dans le cadre du comité interministériel de la sécurité routière pour élaborer, en la matière, un nouveau plan d'action global très prochainement.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à Mme Alexandra Borchio Fontimp, auteure de la question n° 769, adressée à M. le garde des sceaux, ministre de la justice.

Photo de Alexandra Borchio Fontimp

Madame la ministre, ma question porte sur les violences routières, plus précisément sur l’absence d’effectivité des peines censées mettre un terme à ce fléau.

Voilà quelques jours, Noé aurait dû fêter ses dix-huit ans et préparer les prochains jeux Olympiques, puisqu’il venait de rejoindre l’équipe de France de tir sportif. Mais, le 25 juin 2022, au volant de sa voiture sans permis, il a été mortellement fauché à Antibes, dans mon département des Alpes-Maritimes, par un conducteur sous l’emprise de l’alcool et de stupéfiants, en excès de vitesse et, qui plus est, en récidive.

Le chauffard, qui ne lui a même pas porté secours, est ressorti libre soixante-dix jours plus tard, après avoir déposé une caution de 5 000 euros.

Il s’agit d’une double peine insupportable, particulièrement pour les victimes – vous vous en doutez.

En pareil cas, le régime de sanctions en vigueur permet au juge de prononcer une peine d’emprisonnement de dix ans, mais la réalité est toute autre : seuls 10 % des auteurs sont condamnés à une peine de prison ferme. Plus de 40 % des personnes impliquées dans des accidents mortels ne sont même pas condamnées à une peine de prison ferme.

Les familles doivent donc se taire, tandis que leur bourreau demeure libre de ses mouvements.

Quel message envoie notre pays ? Que les délinquants jouissent légalement de leur liberté de circulation alors qu’ils ont soustrait la vie d’un enfant à toute une famille et cumulé les circonstances aggravantes.

Les familles des victimes, les associations, nos concitoyens ou encore les élus, comme moi, en sont réduits à implorer le Gouvernement de faire appliquer les lois que nous avons votées.

Outre les difficultés rencontrées par les familles lors de leur demande d’indemnisation, point sur lequel j’ai d’ailleurs alerté le garde des sceaux, il est urgent de faire appliquer la loi.

Avec mes collègues Laurent Somon et Stéphane Demilly, nous avons déposé une proposition de loi en octobre dernier, notamment afin d’interdire, sous certaines conditions, de prononcer des aménagements de peine. J’attire votre attention sur ce texte pour que puissent émerger des engagements plus réalistes que communicationnels.

Madame la ministre, pouvez-vous nous donner les chiffres de l’année 2022 et ceux du début d’année 2023 concernant les peines effectivement purgées ?

Debut de section - PermalienPhoto de Alexandra Borchio Fontimp

Madame la ministre, ma question porte sur les violences routières, plus précisément sur l’absence d’effectivité des peines censées mettre un terme à ce fléau.

Voilà quelques jours, Noé aurait dû fêter ses 18 ans et préparer les prochains jeux Olympiques, puisqu’il venait de rejoindre l’équipe de France de tir sportif. Mais, le 25 juin 2022, au volant de sa voiture sans permis, il a été mortellement fauché à Antibes, dans mon département des Alpes-Maritimes, par un conducteur sous l’emprise de l’alcool et de stupéfiants, en excès de vitesse et, qui plus est, en récidive.

Le chauffard, qui ne lui a même pas porté secours, est ressorti libre soixante-dix jours plus tard, après avoir déposé une caution de 5 000 euros.

Il s’agit d’une double peine insupportable, particulièrement pour les victimes – vous vous en doutez.

En pareil cas, le régime de sanctions en vigueur permet au juge de prononcer une peine d’emprisonnement de dix ans, mais la réalité est tout autre : seuls 10 % des auteurs sont condamnés à une peine de prison ferme. Plus de 40 % des personnes impliquées dans des accidents mortels ne sont même pas condamnées à une peine de prison ferme.

Les familles doivent donc se taire, tandis que leur bourreau demeure libre de ses mouvements.

Quel message envoie notre pays ? Que les délinquants jouissent légalement de leur liberté de circulation alors qu’ils ont soustrait la vie d’un enfant à toute une famille et cumulé les circonstances aggravantes.

Les familles des victimes, les associations, nos concitoyens ou encore les élus, comme moi, en sont réduits à implorer le Gouvernement de faire appliquer les lois que nous avons votées.

Outre les difficultés rencontrées par les familles lors de leur demande d’indemnisation, point sur lequel j’ai d’ailleurs alerté le garde des sceaux, il est urgent de faire appliquer la loi.

Avec mes collègues Laurent Somon et Stéphane Demilly, nous avons déposé une proposition de loi en octobre dernier, notamment afin d’interdire, sous certaines conditions, de prononcer des aménagements de peine. J’attire votre attention sur ce texte pour que puissent émerger des engagements plus réalistes que communicationnels.

Madame la ministre, pouvez-vous nous donner les chiffres de l’année 2022 et ceux du début d’année 2023 concernant les peines effectivement purgées ?

Photo de Pascale Gruny

La parole est à M. Daniel Breuiller, auteur de la question n° 718, transmise à M. le garde des sceaux, ministre de la justice.

Photo de Pascale Gruny

La parole est à Mme la ministre déléguée.

Photo de Daniel Breuiller

Madame la ministre, Dulcie September, représentante en France du Congrès national africain, ou African National Congress (ANC), mouvement incarné par Nelson Mandela, a été assassinée à Paris en plein jour le 29 mars 1988.

À l'époque, le gouvernement français avait refusé sa demande de protection rapprochée. La procédure judiciaire concernant son assassinat a été clôturée en juillet 1992 sans que les responsables de ce crime aient été identifiés.

En 2019, la famille de Dulcie September a demandé la réouverture de cette procédure sur le fondement d'imprescriptibilité du crime d'apartheid et des crimes contre l'humanité. Cette plainte pénale a été rejetée. Une action en déni de justice avec offre de médiation a alors été engagée contre l'État en raison du fonctionnement défectueux de la justice.

Le 29 mai 2021, en déplacement à Johannesburg, le Président de la République Emmanuel Macron a tenu des propos très encourageants, lors de sa visite de l'exposition consacrée à Dulcie September à la fondation Nelson-Mandela. Il a dit à cette occasion qu'il était possible de faciliter une médiation avec la famille de Dulcie September.

Madame la ministre, je vous demande d'approuver cette demande de médiation déposée par l'avocat de la famille de Dulcie September.

Je vous demande également d'autoriser l'accès à la totalité des archives administratives et judiciaires ayant trait à Dulcie September, depuis l'installation de celle-ci en France en 1983 jusqu'à son assassinat, y compris aux éventuels documents justifiant d'un refus d'assurer sa protection.

Je vous demande, enfin, de coopérer pleinement avec l'Afrique du Sud dans le cadre de la convention d'entraide judiciaire en matière pénale signée entre nos deux pays le 31 mai 2001.

Isabelle Rome

Madame la sénatrice, mes pensées vont, tout d’abord, vers Noé et sa famille.

Le Gouvernement est pleinement engagé dans la lutte contre la délinquance routière.

Une attention particulière est portée au traitement des infractions entraînant des accidents de la route. Leurs conséquences peuvent se révéler particulièrement dramatiques pour nos concitoyens ; ces accidents sont trop souvent liés à une consommation d’alcool ou de produits stupéfiants par l’un des conducteurs mis en cause.

Les peines prévues par notre code pénal tiennent d’ores et déjà compte de la dangerosité induite par de telles consommations en cas d’accident. Elles peuvent aller jusqu’au maximum légal de dix années d’emprisonnement en matière délictuelle.

Les peines prononcées par nos juridictions s’inscrivent nécessairement dans le cadre du droit de la peine fixé par le législateur. Dès lors, l’incarcération ne peut qu’être un ultime recours, afin de concilier les impératifs légaux de sanction et de réinsertion des personnes condamnées.

Cela étant, il convient de souligner qu’en 2021 l’intégralité des personnes déclarées coupables d’homicide involontaire par conducteur, aggravé par une conduite en état d’ivresse ou après usage de stupéfiants, ont été condamnées à une peine d’emprisonnement, dont 67 % à une peine d’emprisonnement ferme avec un quantum moyen de seize mois.

La proportion d’emprisonnements fermes prononcés est la plus forte constatée depuis 2015. Au 1er janvier 2023, on comptait ainsi une centaine de personnes condamnées et détenues pour de tels faits.

Enfin, des réflexions sont en cours dans le cadre du comité interministériel de la sécurité routière pour élaborer, en la matière, un nouveau plan d’action global très prochainement.

Debut de section - Permalien
Isabelle Rome

Madame la sénatrice, mes pensées vont, tout d’abord, vers Noé et sa famille.

Le Gouvernement est pleinement engagé dans la lutte contre la délinquance routière.

Une attention particulière est portée au traitement des infractions entraînant des accidents de la route. Leurs conséquences peuvent se révéler particulièrement dramatiques pour nos concitoyens ; ces accidents sont trop souvent liés à une consommation d’alcool ou de produits stupéfiants par l’un des conducteurs mis en cause.

Les peines prévues par notre code pénal tiennent d’ores et déjà compte de la dangerosité induite par de telles consommations en cas d’accident. Elles peuvent aller jusqu’au maximum légal de dix années d’emprisonnement en matière délictuelle.

Les peines prononcées par nos juridictions s’inscrivent nécessairement dans le cadre du droit de la peine fixé par le législateur. Dès lors, l’incarcération ne peut qu’être un ultime recours, afin de concilier les impératifs légaux de sanction et de réinsertion des personnes condamnées.

Cela étant, il convient de souligner qu’en 2021 l’intégralité des personnes déclarées coupables d’homicide involontaire par conducteur, aggravé par une conduite en état d’ivresse ou après usage de stupéfiants, ont été condamnées à une peine d’emprisonnement, dont 67 % à une peine d’emprisonnement ferme avec un quantum moyen de seize mois.

La proportion des peines d’emprisonnement ferme prononcées est la plus forte constatée depuis 2015. Au 1er janvier 2023, on comptait ainsi une centaine de personnes condamnées et détenues pour de tels faits.

Enfin, des réflexions sont en cours dans le cadre du comité interministériel de la sécurité routière pour élaborer, en la matière, un nouveau plan d’action global très prochainement.

Photo de Pascale Gruny

La parole est à Mme la ministre déléguée.

demande d’accès aux données propres à élucider les circonstances de l’assassinat de dulcie september commis il y a trente-cinq ans

Debut de section - Permalien
Isabelle Rome, ministre déléguée auprès de la Première ministre, chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l'égalité des chances

Monsieur le sénateur, s'agissant des circonstances du décès de Dulcie September, en vertu des principes constitutionnels de séparation des pouvoirs et d'indépendance de l'autorité judiciaire – vous le savez –, il n'appartient pas au Gouvernement d'interférer dans les procédures judiciaires.

Il peut uniquement être rappelé que la réouverture d'une procédure pénale à la suite d'un non-lieu obéit à des règles spécifiques.

Pour ce qui concerne la coopération en matière pénale, jusqu'à l'entrée en vigueur de la convention d'entraide judiciaire en matière pénale entre la France et l'Afrique du Sud le 26 mars 2004, cette entraide judiciaire entre nos deux États obéissait au principe de réciprocité.

Désormais, sur la base de cette convention, notre obligation d'entraide judiciaire est la plus large possible. Les autorités judiciaires françaises et sud-africaines sont donc tenues de coopérer dans le cadre de procédures pénales engagées par l'État requérant.

Cette coopération peut prendre diverses formes : demande d'entraide ayant pour objet l'accomplissement d'actes d'enquête ou d'instruction, remise de documents, d'actes de procédure et de décisions judiciaires, comparution de témoins ou d'experts.

Dans le cadre de cette convention, les autorités judiciaires françaises se sont pleinement engagées à coopérer avec leurs homologues sud-africaines.

Vous évoquez, enfin, l'accès aux documents judiciaires français relatifs à l'affaire. Le service des archives du ministère de la justice est à la disposition des requérants pour identifier les pièces judiciaires ayant trait à cette procédure, en lien avec les archives nationales et départementales qui les conserveraient, et pour étudier la possibilité d'y accéder dans le respect du code du patrimoine.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à M. Daniel Breuiller, auteur de la question n° 718, transmise à M. le garde des sceaux, ministre de la justice.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à M. Daniel Breuiller, pour la réplique.

Debut de section - PermalienPhoto de Daniel Breuiller

Madame la ministre, Dulcie September, représentante en France du Congrès national africain, ou African National Congress (ANC), mouvement incarné par Nelson Mandela, a été assassinée à Paris en plein jour le 29 mars 1988.

À l’époque, le gouvernement français avait refusé sa demande de protection rapprochée. La procédure judiciaire concernant son assassinat a été clôturée en juillet 1992 sans que les responsables de ce crime aient été identifiés.

En 2019, la famille de Dulcie September a demandé la réouverture de cette procédure sur le fondement d’imprescriptibilité du crime d’apartheid et des crimes contre l’humanité. Cette plainte pénale a été rejetée. Une action en déni de justice avec offre de médiation a alors été engagée contre l’État en raison du fonctionnement défectueux de la justice.

Le 29 mai 2021, en déplacement à Johannesburg, le Président de la République Emmanuel Macron a tenu des propos très encourageants, lors de sa visite de l’exposition consacrée à Dulcie September à la fondation Nelson-Mandela. Il a dit à cette occasion qu’il était possible de faciliter une médiation avec la famille de Dulcie September.

Madame la ministre, je vous demande d’approuver cette demande de médiation déposée par l’avocat de la famille de Dulcie September.

Je vous demande également d’autoriser l’accès à la totalité des archives administratives et judiciaires ayant trait à Dulcie September, depuis l’installation de celle-ci en France en 1983 jusqu’à son assassinat, y compris aux éventuels documents justifiant d’un refus d’assurer sa protection.

Je vous demande, enfin, de coopérer pleinement avec l’Afrique du Sud dans le cadre de la convention d’entraide judiciaire en matière pénale signée entre nos deux pays le 31 mai 2001.

Debut de section - PermalienPhoto de Daniel Breuiller

Madame la ministre, Dulcie September, représentante en France du Congrès national africain, ou African National Congress (ANC), mouvement incarné par Nelson Mandela, a été assassinée à Paris en plein jour le 29 mars 1988.

À l’époque, le gouvernement français avait refusé sa demande de protection rapprochée. La procédure judiciaire concernant son assassinat a été clôturée en juillet 1992 sans que les responsables de ce crime aient été identifiés.

En 2019, la famille de Dulcie September a demandé la réouverture de cette procédure sur le fondement de l’imprescriptibilité du crime d’apartheid et des crimes contre l’humanité. Cette plainte pénale a été rejetée. Une action en déni de justice avec offre de médiation a alors été engagée contre l’État en raison du fonctionnement défectueux de la justice.

Le 29 mai 2021, en déplacement à Johannesburg, le Président de la République Emmanuel Macron a tenu des propos très encourageants, lors de sa visite de l’exposition consacrée à Dulcie September à la fondation Nelson-Mandela. Il a dit à cette occasion qu’il était possible de faciliter une médiation avec la famille de Dulcie September.

Madame la ministre, je vous demande d’approuver cette demande de médiation déposée par l’avocat de la famille de Dulcie September.

Je vous demande également d’autoriser l’accès à la totalité des archives administratives et judiciaires ayant trait à Dulcie September, depuis l’installation de celle-ci en France en 1983 jusqu’à son assassinat, y compris aux éventuels documents justifiant d’un refus d’assurer sa protection.

Je vous demande, enfin, de coopérer pleinement avec l’Afrique du Sud dans le cadre de la convention d’entraide judiciaire en matière pénale signée entre nos deux pays le 31 mai 2001.

Debut de section - PermalienPhoto de Daniel Breuiller

Madame la ministre, je vous remercie de votre réponse.

L'assassinat de Dulcie September sur notre territoire national est une tache. Notre pays a la possibilité d'ouvrir cette médiation. L'accès aux archives a évidemment été sollicité ; ces dernières sont pour partie consultables par l'avocat de la famille…

Debut de section - Permalien
Isabelle Rome

Monsieur le sénateur, s’agissant des circonstances du décès de Dulcie September, en vertu des principes constitutionnels de séparation des pouvoirs et d’indépendance de l’autorité judiciaire – vous le savez –, il n’appartient pas au Gouvernement d’interférer dans les procédures judiciaires.

Il peut uniquement être rappelé que la réouverture d’une procédure pénale à la suite d’un non-lieu obéit à des règles spécifiques.

Pour ce qui concerne la coopération en matière pénale, jusqu’à l’entrée en vigueur de la convention d’entraide judiciaire en matière pénale entre la France et l’Afrique du Sud le 26 mars 2004, cette entraide judiciaire entre nos deux États obéissait au principe de réciprocité.

Désormais, sur la base de cette convention, notre obligation d’entraide judiciaire est la plus large possible. Les autorités judiciaires françaises et sud-africaines sont donc tenues de coopérer dans le cadre de procédures pénales engagées par l’État requérant.

Cette coopération peut prendre diverses formes : demande d’entraide ayant pour objet l’accomplissement d’actes d’enquête ou d’instruction, remise de documents, d’actes de procédure et de décisions judiciaires, comparution de témoins ou d’experts.

Dans le cadre de cette convention, les autorités judiciaires françaises se sont pleinement engagées à coopérer avec leurs homologues sud-africaines.

Vous évoquez, enfin, l’accès aux documents judiciaires français relatifs à l’affaire. Le service des archives du ministère de la justice est à la disposition des requérants pour identifier les pièces judiciaires ayant trait à cette procédure, en lien avec les archives nationales et départementales qui les conserveraient, et pour étudier la possibilité d’y accéder dans le respect du code du patrimoine.

Debut de section - PermalienPhoto de Daniel Breuiller

Cette médiation est véritablement une chance à saisir.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à M. Daniel Breuiller, pour la réplique.

Photo de Daniel Breuiller

Madame la ministre, je vous remercie de votre réponse.

L’assassinat de Dulcie September sur notre territoire national est une tache. Notre pays a la possibilité d’ouvrir cette médiation. L’accès aux archives a évidemment été sollicité ; ces dernières sont pour partie consultables par l’avocat de la famille…

Photo de Pascale Gruny

La parole est à M. Gérard Longuet, auteur de la question n° 759, adressée à M. le ministre de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire.

Photo de Gérard Longuet

Madame la ministre, l'article L. 361-5 du code rural et de la pêche maritime fixe les conditions d'intervention du Fonds national de gestion des risques en agriculture (FNGRA). Fort logiquement, ces dernières écartent les terrains qui auraient pu être assurés en lieu et place de l'intervention du FNGRA.

Malheureusement, la mise en œuvre de cet article se heurte à de véritables ambiguïtés. On l'observe notamment à Revigny-sur-Ornain, commune du département dont je suis l'élu. Certains terrains n'y sont qualifiés par aucun document d'urbanisme comme étant inondables ou non inondables.

Compte tenu du coût de l'assurance, qui s'élève en général à 15 % du produit de la récolte, les agriculteurs sollicités craignent à juste titre que l'assureur qui écarte les terrains inondables ne fasse jouer ce critère pour ne pas garantir ni assurer la perte, en dépit de la souscription d'un contrat.

Madame la ministre, ces cas sont-ils fréquents à l'échelle nationale ? Quelles solutions peut-on envisager lorsqu'aucun document d'urbanisme n'établit clairement le caractère inondable ou non inondable du terrain, de surcroît lorsque le maire n'a pas demandé à bénéficier du classement en catastrophe naturelle ?

Photo de Daniel Breuiller

Cette médiation est véritablement une chance à saisir.

Photo de Pascale Gruny

La parole est à Mme la ministre déléguée.

absence de document d’urbanisme et assurabilité des risques dans le cadre du fonds national de gestion des risques en agriculture

Debut de section - Permalien
Isabelle Rome, ministre déléguée auprès de la Première ministre, chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l'égalité des chances

Monsieur le sénateur, lors du Varenne agricole de l'eau et de l'adaptation au changement climatique, les acteurs ont dressé ce constat unanime : le régime des calamités agricoles, reposant notamment sur la distinction, que vous évoquez, des risques assurables et non assurables, est inadapté face aux enjeux liés au réchauffement climatique.

En conséquence, nous avons réformé ce système grâce au vote, par le Parlement, du projet de loi d'orientation relative à une meilleure diffusion de l'assurance récolte en agriculture et portant réforme des outils de gestion des risques climatiques en agriculture.

Entré en vigueur le 1er janvier 2023, ce texte institue un nouveau système de couverture des pertes de récolte engendrées par les aléas climatiques.

Ce dispositif à trois étages prévoit une absorption des risques de faible intensité à l'échelle individuelle, autrement dit par l'exploitation agricole ; une mutualisation entre les territoires et les filières des risques d'intensité moyenne, par le biais de l'assurance multirisque climatique, dont les primes font l'objet d'une subvention publique ; et une indemnisation directe de l'État contre les risques dits catastrophiques.

Si l'objectif premier est d'inciter les exploitants à couvrir au mieux leurs risques en souscrivant des contrats d'assurance, la réforme n'en a pas moins institué un système universel, couvrant tous les types de cultures qu'elles soient assurées ou non assurées. Elle a ainsi mis en place un filet de sécurité qui permet, en cas de pertes d'ampleur exceptionnelle, le versement par le FNGRA d'une indemnisation minimale pour toutes les cultures, même celles qui n'auraient pu être assurées. Pour la campagne 2023, les cultures en zone inondable en bénéficieront le cas échéant.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à M. Gérard Longuet, auteur de la question n° 759, adressée à M. le ministre de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à M. Gérard Longuet, pour la réplique.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Longuet

Madame la ministre, l’article L. 361-5 du code rural et de la pêche maritime fixe les conditions d’intervention du Fonds national de gestion des risques en agriculture (FNGRA). Fort logiquement, ces dernières écartent les terrains qui auraient pu être assurés en lieu et place de l’intervention du FNGRA.

Malheureusement, la mise en œuvre de cet article se heurte à de véritables ambiguïtés. On l’observe notamment à Revigny-sur-Ornain, commune du département dont je suis l’élu. Certains terrains n’y sont qualifiés par aucun document d’urbanisme comme étant inondables ou non inondables.

Compte tenu du coût de l’assurance, qui s’élève en général à 15 % du produit de la récolte, les agriculteurs sollicités craignent à juste titre que l’assureur qui écarte les terrains inondables ne fasse jouer ce critère pour ne pas garantir ni assurer la perte, en dépit de la souscription d’un contrat.

Madame la ministre, ces cas sont-ils fréquents à l’échelle nationale ? Quelles solutions peut-on envisager lorsqu’aucun document d’urbanisme n’établit clairement le caractère inondable ou non inondable du terrain, de surcroît lorsque le maire n’a pas demandé à bénéficier du classement en catastrophe naturelle ?

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Longuet

Madame la ministre, l’article L. 361-5 du code rural et de la pêche maritime fixe les conditions d’intervention du fonds national de gestion des risques en agriculture (FNGRA). Fort logiquement, ces dernières écartent les terrains qui auraient pu être assurés en lieu et place de l’intervention du FNGRA.

Malheureusement, la mise en œuvre de cet article se heurte à de véritables ambiguïtés. On l’observe notamment à Revigny-sur-Ornain, commune du département dont je suis l’élu. Certains terrains n’y sont qualifiés par aucun document d’urbanisme comme étant inondables ou non inondables.

Compte tenu du coût de l’assurance, qui s’élève en général à 15 % du produit de la récolte, les agriculteurs sollicités craignent à juste titre que l’assureur qui écarte les terrains inondables ne fasse jouer ce critère pour ne pas garantir ni assurer la perte, en dépit de la souscription d’un contrat.

Madame la ministre, ces cas sont-ils fréquents à l’échelle nationale ? Quelles solutions peut-on envisager lorsqu’aucun document d’urbanisme n’établit clairement le caractère inondable ou non inondable du terrain, de surcroît lorsque le maire n’a pas demandé à bénéficier du classement en catastrophe naturelle ?

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Longuet

Madame la ministre, c'est un progrès et je m'en réjouis ; mais, malheureusement, les agriculteurs sanctionnés par suite de cette vacuité législative n'en bénéficieront pas. Ils ne peuvent qu'en appeler à la clémence du FNGRA !

Isabelle Rome

Monsieur le sénateur, lors du Varenne agricole de l’eau et de l’adaptation au changement climatique, les acteurs ont dressé ce constat unanime : le régime des calamités agricoles, reposant notamment sur la distinction, que vous évoquez, des risques assurables et non assurables, est inadapté face aux enjeux liés au réchauffement climatique.

En conséquence, nous avons réformé ce système grâce au vote, par le Parlement, du projet de loi d’orientation relative à une meilleure diffusion de l’assurance récolte en agriculture et portant réforme des outils de gestion des risques climatiques en agriculture.

Entré en vigueur le 1er janvier 2023, ce texte institue un nouveau système de couverture des pertes de récolte engendrées par les aléas climatiques.

Ce dispositif à trois étages prévoit une absorption des risques de faible intensité à l’échelle individuelle, autrement dit par l’exploitation agricole ; une mutualisation entre les territoires et les filières des risques d’intensité moyenne, par le biais de l’assurance multirisque climatique, dont les primes font l’objet d’une subvention publique ; et une indemnisation directe de l’État contre les risques dits catastrophiques.

Si l’objectif premier est d’inciter les exploitants à couvrir au mieux leurs risques en souscrivant des contrats d’assurance, la réforme n’en a pas moins institué un système universel, couvrant tous les types de cultures qu’elles soient assurées ou non assurées. Elle a ainsi mis en place un filet de sécurité qui permet, en cas de pertes d’ampleur exceptionnelle, le versement par le FNGRA d’une indemnisation minimale pour toutes les cultures, même celles qui n’auraient pu être assurées. Pour la campagne 2023, les cultures en zone inondable en bénéficieront le cas échéant.

Photo de Pascale Gruny

La parole est à Mme Anne-Catherine Loisier, auteure de la question n° 702, transmise à M. le ministre de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire.

Photo de Pascale Gruny

La parole est à M. Gérard Longuet, pour la réplique.

Photo de Anne-Catherine Loisier

Madame la ministre, j'attire votre attention sur les difficultés d'hébergement des saisonniers lors des vendanges.

L'article R. 716-16 du code rural et de la pêche maritime permet d'héberger les saisonniers sous des tentes dans les départements où l'habitat est insuffisant au regard de l'importance de la main-d'œuvre accueillie. Ces dernières années, c'est devenu le cas dans les départements de la région Bourgogne-Franche-Comté à l'époque des vendanges, compte tenu de l'afflux notable de travailleurs.

L'arrêté de juillet 1996 relatif à l'hébergement des travailleurs agricoles n'offre cette possibilité qu'à un nombre restreint de départements, ceux du sud de la France, certainement en raison de leurs températures réputées plus clémentes.

Or, au regard de la précocité des dernières vendanges – depuis quelques années, elles se déroulent en période estivale –, les professionnels de Bourgogne-Franche-Comté sollicitent la modification de ce décret pour autoriser l'hébergement sous tente des saisonniers en Côte-d'Or, en Saône-et-Loire et dans l'Yonne, ainsi que dans des départements d'autres régions – l'Aisne, l'Aube, la Marne, la Haute-Marne et la Seine-et-Marne.

Une telle dérogation favoriserait l'embauche de demandeurs d'emploi et de personnes en situation de précarité qui ne disposent actuellement d'aucune solution d'hébergement dans ces territoires.

Le décret pourrait-il être modifié assez rapidement au regard de ces nouvelles réalités climatiques, économiques et sociales ? Les saisonniers de la région Bourgogne-Franche-Comté pourraient ainsi disposer d'hébergements supplémentaires : le besoin de main-d'œuvre de ces territoires n'en serait que mieux couvert.

Photo de Gérard Longuet

Madame la ministre, c’est un progrès et je m’en réjouis ; mais, malheureusement, les agriculteurs sanctionnés par suite de cette vacuité législative n’en bénéficieront pas. Ils ne peuvent qu’en appeler à la clémence du FNGRA !

Photo de Pascale Gruny

M me le président. Merci pour l'Aisne, ma chère collègue !

hébergement sous tente des saisonniers en bourgogne

Sourires .

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à Mme Anne-Catherine Loisier, auteure de la question n° 702, transmise à M. le ministre de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire.

Debut de section - PermalienPhoto de Anne-Catherine Loisier

Madame la ministre, j’attire votre attention sur les difficultés d’hébergement des saisonniers lors des vendanges.

L’article R. 716-16 du code rural et de la pêche maritime permet d’héberger les saisonniers sous des tentes dans les départements où l’habitat est insuffisant au regard de l’importance de la main-d’œuvre accueillie. Ces dernières années, c’est devenu le cas dans les départements de la région Bourgogne-Franche-Comté à l’époque des vendanges, compte tenu de l’afflux notable de travailleurs.

L’arrêté de juillet 1996 relatif à l’hébergement des travailleurs agricoles n’offre cette possibilité qu’à un nombre restreint de départements, ceux du sud de la France, certainement en raison de leurs températures réputées plus clémentes.

Or, au regard de la précocité des dernières vendanges – depuis quelques années, elles se déroulent en période estivale –, les professionnels de Bourgogne-Franche-Comté sollicitent la modification de ce décret pour autoriser l’hébergement sous tente des saisonniers en Côte-d’Or, en Saône-et-Loire et dans l’Yonne, ainsi que dans des départements d’autres régions – l’Aisne, l’Aube, la Marne, la Haute-Marne et la Seine-et-Marne.

Une telle dérogation favoriserait l’embauche de demandeurs d’emploi et de personnes en situation de précarité qui ne disposent actuellement d’aucune solution d’hébergement dans ces territoires.

Le décret pourrait-il être modifié assez rapidement au regard de ces nouvelles réalités climatiques, économiques et sociales ? Les saisonniers de la région Bourgogne-Franche-Comté pourraient ainsi disposer d’hébergements supplémentaires : le besoin de main-d’œuvre de ces territoires n’en serait que mieux couvert.

Debut de section - Permalien
Isabelle Rome, ministre déléguée auprès de la Première ministre, chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l'égalité des chances

Madame la sénatrice, l'arrêté du 1er juillet 1996 fixe, par dérogation, trois conditions strictes à l'hébergement sous tente en le limitant à certains salariés, recrutés pour une durée de moins d'un mois, sur autorisation spécifique de la direction départementale de l'emploi, du travail et des solidarités (DDETS), et uniquement pour certains départements, voire cantons, limitativement listés.

L'hébergement sous tente n'est ainsi autorisé que pour la période allant du 1er juin au 15 septembre et seulement dans tout ou partie de quinze départements.

Les départements de Côte-d'Or, de Saône-et-Loire, de l'Yonne, de l'Aisne, de l'Aube, de la Marne, de la Haute-Marne et de la Seine-et-Marne ne figurent pas sur cette liste.

Par ailleurs, dans le cadre de l'accord collectif national de travail sur les saisonniers du 18 juillet 2002, les organisations professionnelles et syndicales se sont accordées sur la définition du logement décent et sur la limitation du recours à l'hébergement sous tente tout en appelant de leurs vœux un assouplissement de la réglementation concernant l'hébergement des travailleurs saisonniers, notamment en résidence mobile.

À la suite de cet accord, la réglementation a été modifiée afin de permettre l'hébergement des saisonniers en résidence mobile et démontable. En revanche, la liste des départements où l'hébergement sous tente peut être autorisé est restée inchangée.

Il ne paraît pas souhaitable de remettre en cause l'équilibre auquel les partenaires sociaux sont parvenus ou d'allonger cette liste.

En outre, concernant l'hébergement en résidence fixe, le décret du 20 septembre 2016 a élargi les possibilités de dérogation aux règles d'hébergement à un secteur d'activité donné, dès lors qu'une organisation professionnelle d'employeurs représentative en fait la demande à la direction régionale de l'économie, de l'emploi, du travail et des solidarités (Dreets).

Ce décret simplifie les démarches des employeurs. Il répond ainsi aux préoccupations des professionnels souhaitant pouvoir loger sur place les salariés saisonniers pendant une courte période.

Enfin, le Conseil d'État a attiré l'attention du Gouvernement sur les risques de rupture d'égalité et d'atteinte au droit à un logement décent, auquel il n'est ni souhaitable ni possible de déroger.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

Mme le président. Merci pour l’Aisne, ma chère collègue !

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à Mme Anne-Catherine Loisier, pour la réplique.

Sourires.

Debut de section - PermalienPhoto de Anne-Catherine Loisier

Madame la ministre, vos arguments ne tiennent pas face aux réalités que connaissent les territoires de la région Bourgogne-Franche-Comté au sens large.

Non seulement les critères de durée et de saisonnalité sont respectés, mais ce dispositif s'applique déjà dans un certain nombre de régions viticoles. Je vous prie de vous pencher de nouveau sur ce sujet et j'attire votre intention sur les grandes difficultés…

Debut de section - Permalien
Isabelle Rome

Madame la sénatrice, l’arrêté du 1er juillet 1996 fixe, par dérogation, trois conditions strictes à l’hébergement sous tente en le limitant à certains salariés, recrutés pour une durée de moins d’un mois, sur autorisation spécifique de la direction départementale de l’emploi, du travail et des solidarités (DDETS), et uniquement pour certains départements, voire cantons, limitativement listés.

L’hébergement sous tente n’est ainsi autorisé que pour la période allant du 1er juin au 15 septembre et seulement dans tout ou partie de quinze départements.

Les départements de Côte-d’Or, de Saône-et-Loire, de l’Yonne, de l’Aisne, de l’Aube, de la Marne, de la Haute-Marne et de la Seine-et-Marne ne figurent pas sur cette liste.

Par ailleurs, dans le cadre de l’accord collectif national de travail sur les saisonniers du 18 juillet 2002, les organisations professionnelles et syndicales se sont accordées sur la définition du logement décent et sur la limitation du recours à l’hébergement sous tente tout en appelant de leurs vœux un assouplissement de la réglementation concernant l’hébergement des travailleurs saisonniers, notamment en résidence mobile.

À la suite de cet accord, la réglementation a été modifiée afin de permettre l’hébergement des saisonniers en résidence mobile et démontable. En revanche, la liste des départements où l’hébergement sous tente peut être autorisé est restée inchangée.

Il ne paraît pas souhaitable de remettre en cause l’équilibre auquel les partenaires sociaux sont parvenus ou d’allonger cette liste.

En outre, concernant l’hébergement en résidence fixe, le décret du 20 septembre 2016 a élargi les possibilités de dérogation aux règles d’hébergement à un secteur d’activité donné, dès lors qu’une organisation professionnelle d’employeurs représentative en fait la demande à la direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (Dreets).

Ce décret simplifie les démarches des employeurs. Il répond ainsi aux préoccupations des professionnels souhaitant pouvoir loger sur place les salariés saisonniers pendant une courte période.

Enfin, le Conseil d’État a attiré l’attention du Gouvernement sur les risques de rupture d’égalité et d’atteinte au droit à un logement décent, auquel il n’est ni souhaitable ni possible de déroger.

Debut de section - PermalienPhoto de Anne-Catherine Loisier

… auxquelles sont confrontés les viticulteurs, aujourd'hui, pour recruter des saisonniers.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à Mme Anne-Catherine Loisier, pour la réplique.

Photo de Anne-Catherine Loisier

Madame la ministre, vos arguments ne tiennent pas face aux réalités que connaissent les territoires de la région Bourgogne-Franche-Comté au sens large.

Non seulement les critères de durée et de saisonnalité sont respectés, mais ce dispositif s’applique déjà dans un certain nombre de régions viticoles. Je vous prie de vous pencher de nouveau sur ce sujet et j’attire votre attention sur les grandes difficultés…

Photo de Pascale Gruny

La parole est à M. Dominique Théophile, auteur de la question n° 437, adressée à M. le ministre du travail, du plein emploi et de l'insertion.

Photo de Dominique Théophile

Madame la ministre, j'attire votre attention sur la situation de l'emploi dans mon département.

Le 19 janvier 2023, l'Insee publiait une étude consacrée à la Guadeloupe attestant que plus de 27 % des jeunes Guadeloupéens âgés de 15 à 29 ans n'étaient ni en emploi, ni en études, ni en formation (Neet) entre 2015 et 2019, soit deux fois plus que dans l'Hexagone.

Par ailleurs, et sans surprise, cette enquête relève qu'une large majorité de ces jeunes recherchent un emploi ou souhaitent travailler.

Les dispositifs d'accompagnement vers une réinsertion professionnelle sont nombreux et, en la matière, les collectivités territoriales accomplissent d'importants efforts. Il convient de les saluer ; mais force est de constater qu'ils ne sont pas suffisants.

Les pistes de réflexion, qui restent très nombreuses, doivent prendre pour base les réalités socioéconomiques. Au total, 34, 5 % de la population de ce territoire vit sous le seuil de pauvreté national. De plus, 12 % de cette population est en situation de très grande pauvreté, avec des difficultés pour rejoindre les zones à fort taux d'embauche, faute de disposer d'un réseau de transports en commun efficient.

Repenser le marché de l'emploi en tenant compte du caractère insulaire de la Guadeloupe n'est pas une variable à négliger. Nombre de postes accessibles en contrat à durée déterminée (CDD) peinent à se requalifier en contrat à durée indéterminée (CDI). Il faut aussi œuvrer à une meilleure adéquation entre spécialité de formation et emploi, veiller à l'amélioration de la coordination entre institutions parties prenantes, ou encore envisager une extension de la garantie jeune.

Quelles actions entendez-vous mener pour accompagner l'ensemble de ces jeunes vers l'emploi et ainsi combler l'écart avec la moyenne nationale ? La situation de ce département est bel et bien préoccupante.

Photo de Anne-Catherine Loisier

… auxquelles sont confrontés les viticulteurs, aujourd’hui, pour recruter des saisonniers.

Photo de Pascale Gruny

La parole est à Mme la ministre déléguée.

accompagnement des jeunes guadeloupéens vers l’emploi

Debut de section - Permalien
Isabelle Rome, ministre déléguée auprès de la Première ministre, chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l'égalité des chances

Monsieur le sénateur, le Gouvernement a développé un certain nombre de dispositifs afin d'accompagner les jeunes vers l'emploi.

Pour améliorer leur insertion professionnelle, le contrat d'engagement jeune (CEJ) est déployé depuis le 1er mars 2022. Il vise à proposer un suivi adapté et personnalisé aux jeunes qui ont besoin d'un accompagnement global, avec une sécurisation financière pour ceux qui en ont le plus besoin. Pour 2023, il est prévu de financer l'accompagnement de 200 000 nouveaux jeunes en CEJ par les missions locales et le maintien de 100 000 jeunes accompagnés en CEJ par Pôle emploi.

En Guadeloupe, 858 jeunes ont signé un contrat d'engagement jeune depuis le 1er janvier 2023 et 1 463 jeunes ont un contrat en cours.

J'en viens aux jeunes les plus éloignés du service public de l'emploi, sans revenu et rencontrant des difficultés de plusieurs ordres – sociales, éducatives, de santé, etc.

Des appels à projet régionaux ont été lancés pour ces jeunes dits en rupture ; ils sont désormais mis en œuvre sur l'ensemble du territoire. En Guadeloupe, deux projets sont déployés. Ils visent notamment à développer des solutions de mobilités pour les jeunes.

Par ailleurs, nous soutenons fortement l'apprentissage, qui constitue un levier efficace de formation des natifs sur leur territoire et garantit l'adéquation aux besoins des entreprises.

Afin de permettre l'apprentissage de tous les gestes professionnels sans recourir à la mobilité contrainte en métropole, nous confions annuellement au conseil régional de Guadeloupe 4, 9 millions d'euros pour soutenir les investissements dans les centres de formation d'apprentis (CFA) du territoire, et plus de 1 million d'euros pour soutenir le fonctionnement de ces établissements.

Notre réforme à venir du lycée professionnel s'accompagnera d'une réflexion sur la carte des formations : ces dernières devront être davantage en adéquation avec le tissu économique du territoire de chaque lycée professionnel.

L'État, via le plan France 2030, …

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à M. Dominique Théophile, auteur de la question n° 437, adressée à M. le ministre du travail, du plein emploi et de l’insertion.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

Madame la ministre, j’attire votre attention sur la situation de l’emploi dans mon département.

Le 19 janvier 2023, l’Insee publiait une étude consacrée à la Guadeloupe attestant que plus de 27 % des jeunes Guadeloupéens âgés de 15 à 29 ans n’étaient ni en emploi, ni en études, ni en formation (Neet) entre 2015 et 2019, soit deux fois plus que dans l’Hexagone.

Par ailleurs, et sans surprise, cette enquête relève qu’une large majorité de ces jeunes recherchent un emploi ou souhaitent travailler.

Les dispositifs d’accompagnement vers une réinsertion professionnelle sont nombreux et, en la matière, les collectivités territoriales accomplissent d’importants efforts. Il convient de les saluer ; mais force est de constater qu’ils ne sont pas suffisants.

Les pistes de réflexion, qui restent très nombreuses, doivent prendre pour base les réalités socioéconomiques. Au total, 34, 5 % de la population de ce territoire vit sous le seuil de pauvreté national. De plus, 12 % de cette population est en situation de très grande pauvreté, avec des difficultés pour rejoindre les zones à fort taux d’embauche, faute de disposer d’un réseau de transports en commun efficient.

Repenser le marché de l’emploi en tenant compte du caractère insulaire de la Guadeloupe n’est pas une variable à négliger. Nombre de postes accessibles en contrat à durée déterminée (CDD) peinent à se requalifier en contrat à durée indéterminée (CDI). Il faut aussi œuvrer à une meilleure adéquation entre spécialité de formation et emploi, veiller à l’amélioration de la coordination entre institutions parties prenantes, ou encore envisager une extension de la garantie jeune.

Quelles actions entendez-vous mener pour accompagner l’ensemble de ces jeunes vers l’emploi et ainsi combler l’écart avec la moyenne nationale ? La situation de ce département est bel et bien préoccupante.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

Madame la ministre, j’attire votre attention sur la situation de l’emploi dans mon département.

Le 19 janvier 2023, l’Insee publiait une étude consacrée à la Guadeloupe attestant que plus de 27 % des jeunes Guadeloupéens âgés de 15 à 29 ans n’étaient ni en emploi, ni en études, ni en formation (Neet) entre 2015 et 2019, soit deux fois plus que dans l’Hexagone.

Par ailleurs, et sans surprise, cette enquête relève qu’une large majorité de ces jeunes recherchent un emploi ou souhaitent travailler.

Les dispositifs d’accompagnement vers une réinsertion professionnelle sont nombreux et, en la matière, les collectivités territoriales accomplissent d’importants efforts. Il convient de les saluer ; mais force est de constater qu’ils ne sont pas suffisants.

Les pistes de réflexion, qui restent très nombreuses, doivent prendre pour base les réalités socioéconomiques. Au total, 34, 5 % de la population de ce territoire vit sous le seuil de pauvreté national. De plus, 12 % de cette population est en situation de très grande pauvreté, avec des difficultés pour rejoindre les zones à fort taux d’embauche, faute de disposer d’un réseau de transports en commun efficient.

Repenser le marché de l’emploi en tenant compte du caractère insulaire de la Guadeloupe n’est pas une variable à négliger. Nombre de postes accessibles en CDD peinent à se requalifier en CDI. Il faut aussi œuvrer à une meilleure adéquation entre spécialité de formation et emploi, veiller à l’amélioration de la coordination entre institutions parties prenantes, ou encore envisager une extension de la garantie jeune.

Quelles actions entendez-vous mener pour accompagner l’ensemble de ces jeunes vers l’emploi et ainsi combler l’écart avec la moyenne nationale ? La situation de ce département est bel et bien préoccupante.

Debut de section - Permalien
Isabelle Rome, ministre déléguée

… s'engage à accompagner les collectivités territoriales dans la rénovation des plateaux techniques et à garantir le maintien des jeunes dans les territoires.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à M. Dominique Théophile, pour la réplique.

Debut de section - Permalien
Isabelle Rome

Monsieur le sénateur, le Gouvernement a développé un certain nombre de dispositifs afin d’accompagner les jeunes vers l’emploi.

Pour améliorer leur insertion professionnelle, le contrat d’engagement jeune (CEJ) est déployé depuis le 1er mars 2022. Il vise à proposer un suivi adapté et personnalisé aux jeunes qui ont besoin d’un accompagnement global, avec une sécurisation financière pour ceux qui en ont le plus besoin. Pour 2023, il est prévu de financer l’accompagnement de 200 000 nouveaux jeunes en CEJ par les missions locales et le maintien de 100 000 jeunes accompagnés en CEJ par Pôle emploi.

En Guadeloupe, 858 jeunes ont signé un contrat d’engagement jeune depuis le 1er janvier 2023 et 1 463 jeunes ont un contrat en cours.

J’en viens aux jeunes les plus éloignés du service public de l’emploi, sans revenu et rencontrant des difficultés de plusieurs ordres – sociales, éducatives, de santé, etc.

Des appels à projet régionaux ont été lancés pour ces jeunes dits en rupture ; ils sont désormais mis en œuvre sur l’ensemble du territoire. En Guadeloupe, deux projets sont déployés. Ils visent notamment à développer des solutions de mobilités pour les jeunes.

Par ailleurs, nous soutenons fortement l’apprentissage, qui constitue un levier efficace de formation des natifs sur leur territoire et garantit l’adéquation aux besoins des entreprises.

Afin de permettre l’apprentissage de tous les gestes professionnels sans recourir à la mobilité contrainte en métropole, nous confions annuellement au conseil régional de Guadeloupe 4, 9 millions d’euros pour soutenir les investissements dans les centres de formation d’apprentis (CFA) du territoire, et plus de 1 million d’euros pour soutenir le fonctionnement de ces établissements.

Notre réforme à venir du lycée professionnel s’accompagnera d’une réflexion sur la carte des formations : ces dernières devront être davantage en adéquation avec le tissu économique du territoire de chaque lycée professionnel.

L’État, via le plan France 2030, …

Debut de section - Permalien
Isabelle Rome

Monsieur le sénateur, le Gouvernement a développé un certain nombre de dispositifs afin d’accompagner les jeunes vers l’emploi.

Pour améliorer leur insertion professionnelle, le contrat d’engagement jeune (CEJ) est déployé depuis le 1er mars 2022. Il vise à proposer un suivi adapté et personnalisé aux jeunes qui ont besoin d’un accompagnement global, avec une sécurisation financière pour ceux qui en ont le plus besoin. Pour 2023, il est prévu de financer l’accompagnement de 200 000 nouveaux jeunes en CEJ par les missions locales et le maintien de 100 000 jeunes accompagnés en CEJ par Pôle emploi.

En Guadeloupe, 858 jeunes ont signé un contrat d’engagement jeune depuis le 1er janvier 2023 et 1 463 jeunes ont un contrat en cours.

J’en viens aux jeunes les plus éloignés du service public de l’emploi, sans revenu et rencontrant des difficultés de plusieurs ordres – sociales, éducatives, de santé, etc.

Des appels à projets régionaux ont été lancés pour ces jeunes dits en rupture ; ils sont désormais mis en œuvre sur l’ensemble du territoire. En Guadeloupe, deux projets sont déployés. Ils visent notamment à développer des solutions de mobilités pour les jeunes.

Par ailleurs, nous soutenons fortement l’apprentissage, qui constitue un levier efficace de formation des natifs sur leur territoire et garantit l’adéquation aux besoins des entreprises.

Afin de permettre l’apprentissage de tous les gestes professionnels sans recourir à la mobilité contrainte en métropole, nous confions annuellement au conseil régional de Guadeloupe 4, 9 millions d’euros pour soutenir les investissements dans les centres de formation d’apprentis (CFA) du territoire, et plus de 1 million d’euros pour soutenir le fonctionnement de ces établissements.

Notre réforme à venir du lycée professionnel s’accompagnera d’une réflexion sur la carte des formations : ces dernières devront être davantage en adéquation avec le tissu économique du territoire de chaque lycée professionnel.

L’État, via le plan France 2030, …

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

Madame la ministre, nous serons en mesure d'évaluer rapidement les dispositifs mis en œuvre. S'il le faut, je reviendrai à la charge, car la situation de la Guadeloupe est extrêmement préoccupante.

Isabelle Rome

… s’engage à accompagner les collectivités territoriales dans la rénovation des plateaux techniques et à garantir le maintien des jeunes dans les territoires.

Photo de Pascale Gruny

La parole est à M. Jean-Yves Roux, auteur de la question n° 778, adressée à M. le ministre de la transformation et de la fonction publiques.

Photo de Pascale Gruny

La parole est à M. Dominique Théophile, pour la réplique.

Photo de Jean-Yves Roux

L'accès aux services publics partout et pour tous est l'un des fondements de notre cohésion sociale. Or ces fondements vacillent. La disparition répétée de services publics dans certains territoires depuis des années, leur éloignement, les conditions de la dématérialisation des procédures d'accès à ces services et les disparités d'accès entre les territoires sont autant de raisons qui expliquent les difficultés rencontrées par nos concitoyens.

Dans son rapport d'activité pour l'année 2022, publié le 17 avril 2023 et présenté au Sénat le 14 juin dernier, le Défenseur des droits fait état d'une « hausse continue des réclamations qui témoigne d'un recul des services publics ».

Ce rapport mentionne ainsi, pour le seul volet « relation avec les services publics », 82 000 réclamations liées aux rapports avec les administrations. Ce chiffre est en augmentation de 14 % par rapport à 2021.

Dans son étude de juin dernier, l'association Familles rurales relève pour sa part que, dans les campagnes, 60 % des usagers font état d'une dégradation de l'accès aux services publics ces dernières années. Les auteurs de cette enquête ajoutent : « Le déficit de services publics est le principal frein identifié par le grand public pour s'installer en zone rurale. »

Mes chers collègues, alors qu'un plan d'ampleur est annoncé en faveur de la ruralité, nous devons prendre la mesure de ces situations, qui mettent à mal les efforts des collectivités territoriales et de la puissance publique tout entière.

Le 31 mai dernier – vous le savez, madame la ministre –, le Sénat a adopté, à l'unanimité, une proposition de résolution du groupe RDSE invitant le Gouvernement à renforcer l'accès aux services publics en privilégiant, en particulier, un accès téléphonique rapide.

Nous avons plus que jamais besoin d'une stratégie, visible par nos concitoyens et les élus responsables de nos territoires, de reconquête des services publics. Les maisons France services, pour utiles qu'elles soient, mais parce qu'elles reposent beaucoup sur l'engagement de nos collectivités, ne peuvent à elles seules pallier ces manques.

Alors que les services du ministre de la transformation et de la fonction publiques préparent l'examen du projet de loi de finances pour 2024 et que les missions budgétaires concernant les services publics sont particulièrement dispersées, ...

Photo de Dominique Théophile

Madame la ministre, nous serons en mesure d’évaluer rapidement les dispositifs mis en œuvre. S’il le faut, je reviendrai à la charge, car la situation de la Guadeloupe est extrêmement préoccupante.

l e président

Veuillez conclure, mon cher collègue !

rapport annuel de la défenseure des droits

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Yves Roux

... comment le Gouvernement compte-t-il prendre en compte les remarques du Défenseur des droits ?

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à M. Jean-Yves Roux, auteur de la question n° 778, adressée à M. le ministre de la transformation et de la fonction publiques.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Yves Roux

L’accès aux services publics partout et pour tous est l’un des fondements de notre cohésion sociale. Or ces fondements vacillent. La disparition répétée de services publics dans certains territoires depuis des années, leur éloignement, les conditions de la dématérialisation des procédures d’accès à ces services et les disparités d’accès entre les territoires sont autant de raisons qui expliquent les difficultés rencontrées par nos concitoyens.

Dans son rapport d’activité pour l’année 2022, publié le 17 avril 2023 et présenté au Sénat le 14 juin dernier, le Défenseur des droits fait état d’une « hausse continue des réclamations qui témoigne d’un recul des services publics ».

Ce rapport mentionne ainsi, pour le seul volet « relation avec les services publics », 82 000 réclamations liées aux rapports avec les administrations. Ce chiffre est en augmentation de 14 % par rapport à 2021.

Dans son étude de juin dernier, l’association Familles rurales relève pour sa part que, dans les campagnes, 60 % des usagers font état d’une dégradation de l’accès aux services publics ces dernières années. Les auteurs de cette enquête ajoutent : « Le déficit de services publics est le principal frein identifié par le grand public pour s’installer en zone rurale. »

Mes chers collègues, alors qu’un plan d’ampleur est annoncé en faveur de la ruralité, nous devons prendre la mesure de ces situations, qui mettent à mal les efforts des collectivités territoriales et de la puissance publique tout entière.

Le 31 mai dernier – vous le savez, madame la ministre –, le Sénat a adopté, à l’unanimité, une proposition de résolution du groupe RDSE invitant le Gouvernement à renforcer l’accès aux services publics en privilégiant, en particulier, un accès téléphonique rapide.

Nous avons plus que jamais besoin d’une stratégie, visible par nos concitoyens et les élus responsables de nos territoires, de reconquête des services publics. Les maisons France services, pour utiles qu’elles soient, mais parce qu’elles reposent beaucoup sur l’engagement de nos collectivités, ne peuvent à elles seules pallier ces manques.

Alors que les services du ministre de la transformation et de la fonction publiques préparent l’examen du projet de loi de finances pour 2024 et que les missions budgétaires concernant les services publics sont particulièrement dispersées, …

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Yves Roux

L’accès aux services publics partout et pour tous est l’un des fondements de notre cohésion sociale. Or ces fondements vacillent. La disparition répétée de services publics dans certains territoires depuis des années, leur éloignement, les conditions de la dématérialisation des procédures d’accès à ces services et les disparités d’accès entre les territoires sont autant de raisons qui expliquent les difficultés rencontrées par nos concitoyens.

Dans son rapport d’activité pour l’année 2022, publié le 17 avril 2023 et présenté au Sénat le 14 juin dernier, le Défenseur des droits fait état d’une « hausse continue des réclamations qui témoigne d’un recul des services publics ».

Ce rapport mentionne ainsi, pour le seul volet « relation avec les services publics », 82 000 réclamations liées aux rapports avec les administrations. Ce chiffre est en augmentation de 14 % par rapport à 2021.

Dans son étude de juin dernier, l’association Familles rurales relève pour sa part que, dans les campagnes, 60 % des usagers font état d’une dégradation de l’accès aux services publics ces dernières années. Les auteurs de cette enquête ajoutent : « Le déficit de services publics est le principal frein identifié par le grand public pour s’installer en zone rurale. »

Mes chers collègues, alors qu’un plan d’ampleur est annoncé en faveur de la ruralité, nous devons prendre la mesure de ces situations, qui mettent à mal les efforts des collectivités territoriales et de la puissance publique tout entière.

Le 31 mai dernier – vous le savez, madame la ministre –, le Sénat a adopté, à l’unanimité, une proposition de résolution du groupe RDSE invitant le Gouvernement à renforcer l’accès aux services publics en privilégiant, en particulier, un accès téléphonique rapide.

Nous avons plus que jamais besoin d’une stratégie, visible par nos concitoyens et les élus responsables de nos territoires, de reconquête des services publics. Les maisons France Services, pour utiles qu’elles soient, mais parce qu’elles reposent beaucoup sur l’engagement de nos collectivités, ne peuvent à elles seules pallier ces manques.

Alors que les services du ministre de la transformation et de la fonction publiques préparent l’examen du projet de loi de finances pour 2024 et que les missions budgétaires concernant les services publics sont particulièrement dispersées, …

Debut de section - Permalien
Isabelle Rome, ministre déléguée auprès de la Première ministre, chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l'égalité des chances

Monsieur le sénateur, le déploiement de services publics de qualité est une priorité du Gouvernement. À cet égard, trois axes d'action ont été définis lors du comité interministériel de la transformation publique (CITP) qui s'est tenu le 9 mai dernier.

Premièrement, le programme « 10 moments de vie » a été lancé. Il permet d'apporter des réponses aux questions que se posent tous les Français au quotidien, de la naissance à la perte d'un proche en passant par l'entrée dans la vie étudiante et le départ à l'étranger.

Deuxièmement, l'ensemble des canaux d'accès – numérique, téléphonique ou encore physique – aux services publics ont été améliorés, pour que personne ne soit laissé de côté. Cela passe par un nouveau plan pour renforcer la qualité de l'accueil téléphonique. Notre ambition est d'atteindre un taux de décroché supérieur à 85 % lorsque l'usager demande à entrer en contact avec un agent. Cela passe aussi par l'amélioration de la qualité de nos démarches numériques essentielles : il faut les rendre systématiquement accessibles aux personnes en situation de handicap, en limitant le nombre de justificatifs demandés ou encore en proposant des tutoriels à nos concitoyens pour leurs démarches en ligne.

Troisièmement et enfin, nous poursuivons nos efforts en faveur de ceux qui en ont le plus besoin, les « VIP » (very important persons) du service public. En effet, nos concitoyens les plus éloignés des démarches administratives – les personnes âgées isolées, et les jeunes en difficulté qui savent utiliser les réseaux sociaux, mais ne savent pas remplir un formulaire en ligne – sont aussi les plus en danger. Ils risquent le décrochage, voire l'hyper-précarité, souvent en raison de la complexité des procédures qui leur sont imposées. Le réseau des 2 600 espaces France services est là pour les accompagner et les guider.

Nous allons densifier le bouquet de services, mieux faire connaître ce réseau précieux, utile et plébiscité par nos concitoyens. On y retrouvera France Rénov', le Centre national des œuvres universitaires et scolaires (Cnous), ou encore la Banque de France. La densification du réseau se traduit aussi par la création de 1 500 espaces complémentaires.

Vous le voyez, le Gouvernement est pleinement engagé pour fait vivre ce lien social fort avec ces services publics de proximité, qui permettent à chacun d'avoir accès à ses droits.

Photo de Jean-Yves Roux

… comment le Gouvernement compte-t-il prendre en compte les remarques du Défenseur des droits ?

Photo de Pascale Gruny

La parole est à M. Fabien Genet, auteur de la question n° 742, transmise à M. le ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires.

Photo de Pascale Gruny

La parole est à Mme la ministre déléguée.

Photo de Fabien Genet

M. Fabien Genet. Madame la présidente, quel plaisir et quel honneur de poser à cet instant ma question sous votre présidence, laquelle est toujours aussi exigeante que bienveillante !

Isabelle Rome

Monsieur le sénateur, le déploiement de services publics de qualité est une priorité du Gouvernement. À cet égard, trois axes d’action ont été définis lors du comité interministériel de la transformation publique (CITP) qui s’est tenu le 9 mai dernier.

Premièrement, le programme « 10 moments de vie » a été lancé. Il permet d’apporter des réponses aux questions que se posent tous les Français au quotidien, de la naissance à la perte d’un proche en passant par l’entrée dans la vie étudiante et le départ à l’étranger.

Deuxièmement, l’ensemble des canaux d’accès – numérique, téléphonique ou encore physique – aux services publics ont été améliorés, pour que personne ne soit laissé de côté. Cela passe par un nouveau plan pour renforcer la qualité de l’accueil téléphonique. Notre ambition est d’atteindre un taux de décroché supérieur à 85 % lorsque l’usager demande à entrer en contact avec un agent. Cela passe aussi par l’amélioration de la qualité de nos démarches numériques essentielles : il faut les rendre systématiquement accessibles aux personnes en situation de handicap, en limitant le nombre de justificatifs demandés ou encore en proposant des tutoriels à nos concitoyens pour leurs démarches en ligne.

Troisièmement et enfin, nous poursuivons nos efforts en faveur de ceux qui en ont le plus besoin, les « VIP » (very important persons) du service public. En effet, nos concitoyens les plus éloignés des démarches administratives – les personnes âgées isolées, et les jeunes en difficulté qui savent utiliser les réseaux sociaux, mais ne savent pas remplir un formulaire en ligne – sont aussi les plus en danger. Ils risquent le décrochage, voire l’hyper-précarité, souvent en raison de la complexité des procédures qui leur sont imposées. Le réseau des 2 600 espaces France services est là pour les accompagner et les guider.

Nous allons densifier le bouquet de services, mieux faire connaître ce réseau précieux, utile et plébiscité par nos concitoyens. On y retrouvera France Rénov’, le Centre national des œuvres universitaires et scolaires (Cnous), ou encore la Banque de France. La densification du réseau se traduit aussi par la création de 1 500 espaces complémentaires.

Vous le voyez, le Gouvernement est pleinement engagé pour fait vivre ce lien social fort avec ces services publics de proximité, qui permettent à chacun d’avoir accès à ses droits.

Debut de section - Permalien
Isabelle Rome

Monsieur le sénateur, le déploiement de services publics de qualité est une priorité du Gouvernement. À cet égard, trois axes d’action ont été définis lors du comité interministériel de la transformation publique (CITP) qui s’est tenu le 9 mai dernier.

Premièrement, le programme « 10 moments de vie » a été lancé. Il permet d’apporter des réponses aux questions que se posent tous les Français au quotidien, de la naissance à la perte d’un proche en passant par l’entrée dans la vie étudiante et le départ à l’étranger.

Deuxièmement, l’ensemble des canaux d’accès – numérique, téléphonique ou encore physique – aux services publics ont été améliorés, pour que personne ne soit laissé de côté. Cela passe par un nouveau plan pour renforcer la qualité de l’accueil téléphonique. Notre ambition est d’atteindre un taux de décroché supérieur à 85 % lorsque l’usager demande à entrer en contact avec un agent. Cela passe aussi par l’amélioration de la qualité de nos démarches numériques essentielles : il faut les rendre systématiquement accessibles aux personnes en situation de handicap, en limitant le nombre de justificatifs demandés ou encore en proposant des tutoriels à nos concitoyens pour leurs démarches en ligne.

Troisièmement et enfin, nous poursuivons nos efforts en faveur de ceux qui en ont le plus besoin, les « VIP » (very important persons) du service public. En effet, nos concitoyens les plus éloignés des démarches administratives – les personnes âgées isolées, et les jeunes en difficulté qui savent utiliser les réseaux sociaux, mais ne savent pas remplir un formulaire en ligne – sont aussi les plus en danger. Ils risquent le décrochage, voire l’hyper-précarité, souvent en raison de la complexité des procédures qui leur sont imposées. Le réseau des 2 600 espaces France Services est là pour les accompagner et les guider.

Nous allons densifier le bouquet de services, mieux faire connaître ce réseau précieux, utile et plébiscité par nos concitoyens. On y retrouvera France Rénov’, le Centre national des œuvres universitaires et scolaires (Cnous), ou encore la Banque de France. La densification du réseau se traduit aussi par la création de 1 500 espaces complémentaires.

Vous le voyez, le Gouvernement est pleinement engagé pour fait vivre ce lien social fort avec ces services publics de proximité, qui permettent à chacun d’avoir accès à ses droits.

attaques du loup en saône-et-loire

Debut de section - PermalienPhoto de Fabien Genet

Madame la ministre, depuis trois ans, les troupeaux ovins, caprins et même bovins de mon département de Saône-et-Loire sont régulièrement la cible des attaques du loup. De l'Autunois au Charolais en passant par le Châlonnais, le Clunisois et le Mâconnais, la liste des exploitations touchées s'allonge jour après jour. Chaque fois, c'est le même carnage, la même désolation, la même angoisse et la même souffrance pour l'éleveur, la même colère pour tout un territoire.

Professions agricoles, élus des territoires et parlementaires de tous bords ont pu, le 23 juin dernier, sensibiliser le ministre de l'agriculture à cette situation dramatique lors de sa venue en Saône-et-Loire. Son sens de l'écoute est à saluer, mais il n'est pas le seul décideur. J'ai donc souhaité interroger M. Christophe Béchu, ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires.

Le plan national d'actions sur le loup et les activités d'élevage (PNA) visait à réintroduire une population viable de 500 loups. Or l'Office français de la biodiversité (OFB) dénombre aujourd'hui 800 à 1 000 individus, chiffres que beaucoup jugent encore sous-évalués. On évoque, de plus, une augmentation de 20 % du nombre de spécimens chaque année.

Au regard de ces chiffres, je poserai quatre questions simples.

Premièrement, le gouvernement français entend-il obtenir la modification du classement de la Convention relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Europe, dite Convention de Berne, afin que le loup passe de la catégorie des espèces strictement protégées à celle des espèces protégées ?

Deuxièmement, le nombre de loups prélevés ne devrait-il pas être revu à la hausse, afin que l'on puisse conduire une réelle régulation de l'espèce ?

Troisièmement, et plus largement, le Gouvernement est-il d'accord pour reconnaître que le plan national d'actions sur le loup, dans sa configuration actuelle, ne correspond pas à la topographie d'un territoire bocager comme la Saône-et-Loire ?

Quatrièmement et enfin, le Gouvernement a-t-il étudié les conséquences de la prédation du loup sur l'équilibre des écosystèmes et sur la faune sauvage ?

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

La parole est à M. Fabien Genet, auteur de la question n° 742, transmise à M. le ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires.

Debut de section - PermalienPhoto de Fabien Genet

M. Fabien Genet. Madame la présidente, quel plaisir et quel honneur de poser à cet instant ma question sous votre présidence, laquelle est toujours aussi exigeante que bienveillante !

Debut de section - Permalien
Isabelle Rome, ministre déléguée auprès de la Première ministre, chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l'égalité des chances

Monsieur le sénateur, l'action du Gouvernement relative au loup vise à concilier les activités d'élevage et la préservation de l'espèce, laquelle est strictement protégée par le droit national, européen et international.

Si le retour du loup est positif pour la biodiversité, nous sommes conscients que les attaques répétées contre les troupeaux domestiques sont compliquées pour les éleveurs.

La première priorité est donc de protéger les élevages. L'État joue son rôle pour indemniser les dommages et aider les éleveurs à mettre en place les mesures de protection des troupeaux : clôtures, chiens de protection ou encore gardiennage. En 2022, il a versé 32, 7 millions d'euros, dont environ la moitié issue du Fonds européen agricole pour le développement rural (Feader), aux 3 391 éleveurs ayant déposé une demande d'aide.

Les tirs létaux constituent un complément aux moyens de protection. Ils sont mobilisables dans la limite d'un plafond défini chaque année en fonction de la population lupine estimée. Selon la réglementation en vigueur, ce plafond est fixé à 19 %. Il est toutefois possible d'aller jusqu'à 21 % pour permettre d'assurer la défense des troupeaux jusqu'à la fin de l'année.

Le travail d'élaboration du prochain plan national d'actions sur le loup, qui couvrira la période 2024-2029, a été engagé. Une attention particulière continuera d'être portée aux nouvelles zones de présence, afin d'y déployer rapidement des moyens de protection et, si les conditions sont réunies, d'y autoriser des tirs dérogatoires.

Sans remettre en cause le bon état de conservation de l'espèce, le plan a vocation à étudier tous les aspects de l'accompagnement des éleveurs. Il faut expérimenter ces pistes pour trouver les solutions les plus efficaces et renforcer la coopération avec nos pays voisins sur ce sujet.

Sourires.

Debut de section - PermalienPhoto de Fabien Genet

Madame la ministre, depuis trois ans, les troupeaux ovins, caprins et même bovins de mon département de Saône-et-Loire sont régulièrement la cible des attaques du loup. De l’Autunois au Charolais en passant par le Châlonnais, le Clunisois et le Mâconnais, la liste des exploitations touchées s’allonge jour après jour. Chaque fois, c’est le même carnage, la même désolation, la même angoisse et la même souffrance pour l’éleveur, la même colère pour tout un territoire.

Professions agricoles, élus des territoires et parlementaires de tous bords ont pu, le 23 juin dernier, sensibiliser le ministre de l’agriculture à cette situation dramatique lors de sa venue en Saône-et-Loire. Son sens de l’écoute est à saluer, mais il n’est pas le seul décideur. J’ai donc souhaité interroger M. Christophe Béchu, ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires.

Le plan national d’actions sur le loup et les activités d’élevage (PNA) visait à réintroduire une population viable de 500 loups. Or l’Office français de la biodiversité (OFB) dénombre aujourd’hui 800 à 1 000 individus, chiffres que beaucoup jugent encore sous-évalués. On évoque, de plus, une augmentation de 20 % du nombre de spécimens chaque année.

Au regard de ces chiffres, je poserai quatre questions simples.

Premièrement, le gouvernement français entend-il obtenir la modification du classement de la Convention relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l’Europe, dite Convention de Berne, afin que le loup passe de la catégorie des espèces strictement protégées à celle des espèces protégées ?

Deuxièmement, le nombre de loups prélevés ne devrait-il pas être revu à la hausse, afin que l’on puisse conduire une réelle régulation de l’espèce ?

Troisièmement, et plus largement, le Gouvernement est-il d’accord pour reconnaître que le plan national d’actions sur le loup, dans sa configuration actuelle, ne correspond pas à la topographie d’un territoire bocager comme la Saône-et-Loire ?

Quatrièmement et enfin, le Gouvernement a-t-il étudié les conséquences de la prédation du loup sur l’équilibre des écosystèmes et sur la faune sauvage ?

Debut de section - PermalienPhoto de Fabien Genet

J'entends votre réponse, madame la ministre.

La prochaine mouture du plan national d'actions sur le loup devra tenir compte de la spécificité des territoires bocagers, comme la Saône-et-Loire, pour lesquels la protégeabilité est une véritable question. À défaut, c'est l'élevage qui, à terme, sera menacé.

Puisque vous êtes chargée de l'égalité des chances, vous devez savoir que la brebis et le loup ne sont pas sur un pied d'égalité ! §Nous devons absolument protéger nos élevages. Il y va non seulement de notre souveraineté alimentaire, mais aussi – en Saône-et-Loire, nous en sommes convaincus – de la biodiversité, à laquelle contribuent les éleveurs.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

Nous en avons terminé avec les réponses à des questions orales.

Mes chers collègues, l'ordre du jour de ce matin étant épuisé, nous allons maintenant interrompre nos travaux ; nous les reprendrons à quatorze heures trente.

La séance est suspendue.

Debut de section - Permalien
Isabelle Rome

Monsieur le sénateur, l’action du Gouvernement relative au loup vise à concilier les activités d’élevage et la préservation de l’espèce, laquelle est strictement protégée par le droit national, européen et international.

Si le retour du loup est positif pour la biodiversité, nous sommes conscients que les attaques répétées contre les troupeaux domestiques sont compliquées pour les éleveurs.

La première priorité est donc de protéger les élevages. L’État joue son rôle pour indemniser les dommages et aider les éleveurs à mettre en place les mesures de protection des troupeaux : clôtures, chiens de protection ou encore gardiennage. En 2022, il a versé 32, 7 millions d’euros, dont environ la moitié issue du Fonds européen agricole pour le développement rural (Feader), aux 3 391 éleveurs ayant déposé une demande d’aide.

Les tirs létaux constituent un complément aux moyens de protection. Ils sont mobilisables dans la limite d’un plafond défini chaque année en fonction de la population lupine estimée. Selon la réglementation en vigueur, ce plafond est fixé à 19 %. Il est toutefois possible d’aller jusqu’à 21 % pour permettre d’assurer la défense des troupeaux jusqu’à la fin de l’année.

Le travail d’élaboration du prochain plan national d’actions sur le loup, qui couvrira la période 2024-2029, a été engagé. Une attention particulière continuera d’être portée aux nouvelles zones de présence, afin d’y déployer rapidement des moyens de protection et, si les conditions sont réunies, d’y autoriser des tirs dérogatoires.

Sans remettre en cause le bon état de conservation de l’espèce, le plan a vocation à étudier tous les aspects de l’accompagnement des éleveurs. Il faut expérimenter ces pistes pour trouver les solutions les plus efficaces et renforcer la coopération avec nos pays voisins sur ce sujet.

Debut de section - Permalien
Isabelle Rome

Monsieur le sénateur, l’action du Gouvernement relative au loup vise à concilier les activités d’élevage et la préservation de l’espèce, laquelle est strictement protégée par le droit national, européen et international.

Si le retour du loup est positif pour la biodiversité, nous sommes conscients que les attaques répétées contre les troupeaux domestiques sont compliquées pour les éleveurs.

La priorité est donc de protéger les élevages. L’État joue son rôle pour indemniser les dommages et aider les éleveurs à mettre en place les mesures de protection des troupeaux : clôtures, chiens de protection ou encore gardiennage. En 2022, il a versé 32, 7 millions d’euros, dont environ la moitié issue du Fonds européen agricole pour le développement rural (Feader), aux 3 391 éleveurs ayant déposé une demande d’aide.

Les tirs létaux constituent un complément aux moyens de protection. Ils sont mobilisables dans la limite d’un plafond défini chaque année en fonction de la population lupine estimée. Selon la réglementation en vigueur, ce plafond est fixé à 19 %. Il est toutefois possible d’aller jusqu’à 21 % pour permettre d’assurer la défense des troupeaux jusqu’à la fin de l’année.

Le travail d’élaboration du prochain plan national d’actions sur le loup, qui couvrira la période 2024-2029, a été engagé. Une attention particulière continuera d’être portée aux nouvelles zones de présence, afin d’y déployer rapidement des moyens de protection et, si les conditions sont réunies, d’y autoriser des tirs dérogatoires.

Sans remettre en cause le bon état de conservation de l’espèce, le plan a vocation à étudier tous les aspects de l’accompagnement des éleveurs. Il faut expérimenter ces pistes pour trouver les solutions les plus efficaces et renforcer la coopération avec nos pays voisins sur ce sujet.

La séance, suspendue à douze heures quarante,

Debut de section - PermalienPhoto de Fabien Genet

J’entends votre réponse, madame la ministre.

La prochaine mouture du plan national d’actions sur le loup devra tenir compte de la spécificité des territoires bocagers, comme la Saône-et-Loire, pour lesquels la protégeabilité est une véritable question. À défaut, c’est l’élevage qui, à terme, sera menacé.

Puisque vous êtes chargée de l’égalité des chances, vous devez savoir que la brebis et le loup ne sont pas sur un pied d’égalité ! §Nous devons absolument protéger nos élevages. Il y va non seulement de notre souveraineté alimentaire, mais aussi – en Saône-et-Loire, nous en sommes convaincus – de la biodiversité, à laquelle contribuent les éleveurs.

Photo de Pascale Gruny

Nous en avons terminé avec les réponses à des questions orales.

Mes chers collègues, l’ordre du jour de ce matin étant épuisé, nous allons maintenant interrompre nos travaux ; nous les reprendrons à quatorze heures trente.

La séance est suspendue.

Photo de Pierre Laurent

M. le président. Monsieur le ministre, mes chers collègues, c'est avec une grande émotion que nous avons appris hier la disparition de Léon Gautier, dernier des membres du commando Kieffer, à l'âge de 100 ans.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

Il avait rejoint Londres à seulement dix-huit ans dès juin 1940, puis intégré en 1943 le 1er bataillon de fusiliers marins et commandos.

Il avait débarqué le 6 juin 1944 en Normandie avec ses 176 compagnons, les seuls Français à participer au jour J.

Au moment où disparaît le dernier survivant de ce commando mythique, nous souhaitons saluer l'engagement et la mémoire de l'homme que fut Léon Gautier et, à travers lui, la mémoire de l'ensemble des Français qui combattirent pour notre liberté.

Je vous propose d'observer un moment de recueillement.

Mmes et MM. les sénateurs, ainsi que M. le ministre, observen t une minute de silence .

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

Mes chers collègues, par lettre en date de ce jour, le Gouvernement demande l'inscription à l'ordre du jour du mercredi 12 juillet, après les questions d'actualité au Gouvernement, sous réserve de leur dépôt, des conclusions de l'éventuelle commission mixte paritaire sur la proposition de loi visant à renforcer la protection des familles d'enfants atteints d'une maladie ou d'un handicap ou victimes d'un accident d'une particulière gravité.

Il demande également l'inscription à l'ordre du jour du jeudi 13 juillet, avant la suite du projet de loi pour le plein emploi, sous réserve de leur dépôt, des conclusions de la commission mixte paritaire sur le projet de loi relatif à la restitution des biens culturels ayant fait l'objet de spoliations dans le contexte des persécutions antisémites perpétrées entre 1933 et 1945.

Acte est donné de ces demandes.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

Monsieur le ministre, mes chers collègues, pour la bonne organisation de nos travaux, je vous précise que nous suspendrons la séance vers dix-neuf heures quinze pour les reprendre à vingt et une heures trente.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

La parole est à Mme Jocelyne Guidez, pour une mise au point au sujet de votes.

Debut de section - PermalienPhoto de Jocelyne Guidez

Monsieur le président, lors des scrutins n° 323, portant sur l'article 6 constituant l'ensemble du projet de loi de règlement du budget et d'approbation des comptes de l'année 2021, et n° 324, portant sur l'article 7 constituant l'ensemble du projet de loi de règlement du budget et d'approbation des comptes de l'année 2022, notre collègue Daphné Ract-Madoux souhaitait voter pour, et non s'abstenir.

Par ailleurs, lors du scrutin n° 325 sur la motion n° 1, d'approbation des comptes de la sécurité sociale pour l'année 2022, elle souhaitait voter contre et non pour.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

Acte vous est donné de cette mise au point, ma chère collègue. Elle sera publiée au Journal officiel et figurera dans l'analyse politique du scrutin.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'ordre du jour appelle la discussion de la proposition de loi, adoptée par l'Assemblée nationale après engagement de la procédure accélérée, visant à renforcer la protection des familles d'enfants atteints d'une maladie ou d'un handicap ou victimes d'un accident d'une particulière gravité (proposition n° 393, texte de la commission n° 787, rapport n° 786).

Dans la discussion générale, la parole est à M. le ministre.

Debut de section - Permalien
Jean-Christophe Combe, ministre des solidarités, de l'autonomie et des personnes handicapées

Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, nous connaissons toutes et tous, même si nous n'avons pas été directement confrontés à ces situations, les souffrances et les difficultés que rencontrent de trop nombreuses familles de notre pays : celles dont les enfants sont atteints d'une grave maladie, victimes d'un accident ou en situation de handicap, et dont le quotidien, parce qu'elles sont frappées par le sort, bascule du jour au lendemain.

En tant que ministre des familles, c'est à ces familles que je pense avant tout en m'exprimant aujourd'hui devant vous. Et c'est en leur nom que je me réjouis du chemin déjà parcouru par la proposition de loi déposée à l'Assemblée nationale par le député Paul Christophe, que votre commission des affaires sociales a adoptée la semaine dernière.

Madame la rapporteure, je salue le travail que vous avez accompli à ce titre. Le présent texte a été précisé et enrichi par plusieurs amendements déposés par vos soins.

Beaucoup a été fait ces dernières années en faveur d'un meilleur accompagnement des parents d'enfants malades ou en situation de handicap, souvent d'ailleurs sur l'initiative du Parlement.

Nous avons tous en mémoire le vote, en 2019, de la loi visant à renforcer la prise en charge des cancers pédiatriques par la recherche, le soutien aux aidants familiaux, la formation des professionnels et le droit à l'oubli ; celui, en 2021, de la loi visant à l'accompagnement des enfants atteints de pathologie chronique ou de cancer ; ou encore celui, toujours en 2021, de la loi visant à améliorer les conditions de présence parentale auprès d'un enfant dont la pathologie nécessite un accompagnement soutenu.

Le Gouvernement agit également en matière de recherche.

Vous connaissez l'engagement du ministre de la santé et de la prévention, François Braun, dans la lutte contre les cancers pédiatriques, enjeu médical majeur qui concerne chaque année environ 2 500 enfants et adolescents. Si la majorité d'entre eux guérissent, il nous faut poursuivre nos efforts, car, pour 20 % d'entre eux, il n'y a qu'un seul et unique espoir : le progrès de la recherche.

Le Gouvernement s'y attelle au travers de la stratégie décennale de lutte contre les cancers 2021-2030, dont certaines mesures sont spécifiquement dédiées à cette question.

Nonobstant les progrès accomplis, il nous faut aller plus loin pour améliorer l'accompagnement que nous proposons à ces familles. C'est une demande forte et légitime de leur part et de celle des associations qui les représentent et les soutiennent.

Nombre de ces associations, réunies pour beaucoup au sein de la fédération Grandir sans cancer, agissent au quotidien aux côtés des parents. Elles jouent parfois un rôle salutaire d'aiguillon auprès des pouvoirs publics, pointant certains irritants et proposant l'évolution de certains dispositifs. Je salue ainsi le dialogue qui est engagé avec les associations Eva pour la vie, Rose et Léa.

Je relève aussi l'engagement des chercheurs, des professionnels engagés dans la lutte contre les cancers, maladies graves et handicaps de l'enfant, ainsi que dans l'accompagnement de leurs familles. C'est notamment avec ces acteurs que votre collègue député Paul Christophe, auteur d'un excellent rapport sur le sujet, a rédigé le texte qui vous est présenté aujourd'hui et dont les dispositions, soutenues par le Gouvernement, viendront utilement compléter les mesures fortes déjà appliquées.

Je pense avant tout aux dispositifs de congé de présence parentale (CPP) et d'allocation journalière de présence parentale (AJPP), que cette proposition de loi renforce. Cette prestation est versée chaque année à environ 10 000 parents s'occupant d'un enfant malade, victime d'un accident ou en situation de handicap. Son droit est ouvert pour une période égale à la durée du traitement de l'enfant, fixé par un certificat médical établi par le médecin traitant.

Grâce à la représentation nationale, le nombre maximum de jours du congé indemnisés par l'allocation, fixé à 310, peut être doublé depuis 2021. Ce congé peut ainsi atteindre 620 jours, dans les situations caractérisées par des traitements longs qui nécessitent un arrêt total d'activité de la part de l'un des parents.

Cette amélioration majeure concerne 5 % des bénéficiaires de l'AJPP, qui, face à des maladies longues – j'y insiste, ces situations extrêmement difficiles appellent une présence continue du parent auprès de l'enfant –, allaient auparavant au terme des 310 jours. La représentation nationale a donc eu raison de se saisir de cette question.

Le dispositif fonctionne, mais – les remontées de terrain en témoignent – il est parfois grippé par des délais excessifs. Une telle situation n'est bien sûr pas satisfaisante : il convient de simplifier les démarches.

Il fallait le faire, tout d'abord, au moment de l'ouverture des droits, avec l'idée de procéder à la liquidation de la prestation sans attendre l'avis du service de contrôle médical de la caisse d'assurance maladie. Ce contrôle a priori est parfois retardé du fait de la charge de travail importante des services. Nous passerons à un contrôle a posteriori, qui facilitera l'accès rapide à la prestation.

En matière de renouvellement exceptionnel des droits, une simplification est également prévue, avec la suppression de l'avis explicite aujourd'hui requis de la part du service de contrôle médical.

Ces mesures s'inscrivent pleinement dans la logique gouvernementale en faveur de l'accès rapide et effectif au droit. Ces questions sont au cœur du dialogue que je mène avec l'ensemble des acteurs, en particulier avec la Caisse nationale des allocations familiales (Cnaf). Cette dernière se montre de plus en plus souple : à preuve, elle modernise ses pratiques et les adapte aux attentes et aux besoins de nos concitoyens. Je salue à ce titre l'action des 35 000 agents des caisses d'allocations familiales (CAF), présents au quotidien aux côtés des bénéficiaires qu'ils accompagnent. La prochaine convention d'objectifs et de gestion (COG) entre l'État et la Cnaf, qui sera signée dans les prochains jours, va d'ailleurs dans le sens d'un accès encore plus effectif aux droits.

Les autres dispositions de cette proposition de loi visent à répondre à un ensemble de problématiques liées aux bouleversements que représente, pour les familles concernées, la survenue chez leur enfant d'un accident, d'une maladie ou d'un handicap.

Pour ce qui concerne les problématiques d'ordre professionnel, en renforçant la protection contre le licenciement, ou encore en facilitant le recours au télétravail, ce texte traite de ce que j'aime à qualifier de « responsabilité familiale des entreprises ».

Nous connaissons depuis longtemps la responsabilité sociale et environnementale (RSE). Face aux enjeux de conciliation entre vie familiale et vie professionnelle, et alors que notre rapport collectif au travail est en train de changer, cette composante familiale devient incontournable. Elle commence par une organisation qui tient compte de la dimension parentale du salarié, et donc de l'intérêt des enfants.

Nombre d'entreprises l'ont déjà compris et je souhaite que cette tendance s'accélère. Elles y sont invitées par les articles de ce texte portant allongement de la durée du congé de deuil pour décès d'un enfant et du congé pour l'annonce de la survenue d'un handicap ou d'une affection de longue durée chez un enfant.

Le Gouvernement soutient ces mesures. Il a d'ailleurs déposé un amendement visant à les étendre aux agents de la fonction publique. Dans les faits, elles offriront davantage de temps aux parents concernés par ces situations, pour certaines très difficiles, pour d'autres dramatiques.

Il faut du temps pour faire son deuil ou prendre la mesure de la situation nouvelle et des bouleversements induits. À cet égard, le présent texte contient de nombreuses avancées pour les familles : nous nous retrouverons tous, sans difficulté, pour les soutenir.

Il nous faudra, bien sûr, continuer à rechercher des améliorations. Je suis convaincu que ce travail passe notamment par des initiatives locales, des retours d'expérience et des expérimentations.

À ce titre, le Gouvernement soutient pleinement l'article 5 de la proposition de loi : l'expérimentation qu'il prévoit permettra aux CAF de rester souples et de proposer aux bénéficiaires qu'elles accompagnent des aménagements que nous ne connaissons pas aujourd'hui, mais qui auront peut-être vocation, demain, à être généralisés.

En tout cas, la question se posera toujours en relation avec les parents, dont nous devons entendre les besoins et les attentes, et avec les professionnels qui les accompagnent, lesquels doivent continuer à nous dire ce qui fonctionne et ce qui doit être amélioré.

Applaudissements sur les travées du groupe RDPI, ainsi que sur des travées du groupe UC et au banc des commissions. – Mme Colette Mélot et M. Éric Gold applaudissent également.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

M. le président. La parole est à Mme la rapporteure.

Applaudissements sur des travées des groupes Les Républicains et UC, ainsi qu'au banc de la commission. – M. Jean-Pierre Cor bisez applaudit également.

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Pierre Richer

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, malgré un cadre législatif dynamique, marqué par l'adoption de trois textes depuis 2020, les familles d'enfants atteints d'un handicap ou d'une maladie grave se heurtent encore à des obstacles de natures diverses, tant dans leur situation professionnelle que dans les démarches administratives et médicales à accomplir.

Ces obstacles sont d'autant plus malvenus que les familles concernées sont souvent – il n'est nul besoin de le dire – bouleversées par la situation.

En l'absence d'un projet de loi plus englobant pour améliorer les conditions d'existence des familles, il nous revient donc, de nouveau, de légiférer sur cette question pour répondre à la demande de celles qui connaissent des situations difficiles, et que l'ensemble des associations que j'ai auditionnées m'ont résumée en un mot : répit.

En allégeant leurs démarches et en sécurisant leurs conditions d'existence, cette proposition de loi, inscrite à l'ordre du jour du Sénat par le Gouvernement près de quatre mois après son adoption à l'unanimité par l'Assemblée nationale, vise à permettre aux parents concernés d'être davantage présents physiquement, mais aussi mentalement, auprès de leur enfant.

L'amélioration du CPP et de l'AJPP est au cœur de ce texte. Ces dispositifs permettent au parent d'un enfant dont l'état de santé justifie sa présence d'interrompre son activité professionnelle pendant 310 jours fractionnables, sur une période maximale de trois ans, et renouvelables une fois. En compensation de la perte de revenus qui en découle, les parents bénéficient d'une allocation forfaitaire.

Avant de vous présenter ces dispositions plus en détail, je tiens à remercier l'auteur de cette proposition de loi et rapporteur de l'Assemblée nationale, le député Paul Christophe, dont je salue la présence en tribune aujourd'hui. Je remercie également notre collègue Brigitte Micouleau de son appui et son soutien lors de l'instruction de ce texte au Sénat. Elle est, comme vous le savez, très engagée auprès des familles et des associations.

L'article 1er vise à offrir une protection contre le licenciement aux salariés en congé de présence parentale. Les salariés dont l'enfant souffre d'une maladie ou d'un handicap graves ont un besoin accru de stabilité dans tous les pans de leur vie, au premier chef dans leur vie professionnelle. Pourtant, comme l'ont révélé les auditions, des discriminations et des intimidations qui, fussent-elles rares, n'en sont pas moins inacceptables, restent à déplorer, justifiant ainsi l'intervention du législateur.

En offrant une protection ex ante aux salariés en congé de présence parentale, l'article 1er rend impossible le licenciement d'un salarié en congé de présence parentale du fait même de son statut, hors cas de faute grave et de force majeure, sur le modèle de la protection contre le licenciement des femmes en congé de maternité.

Pour atteindre pleinement son objectif, cette protection devait toutefois s'appliquer à tous les parents en CPP, quels que soient leurs choix professionnels. En ce sens, la commission a adopté cet article modifié par un amendement tendant à préciser que la protection contre le licenciement était applicable à toute la durée du congé de présence parentale, y compris lors des éventuelles périodes de reprise du contrat de travail entre deux périodes de congés.

L'article 1er bis, inséré en séance à l'Assemblée nationale, allonge la durée minimale de deux congés pour événements familiaux. Il couvre deux sujets bien distincts.

D'une part, cet article étend de deux à cinq jours ouvrables la durée du congé pour annonce de la survenue d'un handicap ou d'une pathologie grave chez l'enfant. Cette mesure, plébiscitée par les associations, laissera davantage de temps aux familles pour assimiler la nouvelle et accomplir les démarches prenantes et chronophages auxquelles elles sont confrontées après l'annonce. La commission l'a donc adoptée sans modification.

D'autre part, l'article 1er bis augmente la durée du congé pour le salarié dont un enfant décède. Le texte transmis par l'Assemblée nationale se bornait à porter de cinq à douze jours ouvrables le congé dans le cas général, sans toutefois modifier le congé spécifique pour la perte d'un enfant de moins de 25 ans, qui restait fixé à sept jours ouvrés.

La commission a adopté un amendement tendant à corriger cette incohérence en préservant la position du Sénat, qui, en 2020, a entendu conférer deux jours de congés supplémentaires en pareil cas. Elle a donc fixé à quatorze jours ouvrables le congé minimal pour un salarié confronté à la perte d'un enfant ou d'une personne à charge de moins de 25 ans, ou à la perte d'un enfant lui-même parent.

En concertation avec le Gouvernement, qui en assure la recevabilité financière au titre de l'article 40 de la Constitution, je vous proposerai, au nom de la commission, un amendement visant à répercuter les modifications adoptées pour les salariés sur les agents publics, afin de garantir l'égalité des droits en la matière.

Certes, il ne revient pas à la loi de fixer le congé pour le décès d'un enfant chez les militaires. Mais j'appelle le Gouvernement à leur rendre applicables les modifications mises en œuvre par ce texte s'il devait, comme je l'espère vivement, arriver au terme de son cheminement parlementaire.

L'article 2 simplifie et assouplit le recours au télétravail pour les salariés aidants. Les accords collectifs régissant le télétravail devront désormais évoquer distinctement les modalités d'accès au travail à distance pour ces salariés. En parallèle, l'employeur refusant d'accorder le bénéfice du télétravail à un salarié aidant devra motiver sa décision.

Mes chers collègues, j'en suis consciente, cet article ne touchera pas tous les parents aidants. Ceux dont le métier n'est pas télétravaillable ne pourront pas bénéficier de cette avancée, tout comme ceux dont l'état de santé de l'enfant est incompatible avec l'exercice du télétravail, qui implique – rappelons-le – les mêmes sujétions qu'une activité professionnelle sur site. Toutefois, cet article procède d'une logique vertueuse. Il repose sur la confiance dans le dialogue social pour fixer les dispositions adaptées, afin d'offrir davantage de flexibilité aux salariés aidants. C'est pourquoi la commission l'a adopté sans modification.

Les articles suivants concernent les bénéficiaires de l'allocation journalière de présence parentale.

Comme je l'ai indiqué, cette allocation peut désormais être renouvelée, en vertu de la loi du 15 novembre 2021. Il convient, pour ce faire, qu'un nouveau certificat médical atteste le caractère indispensable de la poursuite des soins contraignants et d'une présence soutenue.

Néanmoins, le renouvellement de l'AJPP est soumis à l'accord explicite du service du contrôle médical de l'assurance maladie, par dérogation au principe appliqué à une première demande, selon lequel le silence gardé pendant deux mois vaut acceptation. De cette inversion de logique résultent des délais trop longs d'instruction des demandes, plaçant les familles dans des situations délicates.

L'article 3 supprime ce caractère explicite. En outre, il permet aux CAF d'accorder une avance sur prestation afin d'éviter toute rupture de ressources pour les parents éligibles à l'AJPP. La commission vous invite à adopter cet article en l'état pour simplifier le recours à la prestation.

Cette même intention se traduit à l'article 5, qui permet aux CAF de mettre en œuvre des innovations, à titre expérimental, dans le service de l'AJPP afin de prémunir ses allocataires de difficultés financières.

L'article 4 apporte lui aussi un ajustement à une réforme récemment votée. La loi de financement de la sécurité sociale (LFSS) pour 2022 a revalorisé le montant de l'AJPP, ainsi que celui de l'allocation journalière du proche aidant (AJPA), calculé selon les mêmes modalités. Ces deux allocations sont désormais indexées sur le Smic et portées à 1 373 euros par mois pour vingt-deux jours d'allocation. La LFSS a toutefois prévu, avec une date d'entrée en vigueur différée au 1er janvier 2024, un mécanisme d'écrêtement pour éviter les effets d'aubaine.

Le montant de ces deux allocations versées aux non-salariés des professions agricoles et à leurs conjoints collaborateurs ne peut excéder les revenus journaliers tirés de leur activité professionnelle.

Cette modulation s'applique aussi aux bénéficiaires d'une allocation chômage. Or le soupçon d'un effet d'aubaine lors de la revalorisation de l'allocation n'est étayé en rien. De plus, la mise en œuvre de ce dispositif, particulièrement complexe, aurait mobilisé des moyens disproportionnés pour la branche famille. Pour ces raisons, la commission est favorable à cet article, qui supprime le mécanisme d'écrêtement.

En vertu de l'article 4 bis, un bailleur ne peut plus refuser le renouvellement du bail à un locataire bénéficiaire de l'AJPP aux ressources modestes, à moins qu'une solution de relogement, correspondant à ses besoins et à proximité géographique, ne lui soit proposée. Les associations entendues en audition ont mentionné des difficultés dans l'accès au logement des bénéficiaires de l'AJPP. Selon elles, la priorité est de garantir la situation de ceux qui disposent déjà d'un logement.

Cette limitation du droit de propriété des bailleurs, analogue à la protection dont bénéficient les personnes âgées de plus de 65 ans aux faibles revenus, ne doit pas être surestimée. D'une part, le nombre de bénéficiaires de l'AJPP est très limité : on en compte 11 000 pour toute la France et tous ne sont pas locataires. D'autre part, la durée de cette protection est en réalité assez réduite : la prestation est, en moyenne, versée pour huit mois seulement et ne peut en aucun cas dépasser six ans. Pour ces raisons, la commission a adopté cet article.

Mes chers collègues, le présent texte contient des avancées très attendues pour les familles confrontées à la maladie ou au handicap graves d'un enfant. Il offrira un parcours simplifié aux allocataires de l'AJPP, protégera davantage les parents concernés de certains risques socioprofessionnels et permettra une meilleure adaptation du monde du travail aux caractéristiques de ces salariés.

La commission vous invite donc à accorder une vaste majorité au texte issu de ses travaux.C'est peu dire que les familles attendent avec une grande impatience le vote de cette proposition de loi.

Applaudissements sur les travées des groupes Les Républicains et UC, ainsi que sur des travées du groupe RDSE. – Mme Colette Mélot applaudit également.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

M. le président. La parole est à M. Xavier Iacovelli.

Applaudissements sur les travées du groupe RDPI. – M. Éric Gold applaudit également.

Debut de section - PermalienPhoto de Xavier Iacovelli

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, l'annonce d'une maladie infantile est toujours un cataclysme, qui frappe la famille concernée et diffuse une onde de choc déstabilisant l'ensemble de ses proches.

Avec l'enfant qui fait face à la pathologie, ses parents et toute sa famille sont confrontés à cette lutte contre la maladie ou le handicap graves, qui devient un combat de tous les jours, parfois même de toute une vie.

Les rendez-vous médicaux, les soins, voire les hospitalisations des enfants obligent souvent l'un des deux parents à aménager son activité professionnelle, parfois à la suspendre.

La proposition de loi que nous examinons aujourd'hui, visant à renforcer la protection des familles d'enfants touchés par une affection de longue durée, est une avancée majeure pour ces milliers de parents. Je pense notamment à ceux qui perçoivent l'allocation journalière de présence parentale et à toutes ces familles qui sont appelées à en bénéficier.

Face à la complexité, que vous avez rappelée, madame la rapporteure, du système auquel elles sont confrontées, des mesures ont été prises au cours des dernières années. Elles portent sur la situation des aidants, qui œuvrent quotidiennement aux côtés de leurs proches en difficulté, ou encore sur le congé familial.

Cette proposition de loi renforce un peu plus encore notre politique publique en faveur des aidants, à laquelle la majorité présidentielle a largement contribué et qu'elle continue de mener.

Je pense évidemment à la stratégie pluriannuelle pour les aidants ou encore à la création d'une assurance vieillesse dédiée.

Néanmoins – je le rappelle une fois de plus –, des obstacles, notamment des freins administratifs, compliquent encore inutilement la vie de ces familles.

Concrètement, cette proposition de loi permettra d'appliquer aux parents d'enfants malades les mêmes mécanismes de protection qu'aux adultes. Elle améliore la reconnaissance des obligations des parents qui accompagnent quotidiennement leur enfant dépendant ou malade. Elle facilite leur travail en favorisant le télétravail ou les aménagements de poste. Elle renforce la protection contre le licenciement, en inscrivant dans le code du travail la protection contre le licenciement et les mutations pour tout parent salarié dans l'obligation de réduire ou de cesser son activité professionnelle. De même, elle consolide leur droit au logement, en interdisant au bailleur de refuser un renouvellement de bail locatif à des locataires ayant un enfant touché. Elle améliore aussi leur accès à l'AJPA et à l'AJPP tout en supprimant la mesure d'écrêtement de ces aides.

Cette proposition de loi s'attache donc à améliorer la protection des parents. Ce faisant, elle s'inscrit dans la continuité des actions menées par le Gouvernement au cours des dernières années.

Je pense notamment à la loi du 8 mars 2019 visant à renforcer la prise en charge des cancers pédiatriques par la recherche, le soutien aux aidants familiaux, la formation des professionnels et le droit à l'oubli. Je pense aussi à la loi du 15 novembre 2021 visant à améliorer les conditions de présence parentale auprès d'un enfant dont la pathologie nécessite un accompagnement soutenu, autre marqueur fort de notre politique.

Je salue le travail de notre collègue député Paul Christophe, présent en tribune, qui est à l'initiative de ce texte. Je salue aussi le travail de tous les parlementaires qui, avec bienveillance, ont apporté leur contribution. Grâce à eux, nous parvenons à un texte réellement abouti, qui – une fois n'est pas coutume, qui plus est ces derniers temps – a fait consensus à l'Assemblée nationale.

Mes chers collègues, vous connaissez mon engagement personnel pour l'enfance, la protection des droits de l'enfant et la politique du handicap. Je ne puis que me féliciter de cette avancée en faveur des droits familiaux.

Accompagner les enfants vivant avec un handicap, atteints d'une maladie ou victimes d'un accident, c'est aussi accompagner leurs parents, qui les entourent chaque jour. On l'a dit : leurs difficultés sont d'abord d'ordre administratif. Ces parents doivent se familiariser du jour au lendemain avec de nombreuses procédures. Surtout, ils subissent un choc financier : près d'un ménage sur quatre touchant l'allocation d'éducation de l'enfant handicapé (AEEH) vit sous le seuil de pauvreté.

Malheureusement, les plus précaires sont souvent des mères isolées, qui subissent ainsi une double peine. Dans les familles ayant un enfant handicapé, le taux de divorce atteint 85 %, contre 45 % dans les autres familles.

Mme Nassimah Dindar le confirme.

Debut de section - PermalienPhoto de Xavier Iacovelli

Avec ce texte, nous accomplissons un pas de plus pour faciliter le quotidien des parents. Nous réduisons autant que possible les différents obstacles administratifs et financiers qu'ils rencontrent afin qu'ils puissent être présents, autant que nécessaire, auprès de leur enfant. Cela leur permettra de concilier cette situation exceptionnelle avec leur activité professionnelle.

Tout soutien, toute facilitation est bienvenu dans ces moments si difficiles. Contribuer à la protection et à l'accompagnement de ceux qui en ont le plus besoin est, bien sûr, l'une de nos plus grandes préoccupations en tant que législateur.

Enfin, je tiens à rendre hommage au remarquable travail de tous les bénévoles qui œuvrent au quotidien, aux côtés des enfants et des familles, dans les associations et dans les hôpitaux, pour offrir aux jeunes malades un peu de joie et d'espoir.

Cette proposition de loi apporte des réponses concrètes et un peu d'humanité aux familles d'enfants victimes d'une maladie grave reconnue en affection de longue durée. Les élus du groupe RDPI la voteront sans hésitation.

Applaudissements sur les travées du groupe RDPI, ainsi que sur des travées du groupe UC. – Mmes Véronique Guillotin et Colette Mélot applaudissent également.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

M. le président. La parole est à Mme Annie Le Houerou.

Applaudissements sur des travées du groupe SER.

Debut de section - PermalienPhoto de Annie Le Houerou

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, l'annonce d'une affection de longue durée, d'une maladie grave d'un enfant ou d'un handicap bouleverse le quotidien de la famille confrontée à cette situation.

En examinant cette proposition de loi, nous pensons avant tout à ces familles.

Outre le choc difficile à encaisser, l'annonce conduit à modifier les habitudes de vie. Elle peut toucher de nombreux aspects du quotidien et contraint parfois à trouver un nouveau logement, plus adapté.

Cette période impose de nombreux rendez-vous, notamment médicaux, qui viennent perturber la fragile organisation conçue pour concilier vie professionnelle et vie familiale.

Cette nouvelle donne se traduit souvent par la décision de la mère de famille – c'est généralement elle qui s'y résout – d'arrêter de travailler pour s'occuper de son enfant. Ce bouleversement dans la vie familiale justifie un soutien exceptionnel.

Malgré les dispositifs existants, les parcours sont semés d'embûches. J'y insiste, ce sont très souvent les mères qui doivent adapter leur activité professionnelle, opter pour un temps partiel ou cesser de travailler. Les revenus du foyer s'en trouvent diminués. Le recours aux droits découlant de cette nouvelle situation exige du temps ; il est souvent retardé par des freins administratifs.

À ce choc s'ajoutent des problèmes financiers, le stress lié à la crainte d'une perte d'emploi et l'inquiétude de subir des impayés. Garantir la sécurité de l'emploi et protéger l'employé pour passer ce cap difficile rassure.

Outre-mer, ces difficultés sont exacerbées. §L'éloignement des services publics et les inégalités territoriales d'accès aux soins touchent particulièrement les enfants ultramarins. Les parents accompagnent parfois leur enfant en métropole et se trouvent donc contraints de quitter leur emploi. Les coûts supplémentaires induits aggravent encore leur détresse.

Le suivi et l'accompagnement de ces familles sont mal pris en compte. Une attention particulière et un soutien doivent leur être apportés par la collectivité nationale.

Même si cette proposition de loi ne résout pas l'ensemble des problématiques auxquelles doivent faire face les familles touchées, elle améliore les dispositifs existants.

Nous sommes satisfaits de l'adoption à l'unanimité par l'Assemblée nationale de ce texte, présenté par notre collègue député Paul Christophe le 3 mars dernier.

Cette proposition de loi permet notamment aux CAF de verser des avances sur l'AJPP. Cette allocation est attribuée par la caisse primaire d'assurance maladie (CPAM), sous conditions, pour permettre au parent de cesser temporairement son activité afin de s'occuper de son enfant malade ou handicapé. L'avance est rendue possible dans l'attente de l'avis de la CPAM.

En outre, le présent texte supprime l'accord explicite du service du contrôle médical lors du renouvellement de l'AJPP.

Nous saluons aussi la possibilité donnée aux CAF d'expérimenter sur trois ans une simplification et une amélioration de l'accompagnement des familles bénéficiaires de l'AJPP. Certaines CAF avancent des propositions concrètes pour améliorer la prise en charge des familles confrontées à ces situations.

L'allongement du congé à douze jours pour décès d'un enfant et la protection du droit au logement pour les parents d'enfants handicapés ou malades, sur le même modèle que pour les personnes âgées, vont eux aussi dans le bon sens.

Nous souhaiterions aller plus loin, en créant notamment un statut d'employé plus protecteur pour les parents d'enfants touchés par la longue maladie ou le handicap.

Nous regrettons le rejet en commission des affaires sociales de plusieurs de nos amendements. Il nous semble notamment important de rétablir la rédaction initiale de l'article 1er, qui était plus protectrice.

La commission a voté la possibilité pour l'employeur de rompre le contrat en cas de faute grave ou d'impossibilité de maintenir le contrat pour un motif étranger à l'état de santé de l'enfant de l'intéressé. Cette limitation de la protection de l'employé est certes de nature à rassurer les employeurs ; on ne peut pas en dire autant pour ce qui concerne les salariés.

Nous souhaitons également allonger la durée du congé pour annonce de la survenue d'un handicap ou d'une pathologie chronique de l'enfant. Nous avons proposé dix jours au lieu des cinq retenus à l'issue des travaux de l'Assemblée nationale et de notre commission des affaires sociales. Il s'agit certes d'un progrès par rapport à la durée actuelle, fixée à deux jours. Mais cinq jours restent insuffisants pour permettre aux parents de faire face au choc provoqué par une telle annonce et à toutes ses implications. Ce moment douloureux réclame du temps pour envisager les différentes démarches à accomplir.

Le présent texte contient une autre avancée : il facilite le télétravail. Cette option permet de mieux concilier vie professionnelle et vie familiale lorsque les circonstances et l'emploi l'autorisent. Elle évite l'isolement que pourrait entraîner l'arrêt complet du travail. L'aménagement du poste de travail sous la forme du télétravail doit pouvoir être étudié pour tout salarié chargé d'un enfant ou d'un proche atteint d'une maladie grave ou d'un handicap, lorsque l'intéressé le souhaite.

Un de nos amendements vise à mieux faire connaître cette possibilité, via la notification obligatoire par l'employeur à la personne salariée de la possibilité de télétravailler ou d'adapter son poste. Cette information permet d'évoquer les possibilités envisageables selon le contexte particulier de l'emploi.

Nous proposons également de garantir aux parents d'enfants atteints de maladie grave ou gravement handicapés un poste de télétravail dont le matériel nécessaire et adapté serait à la charge de l'employeur.

Cette proposition de loi crée de nouveaux droits pour faciliter la vie des familles confrontées à ces situations douloureuses. Elle assure une simplification bienvenue des démarches. Les élus du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain la voteront.

La définition d'un statut des aidants familiaux et leur reconnaissance dans une approche plus globale pourraient toutefois trouver leur place dans une grande loi relative à l'adaptation de notre société à la perte d'autonomie ; une grande loi que nous attendons avec impatience, monsieur le ministre !

Applaudissements sur les travées des groupes SER et CRCE, ainsi que sur des travées du groupe UC. – M. Jean-Pierre Corbisez applaudit également.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

M. le président. La parole est à Mme Cathy Apourceau-Poly.

M. Jean-Pierre Corbisez et Mme Nassimah Dindar applaudissent.

Debut de section - PermalienPhoto de Cathy Apourceau-Poly

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, nombreuses sont les familles qui doivent affronter la maladie d'un enfant et renforcer leur présence auprès de lui.

Ne l'oublions pas : lorsqu'un enfant est malade, c'est toute une famille qui est bouleversée. Certains parents renoncent à toute vie professionnelle ou sociale pour s'occuper de leur enfant. D'autres tentent de trouver des solutions pour concilier leur mission familiale avec la nécessité de subvenir aux besoins du foyer.

Cette proposition de loi s'inscrit dans la continuité des initiatives parlementaires visant à améliorer l'accompagnement des familles, notamment de celles dont un membre est en situation de handicap ou de maladie.

Ces dernières années, plusieurs textes ont renforcé la prise en charge des cancers pédiatriques et ont permis d'améliorer l'accompagnement des enfants atteints de pathologies graves et celui de leurs parents. Pourtant, il reste beaucoup à faire.

Ces initiatives parcellaires démontrent la nécessité d'une loi qui offre un cadre global protecteur pour l'ensemble des familles, afin de lever les obstacles à la conciliation entre présence parentale et vie professionnelle et de renforcer leurs droits, notamment au travail.

En portant la durée du congé de présence parentale de deux à cinq jours en cas de survenue d'un handicap, d'une pathologie chronique ou d'un cancer chez l'enfant, ce texte améliore précisément la conciliation entre vie professionnelle et vie familiale. Il faudrait que ce congé soit pris en charge à 100 % par la sécurité sociale et que les conditions permettant d'en bénéficier soient encore étendues ; mais c'est malgré tout une avancée.

Faciliter le télétravail pour les parents est également une mesure positive. En permettant à ces derniers de demeurer près de leurs proches, le télétravail apporte de la souplesse dans l'organisation des familles.

Quant à l'interdiction de licenciement d'un salarié pendant la durée du congé de présence parentale, elle traduit un renforcement des droits tout à fait bienvenu.

En parallèle, le présent texte lève des freins à l'accès aux droits en supprimant l'obligation d'un accord explicite du service du contrôle médical lors du renouvellement de l'allocation journalière de présence parentale. De même, il supprime la mesure d'écrêtement pour l'allocation journalière de proche aidant des travailleurs indépendants et des personnes en recherche d'emploi. Mais ces mesures de justice et de progrès en appellent d'autres.

Par ailleurs, nous espérons que les expérimentations lancées dans les CAF permettront d'élargir le périmètre des bénéficiaires et le montant de l'allocation journalière de présence parentale.

Enfin, l'ajout de l'interdiction de refuser le renouvellement d'un bail locatif à des locataires ayant un enfant atteint d'une maladie grave ou d'un handicap constitue une protection supplémentaire, face aux bailleurs qui souhaiteraient ne pas renouveler un contrat locatif.

Au total, nous avons le sentiment que de nombreux textes de loi se suivent pour améliorer par petits bouts les droits des familles et l'accompagnement des plus fragiles – personnes âgées, personnes handicapées et enfants malades. Par ces initiatives, les groupes de la majorité gouvernementale tentent de compenser le renoncement du Gouvernement à proposer un véritable projet de loi dédié à la perte d'autonomie.

Monsieur le ministre, ce n'est pas la création d'une cinquième branche de la sécurité sociale, financée uniquement par les cotisations des salariés et les impôts des citoyens, qui permettra d'adapter notre société aux défis de demain. Sans une mise à contribution des entreprises, des revenus financiers et des plus riches, vous ne pourrez pas financer la prise en charge de la perte d'autonomie, sauf à réduire encore les remboursements de la sécurité sociale.

En attendant cette grande loi pour l'autonomie, les élus du groupe communiste républicain citoyen et écologiste voteront le présent texte.

Applaudissements sur les travées du groupe CRCE et sur des travées du groupe SER. – M. Jean-Pierre Corbisez, Mme s Colette Mélot, Nassimah Dindar et Brigitte Micouleau applaudissent également.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

M. le président. La parole est à Mme Jocelyne Guidez.

Applaudissements sur les travées du groupe UC, ainsi qu'au banc des commissions. – Mme Brigitte Micouleau applaudit également.

Debut de section - PermalienPhoto de Jocelyne Guidez

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, j'ouvrirai mon propos par une citation de l'abbé Pierre : « Nous sommes tous ensemble responsables, responsables de nous-mêmes et responsables les uns des autres, c'est cela la grandeur d'être homme. »

Je salue à mon tour le travail de Paul Christophe, l'auteur de cette proposition de loi – je ne suis pas étonnée de la qualité de son texte : j'ai travaillé avec lui à plusieurs reprises sur des propositions de loi relatives aux aidants –, ainsi que celui de notre collègue rapporteure, Marie-Pierre Richer, qui éclaire avec précision les enjeux de cet important dossier législatif.

Ce texte apporte des solutions de proximité pour faire évoluer nos mécanismes de solidarité. Il prend en compte les contraintes et besoins des parents dont l'enfant est atteint d'une maladie, d'un handicap, ou victime d'un accident d'une particulière gravité, afin de les aider à traverser cette épreuve extrêmement douloureuse. Il étend aux parents d'enfants malades les dispositifs prévus pour les adultes placés dans une situation semblable.

Ces parents, souvent jeunes, qui forment parfois un foyer monoparental, doivent faire face à la maladie de leur enfant et accompagner ce dernier. Pour eux, la conciliation entre vie professionnelle et vie personnelle devient dès lors très délicate. L'enfant malade exigeant une attention particulière et une présence soutenue, ils doivent endosser plusieurs rôles : tout en restant parents, ils deviennent soignants, accompagnateurs, experts administratifs ou encore instituteurs.

Pour eux, les obstacles sont nombreux : freins administratifs, délais d'attente de plusieurs semaines, voire de plusieurs mois, difficultés financières… S'y ajoutent le possible manque de compréhension de l'employeur et l'obligation de diminuer son temps de travail, voire de cesser son activité pour s'occuper de son enfant.

Afin de réduire ces difficultés, des avancées majeures ont été accomplies ces dernières années en faveur de l'accompagnement des proches aidants, grâce à l'ouverture de nouveaux droits. De récentes réformes ont encore amélioré la protection des familles concernées. Néanmoins, il est nécessaire de veiller collectivement à la diffusion des possibilités offertes à nos concitoyens, afin que les familles soient mieux informées de leurs droits.

Nous ne pouvons que saluer les dispositions de cette proposition de loi, qu'il s'agisse de l'allongement de la durée des congés accordés, de l'accélération des procédures ou encore de la simplification du recours aux prestations par les bénéficiaires.

La protection contre le licenciement des salariés en congé de présence parentale nous semble une adaptation bienvenue. Un amendement de Mme la rapporteure vise à garantir l'effectivité de cette mesure, y compris lors d'éventuelles périodes de reprise du contrat de travail entre deux congés auprès de l'enfant. Il tend à accorder aux parents en congé de présence parentale un niveau de protection identique, quels que soient leurs choix professionnels. Dès lors, un parent d'enfant malade ou handicapé qui souhaiterait garder un lien avec son travail et fractionner son congé serait aussi bien protégé que celui qui chercherait à poser en un bloc l'ensemble des jours auxquels il a droit.

De plus, le présent texte renforce le recours au télétravail pour les salariés aidants. L'employeur devra ainsi motiver son éventuel refus d'accorder à un salarié aidant la possibilité de travailler à distance.

Ces mesures réduisent les risques de discrimination et assurent une meilleure adaptation du monde du travail aux caractéristiques des salariés en question.

Nous sommes convaincus du bien-fondé de ces dispositifs, qui répondent au besoin de stabilité des parents. Il s'agit de mieux protéger ces derniers de certains risques socioprofessionnels afin qu'ils puissent se consacrer pleinement au combat de leur enfant.

Nous nous réjouissons évidemment de l'augmentation de la durée du congé pour l'annonce du handicap ou d'une pathologie d'un enfant. Pour les parents, une telle annonce constitue inévitablement un choc psychologique. Elle impose à la famille une nouvelle organisation et un apprentissage de la gestion de la maladie.

La loi du 17 décembre 2021 visant à l'accompagnement des enfants atteints de pathologie chronique ou de cancer a permis aux parents concernés de bénéficier d'un congé de deux jours. Face aux besoins et à la lourdeur des procédures à engager, les associations ont jugé cette durée insuffisante.

Cette proposition de loi permet d'aller un peu plus loin en portant ce congé à cinq jours ouvrables. Les familles auront ainsi davantage de temps pour assimiler la nouvelle, se renseigner sur le diagnostic posé et accomplir les multiples démarches administratives et médicales auxquelles elles sont confrontées.

Par amendement, la commission des affaires sociales a porté de sept jours ouvrés à quatorze jours ouvrables le congé minimal applicable en cas de décès d'un enfant ou d'une personne à charge de moins de 25 ans, ou d'un enfant lui-même parent. Les familles auront ainsi davantage de temps pour se recueillir et mener les démarches qui s'imposent, sans contrainte professionnelle.

L'article 3 permet aux caisses d'allocations familiales de verser l'allocation journalière de présence parentale dans l'attente de l'avis du service du contrôle médical des caisses primaires d'assurance maladie. Ces avances sur prestation contribueront à réduire les délais de traitement et permettront aux parents d'enfants malades de voir leurs arrêts d'activité compensés plus rapidement.

Compte tenu des difficultés que les bénéficiaires de l'AJPP rencontrent pour se loger, il paraît prioritaire de garantir la situation de ceux qui disposent déjà d'un logement adapté.

En vertu de l'article 4 bis, un bailleur ne peut plus donner congé à un locataire bénéficiaire de l'AJPP dont les ressources sont inférieures au plafond prévu pour les logements conventionnés lors du renouvellement du bail, à moins que l'on ne propose à ce locataire un logement, à proximité, correspondant à ses besoins. Cette protection, qui limite le droit de propriété des bailleurs, ne pourrait courir au-delà de six années.

L'article 5 favorise la mise en œuvre des innovations, à titre expérimental, dans le service consacré aux AJPP des CAF afin de mieux accompagner les allocataires et de les aider à se prémunir contre les difficultés financières.

Enfin, nous nous devons d'évoquer deux points importants concernant les travailleurs indépendants et les territoires ultramarins.

Nous ne saurions oublier les travailleurs indépendants, notamment les commerçants et les artisans qui limitent leur activité professionnelle lors du parcours de soins de leurs enfants. Il est nécessaire de leur assurer la survie de leur activité économique.

Nous tenons également à insister sur la spécificité sanitaire des territoires ultramarins et sur ses conséquences humaines, sociales et financières. Une famille de l'Hexagone bénéficiera le plus souvent d'une prise en charge dans un hôpital de sa région de résidence, quand une famille ultramarine devra parfois se rendre en France métropolitaine pour y faire soigner son enfant, en général en région parisienne, où les prix sont particulièrement élevés, notamment pour se loger.

Cette situation est très pénalisante, particulièrement dans le cas d'un traitement de longue durée : les pathologies les plus graves, comme les cancers, peuvent entraîner de nombreux mois d'hospitalisation et induire des périodes d'attente entre différents traitements, pendant lesquelles les malades ne sont pas autorisés à rentrer outre-mer.

Mme Nassimah Dindar acquiesce.

Debut de section - PermalienPhoto de Jocelyne Guidez

Nous le savons, il reste du chemin à parcourir pour accompagner ces familles : cette proposition de loi n'est qu'un premier pas. Il est temps d'accorder aux parents l'attention et les ressources nécessaires pour les aider à faire face aux défis auxquels ils sont confrontés.

Les attentes sont multiples : mise en place d'une stratégie de communication et de sensibilisation à destination de plusieurs cibles, repérage des parents aidants, information et formation des professionnels et des employeurs, etc. De même, il est primordial de structurer l'offre de répit et de rendre accessibles ces solutions en faveur des salariés aidants.

Les élus du groupe Union Centriste voteront ce texte, qui contient des mesures de bon sens pour répondre aux attentes de toutes ces familles, dont ils saluent le courage.

Applaudissements sur les travées des groupes UC et RDPI, ainsi que sur des travées des groupes INDEP et Les Républicains.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

M. le président. La parole est à Mme Véronique Guillotin.

Applaudissements sur les travées du groupe RDSE. – Mme Nassimah Dindar applaudit également.

Debut de section - PermalienPhoto de Véronique Guillotin

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, lorsque nous pensons aux enfants, nous voyons apparaître des images d'innocence et de joie ; nous voyons se dessiner la promesse d'un avenir radieux. Pourtant, quand la maladie s'immisce dans leur vie ou qu'un accident survient brutalement, tout ce que nous tenons pour acquis est bouleversé. Cet invité indésirable, qui perturbe les rires, les jeux et les rêves, remplit d'incertitudes et de peurs le quotidien de toute leur famille.

Même si les enfants font preuve d'une grande résilience et sont capables d'une incroyable force intérieure, la présence réconfortante de leurs parents, le dévouement et l'amour de ces derniers sont indispensables au parcours de soins.

Alors que le travail est souvent au centre de nos vies, le quotidien de ces familles est rythmé par les visites chez les médecins, les hospitalisations et les traitements. Les parents consacrent la plus grande part de leur temps et de leur énergie à prendre soin de leur enfant au détriment de leur vie sociale et professionnelle.

Face à ces défis, il est essentiel de prendre en compte les besoins spécifiques de ces familles et de les accompagner pour les aider à traverser ces épreuves.

Depuis plusieurs années, le législateur s'est emparé de la question. Il a cherché à renforcer la protection des proches aidants et des familles ayant un enfant atteint d'une longue maladie. Plusieurs textes ont ainsi permis d'apporter un certain nombre d'améliorations.

Cette proposition de loi s'inscrit dans la même démarche : elle vise à assurer une présence parentale nécessaire dans une période difficile, sans pour autant mettre en danger la situation financière de la famille. Les travaux menés tant à l'Assemblée nationale qu'au Sénat ont permis d'enrichir son contenu.

Tout d'abord, le présent texte protège du risque de licenciement les parents dont l'état de santé de l'enfant est dégradé et qui sont contraints de réduire leur activité professionnelle. C'est une très bonne chose. Si le code du travail protège effectivement les salariés contre toutes les formes de discrimination, notamment au regard de leur situation familiale, il est important d'accorder une protection spécifique à ces parents afin qu'ils puissent concilier vie professionnelle et vie personnelle.

Je salue le travail de Mme la rapporteure, qui a permis de sécuriser ce dispositif : le licenciement sera interdit non seulement pendant les périodes de congé, mais aussi pendant les reprises professionnelles qui peuvent séparer deux périodes de congé de présence parentale.

Par ailleurs, cette proposition de loi facilite les démarches administratives pour le renouvellement de l'allocation journalière de présence parentale en supprimant la condition d'accord explicite du service du contrôle médical. Cette condition, qui implique de longs délais, empêche bien souvent le renouvellement de l'allocation.

Pour ce qui concerne le congé de présence parentale et l'allocation journalière de présence parentale, il reste toutefois beaucoup à faire : il est indispensable de renforcer l'information à destination des familles concernées, des entreprises et, bien sûr, des services sociaux des hôpitaux pour rendre le droit à ces aides plus effectif.

Je me félicite que le recours au télétravail soit facilité pour que ces parents – dans la très grande majorité des cas, il s'agit des mères – puissent plus aisément concilier leurs responsabilités professionnelles et familiales.

La suppression de la mesure d'écrêtement de l'allocation journalière de présence parentale et de l'allocation journalière du proche aidant pour les travailleurs indépendants et les personnes en recherche d'emploi va dans le bon sens, ainsi que l'interdiction de refuser le renouvellement d'un bail locatif à des locataires ayant un enfant atteint d'une maladie grave ou d'un handicap.

Enfin, l'allongement du congé pour l'annonce du handicap ou d'une pathologie d'un enfant du salarié, mesure plébiscitée par les associations, nous paraît évidemment très pertinente. Les familles auront davantage de temps pour assimiler la douloureuse information et faire face aux innombrables démarches qu'elles doivent entreprendre après l'annonce. Il est essentiel que nous reconnaissions l'importance de ces premiers instants.

Même si l'on peut se demander s'il est bien pertinent de toucher au congé pour décès d'un enfant dans le cadre de cette proposition de loi, je me félicite que notre commission ait répercuté l'allongement souhaité par les députés sur le congé spécifique pour la perte d'un enfant de moins de 25 ans, pour le fixer à quatorze jours.

La douleur incommensurable liée au décès d'un enfant bouleverse la vie des parents. Des jours supplémentaires ne combleront jamais cette immense perte, mais il est important de donner aux familles un peu plus de temps pour effectuer les démarches matérielles et administratives.

Pour toutes ces raisons, la totalité du groupe RDSE apportera un soutien sans réserve à cette proposition de loi.

Applaudissements sur les travées du groupe RDSE, sur des travées du groupe UC, ainsi qu'au banc des commissions. – Mme Colette Mélot applaudit également.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

M . le président. La parole est à Mme Alexandra Borchio Fontimp.

Applaudissements sur des travées du groupe Les Républicains. – Mme Nassimah Dindar applaudit également.

Debut de section - PermalienPhoto de Alexandra Borchio Fontimp

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, quand un enfant tombe malade, nombre d'existences sont mises entre parenthèses pendant un moment indéterminé. Entre la souffrance de l'attente et la douleur du diagnostic annoncé, des milliers de nos concitoyens affrontent chaque année l'un des moments les plus difficiles de leur vie de parent.

Annoncer une maladie grave, que ce soit à la naissance ou au cours de la croissance, c'est dévoiler une affection potentiellement mortelle à l'heure où l'on ne devrait fêter que la vie. La seule évocation du diagnostic fait planer le spectre insupportable de la souffrance due à la maladie et aux traitements.

Cette annonce, avec le programme thérapeutique que le diagnostic implique, va bouleverser le vécu de l'enfant et de sa famille.

Cette irruption imprévisible de la menace de mort rejette ainsi au second plan la construction naturelle de l'enfant et sa capacité à se projeter dans l'avenir. Elle le contraint, comme ses parents, à une vie désormais confinée au présent. Pourtant, ces derniers doivent rester forts et dignes. Ils ne doivent jamais baisser les bras en dépit des difficultés.

Mes chers collègues, nous nous retrouvons une fois de plus pour examiner un texte dont l'objectif fait l'unanimité sur les travées de cet hémicycle. Accompagner les parents face à la détresse de la maladie et du handicap est un devoir auquel nous ne pouvons nous soustraire.

Si l'anarchie de gestion de nos finances publiques a mené à une dette explosive, il est des choix politiques qui sont des obligations morales dont la Nation ne peut faire fi : comment expliquer à ces parents anxieux que nous ne pouvons faire ni plus ni mieux ? Soyons fiers d'adopter – je l'espère – aujourd'hui une belle avancée législative représentant un premier progrès tant attendu par les associations et par les familles elles-mêmes.

Marraine de l'association Adrien, qui œuvre au quotidien auprès des enfants malades, je m'exprime en tant que sénatrice des Alpes-Maritimes et, bien sûr, au nom du groupe Les Républicains, mais avant tout en tant que témoin du calvaire qu'endurent les familles. C'était une de mes promesses, dont témoigne l'une de mes premières propositions de loi déposées au Sénat : je me suis engagée à porter la voix des enfants et de leurs parents qui demandent, certes, à être entendus, mais surtout à être compris.

Toutes ces familles subissent une double peine : il faut affronter la maladie de l'enfant, gérer ses émotions pour ne rien laisser transparaître et, en même temps, poser des jours de congés auprès de son employeur.

Beaucoup d'entre nous étant parents, je vous pose la question : face à un tel drame, ne seriez-vous pas présent aux côtés de votre enfant vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept ?

Il aura fallu attendre 2020 pour qu'un droit de congé en cas de décès d'un enfant de moins de 25 ans soit reconnu, soit sept jours pour faire face au choc et pour accomplir les démarches nécessaires. Notre pays ne pouvait pas faire moins.

Il aura fallu attendre 2021 pour que la maladie chronique invalidante ou le cancer de l'enfant soient retenus comme motifs justifiant le bénéfice de ce congé spécifique des parents, qui, trop souvent, vient bouleverser l'équilibre socio-économique de la cellule familiale.

La même année, par la loi du 15 novembre, le congé a été rendu renouvelable pour une durée équivalente, comme si l'on supposait auparavant qu'une telle maladie avait une durée limitée.

Madame la rapporteure, je vous remercie du travail rigoureux que vous avez mené lors de l'examen de ce texte en commission. Je ne puis que soutenir votre rédaction, car elle permettra de mieux adapter le monde du travail aux difficultés que traversent ces familles. Elle protégera enfin les salariés en congé de présence parentale contre le licenciement, comme c'est le cas pour le congé de maternité ; cette disposition faisait d'ailleurs l'objet d'un article de ma proposition de loi. Ce texte simplifiera le parcours des familles afin de les soulager un tant soit peu dans cette douloureuse épreuve.

Chère Marie-Pierre Richer, je salue les avancées que vous avez défendues. Grâce à l'adoption d'un de vos amendements, un oubli dommageable a été corrigé et des familles ont été rassurées. Désormais, les parents d'un enfant de moins de 25 ans qui viendrait à décéder auront droit, eux aussi, au bénéfice du congé prévu à cet effet. Notre pays sait accompagner et soutenir les plus vulnérables. Face à la maladie d'un enfant, la solidarité s'impose à tous.

En France, chaque année, 1 800 à 2 000 nouveaux cas d'enfants atteints de cancer sont recensés. En trente ans, la proportion d'enfants conduits à la guérison n'a cessé de croître. Elle est désormais de trois quarts. Ces chiffres encourageants font toutefois écho à une réalité brutale : un sur quatre ne guérira pas, malgré les traitements administrés.

N'attendons pas de vivre nous-mêmes cette épreuve et d'être confrontés au quotidien de ces familles pour nous engager plus avant et faire évoluer notre législation vers une meilleure protection. Les membres du groupe Les Républicains voteront ce texte.

Applaudissements sur les travées des groupes Les Républicains, UC et INDEP.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

M. le président. La parole est à Mme Colette Mélot.

Applaudissements sur des travées du groupe UC, ainsi qu'au banc des commissions.

Debut de section - PermalienPhoto de Colette Mélot

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, l'annonce de la maladie, du handicap ou de l'accident grave dont est victime un enfant est dévastatrice pour sa famille. Souvent brutale et inattendue, elle plonge tous ses proches dans le désarroi et la souffrance. Du jour au lendemain, le quotidien bascule, a fortiori pour les parents : ces derniers doivent soutenir leur enfant, rassurer ses frères et sœurs, trouver le juste équilibre entre leur vie professionnelle et leur vie familiale, et tenir bon, tout simplement, malgré le chagrin et l'inquiétude.

Les parents tiennent alors le rôle de proches aidants pour une durée variable, à l'image de la diversité des situations concernées par ce texte ; un rôle qu'ils n'ont pas toujours conscience d'endosser, tant il paraît évident de s'occuper de son enfant avec dévouement.

Pourtant, leur engagement déborde soudainement de la sphère familiale, percutant de plein fouet leur vie intime, sociale et professionnelle.

Nous, parlementaires, devons soutenir ces proches aidants en adaptant au mieux le monde du travail et l'administration au drame qu'ils traversent.

Ces dernières années, plusieurs textes ont permis de renforcer la protection des familles d'enfants malades, handicapés ou victimes d'un accident grave. C'est le cas de la loi du 17 décembre 2021, saluée par notre groupe, qui a allongé le congé familial proposé à l'annonce d'une pathologie chronique ou d'un cancer.

Le texte que nous examinons aujourd'hui va également dans le bon sens. Il offre une aide pratique à ceux dont l'enfant à charge est atteint d'un handicap, d'une maladie, ou victime d'un accident grave. Bien souvent, un tel drame les oblige à réduire, voire à cesser leur activité professionnelle. Ils sont également confrontés à des démarches administratives longues et complexes pour bénéficier des différentes aides auxquelles ils peuvent prétendre.

Cette proposition de loi lève une partie des difficultés financières et administratives auxquelles sont confrontées les familles.

Elle simplifie l'accès à l'allocation journalière de présence parentale : il s'agit là d'une mesure attendue par les personnes concernées.

Elle lève aussi plusieurs difficultés professionnelles, en allongeant le congé des parents, en protégeant du licenciement les salariés en congé de présence parentale et en facilitant leur accès au télétravail. Ce sont là autant d'avancées concrètes, encore complétées par le Sénat.

Madame la rapporteure, je salue votre engagement et le travail de notre collègue député Paul Christophe, auteur et rapporteur, à l'Assemblée nationale, de cette proposition de loi.

Nous regrettons que les aidants ne bénéficient pas d'un grand texte permettant de mieux accompagner la singularité et la diversité des situations dramatiques rencontrées par ces familles. En légiférant à petits pas, l'on risque de n'apporter que des réponses parcellaires, même si c'est évidemment mieux que rien.

Soulignons toutefois l'engagement au long cours du Parlement dans le soutien des aidants familiaux. Cette mobilisation nous honore et fait écho aux demandes des associations qui accompagnent au quotidien ces familles. Permettez-moi de saluer l'engagement généreux de ces dernières et de les remercier du soutien moral, pratique et administratif qu'elles apportent jour après jour.

Pour ces différentes raisons, les élus du groupe Les Indépendants – République et Territoires voteront ce texte et se félicitent dès à présent de son adoption.

Applaudissements sur les travées du groupe UC, ainsi qu'au banc des commissions . – Mme Brigitte Micouleau applaudit également.

Debut de section - PermalienPhoto de Mélanie Vogel

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, cette proposition de loi visant à renforcer la protection des familles d'enfants atteints d'une maladie ou d'un handicap ou victimes d'un accident d'une particulière gravité contient de nombreuses bonnes mesures, que nous ne pouvons que saluer.

Ces dispositions vont de l'allongement des congés spéciaux pour décès d'un enfant au droit au renouvellement d'un bail en passant par l'interdiction du licenciement des salariés qui ont droit à un congé de présence parentale.

Toutes ces mesures sont très utiles. Elles permettent d'aider celles et ceux qui aident. C'est pourquoi je tiens à remercier non seulement nos deux collègues députés, Paul Christophe et Laurent Marcangeli, d'avoir pris cette initiative, mais aussi notre rapporteure, Marie-Pierre Richer, pour son travail.

Même s'ils saluent toutes les mesures de cette proposition de loi, les élus du groupe Écologiste – Solidarité et Territoires sont convaincus que nous pouvons aller plus loin.

C'est pourquoi nous avons déposé plusieurs amendements tendant à cibler des domaines jusqu'à présent négligés.

Par exemple, nous proposons de faciliter la suspension du paiement des échéances d'un crédit immobilier des personnes aidantes. Certes, différentes mesures existent déjà pour compenser des pertes de revenus, mais il n'est aucunement prévu de diminuer les charges courantes, alors qu'il s'agit d'un levier tout aussi important : ces dernières peuvent lourdement grever le budget des familles, en leur imposant des dépenses soudaines et imprévues.

De même, nous proposons une compensation pour les salariés qui accompagnent des enfants malades, accidentés ou atteints d'un handicap sur une partie de leur trajet de travail. Il s'agit d'un cas de figure assez fréquent, par exemple quand un salarié accompagne un enfant aidé à l'école avant de continuer sa route : souvent, lorsque ce dernier a besoin d'une assistance particulière, le trajet prend plus de temps. C'est pour remédier à ce déséquilibre que nous proposons une compensation.

Par ailleurs, nous soutenons les propositions de nos collègues socialistes, et plus particulièrement celles d'Annie Le Houerou, que je remercie de son travail. Je pense notamment à l'amendement n° 5, qui vise à protéger les salariés aidant un enfant qui tombe malade de l'accusation d'avoir abandonné leur poste de travail, accusation qui, depuis la loi du 21 décembre 2022 portant mesures d'urgence relatives au fonctionnement du marché du travail en vue du plein emploi, peut conduire à un licenciement.

Toutes ces mesures venant compléter le texte visent le même objectif : renforcer la protection des personnes aidantes et faciliter leur accompagnement.

Certaines dispositions sont nécessaires pour mieux protéger les aidants des effets souvent néfastes des cycles économiques. C'est pourquoi nous proposons d'exclure les personnes aidantes de l'augmentation du temps de travail hebdomadaire, dans le cadre d'une mesure d'aménagement du temps de travail. Cette augmentation est dans l'intérêt de l'entrepreneur, qui peut ainsi demander à ses salariés de travailler plus pendant une période donnée ; mais elle ne tient pas forcément compte des obligations des salariés en dehors de leur service. En l'occurrence, l'obligation d'aider un enfant ne peut être reportée d'une semaine à une autre.

Le recours au télétravail est évidemment utile, même s'il ne concerne pas tout le monde : de nombreuses personnes ne peuvent pas le pratiquer et leur poste ne peut pas forcément être adapté. Les caissières et les caissiers peuvent difficilement travailler à distance ! C'est pourquoi nous avons proposé d'autres dispositions, comme l'adaptation du nombre d'heures hebdomadaires de service.

Bien sûr, l'État doit aider les aidants. En effet, l'avenir des enfants dont nous parlons, leurs perspectives, la qualité de leur quotidien et leur capacité à apprendre, à jouer, à rêver et à se projeter dans un monde dans lequel ils auront toute leur place ne reposent pas seulement sur leur famille et sur les proches qui les aident. Ils dépendent aussi de la République, des services publics et de l'adaptation de notre société à toutes et à tous.

L'égalité des droits, le refus des discriminations et l'égale dignité sont en ligne de mire : ce sont souvent les femmes qui arrêtent de travailler pour s'occuper des enfants. Ainsi, c'est d'abord et avant tout par des services publics de qualité et par un État fort que nous garantirons cette égalité.

Les mesures de ce texte se limitent souvent aux parents, comme s'ils étaient les seuls à pouvoir s'occuper de leur enfant et à s'en occuper de fait. Pourtant, des grands-parents, des tantes, des oncles ou des proches sans lien de parenté jouent parfois le rôle d'aidant. Restreindre ces mesures inutilement, c'est méconnaître une réalité évidente : tout dépend des situations individuelles. Dans certains cas, il peut être plus simple et naturel qu'un tiers s'occupe de l'enfant.

En tout état de cause, et quel que soit le sort réservé à leurs amendements, les membres du groupe Écologiste – Solidarité et Territoires voteront sans réserve ce texte, en attendant avec impatience une vraie grande loi sur la perte d'autonomie.

Applaudissements sur des travées des groupes SER, RDPI, UC et CRCE, ainsi qu'au banc des commissions.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

M. le président. La parole est à Mme Béatrice Gosselin.

Applaudissements sur des travées du groupe Les Républicains.

Debut de section - PermalienPhoto de Béatrice Gosselin

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, quand un enfant est victime d'une maladie ou d'un accident grave, un tsunami s'abat sur la famille. Cette proposition de loi, dont la rapporteure au Sénat est notre collègue Marie-Pierre Richer, contient diverses dispositions afin de mieux protéger les parents aidants en leur accordant de nouveaux droits et en leur conférant enfin un véritable statut.

Le régime des congés pour maladie d'un enfant n'est pas assorti d'une protection suffisante des personnes salariées concernées. Ce texte entend y remédier. Ainsi, il porte le congé parental pour enfant de trois à cinq jours si ce dernier est âgé de moins de 1 an ou si le salarié assume la charge de trois enfants ou plus âgés de moins de 16 ans.

Dans le cas où l'état de santé d'un enfant rend indispensables une présence soutenue et des soins contraignants, le parent aidant est éligible au congé de présence parentale de 310 jours ouvrés sur une période maximale de trois ans.

À l'article 1er, nous avons souhaité interdire le licenciement d'un salarié pendant la durée du congé de présence parentale, prenant ainsi modèle sur les dispositifs de protection de la maternité.

L'article 2 précise que le télétravail constitue pour ces parents aidants un aménagement de poste nécessaire à la continuité de leur service dans l'entreprise. Le télétravailleur dispose alors des mêmes droits que le salarié qui exécute son travail sur site. L'employeur est désormais tenu de motiver sa décision de refus d'une demande de télétravail pour un salarié qui doit rester auprès de son enfant malade.

L'allocation journalière de présence parentale (AJPP) est une prestation indispensable pour les aidants d'enfants souffrant de pathologies. Le congé de présence parentale (CPP) étant limité à vingt-deux jours ouvrés par mois pour une durée maximale de trois ans, l'article 3 vise à faciliter le renouvellement des droits quand l'état de santé de l'enfant le nécessite. En effet, un grand nombre de pathologies, comme les cancers pédiatriques, impliquent un accompagnement soutenu de l'enfant au-delà de la période légale de 310 jours durant les trois premières années de la maladie de l'enfant.

Jusqu'alors, la durée du CPP pouvait donc être doublée à titre exceptionnel, soumise à la production d'un nouveau certificat médical par le médecin et à un accord explicite du service du contrôle médical. L'article 3 simplifie les démarches administratives pour le renouvellement de l'AJPP, en rendant implicite l'accord des services concernés. La revalorisation du montant de l'AJPP au 1er janvier de chaque année, en référence au Smic journalier net, est également bienvenue.

L'article 4 supprime les mesures d'écrêtement de l'AJPP, qui devaient entrer en vigueur au plus tard au 1er janvier 2024 : le montant des deux allocations versées à certaines catégories des professions agricoles n'aurait pu excéder les revenus journaliers tirés de leur activité professionnelle. Ces mesures d'écrêtement auraient également concerné les bénéficiaires de l'allocation chômage.

Je me félicite de cette suppression décidée sur l'initiative de Mme la rapporteure. Non seulement l'effet d'aubaine redouté n'était pas clairement démontré, mais ces dispositifs complexifiaient grandement la gestion des prestations.

L'article 4 bis, introduit par notre commission des affaires sociales, interdit au propriétaire de refuser le renouvellement d'un bail à des locataires ayant un enfant malade dans le cadre d'un congé pour vente ou reprise.

Cette exception est déjà prévue pour les locataires de plus de 65 ans et dont les ressources sont inférieures à un plafond. Si l'on peut comprendre les raisons d'un tel dispositif, cette exception peut toutefois mettre en difficulté un bailleur qui vit parfois, également, avec des revenus modestes.

Malgré l'encadrement de durée retenu, à savoir six ans, il me semble que certaines garanties concernant ce dispositif devraient encore être précisées.

L'expérimentation proposée à l'article 5 visant à adapter les modalités du complément mensuel pour frais versés dans le cadre de l'AJPP concerne les familles à faibles ressources.

Cette aide financière spécifique peut prendre en charge, par exemple, des médicaments non remboursés ou des soins à domicile.

Cependant, ce complément financier est conditionné au montant des dépenses mensuelles et aux ressources du ménage. Chaque mois, le versement est effectué sur la base d'une déclaration sur l'honneur et sur présentation des pièces justificatives.

Afin de correspondre au mieux aux besoins des familles, la nouvelle rédaction de cet article prévoit de déroger aux conditions de détermination du niveau du complément pour frais et à la périodicité des versements.

La commission a proposé de mettre en place une expérimentation d'une durée de trois ans menée dans dix départements par les caisses d'allocations familiales. Celle-ci donnera lieu avant son terme à un bilan d'évaluation remis par le Gouvernement au Parlement.

Le principe expérimental de l'application de cette mesure nous permettra de connaître, au moment du rapport, si les modalités d'un tel dispositif sont opportunes et faciles à mettre en place.

Le temps est enfin arrivé de faire évoluer notre cadre juridique et d'aider ainsi les nombreuses familles touchées par la maladie d'un enfant, tout en y alliant l'impératif d'une maîtrise de ces dispositifs.

Applaudissements sur les travées des groupes Les Républicains et UC.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

La discussion générale est close.

Nous passons à la discussion du texte de la commission.

Après l'article L. 1225-4-3 du code du travail, il est inséré un article L. 1225-4-4 ainsi rédigé :

« Art. L. 1225 -4 -4. – Aucun employeur ne peut rompre le contrat de travail d'un salarié pendant l'intégralité des périodes de suspension du contrat de travail auxquelles il a droit au titre du congé de présence parentale prévu à l'article L. 1225-62, qu'il use ou non de ce droit.

« Toutefois, l'employeur peut rompre le contrat s'il justifie d'une faute grave de l'intéressé ou de son impossibilité de maintenir ce contrat pour un motif étranger à l'état de santé de l'enfant de l'intéressé. »

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 1, présenté par Mmes Le Houerou et Lubin, M. Kanner, Mmes Conconne et Féret, M. Fichet, Mme Jasmin, M. Jomier, Mmes Meunier, Poumirol, Rossignol et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Rédiger ainsi cet article :

Le paragraphe 3 de la sous-section 2 de la section 4 du chapitre V du titre II du livre II de la première partie du code du travail est complété par un article L. 1225-65-… ainsi rédigé :

« Art. L. 1225 -65 -…. – L'employeur ne doit pas prendre en considération l'état de santé, qui nécessiterait un congé quel qu'il soit pour maladie grave ou accident, d'un enfant à charge pour rompre le contrat de travail du salarié, y compris au cours d'une période d'essai ou sous réserve d'une affectation temporaire réalisée dans le cadre des dispositions des articles L. 1225-7, L. 1225-9 et L. 1225-12, pour prononcer une mutation d'emploi. Il lui est également interdit de rechercher ou de faire rechercher toute information concernant l'état de santé des enfants de l'intéressé. »

La parole est à Mme Annie Le Houerou.

Debut de section - PermalienPhoto de Annie Le Houerou

Cet amendement vise à renforcer la protection des parents faisant face à la maladie ou au handicap d'un enfant, en tenant compte des conséquences de cet accident de la vie.

Il s'agit d'empêcher a priori l'employeur de procéder à un licenciement pendant la durée du congé de présence parentale, y compris pendant la période d'essai.

Néanmoins, lors de l'examen du texte par l'Assemblée nationale, une précision a été introduite visant à rassurer les employeurs, en leur permettant, en cas de faute grave, de rompre le contrat.

Cette rédaction, qui s'appuie sur le modèle des dispositions relatives à la maternité, à la paternité ou au décès d'un enfant, nous semble moins protectrice pour le salarié parent d'enfant malade, handicapé ou victime d'un accident grave.

En effet, malgré les protections offertes par le droit du travail, les salariés confrontés à des épreuves de la vie sont souvent discriminés ou bien licenciés, sous prétexte d'une faute grave ou d'un motif économique.

Nous devons être à l'écoute de ces femmes et de ces hommes qui se dévouent pour accompagner leurs enfants ; nous devons être à leurs côtés dans les différentes étapes de la vie et dans le milieu professionnel, en renforçant la protection contre le licenciement.

Cet amendement tend donc à revenir à la rédaction initiale du texte. Plus largement, une réflexion globale sur la politique publique de soutien aux aidants gagnerait à être menée, qu'il s'agisse d'accompagner les enfants touchés par une affection de longue durée (ALD) ou des parents en perte d'autonomie.

À titre personnel, je suis favorable à la définition d'un statut ou d'une reconnaissance des aidants familiaux, tel qu'il a été introduit par la loi relative à l'adaptation de la société au vieillissement.

Une approche globale est nécessaire : il convient d'améliorer les dispositions sur la protection contre les licenciements et, au regard des bailleurs, sur l'accès aux prestations.

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Pierre Richer

Contrairement à ce que son objet laisse entendre, l'adoption de cet amendement aurait pour effet de vider le dispositif de sa substance.

En effet, la rédaction initiale de l'article 1er permettait à un salarié déjà licencié – j'y insiste – de faire annuler en justice son licenciement s'il était en lien avec l'état de santé de son enfant.

C'est une protection ex post, déjà satisfaite par l'interdiction de licenciement pour motif discriminatoire dans le droit en vigueur.

L'article 1er du texte transmis permet, au contraire, une véritable protection contre le licenciement ex ante fondée, à l'instar de l'interdiction de licenciement pendant le congé maternité, sur des caractéristiques objectives. Grâce à cette nouvelle rédaction, le salarié en congé de présence parentale ne pourra pas être licencié du fait même de son statut.

Cette protection ne s'applique certes pas en cas de faute grave ou de force majeure. Mais c'est ainsi pour l'ensemble des protections contre le licenciement dans le droit en vigueur, qu'il s'agisse d'une grossesse, d'un congé maternité, d'une naissance ou encore du décès d'un enfant.

Telles sont les raisons pour lesquelles la commission a émis un avis défavorable sur cet amendement.

Debut de section - Permalien
Jean-Christophe Combe, ministre

Je tiens à le rappeler, le Gouvernement est favorable à la disposition introduite par Paul Christophe dans sa proposition de loi et visant à élargir la protection des salariés devant accompagner un enfant gravement malade.

La disposition que vous souhaitez introduire, madame la sénatrice, n'est pas plus protectrice. À mon sens, son adoption contribuerait même à affaiblir l'article. Ainsi, pour garantir une meilleure lisibilité du droit, je vous propose de maintenir une rédaction identique à celle qui a été retenue pour les congés liés à la parentalité.

Par conséquent, comme Mme la rapporteure, je suis défavorable à cet amendement.

L'amendement n'est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 12, présenté par le Gouvernement, est ainsi libellé :

Alinéa 2

Rédiger ainsi cet alinéa :

« Art. L. 1225 -4 -4. – Aucun employeur ne peut rompre le contrat de travail d'un salarié pendant un congé de présence parentale prévu à l'article L. 1225-62 ainsi que pendant les périodes travaillées si le congé de présence parentale est fractionné ou pris à temps partiel.

La parole est à M. le ministre.

Debut de section - Permalien
Jean-Christophe Combe, ministre

Il s'agit d'un amendement de clarification rédactionnelle.

L'amendement est adopté.

L'article 1 er est adopté.

L'article L. 3142-4 du code du travail est ainsi modifié :

1° Le 4° est ainsi modifié :

a) Au début, le mot : « Cinq » est remplacé par le mot : « Douze » ;

b)

2° Au début du 6°, le mot : « Deux » est remplacé par le mot : « Cinq ».

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 2, présenté par Mmes Le Houerou et Lubin, M. Kanner, Mmes Conconne et Féret, M. Fichet, Mme Jasmin, M. Jomier, Mmes Meunier, Poumirol, Rossignol et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Alinéa 5

Remplacer le mot :

Cinq

par le mot :

Dix

La parole est à Mme Annie Le Houerou.

Debut de section - PermalienPhoto de Annie Le Houerou

Cet amendement vise à allonger à dix jours la durée du congé dans le cas de l'annonce de la survenue d'un handicap ou d'une pathologie de l'enfant.

Ce congé s'étendait à l'origine sur seulement deux jours. L'Assemblée nationale l'a fixé à cinq jours. Néanmoins, il me semble légitime de demander, par cet amendement, un allongement à dix jours de congé, malgré le rejet de cette demande en séance à l'Assemblée nationale et en commission des affaires sociales.

Nous pouvons tous nous représenter le choc considérable qu'est celui d'apprendre la pathologie de son enfant. Un laps de temps important est essentiel pour assimiler la nouvelle et réfléchir à l'aménagement de son quotidien. Il est nécessaire aussi pour la famille d'apprendre à vivre avec la pathologie de son enfant, d'apprendre à gérer le traitement, par exemple dans le cas d'un enfant diabétique. Il faut aussi prendre en compte, dans certains cas, la recherche d'un logement adapté à la pathologie de l'enfant.

Il convient donc d'éviter aux parents concernés de prendre des congés sans solde. Cette situation les mettrait encore davantage en difficulté dans une situation déjà très complexe. Nous nous devons de les aider dans ce combat.

Un vrai temps d'assimilation et d'adaptation est nécessaire. Cinq jours de congés dans cette situation semblent trop peu.

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Pierre Richer

Le texte prévoit déjà, en l'état actuel, de passer de deux jours à cinq jours de congé, soit une semaine pleine, en cas d'annonce de la survenue d'un handicap ou d'une maladie grave chez l'enfant.

La commission des affaires sociales s'est prononcée contre un amendement identique au cours de son examen du texte, considérant qu'il était prématuré, en l'état, de porter ce congé de deux jours à dix jours, soit cinq fois plus que le droit en vigueur.

Évaluons d'abord les conséquences du passage de deux jours à cinq jours, avant de décider, le cas échéant, d'un nouvel allongement de ce congé.

Notons par ailleurs qu'un allongement de ce congé à dix jours ne faisait pas partie des revendications des associations auditionnées. Ces dernières souhaitent surtout que la loi s'applique rapidement.

Debut de section - Permalien
Jean-Christophe Combe, ministre

En effet, ce congé a déjà été allongé, puisqu'il est passé de deux jours à cinq jours.

Je le rappelle, la durée des congés pour événements familiaux relève également du dialogue social, puisque les partenaires sociaux peuvent, par accord collectif, marquer leur volonté de contribuer au développement d'un environnement plus favorable permettant une meilleure articulation entre vie professionnelle et vie familiale. Je l'ai dit en discussion générale, ils ont un rôle à jouer en tant qu'acteur clé de cette conciliation. Les entreprises investissent aujourd'hui davantage les thèmes de la parentalité et des aidants.

Si la volonté d'allonger la durée de ce congé traduit le souci de favoriser la conciliation, pour les parents, entre vie professionnelle et vie familiale, une telle mesure bouleverse les équilibres auxquels sont parvenus les partenaires sociaux, ainsi que leurs priorités.

Comme Mme la rapporteure, j'estime que l'impact d'un tel changement doit d'abord être évalué.

Plus généralement, il est important de le souligner, l'adoption isolée de mesures visant à allonger ou à élargir des congés familiaux existants amoindrit la logique d'ensemble des congés prévus par le code du travail, en introduisant involontairement une hiérarchie, par la durée, entre des moments de la vie qui sont tous très douloureux.

Pour l'ensemble de ces raisons, je suis défavorable à cet amendement.

L'amendement n'est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

Je suis saisi de deux amendements identiques.

L'amendement n° 13 est présenté par le Gouvernement.

L'amendement n° 14 est présenté par Mme Richer, au nom de la commission.

Ces deux amendements sont ainsi libellés :

Compléter cet article par un paragraphe ainsi rédigé :

– Le code général de la fonction publique est ainsi modifié :

1° La seconde phrase de l'article L. 622-1 est ainsi rédigée : « Ces autorisations spéciales d'absence sont sans effet sur la constitution des droits à congés annuels et ne diminuent pas le nombre des jours de congés annuels. » ;

2° L'article L. 622-2 est ainsi modifié :

a) Au premier alinéa, le mot : « cinq » est remplacé par le mot : « douze » ;

b) Le deuxième alinéa est ainsi modifié :

- les mots : « sept jours ouvrés » sont remplacés par les mots : « quatorze jours ouvrables » ;

- après la première occurrence du mot : « ans », sont insérés les mots : « et quel que soit son âge si l'enfant décédé était lui-même parent » ;

- les mots : « le fonctionnaire » sont remplacés par les mots : « l'agent public » ;

c) Le dernier alinéa est ainsi modifié :

- au début, sont insérés les mots : « Dans les conditions prévues au deuxième alinéa du présent article, » ;

- les mots : «, dans les mêmes conditions, » sont supprimés.

La parole est à M. le ministre, pour présenter l'amendement n° 13.

Debut de section - Permalien
Jean-Christophe Combe, ministre

Cet amendement est identique à celui qui a été déposé par Mme la rapporteure, fruit d'un travail commun.

Il s'agit simplement, d'une part, d'étendre le bénéfice de l'article 1er bis, à savoir l'allongement des congés pour deuil d'enfant, aux agents de la fonction publique, et, d'autre part, d'assurer un traitement identique des autorisations spéciales d'absence liées à la famille et à la parentalité, notamment dans le cas du décès d'un enfant. Il est également précisé que les ASA n'ont pas d'effet sur la constitution du droit à congé et ne diminuent pas le nombre de jours de congé annuels. À cet égard, en effet, l'intention du législateur n'était pas claire dans la version précédente du texte.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

La parole est à Mme la rapporteure, pour présenter l'amendement n° 14.

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Pierre Richer

Cet amendement identique vise à permettre aux agents publics d'avoir les mêmes droits que les salariés du privé.

Sans vouloir alourdir les débats, je précise que le Gouvernement a, de facto, accepté de lever l'article 40 de la Constitution pour cet amendement.

Les amendements sont adoptés.

L'article 1 er bis est adopté.

(Non modifié)

I. – L'article L. 1222-9 du code du travail est ainsi modifié :

1° À la seconde phrase du dernier alinéa du I, les mots : « du présent code ou un proche aidant mentionné à l'article L. 113-1-3 du code de l'action sociale et des familles » sont remplacés par les mots : « ou un salarié aidant d'un enfant, d'un parent ou d'un proche » ;

2° Le II est complété par un 7° ainsi rédigé :

« 7° Les modalités d'accès des salariés aidants d'un enfant, d'un parent ou d'un proche à une organisation en télétravail. »

II. –

Supprimé

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 4, présenté par Mmes Le Houerou et Lubin, M. Kanner, Mmes Conconne et Féret, M. Fichet, Mme Jasmin, M. Jomier, Mmes Meunier, Poumirol, Rossignol et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Après l'alinéa 1

Insérer deux alinéas ainsi rédigés :

…° Après le deuxième alinéa du I, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :

« Lorsque le salarié déclare devoir prendre soin d'un proche, un parent ou un enfant malade ou en situation de handicap ou victime d'un accident grave, l'employeur est dans l'obligation d'informer le salarié de la possibilité d'un aménagement du poste de travail sous forme de télétravail. » ;

La parole est à Mme Annie Le Houerou.

Debut de section - PermalienPhoto de Annie Le Houerou

Cet article vise à mettre en place la possibilité de télétravailler dans le cas où son enfant est atteint d'une maladie grave ou d'un handicap.

Cette mesure constitue une avancée significative, il est important de le souligner.

En effet, l'option du télétravail permet d'assurer, une fois le choc de l'annonce passé, une certaine continuité dans la vie professionnelle du parent. Il permet de mieux faire face aux difficultés du quotidien et d'alléger certaines contraintes, notamment de transport entre le domicile et le lieu de travail.

De plus, le télétravail s'est largement démocratisé depuis l'épidémie de covid-19. Nous disposons désormais de tous les outils nécessaires à sa bonne réalisation.

Le présent amendement vise donc à sécuriser davantage ce droit par la notification obligatoire de l'employeur à la personne salariée de la possibilité de télétravailler lorsqu'elle doit prendre soin d'un proche ou d'un enfant malade ou en situation de handicap.

Des réserves peuvent être émises dans le cas de métiers dans lesquels les salariés n'ont pas d'autres possibilités que celle d'être sur site. C'est le cas notamment des ouvriers, des restaurateurs ou encore des assistantes maternelles.

Des solutions doivent être imaginées pour ces cas précis ; nous pouvons penser notamment à un aménagement du temps de travail.

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Pierre Richer

En ne précisant pas que l'obligation d'informer le salarié de la possibilité de télétravailler ne vaut que dans les cas où le télétravail est matériellement possible, soit à peu près le tiers des emplois, la rédaction de cet amendement laisse planer un risque juridique.

Pour cette raison, la commission s'était déjà prononcée contre cet amendement lorsqu'elle a examiné ce texte. Celui-ci n'ayant pas été modifié, elle maintient son avis défavorable.

Debut de section - Permalien
Jean-Christophe Combe, ministre

Par l'article 2, il s'agit de mieux prendre en compte et d'améliorer la situation des parents dont l'enfant est gravement malade, en leur facilitant le recours au télétravail.

Les conditions de recours au télétravail des salariés aidants, lorsque le poste le permet, seront désormais précisées par les accords collectifs et les chartes qui l'organisent. En outre, quel que soit le mode de mise en œuvre du télétravail – accord collectif ou charte de gré à gré –, l'employeur qui refuserait l'accès d'un salarié à ce mode d'organisation devra motiver son refus.

Vous l'avez dit, depuis la crise sanitaire, le recours au télétravail a connu une ampleur inédite. Désormais, ce mode d'organisation n'est plus confidentiel, les salariés y ayant massivement recours.

Par conséquent, votre proposition, madame la sénatrice, de créer une obligation d'information n'est donc pas nécessaire. Par ailleurs, le moment à partir duquel l'employeur serait dans l'obligation d'informer le salarié n'est pas clairement précisé.

Pour l'ensemble de ces raisons, je suis défavorable à cet amendement.

L'amendement n'est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

Je suis saisi de deux amendements faisant l'objet d'une discussion commune.

L'amendement n° 3, présenté par Mmes Le Houerou et Lubin, M. Kanner, Mmes Conconne et Féret, M. Fichet, Mme Jasmin, M. Jomier, Mmes Meunier, Poumirol, Rossignol et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Alinéa 5

Rétablir le II dans la rédaction suivante :

II. – L'article L. 1222-11 du code du travail est complété par un alinéa ainsi rédigé :

« Pour les parents dont l'enfant à charge est atteint de maladie grave, de handicap ou d'un accident d'une particulière gravité, le matériel nécessaire au télétravail est à la charge de l'employeur afin de garantir aux télétravailleurs l'accès matériel adapté à la pratique du télétravail. »

La parole est à Mme Annie Le Houerou.

Debut de section - PermalienPhoto de Annie Le Houerou

De nombreux parents, et plus particulièrement les mères, sont forcés de réduire leur activité, voire de quitter leur travail, pour s'occuper de leur enfant.

Le télétravail, lorsqu'il est possible, peut permettre de faciliter la conciliation entre la vie professionnelle et les contraintes personnelles et de rendre le quotidien de ces familles moins pénible. Encore faut-il disposer du matériel nécessaire et adapté pour réaliser son travail dans de bonnes conditions.

Cet amendement tend à garantir spécifiquement aux parents dont l'enfant à charge est atteint d'une maladie ou d'un handicap ou gravement accidenté un poste de télétravail dont le matériel est à la charge de l'employeur.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 6, présenté par Mmes M. Vogel et Poncet Monge, MM. Benarroche, Breuiller et Dantec, Mme de Marco et MM. Dossus, Fernique, Gontard, Labbé, Parigi et Salmon, est ainsi libellé :

Alinéa 5

Rétablir le II dans la rédaction suivante :

II. - La section 3 du chapitre II du titre II du livre II de la première partie de la partie législative du code du travail est ainsi rétablie :

« Section 3

« Modification du contrat de travail pour réduction du temps de travail

« Art L. 1222 -7 – Le salarié aidant d'un enfant, d'un parent ou d'un proche peut demander par tout moyen à son employeur une réduction du nombre d'heures stipulé au contrat de travail qui ne peut pas être inférieure à 32 heures par semaine. L'employeur accuse la réception de la demande et doit s'y conformer au plus tard deux mois après sa réception. »

La parole est à Mme Mélanie Vogel.

Debut de section - PermalienPhoto de Mélanie Vogel

Cet amendement vise à permettre un abaissement de la durée hebdomadaire du travail pour les salariés aidant un enfant, un parent ou un proche.

Comme je l'ai dit dans mon intervention liminaire, c'est bien de pouvoir faire du télétravail quand on le peut. Toutefois, de nombreux salariés ne peuvent pas adapter leur poste de travail au télétravail. En France, environ 80 % des salariés n'ont jamais télétravaillé. En effet, quand on est chauffeur de bus, conducteur de métro ou caissière, on ne peut pas télétravailler et, pourtant, on peut avoir des enfants nécessitant une présence à la maison.

Par conséquent, afin de ne pas créer une forme de rupture d'égalité face à la charge, nous souhaitons que les salariés puissent demander un abaissement de la durée hebdomadaire du temps de travail à 32 heures.

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Pierre Richer

Ces deux amendements sont en discussion commune, car ils visent à rétablir le II de l'article 2. Ils traitent toutefois de sujets tout à fait différents.

L'amendement n° 3 est déjà satisfait. En effet, l'employeur a une obligation générale de prise en charge des frais professionnels du salarié liés aux besoins de l'activité professionnelle. Le télétravailleur disposant des mêmes droits que le travailleur sur site, l'employeur doit donc déjà financer les frais de matériel nécessaire au télétravail, non seulement pour les parents d'enfants malades, mais aussi pour tous les salariés.

Par conséquent, la commission, qui avait rejeté cet amendement lors de l'examen du texte, a émis un avis défavorable.

Quant à l'amendement n° 6 de Mme Vogel, sa rédaction pose problème. En effet, aux termes de celui-ci, c'est bien la réduction du temps de travail, et non le temps de travail, qui ne pourra être inférieure à 32 heures. Autrement dit, si cet amendement était adopté, un salarié aidant aux 35 heures pourrait obtenir, de droit, une réduction de 32 heures de son temps de travail, pour le porter à 3 heures hebdomadaires. La rédaction de cet amendement n'est donc pas conforme aux intentions de ses auteurs et emporte un risque juridique important.

Par ailleurs, même si sa rédaction était corrigée, il ne prévoit aucune circonstance dans laquelle l'employeur pourrait refuser, même temporairement, une telle dérogation aux dispositions du contrat de travail. En instituant un droit général et absolu, cet amendement, non concerté avec les partenaires sociaux et dont les conséquences potentielles ne sont pas évaluées, semble excessivement prescriptif.

C'est la raison pour laquelle la commission a également émis, à son endroit, un avis défavorable.

Debut de section - Permalien
Jean-Christophe Combe, ministre

Sur l'amendement n° 3, l'avis du Gouvernement est identique à celui de la commission. En effet, celui-ci est déjà satisfait, dans la mesure où les employeurs sont tenus, je le rappelle, de prendre en charge les frais liés au télétravail. En général, cela prend la forme d'une allocation forfaitaire.

Quant à l'amendement n° 6, il est mes yeux également satisfait, puisque, précisément, le congé de présence parentale doit permettre aux salariés de suspendre ou de réduire leur activité professionnelle pour s'occuper d'un enfant à charge dont l'état de santé nécessite une présence soutenue et des soins contraignants.

Concrètement, le salarié bénéficie d'une réserve de jours de congé, qu'il utilise en fonction de ses besoins. Par ailleurs, la loi de financement de la sécurité sociale pour 2020 en a assoupli les modalités d'exercice, en permettant de fractionner le congé en demi-journée ou de le transformer en période d'activité à temps partiel, avec l'accord de l'employeur, comme c'est également le cas pour le congé de proche aidant et le congé de solidarité familiale.

En outre, les salariés peuvent solliciter un passage à temps partiel en raison des besoins de leur vie personnelle, sans condition d'ancienneté, sous la forme d'une ou plusieurs périodes d'au moins une semaine. Une telle réduction de la durée du travail nécessite de conclure un avenant au contrat de travail, l'employeur ne pouvant opposer un refus qu'à la condition que celui-ci soit justifié par des raisons objectives liées aux nécessités de fonctionnement de l'entreprise.

En outre, l'employeur ne peut modifier les dates fixées pour les périodes non travaillées sans l'accord du salarié. La modification de la répartition des périodes travaillées et non travaillées nécessite de conclure un nouvel avenant au contrat de travail.

Enfin, je le rappelle, les proches d'une personne handicapée bénéficient à leur demande d'un aménagement d'horaires individualisés.

Telles sont les raisons pour lesquelles je vous demande, madame la sénatrice, de bien vouloir retirer votre amendement.

L'amendement n'est pas adopté.

L'amendement n'est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 7, présenté par Mmes M. Vogel et Poncet Monge, MM. Benarroche, Breuiller et Dantec, Mme de Marco et MM. Dossus, Fernique, Gontard, Labbé, Parigi et Salmon, est ainsi libellé :

Compléter cet article par deux paragraphes ainsi rédigés :

– L'article L. 3121-44 du même code est complété par un alinéa ainsi rédigé :

« L'accord peut prévoir d'exempter les salariés aidant d'un enfant, d'un parent ou d'un proche des aménagements du temps de travail ayant pour conséquence une augmentation de la durée hebdomadaire du travail. »

– L'article L. 3121-45 dudit code est complété par un alinéa ainsi rédigé :

« La répartition mise en place selon les conditions fixées au premier alinéa ne peut pas avoir pour conséquence d'augmenter la durée hebdomadaire du travail des salariés aidant d'un enfant, d'un parent ou d'un proche. »

La parole est à Mme Mélanie Vogel.

Debut de section - PermalienPhoto de Mélanie Vogel

Cet amendement s'intéresse également à la durée du temps de travail, mais concerne un autre problème, à savoir l'augmentation des heures de travail en cas de période de forte activité, demandée par l'employeur.

Vous le savez, l'employeur peut, en fonction de l'activité économique, augmenter ou réduire le temps de travail hebdomadaire de ses salariés. Or, quand on doit s'occuper d'un enfant, on ne peut pas nécessairement dire qu'on ira le chercher à l'école la semaine suivante !

Cet amendement vise donc à exclure les parents qui sont concernés par ce texte du dispositif d'augmentation de leurs heures de travail par leur employeur, en cas de période de forte activité.

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Pierre Richer

Tout d'abord, dans les accords collectifs régissant les modalités d'aménagement du temps de travail, il est d'ores et déjà possible d'exempter les salariés aidants des aménagements ayant pour conséquence une augmentation de la durée hebdomadaire du temps du travail. La première partie de cet amendement est donc déjà satisfaite.

Ensuite, l'interdiction, en l'absence d'accord de branche, d'augmenter, même transitoirement, la durée hebdomadaire du travail des salariés aidants semble excessivement prescriptive. Non concertée avec les partenaires sociaux, elle s'impose à tous les salariés aidants, y compris à ceux qui seraient volontaires pour augmenter transitoirement leur durée hebdomadaire de travail pour disposer de revenus plus importants sur un mois donné ou parce qu'ils souhaiteraient accompagner une hausse d'activité de leur employeur.

En matière de droit du travail, la concertation est préférable à l'instauration d'obligations générales et absolues, qui méconnaissent les particularités de chaque situation.

Par conséquent, la commission a émis un avis défavorable sur cet amendement.

Debut de section - Permalien
Jean-Christophe Combe, ministre

La référence dans la loi à une catégorie de salariés spécifique pourrait conduire à exclure du bénéfice de cette disposition les autres catégories de salariés non visées et qui pourraient pourtant y avoir un intérêt objectif.

En l'état actuel du droit, Mme la rapporteure l'a dit, une décision unilatérale de l'employeur ou un accord collectif permet de déterminer les catégories de salariés qui seraient concernées. Ainsi, l'accord ou, à défaut, la décision unilatérale peuvent écarter l'application d'un dispositif d'aménagement du temps de travail aux salariés visés par le présent amendement.

Enfin, il convient de rappeler que l'article L. 3121-49 du code du travail prévoit déjà la possibilité pour les aidants familiaux et les proches d'une personne handicapée de bénéficier d'un aménagement d'horaires individualisés propre à faciliter l'accompagnement de cette personne.

Pour l'ensemble de ces raisons, je suis défavorable à cet amendement.

L'amendement n'est pas adopté.

L'article 2 est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 5, présenté par Mmes Le Houerou et Lubin, M. Kanner, Mmes Conconne et Féret, M. Fichet, Mme Jasmin, M. Jomier, Mmes Meunier, Poumirol, Rossignol et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Après l'article 2

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

L'article L. 1237-1-1 du code du travail est complété par un alinéa ainsi rédigé :

« Les dispositions du présent article ne concernent pas le salarié ayant dû s'absenter de son poste ou suspendre son activité professionnelle en raison de l'état de santé d'un enfant à charge tel que précisé à l'article L. 544-1 du code de la sécurité sociale. »

La parole est à Mme Annie Le Houerou.

Debut de section - PermalienPhoto de Annie Le Houerou

Cet amendement vise à corriger une partie des effets particulièrement néfastes de la loi du 21 décembre 2022 portant mesures d'urgence relatives au fonctionnement du marché du travail en vue du plein emploi.

Depuis le début, nous avons combattu cette mesure, qui induit des effets pervers. En effet, l'article L.1237-1-1 définit comme un abandon de poste le fait, pour un salarié, de ne pas avoir justifié son absence après une mise en demeure par l'employeur.

Pourtant, des événements graves et exceptionnels viennent parfois chambouler le cours d'une existence. C'est précisément le cas lorsque des parents apprennent que leur enfant est atteint d'une affection de longue durée.

Notre droit doit protéger tous celles et ceux qui sont confrontés à ces situations douloureuses et empêcher que l'absence au travail dans ces cas précis puisse être qualifiée d'abandon de poste.

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Pierre Richer

Malgré leur douleur et la gravité des événements, la très grande majorité des parents confrontés à la maladie ou au handicap de leur enfant préviennent leur employeur et arrête le travail en attendant d'avoir accès au CPP, en utilisant des congés, notamment le congé pour l'annonce du handicap ou de la maladie grave d'un enfant. Les cas d'abandon de poste sont donc, en pratique, très rares.

Même dans ces rares cas, la présomption de démission en cas d'abandon de poste ne peut s'appliquer qu'à compter d'un délai minimal de quinze jours après la mise en demeure de reprendre le travail. Or cette période de quinze jours est suffisante pour réclamer et faire valoir son droit à congé de présence parentale, qui autorise le salarié à s'absenter du travail pour être auprès de son enfant malade. Dès lors qu'il utilise son congé de présence parentale, le parent n'est plus en abandon de poste.

La portée de cet amendement semble donc, dans les faits, extrêmement réduite. Par conséquent, il n'a pas semblé utile à la commission de complexifier le droit en prévoyant une dérogation en la matière. Elle a donc émis un avis défavorable.

Debut de section - Permalien
Jean-Christophe Combe, ministre

Je le confirme, la procédure de mise en demeure préalable a pour objet de vérifier que le salarié n'a pas un motif légitime d'absence.

Ainsi, le salarié s'étant absenté de son poste ou ayant suspendu son activité professionnelle en raison de l'état de santé d'un enfant à charge n'est pas, par définition, en abandon de poste.

L'adoption de cet amendement risquerait par ailleurs de créer des « a contrario », en laissant penser que la présomption s'applique tout le temps, sauf en cas d'absence liée à l'état de santé d'un enfant à charge, ce qui n'est pas le seul cas où la présomption ne s'applique pas.

Pour ces raisons, je suis défavorable à cet amendement.

L'amendement n'est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 8, présenté par Mmes M. Vogel et Poncet Monge, MM. Benarroche, Breuiller et Dantec, Mme de Marco et MM. Dossus, Fernique, Gontard, Labbé, Parigi et Salmon, est ainsi libellé :

Après l'article 2

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

À l'article L. 3121-5 du code de travail, après le mot : « handicap », sont insérés les mots : « ou pour le salarié exerçant la responsabilité parentale d'un enfant atteint d'une maladie, d'un handicap ou victime d'un accident d'une particulière gravité ».

La parole est à Mme Mélanie Vogel.

Debut de section - PermalienPhoto de Mélanie Vogel

Cet amendement est très simple. Vous le savez, pour tenir compte du fait que le trajet pour aller au travail peut être plus long quand on a besoin d'une assistance particulière, car nos trottoirs et nos transports en commun sont encore largement inadaptés, les salariés atteints d'un handicap peuvent demander une compensation sous forme de repos, pour pallier le fait que le trajet entre le domicile et le travail peut être plus long que pour des personnes qui ne sont pas atteintes d'un handicap.

Nous proposons tout simplement d'élargir cette mesure aux salariés qui s'occupent d'un enfant atteint d'un handicap ou d'une maladie ou qui a été victime d'un accident grave. En effet, lorsque l'on accompagne quelqu'un qui est handicapé, le temps supplémentaire nécessaire pour se déplacer est identique à celui qui aurait été requis si l'on était soi-même en situation de handicap.

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Pierre Richer

Dans son objet, cet amendement précise que le repos compensateur serait accordé consécutivement à l'allongement du trajet du fait de l'accompagnement de l'enfant avant d'aller au travail, par exemple pour l'emmener à un centre spécialisé, à l'hôpital ou à l'école.

Toutefois, le dispositif ne mentionne aucunement ces raisons. Dès lors, la commission a estimé que, en dépit d'intentions louables, celui-ci était trop imprécis pour être pleinement fonctionnel.

Par conséquent, elle a émis un avis défavorable sur cet amendement.

Debut de section - Permalien
Jean-Christophe Combe, ministre

Madame la sénatrice, vous souhaitez étendre les dispositions qui s'appliquent pour les salariés handicapés aux parents d'enfants malades.

Si l'intention est louable, l'extension de cette disposition n'apparaît pas pertinente. En effet, cette mesure vise à prendre en compte le fait que le salarié atteint d'un handicap, avec un statut spécifique associé, puisse avoir des temps de trajet rallongés.

Si je ne nie pas que certains parents ayant des enfants atteints d'une maladie, d'un handicap ou victimes d'un accident grave puissent rencontrer des contraintes particulièrement lourdes dans l'organisation de leur vie personnelle, la modification des règles applicables aux trajets entre le domicile et le travail n'est pas adéquate.

D'autres dispositifs existent et permettent d'aider les parents d'enfants malades. Ainsi, l'article L. 3121-49 du code du travail prévoit que les aidants familiaux et les proches d'une personne handicapée bénéficient d'un aménagement du temps de travail sous forme d'horaires individualisés propres à faciliter l'accompagnement de cette personne.

Pour ces raisons, je suis défavorable à votre amendement.

L'amendement n'est pas adopté.

(Non modifié)

I. – L'article L. 544-3 du code de la sécurité sociale est ainsi modifié :

1° Le premier alinéa est complété par une phrase ainsi rédigée : « L'allocation peut faire l'objet d'une avance dans l'attente de l'avis mentionné à la dernière phrase du premier alinéa de l'article L. 544-2. » ;

2° Au deuxième alinéa, le mot : « explicite » est supprimé.

II. – Le dernier alinéa de l'article L. 1225-62 du code du travail est ainsi modifié :

1° Le mot : « attestant » est remplacé par le mot : « atteste » ;

2° Les mots : « est confirmé par un accord explicite du service du contrôle médical prévu à l'article L. 315-1 du code de la sécurité sociale ou du régime spécial de sécurité sociale » sont supprimés.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 9, présenté par Mmes M. Vogel et Poncet Monge, MM. Benarroche, Breuiller et Dantec, Mme de Marco et MM. Dossus, Fernique, Gontard, Labbé, Parigi et Salmon, est ainsi libellé :

Compléter cet article par un paragraphe ainsi rédigé :

– Le troisième alinéa de l'article L. 3142-19 du même code est complété par une phrase ainsi rédigée : « Dans ce cas, l'allocation journalière du proche aidant mentionnée à l'article L. 168-8 du code de la sécurité sociale peut faire l'objet d'une avance. »

La parole est à Mme Mélanie Vogel.

Debut de section - PermalienPhoto de Mélanie Vogel

Cet amendement tend à permettre le versement d'une avance non seulement pour l'allocation de présence parentale, mais également pour l'allocation journalière de proche aidant.

Cette mesure vise à répondre aux délais de traitement qui peuvent malheureusement atteindre plusieurs mois. Or, quand on a besoin de ce versement, une telle attente peut poser de grands problèmes.

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Pierre Richer

Cet amendement vise à permettre une avance sur le versement de l'AJPA en cas de dégradation soudaine de l'état de santé de la personne aidée ou de situation urgente.

Dans cette situation, le salarié peut demander le congé de proche aidant sans délai, mais l'AJPA ne lui sera pas nécessairement versée, même si les délais sont plus courts que pour l'AJPP.

L'article 3 vise à créer une possibilité d'avancer l'AJPP afin d'éviter les ruptures de ressources des familles en situation d'urgence.

Pour ces raisons, la commission a émis un avis favorable.

Debut de section - Permalien
Jean-Christophe Combe, ministre

Une fois n'est pas coutume, je ne partage pas l'avis de la commission.

Cet amendement vise à répliquer pour l'AJPA les dispositions adoptées à l'Assemblée nationale sur le versement d'une avance au titre de l'AJPP.

L'AJPA étant conditionnée à la prise d'un congé de proche aidant pour les salariés et agents publics, l'objet de votre amendement, à savoir permettre le versement rapide de l'AJPA, est satisfait.

Par ailleurs, la mesure qui a été adoptée à l'Assemblée nationale concernant l'AJPP l'a été puisque l'allongement de la durée de versement était dû au fait que l'avis du service médical était nécessaire pour bénéficier de celle-ci, ce qui n'est pas le cas pour l'AJPA.

Je suis donc défavorable à cet amendement puisque, par définition, le versement n'est pas retardé par la procédure, comme c'est le cas avec l'AJPP.

L'amendement est adopté.

L'article 3 est adopté.

I. – L'article 54 de la loi n° 2021-1754 du 23 décembre 2021 de financement de la sécurité sociale pour 2022 est ainsi modifié :

1° Le b du 1° du I est abrogé ;

2° Après l'année : « 2023 », la fin du VI est supprimée.

II

– La seconde phrase du premier alinéa des articles L. 168-9 et L. 544-6 du code de la sécurité sociale est supprimée. –

Adopté.

(Non modifié)

L'article 15 de la loi n° 89-462 du 6 juillet 1989 tendant à améliorer les rapports locatifs et portant modification de la loi n° 86-1290 du 23 décembre 1986 est ainsi modifié :

1° Le IV devient le V ;

2° Le IV est ainsi rétabli :

« IV. – Le bailleur ne peut s'opposer au renouvellement du contrat en donnant congé dans les conditions définies au I du présent article à l'égard de tout bénéficiaire de l'allocation mentionnée à l'article L. 544-1 du code de la sécurité sociale dont les ressources annuelles sont inférieures à un plafond de ressources en vigueur pour l'attribution des logements locatifs conventionnés fixé par arrêté du ministre chargé du logement, sans qu'un logement correspondant à ses besoins et à ses possibilités lui soit offert dans les limites géographiques prévues à l'article 13 bis de la loi n° 48-1360 du 1er septembre 1948 précitée. »

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 10, présenté par Mmes M. Vogel et Poncet Monge, MM. Benarroche, Breuiller et Dantec, Mme de Marco et MM. Dossus, Fernique, Gontard, Labbé, Parigi et Salmon, est ainsi libellé :

Alinéa 4

Remplacer les mots :

de l'allocation mentionnée à l'article L. 544-1

par les mots :

des allocations mentionnées aux articles L. 168-8 ou L. 544-1

La parole est à Mme Mélanie Vogel.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 10 est retiré.

Je mets aux voix l'article 4 bis.

L'article 4 bis est adopté.

(Non modifié)

I. – Pour une durée de trois ans à compter de la promulgation de la présente loi, à titre expérimental, dans, au plus, dix départements, y compris ultramarins, les organismes débiteurs des prestations familiales identifient et mettent en place des dispositifs visant à améliorer l'accompagnement des familles bénéficiaires de l'allocation mentionnée à l'article L. 544-1 du code de la sécurité sociale, notamment pour les prémunir de difficultés financières et simplifier leur parcours.

II. – L'expérimentation donne lieu, avant son terme, à un rapport d'évaluation remis au Parlement par le Gouvernement.

(Supprimé) –

Adopté.

III. – §

(Suppression maintenue)

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

Personne ne demande la parole ?…

Je mets aux voix, dans le texte de la commission, modifié, l'ensemble de la proposition de loi visant à renforcer la protection des familles d'enfants atteints d'une maladie ou d'un handicap ou victimes d'un accident d'une particulière gravité.

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Deroche

Monsieur le président, monsieur le ministre, je me félicite de l'adoption de ce texte.

Nous espérons que la commission mixte paritaire sera conclusive et qu'elle retiendra les modifications du Sénat, qui a permis d'améliorer le texte, d'où l'intérêt de ces navettes.

Je remercie Paul Christophe, toujours fidèle à son engagement pour accompagner les familles, d'avoir présenté cette proposition de loi.

Je salue également la qualité du travail de Marie-Pierre Richer. Je remercie également Brigitte Micouleau, ainsi que le ministre des solidarités.

Applaudissements sur les travées des groupes Les Républicains, UC et RDPI. – M. Bernard Jomier applaudit également.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

Mes chers collègues, nous allons interrompre nos travaux pour quelques instants.

La séance est suspendue.

La séance, suspendue à seize heures vingt, est reprise à seize heures vingt-deux.