Séance en hémicycle du 21 juin 2023 à 15h00

Résumé de la séance

Les mots clés de cette séance

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  • dumping social
  • marin
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Sommaire

La séance

Source

La séance est ouverte à quinze heures.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

Le compte rendu analytique de la précédente séance a été distribué.

Il n’y a pas d’observation ?…

Le procès-verbal est adopté sous les réserves d’usage.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

L’ordre du jour appelle les réponses à des questions d’actualité au Gouvernement.

Je vous rappelle que la séance est retransmise en direct sur Public Sénat et sur notre site internet.

Au nom du bureau du Sénat, j’appelle chacun de vous, mes chers collègues, à observer au cours de nos échanges l’une des valeurs essentielles du Sénat : le respect, qu’il s’agisse du respect des uns et des autres ou de celui du temps de parole.

Debut de section - PermalienPhoto de Hervé Marseille

Madame la Première ministre, avec les collègues de mon groupe, j'ai souhaité attirer votre attention sur un sujet qui nous préoccupe gravement : la dégradation de notre relation avec les pays du Maghreb, et en particulier avec le Maroc.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

M. le président. La parole est à M. Hervé Marseille, pour le groupe Union Centriste.

Applaudissements sur les travées du groupe UC, ainsi que sur des travées des groupes INDEP et Les Républicains.

Debut de section - PermalienPhoto de Hervé Marseille

Nous nous sommes rendus dans ce pays voilà peu avec le président de la commission des affaires étrangères, Christian Cambon, et une délégation du groupe d'amitié France-Maroc du Sénat. Nous avons pu mesurer l'état de dégradation de la relation entre nos deux pays. Ainsi, nous avons été reçus non pas au Parlement ou dans les ministères, mais au siège des partis ou au domicile de nos hôtes, où l'accueil est, certes, chaleureux.

Depuis deux ans, le Maroc, qui est pourtant historiquement, et de longue date, un pays ami, avec lequel nous avons beaucoup d'intérêts, et qui est en quelque sorte « nos yeux et nos oreilles » dans cette région, a une relation difficile avec la France.

Cette relation n'est pas exclusive de ce que nous pouvons faire, de façon équilibrée, avec l'Algérie, comme cela a été le cas pendant de nombreuses années.

Nous avons consenti de gros efforts en direction de l'Algérie. Le Président de la République s'y est rendu. Puis, ce fut votre tour peu de temps après, madame la Première ministre ; vous étiez accompagnée d'une grande délégation. Mais, force est de le constater, ces renoncements auxquels nous avons consenti ont été couronnés de peu de succès, à en juger par les dernières mesures prises par le gouvernement algérien, qui a cru devoir réintroduire dans l'hymne national un couplet assez peu amical à l'endroit de la France.

Debut de section - PermalienPhoto de Hervé Marseille

Madame la Première ministre, avec les collègues de mon groupe, j’ai souhaité attirer votre attention sur un sujet qui nous préoccupe gravement : la dégradation de notre relation avec les pays du Maghreb, et en particulier avec le Maroc.

M. Roger Karoutchi acquiesce.

Debut de section - PermalienPhoto de Hervé Marseille

Le Président de la République a reçu hier Mme Giorgia Meloni. Ce qui nous lie à l'Italie, au Maroc et à l'Algérie, l'Union pour la Méditerranée, est « en rade » – il n'y a pas d'autre mot – depuis plusieurs années.

Pour affirmer la place de la France en Méditerranée, engager un dialogue utile sur les problèmes migratoires et peser au sein de l'Union européenne, il est indispensable que nous relancions l'Union pour la Méditerranée et que nous puissions travailler de nouveau, dans des conditions de confiance, avec le Maroc, parce que les Marocains sont nos amis au Maghreb.

Debut de section - PermalienPhoto de Hervé Marseille

Nous nous sommes rendus dans ce pays voilà peu avec le président de la commission des affaires étrangères, Christian Cambon, et une délégation du groupe d’amitié France-Maroc du Sénat. Nous avons pu mesurer l’état de dégradation de la relation entre nos deux pays. Ainsi, nous avons été reçus non pas au Parlement ou dans les ministères, mais au siège des partis ou au domicile de nos hôtes, où l’accueil est, certes, chaleureux.

Depuis deux ans, le Maroc, qui est pourtant historiquement, et de longue date, un pays ami, avec lequel nous avons beaucoup d’intérêts, et qui est en quelque sorte « nos yeux et nos oreilles » dans cette région, a une relation difficile avec la France.

Cette relation n’est pas exclusive de ce que nous pouvons faire, de façon équilibrée, avec l’Algérie, comme cela a été le cas pendant de nombreuses années.

Nous avons consenti de gros efforts en direction de l’Algérie. Le Président de la République s’y est rendu. Puis, ce fut votre tour peu de temps après, madame la Première ministre ; vous étiez accompagnée d’une grande délégation. Mais, force est de le constater, ces renoncements auxquels nous avons consenti ont été couronnés de peu de succès, à en juger par les dernières mesures prises par le gouvernement algérien, qui a cru devoir réintroduire dans l’hymne national un couplet assez peu amical à l’endroit de la France.

Debut de section - PermalienPhoto de Hervé Marseille

Je me suis rendu dans ce pays voilà peu avec le président de la commission des affaires étrangères, Christian Cambon, et une délégation du groupe d’amitié France-Maroc du Sénat. Nous avons pu mesurer l’état de dégradation de la relation entre nos deux pays. Ainsi, nous avons été reçus non pas au Parlement ou dans les ministères, mais au siège des partis ou au domicile de nos hôtes, où l’accueil est, certes, chaleureux.

Depuis deux ans, le Maroc, qui est pourtant historiquement, et de longue date, un pays ami, avec lequel nous avons beaucoup d’intérêts, et qui est en quelque sorte « nos yeux et nos oreilles » dans cette région, a une relation difficile avec la France.

Cette relation n’est pas exclusive de ce que nous pouvons faire, de façon équilibrée, avec l’Algérie, comme cela a été le cas pendant de nombreuses années.

Nous avons consenti de gros efforts en direction de l’Algérie. Le Président de la République s’y est rendu. Puis, ce fut votre tour peu de temps après, madame la Première ministre ; vous étiez accompagnée d’une grande délégation. Mais, force est de le constater, ces renoncements auxquels nous avons consenti ont été couronnés de peu de succès, à en juger par les dernières mesures prises par le gouvernement algérien, qui a cru devoir réintroduire dans l’hymne national un couplet assez peu amical à l’endroit de la France.

Marques d'impatience sur les travées du groupe SER.

M. Roger Karoutchi acquiesce.

Debut de section - PermalienPhoto de Hervé Marseille

Le Président de la République a reçu hier Mme Giorgia Meloni. Ce qui nous lie à l’Italie, au Maroc et à l’Algérie, l’Union pour la Méditerranée, est « en rade » – il n’y a pas d’autre mot – depuis plusieurs années.

Pour affirmer la place de la France en Méditerranée, engager un dialogue utile sur les problèmes migratoires et peser au sein de l’Union européenne, il est indispensable que nous relancions l’Union pour la Méditerranée et que nous puissions travailler de nouveau, dans des conditions de confiance, avec le Maroc, parce que les Marocains sont nos amis au Maghreb.

Marques d ’ impatience sur les travées du groupe SER.

Debut de section - Permalien
Elisabeth Borne, Première ministre

Monsieur le président Hervé Marseille, la France a une relation très riche, une histoire partagée et des liens humains particulièrement étroits avec le Maroc comme avec l'Algérie.

Une histoire de cette intensité n'est jamais dépassionnée. Je veux redire que nous avons un objectif clair : développer et approfondir nos liens, dans le respect mutuel, avec chacun de ces deux pays.

Avec l'Algérie, nous continuons à travailler dans l'esprit de la déclaration d'Alger, pour un partenariat renouvelé entre la France et celle-ci. ()

Vous l'avez indiqué, je me suis moi-même rendue à Alger au mois d'octobre 2022, quelques semaines après la visite du Président de la République, pour coprésider le Comité intergouvernemental de haut niveau (CIHN). Par ailleurs, les deux présidents échangent de manière très régulière.

Nous souhaitons aller de l'avant. Il y a bien entendu des obstacles, mais il y a surtout une volonté commune, partagée par le président Macron et le président Abdelmadjid Tebboune de regarder vers l'avenir et de le construire, au bénéfice de nos deux peuples.

Nous restons bien évidemment vigilants, notamment dans le domaine migratoire. Nous avons à cet égard un dialogue exigeant, en particulier sur la réadmission des ressortissants algériens en situation irrégulière.

Debut de section - PermalienPhoto de Hervé Marseille

M. Hervé Marseille. Madame la Première ministre, quelle initiative comptez-vous prendre pour relancer l’Union pour la Méditerranée et nos relations avec le Maroc ?

Debut de section - Permalien
Plusieurs sénateurs du groupe Les Républicains

La question est sur le Maroc !

Applaudissements sur les travées des groupes UC, RDSE, INDEP et Les Républicains.

Debut de section - Permalien
Elisabeth Borne, Première ministre

Avec le Maroc, nos liens, qu'ils soient humains, économiques ou culturels, sont très forts. La relation franco-marocaine, ce sont, par exemple, plus de 46 000 étudiants marocains en France, ...

Debut de section - Permalien
Elisabeth Borne

Monsieur le président Hervé Marseille, la France a une relation très riche, une histoire partagée et des liens humains particulièrement étroits avec le Maroc comme avec l’Algérie.

Une histoire de cette intensité n’est jamais dépassionnée. Je veux redire que nous avons un objectif clair : développer et approfondir nos liens, dans le respect mutuel, avec chacun de ces deux pays.

Avec l’Algérie, nous continuons à travailler dans l’esprit de la déclaration d’Alger, pour un partenariat renouvelé entre la France et celle-ci. ()

Vous l’avez indiqué, je me suis moi-même rendue à Alger au mois d’octobre 2022, quelques semaines après la visite du Président de la République, pour coprésider le Comité intergouvernemental de haut niveau (CIHN). Par ailleurs, les deux présidents échangent de manière très régulière.

Nous souhaitons aller de l’avant. Il y a bien entendu des obstacles, mais il y a surtout une volonté commune, partagée par le président Macron et le président Abdelmadjid Tebboune de regarder vers l’avenir et de le construire, au bénéfice de nos deux peuples.

Nous restons bien évidemment vigilants, notamment dans le domaine migratoire. Nous avons à cet égard un dialogue exigeant, en particulier sur la réadmission des ressortissants algériens en situation irrégulière.

Debut de section - Permalien
Elisabeth Borne, Première ministre

... 46 000 élèves dans les établissements français au Maroc et plus de 1 000 filiales d'entreprises françaises.

La ministre de l'Europe et des affaires étrangères, Catherine Colonna, s'est rendue au Maroc au mois de décembre dernier pour une visite qui a été très positive. Le souhait de la France est de poursuivre l'approfondissement de ce partenariat d'exception au service des intérêts que partagent nos deux pays et à la hauteur de la relation que nous voulons avec le Maroc.

Vous avez raison, monsieur le président Marseille, l'avenir de nos relations avec l'Algérie et le Maroc, comme avec la Tunisie, s'inscrit plus largement dans notre politique pour la Méditerranée.

La France, qui est à l'origine de l'Union pour la Méditerranée, continuera à prendre des initiatives fortes pour renforcer les liens entre les deux rives et pour apporter des réponses concrètes à nos défis communs, notamment en matière d'environnement.

MM. François Patriat et Alain Richard applaudissent.

Debut de section - Permalien
Plusieurs sénateurs du groupe Les Républicains

La question est sur le Maroc !

Elisabeth Borne

Avec le Maroc, nos liens, qu’ils soient humains, économiques ou culturels, sont très forts. La relation franco-marocaine, ce sont, par exemple, plus de 46 000 étudiants marocains en France, …

Photo de Gérard Larcher

M. le président. La parole est à Mme Cathy Apourceau-Poly, pour le groupe communiste républicain citoyen et écologiste.

Elisabeth Borne

… 46 000 élèves dans les établissements français au Maroc et plus de 1 000 filiales d’entreprises françaises.

La ministre de l’Europe et des affaires étrangères, Catherine Colonna, s’est rendue au Maroc au mois de décembre dernier pour une visite qui a été très positive. Le souhait de la France est de poursuivre l’approfondissement de ce partenariat d’exception au service des intérêts que partagent nos deux pays et à la hauteur de la relation que nous voulons avec le Maroc.

Vous avez raison, monsieur le président Marseille, l’avenir de nos relations avec l’Algérie et le Maroc, comme avec la Tunisie, s’inscrit plus largement dans notre politique pour la Méditerranée.

La France, qui est à l’origine de l’Union pour la Méditerranée, continuera à prendre des initiatives fortes pour renforcer les liens entre les deux rives et pour apporter des réponses concrètes à nos défis communs, notamment en matière d’environnement.

Photo de Cathy Apourceau-Poly

Ma question s'adresse à M. le ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique.

Monsieur le ministre, les Assises des finances publiques, que vous attendiez comme un moment fort de ce quinquennat, constituent en réalité un nouveau rendez-vous manqué au regard de votre volonté de prendre en considération la voix des collectivités territoriales.

L'Association des maires de France et des présidents d'intercommunalité (AMF), l'Assemblée des départements de France (ADF) et Régions de France ont refusé de participer à cette grand-messe. Ils ont eu raison : selon vous, ce sont de nouveau les collectivités territoriales qui devront faire des efforts pour désendetter la France ; on parle ici de 10 milliards d'euros à 15 milliards d'euros.

Vous leur demandez de réduire de 0, 5 % leurs dépenses de fonctionnement, alors qu'elles sont déjà en difficulté. En effet, les budgets des collectivités pour 2023 ont été construits dans une extrême fragilité, et ceux de 2024 le seront encore plus.

Les maires, les présidents d'agglomération et les présidents de communauté de communes nous expliquent qu'ils n'ont jamais eu autant de mal à boucler leurs budgets. Aujourd'hui, les municipalités ne disposent même plus de leviers fiscaux pour assurer des recettes pérennes du fait de la suppression de la taxe d'habitation, suivie de la suppression de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) à coups d'article 49-3...

Comme si ce n'était pas suffisant, vous augmentez le point d'indice des fonctionnaires territoriaux. C'est une bonne nouvelle, mais vous le faites, une fois de plus, sans prévoir aucune compensation financière de l'État.

Ce sont les services rendus à la population et la libre administration des communes que vous impactez par vos décisions.

Vous êtes incapables de travailler avec les collectivités territoriales sur des sujets qui affectent leur quotidien, et de dialoguer avec celles et ceux qui sont chaque jour sur le terrain : les élus locaux.

Vous leur demandez à la fois d'agir en faveur de la transition écologique et de dépenser moins que l'inflation chaque année : c'est réduire les chances de répondre aux enjeux de développement durable.

Monsieur le ministre, quand allez-vous mettre en place un réel pacte financier entre l'État et les collectivités territoriales, afin de garantir le service public et de prendre en compte les réalités locales ?

politique de réduction des dépenses publiques

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

M. le président. La parole est à Mme Cathy Apourceau-Poly, pour le groupe communiste républicain citoyen et écologiste.

Debut de section - Permalien
Gabriel Attal, ministre délégué auprès du ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, chargé des comptes publics

M. Gabriel Attal, ministre délégué auprès du ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, chargé des comptes publics. Madame la sénatrice Cathy Apourceau-Poly, je vous réponds comme ministre chargé des comptes publics, mais également comme élu local.

Applaudissements sur les travées du groupe CRCE et sur des travées du groupe SER.

Exclamations ironiques sur les travées des groupes SER et CRCE.

Debut de section - PermalienPhoto de Cathy Apourceau-Poly

Ma question s’adresse à M. le ministre de l’économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique.

Monsieur le ministre, les Assises des finances publiques, que vous attendiez comme un moment fort de ce quinquennat, constituent en réalité un nouveau rendez-vous manqué au regard de votre volonté de prendre en considération la voix des collectivités territoriales.

L’Association des maires de France et des présidents d’intercommunalité (AMF), l’Assemblée des départements de France (ADF) et Régions de France ont refusé de participer à cette grand-messe. Ils ont eu raison : selon vous, ce sont de nouveau les collectivités territoriales qui devront faire des efforts pour désendetter la France ; on parle ici de 10 milliards d’euros à 15 milliards d’euros.

Vous leur demandez de réduire de 0, 5 % leurs dépenses de fonctionnement, alors qu’elles sont déjà en difficulté. En effet, les budgets des collectivités pour 2023 ont été construits dans une extrême fragilité, et ceux de 2024 le seront encore plus.

Les maires, les présidents d’agglomération et les présidents de communauté de communes nous expliquent qu’ils n’ont jamais eu autant de mal à boucler leurs budgets. Aujourd’hui, les municipalités ne disposent même plus de leviers fiscaux pour assurer des recettes pérennes du fait de la suppression de la taxe d’habitation, suivie de la suppression de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) à coups d’article 49-3…

Comme si ce n’était pas suffisant, vous augmentez le point d’indice des fonctionnaires territoriaux. C’est une bonne nouvelle, mais vous le faites, une fois de plus, sans prévoir aucune compensation financière de l’État.

Ce sont les services rendus à la population et la libre administration des communes que vous impactez par vos décisions.

Vous êtes incapables de travailler avec les collectivités territoriales sur des sujets qui affectent leur quotidien, et de dialoguer avec celles et ceux qui sont chaque jour sur le terrain : les élus locaux.

Vous leur demandez à la fois d’agir en faveur de la transition écologique et de dépenser moins que l’inflation chaque année : c’est réduire les chances de répondre aux enjeux de développement durable.

Monsieur le ministre, quand allez-vous mettre en place un réel pacte financier entre l’État et les collectivités territoriales, afin de garantir le service public et de prendre en compte les réalités locales ?

Debut de section - PermalienPhoto de Cathy Apourceau-Poly

Ma question s’adresse à M. le ministre de l’économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique.

Monsieur le ministre, les Assises des finances publiques, que vous attendiez comme un moment fort de ce quinquennat, constituent en réalité un nouveau rendez-vous manqué au regard de votre volonté de prendre en considération la voix des collectivités territoriales.

L’Association des maires de France et des présidents d’intercommunalité (AMF), l’Assemblée des départements de France (ADF) et Régions de France ont refusé de participer à cette grand-messe. Ils ont eu raison : selon vous, ce sont de nouveau les collectivités territoriales qui devront faire des efforts pour désendetter la France ; on parle ici de 10 milliards d’euros à 15 milliards d’euros.

Vous leur demandez de réduire de 0, 5 % leurs dépenses de fonctionnement, alors qu’elles sont déjà en difficulté. En effet, les budgets des collectivités pour 2023 ont été construits dans une extrême fragilité, et ceux de 2024 le seront encore plus.

Les maires, les présidents d’agglomération et les présidents de communauté de communes nous expliquent qu’ils n’ont jamais eu autant de mal à boucler leur budget. Aujourd’hui, les municipalités ne disposent même plus de leviers fiscaux pour assurer des recettes pérennes du fait de la suppression de la taxe d’habitation, suivie de la suppression de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) à coups d’article 49.3…

Comme si ce n’était pas suffisant, vous augmentez le point d’indice des fonctionnaires territoriaux. C’est une bonne nouvelle, mais vous le faites, une fois de plus, sans prévoir aucune compensation financière de l’État.

Ce sont les services rendus à la population et la libre administration des communes que vous impactez par vos décisions.

Vous êtes incapable de travailler avec les collectivités territoriales sur des sujets qui affectent leur quotidien, et de dialoguer avec celles et ceux qui sont chaque jour sur le terrain : les élus locaux.

Vous leur demandez à la fois d’agir en faveur de la transition écologique et de dépenser moins que l’inflation chaque année : c’est réduire les chances de répondre aux enjeux de développement durable.

Monsieur le ministre, quand allez-vous mettre en place un réel pacte financier entre l’État et les collectivités territoriales, afin de garantir le service public et de prendre en compte les réalités locales ?

Applaudissements sur les travées du groupe CRCE et sur des travées du groupe SER. – Mme Esther Benbassa et M. Daniel Breuiller applaudissent également.

Debut de section - Permalien
Gabriel Attal, ministre délégué

M. Gabriel Attal, ministre délégué. Je le dis, car ce mandat local me permet d'avoir une conviction absolue : on ne peut pas opposer l'État et les collectivités locales.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

La parole est à M. le ministre délégué chargé des comptes publics.

M. Michel Dagbert applaudit.

Debut de section - Permalien
Gabriel Attal

M. Gabriel Attal, ministre délégué auprès du ministre de l ’ économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, chargé des comptes publics. Madame la sénatrice Cathy Apourceau-Poly, je vous réponds comme ministre chargé des comptes publics, mais également comme élu local.

Debut de section - Permalien
Gabriel Attal, ministre délégué

Les collectivités locales ont évidemment besoin de l'État, notamment en étant accompagnées lors des périodes de crise. Et l'État a besoin des collectivités locales pour que l'investissement se maintienne à un bon niveau dans notre pays. Nous avons tous besoin les uns des autres pour relever le grand défi de la transition écologique, qui nécessitera un investissement public massif. C'est la raison pour laquelle nous devons avancer ensemble, y compris pour maîtriser nos dépenses publiques.

En effet, la situation de tension de nos finances publiques et l'augmentation des taux d'intérêt ont un impact non seulement sur les finances de l'État, mais aussi sur les projets d'investissements des collectivités locales. Nous devons être capables tous ensemble de relever ce défi du contrôle de nos finances publiques.

L'an dernier, nous avions présenté avec Bruno Le Maire un programme de stabilité et une loi de programmation des finances publiques prévoyant pour les cinq ans à venir un effort des collectivités locales supérieur à celui de l'État. Nous avons eu à cet égard un grand nombre de débats dans cet hémicycle, et nous avons notamment entendu ce que vous nous avez dit, mesdames, messieurs les sénateurs.

La nouvelle copie du programme de stabilité que nous avons présentée prévoit donc, à l'inverse des mesures initiales, un effort de l'État supérieur à celui des collectivités locales : une baisse de 0, 8 % des dépenses de l'État, contre une diminution de 0, 5 % en volume des dépenses de fonctionnement des collectivités locales. Il nous appartient de construire ensemble les mécanismes et la manière dont nous allons avancer.

Nous avons reçu les associations d'élus ; trois réunions techniques ont eu lieu au niveau ministériel au cours des dernières semaines. Nous allons continuer à travailler avec elles, avec un objectif – avancer ensemble au service du pays et des investissements que nous devrons réaliser en faveur de la transition écologique – et une méthode : la confiance.

Exclamations ironiques sur les travées des groupes SER et CRCE.

Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.

Debut de section - Permalien
Gabriel Attal

M. Gabriel Attal, ministre délégué. Je le dis, car ce mandat local me permet d’avoir une conviction absolue : on ne peut pas opposer l’État et les collectivités locales.

Photo de Dominique Théophile

Ma question s'adresse à M. le ministre chargé des outre-mer.

Monsieur le ministre, la Guadeloupe s'apprête à affronter une hausse du trafic aérien, notamment lors des vacances estivales. S'il s'agit bien d'une aubaine pour notre territoire après deux ans de crise covid, une nouvelle difficulté s'ajoute et perturbe d'ores et déjà les usagers de l'aéroport Guadeloupe-Pôle Caraïbes, qui doit faire face à une pénurie de contrôleurs aériens.

Faute d'effectifs suffisants, cet aéroport, qui est la principale plateforme reliant notre territoire avec le monde en matière de transport de personnes – une infrastructure essentielle en matière de continuité territoriale pour notre région –, sera fermé du 23 au 25 juin. J'ajoute que nous avons déjà connu une fermeture les 21 et 22 février derniers.

L'aéroport dispose à ce jour d'un effectif de vingt-quatre agents, dont dix-neuf sont totalement opérationnels, alors que trente et un postes sont nécessaires pour assurer un fonctionnement dit normal. Les conséquences sont graves et importantes : des vols et rotations reportés, des passagers non acheminés et, parfois, des évacuations sanitaires annulées.

Face à l'urgence de la situation, les réponses ne sont pas au rendez-vous. Notre territoire ne peut pas attendre la formation de nouveaux contrôleurs d'ici à dix-huit mois !

D'autres solutions sont envisageables. Je pense à la recherche sur le plan national d'autres agents, au transfert d'effectifs à partir de plateformes proches, comme Fort-de-France, ou à la mutualisation des effectifs entre la Guadeloupe et la Martinique.

Monsieur le ministre, dans ce contexte exceptionnel, et pour prévenir d'autres perturbations qui pourraient se révéler plus graves en matière de sécurité, le Gouvernement pourrait-il mettre en place des mesures d'urgence, afin de renforcer les effectifs de contrôleurs aériens en Guadeloupe ? Pourriez-vous nous donner des précisions à cet égard ? §

Gabriel Attal

Les collectivités locales ont évidemment besoin de l’État, notamment en étant accompagnées lors des périodes de crise. Et l’État a besoin des collectivités locales pour que l’investissement se maintienne à un bon niveau dans notre pays. Nous avons tous besoin les uns des autres pour relever le grand défi de la transition écologique, qui nécessitera un investissement public massif. C’est la raison pour laquelle nous devons avancer ensemble, y compris pour maîtriser nos dépenses publiques.

En effet, la situation de tension de nos finances publiques et l’augmentation des taux d’intérêt ont un impact non seulement sur les finances de l’État, mais aussi sur les projets d’investissements des collectivités locales. Nous devons être capables tous ensemble de relever ce défi du contrôle de nos finances publiques.

L’an dernier, nous avions présenté avec Bruno Le Maire un programme de stabilité et une loi de programmation des finances publiques prévoyant pour les cinq ans à venir un effort des collectivités locales supérieur à celui de l’État. Nous avons eu à cet égard un grand nombre de débats dans cet hémicycle, et nous avons notamment entendu ce que vous nous avez dit, mesdames, messieurs les sénateurs.

La nouvelle copie du programme de stabilité que nous avons présentée prévoit donc, à l’inverse des mesures initiales, un effort de l’État supérieur à celui des collectivités locales : une baisse de 0, 8 % des dépenses de l’État, contre une diminution de 0, 5 % en volume des dépenses de fonctionnement des collectivités locales. Il nous appartient de construire ensemble les mécanismes et la manière dont nous allons avancer.

Nous avons reçu les associations d’élus ; trois réunions techniques ont eu lieu au niveau ministériel au cours des dernières semaines. Nous allons continuer à travailler avec elles, avec un objectif – avancer ensemble au service du pays et des investissements que nous devrons réaliser en faveur de la transition écologique – et une méthode : la confiance.

Debut de section - Permalien
Gabriel Attal

Les collectivités locales ont évidemment besoin de l’État, notamment en étant accompagnées lors des périodes de crise. Et l’État a besoin des collectivités locales pour que l’investissement se maintienne à un bon niveau dans notre pays. Nous avons tous besoin les uns des autres pour relever le grand défi de la transition écologique, qui nécessitera un investissement public massif. C’est la raison pour laquelle nous devons avancer ensemble, y compris pour maîtriser nos dépenses publiques.

En effet, la situation de tension de nos finances publiques et l’augmentation des taux d’intérêt ont un impact non seulement sur les finances de l’État, mais aussi sur les projets d’investissements des collectivités locales. Nous devons être capables tous ensemble de relever ce défi du contrôle de nos finances publiques.

L’an dernier, Bruno Le Maire et moi-même avions présenté un programme de stabilité et une loi de programmation des finances publiques prévoyant pour les cinq ans à venir un effort des collectivités locales supérieur à celui de l’État. Nous avons eu à cet égard un grand nombre de débats dans cet hémicycle, et nous avons notamment entendu ce que vous nous avez dit, mesdames, messieurs les sénateurs.

La nouvelle copie du programme de stabilité que nous avons présentée prévoit donc, à l’inverse des mesures initiales, un effort de l’État supérieur à celui des collectivités locales : une baisse de 0, 8 % des dépenses de l’État, contre une diminution de 0, 5 % en volume des dépenses de fonctionnement des collectivités locales. Il nous appartient de construire ensemble les mécanismes et la manière dont nous allons avancer.

Nous avons reçu les associations d’élus ; trois réunions techniques ont eu lieu au niveau ministériel au cours des dernières semaines. Nous allons continuer à travailler avec elles, avec un objectif – avancer ensemble au service du pays et des investissements que nous devrons réaliser en faveur de la transition écologique – et une méthode : la confiance.

Jean-François Carenco, ministre délégué auprès du ministre de l'intérieur et des outre-mer, chargé des outre-mer

Monsieur le sénateur Théophile, vous interrogez le Gouvernement sur la pénurie d'effectifs des contrôleurs aériens et sur ses conséquences en termes de sécurité civile en Guadeloupe. Je connais votre mobilisation sur le sujet.

Vous avez raison, le service de navigation aérienne Antilles-Guyane se trouve actuellement dans une situation difficile de sous-effectifs, ce qui l'a contraint à fermer les services de contrôle aérien durant la nuit, et en matinée à chaque fois que l'effectif en journée n'est pas suffisant. En réaction, le directeur compétent a engagé un important travail de dialogue social, notamment pour garantir, d'une part, un maintien du service et, d'autre part, des conditions d'exercice satisfaisantes pour les contrôleurs.

Je tiens à dire ici que le transport d'urgence, et notamment sanitaire, est garanti par l'hélicoptère de la sécurité civile, Dragon 971, qui est en mesure d'intervenir 24 heures sur 24. Il n'y a donc pas de danger en termes de sécurité civile.

La direction des services de la navigation aérienne (DSNA) travaille d'arrache-pied pour établir un nouveau tour de service prévoyant, à effectif constant, un élargissement et une sécurisation de l'offre de service sur la plage horaire allant de six heures quarante-cinq à vingt-trois heures, comme le demandent les compagnies aériennes.

Par ailleurs, et c'est là le principal, sept contrôleurs aériens sont actuellement en formation sur place, et six nouveaux contrôleurs aériens devraient arriver d'ici à la rentrée, et non pas dans dix-huit mois ; je me suis entretenu à ce sujet ce matin même avec le directeur général de l'aviation civile (DGAC). ministre chargé des transports travaille par ailleurs sur des mesures de fidélisation et d'optimisation des temps de formation locale.

La situation n'affecte en rien la sécurité, et je pense qu'elle devrait s'améliorer d'ici à quelques semaines pour ce qui concerne les vols civils. §

Photo de Gérard Larcher

M. le président. La parole est à M. Vincent Éblé, pour le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain.

Photo de Gérard Larcher

M. le président. La parole est à M. Dominique Théophile, pour le groupe Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants.

Photo de Vincent Eblé

Monsieur le président, madame la Première ministre, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, je souhaite associer Rachid Temal, sénateur du Val-d'Oise, à ma question.

Mme la Première ministre a avoué lundi dernier que le Gouvernement n'avait pas suffisamment associé les collectivités territoriales à la réflexion sur la question du point d'indice. En effet, cette décision impose aux assemblées locales, dont le budget est voté depuis le 15 avril, de revoir leur copie deux mois plus tard. Cette méthode est un manque de considération notoire vis-à-vis des élus locaux, d'autant plus irritant que le coût est loin d'être anodin : annoncé à un milliard d'euros le matin de l'annonce, ce montant a doublé l'après-midi !

Depuis 2017, les décisions imposées sont nombreuses : suppression de la taxe d'habitation contre l'avis des associations d'élus ; contrats de Cahors et loi de programmation, par lesquels 13 milliards d'euros d'économies ont été imposés ; augmentation du point d'indice dès 2022, sans plus de consultation ni de compensation ; plan eau et plan vélo annoncés unilatéralement, en laissant les élus locaux assumer seuls leur mise en œuvre. La liste pourrait s'allonger, mais le temps manque...

Le Gouvernement a démontré son incapacité à contenir le déficit public « et en même temps » demande aux collectivités de participer à un plan d'économie de 10 milliards d'euros, dont il sait que l'État est incapable de le réaliser.

La ministre chargée des collectivités territoriales s'inquiétait au mois de février dernier de la frilosité à investir face aux conséquences de l'inflation « et en même temps » – contradiction ! –, le ministre de l'économie propose la mise en place de l'autoassurance pour les collectivités, ce qui va mettre l'investissement local en danger.

Nous devons parler réellement des prélèvements obligatoires, de leur niveau, de leur assiette et de leur pertinence, notamment pour recréer un lien entre les industries et les territoires « et en même temps », vous élevez un totem dédié à la baisse des impôts, et vous lancez le hashtag #BalanceTonMaire et la consultation En avoir pour mes impôts, initiatives populistes qui mettent en danger le consentement à l'impôt.

Que comptez-vous mettre en place pour répondre enfin à l'exigence de justice pour les territoires ? §

Photo de Dominique Théophile

Ma question s’adresse à M. le ministre chargé des outre-mer.

Monsieur le ministre, la Guadeloupe s’apprête à affronter une hausse du trafic aérien, notamment lors des vacances estivales. S’il s’agit bien d’une aubaine pour notre territoire après deux ans de crise covid, une nouvelle difficulté s’ajoute et perturbe d’ores et déjà les usagers de l’aéroport Guadeloupe-Pôle Caraïbes, qui doit faire face à une pénurie de contrôleurs aériens.

Faute d’effectifs suffisants, cet aéroport, qui est la principale plateforme reliant notre territoire avec le monde en matière de transport de personnes – une infrastructure essentielle en matière de continuité territoriale pour notre région –, sera fermé du 23 au 25 juin. J’ajoute que nous avons déjà connu une fermeture les 21 et 22 février derniers.

L’aéroport dispose à ce jour d’un effectif de vingt-quatre agents, dont dix-neuf sont totalement opérationnels, alors que trente et un postes sont nécessaires pour assurer un fonctionnement dit normal. Les conséquences sont graves et importantes : des vols et rotations reportés, des passagers non acheminés et, parfois, des évacuations sanitaires annulées.

Face à l’urgence de la situation, les réponses ne sont pas au rendez-vous. Notre territoire ne peut pas attendre la formation de nouveaux contrôleurs d’ici à dix-huit mois !

D’autres solutions sont envisageables. Je pense à la recherche sur le plan national d’autres agents, au transfert d’effectifs à partir de plateformes proches, comme Fort-de-France, ou à la mutualisation des effectifs entre la Guadeloupe et la Martinique.

Monsieur le ministre, dans ce contexte exceptionnel, et pour prévenir d’autres perturbations qui pourraient se révéler plus graves en matière de sécurité, le Gouvernement pourrait-il mettre en place des mesures d’urgence, afin de renforcer les effectifs de contrôleurs aériens en Guadeloupe ? Pourriez-vous nous donner des précisions à cet égard ?

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

Ma question s’adresse à M. le ministre chargé des outre-mer.

Monsieur le ministre, la Guadeloupe s’apprête à affronter une hausse du trafic aérien, notamment lors des vacances estivales. S’il s’agit bien d’une aubaine pour notre territoire après deux ans de crise covid, une nouvelle difficulté s’ajoute et perturbe d’ores et déjà les usagers de l’aéroport Guadeloupe-Pôle Caraïbes, qui doit faire face à une pénurie de contrôleurs aériens.

Faute d’effectifs suffisants, cet aéroport, qui est la principale plateforme reliant notre territoire avec le monde en matière de transport de personnes – une infrastructure essentielle en matière de continuité territoriale pour notre région –, sera fermé du 23 au 25 juin. J’ajoute que nous avons déjà connu une fermeture les 21 et 22 février dernier.

L’aéroport dispose à ce jour d’un effectif de 24 agents, dont 19 sont totalement opérationnels, alors que 31 postes sont nécessaires pour assurer un fonctionnement dit normal. Les conséquences sont graves et importantes : des vols et rotations reportés, des passagers non acheminés et, parfois, des évacuations sanitaires annulées.

Face à l’urgence de la situation, les réponses ne sont pas au rendez-vous. Notre territoire ne peut pas attendre la formation de nouveaux contrôleurs d’ici à dix-huit mois !

D’autres solutions sont envisageables. Je pense à la recherche sur le plan national d’autres agents, au transfert d’effectifs à partir de plateformes proches, comme Fort-de-France, ou à la mutualisation des effectifs entre la Guadeloupe et la Martinique.

Monsieur le ministre, dans ce contexte exceptionnel, et pour prévenir d’autres perturbations qui pourraient se révéler plus graves en matière de sécurité, le Gouvernement pourrait-il mettre en place des mesures d’urgence, afin de renforcer les effectifs de contrôleurs aériens en Guadeloupe ? Pourriez-vous nous donner des précisions à cet égard ?

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

Ma question s’adresse à M. le ministre chargé des outre-mer.

Monsieur le ministre, la Guadeloupe s’apprête à affronter une hausse du trafic aérien, notamment lors des vacances estivales. S’il s’agit bien d’une aubaine pour notre territoire après deux ans de crise covid, une nouvelle difficulté s’ajoute et perturbe d’ores et déjà les usagers de l’aéroport Guadeloupe-Pôle Caraïbes, qui doit faire face à une pénurie de contrôleurs aériens.

Faute d’effectifs suffisants, cet aéroport, qui est la principale plateforme reliant notre territoire avec le monde en matière de transport de personnes – une infrastructure essentielle en matière de continuité territoriale pour notre région –, sera fermé du 23 au 25 juin. J’ajoute que nous avons déjà connu une fermeture le 21 et le 22 février dernier.

L’aéroport dispose à ce jour d’un effectif de 24 agents, dont 19 sont totalement opérationnels, alors que 31 postes sont nécessaires pour assurer un fonctionnement dit normal. Les conséquences sont graves et importantes : des vols et rotations reportés, des passagers non acheminés et, parfois, des évacuations sanitaires annulées.

Face à l’urgence de la situation, les réponses ne sont pas au rendez-vous. Notre territoire ne peut pas attendre la formation de nouveaux contrôleurs d’ici à dix-huit mois !

D’autres solutions sont envisageables. Je pense à la recherche sur le plan national d’autres agents, au transfert d’effectifs à partir de plateformes proches, comme Fort-de-France, ou à la mutualisation des effectifs entre la Guadeloupe et la Martinique.

Monsieur le ministre, dans ce contexte exceptionnel, et pour prévenir d’autres perturbations qui pourraient se révéler plus graves en matière de sécurité, le Gouvernement pourrait-il mettre en place des mesures d’urgence, afin de renforcer les effectifs de contrôleurs aériens en Guadeloupe ? Pourriez-vous nous donner des précisions à cet égard ?

Photo de Gérard Larcher

La parole est à M. le ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires.

Christophe Béchu, ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires

Monsieur le président, je vous remercie de la mansuétude avec laquelle vous avez accepté que je supplée Gabriel Attal pour répondre à cette question. Je veux également saluer la Haute Assemblée et le sénateur Éblé.

La question des relations entre les collectivités locales et l'État n'est pas nouvelle. Vous pointez, monsieur le sénateur, les marges d'amélioration en termes de dialogue... Beaucoup ici se souviennent que le totem de la baisse des dotations, cher à des gouvernements que vous avez soutenus entre 2012 et 2017, avait conduit à amoindrir les finances des collectivités territoriales à un niveau bien plus considérable.

Photo de Gérard Larcher

La parole est à M. le ministre délégué chargé des outre-mer.

Jean-François Carenco

Monsieur le sénateur Théophile, vous interrogez le Gouvernement sur la pénurie d’effectifs des contrôleurs aériens et sur ses conséquences en termes de sécurité civile en Guadeloupe. Je connais votre mobilisation sur le sujet.

Vous avez raison, le service de navigation aérienne Antilles-Guyane se trouve actuellement dans une situation difficile de sous-effectifs, ce qui l’a contraint à fermer les services de contrôle aérien durant la nuit, et en matinée à chaque fois que l’effectif en journée n’est pas suffisant. En réaction, le directeur compétent a engagé un important travail de dialogue social, notamment pour garantir, d’une part, un maintien du service et, d’autre part, des conditions d’exercice satisfaisantes pour les contrôleurs.

Je tiens à dire ici que le transport d’urgence, et notamment sanitaire, est garanti par l’hélicoptère de la sécurité civile, Dragon 971, qui est en mesure d’intervenir 24 heures sur 24. Il n’y a donc pas de danger en termes de sécurité civile.

La direction des services de la navigation aérienne (DSNA) travaille d’arrache-pied pour établir un nouveau tour de service prévoyant, à effectif constant, un élargissement et une sécurisation de l’offre de service sur la plage horaire allant de six heures quarante-cinq à vingt-trois heures, comme le demandent les compagnies aériennes.

Par ailleurs, et c’est là le principal, sept contrôleurs aériens sont actuellement en formation sur place, et six nouveaux contrôleurs aériens devraient arriver d’ici à la rentrée, et non pas dans dix-huit mois ; je me suis entretenu à ce sujet ce matin même avec le directeur général de l’aviation civile (DGAC). Leministre chargé des transports travaille par ailleurs sur des mesures de fidélisation et d’optimisation des temps de formation locale.

La situation n’affecte en rien la sécurité, et je pense qu’elle devrait s’améliorer d’ici à quelques semaines pour ce qui concerne les vols civils.

Debut de section - Permalien
Jean-François Carenco

Monsieur le sénateur Théophile, vous interrogez le Gouvernement sur la pénurie d’effectifs des contrôleurs aériens et sur ses conséquences en termes de sécurité civile en Guadeloupe. Je connais votre mobilisation sur le sujet.

Vous avez raison, le service de navigation aérienne Antilles-Guyane se trouve actuellement dans une situation difficile de sous-effectifs, ce qui l’a contraint à fermer les services de contrôle aérien durant la nuit, et en matinée chaque fois que l’effectif en journée n’est pas suffisant. En réaction, le directeur compétent a engagé un important travail de dialogue social, notamment pour garantir, d’une part, un maintien du service et, d’autre part, des conditions d’exercice satisfaisantes pour les contrôleurs.

Je tiens à dire ici que le transport d’urgence, et notamment sanitaire, est garanti par l’hélicoptère de la sécurité civile, Dragon 971, qui est en mesure d’intervenir 24 heures sur 24. Il n’y a donc pas de danger en termes de sécurité civile.

La direction des services de la navigation aérienne (DSNA) travaille d’arrache-pied pour établir un nouveau tour de service prévoyant, à effectif constant, un élargissement et une sécurisation de l’offre de service sur la plage horaire allant de six heures quarante-cinq à vingt-trois heures, comme le demandent les compagnies aériennes.

Par ailleurs, et c’est là le principal, sept contrôleurs aériens sont actuellement en formation sur place, et six nouveaux contrôleurs aériens devraient arriver d’ici à la rentrée, et non pas dans dix-huit mois ; je me suis entretenu à ce sujet ce matin même avec le directeur général de l’aviation civile (DGAC). Leministre chargé des transports travaille par ailleurs sur des mesures de fidélisation et d’optimisation des temps de formation locale.

La situation n’affecte en rien la sécurité, et je pense qu’elle devrait s’améliorer d’ici à quelques semaines pour ce qui concerne les vols civils.

Debut de section - Permalien
Jean-François Carenco

Monsieur le sénateur Théophile, vous interrogez le Gouvernement sur la pénurie d’effectifs des contrôleurs aériens et sur ses conséquences en termes de sécurité civile en Guadeloupe. Je connais votre mobilisation sur le sujet.

Vous avez raison, le service de navigation aérienne Antilles-Guyane se trouve actuellement dans une situation difficile de sous-effectifs, ce qui l’a contraint à fermer les services de contrôle aérien durant la nuit, et en matinée chaque fois que l’effectif en journée n’est pas suffisant. En réaction, le directeur compétent a engagé un important travail de dialogue social, notamment pour garantir, d’une part, un maintien du service et, d’autre part, des conditions d’exercice satisfaisantes pour les contrôleurs.

Je tiens à dire ici que le transport d’urgence, et notamment sanitaire, est garanti par l’hélicoptère de la sécurité civile, Dragon 971, qui est en mesure d’intervenir 24 heures sur 24. Il n’y a donc pas de danger en termes de sécurité civile.

La direction des services de la navigation aérienne (DSNA) travaille d’arrache-pied pour établir un nouveau tour de service prévoyant, à effectif constant, un élargissement et une sécurisation de l’offre de service sur la plage horaire allant de six heures quarante-cinq à vingt-trois heures, comme le demandent les compagnies aériennes.

Par ailleurs, et c’est là le principal, sept contrôleurs aériens sont actuellement en formation sur place, et six nouveaux contrôleurs aériens devraient arriver d’ici à la rentrée, et non pas dans dix-huit mois ; je me suis entretenu à ce sujet ce matin même avec le directeur général de l’aviation civile (DGAC). Le ministre chargé des transports travaille par ailleurs sur des mesures de fidélisation et d’optimisation des temps de formation locale.

La situation n’affecte en rien la sécurité, et je pense qu’elle devrait s’améliorer d’ici à quelques semaines pour ce qui concerne les vols civils.

Christophe Béchu, ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires

Vous avez évoqué un certain nombre de sujets qui, de mon point de vue, doivent être distingués.

La même difficulté se pose chaque année pour trouver un dispositif dès lors que la hausse du point d'indice, déterminée par l'État, vaut pour toutes les fonctions publiques et que, jusqu'à présent, nous n'avons pas considéré utile de prévoir des trajectoires distinctes en fonction des employeurs. Dans le scénario actuel, c'est donc l'État qui décide. Lors de la consultation qui se déroule en coulisse, il est rare que les collectivités s'opposent à des revalorisations de points permettant de compenser l'inflation. Il y a par ailleurs un jeu des demandes de compensation budgétaire.

Je ne pense pas, monsieur le sénateur, que vos propos visaient à regretter l'augmentation de 1, 5 %, au 1er juillet prochain, du traitement des fonctionnaires dans le contexte que nous connaissons ! §

assises des finances publiques

Debut de section - Permalien
Christophe Béchu, ministre

Derrière l'artifice de la présentation que vous avez choisie, je sais qu'il y a une question plus sérieuse sur le niveau de dialogue entre l'État et les collectivités territoriales. Je veux vous dire que ce rendez-vous approche, précisément dans le cadre de la planification écologique.

J'ai ainsi eu l'honneur de présider une réunion sur le sujet, à la demande de la Première ministre, avec toutes les associations d'élus. La question posée était de savoir comment donner aux collectivités les moyens d'accélérer l'atténuation des dépenses, ainsi que l'adaptation au titre de la planification, et avec quel partage des responsabilités et des contraintes. Les sénateurs seront bien évidemment associés à la réflexion. §

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

M. le président. La parole est à M. Vincent Éblé, pour le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain.

Applaudissements

Applaudissements sur les travées du groupe SER et sur des travées du groupe CRCE.

Debut de section - PermalienPhoto de Vincent Eblé

Monsieur le ministre, les collectivités ne veulent plus de transferts de compétences sans concertation et sans compensation, surtout en période d'inflation.

Elles demandent davantage d'autonomie, et ne veulent pas de discours condescendant de la part de l'État. Elles exigent son soutien pour affronter les besoins et les difficultés du quotidien. Or elles n'obtiennent pas de réponse.

Les collectivités et les élus réclament plus de respect et de considération.

Debut de section - PermalienPhoto de Vincent Eblé

Monsieur le président, madame la Première ministre, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, je souhaite associer Rachid Temal, sénateur du Val-d’Oise, à ma question.

Mme la Première ministre a avoué lundi dernier que le Gouvernement n’avait pas suffisamment associé les collectivités territoriales à la réflexion sur la question du point d’indice. En effet, cette décision impose aux assemblées locales, dont le budget est voté depuis le 15 avril, de revoir leur copie deux mois plus tard. Cette méthode est un manque de considération notoire vis-à-vis des élus locaux, d’autant plus irritant que le coût est loin d’être anodin : annoncé à un milliard d’euros le matin de l’annonce, ce montant a doublé l’après-midi !

Depuis 2017, les décisions imposées sont nombreuses : suppression de la taxe d’habitation contre l’avis des associations d’élus ; contrats de Cahors et loi de programmation, par lesquels 13 milliards d’euros d’économies ont été imposés ; augmentation du point d’indice dès 2022, sans plus de consultation ni de compensation ; plan eau et plan vélo annoncés unilatéralement, en laissant les élus locaux assumer seuls leur mise en œuvre. La liste pourrait s’allonger, mais le temps manque…

Le Gouvernement a démontré son incapacité à contenir le déficit public « et en même temps » demande aux collectivités de participer à un plan d’économie de 10 milliards d’euros, dont il sait que l’État est incapable de le réaliser.

La ministre chargée des collectivités territoriales s’inquiétait au mois de février dernier de la frilosité à investir face aux conséquences de l’inflation « et en même temps » – contradiction ! –, le ministre de l’économie propose la mise en place de l’autoassurance pour les collectivités, ce qui va mettre l’investissement local en danger.

Nous devons parler réellement des prélèvements obligatoires, de leur niveau, de leur assiette et de leur pertinence, notamment pour recréer un lien entre les industries et les territoires « et en même temps », vous élevez un totem dédié à la baisse des impôts, et vous lancez le hashtag #BalanceTonMaire et la consultation En avoir pour mes impôts, initiatives populistes qui mettent en danger le consentement à l’impôt.

Que comptez-vous mettre en place pour répondre enfin à l’exigence de justice pour les territoires ?

Debut de section - PermalienPhoto de Vincent Eblé

Les collectivités ne veulent plus de transferts de compétences sans concertation et sans compensation, surtout en période d'inflation, monsieur le ministre.

Elles demandent davantage d'autonomie, et ne veulent pas de discours condescendant de la part de l'État. Elles exigent son soutien pour affronter les besoins et les difficultés du quotidien. Or elles n'obtiennent pas de réponse sur ce point.

Les collectivités et les élus veulent plus de respect et de considération.

Applaudissements sur les travées du groupe SER et sur des travées du groupe CRCE.

Applaudissements sur les travées des groupes SER et CRCE.

Applaudissements sur les travées du groupe SER et sur des travées du groupe CRCE.

Photo de Gérard Larcher

La parole est à M. le ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires.

Debut de section - PermalienPhoto de Nathalie Delattre

Ma question s'adresse à M. le ministre de la santé et de la prévention.

« Insupportable » est le premier mot qui vient à l'esprit pour qualifier l'ignoble attaque subie avant-hier par une famille bordelaise. Mes pensées vont vers cette petite fille, sa grand-mère et leur famille, après l'agression dont elles ont été victimes en rentrant à leur domicile. Mes remerciements vont aux forces de l'ordre pour l'interpellation rapide, mais qualifiée de difficile, de l'agresseur.

« Se faire agresser, ça arrive à tout le monde ; moi aussi, cela m'est arrivé. » Telle est la réponse sidérante apportée lors d'une réunion publique voilà quelques jours par une adjointe au maire de Bordeaux, banalisant ainsi l'explosion de l'insécurité dans notre ville.

Je pourrais questionner M. le ministre de l'intérieur, une fois encore, sur l'absolue nécessité d'affecter une unité de compagnies républicaines de sécurité (CRS) à demeure à Bordeaux.

Je pourrais réinterroger M. le garde des sceaux sur la suspension récente des incarcérations des hommes au centre pénitentiaire de Gradignan en raison de la surpopulation carcérale, qui a eu pour effet de laisser des individus dangereux sur la voie publique.

Il est vrai que de nombreux détenus se retrouvent en prison alors qu'ils auraient avant tout besoin d'être admis dans des hôpitaux psychiatriques. C'est donc vers vous, monsieur le ministre de la santé, que je me tourne une fois de plus.

J'avais initié, avec mes collègues Philippe Bas et Jean Sol, une mission sénatoriale d'information sur l'expertise psychiatrique et psychologique en matière pénale, considérant que notre société et son pacte républicain dans les domaines de la police et de la justice étaient de plus en plus menacés par la sous-estimation des problèmes psychiatriques, souvent couplés à des addictions liées à la drogue ; les faits divers quotidiens en attestent malheureusement.

Il faut de nouveaux hôpitaux psychiatriques, ainsi qu'une politique en matière de psychiatrie ambitieuse et financée. Je vous ai demandé ici même voilà quelques semaines que ce sujet soit déclaré Grande Cause nationale. Combien de drames faudra-t-il égrener pour vous convaincre de cette nécessité ? §

Photo de Christophe Béchu

Monsieur le président, je vous remercie de la mansuétude avec laquelle vous avez accepté que je supplée Gabriel Attal pour répondre à cette question. Je veux également saluer la Haute Assemblée et le sénateur Éblé.

La question des relations entre les collectivités locales et l’État n’est pas nouvelle. Vous pointez, monsieur le sénateur, les marges d’amélioration en termes de dialogue… Beaucoup ici se souviennent que le totem de la baisse des dotations, cher à des gouvernements que vous avez soutenus entre 2012 et 2017, avait conduit à amoindrir les finances des collectivités territoriales à un niveau bien plus considérable.

Photo de Nathalie Delattre

Ma question s'adresse à M. le ministre de la santé et de la prévention.

« Insupportable » est le premier mot qui vient à l'esprit pour qualifier l'ignoble attaque subie avant-hier par une famille bordelaise. Mes pensées vont vers cette petite fille, sa grand-mère et leur famille, après l'agression dont elles ont été victimes en rentrant à leur domicile. Mes remerciements vont aux forces de l'ordre pour l'interpellation rapide, mais qualifiée de difficile, de l'agresseur.

« Se faire agresser, ça arrive à tout le monde ; moi aussi, cela m'est arrivé. » Telle est la réponse sidérante, apportée lors d'une réunion publique voilà quelques jours par une adjointe au maire de Bordeaux, banalisant ainsi l'explosion de l'insécurité dans notre ville.

Je pourrais questionner M. le ministre de l'intérieur, une fois encore, sur l'absolue nécessité d'affecter une unité de compagnies républicaines de sécurité (CRS), à demeure, à Bordeaux.

Je pourrais réinterroger M. le garde des sceaux sur la suspension récente des incarcérations des hommes au centre pénitentiaire de Gradignan en raison de la surpopulation carcérale, qui a eu pour effet de laisser des individus dangereux sur la voie publique.

Il est vrai que de nombreux détenus se retrouvent en prison alors qu'ils auraient avant tout besoin d'être admis dans des hôpitaux psychiatriques. C'est donc vers vous, monsieur le ministre de la santé, que je me tourne une fois de plus.

J'avais initié, avec mes collègues Philippe Bas et Jean Sol, une mission sénatoriale d'information sur l'expertise psychiatrique et psychologique en matière pénale, considérant que notre société et son pacte républicain dans les domaines de la police et de la justice étaient de plus en plus menacés par la sous-estimation des problèmes psychiatriques, souvent couplés à des addictions liées à la drogue ; les faits divers quotidiens en attestent malheureusement.

Il faut de nouveaux hôpitaux psychiatriques, ainsi qu'une politique en matière de psychiatrie ambitieuse et financée. Je vous ai demandé ici même voilà quelques semaines que ce sujet soit déclaré Grande Cause nationale. Combien de drames faudra-t-il égrener pour vous convaincre de cette nécessité ? §

Debut de section - Permalien
François Braun, ministre de la santé et de la prévention

Madame la sénatrice Delattre, comme vous, je tiens tout d'abord à exprimer ma solidarité, ainsi que celle du Gouvernement tout entier envers les victimes de cette odieuse agression, et je sais que l'ensemble des parlementaires partagent ce sentiment.

Vous avez eu raison de mentionner mes collègues Gérald Darmanin et Éric Dupond-Moretti, car nous travaillons de concert sous l'autorité de la Première ministre sur le sujet, qui doit être traité de manière globale. Il s'agit en effet d'une question de société, de rapport à l'autre, de civilité et de rapport à la violence. Nous devons mobiliser tous les outils, en particulier notre capacité à identifier et à traiter les problèmes psychiatriques ou psychologiques.

Nous le savons, notre système de santé rencontre des difficultés – c'est notamment le cas de la psychiatrie –, à la suite de décennies de gestion comptable aveugle. Pour autant, dès 2018, nous avons agi en mettant en œuvre une feuille de route de la santé mentale et de la psychiatrie, ambitieuse, qui a été renforcée en 2021 par les premières Assises de la santé mentale et de la psychiatrie, lancées et présidées par le Président de la République.

Les réponses que nous construisons en priorité s'inscrivent dans le temps long. Je pense par exemple à l'élargissement de la prévention, à la formation de 43 000 secouristes en santé mentale, au développement des compétences psychosociales à l'école, aux actions de prévention du suicide avec le numéro national 3114, qui a reçu plus de 300 000 appels depuis sa création, et au dispositif de vigilance.

J'évoquerai aussi la prise en charge de plus de 130 000 patients grâce au dispositif #MonSoutienPsy, qui a permis d'assurer 300 000 consultations.

Il faut citer enfin le développement des centres médico-psychologiques des maisons des adolescents ; il y en a désormais une par département. Depuis un peu moins d'un an, elles ont accompagné plus de 100 000 adolescents en difficulté, ainsi que leurs familles.

Toutes ces mesures ne sont évidemment pas suffisantes au regard des enjeux santé mentale auxquels tous les pays développés sont confrontés. Soyez assurée de ma détermination à agir sans faille avec l'ensemble des professionnels et – je le sais – l'ensemble des parlementaires, afin que nous puissions trouver des solutions à ces difficultés.

Photo de Christophe Béchu

Vous avez évoqué un certain nombre de sujets qui, de mon point de vue, doivent être distingués.

La même difficulté se pose chaque année pour trouver un dispositif dès lors que la hausse du point d’indice, déterminée par l’État, vaut pour toutes les fonctions publiques et que, jusqu’à présent, nous n’avons pas considéré utile de prévoir des trajectoires distinctes en fonction des employeurs. Dans le scénario actuel, c’est donc l’État qui décide. Lors de la consultation qui se déroule en coulisse, il est rare que les collectivités s’opposent à des revalorisations de points permettant de compenser l’inflation. Il y a par ailleurs un jeu des demandes de compensation budgétaire.

Je ne pense pas, monsieur le sénateur, que vos propos visaient à regretter l’augmentation de 1, 5 %, au 1er juillet prochain, du traitement des fonctionnaires dans le contexte que nous connaissons !

François Braun, ministre de la santé et de la prévention

Madame la sénatrice Delattre, comme vous, je tiens tout d'abord à exprimer ma solidarité, ainsi que celle du Gouvernement tout entier envers les victimes de cette odieuse agression, et je sais que l'ensemble des parlementaires partagent ce sentiment.

Vous avez mentionné mes collègues Gérald Darmanin et Éric Dupond-Moretti, et vous avez raison, parce que nous travaillons de concert sous l'autorité de la Première ministre sur cette question, qui est globale. Il s'agit en effet d'un problème de société, de rapport à l'autre, de civilité et de rapport à la violence, face auquel nous devons mobiliser tous les outils, en particulier notre capacité à identifier et à traiter les problèmes psychiatriques ou psychologiques.

Nous le savons, notre système de santé rencontre des difficultés – c'est notamment le cas de la psychiatrie –, à la suite de décennies de gestion comptable aveugle. Pour autant, dès 2018, nous avons agi en mettant en œuvre une feuille de route de la santé mentale et de la psychiatrie, ambitieuse, qui a été renforcée en 2021 par les premières Assises de la santé mentale et de la psychiatrie, lancées et présidées par le Président de la République.

Les réponses que nous construisons en priorité s'inscrivent dans le temps long. Je pense par exemple à l'élargissement de la prévention, à la formation de 43 000 secouristes en santé mentale, au développement des compétences psychosociales à l'école, aux actions de prévention du suicide avec le numéro national 3114, qui a reçu plus de 300 000 appels depuis sa création, et au dispositif de vigilance.

J'évoquerai aussi la prise en charge de plus de 130 000 patients grâce au dispositif #MonSoutienPsy, qui a permis d'assurer 300 000 consultations.

Il faut citer enfin le développement des centres médico-psychologiques des maisons des adolescents ; il y en a désormais une par département. Depuis un peu moins d'un an, elles ont accompagné plus de 100 000 adolescents en difficulté, ainsi que leurs familles.

Toutes ces mesures ne sont évidemment pas suffisantes au regard des enjeux santé mentale auxquels tous les pays développés sont confrontés. Soyez assurée de ma détermination à agir sans faille avec l'ensemble des professionnels et – je le sais – l'ensemble des parlementaires, afin que nous puissions trouver des solutions à ces difficultés.

M. François Patriat applaudit.

Debut de section - PermalienPhoto de Daniel Salmon

Le Bourget serait-il le salon de l'illusion, le salon de l'avion magique ? On y voit depuis lundi l'ensemble de la filière aéronautique et le Président de la République nous annoncer un avion propre, un avion vert pour demain ou après-demain.

Bien entendu, la recherche d'alternatives au kérosène est indispensable, et il faut y mettre des moyens. Là où le bât blesse, c'est dans le message qui est véhiculé : « Ne changeons pas les habitudes, la technologie va tout régler. » La sobriété d'usage est complètement inexistante dans le discours ; bien pire, on parle de doublement du trafic d'ici à 2040 !

On nous présente l'avion électrique, l'avion à hydrogène, l'avion au biocarburant... Le problème est que l'électrique pour les moyens et longs courriers n'est pas pour demain, que l'avion à hydrogène est très loin d'être mature et pose encore d'énormes défis technologiques et que la biomasse nécessaire aux biocarburants n'est pas illimitée, car il faudra demain choisir entres les avions, les porte-containers, les camions, le chauffage des logements et se nourrir.

Encore un bon greenwashing qui n'a d'autre objectif que de remettre à demain ce que nous devons faire dès aujourd'hui, c'est-à-dire réguler le secteur aérien, stopper sa croissance et lui faire payer le prix de sa pollution. §

Monsieur le ministre, à quand des solutions politiques dès maintenant, afin que la trajectoire du transport aérien soit conforme à nos engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre ? §

Photo de Christophe Béchu

Derrière l’artifice de la présentation que vous avez choisie, je sais qu’il y a une question plus sérieuse sur le niveau de dialogue entre l’État et les collectivités territoriales. Je veux vous dire que ce rendez-vous approche, précisément dans le cadre de la planification écologique.

J’ai ainsi eu l’honneur de présider une réunion sur le sujet, à la demande de la Première ministre, avec toutes les associations d’élus. La question posée était de savoir comment donner aux collectivités les moyens d’accélérer l’atténuation des dépenses, ainsi que l’adaptation au titre de la planification, et avec quel partage des responsabilités et des contraintes. Les sénateurs seront bien évidemment associés à la réflexion.

Photo de Daniel Salmon

Le Bourget serait-il le salon de l'illusion, le salon de l'avion magique ? On y voit depuis lundi l'ensemble de la filière aéronautique et le Président de la République nous annoncer un avion propre, un avion vert pour demain, ou après-demain.

Bien entendu, la recherche d'alternatives au kérosène est indispensable, et l'on doit y mettre des moyens. Là où le bât blesse, c'est dans le message qui est véhiculé : « Ne changeons pas les habitudes, la technologie va tout régler. » La sobriété d'usage est complètement inexistante dans le discours ; bien pire, on parle de doublement du trafic d'ici à 2040 !

Avion électrique, avion à hydrogène, avion au biocarburant sont présentés. Le problème est que l'électrique pour les moyens et longs courriers n'est pas pour demain, que l'avion à hydrogène est très loin d'être mature et pose encore d'énormes défis technologiques, et que la biomasse nécessaire aux biocarburants n'est pas illimitée, car il faudra demain choisir entres les avions, les porte-containers, les camions, le chauffage des logements et se nourrir.

Voilà un bon greenwashing n'ayant d'autre objectif que de remettre à demain ce que nous devons faire dès aujourd'hui, c'est-à-dire réguler le secteur aérien, stopper sa croissance et lui faire payer le prix de sa pollution. §

Monsieur le ministre, à quand des solutions politiques dès maintenant, afin que la trajectoire du transport aérien soit conforme à nos engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre ? §

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

de la transition écologique et de la cohésion des territoires.

Photo de Gérard Larcher

de la transition écologique et de la cohésion des territoires.

Debut de section - Permalien
Christophe Béchu, ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires

je ne peux pas croire à l'instant que vous désapprouviez une recherche orientée vers des avions moins polluants.

Je ne peux pas croire qu'il y ait, derrière vos propos, l'arrière-pensée selon laquelle pour rendre l'écologie populaire, il conviendrait de la présenter sous son jour le plus punitif !

Je ne peux pas croire que vous regrettiez que notre pays accueille le plus grand salon aéronautique du monde...

Photo de Gérard Larcher

La parole est à M. Vincent Éblé, pour la réplique.

Christophe Béchu, ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires

je ne peux pas croire à l'instant que vous désapprouviez une recherche orientée vers des avions moins polluants et qu'il y ait derrière vos propos l'arrière-pensée selon laquelle pour rendre l'écologie populaire, il conviendrait de la présenter sous son jour le plus punitif !

Je ne peux pas croire non plus que vous regrettiez que notre pays accueille le plus grand salon aéronautique du monde...

Photo de Vincent Eblé

Monsieur le ministre, les collectivités ne veulent plus de transferts de compétences sans concertation et sans compensation, surtout en période d’inflation.

Elles demandent davantage d’autonomie, et ne veulent pas de discours condescendant de la part de l’État. Elles exigent son soutien pour affronter les besoins et les difficultés du quotidien. Or elles n’obtiennent pas de réponse.

Les collectivités et les élus réclament plus de respect et de considération.

Debut de section - Permalien
Christophe Béchu, ministre

... et que ce salon soit précisément consacré aux moyens de décarboner l'aviation.

Christophe Béchu, ministre

... et que ce salon soit précisément consacré aux moyens de décarboner l'aviation.

Debut de section - Permalien
Christophe Béchu, ministre

La trajectoire de décarbonation s'appuie toujours, quel que soit le domaine, sur un triptyque. Vouloir ne retenir que l'un des trois piliers, c'est manquer à l'équilibre dont nous avons besoin. Il faut de la sobriété, …

Photo de Gérard Larcher

M. le président. La parole est à Mme Nathalie Delattre, pour le groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen.

Christophe Béchu, ministre

La trajectoire de décarbonation s'appuie toujours, quel que soit le domaine, sur un triptyque. Vouloir ne retenir que l'un de ces trois piliers, c'est manquer à l'équilibre dont nous avons besoin. Il faut de la sobriété, …

Debut de section - Permalien
Plusieurs sénateurs du groupe Gest

Elle est où ?

Plusieurs sénateurs du groupe Gest

Elle est où ?

Debut de section - Permalien
Christophe Béchu, ministre

… il faut de l'efficacité et il faut de l'innovation.

D'aucuns condamnent l'innovation et disent que l'on ne s'en sortira que par la sobriété quand d'autres préfèrent que nous ne changions rien à nos usages, considérant que seule l'innovation nous permettra de réussir. Ces deux chemins nous mènent droit dans le mur.

Premier pilier, la sobriété. Très concrètement, la France est le premier pays à avoir interdit les vols de moins de deux heures et demie lorsqu'il existe une autre solution en train.

Photo de Nathalie Delattre

Ma question s’adresse à M. le ministre de la santé et de la prévention.

« Insupportable » est le premier mot qui vient à l’esprit pour qualifier l’ignoble attaque subie avant-hier par une famille bordelaise. Mes pensées vont vers cette petite fille, sa grand-mère et leur famille, après l’agression dont elles ont été victimes en rentrant à leur domicile. Mes remerciements vont aux forces de l’ordre pour l’interpellation rapide, mais qualifiée de difficile, de l’agresseur.

« Se faire agresser, ça arrive à tout le monde ; moi aussi, cela m’est arrivé. » Telle est la réponse sidérante apportée lors d’une réunion publique voilà quelques jours par une adjointe au maire de Bordeaux, banalisant ainsi l’explosion de l’insécurité dans notre ville.

Je pourrais questionner M. le ministre de l’intérieur, une fois encore, sur l’absolue nécessité d’affecter une unité de compagnies républicaines de sécurité (CRS) à demeure à Bordeaux.

Je pourrais réinterroger M. le garde des sceaux sur la suspension récente des incarcérations des hommes au centre pénitentiaire de Gradignan en raison de la surpopulation carcérale, qui a eu pour effet de laisser des individus dangereux sur la voie publique.

Il est vrai que de nombreux détenus se retrouvent en prison alors qu’ils auraient avant tout besoin d’être admis dans des hôpitaux psychiatriques. C’est donc vers vous, monsieur le ministre de la santé, que je me tourne une fois de plus.

J’avais initié, avec mes collègues Philippe Bas et Jean Sol, une mission sénatoriale d’information sur l’expertise psychiatrique et psychologique en matière pénale, considérant que notre société et son pacte républicain dans les domaines de la police et de la justice étaient de plus en plus menacés par la sous-estimation des problèmes psychiatriques, souvent couplés à des addictions liées à la drogue ; les faits divers quotidiens en attestent malheureusement.

Il faut de nouveaux hôpitaux psychiatriques, ainsi qu’une politique en matière de psychiatrie ambitieuse et financée. Je vous ai demandé ici même voilà quelques semaines que ce sujet soit déclaré Grande Cause nationale. Combien de drames faudra-t-il égrener pour vous convaincre de cette nécessité ?

Debut de section - PermalienPhoto de Nathalie Delattre

Ma question s’adresse à M. le ministre de la santé et de la prévention.

« Insupportable » est le premier mot qui vient à l’esprit pour qualifier l’ignoble attaque subie avant-hier par une famille bordelaise. Mes pensées vont vers cette petite fille, sa grand-mère et leur famille, après l’agression dont elles ont été victimes en rentrant à leur domicile. Mes remerciements vont aux forces de l’ordre pour l’interpellation rapide, mais qualifiée de difficile, de l’agresseur.

« Se faire agresser, ça arrive à tout le monde ; moi aussi, cela m’est arrivé. » Telle est la réponse sidérante apportée lors d’une réunion publique voilà quelques jours par une adjointe au maire de Bordeaux, banalisant ainsi l’explosion de l’insécurité dans notre ville.

Je pourrais questionner M. le ministre de l’intérieur, une fois encore, sur l’absolue nécessité d’affecter une unité de compagnies républicaines de sécurité (CRS) à demeure à Bordeaux.

Je pourrais réinterroger M. le garde des sceaux sur la suspension récente des incarcérations des hommes au centre pénitentiaire de Gradignan en raison de la surpopulation carcérale, qui a eu pour effet de laisser des individus dangereux sur la voie publique.

Il est vrai que de nombreux détenus se retrouvent en prison alors qu’ils auraient avant tout besoin d’être admis dans des hôpitaux psychiatriques. C’est donc vers vous, monsieur le ministre de la santé, que je me tourne une fois de plus.

J’avais été à l’initiative, avec mes collègues Philippe Bas et Jean Sol, d’une mission sénatoriale d’information sur l’expertise psychiatrique et psychologique en matière pénale, considérant que notre société et son pacte républicain dans les domaines de la police et de la justice étaient de plus en plus menacés par la sous-estimation des problèmes psychiatriques, souvent couplés à des addictions liées à la drogue ; les faits divers quotidiens en attestent malheureusement.

Il faut de nouveaux hôpitaux psychiatriques, ainsi qu’une politique en matière de psychiatrie ambitieuse et financée. Je vous ai demandé ici même voilà quelques semaines que ce sujet soit déclaré grande cause nationale. Combien de drames faudra-t-il égrener pour vous convaincre de cette nécessité ?

Christophe Béchu, ministre

… il faut de l'efficacité et il faut de l'innovation.

D'aucuns condamnent l'innovation et disent que l'on ne s'en sortira que par la sobriété, tandis que d'autres préfèrent que l'on ne change rien à nos usages, car seule l'innovation nous permettra de réussir : ces deux chemins nous mènent droit dans le mur.

Premièrement, pour ce qui concerne très concrètement la sobriété, la France est le premier pays à avoir interdit les vols de moins de deux heures et demie lorsqu'il existe une alternative en train.

Debut de section - Permalien
Christophe Béchu, ministre

La sobriété consiste aussi à faire en sorte que le train soit privilégié, à relever la fiscalité sur le kérosène, comme nous l'avons fait l'année dernière, en supprimant l'avantage fiscal dont il bénéficiait par rapport à l'essence, et à consacrer 100 milliards d'euros aux investissements dans le ferroviaire pour qu'il y ait des alternatives crédibles et à l'heure.

Deuxième pilier, l'efficacité. Elle est atteinte grâce à la baisse du poids et à l'évolution des moteurs. L'enjeu n'est pas seulement national, car 50 % des émissions mondiales proviennent d'avions fabriqués en Europe. L'innovation aura donc un impact partout.

Ce ne sont pas les gouvernements qui décident du doublement du trafic. Celui-ci fait l'objet de prévisions, sur la base des décisions des habitants de la planète.

Troisième pilier, l'innovation. Les deux axes annoncés par le Président de la République sont simples : travailler sur les moteurs et étudier des alternatives en termes de carburant. J'y insiste, ne caricaturons pas ! Il s'agit non pas d'accaparer des terres agricoles pour cultiver les biocarburants, mais de produire des carburants durables à partir des résidus de bois, d'algues ou d'huiles usagées. §

Photo de Gérard Larcher

La parole est à M. le ministre de la santé et de la prévention.

Christophe Béchu, ministre

La sobriété consiste aussi à faire en sorte que le train soit privilégié, à relever la fiscalité sur le kérosène, comme nous l'avons fait l'année dernière, en supprimant l'avantage fiscal du kérosène par rapport à l'essence, et à consacrer 100 milliards d'euros aux investissements dans le ferroviaire pour qu'il y ait des alternatives crédibles et à l'heure.

Deuxièmement, l'efficacité est atteinte grâce à la baisse du poids et à l'évolution des moteurs. Cet enjeu n'est pas seulement national, car 50 % des émissions mondiales proviennent d'avions fabriqués en Europe. L'impact de l'innovation aura donc lieu partout.

Ce ne sont pas les gouvernements qui décident du doublement du trafic ; celui-ci fait l'objet de prévisions, sur la base des décisions des habitants de la planète.

Troisièmement, les deux axes d'innovation annoncés par le Président de la République sont simples : travailler sur les moteurs et étudier des alternatives en termes de carburant. J'y insiste, ne caricaturons pas ! Il s'agit non pas d'accaparer des terres agricoles pour cultiver les biocarburants, mais de produire des carburants durables à partir des résidus de bois, d'algues ou d'huiles usagées. §

François Braun

Madame la sénatrice Delattre, comme vous, je tiens tout d’abord à exprimer ma solidarité, ainsi que celle du Gouvernement tout entier envers les victimes de cette odieuse agression, et je sais que l’ensemble des parlementaires partagent ce sentiment.

Vous avez eu raison de mentionner mes collègues Gérald Darmanin et Éric Dupond-Moretti, car nous travaillons de concert sous l’autorité de la Première ministre sur le sujet, qui doit être traité de manière globale. Il s’agit en effet d’une question de société, de rapport à l’autre, de civilité et de rapport à la violence. Nous devons mobiliser tous les outils, en particulier notre capacité à identifier et à traiter les problèmes psychiatriques ou psychologiques.

Nous le savons, notre système de santé rencontre des difficultés – c’est notamment le cas de la psychiatrie –, à la suite de décennies de gestion comptable aveugle. Pour autant, dès 2018, nous avons agi en mettant en œuvre une feuille de route de la santé mentale et de la psychiatrie, ambitieuse, qui a été renforcée en 2021 par les premières Assises de la santé mentale et de la psychiatrie, lancées et présidées par le Président de la République.

Les réponses que nous construisons en priorité s’inscrivent dans le temps long. Je pense par exemple à l’élargissement de la prévention, à la formation de 43 000 secouristes en santé mentale, au développement des compétences psychosociales à l’école, aux actions de prévention du suicide avec le numéro national 3114, qui a reçu plus de 300 000 appels depuis sa création, et au dispositif de vigilance.

J’évoquerai aussi la prise en charge de plus de 130 000 patients grâce au dispositif #MonSoutienPsy, qui a permis d’assurer 300 000 consultations.

Il faut citer enfin le développement des centres médico-psychologiques des maisons des adolescents ; il y en a désormais une par département. Depuis un peu moins d’un an, elles ont accompagné plus de 100 000 adolescents en difficulté, ainsi que leurs familles.

Toutes ces mesures ne sont évidemment pas suffisantes au regard des enjeux santé mentale auxquels tous les pays développés sont confrontés. Soyez assurée de ma détermination à agir sans faille avec l’ensemble des professionnels et – je le sais – l’ensemble des parlementaires, afin que nous puissions trouver des solutions à ces difficultés.

Debut de section - Permalien
François Braun

Madame la sénatrice Delattre, comme vous, je tiens tout d’abord à exprimer ma solidarité, ainsi que celle du Gouvernement tout entier envers les victimes de cette odieuse agression, et je sais que l’ensemble des parlementaires partagent ce sentiment.

Vous avez eu raison de mentionner mes collègues Gérald Darmanin et Éric Dupond-Moretti, car nous travaillons de concert sous l’autorité de la Première ministre sur le sujet, qui doit être traité de manière globale. Il s’agit en effet d’une question de société, de rapport à l’autre, de civilité et de rapport à la violence. Nous devons mobiliser tous les outils, en particulier notre capacité à identifier et à traiter les problèmes psychiatriques ou psychologiques.

Nous le savons, notre système de santé rencontre des difficultés – c’est notamment le cas de la psychiatrie –, à la suite de décennies de gestion comptable aveugle. Pour autant, dès 2018, nous avons agi en mettant en œuvre une feuille de route de la santé mentale et de la psychiatrie, ambitieuse, qui a été renforcée en 2021 par les premières Assises de la santé mentale et de la psychiatrie, lancées et présidées par le Président de la République.

Les réponses que nous construisons en priorité s’inscrivent dans le temps long. Je pense par exemple à l’élargissement de la prévention, à la formation de 43 000 secouristes en santé mentale, au développement des compétences psychosociales à l’école, aux actions de prévention du suicide avec le numéro national 3114, qui a reçu plus de 300 000 appels depuis sa création, et au dispositif de vigilance.

J’évoquerai aussi la prise en charge de plus de 130 000 patients grâce au dispositif #MonSoutienPsy, qui a permis d’assurer 300 000 consultations.

Il faut citer enfin le développement des centres médico-psychologiques des maisons des adolescents ; il y en a désormais une par département. Depuis un peu moins d’un an, elles ont accompagné plus de 100 000 adolescents en difficulté, ainsi que leurs familles.

Toutes ces mesures ne sont évidemment pas suffisantes au regard des enjeux de santé mentale auxquels tous les pays développés sont confrontés. Soyez assurée de ma détermination à agir sans faille avec l’ensemble des professionnels et – je le sais – l’ensemble des parlementaires, afin que nous puissions trouver des solutions à ces difficultés.

Photo de Gérard Larcher

La parole est à M. Daniel Salmon, pour la réplique.

Debut de section - PermalienPhoto de Daniel Salmon

Monsieur le ministre, il est dommage que vous n'ayez pas écouté l'introduction de mon propos. J'ai pourtant clairement dit que la recherche était indispensable. Il est très facile de caricaturer !

En revanche, il est irresponsable de faire mine de croire que la technologie va nous sauver. La sobriété dans les usages est indispensable, et c'est par cela que l'on doit commencer !

Le monde que vous nous préparez est un monde à +4 degrés §un monde dont personne ne sait à quoi il ressemblera.

Il faut vraiment aller de l'avant : c'est ce que l'on attend de vous. Les politiques servent à cela, et pas à reporter à demain ce qui peut être fait aujourd'hui !

Photo de Daniel Salmon

Monsieur le ministre, il est dommage que vous n'ayez pas écouté l'introduction de mon propos. J'ai pourtant clairement dit que la recherche était indispensable. Il est très facile de caricaturer !

Il est irresponsable de faire mine de croire que la technologie va nous sauver. La sobriété dans les usages est indispensable, et c'est par cela que l'on doit commencer !

Le monde que vous nous préparez est un monde avec 4 degrés de plus §un monde dont personne ne sait à quoi il ressemblera.

Il faut vraiment aller de l'avant : c'est ce que l'on attend de vous. Les politiques servent à cela, pas à reporter à demain ce qui peut être fait aujourd'hui !

Applaudissements sur les travées du groupe GEST.

décarbonation de l’aérien

Applaudissements sur les travées du groupe GEST.

Photo de Gérard Larcher

M. le président. La parole est à M. Daniel Salmon, pour le groupe Écologiste-Solidarité et Territoires.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

La parole est à M. Emmanuel Capus, pour le groupe Les Indépendant – République et Territoires.

Photo de Gérard Larcher

La parole est à M. Emmanuel Capus, pour le groupe Les Indépendant – République et Territoires.

Debut de section - PermalienPhoto de Emmanuel Capus

Lundi se tenaient les Assises de Bercy. Le Gouvernement y a tenu un langage de fermeté pour réduire les dépenses publiques (Rire s sur les travées du groupe Les Républicains.), avec un objectif clair : 10 milliards d'euros d'économies d'ici à la fin du quinquennat.

Je salue cette annonce, qui a le mérite de clore pour de bon l'ère du « quoi qu'il en coûte » ! L'inflation et la croissance devraient se tasser en 2023 ; la politique des chèques ne se justifie donc plus.

Photo de Daniel Salmon

Le Bourget serait-il le salon de l’illusion, le salon de l’avion magique ? On y voit depuis lundi l’ensemble de la filière aéronautique et le Président de la République nous annoncer un avion propre, un avion vert pour demain ou après-demain.

Bien entendu, la recherche d’alternatives au kérosène est indispensable, et il faut y mettre des moyens. Là où le bât blesse, c’est dans le message qui est véhiculé : « Ne changeons pas les habitudes, la technologie va tout régler. » La sobriété d’usage est complètement inexistante dans le discours ; bien pire, on parle de doublement du trafic d’ici à 2040 !

On nous présente l’avion électrique, l’avion à hydrogène, l’avion au biocarburant… Le problème est que l’électrique pour les moyens et longs courriers n’est pas pour demain, que l’avion à hydrogène est très loin d’être mature et pose encore d’énormes défis technologiques et que la biomasse nécessaire aux biocarburants n’est pas illimitée, car il faudra demain choisir entres les avions, les porte-containers, les camions, le chauffage des logements et se nourrir.

Encore un bon greenwashing qui n’a d’autre objectif que de remettre à demain ce que nous devons faire dès aujourd’hui, c’est-à-dire réguler le secteur aérien, stopper sa croissance et lui faire payer le prix de sa pollution.

Debut de section - PermalienPhoto de Daniel Salmon

Le Bourget serait-il le salon de l’illusion, le salon de l’avion magique ? On y voit depuis lundi l’ensemble de la filière aéronautique et le Président de la République nous annoncer un avion propre, un avion vert pour demain ou après-demain.

Bien entendu, la recherche d’alternatives au kérosène est indispensable, et il faut y mettre des moyens. Là où le bât blesse, c’est dans le message qui est véhiculé : « Ne changeons pas les habitudes, la technologie va tout régler. » La sobriété d’usage est complètement inexistante dans le discours ; bien pire, on parle de doublement du trafic d’ici à 2040 !

On nous présente l’avion électrique, l’avion à hydrogène, l’avion au biocarburant… Le problème est que l’électrique pour les moyens et longs courriers n’est pas pour demain, que l’avion à hydrogène est très loin d’être mature et pose encore d’énormes défis technologiques et que la biomasse nécessaire aux biocarburants n’est pas illimitée, car il faudra demain choisir entre les avions, les porte-containers, les camions, le chauffage des logements et se nourrir.

Encore un bon greenwashing qui n’a d’autre objectif que de remettre à demain ce que nous devons faire dès aujourd’hui, c’est-à-dire réguler le secteur aérien, stopper sa croissance et lui faire payer le prix de sa pollution.

Photo de Emmanuel Capus

M. Emmanuel Capus . Lundi se tenaient les Assises de Bercy. Le Gouvernement y a tenu un langage de fermeté

Debut de section - PermalienPhoto de Emmanuel Capus

Mais, dans cette période anxiogène, la tâche s'annonce ardue. Sans préempter aujourd'hui les débats budgétaires de l'automne, je veux revenir sur une annonce faite lundi par la Première ministre : le retour au mois de septembre de la loi de programmation des finances publiques.

Celle-ci avait été adoptée par le Sénat, dans un esprit de responsabilité, et par solidarité avec nos partenaires européens. Le texte devra préciser le cadre global de réduction des dépenses publiques. Il devra aussi indiquer la contribution des collectivités à cet effort partagé.

Monsieur le ministre, les collectivités font déjà des efforts importants ; vous le savez. Et pour cause : la règle d'or les contraint à équilibrer leur budget. Les collectivités ne représentent que 20 % des dépenses publiques, et moins de 10 % de la dette.

Autrement dit, pour remettre de l'ordre dans les comptes, il ne serait ni juste ni efficace de demander des efforts supplémentaires aux collectivités territoriales.

Monsieur le ministre, pouvez-vous nous garantir…

Photo de Daniel Salmon

Monsieur le ministre, à quand des solutions politiques dès maintenant, afin que la trajectoire du transport aérien soit conforme à nos engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre ?

Photo de Emmanuel Capus

Je salue cette annonce, qui a le mérite de clore pour de bon, l'ère du « quoi qu'il en coûte » ! L'inflation et la croissance devraient se tasser en 2023 ; la politique des chèques ne se justifie donc plus.

Debut de section - PermalienPhoto de Emmanuel Capus

… que la loi de programmation ne mettra pas les collectivités à contribution ?

Plusieurs orateurs du groupe Ser

M. Béchu !

Photo de Gérard Larcher

La parole est à M. le ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires.

Photo de Emmanuel Capus

Mais, dans cette période anxiogène, la tâche s'annonce ardue. Sans préempter aujourd'hui les débats budgétaires de l'automne, je veux revenir sur une annonce faite lundi par la Première ministre : le retour au mois de septembre de la loi de programmation des finances publiques.

Cette loi de programmation avait été adoptée par le Sénat, dans un esprit de responsabilité, et par solidarité avec nos partenaires européens. Ce texte devra préciser le cadre global de réduction des dépenses publiques. Il devra aussi indiquer la contribution des collectivités à cet effort partagé.

Monsieur le ministre, les collectivités font déjà des efforts importants ; vous le savez. Et pour cause : la règle d'or les contraint à équilibrer leur budget. Les collectivités ne représentent que 20 % des dépenses publiques, et moins de 10 % de la dette.

Autrement dit, pour remettre de l'ordre dans les comptes, il ne serait ni juste ni efficace de demander des efforts supplémentaires aux collectivités territoriales.

Monsieur le ministre, pouvez-vous nous garantir…

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

La parole est à M. le ministre délégué chargé des comptes publics.

Photo de Christophe Béchu

je ne peux pas croire à l’instant que vous désapprouviez une recherche orientée vers des avions moins polluants.

Je ne peux pas croire qu’il y ait, derrière vos propos, l’arrière-pensée selon laquelle pour rendre l’écologie populaire, il conviendrait de la présenter sous son jour le plus punitif !

Je ne peux pas croire que vous regrettiez que notre pays accueille le plus grand salon aéronautique du monde…

Debut de section - PermalienPhoto de Christophe Béchu

Monsieur le sénateur Salmon, je ne peux pas croire à l’instant que vous désapprouviez une recherche orientée vers des avions moins polluants.

Je ne peux pas croire qu’il y ait, derrière vos propos, l’arrière-pensée selon laquelle pour rendre l’écologie populaire, il conviendrait de la présenter sous son jour le plus punitif !

Je ne peux pas croire que vous regrettiez que notre pays accueille le plus grand salon aéronautique du monde…

Photo de Emmanuel Capus

… que la loi de programmation ne mettra pas les collectivités à contribution ?

Debut de section - Permalien
Gabriel Attal, ministre délégué auprès du ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, chargé des comptes publics

M. Gabriel Attal, ministre délégué auprès du ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, chargé des comptes publics. Monsieur le sénateur Emmanuel Capus, nous avons effectivement annoncé dans le cadre du nouveau programme de stabilité que nous avions décidé de revoir la charge de l'effort. Nous l'avons notamment fait à la suite des échanges que nous avons eus au Sénat. Vous avez vous-même, monsieur Capus, été une vigie sur la question de la contribution des collectivités locales

Plusieurs orateurs du groupe Ser

M. Béchu !

Marques d'ironie sur les travées des gr oupes Les Républicains et SER.

Photo de Christophe Béchu

… et que ce salon soit précisément consacré aux moyens de décarboner l’aviation.

Photo de Gérard Larcher

La parole est à M. le ministre délégué chargé des comptes publics.

Debut de section - Permalien
Gabriel Attal, ministre délégué auprès du ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, chargé des comptes publics

Je rappelle que, lors de la présentation de la loi de programmation des finances publiques, nous avions prévu une baisse de 0, 4 % des dépenses de l'État en volume et de 0, 5 % pour les collectivités locales. Nous introduirons des évolutions dans la loi de programmation que nous vous présenterons au mois de septembre. Désormais, l'effort de l'État sera bien plus important, avec une baisse de 0, 8 %.

Je répète ce que j'ai indiqué précédemment en réponse à Mme Apourceau-Poly : nous avons besoin les uns des autres. Nous n'arriverons pas à relever le défi de la transition écologique si l'État et les collectivités n'agissent pas de concert. Et pour cela, il nous faut garder le contrôle de nos finances publiques et désendetter le pays. Je n'oppose pas les 3 % et les 3 degrés !

Je considère que si l'on veut être capable de relever le défi de la transition écologique, il faut garder le contrôle des finances publiques et remettre vraiment de l'ordre dans nos comptes de manière à disposer des marges de manœuvre budgétaires qui nous permettront d'investir partout où c'est nécessaire pour relever le défi. C'est donc ensemble que nous avancerons.

Bruno Le Maire a fait un certain nombre de propositions à l'occasion des Assises. Il a notamment suggéré un mécanisme d'autoassurance des collectivités locales pour qu'en cas de surcroît exceptionnel de recettes, ces moyens permettent de soutenir les collectivités locales qui en ont besoin lorsque survient une crise. La proposition est soumise au débat. Nous allons continuer à travailler.

L'année dernière, nous avons tenu les dialogues de Bercy pour construire le budget. Nous rééditerons l'opération cette année en essayant de l'améliorer avec davantage de réunions et d'échanges pour construire, à la fois, le budget pour 2024, mais aussi pour définir la trajectoire et les moyens de l'État, des collectivités locales, de la sécurité sociale, qui nous permettront…

Gabriel Attal, ministre délégué auprès du ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, chargé des comptes publics

en nous invitant à faire porter l'effort davantage sur l'État que sur les collectivités locales.

Je rappelle que, lors de la présentation de la loi de programmation des finances publiques, nous avions prévu une baisse de 0, 4 % des dépenses de l'État en volume et de 0, 5 % pour les collectivités locales. Nous introduirons des évolutions dans la loi de programmation que nous vous présenterons au mois de septembre : désormais, l'effort de l'État sera bien plus important, avec une baisse de 0, 8 %.

Je redis ce que j'ai dit précédemment en réponse à Mme Apourceau-Poly : nous avons besoin les uns des autres. Nous n'arriverons pas à relever le défi de la transition écologique si l'État et les collectivités n'agissent pas de concert. Et pour cela, il nous faut garder le contrôle de nos finances publiques et désendetter le pays. Je n'oppose pas les 3 % et les 3 degrés !

Je considère que si l'on veut être capable de relever le défi de la transition écologique, il faut garder le contrôle des finances publiques et remettre vraiment de l'ordre dans nos comptes de manière à disposer des marges de manœuvre budgétaires qui nous permettront d'investir partout où c'est nécessaire pour relever le défi. C'est donc ensemble que nous avancerons.

Bruno Le Maire a fait un certain nombre de propositions à l'occasion des Assises, et notamment un mécanisme d'autoassurance des collectivités locales pour qu'en cas de surcroît exceptionnel de recettes, ces moyens permettent de soutenir les collectivités locales qui en ont besoin lorsque survient une crise. La proposition est soumise au débat. Nous allons continuer à travailler.

L'année dernière, nous avons tenu les dialogues de Bercy pour construire le budget. Nous rééditerons l'opération cette année en essayant de l'améliorer avec davantage de réunions et d'échanges pour construire, à la fois, le budget pour 2024, mais aussi pour définir la trajectoire et les moyens de l'État, des collectivités locales, de la sécurité sociale, qui nous permettront…

Photo de Christophe Béchu

La trajectoire de décarbonation s’appuie toujours, quel que soit le domaine, sur un triptyque. Vouloir ne retenir que l’un des trois piliers, c’est manquer à l’équilibre dont nous avons besoin. Il faut de la sobriété, …

Debut de section - Permalien
Gabriel Attal, ministre délégué

M. Gabriel Attal, ministre délégué. … de relever ces défis pour notre pays.

Plusieurs sénateurs du groupe Gest

Elle est où ?

Gabriel Attal, ministre délégué

M. Gabriel Attal, ministre délégué. … de relever ces défis pour notre pays.

Applaudissements

Photo de Christophe Béchu

… il faut de l’efficacité et il faut de l’innovation.

D’aucuns condamnent l’innovation et disent que l’on ne s’en sortira que par la sobriété quand d’autres préfèrent que nous ne changions rien à nos usages, considérant que seule l’innovation nous permettra de réussir. Ces deux chemins nous mènent droit dans le mur.

Premier pilier, la sobriété. Très concrètement, la France est le premier pays à avoir interdit les vols de moins de deux heures et demie lorsqu’il existe une autre solution en train.

Photo de Gérard Larcher

La parole est à M. Emmanuel Capus, pour la réplique.

Debut de section - PermalienPhoto de Emmanuel Capus

Je vous remercie, monsieur le ministre.

Vous l'avez dit précédemment, vous êtes élu local. Vous connaissez l'exaspération des élus locaux : ils sont prêts à faire des efforts, mais à condition que l'on diminue le nombre de normes et de contraintes et, surtout, qu'on leur laisse l'autonomie financière dans leur collectivité. §

Photo de Christophe Béchu

La sobriété consiste aussi à faire en sorte que le train soit privilégié, à relever la fiscalité sur le kérosène, comme nous l’avons fait l’année dernière, en supprimant l’avantage fiscal dont il bénéficiait par rapport à l’essence, et à consacrer 100 milliards d’euros aux investissements dans le ferroviaire pour qu’il y ait des alternatives crédibles et à l’heure.

Deuxième pilier, l’efficacité. Elle est atteinte grâce à la baisse du poids et à l’évolution des moteurs. L’enjeu n’est pas seulement national, car 50 % des émissions mondiales proviennent d’avions fabriqués en Europe. L’innovation aura donc un impact partout.

Ce ne sont pas les gouvernements qui décident du doublement du trafic. Celui-ci fait l’objet de prévisions, sur la base des décisions des habitants de la planète.

Troisième pilier, l’innovation. Les deux axes annoncés par le Président de la République sont simples : travailler sur les moteurs et étudier des alternatives en termes de carburant. J’y insiste, ne caricaturons pas ! Il s’agit non pas d’accaparer des terres agricoles pour cultiver les biocarburants, mais de produire des carburants durables à partir des résidus de bois, d’algues ou d’huiles usagées.

Photo de Emmanuel Capus

Je vous remercie, monsieur le ministre.

Vous l'avez dit précédemment, vous êtes élu local. Vous connaissez l'exaspération des élus locaux : ils sont prêts à faire des efforts, mais à condition que l'on diminue le nombre de normes et de contraintes et, surtout, qu'on leur laisse l'autonomie financière dans leur collectivité. §

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

Madame la Première ministre, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, avant de lui donner la parole, je veux saluer Gérard Longuet, qui a pris la décision de ne pas renouveler son mandat.

Notre collègue a siégé durant vingt-deux ans dans notre hémicycle. Il a été président du groupe UMP. À la commission des finances, ses interventions ont toujours permis d'élever les débats. Je voudrais enfin saluer le travail qu'il a effectué comme président de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques. §

Photo de Gérard Larcher

La parole est à M. Daniel Salmon, pour la réplique.

Photo de Daniel Salmon

Monsieur le ministre, il est dommage que vous n’ayez pas écouté l’introduction de mon propos. J’ai pourtant clairement dit que la recherche était indispensable. Il est très facile de caricaturer !

En revanche, il est irresponsable de faire mine de croire que la technologie va nous sauver. La sobriété dans les usages est indispensable, et c’est par cela que l’on doit commencer !

Le monde que vous nous préparez est un monde à +4 degrés §un monde dont personne ne sait à quoi il ressemblera.

Il faut vraiment aller de l’avant : c’est ce que l’on attend de vous. Les politiques servent à cela, et pas à reporter à demain ce qui peut être fait aujourd’hui !

Photo de Gérard Larcher

La parole est à M. Gérard Longuet, pour le groupe Les Républicains.

Photo de Gérard Longuet

Monsieur le président, je vous remercie de votre propos, auquel je ne m'attendais pas.

Je souhaite rester d'une sérénité à toute épreuve après quarante-cinq ans de mandat parlementaire : le jeune Gabriel Attal, qui me répondra dans un instant, n'était pas né alors que j'étais déjà député ! §

Avant-hier, Bruno Le Maire a installé les premières Assises des finances publiques. Comme écrivain, je l'accepte, mais, très honnêtement, comme metteur en scène, il est nul ! §

D'abord, il s'est trompé de lieu. En effet, il y a un lieu pour les finances publiques : le Parlement, c'est-à-dire l'Assemblée nationale et le Sénat. §

Ensuite, il ne faut pas simplement prévoir de premières assises et se dire : « On verra plus tard ». Le redressement des finances de notre pays est une urgence absolue !

Ma question est d'une grande simplicité. Même si mon excellent collègue Capus semble avoir lancé le sujet, je vais enfoncer le clou. Pourquoi diable n'avez-vous pas répondu à la commande passée au mois d'avril dernier par Mme la Première ministre, Élisabeth Borne : présenter en juillet la loi de programmation des finances publiques 2023-2027 ? §

Photo de Gérard Larcher

La parole est à M. le ministre délégué chargé des comptes publics.

Photo de Gérard Larcher

La parole est à M. Emmanuel Capus, pour le groupe Les Indépendant – République et Territoires.

Gabriel Attal, ministre délégué auprès du ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, chargé des comptes publics

Monsieur le sénateur Gérard Longuet, je réponds toujours aux commandes de la Première ministre, qui a demandé lundi dernier de présenter la loi de programmation des finances publiques au mois de septembre prochain. Nous nous mettons donc évidemment en ordre de marche avec Bruno Le Maire pour le faire.

J'imagine que ce que vous voulez en réalité savoir, c'est pourquoi nous allons présenter cette loi en septembre. Réponse : parce que cela a davantage de sens de le faire en même temps que le projet de loi de finances, étant donné les choix budgétaires majeurs que nous devrons opérer dans le cadre de ce texte ; ces derniers pourront ainsi être intégrés dans la loi de programmation. Il est préférable de procéder de cette manière plutôt que de présenter une loi de programmation des finances publiques en juillet et de devoir revenir en septembre, après la présentation du projet de loi de finances, pour adapter le texte.

Je le rappelle, la loi de programmation avait été adoptée au Sénat, qui avait décidé un quantum d'économies supplémentaires très important.

Photo de Emmanuel Capus

Lundi se tenaient les Assises de Bercy. Le Gouvernement y a tenu un langage de fermeté pour réduire les dépenses publiques (Rires sur les travées du groupe Les Républicains.), avec un objectif clair : 10 milliards d’euros d’économies d’ici à la fin du quinquennat.

Je salue cette annonce, qui a le mérite de clore pour de bon l’ère du « quoi qu’il en coûte » ! L’inflation et la croissance devraient se tasser en 2023 ; la politique des chèques ne se justifie donc plus.

Gabriel Attal, ministre délégué

Je pense qu'il sera intéressant d'avoir désormais le débat sur les budgets dont vous estimez qu'ils devront faire l'objet d'économies supplémentaires. Nous partagerons nos propositions et échangerons sur le sujet. Car, après avoir arbitré en faveur d'un quantum d'économies, il est important de dire où faire des économies dans chaque périmètre ministériel.

Photo de Emmanuel Capus

M. Emmanuel Capus. Notre groupe soutient cette démarche. Les dépenses et la dette publiques n’ont jamais été aussi élevées. Il devient urgent de remettre de l’ordre dans nos comptes.

Gabriel Attal, ministre délégué

(Sourires.) Je me suis intéressé très jeune à la vie politique, et j'ai l'impression de vous connaître depuis longtemps et d'avoir suivi votre voix singulière, importante, dans le débat politique, en tant que ministre, parlementaire et président de conseil régional. Je suis absolument convaincu que vous continuerez à porter cette voix dans notre débat d'idées, y compris en dehors de cette assemblée.

Debut de section - Permalien
Gabriel Attal, ministre délégué

Enfin, monsieur le ministre Longuet, au nom du Gouvernement, je veux profiter de cette réponse à la dernière question que vous posez ici pour vous rendre hommage et saluer votre parcours.

Vous avez souligné mon jeune âge ; je dois dire que j'avais douze ans quand vous êtes entré au Sénat. §Je me suis intéressé très jeune à la vie politique, et j'ai l'impression de vous connaître depuis longtemps et d'avoir suivi votre voix singulière, importante, dans le débat politique, en tant que ministre, parlementaire et président de conseil régional.

Je suis absolument convaincu que vous continuerez à porter cette voix dans notre débat d'idées, y compris en dehors de cette assemblée. §

Photo de Emmanuel Capus

Mais, dans cette période anxiogène, la tâche s’annonce ardue. Sans préempter aujourd’hui les débats budgétaires de l’automne, je veux revenir sur une annonce faite lundi par la Première ministre : le retour au mois de septembre de la loi de programmation des finances publiques.

Celle-ci avait été adoptée par le Sénat, dans un esprit de responsabilité, et par solidarité avec nos partenaires européens. Le texte devra préciser le cadre global de réduction des dépenses publiques. Il devra aussi indiquer la contribution des collectivités à cet effort partagé.

Monsieur le ministre, les collectivités font déjà des efforts importants ; vous le savez. Et pour cause : la règle d’or les contraint à équilibrer leur budget. Les collectivités ne représentent que 20 % des dépenses publiques, et moins de 10 % de la dette.

Autrement dit, pour remettre de l’ordre dans les comptes, il ne serait ni juste ni efficace de demander des efforts supplémentaires aux collectivités territoriales.

Monsieur le ministre, pouvez-vous nous garantir…

Debut de section - PermalienPhoto de Emmanuel Capus

Mais, dans cette période anxiogène, la tâche s’annonce ardue. Sans anticiper aujourd’hui sur les débats budgétaires de l’automne, je veux revenir sur une annonce faite lundi par la Première ministre : le retour au mois de septembre de la loi de programmation des finances publiques.

Celle-ci avait été adoptée par le Sénat, dans un esprit de responsabilité, et par solidarité avec nos partenaires européens. Le texte devra préciser le cadre global de réduction des dépenses publiques. Il devra aussi indiquer la contribution des collectivités à cet effort partagé.

Monsieur le ministre, les collectivités font déjà des efforts importants ; vous le savez. Et pour cause : la règle d’or les contraint à équilibrer leur budget. Les collectivités ne représentent que 20 % des dépenses publiques, et moins de 10 % de la dette.

Autrement dit, pour remettre de l’ordre dans les comptes, il ne serait ni juste ni efficace de demander des efforts supplémentaires aux collectivités territoriales.

Monsieur le ministre, pouvez-vous nous garantir…

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

La parole est à M. Gérard Longuet, pour la réplique.

Photo de François Bonhomme

M. François Bonhomme. Oui, il le peut !

Gabriel Attal, ministre délégué

Monsieur le ministre Longuet, au nom du Gouvernement, je veux à l'occasion de cette dernière question que vous posez ici, vous rendre hommage et saluer votre parcours. Puisque vous avez souligné mon jeune âge, je dois dire que j'avais douze ans quand vous êtes entré au Sénat. §sur les travées des groupes RDPI, INDEP, UC et Les Républicains.)

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Longuet

J'ai gardé un peu de temps pour vous répondre et pour vous dire que votre problème est un problème de majorité politique. Soyez rassurés : aucun président de la République française, depuis l'élection au suffrage universel, n'a été élu à la majorité absolue au premier tour ; tous ont eu à gérer des majorités compliquées.

Sur les quatorze élections législatives qui ont eu lieu depuis 1967, le président de la République n'a obtenu une majorité grâce à son seul parti qu'à sept occasions. Cela signifie, madame la Première ministre, qu'au cœur des institutions de la Ve République, il y a une réalité parlementaire qui oblige le président de la République à prendre en considération ceux qui l'ont rallié au deuxième tour ; ces derniers méritent d'exister. Or c'est exactement ce qui manque aujourd'hui.

Photo de Gérard Larcher

La parole est à M. Gérard Longuet, pour la réplique.

Photo de Emmanuel Capus

… que la loi de programmation ne mettra pas les collectivités à contribution ?

Photo de Gérard Longuet

J'ai gardé un peu de temps pour vous répondre et pour vous dire que votre problème est un problème de majorité politique. Soyez rassurés : aucun président de la République française, depuis l'élection au suffrage universel, n'a été élu à la majorité absolue au premier tour ; tous ont eu à gérer des majorités compliquées.

Sur les quatorze élections législatives qui ont eu lieu depuis 1967, le président de la République n'a obtenu une majorité grâce à son seul parti qu'à sept occasions. Cela signifie, madame la Première ministre, qu'au cœur des institutions de la Ve République, il y a une réalité parlementaire qui oblige le président de la République à prendre en considération ceux qui l'ont rallié au deuxième tour ; ces derniers méritent d'exister. Or c'est exactement ce qui manque aujourd'hui.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Longuet

Pour conclure, madame la Première ministre, vous avez trois choix : d'abord, la coalition gouvernementale, ce qui n'est pas prévu et ne correspond pas au caractère de l'actuel Président de la République ; ensuite, la cohabitation au sein de votre propre camp, en choisissant un Premier ministre…

Plusieurs sén ateurs du groupe Ser

M. Béchu !

Photo de Gérard Larcher

La parole est à M. le ministre délégué chargé des comptes publics.

Photo de Gérard Longuet

Pour conclure, madame la Première ministre, vous avez trois choix : la coalition gouvernementale, ce qui n'est pas prévu et ne correspond pas au caractère de l'actuel Président de la République ; la cohabitation au sein de votre propre camp en choisissant un Premier ministre…

Gabriel Attal

M. Gabriel Attal, ministre délégué auprès du ministre de l ’ économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, chargé des comptes publics. Monsieur le sénateur Emmanuel Capus, nous avons effectivement annoncé dans le cadre du nouveau programme de stabilité que nous avions décidé de revoir la charge de l’effort. Nous l’avons notamment fait à la suite des échanges que nous avons eus au Sénat. Vous avez vous-même, monsieur Capus, été une vigie sur la question de la contribution des collectivités locales

Photo de Pierre Frogier

Madame la Première ministre, la Nouvelle-Calédonie est dans l'attente, toujours dans l'attente, mais, désormais, sa longue histoire se poursuivra dans la France.

Lors de son dernier voyage à Nouméa, le ministre de l'intérieur et des outre-mer a engagé avec les différentes forces politiques des échanges qui devraient aboutir – nous l'espérons ! – à la coconstruction d'une solution d'avenir. Je tiens à lui donner acte de sa détermination et à l'en remercier. Pour ma part, comme j'ai déjà eu l'occasion de vous le dire, je me tiens à votre disposition pour vous accompagner sur ce chemin.

Pour parvenir à cette solution d'avenir, nous devons franchir un premier obstacle : le renouvellement des assemblées de provinces l'année prochaine. Et seule une réforme du corps électoral pour ces élections les rendra possibles. Il vous appartient donc, au plus vite, de nous proposer les voies et moyens pour y parvenir.

Je veux rappeler encore et encore qu'à la signature de l'accord de Nouméa, le droit de vote était acquis au terme d'une durée de résidence de dix années en Nouvelle-Calédonie. La réforme constitutionnelle de 2007, qui nous a été imposée, y a mis un terme, en fermant à compter de 1998 l'accès à ce corps électoral.

Mais, surtout, madame la Première ministre, ces référendums successifs ont laissé derrière eux une population profondément divisée. Pour tenter d'y remédier, il nous faudra porter une vision politique susceptible de fédérer et de nourrir cette communauté de destin à laquelle nous aspirons ; une vision qui permette aux Calédoniens de se projeter sur le long terme, d'avoir l'ambition d'un avenir partagé et ne pas se laisser enfermer dans le seul débat institutionnel.

Le contenu de cette communauté de destin, c'est ce que l'on dénomme la citoyenneté, faite de droits et de devoirs, qui situera la place propre de la Nouvelle-Calédonie dans la France, son identité particulière dans la solidarité nationale.

Ma question est double. Pouvez-vous vous engager sur un agenda permettant la tenue des élections provinciales avec un corps électoral ouvert dès l'année prochaine ? Êtes-vous prête à nous accompagner pour donner à la Nouvelle-Calédonie un ensemble de règles qui définiront les exigences de notre savoir-vivre ensemble ?

Marques d ’ ironie sur les travées des groupes Les Républicains et SER.

Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – M. Franck Menonville applaudit également.

Gabriel Attal

Je rappelle que, lors de la présentation de la loi de programmation des finances publiques, nous avions prévu une baisse de 0, 4 % des dépenses de l’État en volume et de 0, 5 % pour les collectivités locales. Nous introduirons des évolutions dans la loi de programmation que nous vous présenterons au mois de septembre. Désormais, l’effort de l’État sera bien plus important, avec une baisse de 0, 8 %.

Je répète ce que j’ai indiqué précédemment en réponse à Mme Apourceau-Poly : nous avons besoin les uns des autres. Nous n’arriverons pas à relever le défi de la transition écologique si l’État et les collectivités n’agissent pas de concert. Et pour cela, il nous faut garder le contrôle de nos finances publiques et désendetter le pays. Je n’oppose pas les 3 % et les 3 degrés !

Je considère que si l’on veut être capable de relever le défi de la transition écologique, il faut garder le contrôle des finances publiques et remettre vraiment de l’ordre dans nos comptes de manière à disposer des marges de manœuvre budgétaires qui nous permettront d’investir partout où c’est nécessaire pour relever le défi. C’est donc ensemble que nous avancerons.

Bruno Le Maire a fait un certain nombre de propositions à l’occasion des Assises. Il a notamment suggéré un mécanisme d’autoassurance des collectivités locales pour qu’en cas de surcroît exceptionnel de recettes, ces moyens permettent de soutenir les collectivités locales qui en ont besoin lorsque survient une crise. La proposition est soumise au débat. Nous allons continuer à travailler.

L’année dernière, nous avons tenu les dialogues de Bercy pour construire le budget. Nous rééditerons l’opération cette année en essayant de l’améliorer avec davantage de réunions et d’échanges pour construire, à la fois, le budget pour 2024, mais aussi pour définir la trajectoire et les moyens de l’État, des collectivités locales, de la sécurité sociale, qui nous permettront…

Debut de section - Permalien
Gabriel Attal

Je rappelle que, lors de la présentation de la loi de programmation des finances publiques, nous avions prévu une baisse de 0, 4 % des dépenses de l’État en volume et de 0, 5 % pour les collectivités locales. Nous introduirons des évolutions dans la loi de programmation que nous vous présenterons au mois de septembre. Désormais, l’effort de l’État sera bien plus important, avec une baisse de 0, 8 %.

Je répète ce que j’ai indiqué précédemment en réponse à Mme Apourceau-Poly : nous avons besoin les uns des autres. Nous n’arriverons pas à relever le défi de la transition écologique si l’État et les collectivités n’agissent pas de concert. Et pour cela, il nous faut garder le contrôle de nos finances publiques et désendetter le pays. Je n’oppose pas les 3 % et les 3 degrés !

Je considère que si l’on veut être capable de relever le défi de la transition écologique, il faut garder le contrôle des finances publiques et remettre vraiment de l’ordre dans nos comptes de manière à disposer des marges de manœuvre budgétaires qui nous permettront d’investir partout où c’est nécessaire pour relever le défi. C’est donc ensemble que nous avancerons.

Bruno Le Maire a fait un certain nombre de propositions à l’occasion des Assises. Il a notamment suggéré un mécanisme d’autoassurance des collectivités locales pour que, en cas de surcroît exceptionnel de recettes, ces moyens permettent de soutenir les collectivités locales qui en ont besoin lorsque survient une crise. La proposition est soumise au débat. Nous allons continuer à travailler.

L’année dernière, nous avons tenu les dialogues de Bercy pour construire le budget. Nous rééditerons l’opération cette année en essayant de l’améliorer avec davantage de réunions et d’échanges pour construire, à la fois, le budget pour 2024, mais aussi pour définir la trajectoire et les moyens de l’État, des collectivités locales, de la sécurité sociale, qui nous permettront…

Photo de Pierre Frogier

Ma question s'adresse à Mme la Première ministre.

Madame la Première ministre, la Nouvelle-Calédonie est dans l'attente, toujours dans l'attente, mais, désormais, sa longue histoire se poursuivra dans la France.

Lors de son dernier voyage à Nouméa, le ministre de l'intérieur et des outre-mer a engagé des échanges avec les différentes forces politiques qui devraient aboutir – nous l'espérons ! – à la coconstruction d'une solution d'avenir. Je tiens à lui donner acte de sa détermination et à l'en remercier. Pour ma part, comme j'ai déjà eu l'occasion de vous le dire, je me tiens à votre disposition, afin de vous accompagner sur ce chemin.

Pour parvenir à cette solution d'avenir, nous devons franchir un premier obstacle : le renouvellement des assemblées de provinces l'année prochaine. Et seule une réforme du corps électoral pour ces élections les rendra possibles. Il vous appartient donc, au plus vite, de nous proposer les voies et moyens pour y parvenir.

Je veux rappeler encore et encore qu'à la signature de l'accord de Nouméa, le droit de vote était acquis au terme d'une durée de résidence de dix années en Nouvelle-Calédonie. La réforme constitutionnelle de 2007, qui nous a été imposée, y a mis un terme, en fermant à compter de 1998 l'accès à ce corps électoral.

Mais, surtout, madame la Première ministre, ces référendums successifs ont laissé derrière eux une population profondément divisée. Pour tenter d'y remédier, il nous faudra porter une vision politique susceptible de fédérer et de nourrir cette communauté de destin à laquelle nous aspirons. Une vision qui permette aux Calédoniens de se projeter sur le long terme, d'avoir l'ambition d'un avenir partagé et ne pas se laisser enfermer dans le seul débat institutionnel.

Le contenu de cette communauté de destin, c'est ce que l'on dénomme la citoyenneté, faite de droits et de devoirs, qui situera la place propre de la Nouvelle-Calédonie dans la France, son identité particulière dans la solidarité nationale.

Ma question est double. Pouvez-vous vous engager sur un agenda permettant la tenue des élections provinciales avec un corps électoral ouvert dès l'année prochaine ? Êtes-vous prête à nous accompagner pour donner à la Nouvelle-Calédonie un ensemble de règles qui définiront les exigences de notre savoir-vivre ensemble ?

Debut de section - Permalien
Elisabeth Borne, Première ministre

Monsieur le sénateur Pierre Frogier, le processus politique défini dans l'accord de Nouméa est arrivé à son terme au mois de décembre 2021, après trois consultations référendaires successives organisées sous l'autorité du Président de la République.

Il appartient désormais aux partenaires politiques d'examiner la situation ainsi créée selon les termes mêmes de l'accord. Vous le savez, mon gouvernement est pleinement mobilisé pour accompagner les discussions sur l'avenir de la Nouvelle-Calédonie. En moins d'un an, le ministre de l'intérieur et des outre-mer et le ministre chargé des outre-mer se sont rendus sur place à quatre reprises pour échanger avec l'ensemble des acteurs calédoniens. J'ai également réuni une convention des partenaires à Paris au mois d'octobre 2022 et rencontré la délégation du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), et les représentants non indépendantistes le 11 avril dernier.

Comme vous le savez également, les discussions portent actuellement pour l'essentiel sur les compétences, sur l'exercice du droit à l'autodétermination et sur l'évolution du corps électoral provincial.

Je l'affirme devant vous, comme je l'ai indiqué à la délégation du FLNKS, je crois qu'un gel indéfini du corps électoral provincial questionnerait nos principes démocratiques comme nos engagements internationaux. Aujourd'hui, les discussions avancent, et je mesure la sensibilité de cette question. Le ministre de l'intérieur et des outre-mer a fait des propositions sur une durée de résidence minimale. Des échanges techniques sont actuellement organisés par le Haut-commissaire à Nouméa, et je suis persuadé qu'une solution consensuelle peut être trouvée sur ce point comme sur les autres. Je suis prête à inviter l'ensemble des partenaires à partir de la fin du mois d'août pour conclure l'accord que les Calédoniens attendent. Quant aux élections provinciales, elles auront lieu en tout état de cause en 2024 : c'est un enjeu démocratique.

Monsieur le sénateur, l'esprit de l'accord de Nouméa, qui doit nous inspirer et que vous incarnez en tant que signataire en 1998, n'est pas seulement un mécanisme institutionnel et juridique. C'est avant tout l'ambition profondément humaine du destin commun. Je crois que cette ambition répond à l'attente de nombreux jeunes Calédoniens. Alors, soyons collectivement à la hauteur des signataires des accords de 1988 et 1998.

Enfin, si vous le permettez, monsieur le président, je voudrais terminer mon propos en rendant hommage à mon tour à M. le sénateur Gérard Longuet, ancien ministre et président de groupe, mais aussi à M. le sénateur Jean-Pierre Sueur, ancien ministre, ancien président de la commission des lois et questeur de votre assemblée, et à Mme la sénatrice Michèle Meunier, qui siège sur ces travées depuis douze ans.

Madame, messieurs les sénateurs, vous êtes ici des voix qui portent, vous êtes respectés pour votre connaissance fine des dossiers et votre volonté d'œuvrer pour les Français. Nous avons pu nous opposer, mais nous avons toujours su travailler ensemble au service de la République et de l'intérêt général.

Gabriel Attal

M. Gabriel Attal, ministre délégué. … de relever ces défis pour notre pays.

Photo de Gérard Larcher

La parole est à Mme la Première ministre.

Elisabeth Borne, Première ministre

Monsieur le sénateur Pierre Frogier, le processus politique défini dans l'accord de Nouméa est arrivé à son terme au mois de décembre 2021, après trois consultations référendaires successives organisées sous l'autorité du Président de la République.

Il appartient désormais aux partenaires politiques d'examiner la situation ainsi créée selon les termes mêmes de l'accord. Vous le savez, mon gouvernement est pleinement mobilisé pour accompagner les discussions sur l'avenir de la Nouvelle-Calédonie. En moins d'un an, le ministre de l'intérieur et des outre-mer et le ministre chargé des outre-mer se sont rendus sur place à quatre reprises pour échanger avec l'ensemble des acteurs calédoniens. J'ai également réuni une convention des partenaires à Paris au mois d'octobre 2022 et rencontré la délégation du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), et les représentants non indépendantistes le 11 avril dernier.

Comme vous le savez également, les discussions portent actuellement pour l'essentiel sur les compétences, sur l'exercice du droit à l'autodétermination et sur l'évolution du corps électoral provincial.

Je l'affirme devant vous, comme je l'ai indiqué à la délégation du FLNKS, je crois qu'un gel indéfini du corps électoral provincial questionnerait nos principes démocratiques comme nos engagements internationaux. Aujourd'hui, les discussions avancent, et je mesure la sensibilité de cette question. Le ministre de l'intérieur et des outre-mer a fait des propositions sur une durée de résidence minimale. Des échanges techniques sont actuellement organisés par le Haut-Commissaire à Nouméa, et je suis persuadé qu'une solution consensuelle peut être trouvée sur ce point comme sur les autres. Je suis prête à inviter l'ensemble des partenaires, à partir de la fin du mois d'août, pour conclure l'accord que les Calédoniens attendent. Quant aux élections provinciales, elles auront lieu en tout état de cause en 2024 : c'est un enjeu démocratique.

Monsieur le sénateur, l'esprit de l'accord de Nouméa, qui doit nous inspirer et que vous incarnez en tant que signataire en 1998, n'est pas seulement un mécanisme institutionnel et juridique. C'est avant tout l'ambition profondément humaine du destin commun. Je crois que cette ambition répond à l'attente de nombreux jeunes Calédoniens. Alors, soyons collectivement à la hauteur des signataires des accords de 1988 et 1998.

Enfin, si vous le permettez, monsieur le président, je voudrais terminer mon propos en rendant hommage à mon tour à M. le sénateur Gérard Longuet, ancien ministre et président de groupe, mais aussi à M. le sénateur Jean-Pierre Sueur, ancien ministre, ancien président de la commission des lois et questeur de votre assemblée, et à la sénatrice Michèle Meunier, qui siège dans ces travées depuis douze ans.

Vous êtes ici, madame, messieurs les sénateurs, des voix qui portent, vous êtes respectés pour votre connaissance fine des dossiers et votre volonté d'œuvrer pour les Français. Nous avons pu nous opposer, mais nous avons toujours su travailler ensemble au service de la République et de l'intérêt général.

Photo de Gérard Larcher

M. le président . Madame la Première ministre, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, avant de lui donner la parole, je veux à mon tour saluer Jean-Pierre Sueur, qui a siégé durant vingt-deux années au Sénat – il détient sans doute le record du nombre d'heures passées dans les fauteuils de l'hémicycle, et nous pourrons bientôt publier ses œuvres complètes !

Photo de Gérard Larcher

La parole est à M. Emmanuel Capus, pour la réplique.

Sourires.

Photo de Emmanuel Capus

Je vous remercie, monsieur le ministre.

Vous l’avez dit précédemment, vous êtes élu local. Vous connaissez l’exaspération des élus locaux : ils sont prêts à faire des efforts, mais à condition que l’on diminue le nombre de normes et de contraintes et, surtout, qu’on leur laisse l’autonomie financière dans leur collectivité.

Photo de Gérard Larcher

M. le président . Avant de lui donner la parole, je veux à mon tour saluer Jean-Pierre Sueur, qui a siégé durant vingt-deux années au Sénat – il a sans doute le record du nombre d'heures passées dans les fauteuils de l'hémicycle, et nous pourrons bientôt publier ses œuvres complètes !

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

– et a notamment été président de la commission des lois et questeur du Sénat.

Mmes et MM. les sénateurs se lèvent et applaudissent longuement .

Salutations à un sénateur

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

– et a notamment été président de la commission des lois et questeur du Sénat.

Photo de Gérard Larcher

Madame la Première ministre, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, avant de lui donner la parole, je veux saluer Gérard Longuet, qui a pris la décision de ne pas renouveler son mandat.

Notre collègue a siégé durant vingt-deux ans dans notre hémicycle. Il a été président du groupe UMP. À la commission des finances, ses interventions ont toujours permis d’élever les débats. Je voudrais enfin saluer le travail qu’il a effectué comme président de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques.

Mmes et MM. les sénateurs se lèvent et applaudissent longuement M. Jean-Pierre Sueur.

Photo de Jean-Pierre Sueur

Madame la Première ministre, je souhaite vous interroger sur ce qui s'est passé dans la nuit du 13 mai dernier au large de la Grèce et qui est une honte pour notre civilisation. En effet, 750 hommes, femmes et enfants, entassés comme des bêtes dans un bateau qui a coulé, ont péri ou ont fait naufrage. Nous savons aujourd'hui que Frontex, un certain nombre d'États et des garde-côtes étaient au courant de l'imminent péril. Les images de la BBC ont montré que, pendant sept heures, les passagers du bateau sont restés entre la vie et la mort, et plus près de la mort.

Alors, nous ne pouvons pas nous résigner à ce qu'il y ait 500, 600 ou 700 morts, qui viennent s'ajouter aux 10 000 des quatre ou cinq dernières années, et aux 20 000 ou 30 000 personnes – nous ne connaissons pas le chiffre exact – qui sont mortes en traversant la Manche.

Je demande simplement, madame la Première ministre, que la France pèse de tout son poids pour qu'une véritable politique soit menée pour mettre fin au naufrage de ces êtres humains.

Applaudissements sur les travées des groupes SER, CRCE, GEST, ainsi que sur des travées des groupes RDPI, RDSE et UC. – Mme Esther Benbassa, Alain Houpert et Gérard Longuet applaudissent également.

Photo de Jean-Pierre Sueur

Madame la Première ministre, je souhaite vous interroger sur ce qui s'est passé dans la nuit du 13 mai dernier au large de la Grèce et qui est une honte pour notre civilisation. En effet, 750 hommes, femmes et enfants, entassés comme des bêtes dans un bateau qui a coulé, ont péri ou ont fait naufrage. Nous savons aujourd'hui que Frontex, un certain nombre d'États et des garde-côtes étaient au courant de l'imminent péril. Les images de la BBC ont montré que, pendant sept heures, les passagers du bateau sont restés entre la vie et la mort, et plus près de la mort.

Alors, nous ne pouvons pas nous résigner à ce qu'il y ait 500, 600 ou 700 morts, qui viennent s'ajouter aux 10 000 des quatre ou cinq dernières années, et aux 20 000 ou 30 000 personnes – nous ne connaissons pas le chiffre exact – qui sont mortes en traversant la Manche.

Je demande simplement, madame la Première ministre, que la France pèse de tout son poids, afin qu'une véritable politique soit menée pour mettre fin au naufrage de ces êtres humains.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

La parole est à Mme la secrétaire d'État chargée du développement, de la francophonie et des partenariats internationaux.

Photo de Gérard Larcher

La parole est à M. Gérard Longuet, pour le groupe Les Républicains.

Debut de section - Permalien
Chrysoula Zacharopoulou , secrétaire d'État auprès de la ministre de l'Europe et des affaires étrangères, chargée du développement, de la francophonie et des partenariats internationaux

Monsieur le questeur Jean-Pierre Sueur, ce naufrage survenu le 14 juin dernier au large de la Grèce est avant tout – vous l'avez dit – un drame humain, un de plus, survenu en Méditerranée. Vous avez totalement raison, nous ne pouvons pas nous résigner.

Cette tragédie nous bouleverse tous, et je voudrais renouveler nos condoléances aux familles des victimes. Bien entendu, elle nous oblige, car nous devons tout mettre en œuvre, notamment à l'échelon européen, pour éviter de nouveaux drames de ce type.

L'accord trouvé le 8 juin par les ministres européens de l'intérieur permettra d'apporter une réponse européenne sur ces sujets. À la question du traitement des demandes d'asile, il faut apporter une réponse qui doit allier responsabilité, efficacité et solidarité. La France et l'Italie sont pleinement mobilisées en ce sens, …

Photo de Gérard Longuet

Monsieur le président, je vous remercie de votre propos, auquel je ne m’attendais pas.

Je souhaite rester d’une sérénité à toute épreuve après quarante-cinq ans de mandat parlementaire : le jeune Gabriel Attal, qui me répondra dans un instant, n’était pas né alors que j’étais déjà député !

Photo de Gérard Larcher

La parole est à Mme la secrétaire d'État chargée du développement, de la francophonie et des partenariats internationaux.

Chrysoula Zacharopoulou , secrétaire d'État auprès de la ministre de l'Europe et des affaires étrangères, chargée du développement, de la francophonie et des partenariats internationaux

Monsieur le questeur Jean-Pierre Sueur, ce naufrage survenu le 14 juin dernier au large de la Grèce est avant tout – vous l'avez dit – un drame humain, un de plus survenu en Méditerranée. Vous avez totalement raison, nous ne pouvons pas nous résigner.

Cette tragédie nous bouleverse tous, et je voudrais renouveler nos condoléances aux familles des victimes. Bien sûr, elle nous oblige, car nous devons tout mettre en œuvre pour éviter de nouveaux drames de ce type, notamment au niveau européen.

L'accord trouvé le 8 juin par les ministres européens de l'intérieur permettra d'apporter une réponse européenne sur ces sujets. À la question du traitement des demandes d'asile il faut apporter une réponse qui doit allier responsabilité, efficacité et solidarité. La France et l'Italie sont pleinement mobilisées en ce sens, …

Debut de section - Permalien
Chrysoula Zacharopoulou , secrétaire d'État

… comme le soulignaient hier le Président de la République et la première ministre Giorgia Meloni.

Mais ce drame rappelle aussi l'importance de la coopération avec les pays tiers en matière de sauvetage en mer et de lutte contre les réseaux de passeurs. Là encore, les travaux sont en cours à l'échelon européen, en particulier avec la Tunisie. Notre objectif est de renforcer les capacités des États d'origine et de transit pour mieux lutter contre ceux qui exploitent la détresse des migrants et contre les causes profondes de leur exil.

Enfin, monsieur le questeur, je souhaite profiter de votre dernière question au Gouvernement pour vous saluer. En tant que député, ministre, sénateur, président de la commission des lois et maire d'Orléans, vous nous avez marqués pendant quarante ans par vos convictions et votre engagement permanent. La République, le Sénat et votre cher Loiret vous en sont reconnaissants ! §

Photo de Gérard Longuet

Avant-hier, Bruno Le Maire a installé les premières Assises des finances publiques. Comme écrivain, je l’accepte, mais, très honnêtement, comme metteur en scène, il est nul !

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

La parole est à M. Jean-Pierre Sueur, pour la réplique.

Chrysoula Zacharopoulou

… comme le soulignaient hier le Président de la République et la première ministre Giorgia Meloni.

Mais ce drame rappelle aussi l'importance de la coopération avec les pays tiers en matière de sauvetage en mer et de lutte contre les réseaux de passeurs. Là encore, les travaux sont en cours à l'échelon européen, en particulier avec la Tunisie. Notre objectif est de renforcer les capacités des États d'origine et de transit pour mieux lutter contre ceux qui exploitent la détresse des migrants et contre les causes profondes de leur exil.

Enfin, monsieur le questeur, je souhaite profiter de votre dernière question au Gouvernement pour vous saluer. En tant que député, ministre, sénateur, président de la commission des lois et maire d'Orléans, vous nous avez marqués pendant quarante ans par vos convictions et votre engagement permanent. La République, le Sénat et votre cher Loiret vous en sont reconnaissants ! §

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Sueur

Je veux dire combien il est facile d'exploiter constamment le sujet des étrangers et des immigrés ; mieux vaudrait éviter de faire de la politique politicienne en disant qu'ils sont un danger pour notre pays.

Mes chers collègues, il est des problèmes qu'il faut traiter et ne pas exploiter, surtout lorsque des centaines, des milliers de personnes sont en danger en mer Méditerranée. Merci de ce que vous ferez tous pour prendre conscience qu'il nous faut une politique énergique, impulsée par la France à l'échelon européen, pour sauver ces êtres humains !

Photo de Gérard Longuet

D’abord, il s’est trompé de lieu. En effet, il y a un lieu pour les finances publiques : le Parlement, c’est-à-dire l’Assemblée nationale et le Sénat.

Photo de Gérard Larcher

La parole est à M. Jean-Pierre Sueur, pour la réplique.

Applaudissements sur les travées des groupes SER, CRCE, GEST, ainsi que sur des travées des groupes RDPI et INDEP.

Photo de Jean-Pierre Sueur

Je veux dire combien il est facile d'exploiter constamment le sujet des étrangers et des immigrés ; mieux vaudrait éviter de faire de la politique politicienne en disant qu'ils sont un danger pour notre pays.

Mes chers collègues, il est des problèmes qu'il faut traiter et ne pas exploiter, surtout lorsque des centaines, des milliers de personnes sont en danger en mer Méditerranée. Merci de ce que vous ferez tous pour prendre conscience qu'il nous faut une politique énergique, impulsée par la France à l'échelon européen, pour sauver ces êtres humains !

Photo de Gérard Longuet

Ensuite, il ne faut pas simplement prévoir de premières assises et se dire : « On verra plus tard ». Le redressement des finances de notre pays est une urgence absolue !

Ma question est d’une grande simplicité. Même si mon excellent collègue Capus semble avoir lancé le sujet, je vais enfoncer le clou. Pourquoi diable n’avez-vous pas répondu à la commande passée au mois d’avril dernier par Mme la Première ministre, Élisabeth Borne : présenter en juillet la loi de programmation des finances publiques 2023-2027 ?

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Longuet

Ensuite, il ne faut pas simplement prévoir de premières assises et se dire : « On verra plus tard ». Le redressement des finances de notre pays est une urgence absolue !

Ma question est d’une grande simplicité. Même si mon excellent collègue Capus semble avoir lancé le sujet, je vais enfoncer le clou. Pourquoi diable n’avez-vous pas répondu à la commande passée au mois d’avril dernier par Mme la Première ministre, Élisabeth Borne : présenter en juillet le projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2023 à 2027 ?

Applaudissements sur les travées des groupes Les Républicains et INDEP, ainsi que sur d es travées du groupe UC.

Photo de Gérard Larcher

M. le président. La parole est à M. Jean-François Rapin, pour le groupe Les Républicains.

accord ue-mercosur

Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – M. Michel Canévet applaudit également.

Photo de Gérard Larcher

La parole est à M. le ministre délégué chargé des comptes publics.

Photo de Gérard Larcher

M. le président. La parole est à M. Jean-François Rapin, pour le groupe Les Républicains.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-François Rapin

Monsieur le président, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, j'associe ma collègue la présidente Sophie Primas à ma question.

Au mois d'octobre 2019, la Première ministre déclarait : « On ne peut pas signer un accord commercial avec un pays qui ne respecte pas la forêt amazonienne, qui ne respecte pas le traité de Paris. La France ne signera pas l'accord avec le Mercosur dans ces conditions. » Plus récemment, lors de sa visite au Salon de l'agriculture le 25 février dernier, le Président de la République Emmanuel Macron expliquait qu'un « accord avec les pays du continent latino-américain n'est pas possible s'ils ne respectent pas comme nous les accords de Paris, ni les mêmes contraintes environnementales et sanitaires qu'on impose à nos producteurs ».

Mais, voilà quinze jours, Olivier Becht déclarait qu'il fallait conclure cet accord avec le Mercosur, en négociation depuis vingt-trois ans. La semaine dernière, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a, elle aussi, espéré publiquement, lors de sa tournée en Amérique latine, que l'Union européenne conclurait d'ici à la fin de l'année cet accord. Et l'Espagne, qui prend dans dix jours la présidence du Conseil de l'Union européenne, sera aussi très allante.

Bref, la barque prend l'eau de toutes parts et nous sommes très inquiets. D'autant plus que la Commission européenne est en mesure de tenir à l'écart les parlements nationaux de la ratification de l'accord. Au mois de décembre dernier, notre collègue Alain Cadec, bien au fait de ce danger, vous avait déjà interrogée. La question se fait plus pressante encore aujourd'hui : madame la secrétaire d'État, le président Macron risque-t-il de trahir vendredi sa parole envers le monde agricole lorsqu'il recevra à Paris M. Lula, redevenu président du Brésil ? §

Gabriel Attal

Monsieur le sénateur Gérard Longuet, je réponds toujours aux commandes de la Première ministre, qui a demandé lundi dernier de présenter la loi de programmation des finances publiques au mois de septembre prochain. Nous nous mettons donc évidemment en ordre de marche avec Bruno Le Maire pour le faire.

J’imagine que ce que vous voulez en réalité savoir, c’est pourquoi nous allons présenter cette loi en septembre. Réponse : parce que cela a davantage de sens de le faire en même temps que le projet de loi de finances, étant donné les choix budgétaires majeurs que nous devrons opérer dans le cadre de ce texte ; ces derniers pourront ainsi être intégrés dans la loi de programmation. Il est préférable de procéder de cette manière plutôt que de présenter une loi de programmation des finances publiques en juillet et de devoir revenir en septembre, après la présentation du projet de loi de finances, pour adapter le texte.

Je le rappelle, la loi de programmation avait été adoptée au Sénat, qui avait décidé un quantum d’économies supplémentaires très important.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

La parole est à Mme la secrétaire d'État chargée du développement, de la francophonie et des partenariats internationaux.

Photo de Jean-François Rapin

Monsieur le président, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, je partage ce propos avec ma collègue la présidente Sophie Primas.

Au mois d'octobre 2019, la Première ministre déclarait : « On ne peut pas signer un accord commercial avec un pays qui ne respecte pas la forêt amazonienne, qui ne respecte pas le traité de Paris. La France ne signera pas l'accord avec le Mercosur dans ces conditions. » Plus récemment, lors de sa visite au Salon de l'agriculture le 25 février dernier, le Président de la République Emmanuel Macron expliquait qu'un « accord avec les pays du continent latino-américain n'est pas possible s'ils ne respectent pas comme nous les accords de Paris, ni les mêmes contraintes environnementales et sanitaires qu'on impose à nos producteurs ».

Mais, voilà quinze jours, Olivier Becht déclarait qu'il fallait conclure cet accord avec le Mercosur, en négociation depuis vingt-trois ans. La semaine dernière, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a, elle aussi, espéré publiquement, lors de sa tournée en Amérique latine, que l'Union européenne conclurait d'ici à la fin de l'année cet accord. Et l'Espagne, qui prend dans dix jours la présidence du Conseil de l'Union européenne, sera aussi très allante.

Bref, la barque prend l'eau de toutes parts et nous sommes très inquiets. D'autant plus que la Commission européenne est en mesure de tenir à l'écart les parlements nationaux de la ratification de l'accord. Au mois de décembre dernier, notre collègue Alain Cadec, bien au fait de ce danger, vous avait déjà interrogée. La question se fait plus pressante encore aujourd'hui : madame la secrétaire d'État, le président Macron risque-t-il de trahir vendredi sa parole envers le monde agricole lorsqu'il recevra à Paris M. Lula, redevenu président du Brésil ? §

Debut de section - Permalien
Chrysoula Zacharopoulou , secrétaire d'État auprès de la ministre de l'Europe et des affaires étrangères, chargée du développement, de la francophonie et des partenariats internationaux

Monsieur le sénateur Jean-François Rapin, je vous prie tout d'abord d'excuser la ministre de l'Europe et des affaires étrangères, qui est actuellement en déplacement.

La France, comme nombre de pays européens, a exprimé ses préoccupations sur l'accord Union européenne-Mercosur dès 2019, notamment pour des raisons environnementales. La Commission européenne a fait des efforts, notamment sur la question de la déforestation, mais cela reste insuffisant. Des négociations sont en cours pour apporter des réponses supplémentaires.

La France a réaffirmé trois conditions indispensables pour nous engager dans cet accord : d'abord, comme vous l'avez souligné, le respect de l'accord de Paris, qui est un élément essentiel ; l'alignement des chapitres de l'accord relatifs au développement durable avec la nouvelle approche de la Commission, c'est-à-dire avec nos meilleurs standards en matière environnementale et sociale ; et, en parallèle de l'accord, un programme ambitieux sur les mesures miroirs.

Au vu des enjeux, nous nous opposons à la scission de l'accord. Nous souhaitons que celui-ci soit présenté aux parlements nationaux. Le Président de la République et le président brésilien auront l'occasion, comme vous l'avez dit, d'échanger sur ce sujet comme sur l'ensemble des enjeux bilatéraux et globaux en marge du Sommet pour un nouveau pacte financier mondial organisé ces deux prochains jours.

Gabriel Attal

Je pense qu’il sera intéressant d’avoir désormais le débat sur les budgets dont vous estimez qu’ils devront faire l’objet d’économies supplémentaires. Nous partagerons nos propositions et échangerons sur le sujet. Car, après avoir arbitré en faveur d’un quantum d’économies, il est important de dire où faire des économies dans chaque périmètre ministériel.

Photo de Gérard Larcher

La parole est à Mme la secrétaire d'État chargée du développement, de la francophonie et des partenariats internationaux.

M. François Patriat applaudit.

Chrysoula Zacharopoulou

Monsieur le sénateur Jean-François Rapin, je vous prie tout d'abord d'excuser la ministre de l'Europe et des affaires étrangères, qui est actuellement en déplacement.

La France, comme nombre de pays européens, a exprimé ses préoccupations sur l'accord Union européenne-Mercosur dès 2019, notamment pour des raisons environnementales. La Commission européenne a fait des efforts, notamment sur la question de la déforestation, mais cela reste insuffisant. Des négociations sont en cours pour apporter des réponses supplémentaires.

La France a réaffirmé trois conditions indispensables pour nous engager dans cet accord : d'abord, comme vous l'avez souligné, le respect de l'accord de Paris, qui est un élément essentiel ; l'alignement des chapitres de l'accord relatifs au développement durable avec la nouvelle approche de la Commission, c'est-à-dire avec nos meilleurs standards en matière environnementale et sociale ; et, en parallèle de l'accord, un programme ambitieux sur les mesures miroirs.

Au vu des enjeux de cet accord, nous nous opposons à sa scission. Nous souhaitons qu'il soit présenté aux parlements nationaux. Le Président de la République et le président brésilien auront l'occasion, comme vous l'avez dit, d'échanger sur ce sujet comme sur l'ensemble des enjeux bilatéraux et globaux en marge du Sommet pour un nouveau pacte financier mondial organisé ces deux prochains jours.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

La parole est à M. Jean-François Rapin, pour la réplique.

Gabriel Attal

Enfin, monsieur le ministre Longuet, au nom du Gouvernement, je veux profiter de cette réponse à la dernière question que vous posez ici pour vous rendre hommage et saluer votre parcours.

Vous avez souligné mon jeune âge ; je dois dire que j’avais douze ans quand vous êtes entré au Sénat. §Je me suis intéressé très jeune à la vie politique, et j’ai l’impression de vous connaître depuis longtemps et d’avoir suivi votre voix singulière, importante, dans le débat politique, en tant que ministre, parlementaire et président de conseil régional.

Je suis absolument convaincu que vous continuerez à porter cette voix dans notre débat d’idées, y compris en dehors de cette assemblée.

Debut de section - Permalien
Gabriel Attal

Enfin, monsieur le ministre Longuet, au nom du Gouvernement, je veux profiter de cette réponse à la dernière question que vous posez ici pour vous rendre hommage et saluer votre parcours.

Vous avez souligné mon jeune âge ; je dois dire que j’avais 12 ans quand vous êtes entré au Sénat. §Je me suis intéressé très jeune à la vie politique, et j’ai l’impression de vous connaître depuis longtemps et d’avoir suivi votre voix singulière, importante, dans le débat politique, en tant que ministre, parlementaire et président de conseil régional.

Je suis absolument convaincu que vous continuerez à porter cette voix dans notre débat d’idées, y compris en dehors de cette assemblée.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-François Rapin

Madame la secrétaire d'État, nous prenons acte aujourd'hui de vos paroles selon lesquelles vous n'exclurez pas les parlements nationaux de cette discussion, ce qui est essentiel.

Vous avez rappelé les trois clauses que la France exige, et c'est à vous, Gouvernement, de défendre au Conseil les agriculteurs français et la France. La commission des affaires européennes, que je préside, y veillera. §

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

La parole est à M. Gérard Longuet, pour la réplique.

Photo de Jean-François Rapin

Madame la secrétaire d'État, nous prenons acte aujourd'hui de vos paroles selon lesquelles vous n'exclurez pas les parlements nationaux de cette discussion, ce qui est essentiel.

Vous avez rappelé les trois clauses que la France exige, et c'est à vous, Gouvernement, de défendre au Conseil les agriculteurs français et la France. La commission des affaires européennes, que je préside, y veillera. §

Photo de Jocelyne Guidez

Ma question s'adresse à M. le ministre de la santé et de la prévention et porte sur l'un des indicateurs clés pour évaluer la santé d'une population.

Cela fait sept ans que la mortalité infantile en France est supérieure à la moyenne européenne, alors qu'elle était l'une des plus basses d'Europe à la fin du XXe siècle.

Alors que la France figurait parmi les meilleurs élèves, en troisième position, le pays a chuté à la vingtième place sur vingt-sept. En 2021, ce sont 2 700 nourrissons de moins d'un an qui ont perdu la vie en France, soit 3, 7 décès pour 1 000 naissances vivantes.

J'appelle tout particulièrement votre attention sur l'évolution préoccupante de certains indicateurs de santé périnatale dans trois régions métropolitaines – l'Île-de-France, le Centre-Val de Loire et le Grand Est –, mais aussi dans les départements ultramarins : le taux de mortalité infantile est de 8, 9 % à Mayotte, de 8, 2 % en Guyane et de 8, 1 % en Guadeloupe, alors qu'il s'établit à 3, 5 % en France hexagonale.

La Cour des comptes, dans son rapport sur la santé dans les outre-mer en 2012, mettait déjà en lumière le manque de pédiatres et de gynécologues.

Monsieur le ministre, quelles sont les explications possibles à cette tendance spécifiquement française ? Quelles sont les mesures de prévention prises ou envisagées par le Gouvernement pour endiguer cette surmortalité infantile en outre-mer, ainsi que dans quatre départements de la France métropolitaine, à savoir la Seine-Saint-Denis, le Jura, l'Indre-et-Loire et le Lot ? §

Photo de Gérard Longuet

J’ai gardé un peu de temps pour vous répondre et pour vous dire que votre problème est un problème de majorité politique. Soyez rassurés : aucun président de la République française, depuis l’élection au suffrage universel, n’a été élu à la majorité absolue au premier tour ; tous ont eu à gérer des majorités compliquées.

Sur les quatorze élections législatives qui ont eu lieu depuis 1967, le président de la République n’a obtenu une majorité grâce à son seul parti qu’à sept occasions. Cela signifie, madame la Première ministre, qu’au cœur des institutions de la Ve République, il y a une réalité parlementaire qui oblige le président de la République à prendre en considération ceux qui l’ont rallié au deuxième tour ; ces derniers méritent d’exister. Or c’est exactement ce qui manque aujourd’hui.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

La parole est à M. le ministre de la santé et de la prévention.

Photo de Jocelyne Guidez

Ma question s'adresse à M. le ministre de la santé et de la prévention et porte sur l'un des indicateurs clés pour évaluer la santé d'une population.

Cela fait sept ans que la mortalité infantile en France est supérieure à la moyenne européenne, alors qu'elle était l'une des plus basses d'Europe à la fin du XXe siècle.

Alors que la France figurait parmi les meilleurs élèves, en troisième position, le pays a chuté à la vingtième place sur vingt-sept. En 2021, ce sont 2 700 nourrissons de moins d'un an qui ont perdu la vie en France, soit 3, 7 décès pour 1 000 naissances vivantes.

J'appelle tout particulièrement votre attention sur l'évolution préoccupante de certains indicateurs de santé périnatale dans trois régions métropolitaines – l'Île-de-France, le Centre-Val de Loire et le Grand Est –, mais aussi dans les départements ultramarins : le taux de mortalité infantile est de 8, 9 % à Mayotte, de 8, 2 % en Guyane et de 8, 1 % en Guadeloupe, alors qu'il s'établit à 3, 5 % en France hexagonale.

La Cour des comptes, dans son rapport sur la santé dans les outre-mer en 2012, mettait déjà en lumière le manque de pédiatres et de gynécologues.

Monsieur le ministre, quelles sont les explications possibles à cette tendance spécifiquement française ? Quelles sont les mesures de prévention prises ou envisagées par le Gouvernement pour endiguer cette surmortalité infantile en outre-mer, ainsi que dans quatre départements de la France métropolitaine, à savoir la Seine-Saint-Denis, le Jura, l'Indre-et-Loire et le Lot ? §

Debut de section - Permalien
François Braun, ministre de la santé et de la prévention

Madame la sénatrice Guidez, la lutte contre la mortalité infantile est effectivement un enjeu majeur : c'est l'un des marqueurs de l'état de notre système de santé. Grâce aux progrès de la médecine et à une politique de santé ciblée, le taux de mortalité infantile est, à l'heure actuelle, historiquement bas, comme le souligne d'ailleurs l'Insee. Il faut s'en souvenir.

Néanmoins, ce n'est pas un acquis. Il faut continuer à progresser et rester mobilisé. En effet, l'étude montre aussi – vous l'avez relevé – que ce taux ne baisse plus. Il a même légèrement augmenté ces dernières années, notamment dans les premières semaines d'existence de l'enfant.

La santé des enfants, cela commence dès les premiers jours, dès les premières heures. C'est pour cela que nous avons rendu la vaccination du nourrisson obligatoire. À ce titre, je m'insurge contre les discours qui continuent à relativiser, voire à dénigrer l'importance de la vaccination.

Photo de Gérard Longuet

Pour conclure, madame la Première ministre, vous avez trois choix : d’abord, la coalition gouvernementale, ce qui n’est pas prévu et ne correspond pas au caractère de l’actuel Président de la République ; ensuite, la cohabitation au sein de votre propre camp, en choisissant un Premier ministre…

Photo de Gérard Larcher

La parole est à M. le ministre de la santé et de la prévention.

François Braun, ministre de la santé et de la prévention

Madame la sénatrice Guidez, la lutte contre la mortalité infantile est effectivement un enjeu majeur : c'est l'un des marqueurs de l'état de notre système de santé. Grâce aux progrès de la médecine et à une politique de santé ciblée, le taux de mortalité infantile est, à l'heure actuelle, historiquement bas, comme le souligne d'ailleurs l'Insee. Il faut s'en souvenir.

Néanmoins, ce n'est pas un acquis. Il faut continuer à progresser et rester mobilisé. En effet, l'étude montre aussi – vous l'avez relevé – que ce taux ne baisse plus. Il a même légèrement augmenté ces dernières années, notamment dans les premières semaines d'existence de l'enfant.

La santé des enfants, cela commence dès les premiers jours, dès les premières heures. C'est pour cela que nous avons rendu la vaccination du nourrisson obligatoire. À ce titre, je m'insurge contre les discours qui continuent à relativiser, voire à dénigrer l'importance de la vaccination.

Debut de section - Permalien
François Braun, ministre

Nous avons élargi le test systématique de dépistage néonatal : il permet désormais de détecter et de prendre en charge treize maladies graves de l'enfant.

Nous avons aussi déployé une stratégie sur les 1 000 premiers jours pour créer un lien entre parents et professionnels de santé autour de la santé physique et mentale de l'enfant.

Bien entendu, le travail ne s'arrête pas là. Il doit se mener sur tous les aspects de la santé infantile ; dans cet esprit, j'ai installé des assises de la pédiatrie et de la santé de l'enfant. Les différents groupes de travail sont à l'œuvre depuis plusieurs mois. Leurs conclusions et propositions nous seront rendues très prochainement avec un ciblage très particulier sur la situation de nos outre-mer.

Dans le cadre de leurs travaux, nous avons déjà pu réaliser des progrès, par exemple, sur les questions liées à la rénovation du métier d'infirmière-puéricultrice pour adapter la formation et l'exercice de la profession aux nouveaux enjeux de la prise en charge de l'enfant.

Sur les maternités – le sujet est souvent mis en parallèle –, loin de toute gestion purement comptable d'un autre temps, je veux créer un nouveau modèle qui non seulement allie suivi périnatal d'avant et d'après la naissance en réduisant le plus possible les distances, mais aussi, et surtout, qui sécurise l'acte d'accouchement sur des plateaux techniques où toutes les compétences sont rassemblées.

Photo de Gérard Longuet

M. Gérard Longuet. … dont vous pensez qu’il sera plus fédérateur ; enfin, la dissolution. Je regrette de ne bientôt plus être parlementaire pour vivre ces événements !

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

La parole est à Mme Jocelyne Guidez, pour la réplique.

François Braun, ministre

Nous avons élargi le test systématique de dépistage néonatal : il permet désormais de détecter et de prendre en charge treize maladies graves de l'enfant.

Nous avons aussi déployé une stratégie sur les 1 000 premiers jours pour créer un lien entre parents et professionnels de santé autour de la santé physique et mentale de l'enfant.

Bien entendu, le travail ne s'arrête pas là. Il doit se mener sur tous les aspects de la santé infantile ; dans cet esprit, j'ai installé des Assises de la pédiatrie et de la santé de l'enfant. Les différents groupes de travail sont à l'œuvre depuis plusieurs mois. Leurs conclusions et propositions nous seront rendues très prochainement avec un ciblage très particulier sur la situation de nos outre-mer.

Dans le cadre de leurs travaux, nous avons déjà pu réaliser des progrès, par exemple, sur les questions liées à la rénovation du métier d'infirmière-puéricultrice pour adapter la formation et l'exercice de la profession aux nouveaux enjeux de la prise en charge de l'enfant.

Sur les maternités – le sujet est souvent mis en parallèle –, loin de toute gestion purement comptable d'un autre temps, je veux créer un nouveau modèle qui non seulement allie suivi périnatal d'avant et d'après la naissance en réduisant le plus possible les distances, mais aussi, et surtout, qui sécurise l'acte d'accouchement sur des plateaux techniques où toutes les compétences sont rassemblées.

Debut de section - PermalienPhoto de Jocelyne Guidez

Monsieur le ministre, vous avez raison : il faut certainement ne pas dénigrer les vaccinations.

Le taux de mortalité infantile ne baisse plus depuis vingt ans. Vingt ans ! La France occupe en la matière la vingtième place sur vingt-sept en Europe. C'est catastrophique !

Je citerai donc cette phrase de Marc Bloch dans L'étrange défaite : « Français, je vais être contraint, parlant de mon pays, de ne pas en parler qu'en bien ; il est dur de devoir découvrir les faiblesses d'une mère douloureuse. »

J'espère que vous allez pouvoir en tous les cas réaliser des progrès à ce sujet, parce que je n'en reviens pas de la place que nous occupons en Europe. §

Photo de Gérard Larcher

La parole est à Mme Jocelyne Guidez, pour la réplique.

Photo de Gérard Larcher

M. le président. La parole est à M. Pierre Frogier, pour le groupe Les Républicains.

Photo de Jocelyne Guidez

Monsieur le ministre, vous avez raison : il faut certainement ne pas dénigrer les vaccinations.

Le taux de mortalité infantile ne baisse plus depuis vingt ans. Vingt ans ! La France occupe en la matière la vingtième place sur vingt-sept en Europe. C'est catastrophique !

Je citerai donc cette phrase de Marc Bloch dans L'étrange défaite : « Français, je vais être contraint, parlant de mon pays, de ne pas en parler qu'en bien ; il est dur de devoir découvrir les faiblesses d'une mère douloureuse. »

J'espère que vous allez pouvoir en tous les cas réaliser des progrès à ce sujet, parce que je n'en reviens pas de la place que nous occupons en Europe. §

Photo de Jean Bacci

Ma question s'adressait à M. le ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique. J'y associe mes collègues Loisier, Martin et Rietmann.

Un hectare de forêt qui brûle, ce sont, en moyenne, 46 tonnes de CO2 libérées. En 2022, 72 000 hectares ont rejeté 3, 5 milliards de tonnes de carbone. D'initiative sénatoriale, la proposition de loi visant à renforcer la prévention et la lutte contre l'intensification et l'extension du risque incendie a fait l'objet d'un accord en commission mixte paritaire. Toutefois, les députés, sous la pression comptable de Bercy, ont refusé d'accorder aux collectivités territoriales le bénéfice de la réduction de cotisations patronales en contrepartie de la mise à disposition d'employés sapeurs-pompiers volontaires pour les services d'incendie et de secours (Sdis).

Outre qu'une telle mesure aurait pu alléger la lourde charge financière engagée par les collectivités, et particulièrement par les plus petites, la sécurité civile se trouvera en pratique privée d'un vivier de recrutement important de sapeurs-pompiers volontaires dans un contexte pourtant marqué par une crise aiguë des vocations.

Autre regret, les députés ont renoncé à une mesure forte en faveur de la protection massive de la forêt par le débroussaillement, reconnu par les Sdis comme un moyen de limiter la propagation du feu ou, tout au moins, de rendre la forêt plus aisément défendable.

Les études sur la valeur du sauvé parlent d'elles-mêmes : un euro investi dans la prévention contre les feux de forêt permet d'éviter vingt à vingt-cinq euros de dépenses quand elle est en feu. Vous envisagez de dépenser des milliards pour décarboner notre économie, mais vous refusez de dépenser 4 millions d'euros pour aider les collectivités à mieux défendre la forêt et à accompagner les particuliers à engager leurs premières opérations de débroussaillement. Quel paradoxe !

Le texte issu de la commission mixte paritaire manque d'ambition sur son volet financier au nom de considérations budgétaires de court terme. Je le regrette.

Il ne faut pas penser à la forêt que lorsqu'elle brûle. Quand l'État prendra-t-il ses responsabilités pour que, en dépit du changement climatique, la forêt continue à jouer son rôle de puits de carbone ?

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

La parole est à Mme la secrétaire d'État chargée de la citoyenneté.

Photo de Pierre Frogier

Madame la Première ministre, la Nouvelle-Calédonie est dans l’attente, toujours dans l’attente, mais, désormais, sa longue histoire se poursuivra dans la France.

Lors de son dernier voyage à Nouméa, le ministre de l’intérieur et des outre-mer a engagé avec les différentes forces politiques des échanges qui devraient aboutir – nous l’espérons ! – à la coconstruction d’une solution d’avenir. Je tiens à lui donner acte de sa détermination et à l’en remercier. Pour ma part, comme j’ai déjà eu l’occasion de vous le dire, je me tiens à votre disposition pour vous accompagner sur ce chemin.

Pour parvenir à cette solution d’avenir, nous devons franchir un premier obstacle : le renouvellement des assemblées de provinces l’année prochaine. Et seule une réforme du corps électoral pour ces élections les rendra possibles. Il vous appartient donc, au plus vite, de nous proposer les voies et moyens pour y parvenir.

Je veux rappeler encore et encore qu’à la signature de l’accord de Nouméa, le droit de vote était acquis au terme d’une durée de résidence de dix années en Nouvelle-Calédonie. La réforme constitutionnelle de 2007, qui nous a été imposée, y a mis un terme, en fermant à compter de 1998 l’accès à ce corps électoral.

Mais, surtout, madame la Première ministre, ces référendums successifs ont laissé derrière eux une population profondément divisée. Pour tenter d’y remédier, il nous faudra porter une vision politique susceptible de fédérer et de nourrir cette communauté de destin à laquelle nous aspirons ; une vision qui permette aux Calédoniens de se projeter sur le long terme, d’avoir l’ambition d’un avenir partagé et ne pas se laisser enfermer dans le seul débat institutionnel.

Le contenu de cette communauté de destin, c’est ce que l’on dénomme la citoyenneté, faite de droits et de devoirs, qui situera la place propre de la Nouvelle-Calédonie dans la France, son identité particulière dans la solidarité nationale.

Ma question est double. Pouvez-vous vous engager sur un agenda permettant la tenue des élections provinciales avec un corps électoral ouvert dès l’année prochaine ? Êtes-vous prête à nous accompagner pour donner à la Nouvelle-Calédonie un ensemble de règles qui définiront les exigences de notre savoir-vivre ensemble ?

Photo de Jean Bacci

Ma question s'adressait à M. le ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique. J'y associe mes collègues Loisier, Martin et Rietmann.

Un hectare de forêt qui brûle, c'est, en moyenne, 46 tonnes de CO2 qui sont libérées. En 2022, 72 000 hectares ont rejeté 3, 5 milliards de tonnes de carbone. D'initiative sénatoriale, la proposition de loi visant à renforcer la prévention et la lutte contre l'intensification et l'extension du risque incendie a fait l'objet d'un accord en commission mixte paritaire. Toutefois, les députés, sous la pression comptable de Bercy, ont refusé d'accorder aux collectivités territoriales le bénéfice de la réduction de cotisations patronales en contrepartie de la mise à disposition d'employés sapeurs-pompiers volontaires pour les services d'incendie et de secours (Sdis).

Outre qu'une telle mesure aurait pu alléger la lourde charge financière engagée par les collectivités, et particulièrement par les plus petites, la sécurité civile se trouvera en pratique privée d'un vivier de recrutement important de sapeurs-pompiers volontaires dans un contexte pourtant marqué par une crise aiguë des vocations.

Autre regret, les députés ont renoncé à une mesure forte en faveur de la protection massive de la forêt par le débroussaillement, reconnu par les Sdis comme un moyen de limiter la propagation du feu ou, tout au moins, de rendre la forêt plus aisément défendable.

Les études sur la valeur du sauvé parlent d'elles-mêmes : un euro investi dans la prévention contre les feux de forêt permet d'éviter vingt à vingt-cinq euros de dépenses quand elle est en feu. Vous envisagez de dépenser des milliards pour décarboner notre économie, mais vous refusez de dépenser 4 millions d'euros pour aider les collectivités à mieux défendre la forêt et à accompagner les particuliers à engager leurs premières opérations de débroussaillement. Quel paradoxe !

Le texte issu de la commission mixte paritaire manque d'ambition sur son volet financier au nom de considérations budgétaires de court terme. Je le regrette.

Il ne faut pas penser à la forêt que lorsqu'elle brûle. Quand l'État prendra-t-il ses responsabilités pour que, en dépit du changement climatique, la forêt continue à jouer son rôle de puits de carbone ?

Debut de section - Permalien
Sonia Backès, secrétaire d'État auprès du ministre de l'intérieur et des outre-mer, chargée de la citoyenneté

Monsieur le sénateur Bacci, je vous remercie de la proposition de loi que vous défendez avec Anne-Catherine Loisier, Pascal Martin et Olivier Rietmann. Celle-ci vient de faire l'objet d'une commission mixte paritaire conclusive à l'issue de la procédure accélérée.

Votre texte apporte de nombreuses avancées dans l'appréhension de la protection de nos forêts. Avec l'élaboration d'une stratégie nationale et interministérielle de défense, vous créez un continuum de prise en compte de ce risque, depuis la prévention jusqu'aux actions de reboisement et de reconstitution de forêts plus résilientes.

Le travail que vous avez mené a fait l'objet d'un large consensus. Les échanges avec l'ensemble des partenaires et des acteurs ont été très nombreux, et je m'en félicite. Tous reconnaissent la qualité des travaux comme les très grandes avancées que vous avez proposées.

Concernant la mesure relative à l'exonération de charges sociales pour les employeurs, vous avez fait le choix d'une expérimentation pendant trois ans. Ce dispositif est inédit. Il permettra à nos concitoyens qui s'investissent pour le bien public d'être encore plus disponibles pour mener des actions de secours.

Le choix a été fait dès le début de ne pas intégrer les collectivités territoriales en tant que bénéficiaires. §Il existe – vous le savez – d'autres mécanismes qui les concernent directement, comme la possibilité de diminuer leur contribution obligatoire aux Sdis si elles mettent à disposition leurs agents.

Nous n'avons pas retenu non plus la mise en place du crédit d'impôt sur les obligations légales de débroussaillement, parce qu'il s'agissait ici de mettre les bonnes dépenses au bon endroit ; ce texte n'était pas le vecteur le plus opportun.

Photo de Gérard Larcher

La parole est à Mme la secrétaire d'État chargée de la citoyenneté.

Protestations sur les travées du groupe Les Républicains.

Photo de Gérard Larcher

La parole est à Mme la Première ministre.

Sonia Backès, secrétaire d'État auprès du ministre de l'intérieur et des outre-mer, chargée de la citoyenneté

Monsieur le sénateur Bacci, je vous remercie de la proposition de loi que vous défendez avec Anne-Catherine Loisier, Pascal Martin et Olivier Rietmann. Celle-ci vient de faire l'objet d'une commission mixte paritaire conclusive à l'issue de la procédure accélérée.

Votre texte apporte de nombreuses avancées dans l'appréhension de la protection de nos forêts. Avec l'élaboration d'une stratégie nationale et interministérielle de défense, vous créez un continuum de prise en compte de ce risque, depuis la prévention jusqu'aux actions de reboisement et de reconstitution de forêts plus résilientes.

Le travail que vous avez mené a fait l'objet d'un large consensus. Les échanges avec l'ensemble des partenaires et des acteurs ont été très nombreux, et je m'en félicite. Tous reconnaissent la qualité des travaux comme les très grandes avancées que vous avez proposées.

Concernant la mesure relative à l'exonération de charges sociales pour les employeurs, vous avez fait le choix d'une expérimentation pendant trois ans. Ce dispositif est inédit. Il permettra à nos concitoyens qui s'investissent pour le bien public d'être encore plus disponibles pour mener des actions de secours.

Le choix a été fait dès le début de ne pas intégrer les collectivités territoriales en tant que bénéficiaires. §Il existe – vous le savez – d'autres mécanismes qui les concernent directement, comme la possibilité de diminuer leur contribution obligatoire aux Sdis si elles mettent à disposition leurs agents.

Nous n'avons pas retenu non plus la mise en place du crédit d'impôt sur les obligations légales de débroussaillement, parce qu'il s'agissait ici de mettre les bonnes dépenses au bon endroit ; ce texte n'était pas le vecteur le plus opportun.

Elisabeth Borne

Monsieur le sénateur Pierre Frogier, le processus politique défini dans l’accord de Nouméa est arrivé à son terme au mois de décembre 2021, après trois consultations référendaires successives organisées sous l’autorité du Président de la République.

Il appartient désormais aux partenaires politiques d’examiner la situation ainsi créée selon les termes mêmes de l’accord. Vous le savez, mon gouvernement est pleinement mobilisé pour accompagner les discussions sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie. En moins d’un an, le ministre de l’intérieur et des outre-mer et le ministre chargé des outre-mer se sont rendus sur place à quatre reprises pour échanger avec l’ensemble des acteurs calédoniens. J’ai également réuni une convention des partenaires à Paris au mois d’octobre 2022 et rencontré la délégation du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), et les représentants non indépendantistes le 11 avril dernier.

Comme vous le savez également, les discussions portent actuellement pour l’essentiel sur les compétences, sur l’exercice du droit à l’autodétermination et sur l’évolution du corps électoral provincial.

Je l’affirme devant vous, comme je l’ai indiqué à la délégation du FLNKS, je crois qu’un gel indéfini du corps électoral provincial questionnerait nos principes démocratiques comme nos engagements internationaux. Aujourd’hui, les discussions avancent, et je mesure la sensibilité de cette question. Le ministre de l’intérieur et des outre-mer a fait des propositions sur une durée de résidence minimale. Des échanges techniques sont actuellement organisés par le Haut-commissaire à Nouméa, et je suis persuadé qu’une solution consensuelle peut être trouvée sur ce point comme sur les autres. Je suis prête à inviter l’ensemble des partenaires à partir de la fin du mois d’août pour conclure l’accord que les Calédoniens attendent. Quant aux élections provinciales, elles auront lieu en tout état de cause en 2024 : c’est un enjeu démocratique.

Monsieur le sénateur, l’esprit de l’accord de Nouméa, qui doit nous inspirer et que vous incarnez en tant que signataire en 1998, n’est pas seulement un mécanisme institutionnel et juridique. C’est avant tout l’ambition profondément humaine du destin commun. Je crois que cette ambition répond à l’attente de nombreux jeunes Calédoniens. Alors, soyons collectivement à la hauteur des signataires des accords de 1988 et 1998.

Enfin, si vous le permettez, monsieur le président, je voudrais terminer mon propos en rendant hommage à mon tour à M. le sénateur Gérard Longuet, ancien ministre et président de groupe, mais aussi à M. le sénateur Jean-Pierre Sueur, ancien ministre, ancien président de la commission des lois et questeur de votre assemblée, et à Mme la sénatrice Michèle Meunier, qui siège sur ces travées depuis douze ans.

Madame, messieurs les sénateurs, vous êtes ici des voix qui portent, vous êtes respectés pour votre connaissance fine des dossiers et votre volonté d’œuvrer pour les Français. Nous avons pu nous opposer, mais nous avons toujours su travailler ensemble au service de la République et de l’intérêt général.

Debut de section - Permalien
Sonia Backès, secrétaire d'État

Cela ne diminue en rien la qualité de cette loi, une loi consensuelle qui nous armera mieux pour faire face au défi du changement climatique. Le Gouvernement adresse un message de soutien à l'ensemble des acteurs, au premier rang desquels les sapeurs-pompiers, qui devront dans les jours à venir lutter activement contre les feux : vous pourrez toujours compter sur notre soutien. (MM. François Patriat et Michel Dagbert applaudissent.)

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

M. le président . Madame la Première ministre, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, avant de lui donner la parole, je veux à mon tour saluer Jean-Pierre Sueur, qui a siégé durant vingt-deux années au Sénat – il détient sans doute le record du nombre d’heures passées dans les fauteuils de l’hémicycle, et nous pourrons bientôt publier ses œuvres complètes !

Sonia Backès, secrétaire d'État

Cela ne diminue en rien la qualité de cette loi, une loi consensuelle qui nous armera mieux pour faire face au défi du changement climatique. Le Gouvernement adresse un message de soutien à l'ensemble des acteurs, au premier rang desquels les sapeurs-pompiers, qui devront dans les jours à venir lutter activement contre les feux : vous pourrez toujours compter sur notre soutien. (MM. François Patriat et Michel Dagbert applaudissent.)

Photo de Gérard Larcher

Madame la Première ministre, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, avant de donner la parole à notre collègue Michelle Meunier pour l'une de ses dernières interventions dans notre hémicycle, je souhaite saluer son action parlementaire.

Je pense d'abord à son travail à la commission des affaires sociales. Nous avons tous en tête son récent rapport élaboré avec Bernard Bonne : Bien vieillir chez soi : c'est possible aussi !

Je songe également à la remarquable vice-présidente du comité de déontologie parlementaire qu'elle a été aux côtés d'Arnaud Bazin à la présidence. §

Sourires.

Salutations à un sénateur

Photo de Gérard Larcher

– et a notamment été président de la commission des lois et questeur du Sénat.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

Avant de céder la parole à notre collègue Michelle Meunier pour l'une de ses dernières interventions dans notre hémicycle, je veux saluer son action parlementaire.

Je pense d'abord à son travail à la commission des affaires sociales. Nous avons tous en tête son récent rapport élaboré avec Bernard Bonne : Bien vieillir chez soi : c'est possible aussi !

Je songe également à la remarquable vice-présidente du comité de déontologie parlementaire qu'elle a été aux côtés d'Arnaud Bazin à la présidence. §

Photo de Gérard Larcher

M. le président. La parole est à Mme Michelle Meunier, pour le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain.

Applaudissements sur les travées du groupe SER.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

M. le président. La parole est à M. Jean-Pierre Sueur, pour le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain.

Photo de Michelle Meunier

C'est avec gravité que je pose ma question.

Monsieur le ministre de la santé et de la prévention, l'insistance de votre gouvernement à ignorer les alertes des professionnels du soin, à détricoter notre modèle social et à opposer les Français précaires aux Français méritants plonge nombre d'entre eux dans une détresse physique et mentale insupportable.

L'état de santé dans notre pays se dégrade. Les dépenses de santé augmentent : c'est normal. Vous faites la chasse aux arrêts maladie et diminuez le remboursement des soins dentaires. C'est normal ? Non. C'est grave.

C'est grave, car les dépenses dentaires réglées par les complémentaires seront répercutées sur les cotisations des mutuelles. Elles diminueront ainsi le pouvoir d'achat des assurés.

C'est grave, car les accidents du travail touchent plus fortement les secteurs du soin et de l'aide à domicile, en raison précisément de leurs tensions de recrutement.

Voici le système de soins de demain si vous ne réagissez pas, monsieur le ministre : une santé à deux vitesses, des soins pour les plus aisés avec leur complémentaire premium et des renoncements aux soins pour les plus précaires, coincés dans la file des urgences, attendant d'être soignés par d'autres précaires.

Ma question est simple : changerez-vous de logique et investirez-vous enfin dans le système de soin et dans le recrutement de soignantes et de soignants au lieu de conforter ce cercle vicieux d'austérité sanitaire ?

Photo de Gérard Larcher

La parole est à M. le ministre de la santé et de la prévention.

Debut de section - PermalienPhoto de Michelle Meunier

C'est avec gravité que je pose ma question.

Monsieur le ministre de la santé et de la prévention, l'insistance de votre gouvernement à ignorer les alertes des professionnels du soin, à détricoter notre modèle social et à opposer les Français précaires aux Français méritants plonge nombre d'entre eux dans une détresse physique et mentale insupportable.

L'état de santé dans notre pays se dégrade. Les dépenses de santé augmentent : c'est normal. Vous faites la chasse aux arrêts maladie et diminuez le remboursement des soins dentaires. C'est normal ? Non. C'est grave.

C'est grave, car les dépenses dentaires réglées par les complémentaires seront répercutées sur les cotisations des mutuelles. Elles diminueront ainsi le pouvoir d'achat des assurés.

C'est grave, car les accidents du travail touchent plus fortement les secteurs du soin et de l'aide à domicile, en raison précisément de leurs tensions de recrutement.

Voici le système de soins de demain si vous ne réagissez pas, monsieur le ministre : une santé à deux vitesses, des soins pour les plus aisés avec leur complémentaire premium et des renoncements aux soins pour les plus précaires, coincés dans la file des urgences, attendant d'être soignés par d'autres précaires.

Ma question est simple : changerez-vous de logique et investirez-vous enfin dans le système de soin et dans le recrutement de soignantes et de soignants au lieu de conforter ce cercle vicieux d'austérité sanitaire ?

Debut de section - Permalien
François Braun, ministre de la santé et de la prévention

Madame la sénatrice Michelle Meunier, je vous remercie de me réserver votre dernière question dans cet hémicycle. Cela me permet de saluer votre carrière au service de nos concitoyens, mais également de rétablir quelques vérités.

Photo de Jean-Pierre Sueur

Madame la Première ministre, je souhaite vous interroger sur ce qui s’est passé dans la nuit du 13 mai dernier au large de la Grèce et qui est une honte pour notre civilisation. En effet, 750 hommes, femmes et enfants, entassés comme des bêtes dans un bateau qui a coulé, ont péri ou ont fait naufrage. Nous savons aujourd’hui que Frontex, un certain nombre d’États et des garde-côtes étaient au courant de l’imminent péril. Les images de la BBC ont montré que, pendant sept heures, les passagers du bateau sont restés entre la vie et la mort, et plus près de la mort.

Alors, nous ne pouvons pas nous résigner à ce qu’il y ait 500, 600 ou 700 morts, qui viennent s’ajouter aux 10 000 des quatre ou cinq dernières années, et aux 20 000 ou 30 000 personnes – nous ne connaissons pas le chiffre exact – qui sont mortes en traversant la Manche.

Je demande simplement, madame la Première ministre, que la France pèse de tout son poids pour qu’une véritable politique soit menée pour mettre fin au naufrage de ces êtres humains.

Photo de Gérard Larcher

La parole est à M. le ministre de la santé et de la prévention.

François Braun, ministre de la santé et de la prévention

Madame la sénatrice Michelle Meunier, je vous remercie de me réserver votre dernière question dans cet hémicycle. Cela me permet de saluer votre carrière au service de nos concitoyens, mais également de rétablir quelques vérités.

Debut de section - Permalien
François Braun, ministre

Le Gouvernement et la majorité ont mis en place le « 100 % santé » pour l'optique, pour les prothèses auditives et pour le dentaire. C'est un progrès majeur en matière d'accès à la santé pour nos concitoyens. Ce n'est bien sûr pas remis en cause. Voilà qui dément l'affirmation selon laquelle nous pourrions vouloir une médecine à deux vitesses. Ce n'est absolument pas le cas, loin de là !

Nous avons conçu cette avancée avec les complémentaires santé, absolument pas, tant s'en faut, en opposition avec elles. Depuis que je suis arrivé au ministère, je les rencontre très régulièrement.

Depuis 2011, en raison de la progression des affections de longue durée (ALD) dans notre pays, mais aussi des nombreuses dépenses prises en charge à 100 % par l'assurance maladie, la sécurité sociale assume une part de plus en plus importante des frais par rapport aux complémentaires. De fait, l'intervention de la sécurité sociale lors des prises en charge a augmenté de trois points pendant que celle des complémentaires diminuait d'un point et celle des ménages de deux points.

Dès lors, nous devons garantir l'avenir de notre système de santé et l'accès à tous aux innovations pour faire face aux nouveaux enjeux, comme le virage préventif. Dans ce cadre, tous les acteurs doivent faire des efforts, y compris les complémentaires.

C'est le sens de la mesure à laquelle vous faites référence. Elle prévoit un plus grand engagement financier des complémentaires dans les soins dentaires afin de mettre en place aux côtés de l'assurance maladie un « 100 % prévention » et de réussir l'objectif d'une génération sans carie.

En matière d'arrêts maladie, nous examinons soigneusement la situation, afin de limiter les abus, où qu'ils soient. Je resterai évidemment très vigilant au sein de ce gouvernement pour que les Français soient indemnisés à juste proportion lorsqu'ils sont malades.

Vous le voyez, madame la sénatrice, ce gouvernement a une ligne claire. Il est bien légitime d'identifier des marges d'économies là où c'est possible et supportable pour garantir la pérennité de nos systèmes de protection, mais cela ne s'effectuera jamais au détriment de l'accès aux soins pour tous les Français.

Photo de Gérard Larcher

La parole est à Mme la secrétaire d’État chargée du développement, de la francophonie et des partenariats internationaux.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

La parole est à Mme Michelle Meunier, pour la réplique.

Chrysoula Zacharopoulou

Monsieur le questeur Jean-Pierre Sueur, ce naufrage survenu le 14 juin dernier au large de la Grèce est avant tout – vous l’avez dit – un drame humain, un de plus, survenu en Méditerranée. Vous avez totalement raison, nous ne pouvons pas nous résigner.

Cette tragédie nous bouleverse tous, et je voudrais renouveler nos condoléances aux familles des victimes. Bien entendu, elle nous oblige, car nous devons tout mettre en œuvre, notamment à l’échelon européen, pour éviter de nouveaux drames de ce type.

L’accord trouvé le 8 juin par les ministres européens de l’intérieur permettra d’apporter une réponse européenne sur ces sujets. À la question du traitement des demandes d’asile, il faut apporter une réponse qui doit allier responsabilité, efficacité et solidarité. La France et l’Italie sont pleinement mobilisées en ce sens, …

François Braun, ministre

Le Gouvernement et la majorité ont mis en place le « 100 % santé » pour l'optique, pour les prothèses auditives et pour le dentaire. C'est un progrès majeur en matière d'accès à la santé pour nos concitoyens. Ceci n'est bien sûr pas remis en cause et dément le fait que nous pourrions vouloir une médecine à deux vitesses. Loin de là !

Nous avons conçu cette avancée avec les complémentaires santé, absolument pas en opposition avec elles. Depuis que je suis arrivé au ministère, je les rencontre très régulièrement.

Depuis 2011, en raison de la progression des affections de longue durée (ALD) dans notre pays, mais aussi des nombreuses dépenses prises en charge à 100 % par l'assurance maladie, la sécurité sociale assume une part de plus en plus importante des frais par rapport aux complémentaires. De fait, l'intervention de la sécurité sociale lors des prises en charge a augmenté de trois points pendant que celle des complémentaires diminuait d'un point et celle des ménages de deux points.

Dès lors, nous devons garantir l'avenir de notre système de santé et l'accès à tous aux innovations pour faire face aux nouveaux enjeux, comme le virage préventif. Dans ce cadre, tous les acteurs doivent faire des efforts, y compris les complémentaires.

C'est le sens de la mesure à laquelle vous faites référence. Elle prévoit un plus grand engagement financier des complémentaires dans les soins dentaires afin de mettre en place aux côtés de l'assurance maladie un « 100 % prévention » et de réussir l'objectif d'une génération sans carie.

S'agissant des arrêts maladie, nous examinons soigneusement la situation, afin de limiter les abus, où qu'ils soient. Je resterai bien sûr très vigilant au sein de ce gouvernement pour ce que les Français se voient indemniser à juste proportion lorsqu'ils sont malades.

Vous le voyez, madame la sénatrice, ce gouvernement a une ligne claire. Il est bien légitime d'identifier des marges d'économies là où cela est possible et supportable pour garantir la pérennité de nos systèmes de protection, mais cela ne se fera jamais au détriment de l'accès aux soins pour tous les Français.

Photo de Gérard Larcher

La parole est à Mme Michelle Meunier, pour la réplique.

Photo de Elsa Schalck

Ma question s'adresse à M. le ministre de l'intérieur et des outre-mer. J'y associe mes collègues du Bas-Rhin.

L'occupation illégale de terrains par des gens du voyage est une problématique qui revient régulièrement sans qu'aucun changement ne soit constaté. Jusqu'à quand la situation durera-t-elle ?

Les collectivités se sont pourtant mises en conformité avec la loi : des aires de grand passage ont été installées, des dépenses importantes ont été engagées, mais le problème reste entier.

Monsieur le ministre, il est urgent d'entendre le profond sentiment d'abandon et de découragement des maires confrontés à une telle situation. Comment concevoir qu'un élu local se retrouve un dimanche soir, en première ligne, à devoir gérer l'arrivée imprévue de plusieurs centaines de caravanes, sans parler de l'incompréhension et de la colère exprimées par la population ?

Les maires, après s'être mis en conformité avec les schémas départementaux, s'attendaient à être soutenus et accompagnés pour faire face aux difficultés. Le résultat est tout autre : ils se sentent démunis, seuls, et ne peuvent malheureusement que constater l'affaiblissement de l'autorité de l'État. Pour eux, c'est la double peine : payer et continuer à subir.

Pour donner un exemple, en Alsace, une collectivité est confrontée à l'arrivée de 400 caravanes. Elle a investi 700 000 euros pour créer une aire de grand passage. À l'heure actuelle, celle-ci est totalement déserte, les gens du voyage refusant de s'y installer, lui préférant un terrain de football.

À cela, il faut ajouter des incivilités et des dégradations commises sur les branchements électriques et sur les compteurs d'eau.

Monsieur le ministre, la situation n'est tout simplement plus tenable. Il est temps que ces agissements illégaux s'arrêtent et que le non-respect de la loi soit sanctionné. Il est urgent d'adapter les lois Besson, mais également de renforcer le travail de coordination en amont.

Monsieur le ministre, les élus locaux ont pris leurs responsabilités en créant des aires d'accueil. Le Sénat a pris les siennes en adoptant notamment le texte de notre collègue Patrick Chaize pour faciliter la procédure d'évacuation et pour durcir les sanctions. Quand prendrez-vous enfin les vôtres ?

Chrysoula Zacharopoulou

… comme le soulignaient hier le Président de la République et la première ministre Giorgia Meloni.

Mais ce drame rappelle aussi l’importance de la coopération avec les pays tiers en matière de sauvetage en mer et de lutte contre les réseaux de passeurs. Là encore, les travaux sont en cours à l’échelon européen, en particulier avec la Tunisie. Notre objectif est de renforcer les capacités des États d’origine et de transit pour mieux lutter contre ceux qui exploitent la détresse des migrants et contre les causes profondes de leur exil.

Enfin, monsieur le questeur, je souhaite profiter de votre dernière question au Gouvernement pour vous saluer. En tant que député, ministre, sénateur, président de la commission des lois et maire d’Orléans, vous nous avez marqués pendant quarante ans par vos convictions et votre engagement permanent. La République, le Sénat et votre cher Loiret vous en sont reconnaissants !

Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur des travées du groupe UC.

Photo de Elsa Schalck

Ma question s'adresse à M. le ministre de l'intérieur et des outre-mer. J'y associe mes collègues du Bas-Rhin.

L'occupation illégale de terrains par des gens du voyage est une problématique qui revient régulièrement sans qu'aucun changement ne soit constaté. Jusqu'à quand la situation durera-t-elle ?

Les collectivités se sont pourtant mises en conformité avec la loi : des aires de grand passage ont été installées, des dépenses importantes ont été engagées, mais le problème reste entier.

Monsieur le ministre, il est urgent d'entendre le profond sentiment d'abandon et de découragement des maires confrontés à une telle situation. Comment concevoir qu'un élu local se retrouve un dimanche soir, en première ligne, à devoir gérer l'arrivée imprévue de plusieurs centaines de caravanes, sans parler de l'incompréhension et de la colère exprimées par la population ?

Les maires, après s'être mis en conformité avec les schémas départementaux, s'attendaient à être soutenus et accompagnés pour faire face aux difficultés. Le résultat est tout autre : ils se sentent démunis, seuls, et ne peuvent malheureusement que constater l'affaiblissement de l'autorité de l'État. Pour eux, c'est la double peine : payer et continuer à subir.

Pour donner un exemple, en Alsace, une collectivité est confrontée à l'arrivée de 400 caravanes. Elle a investi 700 000 euros pour créer une aire de grand passage. À l'heure actuelle, celle-ci est totalement déserte, les gens du voyage refusant de s'y installer, lui préférant un terrain de football.

À cela, il faut ajouter des incivilités et des dégradations commises sur les branchements électriques et sur les compteurs d'eau.

Monsieur le ministre, la situation n'est tout simplement plus tenable. Il est temps que ces agissements illégaux s'arrêtent et que le non-respect de la loi soit sanctionné. Il est urgent d'adapter les lois Besson, mais également de renforcer le travail de coordination en amont.

Monsieur le ministre, les élus locaux ont pris leurs responsabilités en créant des aires d'accueil. Le Sénat a pris les siennes en adoptant notamment le texte de notre collègue Patrick Chaize pour faciliter la procédure d'évacuation et pour durcir les sanctions. Quand prendrez-vous enfin les vôtres ?

Photo de Gérard Larcher

La parole est à M. Jean-Pierre Sueur, pour la réplique.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

La parole est à M. le ministre délégué chargé des outre-mer.

Photo de Jean-Pierre Sueur

Je veux dire combien il est facile d’exploiter constamment le sujet des étrangers et des immigrés ; mieux vaudrait éviter de faire de la politique politicienne en disant qu’ils sont un danger pour notre pays.

Mes chers collègues, il est des problèmes qu’il faut traiter et ne pas exploiter, surtout lorsque des centaines, des milliers de personnes sont en danger en mer Méditerranée. Merci de ce que vous ferez tous pour prendre conscience qu’il nous faut une politique énergique, impulsée par la France à l’échelon européen, pour sauver ces êtres humains !

Debut de section - Permalien
Jean-François Carenco, ministre délégué auprès du ministre de l'intérieur et des outre-mer, chargé des outre-mer

Madame la sénatrice Schalck, les installations illicites sont en effet un sujet important. Le ministère de l'intérieur et des outre-mer, que je représente aujourd'hui, est pleinement mobilisé.

Il nous fallait d'abord mieux réprimer. C'était le sens de la loi du 7 novembre 2018, qui visait à assouplir les conditions permettant de saisir le préfet pour mettre en demeure les gens du voyage de quitter les terrains occupés illicitement, avec emploi de la force si nécessaire. Ce texte a également renforcé les sanctions pénalesDe six mois d'emprisonnement et 3 750 euros d'amende, ces sanctions sont passées à un an d'emprisonnement et 7 500 euros d'amende.

Photo de Gérard Larcher

La parole est à M. le ministre délégué chargé des outre-mer.

Jean-François Carenco, ministre délégué auprès du ministre de l'intérieur et des outre-mer, chargé des outre-mer

Madame la sénatrice Schalck, les installations illicites sont en effet un sujet important. Le ministère de l'intérieur et des outre-mer, que je représente aujourd'hui, est pleinement mobilisé.

Il nous fallait d'abord mieux réprimer. C'était le sens de la loi du 7 novembre 2018, qui visait à assouplir les conditions permettant de saisir le préfet pour mettre en demeure les gens du voyage de quitter les terrains occupés illicitement, avec emploi de la force si nécessaire. Ce texte a également renforcé les sanctions pénalesDe six mois d'emprisonnement et 3 750 euros d'amende, ces sanctions sont passées à un an d'emprisonnement et 7 500 euros d'amende.

Debut de section - Permalien
Jean-François Carenco, ministre délégué

M. Jean-François Carenco, ministre délégué. Les sanctions ont été fortement durcies. Mais le sujet des installations illicites est aussi lié aux conditions d'accueil, sur lesquelles nous devons collectivement travailler. Ainsi, l'ensemble des préfets ont été mobilisés en janvier 2022, afin de relancer les schémas départementaux d'accueil et d'habitat des gens du voyage.

Photo de Gérard Larcher

M. le président. La parole est à M. Jean-François Rapin, pour le groupe Les Républicains.

Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.

Jean-François Carenco, ministre délégué

M. Jean-François Carenco, ministre délégué. Les sanctions ont été fortement durcies. Mais le sujet des installations illicites est aussi lié aux conditions d'accueil, sur lesquelles nous devons collectivement travailler. Ainsi, l'ensemble des préfets ont été mobilisés en janvier 2022, afin de relancer les schémas départementaux d'accueil et d'habitat des gens du voyage.

Photo de Jean-François Rapin

Monsieur le président, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, j’associe ma collègue la présidente Sophie Primas à ma question.

Au mois d’octobre 2019, la Première ministre déclarait : « On ne peut pas signer un accord commercial avec un pays qui ne respecte pas la forêt amazonienne, qui ne respecte pas le traité de Paris. La France ne signera pas l’accord avec le Mercosur dans ces conditions. » Plus récemment, lors de sa visite au Salon de l’agriculture le 25 février dernier, le Président de la République Emmanuel Macron expliquait qu’un « accord avec les pays du continent latino-américain n’est pas possible s’ils ne respectent pas comme nous les accords de Paris, ni les mêmes contraintes environnementales et sanitaires qu’on impose à nos producteurs ».

Mais, voilà quinze jours, Olivier Becht déclarait qu’il fallait conclure cet accord avec le Mercosur, en négociation depuis vingt-trois ans. La semaine dernière, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a, elle aussi, espéré publiquement, lors de sa tournée en Amérique latine, que l’Union européenne conclurait d’ici à la fin de l’année cet accord. Et l’Espagne, qui prend dans dix jours la présidence du Conseil de l’Union européenne, sera aussi très allante.

Bref, la barque prend l’eau de toutes parts et nous sommes très inquiets. D’autant plus que la Commission européenne est en mesure de tenir à l’écart les parlements nationaux de la ratification de l’accord. Au mois de décembre dernier, notre collègue Alain Cadec, bien au fait de ce danger, vous avait déjà interrogée. La question se fait plus pressante encore aujourd’hui : madame la secrétaire d’État, le président Macron risque-t-il de trahir vendredi sa parole envers le monde agricole lorsqu’il recevra à Paris M. Lula, redevenu président du Brésil ?

Debut de section - Permalien
Jean-François Carenco, ministre délégué

Par ailleurs, je rappelle qu'un référent ministériel pour les gens du voyage a été nommé afin d'assurer une coordination. §Il est chargé d'entretenir les relations avec les élus et avec les organisations représentatives, et d'intervenir sur les difficultés signalées.

Enfin, assez récemment, le 24 avril 2023, une circulaire adressée aux préfets a été prise sur la gestion des grands passages estivaux. Un courrier a été envoyé à l'ensemble des responsables d'associations des gens du voyage afin de leur rappeler les grands principes : information préalable, répartition des demandes dans le temps et dans l'espace, et vigilance quant à l'intégrité et à la propreté des équipements. §

Photo de Gérard Larcher

La parole est à Mme la secrétaire d’État chargée du développement, de la francophonie et des partenariats internationaux.

Jean-François Carenco, ministre délégué

Par ailleurs, je rappelle qu'un référent ministériel pour les gens du voyage a été nommé afin d'assurer une coordination. §Celui-ci est chargé d'entretenir les relations avec les élus et avec les organisations représentatives, et d'intervenir sur les difficultés signalées.

Enfin, assez récemment, le 24 avril 2023, une circulaire adressée aux préfets a été prise sur la gestion des grands passages estivaux. Un courrier a été envoyé à l'ensemble des responsables d'associations des gens du voyage afin de leur rappeler les grands principes : information préalable, répartition des demandes dans le temps et dans l'espace, et vigilance quant à l'intégrité et à la propreté des équipements. §

Debut de section - Permalien
Jean-François Carenco, ministre délégué

M. Jean-François Carenco, ministre délégué. L'intention du Gouvernement est bien d'avancer sur les deux aspects : offrir les conditions d'un meilleur accueil et réprimer plus efficacement les installations illicites. La vie est ainsi faite que ce n'est jamais simple.

Chrysoula Zacharopoulou

Monsieur le sénateur Jean-François Rapin, je vous prie tout d’abord d’excuser la ministre de l’Europe et des affaires étrangères, qui est actuellement en déplacement.

La France, comme nombre de pays européens, a exprimé ses préoccupations sur l’accord Union européenne-Mercosur dès 2019, notamment pour des raisons environnementales. La Commission européenne a fait des efforts, notamment sur la question de la déforestation, mais cela reste insuffisant. Des négociations sont en cours pour apporter des réponses supplémentaires.

La France a réaffirmé trois conditions indispensables pour nous engager dans cet accord : d’abord, comme vous l’avez souligné, le respect de l’accord de Paris, qui est un élément essentiel ; l’alignement des chapitres de l’accord relatifs au développement durable avec la nouvelle approche de la Commission, c’est-à-dire avec nos meilleurs standards en matière environnementale et sociale ; et, en parallèle de l’accord, un programme ambitieux sur les mesures miroirs.

Au vu des enjeux, nous nous opposons à la scission de l’accord. Nous souhaitons que celui-ci soit présenté aux parlements nationaux. Le Président de la République et le président brésilien auront l’occasion, comme vous l’avez dit, d’échanger sur ce sujet comme sur l’ensemble des enjeux bilatéraux et globaux en marge du Sommet pour un nouveau pacte financier mondial organisé ces deux prochains jours.

M. François Patriat applaudit. – Protestations sur les travées du groupe Les Républicains.

Jean-François Carenco, ministre délégué

M. Jean-François Carenco, ministre délégué. L'intention du Gouvernement est bien d'avancer sur les deux aspects : offrir les conditions d'un meilleur accueil et réprimer plus efficacement les installations illicites. La vie est ainsi faite que ce n'est jamais simple.

Photo de Gérard Larcher

La parole est à M. Jean-François Rapin, pour la réplique.

Photo de Sabine Drexler

Trop souvent perçu comme une charge, le patrimoine témoigne d'une culture et d'une identité. Il permet également de créer de l'activité et de l'emploi. Le petit patrimoine ne fait l'objet d'aucune protection, à moins que celle-ci ne soit spécifiée dans les documents d'urbanisme.

Ce patrimoine, ce sont des lavoirs, des fours à pain, des calvaires, mais aussi des maisons à colombage en Alsace ou des malouinières en Bretagne. Ce sont les maisons vigneronnes d'Occitanie et les burons du Cantal, les échoppes bordelaises et les longères de Vendée ou encore les chalets du Briançonnais et les meulières d'Île-de-France. Comme encore les chaumières normandes, les maisons basques ou les mas de Provence, toutes ces constructions caractérisent nos régions et font l'attractivité de notre pays.

Par définition, ce bâti vernaculaire est durable, du fait de sa longévité, mais aussi de sa soutenabilité, car il a été construit en fonction du climat et des ressources locales. Grâce aux qualités que ces ressources lui confèrent, il contribue naturellement à une réduction importante de l'utilisation du chauffage ou de la climatisation.

Aujourd'hui, le diagnostic de performance énergétique (DPE), devenu opposable, et l'urgence de la décarbonation amènent de nombreux propriétaires de ce type de biens à réaliser des travaux d'isolation inadaptés, mais subventionnés. Sans le savoir, certains portent au bâti des atteintes parfois fatales. D'autres délaissent leur bien, qui finira dégradé, puis vendu pour son foncier.

Les architectes des bâtiments de France (ABF) nous assurent qu'ils ne parviennent plus désormais à endiguer la vague d'isolation par l'extérieur, y compris dans les secteurs protégés.

Monsieur le ministre, que comptez-vous mettre en œuvre pour empêcher que des gestes ou des matériaux inappropriés ne viennent porter des atteintes définitives au bâti patrimonial de notre pays ? §

Photo de Jean-François Rapin

Madame la secrétaire d’État, nous prenons acte aujourd’hui de vos paroles selon lesquelles vous n’exclurez pas les parlements nationaux de cette discussion, ce qui est essentiel.

Vous avez rappelé les trois clauses que la France exige, et c’est à vous, Gouvernement, de défendre au Conseil les agriculteurs français et la France. La commission des affaires européennes, que je préside, y veillera.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

La parole est à M. le ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires.

Photo de Sabine Drexler

Trop souvent perçu comme une charge, le patrimoine témoigne d'une culture et d'une identité. Il permet également de créer de l'activité et de l'emploi. Le petit patrimoine ne fait l'objet d'aucune protection, à moins que celle-ci ne soit spécifiée dans les documents d'urbanisme.

Ce patrimoine, ce sont des lavoirs, des fours à pain, des calvaires, mais aussi des maisons à colombage en Alsace ou des malouinières en Bretagne. Ce sont les maisons vigneronnes d'Occitanie et les burons du Cantal, les échoppes bordelaises et les longères de Vendée ou encore les chalets du Briançonnais et les meulières d'Île-de-France. Comme encore les chaumières normandes, les maisons basques ou les mas de Provence, toutes ces constructions caractérisent nos régions et font l'attractivité de notre pays.

Par définition, ce bâti vernaculaire est durable, du fait de sa longévité, mais aussi de sa soutenabilité, car il a été construit en fonction du climat et des ressources locales. Grâce aux qualités que ces ressources lui confèrent, il contribue naturellement à une réduction importante de l'utilisation du chauffage ou de la climatisation.

Aujourd'hui, le diagnostic de performance énergétique (DPE), devenu opposable, et l'urgence de la décarbonation amènent de nombreux propriétaires de ce type de biens à réaliser des travaux d'isolation inadaptés, mais subventionnés. Sans le savoir, certains portent au bâti des atteintes parfois fatales. D'autres délaissent leur bien, qui finira dégradé, puis vendu pour son foncier.

Les architectes des bâtiments de France (ABF) nous assurent qu'ils ne parviennent plus désormais à endiguer la vague d'isolation par l'extérieur, y compris dans les secteurs protégés.

Monsieur le ministre, que comptez-vous mettre en œuvre pour empêcher que des gestes ou des matériaux inappropriés ne viennent porter des atteintes définitives au bâti patrimonial de notre pays ? §

Debut de section - Permalien
Christophe Béchu, ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires

Madame la sénatrice Drexler, j'aimerais associer, si vous me le permettez, M. Lafon à ma réponse.

Il y a quelques mois, vous êtes venus me voir tous les deux pour insister sur le risque qu'il y aurait d'avoir une vision aveugle et uniforme des règles du DPE au mépris de la résistance et – j'utilise un mot que l'on n'utilisait pas à l'époque – de la résilience d'une partie de ces maisons de pleine pierre et de ces types d'habitats construits.

Il y a quelques jours, au début du mois de juin, la ministre de la culture et moi-même, compte tenu du lien hiérarchique que nous avons avec les ABF, avons entendu le cri d'alarme d'une dizaine d'associations patrimoniales qui ont relayé une partie des propositions formulées par votre commission. Je souligne ici à quel point nous prenons ce sujet au sérieux.

Nous avons demandé aux ABF de nous aider à montrer ce qui était possible. Cela est le cas avec l'hôtel de Roquelaure, que j'occupe de manière temporaire : nous sommes en train de creuser la question de la géothermie pour trouver un moyen de décarbonation qui ne touche ni aux façades ni à l'apparence du bâtiment. Des pistes sont proposées à chaque fois qu'on se demande ce qu'il est possible de faire et non comment trouver une excuse pour ne pas faire…

Je le précise d'autant plus volontiers que ce patrimoine est une part de notre identité et de notre âme. Vous avez cité les longères de Vendée : il m'aurait évidemment plu que vous poussiez jusqu'aux troglodytes du Saumurois ou jusqu'à une partie des clochers tors du Haut-Anjou. §

C'est l'occasion pour moi de souligner qu'il y a sur nos territoires des collectivités qui ont pris à bras-le-corps la question du petit patrimoine. Ce sera pour moi l'occasion de saluer M. Retailleau.

Ces collectivités se sont emparées de la question en mesurant combien agir en ce sens aidait à soutenir nos ruralités. C'est ce que la Première ministre a mis à l'honneur voilà quelques jours au travers du plan France ruralités qui nous donnera l'occasion de mieux accompagner l'ensemble des territoires, de préserver une partie de notre culture et de nous préoccuper de ce qui permet de préparer l'avenir en nous appuyant sur le passé.

Il faut une transition, mais adaptée à la réalité du patrimoine. C'est une nécessité non seulement de mémoire, mais aussi de cohésion.

Photo de Gérard Larcher

La parole est à M. le ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

Nous en avons terminé avec les questions d'actualité au Gouvernement.

Je vous rappelle que les prochaines questions d'actualité au Gouvernement auront lieu mercredi 28 juin, à quinze heures.

La séance est suspendue.

Photo de Gérard Larcher

M. le président. La parole est à Mme Jocelyne Guidez, pour le groupe Union Centriste.

Christophe Béchu, ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires

Madame la sénatrice Drexler, j'aimerais associer, si vous me le permettez, M. Lafon à ma réponse. Il y a quelques mois, vous êtes venus me voir tous les deux pour insister sur le risque qu'il y aurait d'avoir une vision aveugle et uniforme des règles du DPE au mépris de la résistance et – j'utilise un mot qu'on n'utilisait pas à l'époque – de la résilience d'une partie de ces maisons de pleine pierre et de ces types d'habitats construits.

Il y a quelques jours, au début du mois de juin, la ministre de la culture et moi-même, compte tenu du lien hiérarchique que nous avons avec les ABF, avons entendu le cri d'alarme d'une dizaine d'associations patrimoniales qui ont relayé une partie des propositions formulées par votre commission. Je souligne ici à quel point nous prenons ce sujet au sérieux.

Nous avons demandé aux ABF de nous aider à montrer ce qui était possible. Cela est le cas avec l'hôtel de Roquelaure, que j'occupe de manière temporaire : nous sommes en train de creuser la question de la géothermie pour trouver un moyen de décarbonation qui ne touche ni aux façades ni à l'apparence du bâtiment. Des pistes sont proposées à chaque fois qu'on se demande ce qu'il est possible de faire et non comment trouver une excuse pour ne pas faire…

Je le précise d'autant plus volontiers que ce patrimoine est une part de notre identité et de notre âme. Vous avez cité les longères de Vendée : il m'aurait évidemment plu que vous poussiez jusqu'aux troglodytes du Saumurois ou jusqu'à une partie des clochers tors du Haut-Anjou. §

C'est l'occasion pour moi de souligner qu'il y a sur nos territoires des collectivités qui ont pris à bras-le-corps la question du petit patrimoine. Ce sera pour moi l'occasion de saluer M. Retailleau.

Ces collectivités se sont emparées de la question en mesurant combien agir en ce sens aidait à soutenir nos ruralités. C'est ce que la Première ministre a mis à l'honneur voilà quelques jours au travers du plan France ruralités qui nous donnera l'occasion de mieux accompagner l'ensemble des territoires, de préserver une partie de notre culture et de nous préoccuper de ce qui permet de préparer l'avenir en nous appuyant sur le passé.

Il faut une transition, mais en l'adaptant à la réalité du patrimoine. C'est une nécessité non seulement de mémoire, mais aussi de cohésion.

La séance, suspendue à seize heures vingt,

Photo de Gérard Larcher

Nous en avons terminé avec les questions d'actualité au Gouvernement.

Je vous rappelle que les prochaines questions d'actualité au Gouvernement auront lieu mercredi 28 juin, à quinze heures.

La séance est suspendue.

Photo de Jocelyne Guidez

Ma question s’adresse à M. le ministre de la santé et de la prévention et porte sur l’un des indicateurs clés pour évaluer la santé d’une population.

Cela fait sept ans que la mortalité infantile en France est supérieure à la moyenne européenne, alors qu’elle était l’une des plus basses d’Europe à la fin du XXe siècle.

Alors que la France figurait parmi les meilleurs élèves, en troisième position, le pays a chuté à la vingtième place sur vingt-sept. En 2021, ce sont 2 700 nourrissons de moins d’un an qui ont perdu la vie en France, soit 3, 7 décès pour 1 000 naissances vivantes.

J’appelle tout particulièrement votre attention sur l’évolution préoccupante de certains indicateurs de santé périnatale dans trois régions métropolitaines – l’Île-de-France, le Centre-Val de Loire et le Grand Est –, mais aussi dans les départements ultramarins : le taux de mortalité infantile est de 8, 9 % à Mayotte, de 8, 2 % en Guyane et de 8, 1 % en Guadeloupe, alors qu’il s’établit à 3, 5 % en France hexagonale.

La Cour des comptes, dans son rapport sur la santé dans les outre-mer en 2012, mettait déjà en lumière le manque de pédiatres et de gynécologues.

Monsieur le ministre, quelles sont les explications possibles à cette tendance spécifiquement française ? Quelles sont les mesures de prévention prises ou envisagées par le Gouvernement pour endiguer cette surmortalité infantile en outre-mer, ainsi que dans quatre départements de la France métropolitaine, à savoir la Seine-Saint-Denis, le Jura, l’Indre-et-Loire et le Lot ?

Debut de section - PermalienPhoto de Jocelyne Guidez

Ma question s’adresse à M. le ministre de la santé et de la prévention et porte sur l’un des indicateurs clés pour évaluer la santé d’une population.

Cela fait sept ans que la mortalité infantile en France est supérieure à la moyenne européenne, alors qu’elle était l’une des plus basses d’Europe à la fin du XXe siècle.

Alors que la France figurait parmi les meilleurs élèves, en troisième position, le pays a chuté à la vingtième place sur vingt-sept. En 2021, ce sont 2 700 nourrissons de moins d’un an qui ont perdu la vie en France, soit 3, 7 décès pour 1 000 naissances vivantes.

J’appelle tout particulièrement votre attention sur l’évolution préoccupante de certains indicateurs de santé périnatale dans trois régions métropolitaines – l’Île-de-France, le Centre-Val de Loire et le Grand Est –, mais aussi dans les départements ultramarins : le taux de mortalité infantile est de 8, 9 ‰ à Mayotte, de 8, 2 ‰ en Guyane et de 8, 1 ‰ en Guadeloupe, alors qu’il s’établit à 3, 5 ‰ en France hexagonale.

La Cour des comptes, dans son rapport sur la santé dans les outre-mer en 2012, mettait déjà en lumière le manque de pédiatres et de gynécologues.

Monsieur le ministre, quelles sont les explications possibles à cette tendance spécifiquement française ? Quelles sont les mesures de prévention prises ou envisagées par le Gouvernement pour endiguer cette surmortalité infantile en outre-mer, ainsi que dans quatre départements de la France métropolitaine, à savoir la Seine-Saint-Denis, le Jura, l’Indre-et-Loire et le Lot ?

Photo de Pierre Laurent

La parole est à M. Pierre Ouzoulias, pour un rappel au règlement.

Photo de Gérard Larcher

La parole est à M. le ministre de la santé et de la prévention.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Ouzoulias

Il s'agit d'un rappel au règlement commémoratif, qui se fonde sur l'article 36, quelque peu aménagé pour la circonstance…

Le 18 juin, le Président de la République a annoncé, au nom de la Nation, le transfert de Missak Manouchian au Panthéon, le 21 février 2024, jour du quatre-vingtième anniversaire de son exécution au Mont-Valérien. Il sera accompagné de sa femme, Mélinée.

Avec Missak Manouchian, ce sont le groupe de l'Affiche rouge et tous les étrangers morts pour la France qui entrent au Panthéon. La Résistance nationale, dans la pluralité de ses composantes et l'unité de son combat, est enfin rassemblée, du lieutenant de vaisseau Honoré d'Estienne d'Orves à l'apatride Missak Manouchian, de Geneviève de Gaulle-Anthonioz à Olga Bancic, du général Charles Delestraint à Georges Guingouin, de Marc Bloch à Edmond Michelet, d'Henri Frenay à Emmanuel d'Astier de La Vigerie.

Notre groupe se félicite de cette décision, qui honore ces résistants et une certaine idée de la France, de la République et de la Nation, pensée comme un projet politique collectif.

François Braun

Madame la sénatrice Guidez, la lutte contre la mortalité infantile est effectivement un enjeu majeur : c’est l’un des marqueurs de l’état de notre système de santé. Grâce aux progrès de la médecine et à une politique de santé ciblée, le taux de mortalité infantile est, à l’heure actuelle, historiquement bas, comme le souligne d’ailleurs l’Insee. Il faut s’en souvenir.

Néanmoins, ce n’est pas un acquis. Il faut continuer à progresser et rester mobilisé. En effet, l’étude montre aussi – vous l’avez relevé – que ce taux ne baisse plus. Il a même légèrement augmenté ces dernières années, notamment dans les premières semaines d’existence de l’enfant.

La santé des enfants, cela commence dès les premiers jours, dès les premières heures. C’est pour cela que nous avons rendu la vaccination du nourrisson obligatoire. À ce titre, je m’insurge contre les discours qui continuent à relativiser, voire à dénigrer l’importance de la vaccination.

Debut de section - Permalien
François Braun

Madame la sénatrice Guidez, la lutte contre la mortalité infantile est en effet un enjeu majeur : c’est l’un des marqueurs de l’état de notre système de santé. Grâce aux progrès de la médecine et à une politique de santé ciblée, le taux de mortalité infantile est, à l’heure actuelle, historiquement bas, comme le souligne d’ailleurs l’Insee. Il faut s’en souvenir.

Néanmoins, ce n’est pas un acquis. Il faut continuer à progresser et rester mobilisé. En effet, l’étude montre aussi – vous l’avez relevé – que ce taux ne baisse plus. Il a même légèrement augmenté ces dernières années, notamment dans les premières semaines d’existence de l’enfant.

La santé des enfants, cela commence dès les premiers jours, dès les premières heures. C’est pour cela que nous avons rendu la vaccination du nourrisson obligatoire. À ce titre, je m’insurge contre les discours qui continuent à relativiser, voire à dénigrer l’importance de la vaccination.

Photo de Pierre Laurent

La parole est à M. Pierre Ouzoulias, pour un rappel au règlement.

M. Bernard Buis opine.

Photo de Pierre Ouzoulias

Il s'agit d'un rappel au règlement commémoratif, qui se fonde sur l'article 36, quelque peu aménagé pour la circonstance…

Le 18 juin, le Président de la République a annoncé, au nom de la Nation, le transfert de Missak Manouchian au Panthéon, le 21 février 2024, jour du quatre-vingtième anniversaire de son exécution au Mont-Valérien. Il sera accompagné de sa femme, Mélinée.

Avec Missak Manouchian, ce sont le groupe de l'Affiche rouge et tous les étrangers morts pour la France qui entrent au Panthéon. La Résistance nationale, dans la pluralité de ses composantes et l'unité de son combat, est enfin rassemblée, du lieutenant de vaisseau Honoré d'Estienne d'Orves à l'apatride Missak Manouchian, de Geneviève de Gaulle-Anthonioz à Olga Bancic, du général Charles Delestraint à Georges Guingouin, de Marc Bloch à Edmond Michelet, d'Henri Frenay à Emmanuel d'Astier de La Vigerie.

Notre groupe se félicite de cette décision, qui honore ces résistants et une certaine idée de la France, de la République et de la Nation, pensée comme un projet politique collectif.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Ouzoulias

Avant de mourir, Missak Manouchian écrivait à sa femme : « Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire clignement. »

Chers collègues, restons dignes de leur combat et continuons de défendre, dans la pluralité de nos opinions et de nos parcours, les principes pour lesquels ils sont tombés : la liberté, la justice, la démocratie, la paix et les droits de l'homme. §

François Braun

Nous avons élargi le test systématique de dépistage néonatal : il permet désormais de détecter et de prendre en charge treize maladies graves de l’enfant.

Nous avons aussi déployé une stratégie sur les 1 000 premiers jours pour créer un lien entre parents et professionnels de santé autour de la santé physique et mentale de l’enfant.

Bien entendu, le travail ne s’arrête pas là. Il doit se mener sur tous les aspects de la santé infantile ; dans cet esprit, j’ai installé des assises de la pédiatrie et de la santé de l’enfant. Les différents groupes de travail sont à l’œuvre depuis plusieurs mois. Leurs conclusions et propositions nous seront rendues très prochainement avec un ciblage très particulier sur la situation de nos outre-mer.

Dans le cadre de leurs travaux, nous avons déjà pu réaliser des progrès, par exemple, sur les questions liées à la rénovation du métier d’infirmière-puéricultrice pour adapter la formation et l’exercice de la profession aux nouveaux enjeux de la prise en charge de l’enfant.

Sur les maternités – le sujet est souvent mis en parallèle –, loin de toute gestion purement comptable d’un autre temps, je veux créer un nouveau modèle qui non seulement allie suivi périnatal d’avant et d’après la naissance en réduisant le plus possible les distances, mais aussi, et surtout, qui sécurise l’acte d’accouchement sur des plateaux techniques où toutes les compétences sont rassemblées.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

Acte vous est donné de votre rappel au règlement, mon cher collègue.

Photo de Gérard Larcher

La parole est à Mme Jocelyne Guidez, pour la réplique.

Photo de Pierre Ouzoulias

Avant de mourir, Missak Manouchian écrivait à sa femme : « Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire clignement. »

Chers collègues, restons dignes de leur combat et continuons de défendre, dans la pluralité de nos opinions et de nos parcours, les principes pour lesquels ils sont tombés : la liberté, la justice, la démocratie, la paix et les droits de l'homme. §

Photo de Jocelyne Guidez

Monsieur le ministre, vous avez raison : il faut certainement ne pas dénigrer les vaccinations.

Le taux de mortalité infantile ne baisse plus depuis vingt ans. Vingt ans ! La France occupe en la matière la vingtième place sur vingt-sept en Europe. C’est catastrophique !

Je citerai donc cette phrase de Marc Bloch dans L ’ étrange défaite : « Français, je vais être contraint, parlant de mon pays, de ne pas en parler qu’en bien ; il est dur de devoir découvrir les faiblesses d’une mère douloureuse. »

J’espère que vous allez pouvoir en tous les cas réaliser des progrès à ce sujet, parce que je n’en reviens pas de la place que nous occupons en Europe.

Photo de Pierre Laurent

Acte vous est donné de votre rappel au règlement, mon cher collègue.

Photo de Pierre Laurent

J'informe le Sénat qu'ont été publiées des candidatures pour siéger au sein des éventuelles commissions mixtes paritaires chargées de proposer un texte commun, d'une part, sur les dispositions restant en discussion du projet de loi ratifiant les ordonnances relatives à la partie législative du livre VII du code monétaire et financier et portant diverses dispositions relatives à l'outre-mer et, d'autre part, du projet de loi visant à donner à la douane les moyens de faire face aux nouvelles menaces.

Par ailleurs, j'informe le Sénat qu'ont été publiées des candidatures pour siéger au sein de la commission mixte paritaire chargée de proposer un texte sur les dispositions restant en discussion de la proposition de loi visant à renforcer l'accès des femmes aux responsabilités dans la fonction publique.

Ces candidatures seront ratifiées si la présidence n'a pas reçu d'opposition dans le délai d'une heure prévu par notre règlement.

Photo de Pierre Laurent

J'informe le Sénat qu'ont été publiées des candidatures pour siéger au sein des éventuelles commissions mixtes paritaires chargées de proposer un texte commun, d'une part, sur les dispositions restant en discussion du projet de loi ratifiant les ordonnances relatives à la partie législative du livre VII du code monétaire et financier et portant diverses dispositions relatives à l'outre-mer et, d'autre part, du projet de loi visant à donner à la douane les moyens de faire face aux nouvelles menaces.

Par ailleurs, j'informe le Sénat que des candidatures pour siéger au sein de la commission mixte paritaire chargée de proposer un texte sur les dispositions restant en discussion de la proposition de loi visant à renforcer l'accès des femmes aux responsabilités dans la fonction publique.

Ces candidatures seront ratifiées si la présidence n'a pas reçu d'opposition dans le délai d'une heure prévu par notre règlement.

Photo de Pierre Laurent

M. le président. Mes chers collègues, j'ai le plaisir de saluer, dans la tribune d'honneur, une délégation internationale composée de plusieurs parlementaires du Brésil, du Botswana, de Colombie, du Mexique, du Pérou, du Royaume-Uni et de Zambie.

Photo de Gérard Larcher

M. le président. La parole est à M. Jean Bacci, pour le groupe Les Républicains.

Mmes et MM. les sénateurs, ainsi que M. le secrétaire d'État auprès de la Première ministre, chargé de la mer, se lèvent.

Photo de Pierre Laurent

M. le président. Mes chers collègues, j'ai le plaisir de saluer, dans la tribune d'honneur, une délégation internationale composée de plusieurs parlementaires du Brésil, du Botswana, de Colombie, du Mexique, du Pérou, du Royaume-Uni et de Zambie.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

La délégation est particulièrement impliquée dans les politiques de développement durable et les efforts de conservation des ressources à l'échelle internationale. Elle est arrivée hier à Paris à l'occasion du sommet pour un nouveau pacte financier mondial, qui se déroulera les 22 et 23 juin au palais Brongniart.

La délégation a été invitée aujourd'hui au Sénat par nos collègues Ronan Dantec et Christian Cambon pour une réunion de travail consacrée à la protection de l'environnement, suivie d'une visite institutionnelle du palais du Luxembourg.

Demain, elle prendra part à une table ronde organisée à l'Assemblée nationale par notre collègue député Hubert Julien-Laferrière.

Mes chers collègues, permettez-moi de souhaiter à nos homologues, en votre nom à tous, la plus cordiale bienvenue, ainsi qu'un excellent et fructueux séjour. §

Photo de Jean Bacci

Ma question s’adressait à M. le ministre de l’économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique. J’y associe mes collègues Loisier, Martin et Rietmann.

Un hectare de forêt qui brûle, ce sont, en moyenne, 46 tonnes de CO2 libérées. En 2022, 72 000 hectares ont rejeté 3, 5 milliards de tonnes de carbone. D’initiative sénatoriale, la proposition de loi visant à renforcer la prévention et la lutte contre l’intensification et l’extension du risque incendie a fait l’objet d’un accord en commission mixte paritaire. Toutefois, les députés, sous la pression comptable de Bercy, ont refusé d’accorder aux collectivités territoriales le bénéfice de la réduction de cotisations patronales en contrepartie de la mise à disposition d’employés sapeurs-pompiers volontaires pour les services d’incendie et de secours (Sdis).

Outre qu’une telle mesure aurait pu alléger la lourde charge financière engagée par les collectivités, et particulièrement par les plus petites, la sécurité civile se trouvera en pratique privée d’un vivier de recrutement important de sapeurs-pompiers volontaires dans un contexte pourtant marqué par une crise aiguë des vocations.

Autre regret, les députés ont renoncé à une mesure forte en faveur de la protection massive de la forêt par le débroussaillement, reconnu par les Sdis comme un moyen de limiter la propagation du feu ou, tout au moins, de rendre la forêt plus aisément défendable.

Les études sur la valeur du sauvé parlent d’elles-mêmes : un euro investi dans la prévention contre les feux de forêt permet d’éviter vingt à vingt-cinq euros de dépenses quand elle est en feu. Vous envisagez de dépenser des milliards pour décarboner notre économie, mais vous refusez de dépenser 4 millions d’euros pour aider les collectivités à mieux défendre la forêt et à accompagner les particuliers à engager leurs premières opérations de débroussaillement. Quel paradoxe !

Le texte issu de la commission mixte paritaire manque d’ambition sur son volet financier au nom de considérations budgétaires de court terme. Je le regrette.

Il ne faut pas penser à la forêt que lorsqu’elle brûle. Quand l’État prendra-t-il ses responsabilités pour que, en dépit du changement climatique, la forêt continue à jouer son rôle de puits de carbone ?

Debut de section - PermalienPhoto de Jean Bacci

Ma question s’adressait à M. le ministre de l’économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique. J’y associe mes collègues Loisier, Martin et Rietmann.

Un hectare de forêt qui brûle, ce sont, en moyenne, 46 tonnes de CO2 libérées. En 2022, 72 000 hectares ont rejeté 3, 5 milliards de tonnes de carbone. D’initiative sénatoriale, la proposition de loi visant à renforcer la prévention et la lutte contre l’intensification et l’extension du risque incendie a fait l’objet d’un accord en commission mixte paritaire. Toutefois, les députés, sous la pression comptable de Bercy, ont refusé d’accorder aux collectivités territoriales le bénéfice de la réduction de cotisations patronales en contrepartie de la mise à disposition d’employés sapeurs-pompiers volontaires pour les services d’incendie et de secours (Sdis).

Outre qu’une telle mesure aurait pu alléger la lourde charge financière supportée par les collectivités, et particulièrement par les plus petites, la sécurité civile se trouvera en pratique privée d’un vivier de recrutement important de sapeurs-pompiers volontaires dans un contexte pourtant marqué par une crise aiguë des vocations.

Autre regret, les députés ont renoncé à une mesure forte en faveur de la protection massive de la forêt par le débroussaillement, reconnu par les Sdis comme un moyen de limiter la propagation du feu ou, tout au moins, de rendre la forêt plus aisément défendable.

Les études sur la valeur du sauvé parlent d’elles-mêmes : un euro investi dans la prévention contre les feux de forêt permet d’éviter vingt à vingt-cinq euros de dépenses quand elle est en feu. Vous envisagez de dépenser des milliards pour décarboner notre économie, mais vous refusez de dépenser 4 millions d’euros pour aider les collectivités à mieux défendre la forêt et à accompagner les particuliers à engager leurs premières opérations de débroussaillement. Quel paradoxe !

Le texte issu de la commission mixte paritaire manque d’ambition sur son volet financier au nom de considérations budgétaires de court terme. Je le regrette.

Il ne faut pas penser à la forêt que lorsqu’elle brûle. Quand l’État prendra-t-il ses responsabilités pour que, en dépit du changement climatique, la forêt continue à jouer son rôle de puits de carbone ?

Debut de section - PermalienPhoto de Jean Bacci

Ma question s’adressait à M. le ministre de l’économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique. J’y associe mes collègues Loisier, Martin et Rietmann.

Un hectare de forêt qui brûle, ce sont, en moyenne, 46 tonnes de CO2 libérées. En 2022, 72 000 hectares ont rejeté 3, 5 milliards de tonnes de carbone. D’initiative sénatoriale, la proposition de loi visant à renforcer la prévention et la lutte contre l’intensification et l’extension du risque incendie a fait l’objet d’un accord en commission mixte paritaire. Toutefois, les députés, sous la pression comptable de Bercy, ont refusé d’accorder aux collectivités territoriales le bénéfice de la réduction de cotisations patronales en contrepartie de la mise à disposition d’employés sapeurs-pompiers volontaires pour les services d’incendie et de secours (Sdis).

Outre qu’une telle mesure aurait pu alléger la lourde charge financière supportée par les collectivités, et particulièrement par les plus petites, la sécurité civile se trouvera en pratique privée d’un vivier de recrutement important de sapeurs-pompiers volontaires dans un contexte pourtant marqué par une crise aiguë des vocations.

Autre regret, les députés ont renoncé à une mesure forte en faveur de la protection massive de la forêt par le débroussaillement, reconnu par les Sdis comme un moyen de limiter la propagation du feu ou, tout au moins, de rendre la forêt plus aisément défendable.

Les études sur la valeur du sauvé parlent d’elles-mêmes : un euro investi dans la prévention contre les feux de forêt permet d’éviter 20 à 25 euros de dépenses quand elle est en feu. Vous envisagez de dépenser des milliards pour décarboner notre économie, mais vous refusez de dépenser 4 millions d’euros pour aider les collectivités à mieux défendre la forêt et à accompagner les particuliers à engager leurs premières opérations de débroussaillement. Quel paradoxe !

Le texte issu de la commission mixte paritaire manque d’ambition sur son volet financier au nom de considérations budgétaires de court terme. Je le regrette.

Il ne faut pas penser à la forêt que lorsqu’elle brûle. Quand l’État prendra-t-il ses responsabilités pour que, en dépit du changement climatique, la forêt continue à jouer son rôle de puits de carbone ?

Photo de Gérard Larcher

La parole est à Mme la secrétaire d’État chargée de la citoyenneté.

Photo de Pierre Laurent

La délégation est particulièrement impliquée dans les politiques de développement durable et les efforts de conservation des ressources à l'échelle internationale. Elle est arrivée hier à Paris à l'occasion du sommet pour un nouveau pacte financier mondial, qui se déroulera les 22 et 23 juin, au palais Brongniart.

La délégation a été invitée aujourd'hui au Sénat par nos collègues Ronan Dantec et Christian Cambon pour une réunion de travail consacrée à la protection de l'environnement, suivie d'une visite institutionnelle du palais du Luxembourg.

Demain, elle prendra part à une table ronde organisée à l'Assemblée nationale par notre collègue député Hubert Julien-Laferrière.

Mes chers collègues, permettez-moi de souhaiter à nos homologues, en votre nom à tous, la plus cordiale bienvenue, ainsi qu'un excellent et fructueux séjour. §

Sonia Backès

Monsieur le sénateur Bacci, je vous remercie de la proposition de loi que vous défendez avec Anne-Catherine Loisier, Pascal Martin et Olivier Rietmann. Celle-ci vient de faire l’objet d’une commission mixte paritaire conclusive à l’issue de la procédure accélérée.

Votre texte apporte de nombreuses avancées dans l’appréhension de la protection de nos forêts. Avec l’élaboration d’une stratégie nationale et interministérielle de défense, vous créez un continuum de prise en compte de ce risque, depuis la prévention jusqu’aux actions de reboisement et de reconstitution de forêts plus résilientes.

Le travail que vous avez mené a fait l’objet d’un large consensus. Les échanges avec l’ensemble des partenaires et des acteurs ont été très nombreux, et je m’en félicite. Tous reconnaissent la qualité des travaux comme les très grandes avancées que vous avez proposées.

Concernant la mesure relative à l’exonération de charges sociales pour les employeurs, vous avez fait le choix d’une expérimentation pendant trois ans. Ce dispositif est inédit. Il permettra à nos concitoyens qui s’investissent pour le bien public d’être encore plus disponibles pour mener des actions de secours.

Le choix a été fait dès le début de ne pas intégrer les collectivités territoriales en tant que bénéficiaires. §Il existe – vous le savez – d’autres mécanismes qui les concernent directement, comme la possibilité de diminuer leur contribution obligatoire aux Sdis si elles mettent à disposition leurs agents.

Nous n’avons pas retenu non plus la mise en place du crédit d’impôt sur les obligations légales de débroussaillement, parce qu’il s’agissait ici de mettre les bonnes dépenses au bon endroit ; ce texte n’était pas le vecteur le plus opportun.

Photo de Pierre Laurent

L'ordre du jour appelle la discussion de la proposition de loi, adoptée par l'Assemblée nationale, visant à lutter contre le dumping social sur le transmanche (proposition n° 469, texte de la commission n° 735, rapport n° 734, avis n° 728).

Dans la discussion générale, la parole est à M. le secrétaire d'État.

Debut de section - Permalien
Hervé Berville, secrétaire d'État auprès de la Première ministre, chargé de la mer

Monsieur le président, madame la présidente de la commission des affaires sociales, madame la rapporteure, madame la rapporteure pour avis, mesdames, messieurs les sénateurs, il y a un peu plus d'un an, en mars 2022, la compagnie britannique P&O Ferries licenciait 786 marins, par visioconférence, sans préavis ! On a donné l'ordre à ces 786 personnes de quitter leur lieu de travail, de descendre de leur ferry, puis on les a remplacées par des marins deux fois moins payés, ne bénéficiant pas de jours de repos, pouvant embarquer jusqu'à quinze semaines en mer et travailler à un rythme effréné sans revenir à terre se reposer.

Voilà, mesdames, messieurs les sénateurs, l'une des réalités du transport maritime dans nos eaux !

Nous voyons se développer des pratiques brutales, une course au moins-disant social, une concurrence déloyale qui peut détruire de nombreuses entreprises, des milliers d'emplois et qui, si nous ne faisons rien, emportera telle une vague scélérate un pan entier de notre économie maritime.

L'urgence de lutter contre le dumping social nous concerne tous, élus des territoires littoraux ou non, des Hauts-de-France, de la Normandie, de la Bretagne, des Pays de la Loire, de la Nouvelle-Aquitaine, de l'Occitanie, de la région Sud, de la Corse ou des outre-mer.

Je vous remercie – notamment vous, madame la rapporteure, car vous n'êtes pas issue d'un territoire de littoral, preuve qu'il s'agit là d'un sujet qui concerne tout le monde –de votre présence aujourd'hui et de votre implication sur cette proposition de loi, qui est cruciale pour préserver notre modèle social, assurer la sécurité en mer et protéger nos espaces maritimes, notamment du point de vue environnemental.

Dès le mois de juillet de l'année dernière, nous avons travaillé avec les organisations syndicales, la CFDT, la CFE-CGC, la CGT, et les organisations patronales – je remercie Armateurs de France –, notamment Brittany Ferries et DFDS Seaways, afin de trouver des solutions communes. Je tenais particulièrement à saluer à cette tribune l'implication remarquable de Jean-Marc Roué.

Nous avons d'abord construit une réponse collective pour mettre fin aux pratiques scandaleuses de dumping social sur le transmanche, c'est-à-dire dans les liaisons avec le Royaume-Uni. Ces pratiques sont une conséquence du renoncement, après le Brexit, au statut protecteur, bien que perfectible, apporté par l'Union européenne. Le Royaume-Uni est devenu un État tiers, ce qui a ouvert la voie à des pratiques dérégulées de la part de certains armateurs peu scrupuleux, pratiques contre lesquelles nous nous battons aujourd'hui.

Nous avons formé une coalition inédite. Nous avons cheminé ensemble et réfléchi aux solutions à déployer. Nous avons abouti dans un premier temps à la mise en œuvre par toutes les compagnies maritimes d'une charte d'engagement volontaire.

Cette charte a été élaborée en concertation avec les autorités britanniques, elles-mêmes désormais conscientes et inquiètes de la situation. Elle est conforme aux différents standards et définit un certain nombre de priorités.

Cette charte invite les armateurs à s'engager à aller plus loin que les exigences minimales en matière de formation, de congés, de pratiques environnementales, et à atteindre un niveau plus élevé, conforme à nos attentes.

Le Sénat a d'ailleurs largement participé à ces travaux précurseurs grâce, notamment, à la contribution d'Agnès Canayer, de Jean-François Rapin et de Michel Canévet. Tous ces travaux et ceux qui ont été menés en parallèle par les parlementaires de tous bords politiques ont abouti à un triple constat.

Tout d'abord, aucune entreprise respectant la concurrence libre et non faussée, à laquelle je sais que Mme la rapporteure est très attachée, ne peut s'aligner sur les pratiques déloyales proches de l'esclavage moderne que j'ai évoquées au début de mon intervention et que nous dénonçons collectivement.

Ensuite, aucune entreprise qui fait travailler ses marins à un rythme effréné ne peut nier qu'elle fait courir un risque à la vie de ses passagers et de ses équipages. La fatigue que ce rythme induit est une menace grave pour la sécurité maritime, tout particulièrement dans le détroit du Pas-de-Calais, l'une des mers les plus dangereuses et les plus fréquentées au monde.

Enfin, aucune entreprise ne peut prétendre contribuer à notre politique énergétique et environnementale lorsqu'elle pratique ce type de dumping social, à l'heure où nous voulons renforcer notre souveraineté et accroître la protection de la biodiversité marine.

C'est en réponse à ce triple constat, simple, clair et sans ambiguïté que le Gouvernement a soutenu cette proposition de loi du député Didier Le Gac, car elle s'inscrit pleinement dans le cadre défendu par le Président de la République lors la présidence française de l'Union européenne en matière de lutte contre le dumping social dans tous les modes de transports.

Vous le voyez, mesdames, messieurs les sénateurs, les quatre articles initialement proposés dans ce texte sont fondamentaux pour lutter contre la concurrence déloyale et renforcer notre modèle social.

L'article 1er vise à réguler les liaisons internationales : premièrement, en imposant un salaire minimum horaire ; deuxièmement, en exigeant une équivalence entre le temps de repos et le temps de travail. L'objectif est double : il s'agit d'éviter le recrutement de marins moins payés que les marins français et de garantir la sécurité en mer en instaurant de réelles périodes de repos permettant de lutter contre la fatigue.

Les discussions que vous avez eues en commission ont visé ces mêmes objectifs et ont permis d'apporter des clarifications. Vous avez ainsi renforcé utilement la robustesse juridique du dispositif et supprimé du texte certaines mentions qui n'y avaient pas leur place.

Soucieux d'affermir encore les dispositions de la proposition de loi et de prendre en compte les remarques que vous avez formulées en commission, madame la rapporteure, nous présenterons un amendement visant à prévoir que l'article 1er ne s'applique qu'au transmanche, conformément à l'objectif initial de cette proposition de loi.

L'article 1er concernant les liaisons internationales, la restriction de son champ d'application aux liaisons entre la France et le Royaume-Uni permettra de faire face aux problèmes urgents que nous connaissons tous.

Le Gouvernement a d'ailleurs pris ses responsabilités sur ce sujet en interdisant, par décret paru ce matin, l'utilisation du registre international français sur cette liaison, comme nous l'avions fait sur le Maghreb par le passé. Dès lors, et je tiens à le redire ici, cette proposition de loi n'a pas pour objet les liaisons internationales en Méditerranée.

L'article 2, quant à lui, sanctionne pénalement le recours à des marins ne disposant pas d'un certificat médical de même niveau que les certificats établis en France. C'est une question de santé et de sécurité.

Les articles 1er bis et 1er ter sont fondamentaux pour lutter contre le dumping social sur toutes nos façades maritimes.

L'article 1er visait à régler de façon urgente les problèmes constatés uniquement sur les liaisons internationales avec le Royaume-Uni. Or nous nous sommes rendu compte au cours de nos nombreuses discussions que la concurrence déloyale était un fléau qui concernait toutes les façades maritimes, en raison en particulier du développement des éoliennes et des énergies marines renouvelables, qui est un sujet d'avenir.

Les navires qui construiront, installeront et assureront la maintenance des parcs éoliens sur toutes nos façades devront appliquer une partie du droit du travail français, y compris les navires étrangers. C'est le dispositif de l'État d'accueil, que le Parlement a étendu aux navires étrangers dans la loi relative à l'accélération de la production d'énergies renouvelables.

Ce dispositif s'applique aujourd'hui dans les eaux européennes uniquement au transport de passagers entre deux ports français, comme entre la Corse et le Continent, mais aussi sur toutes les îles de la façade Atlantique.

Par conséquent, l'article 1er bis vise à renforcer les sanctions pénales en cas de non-respect du droit français à bord des navires étrangers. Il s'agit d'aligner les sanctions prévues dans le cadre du dispositif de l'État d'accueil, qui existe depuis plus de vingt ans, sur celles du dispositif spécifique prévues à l'article 1er du texte concernant les liaisons transmanche.

En effet, comment pourrions-nous collectivement assumer que le niveau de sanction soit moins élevé dans les eaux nationales ou européennes que sur les liaisons transmanche ?

De la même manière, l'article 1er ter crée un régime de sanctions administratives, alors qu'il n'en existait pas jusqu'à présent dans le cadre du dispositif de l'État d'accueil.

Nous proposerons donc de rétablir les articles 1er bis et 1er ter, par cohérence avec les dispositions applicables aux liaisons transmanche, pour anticiper le développement de l'éolien en mer et rendre la loi plus efficace sur toutes nos façades maritimes.

J'ai suivi attentivement vos discussions en commission et je partage la nécessité de clarifier certains points. Toutefois, il est essentiel de rétablir ces deux articles. Sans eux, nous serions démunis pour lutter contre le dumping social, notamment dans le secteur en plein développement des énergies marines renouvelables, et pour atteindre l'objectif important de souveraineté énergétique et économique.

Tous les armateurs français, toutes les confédérations syndicales, tous les élus qui sont amenés à connaître le déploiement de l'éolien en mer nous alertent sur ce risque. De Fécamp jusqu'à Fos-sur-Mer en passant par Saint-Brieuc, L'Île-d'Yeu, Saint-Nazaire, nous avons besoin du dispositif renforcé de l'État d'accueil.

Grâce à la clarification que vous avez apportée en commission, madame la rapporteure, et aux améliorations que nous défendrons ici au cours de la discussion, nous pourrons bâtir ensemble un véritable texte de justice sociale, ambitieux, et envoyer un signal clair : la France refuse ces pratiques concurrentielles inacceptables, se bat pour assurer la sécurité en mer sur toutes ses façades maritimes et défend sa souveraineté.

Avec cette proposition de loi, mesdames, messieurs les sénateurs, votre assemblée, votre belle institution, peut hisser haut le pavillon de la France pour notre souveraineté économique, pour notre souveraineté énergétique, pour la réindustrialisation de notre pays, pour la défense de notre modèle social, pour le bien-être des gens de mer, pour la sécurité maritime et pour la protection de l'environnement.

Photo de Pierre Laurent

L'ordre du jour appelle la discussion de la proposition de loi, adoptée par l'Assemblée nationale, visant à lutter contre le dumping social sur le transmanche (proposition n° 469, texte de la commission n° 735, rapport n° 734, avis n° 728).

Dans la discussion générale, la parole est à M. le secrétaire d'État.

Applaudissements sur les travées des groupes RDPI, RDSE et INDEP, ainsi que sur des travées du groupe SER. – M. Gérard Lahellec applaudit également.

Sonia Backès

Cela ne diminue en rien la qualité de cette loi, une loi consensuelle qui nous armera mieux pour faire face au défi du changement climatique. Le Gouvernement adresse un message de soutien à l’ensemble des acteurs, au premier rang desquels les sapeurs-pompiers, qui devront dans les jours à venir lutter activement contre les feux : vous pourrez toujours compter sur notre soutien. ( MM. François Patriat et Michel Dagbert applaudissent.)

Hervé Berville, secrétaire d'État auprès de la Première ministre, chargé de la mer

Monsieur le président, madame la présidente de la commission des affaires sociales, madame la rapporteur, madame la rapporteure pour avis, mesdames, messieurs les sénateurs, il y a un peu plus d'un an, en mars 2022, la compagnie britannique P&O Ferries licenciait 786 marins, par visioconférence, sans préavis ! On a donné l'ordre à ces 786 personnes de quitter leur lieu de travail, de descendre de leur ferry et on les a remplacées par des marins deux fois moins payés, ne bénéficiant pas de jours de repos et pouvant embarquer jusqu'à quinze semaines en mer, à un rythme effréné, sans revenir à terre se reposer.

Voilà, mesdames, messieurs les sénateurs, l'une des réalités du transport maritime dans nos eaux !

Nous voyons se développer des pratiques brutales, une course au moins-disant social, une concurrence déloyale qui peut détruire de nombreuses entreprises, des milliers d'emplois et qui, si nous ne faisons rien, emportera telle une vague scélérate un pan entier de notre économie maritime.

Cette urgence de lutter contre le dumping social nous concerne tous, élus des territoires littoraux ou non, des Hauts-de-France, de la Normandie, de la Bretagne, des Pays de la Loire, de la Nouvelle-Aquitaine, de l'Occitanie, de la région Sud, de la Corse ou des outre-mer.

Je vous remercie – notamment vous, madame la rapporteur, car vous n'êtes pas issue d'un territoire de littoral, preuve qu'il s'agit là d'un sujet qui concerne tout le monde –de votre présence aujourd'hui et de votre implication sur cette proposition de loi, qui est cruciale pour préserver notre modèle social, assurer la sécurité en mer et protéger nos espaces maritimes, notamment du point de vue environnemental.

Dès le mois de juillet de l'année dernière, nous avons travaillé avec les organisations syndicales, la CFDT, la CFE-CGC, la CGT, et les organisations patronales – je remercie Armateurs de France –, notamment Brittany Ferries et DFDS Seaways, afin de trouver des solutions communes. Je tenais particulièrement à saluer à cette tribune l'implication remarquable de Jean-Marc Roué.

Nous avons d'abord construit une réponse collective pour mettre fin aux pratiques scandaleuses de dumping social dans le transmanche, c'est-à-dire dans les liaisons avec le Royaume-Uni. Ces pratiques sont une conséquence du renoncement, après le Brexit, au statut protecteur, bien que perfectible, apporté par l'Union européenne. Le Royaume-Uni est devenu un État tiers, ce qui a ouvert la voie à des pratiques dérégulées de la part de certains armateurs peu scrupuleux, pratiques contre lesquelles nous nous battons aujourd'hui.

Nous avons formé une coalition inédite. Nous avons cheminé ensemble et réfléchi aux solutions à déployer. Nous avons abouti dans un premier temps à la mise en œuvre par toutes les compagnies maritimes d'une charte d'engagement volontaire.

Cette charte a été élaborée en concertation avec les autorités britanniques, elles-mêmes désormais conscientes et inquiètes de la situation. Elle est conforme aux différents standards et définit un certain nombre de priorités.

Cette charte invitera les armateurs à s'engager à atteindre des niveaux plus élevés que les exigences minimales en matière de formation, de congés, de pratiques environnementales, et conformes à nos attentes.

Le Sénat a d'ailleurs largement participé à ces travaux précurseurs grâce, notamment, à la contribution d'Agnès Canayer, de Jean-François Rapin et de Michel Canévet. Tous ces travaux et ceux qui ont été menés en parallèle par les parlementaires de tous bords politiques ont abouti à un triple constat.

Tout d'abord, aucune entreprise respectant la concurrence libre et non faussée, à laquelle je sais que Mme la rapporteur est très attachée, ne peut s'aligner sur les pratiques déloyales proches de l'esclavage moderne que j'ai évoquées au début de mon intervention et que nous dénonçons collectivement.

Par ailleurs, aucune entreprise qui fait travailler ses marins à un rythme effréné ne peut nier qu'elle fait courir un risque à la vie de ses passagers et de ses équipages. La fatigue que ce rythme induit est une menace grave pour la sécurité maritime, tout particulièrement dans le détroit du Pas-de-Calais, l'une des mers les plus dangereuses et les plus fréquentées au monde.

Enfin, aucune entreprise ne peut prétendre contribuer à notre politique énergétique et environnementale lorsqu'elle pratique ce type de dumping social, à l'heure où nous voulons renforcer notre souveraineté et accroître la protection de la biodiversité marine.

C'est en réponse à ce triple constat, simple, clair et sans ambiguïté, que le Gouvernement a soutenu cette proposition de loi du député Didier Le Gac, car elle s'inscrit pleinement dans le cadre défendu par le Président de la République lors la présidence française de l'Union européenne en matière de lutte contre le dumping social dans tous les modes de transports.

Vous le voyez, mesdames, messieurs les sénateurs, les quatre articles initialement proposés dans ce texte sont fondamentaux pour lutter contre la concurrence déloyale et renforcer notre modèle social.

D'abord l'article 1er vise à réguler les liaisons internationales : premièrement, en imposant un salaire minimum horaire ; deuxièmement, en exigeant une équivalence entre le temps de repos et le temps de travail. L'objectif est double : il s'agit d'éviter le recrutement de marins moins payés que les marins français et de garantir la sécurité en mer en instaurant de réelles périodes de repos permettant de lutter contre la fatigue.

Les discussions que vous avez eues en commission ont visé ces mêmes objectifs et ont permis d'apporter des clarifications. Vous avez ainsi renforcé utilement la robustesse juridique du dispositif et supprimé du texte certaines mentions qui n'y avaient pas leur place.

Soucieux d'affermir encore les dispositions de la proposition de loi et de prendre en compte les remarques que vous avez formulées en commission, madame la rapporteur, nous présenterons un amendement visant à prévoir que l'article 1er ne s'applique qu'au transmanche, conformément à l'objectif initial de cette proposition de loi.

L'article 1er concernant les liaisons internationales, la restriction de son champ d'application aux liaisons entre la France et le Royaume-Uni permettra de faire face aux problèmes urgents que nous connaissons tous.

Le Gouvernement a d'ailleurs pris ses responsabilités sur ce sujet en interdisant, par décret paru ce matin, l'utilisation du registre international français sur cette liaison, comme nous l'avions fait sur le Maghreb par le passé. Dès lors, et je tiens à le redire ici, cette proposition de loi n'a pas pour objet les liaisons internationales en Méditerranée.

L'article 2, quant à lui, sanctionne pénalement le recours à des marins ne disposant pas d'un certificat médical de même niveau que les certificats établis en France. C'est un sujet de santé et de sécurité.

Les articles 1er bis et 1er ter sont fondamentaux pour lutter contre le dumping social sur toutes nos façades maritimes.

L'article 1er visait à régler de façon urgente les problèmes constatés uniquement sur les liaisons internationales avec le Royaume-Uni. Or nous nous sommes rendu compte au cours de nos nombreuses discussions que la concurrence déloyale était un fléau qui concernait toutes les façades maritimes, en raison en particulier du développement des éoliennes et des énergies marines renouvelables, qui est un sujet d'avenir.

Les navires qui construiront, installeront et assureront la maintenance des parcs éoliens sur toutes nos façades devront appliquer une partie du droit du travail français, y compris les navires étrangers. C'est le dispositif de l'État d'accueil, que le Parlement a étendu aux navires étrangers dans la loi relative à l'accélération de la production d'énergies renouvelables.

Ce dispositif s'applique aujourd'hui dans les eaux européennes uniquement au transport de passagers entre deux ports français, comme entre la Corse et le Continent, mais aussi sur toutes les îles de la façade Atlantique.

Par conséquent, l'article 1er bis vise à renforcer les sanctions pénales en cas de non-respect du droit français à bord des navires étrangers. Il s'agit d'aligner les sanctions prévues dans le cadre du dispositif de l'État d'accueil, qui existe depuis plus de vingt ans, sur celles du dispositif spécifique prévues à l'article 1er du texte concernant les liaisons transmanche.

En effet, comment pourrions-nous collectivement assumer que le niveau de sanction soit moins élevé dans les eaux nationales ou européennes que sur les liaisons transmanche ?

De la même manière, l'article 1er ter crée un régime de sanctions administratives, alors qu'il n'en existait pas jusqu'à présent dans le cadre du dispositif de l'État d'accueil.

Nous proposons donc de rétablir les articles 1er bis et 1er ter par cohérence avec les dispositions applicables aux liaisons transmanche, pour anticiper le développement de l'éolien en mer et rendre la loi plus efficace sur toutes nos façades maritimes.

J'ai suivi attentivement vos discussions en commission et je partage la nécessité de clarifier certains points. Toutefois, il est essentiel de rétablir ces deux articles. Sans eux, nous serions démunis pour lutter contre le dumping social, notamment dans le secteur en plein développement des énergies marines renouvelables, et pour atteindre l'objectif important de souveraineté énergétique et économique.

Tous les armateurs français, toutes les confédérations syndicales, tous les élus qui sont amenés à connaître le déploiement de l'éolien en mer nous alertent sur ce risque. De Fécamp jusqu'à Fos-sur-Mer en passant par Saint-Brieuc, L'Île-d'Yeu, Saint-Nazaire, nous avons besoin du dispositif renforcé de l'État d'accueil.

Grâce à la clarification que vous avez apportée en commission, madame la rapporteur, et aux améliorations que nous défendrons ici au cours de la discussion, nous pourrons bâtir ensemble un véritable texte de justice sociale, ambitieux, et envoyer un signal clair : la France refuse ces pratiques concurrentielles inacceptables, se bat pour assurer la sécurité en mer sur toutes ses façades maritimes et défend sa souveraineté.

Avec cette proposition de loi, mesdames, messieurs les sénateurs, votre assemblée, votre belle institution, peut hisser haut le pavillon de la France pour notre souveraineté économique, pour notre souveraineté énergétique, pour la réindustrialisation de notre pays, pour la défense de notre modèle social, pour le bien-être des gens de mer, pour la sécurité maritime et pour la protection de l'environnement.

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Procaccia

Mme Catherine Procaccia, rapporteur de la commission des affaires sociales. Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, je sais que certains d'entre vous, férus de géographie, se demandent pourquoi une sénatrice dont le département n'est traversé que par la Marne et la Seine est rapporteur de ce texte !Je pense tout simplement que la présidente de la commission des affaires sociales, Catherine Deroche, connaît mon goût pour les sujets originaux, mon attrait pour les mers chaudes et a voulu que je me plonge dans des eaux un peu plus froides.

Sourires.

Photo de Gérard Larcher

Madame la Première ministre, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, avant de donner la parole à notre collègue Michelle Meunier pour l’une de ses dernières interventions dans notre hémicycle, je souhaite saluer son action parlementaire.

Je pense d’abord à son travail à la commission des affaires sociales. Nous avons tous en tête son récent rapport élaboré avec Bernard Bonne : Bien vieillir chez soi : c ’ est possible aussi !

Je songe également à la remarquable vice-présidente du comité de déontologie parlementaire qu’elle a été aux côtés d’Arnaud Bazin à la présidence.

Photo de Catherine Procaccia

Mme Catherine Procaccia, rapporteur de la commission des affaires sociales. Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, je sais que certains d'entre vous, férus de géographie, se demandent pourquoi une sénatrice dont le département n'est traversé que par la Marne et la Seine est rapporteur de ce texte !Je pense tout simplement que la présidente de la commission des affaires sociales, Catherine Deroche, connaît mon goût pour les sujets originaux, mon attrait pour les mers chaudes et a voulu que je me plonge dans des eaux un peu plus froides.

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Procaccia

Celles de la Manche ont connu une diminution du trafic maritime consécutive au Brexit, puis à la crise sanitaire. L'arrivée d'un nouvel opérateur sur les liaisons transmanche a conduit certaines compagnies à abaisser les conditions de travail de leur personnel navigant pour optimiser leurs coûts et diminuer leurs tarifs. Elles ont opté pour des pavillons n'offrant que de faibles garanties en matière de droits sociaux pour les gens de mer.

Monsieur le secrétaire d'État l'a rappelé, le 17 mars 2022, la compagnie P&O Ferries a licencié, avec effet immédiat, 786 marins.

Selon Armateurs de France, les compagnies P&O Ferries et Irish Ferries, dont les navires battent pavillon chypriote, font appel à du personnel international, mais aussi beaucoup européen, dont les salaires de base pourraient être inférieurs de 60 % aux salaires français. En conséquence, leur coût de production du transport serait inférieur de 35 % à celui des navires battant pavillon français.

Alors que Brittany Ferries et DFDS Seaways, dont les navires battent pavillon français ou britannique, appliquent une équivalence entre la durée d'embarquement et le temps de repos à terre, les durées d'embarquement du personnel navigant de ces compagnies sont bien supérieures.

Permises par le droit international et européen, ces pratiques de dumping social sont, hélas ! légales. Elles laissent peu de marges aux États pour les réguler.

La convention de Montego Bay et le droit de l'Union européenne permettent aux compagnies de choisir librement le pavillon de leurs navires et d'appliquer aux contrats de travail la loi de n'importe quel État. Ce sont donc les règles de l'État du pavillon qui prévalent pour les liaisons internationales. Si les navires battant pavillon français sont tenus de respecter le droit du travail français, certains pavillons n'imposent presque aucune garantie sociale. Je l'ai découvert, comme peut-être certains d'entre vous, en étudiant ce texte…

Pour autant, ces pratiques de dumping social ne sont pas acceptables : elles perturbent significativement le marché du transport maritime transmanche, elles se traduisent par des droits sociaux limités pour le personnel employé et elles fragilisent la sécurité de la navigation dans l'un des détroits les plus fréquentés au monde.

Dans cette situation, le droit européen offre la possibilité aux États de prendre une loi de police, qui vise à fixer des dispositions impératives, dont le respect est jugé crucial par un pays pour la sauvegarde de ses intérêts publics, au point d'en exiger l'application à toute situation, quelle que soit par ailleurs la loi applicable au contrat. Pour ma part, je vous avoue que, après dix-neuf ans de mandat, je découvre ce type de loi, que j'appelle un ovni juridique !

L'article 1er impose deux obligations aux employeurs du personnel embarqué sur les navires : d'une part, le versement du salaire minimum horaire de branche applicable en France ; d'autre part, une organisation du travail fondée sur l'équivalence entre la durée d'embarquement et le temps de repos à terre, qui n'est pas une obligation en droit maritime.

Pour être considérées comme des lois de police au regard du droit européen, ces obligations doivent apporter des restrictions aux libertés économiques proportionnées à l'objectif visé, afin de ne pas être censurées par le juge.

Tout en souscrivant pleinement à ces mesures, la commission a donc voulu sécuriser le dispositif, en assurant la stricte proportionnalité des sanctions prévues.

En matière de sanctions pénales, la commission a approuvé les peines prévues de 7 500 euros d'amende par salarié concerné, puis de 15 000 euros d'amende et de six mois d'emprisonnement en cas de récidive.

Ces sanctions sont très dissuasives, comme nous avons pu le constater au cours de nos auditions. C'est pourquoi l'ajout à ces sanctions, à la troisième infraction, d'une interdiction d'accoster dans un port français pour tous les navires de la compagnie fautive a été supprimé par la commission. Cette sanction, qui méconnaît les principes constitutionnels d'individualisation des peines et de légalité des délits et des peines, est manifestement disproportionnée.

Le texte issu de la commission prévoit la possibilité pour l'autorité administrative de prononcer, alternativement à une amende, un avertissement à l'employeur ou à l'armateur en cas de manquement, alignant ainsi le régime de sanctions administratives créé à l'article 1er sur le droit commun du travail.

Nous avons décidé de fixer une date d'entrée en vigueur du texte afin de donner aux employeurs suffisamment de prévisibilité pour tirer les conséquences des nouvelles règles applicables. Ce sera le 1er janvier 2024, cette date coïncidant avec l'entrée en vigueur de la loi votée par le Parlement britannique, qui rendra applicable le salaire minimum horaire britannique sur les navires assurant un service international de transport de passagers.

Afin de renforcer la sécurité maritime, la commission a également adopté, à l'article 2, l'extension des sanctions pénales en matière d'aptitude des gens de mer au cas d'admission à bord d'un membre d'équipage ayant un certificat médical d'aptitude non valide établi à l'étranger.

En revanche, la commission a supprimé les articles 1er bis et 1er ter, ce que déplore M. le secrétaire d'État. Introduits à l'Assemblée nationale par voie d'amendements en séance publique, ils tendaient à renforcer les sanctions pénales ou administratives pouvant être prononcées sur les liaisons maritimes nationales où s'appliquent les conditions sociales de l'État d'accueil, notamment sur les liaisons entre la Corse et la France continentale.

Il existe sans doute des risques de distorsion de concurrence entre les compagnies battant pavillon français et celles qui opèrent sous le pavillon d'un autre pays européen, notamment italien. Ces dernières bénéficient en effet de conditions fiscales et sociales plus favorables, mais le droit de l'Union européenne l'autorise. Toutefois, le dispositif de l'État d'accueil, prévu par un règlement européen, limite fortement les possibilités de dumping social sur les navires concernés.

Les dispositions légales et les stipulations conventionnelles applicables aux salariés employés sur ces navires sont celles qui sont applicables aux salariés des entreprises de la même branche d'activité établies en France. Elles portent sur le salaire minimum, la durée du travail, la santé et la sécurité au travail ou encore sur les libertés individuelles et collectives dans la relation de travail.

Par ailleurs, les gens de mer bénéficient obligatoirement du régime de protection sociale d'un État membre comprenant une couverture des risques santé, accidents du travail et maladies professionnelles, maternité, famille, chômage et vieillesse.

Dans ce contexte, la commission a considéré que les mesures proposées, qui ne portent que sur les sanctions et ne modifient pas les normes sociales applicables sur les navires concernés, ne sont pas de nature à répondre aux problématiques de concurrence sur le marché des liaisons entre la Corse et le continent. M. le secrétaire d'État vient de nous apprendre à l'instant que les installations éoliennes étaient également concernées par le dumping social...

D'une part, ces enjeux de concurrence relèvent du niveau de l'Union européenne, notamment en ce qui concerne l'harmonisation des règles encadrant l'usage des pavillons internationaux sur les liaisons intraeuropéennes. Alors que la France exclut l'usage du registre international français (RIF) sur les navires transporteurs de passagers assurant des lignes régulières intracommunautaires, l'Italie permet, elle, une utilisation plus large de son pavillon international.

D'autre part, si le respect des règles de l'État d'accueil posait des difficultés, il serait plus efficace de renforcer les moyens de contrôle et d'appliquer effectivement les sanctions existantes. Je rappelle qu'il existe déjà un régime de sanctions pénales et que l'autorité administrative peut également infliger des amendes en cas de non-respect du salaire minimum. Encore faut-il que les contrôles soient effectifs.

Au total, la commission n'a pas été convaincue de la nécessité d'introduire ces mesures. Celles qui concernent le cabotage en Méditerranée, introduites en séance par voie d'amendements, dans un texte visant à lutter contre le dumping social sur le transmanche, risquent de brouiller les intentions du législateur, alors que la situation de ces deux marchés est difficilement comparable. Surtout, et c'est la préoccupation essentielle, elles pourraient fragiliser le texte, ce que personne ne souhaite.

Suivant la position constante du Sénat, la commission a supprimé les articles 3 et 4, qui prévoyaient la remise par le Gouvernement de rapports au Parlement.

Enfin, en cohérence avec l'objet des articles 1er et 2, la commission des affaires sociales a modifié l'intitulé de la proposition de loi pour indiquer qu'elle vise également « à renforcer la sécurité du transport maritime ».

J'espère que vous avez compris que ma préoccupation et celle de la commission ont été d'assurer l'effectivité, la solidité juridique du texte et la proportionnalité de ses dispositions. Cette proposition de loi est d'ailleurs déjà sous les fourches caudines de la Commission européenne alors que le Sénat ne l'a pas encore examinée ni votée.

La situation sur le transmanche nous impose de légiférer en nous assurant que ce texte aura des conséquences réelles, qu'il permettra d'améliorer les conditions de travail des marins et de renforcer la sécurité maritime. Voter une loi d'affichage qui ne s'appliquera pas ferait à mon sens plus de mal que de bien et conforterait les comportements que nous voulons contrôler.

C'est pourquoi je vous invite à adopter le texte issu des travaux de la commission. §

Photo de Catherine Procaccia

Celles de la Manche ont connu une diminution du trafic maritime consécutive au Brexit, puis à la crise sanitaire. L'arrivée d'un nouvel opérateur sur les liaisons transmanche a conduit certaines compagnies à abaisser les conditions de travail de leur personnel navigant pour optimiser leurs coûts et diminuer leurs tarifs.

Elles ont opté pour des pavillons n'offrant que de faibles garanties en matière de droits sociaux pour les gens de mer.

Monsieur le secrétaire d'État l'a rappelé, le 17 mars 2022, la compagnie P&O Ferries a licencié, avec effet immédiat, 786 marins.

Selon Armateurs de France, les compagnies P&O Ferries et Irish Ferries, dont les navires battent pavillon chypriote, font appel à du personnel international, mais aussi beaucoup européen, dont les salaires de base pourraient être inférieurs de 60 % aux salaires français. En conséquence, le coût de production du transport serait inférieur de 35 % à celui des navires battant pavillon français.

Alors que Brittany Ferries et DFDS Seaways, dont les navires battent pavillon français ou britannique, appliquent une équivalence entre la durée d'embarquement et le temps de repos à terre, les durées d'embarquement du personnel navigant de ces compagnies sont bien supérieures.

Permises par le droit international et européen, ces pratiques de dumping social sont, hélas ! légales. Elles laissent peu de marges aux États pour les réguler.

La convention de Montego Bay et le droit de l'Union européenne permettent aux compagnies de choisir librement le pavillon de leurs navires et d'appliquer aux contrats de travail la loi de n'importe quel État. Ce sont donc les règles de l'État du pavillon qui prévalent pour les liaisons internationales. Si les navires battant pavillon français sont tenus de respecter le droit du travail français, certains pavillons n'imposent presque aucune garantie sociale. Je l'ai découvert, comme peut-être certains d'entre vous, en étudiant ce texte…

Pour autant, ces pratiques de dumping social ne sont pas acceptables : elles perturbent significativement le marché du transport maritime transmanche, elles se traduisent par des droits sociaux limités pour le personnel employé et elles fragilisent la sécurité de la navigation dans l'un des détroits les plus fréquentés au monde.

Dans cette situation, le droit européen offre la possibilité aux États de prendre une loi de police, qui vise à fixer des dispositions impératives, dont le respect est jugé crucial par un pays pour la sauvegarde de ses intérêts publics, au point d'en exiger l'application à toute situation, quelle que soit par ailleurs la loi applicable au contrat.

Pour ma part, je vous avoue que, après dix-neuf ans de mandat, je découvre ce type de loi, que j'appelle un ovni juridique !

L'article 1er impose deux obligations aux employeurs du personnel embarqué sur les navires : d'une part, le versement du salaire minimum horaire de branche applicable en France ; d'autre part, une organisation du travail fondée sur l'équivalence entre la durée d'embarquement et le temps de repos à terre, qui n'est pas une obligation en droit maritime.

Pour être considérées comme des lois de police au regard du droit européen, ces obligations doivent apporter des restrictions aux libertés économiques proportionnées à l'objectif visé, afin de ne pas être censurées par le juge.

Tout en souscrivant pleinement à ces mesures, la commission a donc voulu sécuriser le dispositif, en assurant la stricte proportionnalité des sanctions prévues.

En matière de sanctions pénales, la commission a approuvé les peines prévues de 7 500 euros d'amende par salarié concerné, puis de 15 000 euros d'amende et de six mois d'emprisonnement en cas de récidive.

Ces sanctions sont très dissuasives, comme nous avons pu le constater au cours de nos auditions. C'est pourquoi la peine prévoyant, à la troisième infraction, une interdiction d'accoster dans un port français pour tous les navires de la compagnie fautive a été supprimée par la commission. Cette sanction, qui méconnaît les principes constitutionnels d'individualisation des peines et de légalité des délits et des peines, est manifestement disproportionnée.

Le texte issu de la commission prévoit la possibilité pour l'autorité administrative de prononcer, alternativement à une amende, un avertissement à l'employeur ou à l'armateur en cas de manquement, alignant ainsi le régime de sanctions administratives créé à l'article 1er sur le droit commun du travail.

Nous avons décidé de fixer une date d'entrée en vigueur afin de donner aux employeurs une prévisibilité suffisante pour tirer les conséquences des nouvelles règles applicables. Ce sera le 1er janvier 2024, cette date coïncidant avec l'entrée en vigueur de la loi votée par le Parlement britannique, qui rendra applicable le salaire minimum horaire britannique sur les navires assurant un service international de transport de passagers.

Afin de renforcer la sécurité maritime, la commission a également adopté, à l'article 2, l'extension des sanctions pénales en matière d'aptitude des gens de mer au cas d'admission à bord d'un membre d'équipage ayant un certificat médical d'aptitude non valide établi à l'étranger.

En revanche, ce que déplore M. le secrétaire d'État, la commission a supprimé les articles 1er bis et 1er ter. Introduits à l'Assemblée nationale par voie d'amendements en séance publique, ils tendaient à renforcer les sanctions pénales ou administratives pouvant être prononcées sur les liaisons maritimes nationales où s'appliquent les conditions sociales de l'État d'accueil, notamment sur les liaisons entre la Corse et la France continentale.

Il existe sans doute des risques de distorsion de concurrence entre les compagnies battant pavillon français et celles qui opèrent sous le pavillon d'un autre pays européen, notamment italien. Ces dernières bénéficient en effet de conditions fiscales et sociales plus favorables, mais le droit de l'Union européenne l'autorise.

Toutefois, le dispositif de l'État d'accueil, prévu par un règlement européen, limite fortement les possibilités de dumping social sur les navires concernés.

Les dispositions légales et les stipulations conventionnelles applicables aux salariés employés sur ces navires sont celles qui sont applicables aux salariés des entreprises de la même branche d'activité établies en France. Elles portent sur le salaire minimum, la durée du travail, la santé et la sécurité au travail ou encore sur les libertés individuelles et collectives dans la relation de travail.

Par ailleurs, les gens de mer bénéficient obligatoirement du régime de protection sociale d'un État membre comprenant une couverture des risques santé, accidents du travail et maladies professionnelles, maternité, famille, chômage et vieillesse.

Dans ce contexte, la commission a considéré que les mesures proposées, qui ne portent que sur les sanctions et ne modifient pas les normes sociales applicables sur les navires concernés, ne sont pas de nature à répondre aux problématiques de concurrence sur le marché des liaisons entre la Corse et le continent. M. le secrétaire d'État vient de nous apprendre à l'instant que les installations éoliennes étaient également concernées par le dumping social...

D'une part, ces enjeux de concurrence relèvent du niveau de l'Union européenne, notamment en ce qui concerne l'harmonisation des règles encadrant l'usage des pavillons internationaux sur les liaisons intraeuropéennes. Alors que la France exclut l'usage du registre international français (RIF) sur les navires-transporteurs de passagers assurant des lignes régulières intracommunautaires, l'Italie permet, elle, une utilisation plus large de son pavillon international.

D'autre part, si le respect des règles de l'État d'accueil posait des difficultés, il serait plus efficace de renforcer les moyens de contrôle et d'appliquer effectivement les sanctions existantes. Je rappelle qu'il existe déjà un régime de sanctions pénales et que l'autorité administrative peut également infliger des amendes en cas de non-respect du salaire minimum. Encore faut-il que les contrôles soient effectifs.

Au total, la commission n'a pas été convaincue de la nécessité d'introduire ces mesures. Celles qui concernent le cabotage en Méditerranée, introduites en séance par voie d'amendements, dans un texte visant à lutter contre le dumping social sur le transmanche, risquent de brouiller les intentions du législateur, alors que la situation de ces deux marchés est difficilement comparable. Surtout, et c'est la préoccupation essentielle, elles pourraient fragiliser le texte, ce que personne ne veut.

Suivant la position constante du Sénat, la commission a supprimé les articles 3 et 4, qui prévoyaient la remise par le Gouvernement de rapports au Parlement.

Enfin, en cohérence avec l'objet des articles 1er et 2, la commission des affaires sociales a modifié l'intitulé de la proposition de loi pour indiquer qu'elle vise également « à renforcer la sécurité du transport maritime ».

J'espère que vous avez compris que ma préoccupation et celle de la commission ont été d'assurer l'effectivité, la solidité juridique du texte et la proportionnalité des dispositions. Cette proposition de loi est d'ailleurs déjà sous les fourches caudines de la Commission européenne alors que le Sénat ne l'a pas encore examinée ni votée.

La situation sur le transmanche nous impose de légiférer en nous assurant que ce texte aura des conséquences réelles, qu'il permettra d'améliorer les conditions de travail des marins et de renforcer la sécurité maritime. Voter une loi d'affichage qui ne s'appliquera pas ferait à mon sens plus de mal que de bien et conforterait les comportements que nous voulons contrôler.

C'est pourquoi je vous invite à adopter le texte issu des travaux de la commission. §

Debut de section - PermalienPhoto de Nadège Havet

Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, cinq minutes, c'est le temps dont je dispose aujourd'hui pour vous faire part de mon rapport sur la proposition de loi du député Didier Le Gac, adoptée en première lecture à l'Assemblée nationale.

Cinq minutes, c'est bien plus de temps qu'il n'en aura fallu au dirigeant de P&O Ferries pour licencier 786 marins. En effet, après un message vidéo de trois minutes, 786 marins ont dû quitter sur-le-champ leur navire et leur emploi, pendant que leurs remplaçants, moins bien rémunérés et aux conditions de travail dégradées, attendaient sur le quai pour monter à bord.

C'est donc peu dire que le texte dont nous débattons aujourd'hui, qui vise à lutter contre le dumping social sur le transmanche, est attendu dans le secteur du transport maritime par les armateurs, par les syndicats du secteur et par les gens de mer eux-mêmes.

La concurrence déloyale exercée par les compagnies utilisant une main-d'œuvre à bas coût ne laisse en réalité que l'alternative suivante aux opérateurs historiques : disparaître ou adopter le nouveau modèle. Cela implique d'en finir avec le pavillon français, pas assez compétitif, dans le transmanche.

Pour compléter le propos de Mme Procaccia, rapporteur au fond, dont je salue le travail sur un sujet qu'elle ne connaissait pas, j'insisterai sur deux raisons, bien éloignées des préoccupations protectionnistes ou anticoncurrentielles, qui justifient d'empêcher cette situation.

La première est un enjeu de sécurité des navigations. Sur le transmanche, les navires réalisent des manœuvres d'accostage jusqu'à dix fois par jour et traversent la mer perpendiculairement aux principales routes de circulation, dans ce qui est le deuxième détroit le plus fréquenté au monde.

Ce rythme extrêmement intense se traduit chez tous les gens de mer, et pas seulement les officiers, par des journées de travail de seize heures, voire plus, et par une très forte fatigue à mesure que le temps à bord s'allonge. C'est pourquoi, historiquement, sur cette zone, les gens de mer alternent entre une ou deux semaines à bord et une ou deux semaines de repos à terre.

Les compagnies qui ont choisi le modèle low cost emploient des gens de mer qui peuvent rester six semaines à bord, le nombre de dix-sept semaines ayant même été évoqué. Ils passent systématiquement au moins les deux tiers de l'année en mer.

Or la parité entre durée à terre et temps en mer et la limitation du temps à bord sont des éléments clés pour la sécurité des navigations. L'épuisement du personnel multiplie le risque d'incidents à bord. Surtout, en cas d'incident, chacun à bord, de l'agent d'accueil des passagers aux officiers, a un rôle défini à jouer. Comment bien remplir ce rôle alors que l'on a accumulé la fatigue durant des semaines ? Doit-on attendre un drame humain ou une pollution grave pour légiférer et garantir la sécurité des navigations ? La réponse est non !

La seconde raison est un enjeu de souveraineté.

Les navires de la marine marchande sous pavillon français sont fréquemment mobilisés lors des opérations militaires françaises à l'étranger. Lors de l'intervention de la France au Koweït, deux navires de Brittany Ferries, le Coutances et le Quiberon, ont convoyé des troupes et du matériel français sur place. Chaque année, des navires de Brittany Ferries sont mobilisés lors des exercices de contre-terrorisme maritime Armor.

Il est donc essentiel pour notre souveraineté d'éviter la disparition d'un pan entier de notre marine marchande, alors que la guerre est de retour sur le sol européen et que les tensions géopolitiques croissent partout sur la planète, notamment dans l'Indopacifique.

Ce texte répond avec efficacité à une situation d'urgence. C'est pourquoi, dans mon rapport pour avis, j'ai proposé une adoption conforme du texte issu de l'Assemblée nationale. Cette solution me semblait opportune, car, la procédure accélérée n'ayant pas été déclarée, la durée de la navette parlementaire pourrait ne pas laisser assez de temps au Gouvernement pour prendre avant le mois de janvier 2024 les décrets auxquels l'application de la loi est suspendue.

Telle n'est pas l'option retenue par la commission des affaires sociales. Cependant, je me félicite que mes collègues n'aient pas apporté de modifications substantielles au texte sur le volet concernant le transmanche.

J'espère, donc, monsieur le secrétaire d'État, que la navette pourra se poursuivre le plus rapidement possible. Je me réjouis à cet égard que l'examen du texte figure dans le décret portant convocation du Parlement en session extraordinaire. Le dispositif devra en effet être mis en œuvre au début de l'année 2024, en même temps que celui qu'ont déjà adopté nos voisins britanniques. §

Photo de Gérard Larcher

M. le président. La parole est à Mme Michelle Meunier, pour le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain.

Photo de Pierre Laurent

La parole est à Mme le rapporteur pour avis.

Debut de section - PermalienPhoto de Mélanie Vogel

Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, le 8 décembre 2022 au petit matin, le capitaine Michael Michieli embarque à bord de son bateau de pêche, accompagné de deux matelots, au port de l'île de Jersey. En parallèle, le ferry Commodore Goodwill est en route de Guernesey à Jersey. Le bâtiment, long de 126 mètres, bat pavillon des Bahamas, mais effectue des liaisons régulières entre les îles anglo-normandes, le Royaume-Uni et la France.

Ce 8 décembre, le ferry, dont l'équipage compte 24 personnes, transporte des camions et cinq passagers. Le vent vient du nord, il fait 4 degrés Celsius. Soudain, vers cinq heures trente, le capitaine actionne la corne de brume, cinq fois. Il annonce ensuite par haut-parleur : « Ceci n'est pas un exercice ». Quelques instants après, le ferry heurte le bateau de pêche, qui coule instantanément.

Aucune trace des membres de l'équipage du chalutier n'est visible. Pendant des heures, des hélicoptères et des avions de la sécurité civile et de la marine nationale cherchent le capitaine et ses deux matelots, en vain. Ce n'est que la semaine suivante que l'on retrouve les corps des deux matelots au fond de la mer. Le corps du capitaine, lui, n'est retrouvé que le 26 avril.

Nous attendons toujours les conclusions définitives de l'enquête, mais il est évident que ce naufrage n'est pas un incident isolé. Le risque de collision en mer est bien réel, surtout dans la Manche, deuxième route maritime au monde. En effet, 25 % du trafic maritime mondial traverse ce détroit. À cela s'ajoutent les bateaux de pêche : pour le seul côté, français, on en compte 302.

Le risque est encore plus grand quand les membres d'équipage, sous-payés, sont épuisés.

Employeurs et armateurs s'ingénient à réduire toujours plus les coûts de la main-d'œuvre : des marins et marines, des agents d'escale, des matelots, des chefs de quart, et j'en passe.

En mars 2022, cela a été rappelé, P&O Ferries a licencié 786 employés en quatre minutes en leur ordonnant dans un message vidéo de quitter le navire dans la demi-heure. Sur le quai attendaient leurs remplaçants, des intérimaires venus du monde entier, recrutés par l'intermédiaire d'une société prestataire de main-d'œuvre, payés deux fois moins que le salaire minimum sur les deux rives, française et britannique, et travaillant à des rythmes intenses et dangereux.

Et ce n'est que la partie émergée de l'iceberg. En effet, les syndicats estiment que Brittany Ferries a supprimé 250 postes en CDI, pour les laisser vacants ou pour les remplacer par des intérimaires, toujours au nom de la recherche du profit.

Ce dumping social, dont les conséquences sont néfastes et dangereuses, est évidemment inacceptable.

D'une part, les conditions de travail se dégradent massivement. Leurs salaires ne leur suffisant plus, et parce qu'ils ne bénéficient d'aucune protection juridique, les employés travaillent des mois pour un salaire de misère afin d'échapper à une misère plus grande encore.

D'autre part, le remplacement des employés expérimentés par des intérimaires et des prestataires corvéables à merci est dangereux. Quand vous ne connaissez pas le navire sur lequel vous travaillez pendant seulement quelques semaines, le risque d'un incident est beaucoup plus grand.

Il est donc grand temps de mettre fin à cette dangereuse course vers le moins-disant social.

Le groupe Écologiste – Solidarité et Territoires se félicite que cette proposition de loi introduise un salaire minimum sur les ferries et un minimum de temps de repos pour les gens de mers, soit une journée de repos par journée en mer.

Madame le rapporteure, je tiens à vous remercier de votre travail, et plus particulièrement de votre amendement adopté en commission visant à préciser que le décret d'application sur la durée de repos doit garantir la sécurité et permettre de lutter contre la pollution maritime.

Cependant, le dumping social touche tous les aspects de l'organisation du travail, et pas seulement la rémunération et le temps de repos. Ce n'est pas pour rien que le code du travail français va bien au-delà de ces deux aspects. C'est pourquoi cette proposition de loi doit, selon nous, être complétée par l'instauration d'autres minima sociaux. C'est seulement en garantissant un ensemble complet de droits sociaux aux travailleurs et travailleuses que nous pourrons réellement mettre fin au dumping social.

Par ailleurs, à en juger par l'intervention M. le secrétaire d'État, nous allons avoir cet après-midi de riches discussions sur le champ d'application des différentes dispositions de cette proposition de loi, du fait notamment des rédactions retenues par l'Assemblée nationale, mais aussi sur l'intitulé du texte, qui ne correspond pas au fond, ce qui a pu entraîner des confusions.

Pour les écologistes, la lutte contre le dumping social doit évidemment être la plus large possible et s'appliquer au maximum de situations, même si d'éventuels effets de bord doivent aussi être contrôlés.

Nous attendons donc un certain nombre de clarifications de la part du Gouvernement, notamment sur les décrets d'application et sur le champ d'application de chacun des articles, lesquels ont provoqué des migraines chez nombre d'entre nous.

Enfin, monsieur le secrétaire d'État, nous regrettons que la proposition de loi qui nous est aujourd'hui soumise ne soit pas assortie d'une étude d'impact et d'un avis du Conseil d'État, contrairement au texte de nos collègues britanniques. Cela aurait rendu la proposition de loi plus lisible et nous aurait permis de mieux apprécier ses dispositions.

Cela étant, quel que soit son point d'atterrissage, ce texte constituera une avancée sociale. Aussi, nous le soutiendrons. §

Photo de Nadège Havet

Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, cinq minutes, c'est le temps dont je dispose aujourd'hui pour vous faire part de mon rapport sur la proposition de loi du député Didier Le Gac, adoptée en première lecture à l'Assemblée nationale.

Cinq minutes, c'est bien plus de temps qu'il n'en aura fallu au dirigeant de P&O Ferries pour licencier 786 marins. En effet, après un message vidéo de trois minutes, 786 marins ont dû quitter sur-le-champ leur navire et leur emploi, pendant que leurs remplaçants, moins bien rémunérés et aux conditions de travail dégradées, attendaient sur le quai pour monter à bord.

C'est donc peu dire que le texte dont nous débattons aujourd'hui, qui vise à lutter contre le dumping social sur le transmanche, est attendu dans le secteur du transport maritime par les armateurs, par les syndicats du secteur et par les gens de mer eux-mêmes.

La concurrence déloyale exercée par les compagnies utilisant une main-d'œuvre à bas coût ne laisse en réalité que l'alternative suivante aux opérateurs historiques : disparaître ou adopter le nouveau modèle. Cela implique d'en finir avec le pavillon français, pas assez compétitif, dans le transmanche.

Pour compléter le propos de Mme Procaccia, rapporteur au fond, dont je salue le travail sur un sujet qu'elle ne connaissait pas, j'insisterai sur deux raisons, bien éloignées des préoccupations protectionnistes ou anticoncurrentielles, qui justifient d'empêcher cette situation.

La première est un enjeu de sécurité des navigations. Sur le transmanche, les navires réalisent des manœuvres d'accostage jusqu'à dix fois par jour et ils traversent la mer perpendiculairement aux principales routes de circulation dans ce qui est le deuxième détroit le plus fréquenté au monde.

Ce rythme extrêmement intense se traduit chez tous les gens de mer, et pas seulement les officiers, par des journées de travail de seize heures, voire plus, et une très forte fatigue à mesure que le temps à bord s'allonge. C'est pourquoi, historiquement, sur cette zone, les gens de mer alternent entre une ou deux semaines à bord et une ou deux semaines de repos.

Les compagnies qui ont choisi le modèle low cost ont à leur bord des gens de mer qui peuvent rester six semaines à bord, le nombre de dix-sept semaines ayant même été évoqué. Ils passent systématiquement au moins les deux tiers de l'année en mer.

Or la parité entre durée à terre et temps en mer et la limitation du temps à bord sont des éléments clés pour la sécurité des navigations. L'épuisement du personnel multiplie le risque d'incidents à bord. Surtout, en cas d'incident, chacun à bord, de l'agent d'accueil des passagers aux officiers, a un rôle défini à jouer. Comment bien remplir ce rôle alors que l'on a accumulé la fatigue durant des semaines ? Doit-on attendre un drame humain ou une pollution grave pour légiférer et garantir la sécurité des navigations ? La réponse est non !

La seconde raison est un enjeu de souveraineté.

Les navires de la marine marchande sous pavillon français sont fréquemment mobilisés lors des opérations militaires françaises à l'étranger. Lors de l'intervention de la France au Koweït, deux navires de Brittany Ferries, le Coutances et le Quiberon, ont convoyé des troupes et du matériel français sur place. Chaque année, des navires de Brittany Ferries sont mobilisés lors des exercices de contre-terrorisme maritime Armor.

Il est donc essentiel pour notre souveraineté d'éviter la disparition d'un pan entier de notre marine marchande, alors que la guerre est de retour sur le sol européen et que les tensions géopolitiques croissent partout sur la planète, notamment dans l'Indopacifique.

Ce texte répond avec efficacité à une situation d'urgence. C'est pourquoi, dans mon rapport pour avis, j'ai proposé une adoption conforme du texte issu de l'Assemblée nationale. Cette solution me semblait opportune, car, la procédure accélérée n'ayant pas été déclarée, la durée de la navette parlementaire pourrait ne pas laisser assez de temps au Gouvernement pour prendre avant janvier 2024 les décrets auxquels l'application de la loi est suspendue.

Telle n'est pas l'option retenue par la commission des affaires sociales. Cependant, je me félicite que mes collègues n'aient pas apporté de modifications substantielles au texte sur le volet concernant le transmanche.

J'espère, donc, monsieur le secrétaire d'État, que la navette pourra se poursuivre le plus rapidement possible. Je me réjouis à cet égard que l'examen du texte figure dans le décret portant convocation du Parlement en session extraordinaire. Le dispositif devra en effet être mis en œuvre au début de l'année 2024, en même temps que celui qu'ont déjà adopté nos voisins britanniques. §

Photo de Michelle Meunier

C’est avec gravité que je pose ma question.

Monsieur le ministre de la santé et de la prévention, l’insistance de votre gouvernement à ignorer les alertes des professionnels du soin, à détricoter notre modèle social et à opposer les Français précaires aux Français méritants plonge nombre d’entre eux dans une détresse physique et mentale insupportable.

L’état de santé dans notre pays se dégrade. Les dépenses de santé augmentent : c’est normal. Vous faites la chasse aux arrêts maladie et diminuez le remboursement des soins dentaires. C’est normal ? Non. C’est grave.

C’est grave, car les dépenses dentaires réglées par les complémentaires seront répercutées sur les cotisations des mutuelles. Elles diminueront ainsi le pouvoir d’achat des assurés.

C’est grave, car les accidents du travail touchent plus fortement les secteurs du soin et de l’aide à domicile, en raison précisément de leurs tensions de recrutement.

Voici le système de soins de demain si vous ne réagissez pas, monsieur le ministre : une santé à deux vitesses, des soins pour les plus aisés avec leur complémentaire premium et des renoncements aux soins pour les plus précaires, coincés dans la file des urgences, attendant d’être soignés par d’autres précaires.

Ma question est simple : changerez-vous de logique et investirez-vous enfin dans le système de soin et dans le recrutement de soignantes et de soignants au lieu de conforter ce cercle vicieux d’austérité sanitaire ?

Photo de Mélanie Vogel

Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, le 8 décembre 2022 au petit matin, le capitaine Michael Michieli embarque à bord de son bateau de pêche, accompagné de deux matelots, au port de l'île de Jersey. En parallèle, le ferry Commodore Goodwill est en route de Guernesey à Jersey. Le bâtiment, long de 126 mètres, bat pavillon des Bahamas, mais effectue des liaisons régulières entre les îles anglo-normandes, le Royaume-Uni et la France.

Ce 8 décembre, le ferry, dont l'équipage compte 24 personnes, transporte des camions et cinq passagers. Le vent vient du nord, il fait 4 degrés Celsius. Soudain, vers cinq heures trente, le capitaine actionne la corne de brume, cinq fois. Il annonce ensuite par haut-parleur : « Ceci n'est pas un exercice ». Quelques instants après, le ferry heurte le bateau de pêche, qui coule instantanément.

Aucune trace des membres de l'équipage du chalutier n'est visible. Pendant des heures, des hélicoptères et des avions de la sécurité civile et de la marine nationale cherchent le capitaine et ses deux matelots, en vain. Ce n'est que la semaine suivante que l'on retrouve les corps deux matelots au fond de la mer. Le corps du capitaine, lui, n'est retrouvé que le 26 avril.

Nous attendons toujours les conclusions définitives de l'enquête, mais il est évident que ce naufrage n'est pas un incident isolé. Le risque de collision en mer est bien réel, surtout dans la Manche, deuxième route maritime au monde. En effet, 25 % du trafic maritime mondial traverse ce détroit. À cela s'ajoutent les bateaux de pêche : pour le seul côté, français, on compte 302.

Le risque est encore plus grand quand les membres d'équipage, sous-payés, sont épuisés.

Employeurs et armateurs s'ingénient à réduire toujours plus les coûts de la main-d'œuvre : des marins et marines, des agents d'escale, des matelots, des chefs de quart, et j'en passe.

En mars 2022, cela a été rappelé, P&O Ferries a licencié 786 employés en quatre minutes en leur ordonnant dans un message vidéo de quitter le navire dans la demi-heure. Sur le quai attendaient leurs remplaçants, des intérimaires venus du monde entier, recrutés par l'intermédiaire d'une société prestataire de main-d'œuvre, payée deux fois moins que le salaire minimum sur les deux rives, française et britannique, et travaillant à des rythmes intenses et dangereux.

Et ce n'est que la partie émergée de l'iceberg. En effet, les syndicats estiment que Brittany Ferries a supprimé 250 postes en CDI, pour les laisser vacants ou pour les remplacer par des intérimaires, toujours au nom de la recherche du profit.

Ce dumping social, dont les conséquences sont néfastes et dangereuses, est évidemment inacceptable.

D'une part, les conditions de travail se dégradent massivement. Leurs salaires ne leur suffisant plus, et ne bénéficiant d'aucune protection juridique, les employés travaillent des mois pour un salaire de misère afin d'échapper à une misère plus grande encore.

D'autre part, le remplacement des employés expérimentés par des intérimaires et des prestataires corvéables est dangereux. Quand vous ne connaissez pas le navire sur lequel vous travaillez pendant seulement quelques semaines, le risque d'un incident est beaucoup plus grand.

Il est donc grand temps de mettre fin à cette dangereuse course vers le moins-disant social.

Le groupe groupe Écologiste – Solidarité et Territoires se félicite que cette proposition de loi introduise un salaire minimum sur les ferries et un minimum de temps de repos, soit une journée de repos par journée en mer.

Madame le rapporteur, je tiens à vous remercier de votre travail, et plus particulièrement de votre amendement adopté en commission visant à préciser que le décret d'application sur la durée de repos doit garantir la sécurité et permettre de lutter contre la pollution maritime.

Cependant, le dumping social touche tous les aspects de l'organisation du travail, et pas seulement la rémunération et le temps de repos. Ce n'est pas pour rien que le code du travail français va bien au-delà de ces deux aspects. C'est pourquoi cette proposition de loi doit, selon nous, être complétée par l'instauration d'autres minimas sociaux. C'est seulement si nous garantissons un cadre complet de droits sociaux aux travailleurs et travailleuses que nous pourrons réellement mettre fin au dumping social.

Par ailleurs, à en juger par l'intervention M. le secrétaire d'État, nous allons avoir cet après-midi de riches discussions sur le champ d'application des différentes dispositions de ce texte, du fait notamment des rédactions retenues par l'Assemblée nationale, mais aussi sur son intitulé, qui ne correspond pas au fond, sur les confusions que cela a pu entraîner.

Pour les écologistes, la lutte contre le dumping social doit évidemment être la plus large possible et s'appliquer au maximum de situations, même si d'éventuels effets de bord doivent aussi être contrôlés.

Nous attendons donc un certain nombre de clarifications de la part du Gouvernement, notamment sur les décrets d'application et sur le champ d'application de chacun des articles, lesquels ont provoqué des migraines chez nombre d'entre nous.

Enfin, monsieur le secrétaire d'État, nous regrettons que la proposition de loi qui nous est aujourd'hui soumise ne soit pas assortie d'une étude d'impact et d'un avis du Conseil d'État, contrairement au texte de nos collègues britanniques. Cela aurait rendu la proposition de loi plus lisible et nous aurait permis de mieux apprécier ses dispositions.

Cela étant, quel que soit son point d'atterrissage, ce texte constituera une avancée sociale. Aussi, nous le soutiendrons. §

Debut de section - PermalienPhoto de Bernard Buis

Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, cette proposition de loi, déposée par le député Didier Le Gac, vise à lutter contre le dumping social pratiqué par certains armateurs étrangers en refusant les pratiques concurrentielles déloyales dans les eaux françaises.

Ce texte fait écho au licenciement brutal, en mars 2022, de 786 marins de la compagnie britannique P&O Ferries, sans préavis, par visioconférence, et à leur remplacement par des marins non européens, de diverses nationalités, majoritairement des Philippins. Les navires de la compagnie, initialement sous pavillon britannique, étaient passés sous pavillon chypriote. L'objectif de la compagnie était bien de réduire ses coûts en augmentant le temps de travail, en diminuant les temps de repos et en abaissant le salaire horaire des marins.

Les compagnies françaises font face à une concurrence déloyale très brutale, notamment sur les liaisons maritimes entre la France et l'Angleterre.

Le transport transmanche s'effectue dans un couloir de navigation parmi les plus empruntés au monde, dans lequel on dénombre plus de 700 passages de navires par jour. Les deux compagnies Irish Ferries et P&O Ferries concentrent aujourd'hui 30 % du marché transmanche.

Le Brexit est venu accroître le risque de généralisation du dumping social en sortant les relations maritimes entre les ports français et le Royaume-Uni du cadre réglementaire européen, notamment des règles de protection des travailleurs mobiles internationaux.

Ainsi, la proposition de loi que nous examinons tend à restaurer la justice sociale en renforçant la protection des marins, mise à mal par la concurrence de compagnies se livrant à des pratiques commerciales déloyales.

Pour ce faire, il est proposé d'imposer l'application du salaire minimum français aux équipages de toutes les compagnies maritimes, quel que soit leur pavillon, assurant des liaisons régulières internationales de passagers touchant un port français.

Il est également proposé de mettre en place une durée de repos à terre au moins équivalente à la durée d'embarquement des marins, afin d'assurer la sécurité de la navigation et de lutter contre les pollutions marines.

Enfin, la fourniture, par les marins résidant à l'étranger, d'un certificat d'aptitude médicale à la navigation répondant aux exigences minimales fixées à l'échelon international est également prévue.

À l'Assemblée nationale, les députés ont souhaité profiter de ce véhicule législatif pour lutter contre le dumping social sur toutes les façades maritimes et dans toutes les activités en reprenant le dispositif de l'État d'accueil, qui impose les mêmes règles en matière de droit du travail et de salaire aux navires transportant des voyageurs entre deux ports français et aux navires qui travaillent dans les eaux françaises.

Ils ont ainsi ajouté deux articles dans le texte.

L'article 1er bis visait à renforcer les sanctions pénales en cas de non-respect des conditions sociales minimales françaises sur les navires étrangers assurant la liaison entre la Corse et le continent, sur les navires de travaux, de service et d'exploitation des éoliennes en mer et sur les yachts battant pavillon autre que français.

L'article 1er ter prévoyait des sanctions administratives pour permettre à l'administration de sanctionner plus facilement le manquement des employeurs et des armateurs à ces obligations sociales.

Nous regrettons que ces deux articles visant à sécuriser le dispositif de l'État d'accueil aient été supprimés par la commission des affaires sociales du Sénat. C'est la raison pour laquelle nous proposerons de les rétablir afin de permettre l'extension du champ d'application du texte au-delà du transmanche. Nous souhaitons ainsi renforcer nos moyens de lutte contre les compagnies qui viennent fausser le jeu de la concurrence en ne respectant pas les conditions salariales minimales des marins.

Nous attendons de connaître le sort qui sera réservé à l'amendement du Gouvernement visant à modifier les dispositions initiales du texte, mais notre groupe votera bien sûr cette proposition de loi. Nous espérons par ailleurs que la navette parlementaire aboutira le plus rapidement possible afin de répondre aux attentes très fortes du secteur. Il s'agit de faire en sorte que la loi puisse entrer en vigueur si possible dès le mois de janvier 2024, car il y a urgence ! §

Photo de Gérard Larcher

La parole est à M. le ministre de la santé et de la prévention.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Luc Fichet

Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, nous sommes réunis aujourd'hui au Sénat pour examiner la proposition de loi visant à lutter contre le dumping social sur le transmanche et à renforcer la sécurité du transport maritime, l'intitulé du texte ayant été complété à la suite de l'adoption de l'amendement de notre rapporteur, dont je salue la qualité du travail.

Cette proposition de loi est la réponse aux agissements scandaleux de la compagnie P&O Ferries, dont les navires battent pavillon chypriote : le 17 mars 2022, elle a licencié 786 marins britanniques sans préavis ni la moindre consultation des organisations syndicales. Dans la foulée, cette compagnie a embauché des salariés venant de pays où la main-d'œuvre est à bas coût et où le droit du travail et le salaire minimum britannique ne sont pas respectés.

Face à cette situation intolérable, les acteurs français de la liaison transmanche et les élus ont lancé un appel, le 5 novembre 2022, à Saint-Malo, pour demander collectivement d'agir contre le dumping social. Cette initiative a été relayée par l'ensemble des parlementaires bretons, qui vous ont alerté dans un courrier commun, monsieur le secrétaire d'État.

Le trafic maritime transmanche représente la zone de navigation la plus dense d'Europe : un camion fait la traversée par bateau toutes les cinq secondes ; un navire y entre et en sort toutes les trois minutes ; 91 000 personnes la traversent quotidiennement.

La bonne nouvelle, c'est que le besoin de légiférer est partagé des deux côtés de la Manche. En effet, un projet de loi de même nature doit être adopté côté britannique. J'insiste par ailleurs sur le fait que les scandaleux licenciements de marins le 17 mars 2022 ont été rendus possibles par le Brexit.

Cette proposition de loi vise donc à protéger tous les marins et à imposer le versement du salaire minimum français aux équipages de toutes les compagnies maritimes, peu importe leur pavillon, dès lors qu'elles assurent des liaisons régulières internationales de passagers touchant un port français. Les lignes concernées seront définies par décret.

La proposition de loi impose également une durée de repos à terre au moins équivalente à la durée d'embarquement des marins afin d'assurer la sécurité de la navigation et de lutter contre les pollutions marines. La durée maximale d'embarquement sera également déterminée par décret.

Je serai donc très attentif, monsieur le secrétaire d'État, à la rédaction de ces décrets, qui doivent répondre aux attentes des différents acteurs.

Je suis par ailleurs très conscient du caractère contraint de cette proposition de loi. Nous devons veiller à ce qu'elle ne soit pas considérée comme contraire à la Constitution ou au droit de l'Union européenne.

Il faut sécuriser le dispositif en veillant, en particulier, à la stricte proportionnalité des sanctions prévues en cas de manquement à ces obligations. De plus, il ne faut pas brouiller notre message commun de lutte contre le dumping social sur le transmanche en introduisant des mesures sans rapport avec l'objet du texte.

Il est urgent de tordre le cou à la concurrence déloyale que nous connaissons aujourd'hui et que l'on peut assimiler à une forme d'esclavage dans le milieu marin.

Notre groupe est également favorable à l'alignement des sanctions pénales prévues en cas de non-conformité des certificats d'aptitude médicale étrangers, ainsi qu'à l'adoption de l'amendement de notre rapporteur, qui vise à étendre cette disposition aux gens de mer autres que les marins.

Si nous sommes favorables à ce texte, nous serons toutefois vigilants sur un certain nombre de points, tout d'abord, je l'ai déjà dit, à la rédaction des décrets, instruits que nous sommes sur la propension du Gouvernement à passer en force sans dialogue ni écoute.

Nous serons ensuite attentifs à l'évolution de la législation côté britannique. Un texte a certes été voté par le Parlement britannique le 28 mars dernier, mais il n'entrera pleinement en vigueur qu'après l'adoption de dispositions réglementaires au début de l'année 2024.

Cette proposition de loi est un appel à la responsabilité et à la mobilisation partout en Europe pour lutter contre le dumping social dans le domaine maritime. Que compte faire le gouvernement français, monsieur le secrétaire d'État, pour promouvoir cette législation ?

Tout en restant très vigilants sur ces différents points, nous voterons bien sûr ce texte visant à lutter contre le dumping social sur le transmanche et à renforcer la sécurité du transport maritime. §

François Braun

Madame la sénatrice Michelle Meunier, je vous remercie de me réserver votre dernière question dans cet hémicycle. Cela me permet de saluer votre carrière au service de nos concitoyens, mais également de rétablir quelques vérités.

Photo de Bernard Buis

Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, cette proposition de loi, déposée par le député Didier Le Gac, vise à lutter contre le dumping social pratiqué par certains armateurs étrangers en refusant les pratiques concurrentielles déloyales dans les eaux françaises.

Ce texte fait écho au licenciement brutal, en mars 2022, de 786 marins de la compagnie britannique P&O Ferries, sans préavis, par visioconférence, et à leur remplacement par des marins non européens, de diverses nationalités, majoritairement des Philippins. Les navires de la compagnie, initialement sous pavillon britannique, étaient passés sous pavillon chypriote. L'objectif de la compagnie était bien de réduire ses coûts en augmentant le temps de travail, en diminuant les temps de repos et en abaissant le salaire horaire des marins.

Les compagnies françaises font face à une concurrence déloyale très brutale, notamment sur les liaisons maritimes entre la France et l'Angleterre.

Le transport transmanche s'effectue dans un couloir de navigation parmi les plus empruntés au monde, dans lequel on dénombre plus de 700 passages de navires par jour. Les deux compagnies Irish Ferries et P&O Ferries concentrent aujourd'hui 30 % du marché transmanche.

Le Brexit est venu accroître le risque de généralisation du dumping social en sortant les relations maritimes entre les ports français et le Royaume-Uni du cadre réglementaire européen, notamment des règles de protection des travailleurs mobiles internationaux.

Ainsi, la proposition de loi que nous examinons tend à restaurer la justice sociale en renforçant la protection des marins, mise à mal par la concurrence de compagnies se livrant à des pratiques commerciales déloyales.

Pour ce faire, il est proposé d'imposer l'application du salaire minimum français aux équipages de toutes les compagnies maritimes, quel que soit leur pavillon, assurant des liaisons régulières internationales de passagers touchant un port français.

Il est également proposé de mettre en place une durée de repos à terre au moins équivalente à la durée d'embarquement des marins, afin d'assurer la sécurité de la navigation et de lutter contre les pollutions marines.

Le respect, pour les marins résidant à l'étranger, d'un certificat d'aptitude médicale à la navigation répondant aux exigences minimales prévues à l'échelon international est enfin prévu.

À l'Assemblée nationale, les députés ont souhaité profiter de ce véhicule législatif pour lutter contre le dumping social sur toutes les façades maritimes et dans toutes les activités en reprenant le dispositif de l'État d'accueil, qui impose les mêmes règles en matière de droit du travail et de salaire aux navires transportant des voyageurs entre deux ports français et aux navires qui travaillent dans les eaux françaises.

Ils ont ainsi ajouté deux articles dans le texte.

L'article 1er bis visait à renforcer les sanctions pénales en cas de non-respect des conditions sociales minimales françaises sur les navires étrangers assurant la liaison entre la Corse et le continent, sur les navires de travaux, de service et d'exploitation des éoliennes en mer et les yachts battant pavillon autre que français.

L'article 1er ter prévoyait des sanctions administratives pour permettre à l'administration de sanctionner plus facilement le manquement des employeurs et des armateurs à ces obligations sociales.

Nous regrettons que ces deux articles visant à sécuriser le dispositif de l'État d'accueil aient été supprimés par la commission des affaires sociales du Sénat. C'est la raison pour laquelle nous proposerons de les rétablir afin de permettre l'extension du champ d'application du texte au-delà du transmanche. Nous souhaitons ainsi renforcer nos moyens de lutte contre les compagnies qui viennent fausser le jeu de la concurrence en ne respectant pas les conditions salariales minimales des marins.

Nous attendons de connaître le sort qui sera réservé à l'amendement du Gouvernement visant à modifier les dispositions initiales du texte, mais notre groupe votera bien sûr cette proposition de loi. Nous espérons par ailleurs que la navette parlementaire aboutira le plus rapidement possible afin de répondre aux attentes très fortes du secteur. Il s'agit de faire en sorte que la loi puisse entrer en vigueur si possible dès le mois de janvier 2024. Il y a urgence ! §

Photo de Jean-Luc Fichet

Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, nous sommes réunis aujourd'hui au Sénat pour examiner la proposition de loi visant à lutter contre le dumping social sur le transmanche et à renforcer la sécurité du transport maritime, l'intitulé du texte ayant été complété à la suite de l'adoption de l'amendement de notre rapporteur, dont je salue la qualité du travail.

Cette proposition de loi est la réponse aux agissements scandaleux de la compagnie P&O Ferries, battant pavillon chypriote, qui, le 17 mars 2022, a licencié 786 marins britanniques sans préavis ni la moindre consultation des organisations syndicales. Dans la foulée, cette compagnie a embauché des salariés venant de pays où la main-d'œuvre est à bas coût et où le droit du travail et le salaire minimum britannique ne sont pas respectés.

Face à cette situation intolérable, les acteurs français de la liaison transmanche et les élus ont lancé un appel, le 5 novembre 2022 à Saint-Malo, pour demander collectivement d'agir contre le dumping social. Cette initiative a été relayée par l'ensemble des parlementaires bretons, qui vous ont alerté par un courrier commun, monsieur le secrétaire d'État.

Le trafic maritime transmanche constitue la zone de navigation la plus dense d'Europe : un camion fait la traversée par bateau toutes les cinq secondes ; un navire entre et sort toutes les trois minutes ; 91 000 personnes la traversent quotidiennement.

La bonne nouvelle, c'est que le besoin de légiférer est partagé des deux côtés de la Manche. En effet, un projet de loi de même nature doit être adopté côté britannique. J'insiste par ailleurs sur le fait que les scandaleux licenciements de marins le 17 mars 2022 ont été rendus possibles par le Brexit.

Cette proposition de loi vise donc à protéger tous les marins et à imposer le versement du salaire minimum français aux équipages de toutes les compagnies maritimes, peu importe leur pavillon, dès lors qu'elles assurent des liaisons régulières internationales de passagers touchant un port français. Les lignes concernées seront définies par décret.

La proposition de loi impose également une durée de repos à terre au moins équivalente à la durée d'embarquement des marins afin d'assurer la sécurité de la navigation et de lutter contre les pollutions marines. La durée maximale d'embarquement sera également déterminée par décret.

Je serai donc très attentif, monsieur le secrétaire d'État, à la rédaction de ces décrets, qui doivent répondre aux attentes des différents acteurs.

Je suis par ailleurs très conscient du caractère contraint de cette proposition de loi. Nous devons veiller à ce qu'elle ne soit pas considérée comme contraire à la Constitution ou au droit de l'Union européenne.

Il faut sécuriser le dispositif en veillant, en particulier, à la stricte proportionnalité des sanctions prévues en cas de manquement à ces obligations. De plus, il ne faut pas brouiller notre message commun de lutte contre le dumping social sur le transmanche en introduisant des mesures sans rapport avec l'objet du texte.

Il est urgent de tordre le cou à la concurrence déloyale que nous connaissons aujourd'hui et que l'on peut assimiler à une forme d'esclavage dans le milieu marin.

Cette proposition de loi

Notre groupe est également favorable à l'alignement des sanctions pénales prévues en cas de non-conformité des certificats d'aptitude médicale étrangers, ainsi qu'à l'adoption de l'amendement de notre rapporteur, qui vise à étendre cette mesure aux gens de mer autres que les marins.

Si nous sommes favorables à ce texte, nous serons toutefois vigilants sur un certain nombre de points, tout d'abord, je l'ai déjà dit, à la rédaction des décrets, instruits que nous sommes sur la propension du Gouvernement à passer en force sans dialogue ni écoute.

Nous serons ensuite attentifs à l'évolution de la législation côté britannique. Un texte a certes été adopté par le Parlement britannique le 28 mars dernier, mais il n'entrera pleinement en vigueur qu'après l'adoption de dispositions réglementaires au début de l'année 2024.

Cette proposition de loi est un appel à la responsabilité et à la mobilisation partout en Europe pour lutter contre le dumping social dans le domaine maritime. Que compte faire le gouvernement français, monsieur le secrétaire d'État, pour promouvoir cette législation ?

Tout en restant très vigilants sur ces différents points, nous voterons bien sûr ce texte visant à lutter contre le dumping social sur le transmanche et à renforcer la sécurité du transport maritime. §

Debut de section - PermalienPhoto de Cathy Apourceau-Poly

Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, je débuterai mon intervention en ayant une pensée pour les soixante-dix-huit morts et les centaines de disparus lors du naufrage d'un navire la semaine dernière au large du Péloponnèse, ainsi que pour les migrants qui meurent chaque mois dans la Manche.

Ces drames doivent nous conduire à renforcer les sanctions internationales contre les passeurs, qui profitent de la détresse au mépris des vies humaines.

La proposition de loi qui nous est aujourd'hui soumise vise à lutter contre le dumping social sur le transmanche. L'objectif est de fixer des normes minimales de travail pour les marins des navires en activité dans le transmanche afin de lutter contre la concurrence des compagnies maritimes qui tirent les droits sociaux vers le bas. Cette concurrence affecte nos compagnies qui opèrent sur les lignes au départ de Bretagne, de Normandie, des Hauts-de-France, ainsi que l'activité du port sec de Calais-Eurotunnel.

Le transport maritime fait l'objet depuis de nombreuses années d'un dumping social massif, y compris sous l'égide de l'Union européenne, dont le principe de concurrence libre et non faussée a brisé beaucoup de normes et même remis en cause la continuité territoriale et les liaisons intérieures.

Les compagnies les moins regardantes socialement ont vu dans le Brexit l'occasion de développer des stratégies commerciales agressives, afin de s'imposer sur le marché du cabotage entre le continent et les côtes britanniques. Elles ont cassé les prix et appliqué les droits sociaux les plus réduits possible en ayant recours au pavillon chypriote.

Le point de départ de cette proposition de loi est le licenciement de 786 marins le 17 mars 2022 par la société P&O Ferries, au cours d'une visioconférence de trois minutes, et leur remplacement par des personnels issus de pays extraeuropéens à faible coût de main-d'œuvre.

À 6 dollars de l'heure, le groupe propose un salaire inférieur de moitié au minimum français ou britannique, alors que les rythmes de travail sont particulièrement intenses.

La rotation des équipages est un puissant élément de réduction des coûts de la main-d'œuvre. Chez P&O Ferries, les contrats de travail temporaires prévoient jusqu'à 17 semaines consécutives passées à bord des navires et 82 heures de travail hebdomadaire pour les personnels d'exécution. En outre, ils n'intègrent pas les repos compensateurs et les congés payés.

Cette situation n'est pas complètement nouvelle, puisqu'en 2014, déjà, mon collègue Éric Bocquet avait rédigé un rapport d'information, Le droit en soute : le dumping social dans les transports européens, dans lequel il mettait en garde contre les conséquences du dumping social dans le transport maritime et recommandait d'appliquer le critère de rattachement au droit du pays du port dans lequel les gens de mer exercent régulièrement leur activité.

Le 31 janvier 2023, nos collègues députés communistes Sébastien Jumel et Jean-Paul Lecoq ont déposé une proposition de loi visant à lutter contre le dumping social dans le cabotage maritime transmanche, qui allait plus loin que le texte proposé par le groupe Renaissance.

Ce dernier constitue néanmoins un progrès pour les marins en fixant l'obligation de verser un salaire minimum équivalent au Smic français et en prévoyant une organisation du travail fondée sur l'équivalence entre la durée d'embarquement et le temps de repos à terre.

Cette proposition de loi va dans le bon sens, mais elle reste au milieu du gué. En effet, elle ne prend pas en compte les rythmes de travail, élément essentiel à la sécurité en mer.

Le groupe communiste républicain citoyen et écologiste votera néanmoins ce texte. Nous pensons en effet qu'il y a véritablement urgence. Cette proposition de loi ne réglera pas l'ensemble des problèmes et il nous reste beaucoup à faire pour lutter efficacement contre le dumping social, mais il s'agit d'un premier pas. Monsieur le secrétaire d'État, faites en sorte qu'un véritable travail soit engagé pour aller encore plus loin. §

François Braun

Le Gouvernement et la majorité ont mis en place le « 100 % santé » pour l’optique, pour les prothèses auditives et pour le dentaire. C’est un progrès majeur en matière d’accès à la santé pour nos concitoyens. Ce n’est bien sûr pas remis en cause. Voilà qui dément l’affirmation selon laquelle nous pourrions vouloir une médecine à deux vitesses. Ce n’est absolument pas le cas, loin de là !

Nous avons conçu cette avancée avec les complémentaires santé, absolument pas, tant s’en faut, en opposition avec elles. Depuis que je suis arrivé au ministère, je les rencontre très régulièrement.

Depuis 2011, en raison de la progression des affections de longue durée (ALD) dans notre pays, mais aussi des nombreuses dépenses prises en charge à 100 % par l’assurance maladie, la sécurité sociale assume une part de plus en plus importante des frais par rapport aux complémentaires. De fait, l’intervention de la sécurité sociale lors des prises en charge a augmenté de trois points pendant que celle des complémentaires diminuait d’un point et celle des ménages de deux points.

Dès lors, nous devons garantir l’avenir de notre système de santé et l’accès à tous aux innovations pour faire face aux nouveaux enjeux, comme le virage préventif. Dans ce cadre, tous les acteurs doivent faire des efforts, y compris les complémentaires.

C’est le sens de la mesure à laquelle vous faites référence. Elle prévoit un plus grand engagement financier des complémentaires dans les soins dentaires afin de mettre en place aux côtés de l’assurance maladie un « 100 % prévention » et de réussir l’objectif d’une génération sans carie.

En matière d’arrêts maladie, nous examinons soigneusement la situation, afin de limiter les abus, où qu’ils soient. Je resterai évidemment très vigilant au sein de ce gouvernement pour que les Français soient indemnisés à juste proportion lorsqu’ils sont malades.

Vous le voyez, madame la sénatrice, ce gouvernement a une ligne claire. Il est bien légitime d’identifier des marges d’économies là où c’est possible et supportable pour garantir la pérennité de nos systèmes de protection, mais cela ne s’effectuera jamais au détriment de l’accès aux soins pour tous les Français.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Marie Vanlerenberghe

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, la Manche est l'une des mers les plus fréquentées au monde. Quatre ans après le Brexit, elle est au cœur de la relation franco-britannique. Le trafic de passagers et de fret représente en effet une activité importante pour les ports de nos deux pays.

Jusqu'à récemment, le transport transmanche était caractérisé par la bonne qualité des relations entre les principaux concurrents du marché, des compagnies françaises et anglo-saxonnes pour l'essentiel. Cet équilibre garantissait des conditions de travail décentes pour les marins et une sécurité accrue pour les passagers, dans un contexte de trafic dense, où la formation des travailleurs de la mer se doit d'être optimale pour éviter les accidents.

Les choses ont commencé à changer au printemps 2021, lorsque le transporteur irlandais Irish Ferries s'est mis à lancer des traversées France-Angleterre low cost sous pavillon chypriote, en payant ses marins au rabais pour des semaines de travail à rallonge. La compagnie anglaise P&O Ferries lui a emboîté le pas, jusqu'à licencier brutalement, en mars 2022, près de 800 marins britanniques. Grâce au pavillon chypriote, P&O Ferries a ensuite remplacé ces marins par des salariés colombiens et des intérimaires bien moins rémunérés.

Ces pratiques, qui peuvent à juste titre être qualifiées de dumping social, sont une forme de concurrence déloyale nuisant à la compétitivité des transporteurs français sur le marché transmanche. Elles menacent les conditions de travail et les droits sociaux des marins de nos deux pays et, en soumettant les gens de mer les moins qualifiés à des cadences de travail déraisonnables, comme cela a été rappelé, elles multiplient les risques d'accident et de catastrophe écologique.

Or ces abus sont rendus possibles par l'insuffisance du droit en vigueur, qui soumet les navires non pas au droit du travail des pays dans les eaux desquels ils naviguent, mais plutôt à celui, moins protecteur, du pays dont ils battent pavillon.

La présente proposition de loi est donc bienvenue, d'autant qu'elle fait écho à un texte similaire déjà adopté par le Parlement britannique et promulgué le 28 mars dernier. Il était en effet nécessaire que nos pays coordonnent leurs efforts pour proposer un cadre commun qui limite les risques d'insécurité juridique pour les marins et les entreprises de transport transmanche.

L'objet du présent texte est ainsi d'appliquer les garanties essentielles des droits du travail français et britannique, au premier chef le salaire minimum, aux équipages de toutes les compagnies maritimes, quel que soit leur pavillon, effectuant des liaisons régulières de passagers touchant un port français. Je remercie les rapporteures, Catherine Procaccia et Nadège Havet, d'avoir éclairci les dispositions de cette proposition de loi et d'en avoir enrichi le contenu en commission.

Grâce au travail du Sénat, la sécurité de la navigation et la lutte contre les pollutions marines seront mieux prises en compte pour déterminer la durée maximale d'embarquement des marins, et donc leur durée minimale de repos à terre. Non seulement les marins, mais aussi tous les gens de mer, qu'ils soient mécaniciens, cuisiniers, hôtes ou hôtesses de bord, devront disposer d'un certificat d'aptitude médical valide garantissant la plus grande sécurité des passagers.

Avec les membres du groupe Union Centriste, je soutiens l'adoption de la présente proposition de loi, qui permettra de rétablir un juste équilibre entre concurrence et protection des droits des travailleurs sur le trafic transmanche. Il n'est pas tolérable que des entreprises dictent aux États le droit du travail s'appliquant dans leurs propres eaux territoriales.

Restera ensuite au Gouvernement le soin de préciser le cadre d'application de la loi, et notamment les lignes de trafic concernées par ses dispositions. En l'état, le texte prévoit que ces lignes seront déterminées « selon des critères d'exploitation, notamment la fréquence de touchée d'un port français par un navire, fixés par décret en Conseil d'État ». Il pourrait être judicieux, monsieur le secrétaire d'État, que la fréquence de touchée soit alignée sur celle qui est prévue par la loi britannique adoptée en mars, à savoir un minimum de cent vingt touchées par an.

Pour respecter la volonté du législateur, il conviendra également de faire en sorte que ce texte s'applique en priorité au transmanche, et avec discernement aux autres mers ou océans. Je pense en particulier à l'article 1er ter, que le Gouvernement semble vouloir rétablir.

Enfin, un travail de coordination avec le Gouvernement britannique s'imposera pour préciser lequel, du salaire minimum français ou britannique, s'imposera aux transporteurs. Bien que les différences entre les deux salaires soient faibles, évitons de plonger les compagnies dans l'incertitude et limitons les pratiques d'optimisation sociale susceptibles d'en découler.

Au bénéfice de ces observations, mon groupe votera ce texte. §

Photo de Gérard Larcher

La parole est à Mme Michelle Meunier, pour la réplique.

Photo de Cathy Apourceau-Poly

Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, je débuterai mon intervention en ayant une pensée pour les soixante-dix-huit morts et les centaines de disparus lors du naufrage d'un navire la semaine dernière au large du Péloponnèse, ainsi que pour les migrants qui meurent chaque mois dans la Manche.

Ces drames doivent entraîner un renforcement des sanctions internationales contre les passeurs, qui profitent de la détresse au mépris des vies humaines.

La proposition de loi qui nous est aujourd'hui soumise vise à lutter contre le dumping social sur le transmanche. L'objectif est de fixer des normes minimales de travail pour les marins des navires en activité dans le transmanche afin de lutter contre la concurrence des compagnies maritimes qui tirent les droits sociaux vers le bas. Cette concurrence affecte nos compagnies qui opèrent sur les lignes au départ de Bretagne, de Normandie, des Hauts-de-France, ainsi que l'activité du port sec de Calais-Eurotunnel.

Le transport maritime fait l'objet depuis de nombreuses années d'un dumping social massif, y compris sous l'égide de l'Union européenne, dont le principe de concurrence libre et non faussée a brisé beaucoup de normes et même remis en cause la continuité territoriale et les liaisons intérieures.

Les compagnies les moins regardantes socialement ont vu dans le Brexit l'occasion de développer des stratégies commerciales agressives, afin de s'imposer sur le marché du cabotage entre le continent et les côtes britanniques. Elles ont cassé les prix et appliqué les droits sociaux les plus réduits possible en ayant recours au pavillon chypriote.

Le point de départ de cette proposition de loi est le licenciement de 786 marins le 17 mars 2022 par la société P&O Ferries, au cours d'une visioconférence de trois minutes, et leur remplacement par des personnels issus de pays extraeuropéens à faible coût de main-d'œuvre.

À 6 dollars de l'heure, le groupe propose un salaire inférieur de moitié au minimum français ou britannique, alors que les rythmes de travail sont particulièrement intenses.

La rotation des équipages est un puissant élément de réduction des coûts de la main-d'œuvre. Chez P&O Ferries, les contrats de travail temporaires prévoient jusqu'à 17 semaines consécutives passées à bord des navires et 82 heures de travail hebdomadaire pour les personnels d'exécution. En outre, ils n'intègrent pas les repos compensateurs et les congés payés.

Cette situation n'est pas complètement nouvelle, puisqu'en 2014, déjà, mon collègue Éric Bocquet avait rédigé un rapport d'information, Le droit en soute : le dumping social dans les transports européens, dans lequel il mettait en garde contre les conséquences du dumping social dans le transport maritime et recommandait d'appliquer le critère de rattachement au droit du pays du port dans lequel les gens de mer exercent régulièrement leur activité.

Le 31 janvier 2023, nos collègues députés communistes Sébastien Jumel et Jean-Paul Lecoq ont déposé une proposition de loi visant à lutter contre le dumping social dans le cabotage maritime transmanche, qui allait plus loin que le texte proposé par le groupe Renaissance.

Ce dernier constitue néanmoins un progrès pour les marins en fixant l'obligation de verser un salaire minimum équivalent au Smic français et en prévoyant une organisation du travail fondée sur l'équivalence entre la durée d'embarquement et le temps de repos à terre.

Cette proposition de loi va dans le bon sens, mais elle reste au milieu du gué. En effet, elle ne prend pas en compte les rythmes de travail, élément essentiel à la sécurité en mer.

Le groupe communiste républicain citoyen et écologiste votera néanmoins ce texte. Nous pensons en effet qu'il y a véritablement urgence. Cette proposition de loi ne réglera pas l'ensemble des problèmes et il nous reste beaucoup à faire pour lutter efficacement contre le dumping social, mais il s'agit d'un premier pas. Monsieur le secrétaire d'État, faites en sorte qu'un véritable travail soit engagé pour aller encore plus loin. §

Debut de section - PermalienPhoto de Christian Bilhac

Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, le texte qui nous arrive de l'Assemblée nationale vise à répondre à la dégradation des conditions de travail des marins embarqués sur les ferries des liaisons maritimes transmanche et, dans un même élan, de limiter la concurrence déloyale exercée par les armateurs étrangers.

Il oppose aux compagnies qui ne respecteraient pas les dispositions votées un double régime de sanctions, à la fois pénales et administratives, en s'appuyant sur un outil méconnu du droit européen : la loi de police.

Les gens de mer connaissent des conditions de travail et de rémunération très différentes selon le droit en vigueur du pavillon dont relève le navire sur lequel ils naviguent ou encore suivant le pays choisi en référence dans le contrat de travail signé avec la compagnie qui les emploie. Le droit du travail en la matière se limite à une simple recommandation de l'Organisation internationale du travail (OIT) de fixer à 658 dollars américains le salaire minimum mensuel pour les marins.

Ainsi, la flotte sous pavillon français est confrontée à la concurrence déloyale des compagnies maritimes sous pavillon de complaisance.

En 2021, l'arrivée de la compagnie Irish Ferries sur le marché a provoqué un séisme. Battant pavillon chypriote, elle a embauché des personnels à moindre coût. Ses concurrents se sont alignés et, en 2022, la société P&O Ferries, passée elle aussi sous pavillon chypriote, a licencié 786 salariés pour recruter des marins essentiellement philippins, à des conditions sociales tirées vers le bas, entraînant tout le secteur : salaires inférieurs de 60 % aux salaires français, coûts de production inférieurs de 35 % à ceux des bateaux français, durée d'embarquement très supérieure à la durée du repos.

Pour les navires sous pavillon d'un État membre de l'Union européenne, le droit européen donne aux États membres la possibilité de voter des lois de police valables quelles que soient les lois nationales applicables au contrat de travail individuel. L'État côtier peut alors refuser au bateau ne respectant pas cette loi de police l'accès à ses eaux.

Cette dérogation aux règles de la libre prestation de services est ainsi énoncée : « Une loi de police est une disposition impérative dont le respect est jugé crucial par un pays pour la sauvegarde de ses intérêts publics, tels que son organisation politique, sociale ou économique, au point d'en exiger l'application à toute situation entrant dans son champ d'application, quelle que soit par ailleurs la loi applicable au contrat ».

Aussi, la proposition de loi prévoit le versement d'un salaire minimum horaire de branche, applicable en France, ainsi qu'une parité entre temps de repos à terre et durée d'embarquement.

Saisie sur le fond, la commission des affaires sociales a limité les risques qu'une juridiction considère les sanctions prévues non conformes au droit de l'Union européenne. Quant à la commission des affaires économiques, son avis est favorable, malgré quelques réserves mineures.

Un décret en Conseil d'État devra préciser quelles lignes internationales seront concernées par la loi. Il devra, en tout état de cause, entrer en vigueur avant janvier 2024, date à laquelle une loi britannique similaire entrera en application.

La peine d'interdiction d'accoster dans un port français pour tous les navires de la flotte d'une compagnie, en cas de troisième infraction constatée, a été supprimée en commission. Il est vrai qu'elle était manifestement disproportionnée. On connaît les pratiques des armateurs en matière de volatilité des pavillons de leurs navires...

Je m'interroge aussi sur le caractère suffisamment dissuasif du montant des amendes prévues.

Enfin, le groupe du RDSE propose de réintroduire les articles 1er bis et 1er ter sur le dispositif de l'État d'accueil ; nous espérons que nous serons suivis. Le doublement des sanctions pénales et la création de sanctions administratives permettront de réprimer les manquements en matière de droit du travail maritime, de droit social, mais aussi les actions mettant en péril la sécurité maritime.

Si le texte ne visait initialement que le transmanche, les travaux de l'Assemblée nationale avaient permis d'étendre son champ d'application, afin de renforcer nos moyens de lutte et d'action contre tous ceux qui viennent fausser le jeu de la concurrence sur le dos des marins. Ce texte doit nous permettre de refuser des pratiques déloyales partout dans les eaux françaises et de préserver le pavillon français, très respectueux des droits sociaux.

C'est dans cet esprit que le groupe du RDSE votera ce texte, protecteur du bien-être des gens de mer.

Photo de Michelle Meunier

Mme Michelle Meunier . Monsieur le ministre, nous ne serons pas d’accord. Vous sapez l’hôpital public. Vous ne répondez pas à nos propositions, par exemple celle d’instituer un ratio de soignants par patient. Vous ne répondez pas non plus à la colère de celles et de ceux qui cotisent, qui voient le nombre de soignants diminuer et qui, surtout, ne voient pas le fruit de leurs efforts.

Photo de Jean-Marie Vanlerenberghe

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, la Manche est l'une des mers les plus fréquentées au monde. Quatre ans après le Brexit, elle est au cœur de la relation franco-britannique. Le trafic de passagers et de fret représente en effet une activité importante pour les ports de nos deux pays.

Jusqu'à récemment, le transport transmanche était caractérisé par la bonne qualité des relations entre les principaux concurrents du marché, des compagnies françaises et anglo-saxonnes pour l'essentiel. Cet équilibre garantissait des conditions de travail décentes pour les marins et une sécurité accrue pour les passagers, dans un contexte de trafic dense, où la formation des travailleurs de la mer se doit d'être optimale pour éviter les accidents.

Les choses ont commencé à changer au printemps 2021, lorsque le transporteur irlandais Irish Ferries s'est mis à lancer des traversées France-Angleterre low cost sous pavillon chypriote, en payant ses marins au rabais pour des semaines de travail à rallonge. La compagnie anglaise P&O Ferries lui a emboîté le pas, jusqu'à licencier brutalement, en mars 2022, près de 800 marins britanniques. Grâce au pavillon chypriote, P&O Ferries a ensuite remplacé ces marins par des salariés colombiens et des intérimaires bien moins rémunérés.

Ces pratiques, qui peuvent à juste titre être qualifiées de dumping social, sont une forme de concurrence déloyale nuisant à la compétitivité des transporteurs français sur le marché transmanche. Elles menacent les conditions de travail et les droits sociaux des marins de nos deux pays et, en soumettant les gens de mer les moins qualifiés à des cadences de travail déraisonnables, comme cela a été rappelé, elles multiplient les risques d'accident et de catastrophe écologique.

Or ces abus sont rendus possibles par l'insuffisance du droit en vigueur, qui soumet les navires non pas au droit du travail des pays dans les eaux desquels ils naviguent, mais plutôt à celui, moins protecteur, du pays dont ils battent pavillon.

La présente proposition de loi est donc bienvenue, d'autant qu'elle fait écho à un texte similaire déjà adopté par le Parlement britannique et promulgué le 28 mars dernier. Il était en effet nécessaire que nos pays coordonnent leurs efforts pour proposer un cadre commun qui limite les risques d'insécurité juridique pour les marins et les entreprises de transport transmanche.

L'objet du présent texte est ainsi d'appliquer les garanties essentielles des droits du travail français et britannique, au premier chef le salaire minimum, aux équipages de toutes les compagnies maritimes, quel que soit leur pavillon, effectuant des liaisons régulières de passagers touchant un port français. Je remercie les rapporteurs, Catherine Procaccia et Nadège Havet, d'en avoir éclairci les dispositions et enrichi le contenu en commission.

Grâce au travail du Sénat, la sécurité de la navigation et la lutte contre les pollutions marines seront mieux prises en compte pour déterminer la durée maximale d'embarquement des marins, et donc leur durée minimale de repos à terre. Non seulement les marins, mais aussi tous les gens de mer, qu'ils soient mécaniciens, cuisiniers, hôtes ou hôtesses de bord devront disposer d'un certificat d'aptitude médical valide garantissant la plus grande sécurité des passagers.

Avec les membres du groupe Union Centriste, je soutiens l'adoption de la présente proposition de loi, qui permettra de rétablir le juste équilibre entre concurrence et protection des droits des travailleurs sur le trafic transmanche. Il n'est pas tolérable que des entreprises dictent aux États le droit du travail s'appliquant dans leurs propres eaux territoriales.

Restera ensuite au Gouvernement le soin de préciser le cadre d'application de la loi, et notamment les lignes de trafic concernées par ses dispositions. En l'état, le texte prévoit que ces lignes seront déterminées « selon des critères d'exploitation, notamment la fréquence de touchée d'un port français par un navire, fixés par décret en Conseil d'État ». Il pourrait être judicieux, monsieur le secrétaire d'État, que la fréquence de touchée soit alignée sur celle prévue par la loi britannique adoptée en mars, à savoir un minimum de cent vingt touchées par an.

Pour respecter la volonté du législateur, il conviendra également de faire en sorte que ce texte s'applique en priorité au transmanche, et avec discernement aux autres mers ou océans. Je pense en particulier à l'article 1er ter, que le Gouvernement semble vouloir rétablir.

Enfin, un travail de coordination avec le Gouvernement britannique s'imposera pour préciser lequel, du salaire minimum français ou britannique, s'imposera aux transporteurs. Bien que les différences entre les deux salaires soient faibles, évitons de plonger les compagnies dans l'incertitude et limitons les pratiques d'optimisation sociale susceptibles d'en découler.

Au bénéfice de ces observations, mon groupe votera ce texte. §

M. Jean-Claude Requier et Mme Colette Mélot applaudissent.

Photo de Christian Bilhac

Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, le texte qui nous arrive de l'Assemblée nationale propose de répondre à la dégradation des conditions de travail des marins embarqués sur les ferries des liaisons maritimes transmanche et, dans un même élan, de limiter la concurrence déloyale exercée par les armateurs étrangers.

Il oppose aux compagnies qui ne respecteraient pas les dispositions votées un double régime de sanctions, à la fois pénales et administratives, s'appuyant sur un volet méconnu du droit européen : la loi de police.

Les gens de mer connaissent des conditions de travail et de rémunération très différentes selon le droit en vigueur du pavillon dont relève le navire sur lequel ils naviguent ou encore suivant le pays choisi en référence dans le contrat de travail signé avec la compagnie qui les emploie. Le droit du travail en la matière se limite à une simple recommandation de l'Organisation internationale du travail (OIT) de fixer à 658 dollars américains le salaire minimum mensuel pour les marins.

Ainsi, la flotte sous pavillon français est confrontée à la concurrence déloyale des compagnies maritimes sous pavillon de complaisance.

En 2021, l'arrivée de la compagnie Irish Ferries sur le marché a provoqué un séisme. Battant pavillon chypriote, elle a embauché des personnels à moindre coût. Ses concurrents se sont alignés et, en 2022, la société P&O Ferries, passée elle aussi sous pavillon chypriote, a licencié 786 salariés pour recruter des marins essentiellement philippins, à des conditions sociales tirées vers le bas, entraînant tout le secteur : salaires inférieurs de 60 % aux salaires français, coûts de production inférieurs de 35 % à ceux des bateaux français, durée d'embarquement très supérieure à la durée du repos.

Pour les navires sous pavillon d'un État membre de l'Union européenne, le droit européen donne aux États membres la possibilité de voter des lois de police valables quelles que soient les lois nationales applicables au contrat de travail individuel. L'État côtier peut alors refuser au bateau ne respectant pas cette loi de police l'accès à ses eaux.

Cette dérogation aux règles de la libre prestation de service est ainsi énoncée : « Une loi de police est une disposition impérative dont le respect est jugé crucial par un pays pour la sauvegarde de ses intérêts publics, tels que son organisation politique, sociale ou économique, au point d'en exiger l'application à toute situation entrant dans son champ d'application, quelle que soit par ailleurs la loi applicable au contrat ».

Aussi, la proposition de loi prévoit le versement d'un salaire minimum horaire de branche, applicable en France, ainsi qu'une parité entre temps de repos à terre et durée d'embarquement.

Saisie sur le fond, la commission des affaires sociales a limité les risques qu'une juridiction considère les sanctions prévues comme non conformes au droit de l'Union européenne. Quant à la commission des affaires économiques, son avis est favorable, malgré quelques réserves mineures.

Un décret en Conseil d'État devra préciser quelles lignes internationales seront concernées par la loi. Il devra, en tout état de cause, entrer en vigueur avant janvier 2024, date à laquelle une loi britannique similaire entrera en application.

La peine d'interdiction d'accoster dans un port français pour tous les navires de la flotte d'une compagnie, en cas de troisième infraction constatée, a été supprimée en commission. Il est vrai qu'elle était manifestement disproportionnée. On connaît les pratiques des armateurs en matière de volatilité des pavillons de leurs navires...

Je m'interroge aussi sur le caractère suffisamment dissuasif du montant des amendes prévues.

Enfin, le groupe du RDSE propose de réintroduire les articles 1er bis et 1er ter sur le dispositif de l'État d'accueil ; nous espérons que nous serons suivis. Le doublement des sanctions pénales et la création de sanctions administratives permettront de réprimer les manquements en matière de droit du travail maritime, de droit social, mais aussi des actions mettant en péril la sécurité maritime.

Si le texte ne visait initialement que le transmanche, les travaux de l'Assemblée nationale avaient permis d'étendre son champ d'application, afin de renforcer nos moyens de lutte et d'action contre tous ceux qui viennent fausser le jeu de la concurrence sur le dos des marins. Ce texte doit nous permettre de refuser des pratiques déloyales partout dans les eaux françaises et de préserver le pavillon français, très respectueux des droits sociaux.

C'est dans cet esprit que le groupe du RDSE votera ce texte, protecteur du bien-être des gens de mer.

Debut de section - PermalienPhoto de Agnès Canayer

Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, la Manche est une mer hyperfréquentée, près de 17 millions de voyageurs embarquant ou débarquant de France.

Le Brexit a ravivé cette frontière naturelle de la France. Il a aussi souligné l'importance d'une coordination européenne dans la gestion des flux, des marchandises et des personnes qui la traversent.

Or, depuis près de deux années, rien ne va plus. Un dumping social s'installe à nos portes, déstabilisant un secteur générateur d'emplois de chaque côté de la Manche.

L'exemple le plus frappant aura été le licenciement, par surprise et à distance, de près de 800 marins par la compagnie P&O Ferries le 17 mars 2022. L'armateur britannique les a remplacés par des marins extraeuropéens, à moindre coût, par souci de rentabilité.

Aujourd'hui, le droit international ne prévoit aucune obligation en matière salariale. L'Organisation internationale du travail n'a émis qu'une recommandation pour que le salaire minimum mensuel des marins soit fixé à 658 dollars américains.

Cependant, les navires battant pavillon français sont tenus, eux, de respecter le droit du travail français, sous réserve des adaptations prévues par le code des transports pour les gens de mer.

Selon Armateurs de France, les compagnies P&O Ferries et Irish Ferries utilisent un modèle social moins-disant, en faisant appel à des sociétés de placement de gens de mer pour leurs navires sous pavillon chypriote et en employant un personnel très faiblement rémunéré. On estime que la différence entre armateurs français et britanniques en matière de charges salariales peut aller jusqu'à 80 %.

Les écarts du coût du transport de passagers entre les navires sous pavillons français et les navires sous pavillon chypriote s'établissent à 35 %, selon l'excellent travail de notre rapporteur, Catherine Procaccia.

La situation actuelle est inacceptable. Cette concurrence déloyale suscite des inquiétudes chez nos armateurs, notamment au sein de la Brittany Ferries, actrice incontournable des liaisons transmanche, qui ne peut rivaliser avec ces conditions d'emplois.

Le trafic transmanche est une préoccupation majeure pour le département de la Seine-Maritime, qui a investi massivement pour assurer la liaison entre la France et le Royaume-Uni. Le département a largement soutenu la ligne transmanche Dieppe-Newhaven, cordon ombilical majeur avec la Grande-Bretagne.

Depuis le 1er janvier 2018, son exploitation a été déléguée à DFDS par le Syndicat mixte de promotion de l'activité transmanche (SMPAT), dont le département est le principal financeur.

Mais l'équilibre financier précaire a été fragilisé par la crise sanitaire. Pour faire face aux difficultés rencontrées par les lignes transmanche lors de la crise du covid, auxquelles s'ajoutent les problématiques du dumping social, il a notamment été décidé de rembourser l'intégralité des cotisations salariales aux compagnies de ferries battant pavillon français exerçant sur des lignes internationales.

Le 1er janvier 2023, la délégation de service public (DSP) en Seine-Maritime a été renouvelée et réattribuée à DFDS. Malheureusement, la gestion en DSP de la ligne Dieppe-Newhaven l'exclut de ces aides dites net wage, pourtant prolongées de trois années supplémentaires lors du Fontenoy du maritime du 18 mars 2021.

Je regrette que ce sujet d'importance ne soit pas abordé dans cette proposition de loi, tant cette différence de traitement peut être préjudiciable pour les futurs choix de gestion publique, notamment pour le département de la Seine-Maritime.

Préserver les emplois français, protéger nos marins, assurer un haut niveau de sécurité pour les passagers, les équipages et le trafic : telle est notre boussole.

La Manche est un espace vital pour la France. Tout ce qui s'y passe l'intéresse, tant cela peut influencer sa stabilité, sa sécurité et sa tranquillité.

Je félicite la commission des affaires sociales, notamment sa rapporteure Catherine Procaccia, pour son excellent travail de précision afin que le personnel embarqué sur les navires de passagers soit rémunéré au niveau du salaire minimum français et qu'il bénéficie d'un temps de repos acceptable.

La volonté de sécurisation d'un dispositif de stricte proportionnalité des sanctions prévues en cas de manquement aux obligations est aussi la bienvenue, même si le champ d'application reste en débat et constitue un véritable enjeu.

C'est pourquoi le groupe Les Républicains votera cette proposition de loi, qui vise à rétablir la justice pour nos marins, lesquels méritent de gagner honnêtement leur vie pour un travail bien fait.

Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – M. Yves Détraigne applaudit également.

Photo de Gérard Larcher

M. le président. La parole est à Mme Elsa Schalck, pour le groupe Les Républicains.

Photo de Agnès Canayer

Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, la Manche est une mer hyperfréquentée, près de 17 millions de voyageurs embarquant ou débarquant de France.

Le Brexit a ravivé cette frontière naturelle de la France. Il a aussi souligné l'importance d'une coordination européenne dans la gestion des flux, des marchandises et des personnes qui la traversent.

Or, depuis près de deux années, rien ne va plus. Un dumping social s'installe à nos portes, déstabilisant un secteur générateur d'emplois de chaque côté de la Manche.

L'exemple le plus frappant aura été le licenciement, par surprise et à distance, de près de 800 marins par la compagnie P&O Ferries le 17 mars 2022. L'armateur britannique les a remplacés par des marins extraeuropéens, à moindre coût par souci de rentabilité.

Aujourd'hui, le droit international ne prévoit aucune obligation en matière salariale. L'Organisation internationale du travail n'a émis qu'une recommandation pour que le salaire minimum mensuel des marins soit fixé à 658 dollars américains.

Cependant, les navires battant pavillon français sont tenus, eux, de respecter le droit du travail français, sous réserve des adaptations prévues par le code des transports pour les gens de mer.

Selon Armateurs de France, les compagnies P&O Ferries et Irish Ferries utilisent un modèle social moins-disant, en faisant appel à des sociétés de placement de gens de mer pour leurs navires sous pavillon chypriote et en employant un personnel très faiblement rémunéré.

On estime que la différence entre armateurs français et britanniques en matière de charges salariales peut aller jusqu'à 80 %.

Les écarts de coût de transport de passagers entre les armateurs français et navires battant pavillon chypriote s'établissent à 35 %, selon l'excellent travail de notre rapporteur, Catherine Procaccia.

La situation actuelle est inacceptable. Cette concurrence déloyale suscite des inquiétudes chez nos armateurs, notamment au sein de la Brittany Ferries, acteur incontournable des liaisons transmanche, qui ne peut rivaliser avec ces conditions d'emplois.

Le trafic transmanche est une préoccupation majeure pour le département de la Seine-Maritime, qui a investi massivement pour assurer la liaison entre la France et le Royaume-Uni. Le département a largement soutenu la ligne transmanche Dieppe-Newhaven, cordon ombilical majeur avec la Grande-Bretagne.

Depuis le 1er janvier 2018, son exploitation a été déléguée à DFDS par le Syndicat mixte de promotion de l'activité transmanche (SMPAT), dont le département est le principal financeur.

Mais l'équilibre financier précaire a été fragilisé par la crise sanitaire. Pour faire face aux difficultés rencontrées par les lignes transmanche lors de la crise du covid, auxquelles s'ajoutent les problématiques du dumping social, il a notamment été décidé de rembourser l'intégralité des cotisations salariales pour les compagnies de ferries battant pavillon français exerçant sur des lignes internationales.

Le 1er janvier 2023, la délégation de service public (DSP) en Seine-Maritime a été renouvelée et réattribuée à DFDS. Malheureusement, la gestion en DSP de la ligne Dieppe-Newhaven l'exclut de ces aides dites net wages, pourtant prolongées de trois années supplémentaires lors du Fontenoy du maritime du 18 mars 2021.

Je regrette que ce sujet d'importance ne soit pas abordé dans cette proposition de loi, tant cette différence de traitement peut être préjudiciable pour les futurs choix de gestion publique, notamment pour le département de la Seine-Maritime.

Préserver les emplois français, protéger nos marins, assurer un haut niveau de sécurité pour les passagers, les équipages et le trafic : telle est notre boussole.

La Manche est un espace vital pour la France. Tout ce qui s'y passe l'intéresse, tant cela peut influencer sa stabilité, sa sécurité et sa tranquillité.

Je félicite la commission des affaires sociales, notamment sa rapporteur Catherine Procaccia, pour son excellent travail de précision afin que le personnel embarqué sur les navires de passagers soit rémunéré au niveau du salaire minimum français et bénéficie d'un temps de repos acceptable.

La volonté de sécurisation d'un dispositif de stricte proportionnalité des sanctions prévues en cas de manquement aux obligations est aussi la bienvenue, même si le champ d'application reste en débat et constitue un véritable enjeu.

C'est pourquoi le groupe Les Républicains votera cette proposition de loi, qui vise à rétablir la justice pour nos marins, lesquels méritent de gagner honnêtement leur vie pour un travail bien fait.

Debut de section - PermalienPhoto de Colette Mélot

Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, 800 personnes licenciées sans préavis et autant de familles mises en difficulté : telles peuvent être les conséquences du dumping social.

En mars 2022, P&O Ferries annonçait licencier 786 marins britanniques pour les remplacer par des marins extracommunautaires afin de réduire les coûts liés à leur masse salariale.

En matière de transport maritime de passagers entre deux pays, le droit applicable est régi par le droit international et le droit européen, qui permettent tous deux la pratique du dumping social. Les armateurs ont en effet la liberté de choisir le pavillon de leur navire, à condition de respecter les règles établies par l'État du pavillon choisi.

Le droit du travail applicable aux employés du navire étant laissé au libre choix des parties, il peut s'agir du droit de n'importe quel État, dans la mesure où les conditions de l'État du pavillon l'autorisent.

Il est donc fort tentant, pour les compagnies maritimes qui souhaiteraient diminuer leurs charges et proposer ainsi des tarifs compétitifs, de choisir leur pavillon et le droit social applicable dans un État proposant une réglementation peu avantageuse pour les salariés. Certaines compagnies opérant des liaisons transmanche ne se privent d'ailleurs pas de cette opportunité, et trois des cinq compagnies concernées ont choisi d'établir leur pavillon à Chypre ou aux Bahamas.

Les victimes du dumping social sont évidemment les salariés évincés des pays dont les ports sont exploités par ces compagnies, mais aussi les salariés employés sur ces navires, dont les conditions de travail sont bien souvent largement contestables, la rémunération très faible et les durées d'embarquement bien supérieures aux temps de repos.

En conséquence, les risques pour la sécurité sont majeurs, qui plus dans l'une des zones les plus fréquentées d'Europe, où l'on compte plus de 130 passages par jour.

Cette concurrence, bien que légale, impose à la France de se doter d'outils de façon à lutter contre ce phénomène. Tel est justement l'objectif de cette proposition de loi, qui prévoit de recourir à une loi de police, seul outil pouvant permettre à la France d'imposer certaines règles en matière de droit du travail applicable aux gens de mer travaillant sur un navire dont le pavillon est étranger.

Les dispositions d'une loi de police, dont le mécanisme a été expliqué par la rapporteure, doivent être proportionnées à l'objectif poursuivi, qu'il nous faudra garder à l'esprit durant l'examen du texte, le but n'étant pas que cette loi finisse par être censurée, car elle ne serait pas conforme au droit de l'Union européenne…

Cette proposition de loi impose plusieurs obligations aux employeurs, dépassant ainsi la loi du pays initialement choisi pour régir ses contrats de travail.

Ainsi, elle prévoit le versement au personnel de bord du salaire minimum de branche applicable en France, mais aussi l'obligation de respecter une durée de repos à terre pour les salariés au moins équivalente à leur durée d'embarquement. Elle instaure un régime de sanctions pénales et administratives en cas de manquement à ces obligations.

Le texte prévoit par ailleurs des sanctions pour l'armateur ou le capitaine d'un navire battant pavillon français qui accepterait à son bord du personnel présentant un certificat médical d'aptitude établi à l'étranger non valide. Nous saluons l'extension en commission de cette mesure, initialement prévue pour les marins, à l'ensemble des gens de mer.

Dans sa version transmise par l'Assemblée nationale, le texte comportait également deux autres articles qui s'inscrivaient dans le cadre du dispositif de l'État d'accueil, dont relèvent les lignes reliant la France continentale et la Corse, mais pas uniquement. Demain, ce dispositif concernera même davantage de façades maritimes, du fait du développement des parcs éoliens en mer.

Ces articles prévoyaient d'aggraver les sanctions pénales existantes en cas de non-respect du salaire minimum, mais aussi de créer des sanctions administratives dans le cadre de ce même dispositif. Ils ont tous deux été supprimés en commission.

Nous entendons les arguments ayant conduit à leur suppression, à savoir, notamment, qu'ils ne concernaient pas le transmanche, objet initial du texte, et qu'il serait d'abord préférable de renforcer les moyens de contrôle. C'est vrai, mais voter des sanctions plus lourdes n'empêcherait nullement de renforcer les moyens de contrôle. En outre, étendre l'objet d'un texte au-delà de sa portée initiale n'a rien d'inédit.

Madame la rapporteure, comme vous l'avez vous-même souligné en commission, cette proposition de loi traite un sujet rarement abordé par celle-ci. Qui sait quand nous aurons l'occasion d'y revenir ?

Dès lors, pourquoi ne pas se saisir de cette proposition de loi pour s'attaquer, au-delà du dumping qui touche le transmanche, à celui qui affecte plus largement notre pays ?

Notre groupe approuve l'état d'esprit de ce texte.

MM. Bernard Buis et Yves Détraigne applaudissent.

Photo de Elsa Schalck

Ma question s’adresse à M. le ministre de l’intérieur et des outre-mer. J’y associe mes collègues du Bas-Rhin.

L’occupation illégale de terrains par des gens du voyage est une problématique qui revient régulièrement sans qu’aucun changement ne soit constaté. Jusqu’à quand la situation durera-t-elle ?

Les collectivités se sont pourtant mises en conformité avec la loi : des aires de grand passage ont été installées, des dépenses importantes ont été engagées, mais le problème reste entier.

Monsieur le ministre, il est urgent d’entendre le profond sentiment d’abandon et de découragement des maires confrontés à une telle situation. Comment concevoir qu’un élu local se retrouve un dimanche soir, en première ligne, à devoir gérer l’arrivée imprévue de plusieurs centaines de caravanes, sans parler de l’incompréhension et de la colère exprimées par la population ?

Les maires, après s’être mis en conformité avec les schémas départementaux, s’attendaient à être soutenus et accompagnés pour faire face aux difficultés. Le résultat est tout autre : ils se sentent démunis, seuls, et ne peuvent malheureusement que constater l’affaiblissement de l’autorité de l’État. Pour eux, c’est la double peine : payer et continuer à subir.

Pour donner un exemple, en Alsace, une collectivité est confrontée à l’arrivée de 400 caravanes. Elle a investi 700 000 euros pour créer une aire de grand passage. À l’heure actuelle, celle-ci est totalement déserte, les gens du voyage refusant de s’y installer, lui préférant un terrain de football.

À cela, il faut ajouter des incivilités et des dégradations commises sur les branchements électriques et sur les compteurs d’eau.

Monsieur le ministre, la situation n’est tout simplement plus tenable. Il est temps que ces agissements illégaux s’arrêtent et que le non-respect de la loi soit sanctionné. Il est urgent d’adapter les lois Besson, mais également de renforcer le travail de coordination en amont.

Monsieur le ministre, les élus locaux ont pris leurs responsabilités en créant des aires d’accueil. Le Sénat a pris les siennes en adoptant notamment le texte de notre collègue Patrick Chaize pour faciliter la procédure d’évacuation et pour durcir les sanctions. Quand prendrez-vous enfin les vôtres ?

Debut de section - PermalienPhoto de Elsa Schalck

Ma question s’adresse à M. le ministre de l’intérieur et des outre-mer. J’y associe mes collègues du Bas-Rhin.

L’occupation illégale de terrains par des gens du voyage est une problématique qui revient régulièrement sans qu’aucun changement soit constaté. Jusqu’à quand la situation durera-t-elle ?

Les collectivités se sont pourtant mises en conformité avec la loi : des aires de grand passage ont été installées, des dépenses importantes ont été engagées, mais le problème reste entier.

Monsieur le ministre, il est urgent d’entendre le profond sentiment d’abandon et de découragement des maires confrontés à une telle situation. Comment concevoir qu’un élu local se retrouve un dimanche soir, en première ligne, à devoir gérer l’arrivée imprévue de plusieurs centaines de caravanes, sans parler de l’incompréhension et de la colère exprimées par la population ?

Les maires, après s’être mis en conformité avec les schémas départementaux, s’attendaient à être soutenus et accompagnés pour faire face aux difficultés. Le résultat est tout autre : ils se sentent démunis, seuls, et ne peuvent malheureusement que constater l’affaiblissement de l’autorité de l’État. Pour eux, c’est la double peine : payer et continuer à subir.

Pour donner un exemple, en Alsace, une collectivité est confrontée à l’arrivée de 400 caravanes. Elle a investi 700 000 euros pour créer une aire de grand passage. À l’heure actuelle, celle-ci est totalement déserte, les gens du voyage refusant de s’y installer, lui préférant un terrain de football.

À cela, il faut ajouter des incivilités et des dégradations commises sur les branchements électriques et sur les compteurs d’eau.

Monsieur le ministre, la situation n’est tout simplement plus tenable. Il est temps que ces agissements illégaux s’arrêtent et que le non-respect de la loi soit sanctionné. Il est urgent d’adapter les lois Besson, mais également de renforcer le travail de coordination en amont.

Monsieur le ministre, les élus locaux ont pris leurs responsabilités en créant des aires d’accueil. Le Sénat a pris les siennes en adoptant notamment le texte de notre collègue Patrick Chaize pour faciliter la procédure d’évacuation et pour durcir les sanctions. Quand prendrez-vous enfin les vôtres ?

Photo de Colette Mélot

Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, 800 personnes licenciées sans préavis et autant de familles mises en difficulté : telles peuvent être les conséquences du dumping social.

En mars 2022, P&O Ferries annonçait licencier 786 marins britanniques pour les remplacer par des marins extracommunautaires afin de réduire les coûts liés à leur masse salariale.

En matière de transport maritime de passagers entre deux pays, le droit applicable est régi par le droit international et le droit européen, qui permettent tous deux la pratique du dumping social. Les armateurs ont en effet la liberté de choisir le pavillon de leur navire, à condition de respecter les règles établies par l'État du pavillon choisi.

Concernant le droit du travail applicable aux employés du navire, le principe étant celui du libre choix des parties, il peut s'agir du droit de n'importe quel État, dans la mesure où les conditions de l'État du pavillon l'autorisent.

Il est donc fort tentant, pour les compagnies maritimes qui souhaiteraient diminuer leurs charges et proposer ainsi des tarifs compétitifs, de choisir leur pavillon et le droit social applicable dans un État proposant une réglementation peu avantageuse pour les salariés. Certaines compagnies opérant des liaisons transmanche ne se privent d'ailleurs pas de cette opportunité, et trois des cinq compagnies concernées ont choisi d'établir leur pavillon à Chypre ou aux Bahamas.

Les victimes du dumping social sont évidemment les salariés évincés des pays dont les ports sont exploités par ces compagnies, mais aussi les salariés employés sur ces navires, dont les conditions de travail sont bien souvent largement contestables, la rémunération très faible et les durées d'embarquement bien supérieures aux temps de repos.

En conséquence, les risques pour la sécurité sont majeurs, qui plus est, dans l'une des zones les plus fréquentées d'Europe, où l'on compte plus de 130 passages par jour.

Cette concurrence, bien que légale, nécessite que la France se dote d'outils de façon à lutter contre ce phénomène. Tel est justement l'objectif de cette proposition de loi, qui prévoit de recourir à une loi de police, seul outil pouvant permettre à la France d'imposer certaines règles en matière de droit du travail applicable aux gens de mer travaillant sur un navire dont le pavillon est étranger.

La loi de police, dont le mécanisme a été expliqué par la rapporteur, doit respecter un critère de proportionnalité à l'objectif poursuivi, qu'il nous faudra garder à l'esprit durant l'examen du texte, l'objectif n'étant pas que cette loi finisse par être censurée, car elle ne respecterait pas le droit de l'Union européenne…

Cette proposition de loi impose plusieurs obligations aux employeurs, dépassant ainsi la loi du pays initialement choisi pour régir ses contrats de travail. L'une des principales obligations proposées est le versement au personnel de bord du salaire minimum de branche applicable en France.

La seconde est l'obligation de respecter une durée de repos à terre pour les salariés au moins équivalente à leur durée d'embarquement.

Le texte instaure un régime de sanctions pénales et administratives en cas de manquement à ces obligations. Il étend également aux certificats établis à l'étranger la sanction prévue pour l'armateur ou le capitaine d'un navire battant pavillon français qui accepterait à bord du personnel ne disposant pas d'un certificat médical valide. Nous saluons l'extension en commission de cette mesure, initialement prévue pour les marins, à l'ensemble des gens de mer.

Dans sa version transmise par l'Assemblée nationale, le texte comportait également deux autres articles qui s'inscrivaient dans le cadre du dispositif de l'État d'accueil, dont relèvent les lignes reliant la France continentale et la Corse, mais pas uniquement. Demain, ce dispositif concernera même davantage de façades maritimes, du fait du développement des parcs éoliens en mer.

Ces articles prévoyaient d'aggraver les sanctions pénales existantes en cas de non-respect du salaire minimum, mais aussi de créer des sanctions administratives dans le cadre de ce même dispositif. Ils ont tous deux été supprimés en commission.

Nous entendons les arguments ayant conduit à leur suppression, à savoir, notamment, qu'ils ne concernaient pas le transmanche, objet initial du texte, et qu'il serait d'abord préférable de renforcer les moyens de contrôle. C'est vrai, mais voter des sanctions plus lourdes n'empêcherait nullement de renforcer les moyens de contrôle et élargir l'objet d'un texte au-delà de sa portée initiale n'a rien d'inédit.

Madame la rapporteur, comme vous l'avez vous-même souligné en commission, cette proposition de loi traite un sujet rarement abordé par celle-ci. Qui sait quand nous aurons l'occasion d'y revenir ?

Dès lors, pourquoi ne pas se saisir de cette proposition de loi pour s'attaquer, au-delà du dumping qui touche le transmanche, à celui qui affecte plus largement notre pays ? Notre groupe approuve l'état d'esprit de ce texte.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Michel Houllegatte

Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, la décision de la compagnie maritime P&O Ferries de procéder, en mars 2022, au licenciement de 786 marins britanniques pour les remplacer par des salariés venant de pays à bas coût de main-d'œuvre a provoqué un avis de tempête sur le transmanche.

Celui-ci, depuis quelques années, n'en est pas à son premier coup de tabac. La fin du duty free l'avait obligé à revoir son modèle économique. L'entrée en service du tunnel sous la Manche, en 1994, l'avait fait douter de sa pertinence. Les dispositions de la convention internationale pour la prévention de la pollution par les navires (Marpol) sur la teneur en soufre du fuel-oil utilisé à bord des navires, puis la nécessaire réduction des émissions de CO2, l'ont obligé à revoir la motorisation des navires. Le risque terroriste et le covid ont conduit à canaliser et à sécuriser les flux de passagers et de marchandises. Enfin, le Brexit a complètement reconfiguré les échanges entre le continent, le Royaume-Uni et l'Irlande.

Touchées mais pas coulées, les compagnies transmanche, dont Brittany Ferries, ont su faire face aux aléas, se maintenir à flot et repartir.

Le coup de force de P&O Ferries, qui a utilisé l'arme du dumping social, s'apparente à un acte de piraterie contre le modèle que nous souhaitons construire en Europe.

On le sait, la libre concurrence peut être faussée, d'une part, par le dumping social et, d'autre part, par le dumping environnemental.

Concernant ce dernier, on ne peut que se féliciter des avancées faites par l'Europe, notamment via l'instauration d'une taxe carbone aux frontières de l'Union afin de rétablir, pour certains produits, un équilibre environnemental dans les échanges.

Cette proposition de loi visant à lutter contre le dumping social est un premier point d'ancrage, certes très limité, mais elle est aussi un marqueur et traduit la volonté politique française de promouvoir et de préserver un modèle européen respectueux de son modèle social, qui, au-delà des tenants de l'ultralibéralisme, apporte une protection statutaire aux salariés.

En effet, ne l'oublions pas, la directive sur les travailleurs détachés avait oublié les gens de mer, et l'Europe a, jusque-là, marqué son impuissance face à certains États ayant cédé leur pavillon national dérégulé à des armateurs sans scrupules.

En réglementant les droits des salariés, notamment le temps de repos, cette proposition de loi apporte aussi une garantie sur le plan de la sécurité maritime.

De fait, comme cela a été mentionné, la mer de la Manche est la plus fréquentée du monde. Plus de 350 navires de fort tonnage, souvent chargés de matières dangereuses, circulent chaque jour dans les sens montant et descendant de cette véritable autoroute maritime. Ce flux est cisaillé par les milliers de liaisons annuelles des opérateurs maritimes transmanche.

Enfin, cette mer se caractérise par des flux qui résultent des usages multiples de la mer, issus des activités de pêche ou de plaisance, d'extractions de granulats, de pose de câbles sous-marins ou encore d'implantation de champs d'éoliennes offshore. Cette mer est dangereuse à en juger par les 3 400 interventions annuelles de la préfecture maritime.

C'est donc aussi au regard de la sécurité maritime qu'il convient d'examiner ce texte, que les élus du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, dans leur ensemble, voteront, en veillant à ce qu'un élargissement de son périmètre ne le rende pas caduc ou ne retarde son application, car il y a urgence à agir en mer de Manche.

Applaudissements sur les travées du groupe SER. – Mme Cathy Apourceau -Poly applaudit également.

Photo de Jean-Michel Houllegatte

Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, la décision de la compagnie maritime P&O Ferries de procéder, en mars 2022, au licenciement de 786 marins britanniques pour les remplacer par des salariés venant de pays à bas coût de main-d'œuvre a suscité un avis de tempête sur le transmanche.

Celui-ci, depuis quelques années, n'en est pas à son premier coup de tabac. La fin du duty free l'avait obligé à revoir son modèle économique. L'entrée en service du tunnel sous la Manche, en 1994, l'avait fait douter de sa pertinence. Les dispositions de la convention internationale pour la prévention de la pollution par les navires (Marpol) sur la teneur en soufre du fuel-oil utilisé à bord des navires, puis la nécessaire réduction des émissions de CO2, l'ont obligé à revoir la motorisation des navires. Le risque terroriste, le covid ont conduit à canaliser et à sécuriser les flux de passagers et de marchandises. Enfin, le Brexit a complètement reconfiguré les échanges entre le continent, le Royaume-Uni et l'Irlande.

Touchées mais pas coulées, les compagnies transmanche, dont Brittany Ferries, ont su faire face aux aléas, se maintenir à flot et repartir.

Le coup de force de P&O Ferries, qui a utilisé l'arme du dumping social, s'apparente à un acte de piraterie contre le modèle que nous souhaitons construire en Europe.

On le sait, la libre concurrence peut être faussée, d'une part, par le dumping social et, d'autre part, par le dumping environnemental.

Concernant ce dernier, on ne peut que se féliciter des avancées faites par l'Europe, notamment via l'instauration d'une taxe carbone aux frontières de l'Union afin de rétablir, pour certains produits, un équilibre environnemental dans les échanges.

Cette proposition de loi visant à lutter contre le dumping social constitue un premier point d'ancrage, certes très limité, mais elle constitue un marqueur et traduit la volonté politique française de promouvoir et de préserver un modèle européen respectueux de son modèle social, qui, au-delà des tenants de l'ultralibéralisme, apporte une protection statutaire aux salariés.

En effet, ne l'oublions pas, la directive sur les travailleurs détachés avait oublié les gens de mer, et l'Europe a, jusque-là, marqué son impuissance face à certains États ayant cédé leur pavillon national dérégulé à des armateurs sans scrupules.

En réglementant les droits des salariés, notamment le temps de repos, cette proposition de loi apporte aussi une garantie sur le plan de la sécurité maritime.

De fait, comme cela a été mentionné, la mer de la Manche est la plus fréquentée du monde. Plus de 350 navires de fort tonnage, souvent chargés de matières dangereuses, circulent chaque jour dans les sens montant et descendant de cette véritable autoroute maritime. Ce flux est cisaillé par les milliers de liaisons annuelles des opérateurs maritimes transmanche.

Enfin, cette mer se caractérise par des flux qui résultent des usages multiples de la mer, issus des activités de pêche ou de plaisance, d'extractions de granulats, de pose de câbles sous-marins ou encore d'implantation de champs d'éoliennes offshore. Cette mer est dangereuse si l'on en juge les 3 400 interventions annuelles opérées par la préfecture maritime.

C'est donc aussi au regard de la sécurité maritime qu'il convient d'examiner ce texte, que les élus du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, dans leur ensemble, voteront, en veillant à ce qu'un élargissement de son périmètre ne le rende pas caduc ou ne retarde son application, car il y a urgence à agir en mer de Manche.

Debut de section - PermalienPhoto de Didier Mandelli

Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, il est toujours difficile d'intervenir en fin de discussion générale, l'essentiel ayant été dit par les orateurs précédents.

Je vais toutefois tâcher de vous présenter ma position ainsi que celle de mon groupe, laquelle a d'ores et déjà été exprimée par Agnès Canayer.

En ma qualité de président du groupe d'études Mer et littoral et de rapporteur de la récente loi relative à l'accélération de la production d'énergies renouvelables, qui a traité la question de l'éolien offshore et des sujets que nous abordons aujourd'hui, je suis heureux d'évoquer une proposition de loi qui porte sur un sujet central pour l'avenir du pavillon français et qui vise à répondre de manière urgence au problème du développement de pratiques de concurrence déloyale sur les liaisons internationales de passagers dans la Manche.

Voilà tout juste un an et demi, le Fontenoy du maritime, lancé par le Gouvernement, avait permis de mettre en avant les nombreuses potentialités de la marine marchande française, ainsi que les défis auxquels elle est confrontée aujourd'hui, à commencer par ceux de la compétitivité et de la transition écologique.

Des mesures ont été prises pour soutenir l'emploi maritime, par exemple dans la loi pour l'économie bleue, à l'instar du net wage, que nous avions mis en place pour que les opérateurs de transport maritime international et régulier de passagers puissent être exonérés de charges patronales jusqu'en 2024.

Néanmoins, ces mesures ne suffiront pas à compenser les perturbations induites par les pratiques de dumping social observées depuis deux ans sur la liaison transmanche.

Je rappelle à mon tour que, en 2021, Irish Ferries est entré sur le marché du transmanche avec des navires battant pavillon chypriote répondant à des règles de droit social moins protectrices que celles des pavillons français et britannique, mais aussi que, en mars 2022, la compagnie P&O Ferries a licencié 786 gens de mer britanniques, avec effet immédiat, avant de les remplacer par des employés rémunérés à des niveaux très inférieurs et employés dans des conditions de travail dégradées.

Ces pratiques permettent aux compagnies concernées d'optimiser considérablement leurs coûts salariaux et de pratiquer des baisses de tarifs sensibles, de l'ordre de 35 %.

Si ces pratiques sont légales au regard du principe de libre choix du pavillon, dont les armateurs bénéficient en vertu du droit international, elles n'en sont pas moins préjudiciables, à deux titres.

Premièrement, cette situation risque de dégrader la qualité de service pour les passagers et, de manière plus préoccupante encore, la sécurité maritime sur un détroit qui est l'un des plus fréquentés au monde.

Deuxièmement, ces pratiques, que l'on peut qualifier de déloyales, pèsent lourdement sur les compagnies de ferry françaises et britanniques ayant fait le choix d'appliquer des normes de droit social plus respectueuses des gens de mer, déjà fragilisées par la crise sanitaire et le Brexit. À terme, cette situation risque fort d'affaiblir ce segment pourtant essentiel de la marine marchande française et d'avoir les conséquences néfastes que l'on peut imaginer et qui ont déjà été largement décrites ici pour la compétitivité du pavillon français et pour l'emploi maritime.

Conscient de ces enjeux, le Royaume-Uni s'est également saisi du sujet, en adoptant en mars dernier une loi visant à instituer un salaire minimum sur les liaisons de transport de passagers dans la Manche. Nous pouvons nous en réjouir, car l'adoption de la proposition de loi qui nous est soumise ne saurait porter ses fruits sans une parfaite coordination avec notre voisin britannique.

En effet, en l'absence d'une telle coopération, nous aurions pu craindre un report de trafic vers d'autres ports voisins – en Belgique, par exemple –, au détriment des ports du nord de la France assurant des liaisons avec le Royaume-Uni.

Tel n'a pas été le cas, et je me réjouis que nos deux pays aient pu s'entendre sur des mesures pragmatiques répondant à un intérêt commun.

On l'aura compris, le risque est fort de voir d'autres armateurs contraints de revoir à la baisse leurs normes sociales pour être en mesure de se maintenir sur le marché du transmanche, déjà soumis à une intense pression concurrentielle. Il est de notre responsabilité collective, en tant que parlementaires, d'éviter le développement d'une guerre des prix sur cette liaison maritime. À cet égard, il me semble que le texte qui nous est soumis va dans la bonne direction.

Aussi, je veux remercier Catherine Procaccia, rapporteure de la commission des affaires sociales, ainsi que Nadège Havet, rapporteure pour avis de la commission de l'aménagement du territoire et du développement durable, dont je suis membre, pour le soutien apporté à ce texte et pour l'important travail qu'elles ont conduit dans les négociations, jusqu'à ces dernières minutes.

Photo de Gérard Larcher

La parole est à M. le ministre délégué chargé des outre-mer.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascal Allizard

Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, je suis très heureux de retrouver un certain nombre d'entre vous cet après-midi, dans la continuité de la réunion de Saint-Malo qui s'est tenue sur ce sujet en novembre dernier.

Portée par la mondialisation des échanges, l'accélération de la production, notamment chinoise, et l'essor du tourisme, la maritimisation de l'économie est devenue une réalité.

En quelques années, les flux maritimes ont fortement augmenté : même si certaines années sont moins bonnes que d'autres, la tendance est là. Ils devraient continuer à croître sur les principales routes commerciales.

Dès lors, un bilan s'impose.

Je pense d'abord aux conséquences environnementales induites par tous ces mouvements de navires. La décarbonation du transport maritime, la lutte contre les dégazages sauvages, la sécurité des navires et de la navigation ont connu des évolutions, mais restent, je le pense, des enjeux majeurs pour les prochaines années.

Il convient également d'évoquer, et c'est le cœur de notre sujet d'aujourd'hui, les conséquences sociales liées à un besoin de main-d'œuvre et à une compétition acharnée sur les tarifs dans ce secteur.

De nombreux gens de mer ont été recrutés avec des rémunérations et une protection sociale faibles, pour des rythmes de travail élevés, dès lors que le droit international et européen est, en réalité, peu exigeant.

Les armateurs étant libres de leurs choix, la concurrence entre pavillons conduit un certain nombre d'États à n'imposer que peu de contraintes aux navires qui battent leur pavillon.

Ces exigences minimales sont très éloignées des règles applicables en France, puisque les navires battant pavillon français doivent respecter le droit du travail français.

Sur le transmanche, dans une zone parmi les plus fréquentées au monde, la concurrence fait rage et des pratiques déloyales existent.

Pour diminuer les coûts, certaines compagnies exploitent désormais des liaisons avec un équipage international et des effectifs réduits, sous des pavillons moins protecteurs que les pavillons français et britannique. Des centaines de licenciements ont ainsi eu lieu.

Ce faisant, ces compagnies peuvent proposer des tarifs significativement inférieurs à ceux des autres opérateurs, au détriment des gens de mer qu'elles emploient dans des conditions précaires.

Cette économie du transport maritime transmanche est très importante pour les compagnies, les marins et les territoires, comme c'est le cas en Normandie. Les ports normands de Cherbourg, Caen-Ouistreham, Le Havre et Dieppe sont particulièrement concernés, ainsi que mes collègues normands l'ont rappelé.

Depuis l'achat du port du Pirée, en Grèce, par les Chinois et leurs investissements intéressés dans de nombreux ports du monde, les Européens redécouvrent, avec un certain retard, que les ports sont des actifs stratégiques à protéger. Il faut donc préserver l'activité économique de nos ports, déjà distancés par Rotterdam, Anvers ou Hambourg, et la pérennité du pavillon français.

L'affaiblissement des compagnies sous pavillon français, la baisse des normes sociales auraient de lourdes conséquences. J'ajoute que, avec des personnels moins formés, moins reposés, les risques d'accidents et de pollutions marines sont accrus dans cette zone à forte densité de trafic.

Il est utile que la question de la sécurité de la navigation soit prise en compte pour déterminer la durée maximale d'embarquement des personnels.

Dans ces efforts de régulation du transmanche, la coopération avec le Royaume-Uni est essentielle. J'avais d'ailleurs été, en janvier dernier, le rapporteur au Sénat du projet de loi autorisant l'approbation de l'accord entre la France et le Royaume-Uni relatif à la coopération sur les questions de sûreté maritime et portuaire s'agissant spécifiquement des navires à passagers dans la Manche.

La proposition de loi qui nous est aujourd'hui soumise, si elle est adoptée – ce que bien évidemment je souhaite – et mise en œuvre rapidement, permettrait de préserver nos intérêts et ceux des personnels employés sous pavillon français. Comme dans de nombreux autres domaines, nous devons résister au nivellement par le bas et à la concurrence faussée.

L'ubérisation du transport maritime n'est pas une fatalité. Pour l'éviter, défendons notre modèle, comme notre souveraineté.

Jean-François Carenco

Madame la sénatrice Schalck, les installations illicites sont en effet un sujet important. Le ministère de l’intérieur et des outre-mer, que je représente aujourd’hui, est pleinement mobilisé.

Il nous fallait d’abord mieux réprimer. C’était le sens de la loi du 7 novembre 2018, qui visait à assouplir les conditions permettant de saisir le préfet pour mettre en demeure les gens du voyage de quitter les terrains occupés illicitement, avec emploi de la force si nécessaire. Ce texte a également renforcé les sanctions pénales pour ce délit. §De six mois d’emprisonnement et 3 750 euros d’amende, ces sanctions sont passées à un an d’emprisonnement et 7 500 euros d’amende.

Photo de Didier Mandelli

Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, il est toujours difficile d'intervenir en fin de discussion générale, l'essentiel ayant été dit par les orateurs précédents.

Je vais toutefois tâcher de vous présenter ma position ainsi que celle de mon groupe, laquelle a d'ores et déjà été exprimée par Agnès Canayer.

En ma qualité de président du groupe d'études Mer et littoral et de rapporteur de la récente loi relative à l'accélération de la production d'énergies renouvelables, qui a traité de la question de l'éolien offshore et des sujets que nous abordons aujourd'hui, je suis heureux d'évoquer une proposition de loi qui porte sur un sujet central pour l'avenir du pavillon français et qui vise à répondre de manière urgence au problème du développement de pratiques de concurrence déloyale sur les liaisons internationales de passagers dans la Manche.

Voilà tout juste un an et demi, le Fontenoy du maritime, lancé par le Gouvernement, avait permis de mettre en avant les nombreuses potentialités de la marine marchande française, ainsi que les défis auxquels elle est confrontée aujourd'hui, à commencer par ceux de la compétitivité et de la transition écologique.

Des mesures ont été prises pour soutenir l'emploi maritime, par exemple dans la loi pour l'économie bleue, à l'instar du net wage, que nous avions mis en place pour que puissent être exonérés de charges patronales les opérateurs de transport maritime international et régulier de passagers jusqu'en 2024.

Néanmoins, ces mesures ne suffiront pas à compenser les perturbations induites par les pratiques de dumping social observées depuis deux ans sur la liaison transmanche.

Je rappelle à mon tour que, en 2021, Irish Ferries est entré sur le marché du transmanche avec des navires battant pavillon chypriote répondant à des règles de droit social moins protectrices que celles des pavillons français et britannique, mais aussi que, en mars 2022, la compagnie P&O Ferries a licencié 786 gens de mer britanniques, avec effet immédiat, avant de les remplacer par des employés rémunérés à des niveaux très inférieurs et employés dans des conditions de travail dégradées.

Ces pratiques permettent aux compagnies concernées d'optimiser considérablement leurs coûts salariaux et d'opérer des baisses de tarifs sensibles, de l'ordre de 35 %.

Si ces pratiques sont légales au regard du principe de libre choix du pavillon, dont les armateurs bénéficient en vertu du droit international, elles n'en sont pas moins préjudiciables, à deux titres.

Premièrement, cette situation risque de dégrader la qualité de service pour les passagers et, de manière plus préoccupante encore, la sécurité maritime sur un détroit qui est l'un des plus fréquentés au monde.

Deuxièmement, ces pratiques, que l'on peut qualifier de déloyales, pèsent lourdement sur les compagnies de ferry françaises et britanniques ayant fait le choix d'appliquer des normes de droit social plus respectueuses des gens de mer, déjà fragilisées par la crise sanitaire et le Brexit. À terme, cette situation risque fort d'affaiblir ce segment pourtant essentiel de la marine marchande française et d'avoir les conséquences néfastes que l'on peut imaginer et qui ont déjà été largement décrites ici pour la compétitivité du pavillon français et pour l'emploi maritime.

Conscient de ces enjeux, le Royaume-Uni s'est également saisi du sujet, en adoptant, en mars dernier, une loi visant à instituer un salaire minimum sur les liaisons de transport de passagers dans la Manche. Nous pouvons nous en réjouir, car l'adoption de la proposition de loi qui nous est soumise ne saurait porter ses fruits sans une parfaite coordination avec notre voisin britannique.

En effet, en l'absence d'une telle coopération, nous aurions pu craindre un report de trafic vers d'autres ports voisins – en Belgique, par exemple –, au détriment des ports du nord de la France assurant des liaisons avec le Royaume-Uni.

Tel n'a pas été le cas, et je me réjouis que nos deux pays aient pu s'entendre sur des mesures pragmatiques répondant à un intérêt commun.

On l'aura compris, le risque est fort de voir d'autres armateurs contraints de revoir à la baisse leurs normes sociales pour être en mesure de se maintenir sur le marché du transmanche, déjà soumis à une intense pression concurrentielle. Il est de notre responsabilité collective, en tant que parlementaires, d'éviter le développement d'une guerre des prix sur cette liaison maritime. À cet égard, il me semble que le texte qui nous est soumis va dans la bonne direction.

Aussi, je veux remercier Catherine Procaccia, rapporteur de la commission des affaires sociales, ainsi que Nadège Havet, rapporteure pour avis de la commission de l'aménagement du territoire et du développement durable, dont je suis membre, pour le soutien apporté à ce texte et pour l'important travail qu'elles ont conduit dans les négociations, jusqu'à ces dernières minutes.

Photo de Pascal Allizard

Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, je suis très heureux de retrouver un certain nombre d'entre vous cet après-midi, dans la continuité de la réunion de Saint-Malo qui s'est tenue sur ce sujet en novembre dernier.

Portée par la mondialisation des échanges, l'accélération de la production, notamment chinoise, et l'essor du tourisme, la maritimisation de l'économie est devenue une réalité.

En quelques années, les flux maritimes ont fortement augmenté : même si certaines années sont moins bonnes que d'autres, la tendance est là. Ils devraient continuer à croître sur les principales routes commerciales.

Dès lors, un bilan s'impose.

Je pense d'abord aux conséquences environnementales induites par tous ces mouvements de navires. La décarbonation du transport maritime, la lutte contre les dégazages sauvages, la sécurité des navires et de la navigation ont connu des évolutions, mais restent, je le pense, des enjeux majeurs pour les prochaines années.

Il convient également d'évoquer, et c'est le cœur de notre sujet d'aujourd'hui, les conséquences sociales liées à un besoin de main-d'œuvre et à une compétition acharnée sur les tarifs dans ce secteur.

De nombreux gens de mer ont été recrutés avec des rémunérations et une protection sociale faibles, pour des rythmes de travail élevés, dès lors que le droit international et européen est, en réalité, peu exigeant.

Les armateurs étant libres de leurs choix, la concurrence entre pavillons conduit un certain nombre d'États à n'imposer que peu de contraintes aux navires qui battent leur pavillon.

Ces exigences minimales sont très éloignées des règles applicables en France, puisque les navires battant pavillon français doivent respecter le droit du travail français.

Sur le transmanche, dans une zone parmi les plus fréquentées au monde, la concurrence fait rage et des pratiques déloyales existent.

Pour diminuer les coûts, certaines compagnies exploitent désormais des liaisons avec un équipage international et des effectifs réduits, sous des pavillons moins protecteurs que les pavillons français et britannique. Des centaines de licenciements ont ainsi eu lieu.

Ce faisant, ces compagnies peuvent proposer des tarifs significativement inférieurs à ceux des autres opérateurs, au détriment des gens de mer qu'elles emploient dans des conditions précaires.

Cette économie du transport maritime transmanche est très importante pour les compagnies, les marins et les territoires, comme c'est le cas en Normandie. Les ports normands de Cherbourg, Caen-Ouistreham, Le Havre et Dieppe sont particulièrement concernés, ainsi que mes collègues normands l'ont rappelé.

Depuis l'achat du port du Pirée, en Grèce, par les Chinois et leurs investissements intéressés dans de nombreux ports du monde, les Européens redécouvrent, avec un certain retard, que les ports sont des actifs stratégiques à protéger. Il faut donc préserver l'activité économique de nos ports, déjà distancés par Rotterdam, Anvers ou Hambourg, et la pérennité du pavillon français.

L'affaiblissement des compagnies sous pavillon français, la baisse des standards sociaux auraient des conséquences lourdes. J'ajoute que, avec des personnels moins formés, moins reposés, les risques d'accidents et de pollutions marines sont accrus dans cette zone à forte densité de trafic.

Il est utile que cette question de la sécurité de la navigation soit prise en compte pour déterminer la durée maximale d'embarquement des personnels.

Dans ces efforts de régulation du transmanche, la coopération avec le Royaume-Uni est essentielle. J'avais d'ailleurs été, en janvier dernier, le rapporteur au Sénat du projet de loi autorisant l'approbation de l'accord entre la France et le Royaume-Uni relatif à la coopération sur les questions de sûreté maritime et portuaire s'agissant spécifiquement des navires à passagers dans la Manche.

La proposition de loi qui nous est aujourd'hui soumise, si elle est adoptée – ce que bien évidemment je souhaite – et mise en œuvre rapidement, permettrait de préserver nos intérêts et ceux des personnels employés sous pavillon français. Comme dans de nombreux autres domaines, nous devons résister à ce nivellement par le bas et à la concurrence faussée.

L'ubérisation du transport maritime n'est pas une fatalité. Pour l'éviter, défendons notre modèle, comme notre souveraineté.

Debut de section - Permalien
Hervé Berville, secrétaire d'État

Monsieur le président, mesdames les rapporteures, mesdames, messieurs les sénateurs, je tiens tout d'abord à vous remercier de votre implication et de votre engagement sur ce sujet très complexe, qui doit conjuguer droit maritime, droit européen, enjeux géographiques et urgence à agir. Tout cela n'est pas simple à démêler. Grâce à son travail, la commission est parvenue à apporter des clarifications sur lesquelles nous aurons l'occasion de revenir.

La discussion générale a montré qu'un consensus se dégageait sur trois sujets.

Premièrement, il y a bien urgence à agir. Des marins, des armateurs, des syndicats, nous regardent et attendent que nous les aidions dans la lutte contre le dumping social et la concurrence déloyale qui vont s'accélérant. C'est une véritable course contre la montre qui nous est imposée.

Deuxièmement, vous l'avez à juste titre souligné, mesdames, messieurs les sénateurs, en plus d'être un enjeu important pour le quotidien de nos marins, la lutte contre le dumping social constitue à la fois un enjeu de souveraineté, un enjeu territorial et un enjeu d'équité par rapport à d'autres secteurs. On a vu ce qui s'est passé dans le Pirée, l'économie maritime est parfois ubérisée.

Troisièmement, au-delà de devoir mettre en place un dispositif spécifique pour le transmanche en raison de la sortie du Royaume-Uni de l'espace européen, il est nécessaire de disposer d'outils complémentaires sur toutes les façades maritimes, notamment du dispositif de l'État d'accueil sur lequel, là aussi, nous reviendrons.

Mesdames, messieurs les sénateurs, je vous remercie d'ores et déjà d'avoir à la fois exposé très clairement les différents enjeux et tiré des lignes de force et de consensus.

Jean-François Carenco

M. Jean-François Carenco, ministre délégué. Les sanctions ont été fortement durcies. Mais le sujet des installations illicites est aussi lié aux conditions d’accueil, sur lesquelles nous devons collectivement travailler. Ainsi, l’ensemble des préfets ont été mobilisés en janvier 2022, afin de relancer les schémas départementaux d’accueil et d’habitat des gens du voyage.

Photo de Pierre Laurent

La parole est à M. le secrétaire d'État.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

La discussion générale est close.

Nous passons à la discussion du texte de la commission.

Hervé Berville, secrétaire d'État

Monsieur le président, mesdames les rapporteures, mesdames, messieurs les sénateurs, je tiens tout d'abord à vous remercier de votre implication et de votre engagement sur ce sujet très complexe, qui doit conjuguer droit maritime, droit européen, enjeux géographiques et urgence à agir. Tout cela n'est pas simple à démêler. Grâce à son travail, la commission est parvenue à apporter des clarifications sur lesquelles nous aurons l'occasion de revenir.

La discussion générale a montré qu'un consensus se dégageait sur trois sujets.

Premièrement, il y a bien urgence à agir. Des marins, des armateurs, des syndicats, nous regardent et attendent que nous les aidions dans la lutte contre le dumping social et la concurrence déloyale qui vont s'accélérant. C'est une véritable course contre la montre qui nous est imposée.

Deuxièmement, vous l'avez à juste titre souligné, mesdames, messieurs les sénateurs, en plus d'être un enjeu important pour le quotidien de nos marins, la lutte contre le dumping social constitue à la fois un enjeu de souveraineté, un enjeu territorial et un enjeu d'équité par rapport à d'autres secteurs. On a vu ce qui s'est passé dans le Pirée, l'économie maritime est parfois ubérisée.

Troisièmement, au-delà de devoir mettre en place un dispositif spécifique pour le transmanche en raison de la sortie du Royaume-Uni de l'espace européen, il est nécessaire de disposer d'outils complémentaires sur toutes les façades maritimes, notamment du dispositif de l'État d'accueil sur lequel, là aussi, nous reviendrons.

Mesdames, messieurs les sénateurs, je vous remercie d'ores et déjà d'avoir à la fois exposé très clairement les différents enjeux et tiré des lignes de force et de consensus.

Photo de Pierre Laurent

La discussion générale est close.

Nous passons à la discussion du texte de la commission.

Jean-François Carenco

M. Jean-François Carenco, ministre délégué. Le bilan réalisé montre en effet que des efforts restent à fournir en la matière.

Supprimé

Jean-François Carenco

Par ailleurs, je rappelle qu’un référent ministériel pour les gens du voyage a été nommé afin d’assurer une coordination. §Il est chargé d’entretenir les relations avec les élus et avec les organisations représentatives, et d’intervenir sur les difficultés signalées.

Enfin, assez récemment, le 24 avril 2023, une circulaire adressée aux préfets a été prise sur la gestion des grands passages estivaux. Un courrier a été envoyé à l’ensemble des responsables d’associations des gens du voyage afin de leur rappeler les grands principes : information préalable, répartition des demandes dans le temps et dans l’espace, et vigilance quant à l’intégrité et à la propreté des équipements.

« CHAPITRE II

« Droits des salariés

« Art. L. 5592 -1. – Pour la détermination du salaire minimum horaire, les dispositions légales et les stipulations conventionnelles applicables aux salariés employés sur les navires mentionnés à l'article L. 5591-1 sont celles applicables aux salariés employés par les entreprises de la même branche d'activité établies en France.

« Le présent article ne s'applique que pour les périodes au cours desquelles les navires sont exploités sur les lignes régulières internationales mentionnées au même article L. 5591-1.

« Art. L. 5592 -2. – L'organisation du travail applicable aux salariés employés sur les navires mentionnés à l'article L. 5591-1 est fondée sur une durée de repos à terre au moins équivalente à la durée de leur embarquement.

« Un décret en Conseil d'État détermine la durée maximale de l'embarquement, en prenant en compte les critères d'exploitation des lignes concernées, de sécurité de la navigation et de lutte contre les pollutions marines.

« Art. L. 5592 -3

« CHAPITRE III

« Documents obligatoires

« Art. L. 5593 -1. – La liste des documents qui sont tenus à la disposition des membres de l'équipage et affichés dans les locaux réservés à l'équipage ainsi que les langues dans lesquelles ces documents doivent être disponibles sont fixées par décret.

« Art. L. 5593 -2. – La liste des documents qui sont tenus à la disposition des agents mentionnés à l'article L. 5595-1 et dont ils peuvent prendre copie, quel que soit le support, est fixée par décret.

« CHAPITRE IV

« Sanctions pénales

« Art. L. 5594 -1. – Lorsque le navire est dans les eaux intérieures ou dans une installation portuaire située en dehors de ces eaux, est puni d'une amende de 7 500 euros le fait pour l'employeur de verser un salaire minimum horaire inférieur à celui résultant de l'article L. 5592-1. La même peine est applicable à l'armateur du navire à bord duquel est employé le salarié.

« La récidive est punie de six mois d'emprisonnement et de 15 000 euros d'amende.

« Les infractions donnent lieu à autant d'amendes qu'il y a de salariés concernés.

« Art. L. 5594 -2. – Lorsque le navire est dans les eaux intérieures ou dans une installation portuaire située en dehors de ces eaux, est puni d'une amende de 7 500 euros le fait pour l'employeur de ne pas respecter les obligations en matière de durée de repos à terre résultant de l'article L. 5592-2. La même peine est applicable à l'armateur du navire à bord duquel est employé le salarié.

« La récidive est punie de six mois d'emprisonnement et de 15 000 euros d'amende.

« Les infractions donnent lieu à autant d'amendes qu'il y a de salariés concernés.

« CHAPITRE V

« Constatation des infractions

« Art. L. 5595 -1. – Les infractions au présent titre sont constatées par :

« 1° Les officiers et les fonctionnaires affectés dans les services exerçant des missions de contrôle dans le domaine des affaires maritimes sous l'autorité ou à la disposition du ministre chargé de la mer ;

« 2° Les personnes mentionnées aux 2°, 3°, 8° et 10° de l'article L. 5222-1.

« Art. L. 5595 -2. – Pour l'exercice des missions mentionnées à l'article L. 5595-1, les personnes mentionnées au même article L. 5595-1 sont habilitées à demander à l'employeur, à l'armateur ou à la personne faisant fonction ainsi qu'à toute personne employée à quelque titre que ce soit à bord d'un navire de justifier de son identité, de son adresse et, le cas échéant, de sa qualité de salarié à bord du navire.

« CHAPITRE VI

« Sanctions administratives

« Art. L. 5596 -1. – L'autorité administrative peut, sur le rapport des agents de contrôle de l'inspection du travail mentionnés à l'article L. 8112-1 du code du travail, des officiers et des fonctionnaires affectés dans les services exerçant des missions de contrôle dans le domaine des affaires maritimes sous l'autorité ou à la disposition du ministre chargé de la mer et des personnes mentionnées aux 1° à 3°, 8° et 10° de l'article L. 5222-1 du présent code, sous réserve de l'absence de poursuites pénales, soit adresser à l'employeur ou à l'armateur un avertissement, soit prononcer à l'encontre de l'employeur ou de l'armateur une amende en cas de manquement :

« 1° Au versement du salaire minimum horaire prévu à l'article L. 5592-1 ;

« 2° À l'organisation du travail prévue à l'article L. 5592-2.

« Art. L. 5596 -2. – Lorsqu'une amende est prononcée en application de l'article L. 5596-1, l'autorité administrative informe par tout moyen le procureur de la République des suites données au rapport des agents mentionnés au même article L. 5596-1.

« Art. L. 5596 -3. – Le montant maximal de l'amende prononcée en application de l'article L. 5596-1 est de 4 000 euros et peut être appliqué autant de fois qu'il y a de salariés concernés.

« Le plafond de l'amende est porté au double en cas de nouveau manquement constaté dans un délai de deux ans à compter de la notification de l'amende concernant un précédent manquement de même nature.

« Il est majoré de 50 % en cas de nouveau manquement constaté dans un délai d'un an à compter de la notification d'un avertissement concernant un précédent manquement de même nature.

« Art. L. 5596 -4. – Pour déterminer si elle prononce un avertissement ou une amende prévus à l'article L. 5596-1 et, le cas échéant, pour fixer le montant de l'amende, l'autorité administrative prend en compte les circonstances et la gravité du manquement, le comportement de son auteur ainsi que les ressources et les charges de celui-ci.

« Art. L. 5596 -5. – Avant toute décision, l'autorité administrative informe par écrit l'armateur de la sanction envisagée, en portant à sa connaissance le manquement retenu à son encontre et en l'invitant à présenter ses observations dans un délai d'un mois.

« À l'expiration de ce délai, l'autorité administrative peut, par décision motivée, prononcer l'amende prévue à l'article L. 5596-1 et émettre le titre de perception correspondant.

« Art. L. 5596 -6. – La décision d'infliger une amende administrative ne peut être prise plus de deux ans après le jour où le manquement a été commis.

« Art. L. 5596 -7. – La décision d'infliger une amende administrative ne peut pas faire l'objet d'un recours hiérarchique.

« Art. L. 5596 -8. – L'amende prononcée en application de l'article L. 5596-1 est recouvrée selon les modalités prévues pour les créances de l'État étrangères à l'impôt et au domaine. »

II

Debut de section - PermalienPhoto de Céline Brulin

L'article 1er constitue le cœur de cette proposition de loi. À cet égard, je regrette que la commission des affaires sociales en ait retiré les dispositions relatives au temps de travail, notamment l'équivalence entre la durée d'embarquement et le temps de repos passé à terre.

Jean-François Carenco

M. Jean-François Carenco, ministre délégué. L’intention du Gouvernement est bien d’avancer sur les deux aspects : offrir les conditions d’un meilleur accueil et réprimer plus efficacement les installations illicites. La vie est ainsi faite que ce n’est jamais simple.

Photo de Pierre Laurent

La parole est à Mme Céline Brulin, sur l'article.

Photo de Céline Brulin

L'article 1er constitue le cœur de cette proposition de loi. À cet égard, je regrette que la commission des affaires sociales en ait retiré les dispositions relatives au temps de travail, notamment l'équivalence entre la durée d'embarquement et le temps de repos passé à terre.

Debut de section - PermalienPhoto de Céline Brulin

Vous aurez l'occasion de me répondre, madame la rapporteure.

Elle l'a fait au motif que ce texte pourrait être censuré par le droit européen.

Or si nous sommes aujourd'hui amenés à discuter de cette proposition de loi, c'est précisément parce que le droit européen ne nous protège pas du dumping social. On ne peut donc pas uniquement s'y référer : il faut au contraire le faire évoluer.

Il a beaucoup été question de la nécessaire égalité entre temps d'embarquement et temps de repos. Pourtant, cela ne figure pas dans ce texte – évidemment, nous n'avons pas pour but de fragiliser cette proposition de loi, que nous voulons voir mise en œuvre rapidement. Quel sera donc le ratio entre ces deux temps ?

Vous l'avez évoqué vous-même, monsieur le secrétaire d'État, il existe des disparités énormes entre les compagnies maritimes. Cette problématique est à mon sens au moins aussi importante que la question salariale, et ce pour des raisons de sécurité.

Pour rendre cette proposition de loi efficiente, nous nous appuyons sur un véhicule législatif particulier, la loi de police, qui permet de fixer des critères très stricts en matière de sécurité. On nous indique que ceux-ci seront définis par décret. Pour pouvoir débattre sereinement, monsieur le secrétaire d'État, nous avons besoin de savoir ce que celui-ci contiendra. C'est important pour la suite de nos discussions.

Photo de Gérard Larcher

M. le président. La parole est à Mme Sabine Drexler, pour le groupe Les Républicains.

Photo de Céline Brulin

Vous aurez l'occasion de me répondre, madame la rapporteure.

... au motif que ce texte pourrait être censuré par le droit européen.

Or si nous sommes aujourd'hui amenés à discuter de cette proposition de loi, c'est précisément parce que le droit européen ne nous protège pas du dumping social. On ne peut donc pas uniquement s'y référer : il faut au contraire le faire évoluer.

Il a beaucoup été question de la nécessaire égalité entre temps d'embarquement et temps de repos. Pourtant, cela ne figure pas dans ce texte – évidemment, nous n'avons pas pour but de fragiliser cette proposition de loi, que nous voulons voir mise en œuvre rapidement. Quel sera le ratio entre ces deux temps ?

Vous l'avez évoqué vous-même, monsieur le secrétaire d'État, il existe des disparités énormes entre les compagnies maritimes. Cette problématique est à mon sens au moins aussi importante que la question salariale, et ce pour des raisons de sécurité.

Pour rendre cette proposition de loi efficiente, nous nous appuyons sur un véhicule législatif particulier, la loi de police, ce qui permet de fixer des critères très stricts en matière de sécurité. On nous indique que ceux-ci seront définis par décret. Pour pouvoir débattre sereinement, monsieur le secrétaire d'État, nous avons besoin de savoir ce que celui-ci contiendra. C'est important pour la suite de nos discussions.

Debut de section - PermalienPhoto de Michel Canevet

La France est un grand pays maritime et nous tenons absolument à ce qu'elle le reste.

L'article 1er concerne le transport international de passagers. Il est vrai que notre pays compte de grands opérateurs : en Bretagne, région que je connais le mieux, opère depuis le siècle dernier la compagnie Brittany Ferries. Elle a été créée par des agriculteurs, qui sont toujours à la manœuvre et qui ont pour ambition de désenclaver le territoire. Pour autant, il faut que cela se fasse à conditions de concurrence identiques, afin que cette dernière ne soit pas faussée.

Tel est bien l'objet de cet article, sur lequel nous nous rejoignons : faire en sorte que la concurrence soit la plus équitable possible, de sorte que la France reste un grand pays maritime.

Je me réjouis que, lors de la conférence sur le dumping social qui s'est tenue à l'occasion de la quatrième édition des rencontres du transmanche à Saint-Malo, les armateurs de France aient pu appeler l'attention de l'ensemble des parlementaires et des pouvoirs publics sur la nécessité de réagir face à certaines pratiques observées notamment dans le transmanche.

Un texte était donc nécessaire et je remercie tous ceux qui ont œuvré à son élaboration et qui, malgré les tempêtes, continuent, en bons capitaines, de garder le cap. §

J'espère que nous aboutirons très rapidement à la mise en œuvre de ce texte. §

Photo de Pierre Laurent

La parole est à M. Michel Canévet, sur l'article.

Photo de Sabine Drexler

Trop souvent perçu comme une charge, le patrimoine témoigne d’une culture et d’une identité. Il permet également de créer de l’activité et de l’emploi. Le petit patrimoine ne fait l’objet d’aucune protection, à moins que celle-ci ne soit spécifiée dans les documents d’urbanisme.

Ce patrimoine, ce sont des lavoirs, des fours à pain, des calvaires, mais aussi des maisons à colombage en Alsace ou des malouinières en Bretagne. Ce sont les maisons vigneronnes d’Occitanie et les burons du Cantal, les échoppes bordelaises et les longères de Vendée ou encore les chalets du Briançonnais et les meulières d’Île-de-France. Comme encore les chaumières normandes, les maisons basques ou les mas de Provence, toutes ces constructions caractérisent nos régions et font l’attractivité de notre pays.

Par définition, ce bâti vernaculaire est durable, du fait de sa longévité, mais aussi de sa soutenabilité, car il a été construit en fonction du climat et des ressources locales. Grâce aux qualités que ces ressources lui confèrent, il contribue naturellement à une réduction importante de l’utilisation du chauffage ou de la climatisation.

Aujourd’hui, le diagnostic de performance énergétique (DPE), devenu opposable, et l’urgence de la décarbonation amènent de nombreux propriétaires de ce type de biens à réaliser des travaux d’isolation inadaptés, mais subventionnés. Sans le savoir, certains portent au bâti des atteintes parfois fatales. D’autres délaissent leur bien, qui finira dégradé, puis vendu pour son foncier.

Les architectes des bâtiments de France (ABF) nous assurent qu’ils ne parviennent plus désormais à endiguer la vague d’isolation par l’extérieur, y compris dans les secteurs protégés.

Monsieur le ministre, que comptez-vous mettre en œuvre pour empêcher que des gestes ou des matériaux inappropriés ne viennent porter des atteintes définitives au bâti patrimonial de notre pays ?

Photo de Michel Canevet

La France est un grand pays maritime et nous tenons absolument à ce qu'elle le reste.

L'article 1er concerne le transport international de passagers. Il est vrai que notre pays compte de grands opérateurs : en Bretagne, territoire que je connais le mieux, opère depuis le siècle dernier la compagnie Brittany Ferries. Elle a été créée par des agriculteurs, qui sont toujours à la manœuvre et qui ont pour ambition de désenclaver le territoire. Pour autant, il faut que cela se fasse à conditions de concurrence identiques, afin que cette dernière ne soit pas faussée.

Tel est bien l'objet de cet article, sur lequel nous nous rejoignons : faire en sorte que la concurrence soit la plus équitable possible, de sorte que la France reste un grand pays maritime.

Je me réjouis que, lors de la conférence sur le dumping social qui s'est tenue à l'occasion de la quatrième édition des rencontres du transmanche à Saint-Malo, les armateurs de France aient pu appeler l'attention de l'ensemble des parlementaires et des pouvoirs publics sur la nécessité de réagir face à certaines pratiques observées notamment dans le transmanche.

Un texte était donc nécessaire et je remercie tous ceux qui ont œuvré à son élaboration et qui, malgré les tempêtes, continuent, en bon capitaine, de garder le cap. §

J'espère que nous aboutirons très rapidement à la mise en œuvre de ce texte. §

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

Je suis saisi de trois amendements faisant l'objet d'une discussion commune.

L'amendement n° 3, présenté par le Gouvernement, est ainsi libellé :

I. – Alinéa 3

Rédiger ainsi cet alinéa :

« Conditions d'établissement et règles sociales applicables aux lignes régulières entre la France et le Royaume-Uni, ou les îles anglo-normandes

II. – Alinéa 6, première phrase

Remplacer les mots :

touchant un port français

par les mots :

entre la France et le Royaume-Uni, ou les îles anglo-normandes

La parole est à M. le secrétaire d'État.

Debut de section - Permalien
Hervé Berville

Cet amendement visait à inscrire dans le texte que les dispositions introduites par l'article 1er s'appliquaient uniquement aux liaisons sur le transmanche. Au fil des discussions en commission que nous avons eues au cours des dernières semaines avec Mme la rapporteure et vous-même, mesdames, messieurs les sénateurs, sur ce texte important pour notre puissance maritime, un consensus s'est dégagé sur ce point.

Il paraît aujourd'hui judicieux que ce soit un décret d'application qui précise que les dispositifs prévus à cet article concernent les liaisons internationales transmanche entre les ports français et les ports du Royaume-Uni.

L'examen de cet amendement me donne l'occasion de préciser, parce que cela fait parfois l'objet de discussions, d'inquiétudes et de questionnements, que l'article 1er concerne uniquement les liaisons transmanche, mais que nous aurons ensuite à discuter de dispositifs qui concernent toutes les façades maritimes, notamment au regard du développement de l'éolien en mer.

Je redis donc ici même, devant vous, mesdames, messieurs les sénateurs, que le dispositif prévu à l'article 1er ne concerne bien que le transmanche. Cette précision figurera bien dans le décret d'application, j'en prends ici l'engagement : ce sera plus efficace, plus rapide et correspondra aux attentes que vous avez soulignées.

Par conséquent, je retire bien évidemment cet amendement.

Photo de Gérard Larcher

La parole est à M. le ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires.

Photo de Pierre Laurent

Je suis saisi de trois amendements faisant l'objet d'une discussion commune.

L'amendement n° 3, présenté par le Gouvernement, est ainsi libellé :

I. – Alinéa 3

Rédiger ainsi cet alinéa :

« Conditions d'établissement et règles sociales applicables aux lignes régulières entre la France et le Royaume-Uni, ou les îles anglo-normandes

II. – Alinéa 6, première phrase

Remplacer les mots :

touchant un port français

par les mots :

entre la France et le Royaume-Uni, ou les îles anglo-normandes

La parole est à M. le secrétaire d'État.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 3 est retiré.

L'amendement n° 25, présenté par M. Bacchi, Mmes Apourceau-Poly, Cohen et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste, est ainsi libellé :

I. – Alinéa 3

Compléter cet alinéa par les mots :

entre la France et le Royaume-Uni

II. – Alinéa 6

Après le mot :

internationales

insérer les mots :

entre la France et le Royaume-Uni,

La parole est à M. Jérémy Bacchi.

Photo de Christophe Béchu

Madame la sénatrice Drexler, j’aimerais associer, si vous me le permettez, M. Lafon à ma réponse.

Il y a quelques mois, vous êtes venus me voir tous les deux pour insister sur le risque qu’il y aurait d’avoir une vision aveugle et uniforme des règles du DPE au mépris de la résistance et – j’utilise un mot que l’on n’utilisait pas à l’époque – de la résilience d’une partie de ces maisons de pleine pierre et de ces types d’habitats construits.

Il y a quelques jours, au début du mois de juin, la ministre de la culture et moi-même, compte tenu du lien hiérarchique que nous avons avec les ABF, avons entendu le cri d’alarme d’une dizaine d’associations patrimoniales qui ont relayé une partie des propositions formulées par votre commission. Je souligne ici à quel point nous prenons ce sujet au sérieux.

Nous avons demandé aux ABF de nous aider à montrer ce qui était possible. Cela est le cas avec l’hôtel de Roquelaure, que j’occupe de manière temporaire : nous sommes en train de creuser la question de la géothermie pour trouver un moyen de décarbonation qui ne touche ni aux façades ni à l’apparence du bâtiment. Des pistes sont proposées à chaque fois qu’on se demande ce qu’il est possible de faire et non comment trouver une excuse pour ne pas faire…

Je le précise d’autant plus volontiers que ce patrimoine est une part de notre identité et de notre âme. Vous avez cité les longères de Vendée : il m’aurait évidemment plu que vous poussiez jusqu’aux troglodytes du Saumurois ou jusqu’à une partie des clochers tors du Haut-Anjou.

Debut de section - PermalienPhoto de Christophe Béchu

Madame la sénatrice Drexler, j’aimerais associer, si vous me le permettez, M. Lafon à ma réponse.

Il y a quelques mois, vous êtes venus me voir tous les deux pour insister sur le risque qu’il y aurait d’avoir une vision aveugle et uniforme des règles du DPE au mépris de la résistance et – j’utilise un mot que l’on n’utilisait pas à l’époque – de la résilience d’une partie de ces maisons de pleine pierre et de ces types d’habitats construits.

Il y a quelques jours, au début du mois de juin, la ministre de la culture et moi-même, compte tenu du lien hiérarchique que nous avons avec les ABF, avons entendu le cri d’alarme d’une dizaine d’associations patrimoniales qui ont relayé une partie des propositions formulées par votre commission. Je souligne ici à quel point nous prenons ce sujet au sérieux.

Nous avons demandé aux ABF de nous aider à montrer ce qui était possible. Cela est le cas avec l’hôtel de Roquelaure, que j’occupe de manière temporaire : nous sommes en train de creuser la question de la géothermie pour trouver un moyen de décarbonation qui ne touche ni aux façades ni à l’apparence du bâtiment. Des pistes sont proposées chaque fois qu’on se demande ce qu’il est possible de faire et non comment trouver une excuse pour ne pas faire…

Je le précise d’autant plus volontiers que ce patrimoine est une part de notre identité et de notre âme. Vous avez cité les longères de Vendée : il m’aurait évidemment plu que vous poussiez jusqu’aux troglodytes du Saumurois ou jusqu’à une partie des clochers tors du Haut-Anjou.

Hervé Berville

Cet amendement visait à inscrire dans ce texte que les dispositions introduites par l'article 1er s'appliquaient uniquement aux liaisons sur le transmanche. Au fil des discussions en commission que nous avons eues au cours des dernières semaines avec Mme la rapporteure et vous-même, mesdames, messieurs les sénateurs, sur ce texte important pour notre puissance maritime, un consensus s'est dégagé sur ce point.

Il paraît aujourd'hui judicieux que ce soit un décret d'application qui précise que les dispositifs prévus à cet article concernent les liaisons internationales transmanche entre les ports français et les ports du Royaume-Uni. J'en prends ici l'engagement.

La discussion de cet amendement me donne l'occasion de préciser, parce que cela fait parfois l'objet de discussions, d'inquiétudes et de questionnement, que l'article 1er concerne uniquement les liaisons transmanche, mais que nous aurons ensuite à discuter de dispositifs qui concernent toutes les façades maritimes, notamment au regard du développement de l'éolien en mer.

Je redis donc ici même devant vous, mesdames, messieurs les sénateurs, que le dispositif prévu à l'article 1er ne concerne bien que le transmanche. Cela figurera bien dans le décret d'application : ce sera plus efficace, plus rapide et correspondra aux attentes que vous avez soulignées.

Par conséquent, je retire bien évidemment cet amendement.

Debut de section - PermalienPhoto de Jérémy Bacchi

Monsieur le président, si vous m'y autorisez, je présenterai en même temps l'amendement n° 18.

Photo de Pierre Laurent

L'amendement n° 3 est retiré.

L'amendement n° 25, présenté par M. Bacchi, Mmes Apourceau-Poly, Cohen et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste, est ainsi libellé :

I. – Alinéa 3

Compléter cet alinéa par les mots :

entre la France et le Royaume-Uni

II. – Alinéa 6

Après le mot :

internationales

insérer les mots :

entre la France et le Royaume-Uni,

La parole est à M. Jérémy Bacchi.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

J'appelle donc en discussion l'amendement n° 18, présenté par M. Bacchi, Mmes Apourceau-Poly, Cohen et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste, et qui est ainsi libellé :

Alinéa 6, première phrase

1° Après le mot :

applicable

insérer le mot :

exclusivement

2° Compléter cette phrase par les mots :

entre la France et le Royaume-Uni

Veuillez poursuivre, mon cher collègue.

Photo de Christophe Béchu

C’est l’occasion pour moi de souligner qu’il y a sur nos territoires des collectivités qui ont pris à bras-le-corps la question du petit patrimoine. Ce sera pour moi l’occasion de saluer M. Retailleau.

Ces collectivités se sont emparées de la question en mesurant combien agir en ce sens aidait à soutenir nos ruralités. C’est ce que la Première ministre a mis à l’honneur voilà quelques jours au travers du plan France ruralités qui nous donnera l’occasion de mieux accompagner l’ensemble des territoires, de préserver une partie de notre culture et de nous préoccuper de ce qui permet de préparer l’avenir en nous appuyant sur le passé.

Il faut une transition, mais adaptée à la réalité du patrimoine. C’est une nécessité non seulement de mémoire, mais aussi de cohésion.

Photo de Jérémy Bacchi

Monsieur le président, si vous m'y autorisez, je présenterai en même temps l'amendement n° 18.

Debut de section - PermalienPhoto de Jérémy Bacchi

Les marins ont de fortes attentes en matière de lutte contre le dumping social, non seulement dans le transmanche, mais également ailleurs, en particulier en mer Méditerranée.

Aujourd'hui, les marins de la ville de Marseille sont en grève reconductible pour dénoncer leurs conditions de travail, mais aussi l'extension des règles de l'État d'accueil aux liaisons maritimes entre les ports français de Méditerranée et les ports des pays du Maghreb – Algérie, Tunisie, Maroc.

Le syndicat CGT des marins de Marseille m'a interpellé sur les conséquences néfastes que pourrait avoir l'application d'une telle mesure aux navires de la Méditerranée.

La concurrence des armateurs entraîne une pression sur les droits sociaux des marins. Dans ce contexte, nous avons le devoir de garantir un haut niveau de protection sociale.

Face aux entreprises qui n'hésitent pas à battre pavillon chypriote pour appliquer des droits sociaux au rabais, la France devrait imposer l'obligation d'établissement et de pavillon pour les deux pays concernés par les liaisons, ainsi que des règles de réciprocité et de coopération.

Cela nécessiterait d'engager une procédure contentieuse avec l'Union européenne, qui demeure absente du dossier de la préservation des droits sociaux des marins au nom de la libre concurrence.

La situation ne peut plus durer. En attendant une initiative politique sur ce sujet, il est indispensable de préserver les droits des marins.

Photo de Gérard Larcher

Nous en avons terminé avec les questions d’actualité au Gouvernement.

Je vous rappelle que les prochaines questions d’actualité au Gouvernement auront lieu mercredi 28 juin, à quinze heures.

La séance est suspendue.

Photo de Pierre Laurent

J'appelle donc en discussion l'amendement n° 18, présenté par M. Bacchi, Mmes Apourceau-Poly, Cohen et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste, et qui est ainsi libellé :

Alinéa 6, première phrase

1° Après le mot :

applicable

insérer le mot :

exclusivement

2° Compléter cette phrase par les mots :

entre la France et le Royaume-Uni

Veuillez poursuivre, mon cher collègue.

Photo de Jérémy Bacchi

Les marins ont de fortes attentes en matière de lutte contre le dumping social, non seulement dans le transmanche, mais également ailleurs, en particulier en mer Méditerranée.

Aujourd'hui, les marins de la ville de Marseille sont en grève reconductible pour dénoncer leurs conditions de travail, mais aussi l'extension des règles de l'État d'accueil aux liaisons maritimes entre les ports français de Méditerranée et les ports des pays du Maghreb – Algérie, Tunisie, Maroc.

Le syndicat CGT des marins de Marseille m'a interpellé sur les conséquences néfastes que pourrait entraîner l'application d'une telle mesure aux navires de la Méditerranée.

La concurrence des armateurs entraîne une pression sur les droits sociaux des marins. Dans ce contexte, nous avons le devoir de garantir un haut niveau de protection sociale.

Face aux entreprises qui n'hésitent pas à battre pavillon chypriote pour appliquer des droits sociaux au rabais, la France devrait imposer l'obligation d'établissement et de pavillon pour les deux pays concernés par les liaisons, ainsi que des règles de réciprocité et de coopération.

Cela nécessiterait d'engager une procédure contentieuse avec l'Union européenne, qui demeure absente du dossier de la préservation des droits sociaux des marins au nom de la libre concurrence.

La situation ne peut plus durer. En attendant une initiative politique sur ce sujet, il est indispensable de préserver les droits des marins.

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Procaccia

Je remercie M. le secrétaire d'État d'avoir retiré l'amendement n° 3, d'autant que la commission des affaires sociales a toujours cru en l'efficacité du décret en Conseil d'État.

Même si l'amendement visait à préciser que les dispositions introduites par l'article 1er s'appliquent uniquement aux liaisons « entre la France et le Royaume-Uni, ou les îles anglo-normandes » – merci, monsieur le secrétaire d'État, d'avoir ajouté ces dernières, qui nous préoccupaient –, un décret était bien nécessaire pour préciser les liaisons concernées.

Pour cette raison et au regard des engagements pris par M. le secrétaire d'État, la commission demande le retrait des amendements n° 25 et 18.

Photo de Catherine Procaccia

Je remercie M. le secrétaire d'État d'avoir retiré l'amendement n° 3, d'autant que la commission des affaires sociales a toujours cru en l'efficacité du décret en Conseil d'État.

Même si l'amendement visait à préciser que les dispositions introduites par l'article 1er s'appliquent uniquement aux liaisons « entre la France et le Royaume-Uni, ou les îles anglo-normandes » – merci, monsieur le secrétaire d'État, d'avoir ajouté ces dernières, qui nous préoccupaient –, un décret était bien nécessaire pour préciser les liaisons concernées.

Pour cette raison et au regard des engagements pris par M. le secrétaire d'État, la commission demande le retrait des amendements n° 25 et 18.

Debut de section - Permalien
Hervé Berville

Le Gouvernement demande également le retrait des amendements n° 25 et 18.

Photo de Pierre Laurent

La parole est à M. Pierre Ouzoulias, pour un rappel au règlement.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

La parole est à M. Jérémy Bacchi, pour explication de vote.

Photo de Pierre Ouzoulias

Il s’agit d’un rappel au règlement commémoratif, qui se fonde sur l’article 36, quelque peu aménagé pour la circonstance…

Le 18 juin, le Président de la République a annoncé, au nom de la Nation, le transfert de Missak Manouchian au Panthéon, le 21 février 2024, jour du quatre-vingtième anniversaire de son exécution au Mont-Valérien. Il sera accompagné de sa femme, Mélinée.

Avec Missak Manouchian, ce sont le groupe de l’Affiche rouge et tous les étrangers morts pour la France qui entrent au Panthéon. La Résistance nationale, dans la pluralité de ses composantes et l’unité de son combat, est enfin rassemblée, du lieutenant de vaisseau Honoré d’Estienne d’Orves à l’apatride Missak Manouchian, de Geneviève de Gaulle-Anthonioz à Olga Bancic, du général Charles Delestraint à Georges Guingouin, de Marc Bloch à Edmond Michelet, d’Henri Frenay à Emmanuel d’Astier de La Vigerie.

Notre groupe se félicite de cette décision, qui honore ces résistants et une certaine idée de la France, de la République et de la Nation, pensée comme un projet politique collectif.

Hervé Berville

Le Gouvernement demande également le retrait des amendements n° 25 et 18.

Debut de section - PermalienPhoto de Jérémy Bacchi

Il est indispensable de se battre pour préserver un haut niveau d'exigence en matière sociale pour nos marins.

Les marins des navires dans le transmanche doivent obtenir des garanties face à la mise en concurrence avec des travailleurs hors Union européenne, auxquels on impose des salaires horaires de 5, 50 euros.

L'application aux navires de la Méditerranée de la règle de l'État d'accueil entraînerait la fin du premier registre du pavillon français et la disparition des droits sociaux.

Je le rappelle, les marins de Marseille ont déposé un préavis de grève reconductible face au risque de l'extension de cette règle aux liaisons régulières à passagers entre la France et les pays du Maghreb.

Nous sommes donc satisfaits de constater que l'amendement du Gouvernement a pour objet l'exclusion de la Méditerranée du texte. Nous sommes également satisfaits qu'il vise à modifier l'article pour évoquer les « Conditions d'établissement et règles sociales applicables aux lignes régulières entre la France et le Royaume-Uni, ou les îles anglo-normandes ».

Cet amendement va dans le bon sens. Il s'agit d'interdire le libre choix des pavillons et de n'autoriser que les navires sous pavillon français premier registre pour les sociétés établies en France et les navires battant pavillon britannique pour les sociétés établies au Royaume-Uni.

Un accord de coopération entre les deux pays demeure plus que jamais d'actualité afin d'interdire, par exemple, le recrutement des marins par des sociétés de manning.

En attendant, nous soutiendrons l'amendement du Gouvernement. C'est pourquoi je retire les amendements n° 25 et 18.

Photo de Pierre Laurent

La parole est à M. Jérémy Bacchi, pour explication de vote.

Photo de Pierre Ouzoulias

Avant de mourir, Missak Manouchian écrivait à sa femme : « Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire clignement. »

Chers collègues, restons dignes de leur combat et continuons de défendre, dans la pluralité de nos opinions et de nos parcours, les principes pour lesquels ils sont tombés : la liberté, la justice, la démocratie, la paix et les droits de l’homme.

Photo de Jérémy Bacchi

Il est indispensable de se battre pour préserver un haut niveau d'exigence en matière sociale pour nos marins.

Les marins des navires dans le transmanche doivent obtenir des garanties face à la mise en concurrence avec des travailleurs hors Union européenne auxquels on impose des salaires horaires de 5, 50 euros.

L'application aux navires de la Méditerranée de la règle de l'État d'accueil entraînerait la fin du premier registre du pavillon français et la disparition des droits sociaux.

Je le rappelle, les marins de Marseille ont déposé un préavis de grève reconductible face au risque de l'extension de cette règle aux liaisons régulières à passagers entre la France et les pays du Maghreb.

Nous sommes donc satisfaits de constater que l'amendement du Gouvernement a pour objet l'exclusion de la Méditerranée du texte. Nous sommes également satisfaits qu'il vise à modifier l'alinéa 3 de l'article pour évoquer les « Conditions d'établissement et règles sociales applicables aux lignes régulières entre la France et le Royaume-Uni, ou les îles anglo-normandes ».

Cet amendement va dans le bon sens. Il s'agit d'interdire le libre choix des pavillons et de n'autoriser que les navires sous pavillon français premier registre pour les sociétés établies en France et les navires battant pavillon britannique pour les sociétés établies au Royaume-Uni.

Un accord de coopération entre les deux pays demeure plus que jamais d'actualité afin d'interdire par exemple le recrutement des marins par des sociétés de manning.

En attendant, nous soutiendrons l'amendement du Gouvernement. C'est pourquoi je retire les amendements n° 25 et 18.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

Les amendements n° 25 et 18 sont retirés.

La parole est à M. le secrétaire d'État.

Debut de section - Permalien
Hervé Berville

Monsieur le sénateur, je vous remercie de vos explications.

Je rappelle que le but de cette proposition de loi, comme de toute notre action à l'échelon européen ou en matière de coopération bilatérale avec le Royaume-Uni ou avec d'autres pays, est de renforcer le pavillon France et d'accroître la protection sociale des marins. C'est vrai dans le transmanche, mais aussi en Méditerranée.

Nous poursuivons dans cette voie et ce texte y contribue. Soyez donc rassuré, monsieur le sénateur. Je le répète, toutes ces dispositions figureront bien dans le décret d'application. C'est pourquoi j'ai retiré l'amendement du Gouvernement.

Photo de Pierre Laurent

Acte vous est donné de votre rappel au règlement, mon cher collègue.

Photo de Pierre Laurent

Les amendements n° 25 et 18 sont retirés.

La parole est à M. le secrétaire d'État.

Debut de section - PermalienPhoto de Jérémy Bacchi

Monsieur le président, je n'avais pas compris que l'amendement du Gouvernement était retiré. Dans ces conditions, nous maintenons les amendements n° 25 et 18.

Hervé Berville

Monsieur le sénateur, je vous remercie de vos explications.

Je rappelle que le but de cette proposition de loi, comme de toute notre action à l'échelon européen ou en matière de coopération bilatérale avec le Royaume-Uni ou avec d'autres pays, est de renforcer le pavillon France et d'accroître la protection sociale des marins. C'est vrai dans le transmanche, mais aussi en Méditerranée.

Nous poursuivons dans cette voie et ce texte y contribue. Soyez donc rassuré, monsieur le sénateur. Je le répète, toutes ces dispositions figureront bien dans le décret d'application. C'est pourquoi j'ai retiré l'amendement du Gouvernement.

Photo de Pierre Laurent

J’informe le Sénat qu’ont été publiées des candidatures pour siéger au sein des éventuelles commissions mixtes paritaires chargées de proposer un texte commun, d’une part, sur les dispositions restant en discussion du projet de loi ratifiant les ordonnances relatives à la partie législative du livre VII du code monétaire et financier et portant diverses dispositions relatives à l’outre-mer et, d’autre part, du projet de loi visant à donner à la douane les moyens de faire face aux nouvelles menaces.

Par ailleurs, j’informe le Sénat qu’ont été publiées des candidatures pour siéger au sein de la commission mixte paritaire chargée de proposer un texte sur les dispositions restant en discussion de la proposition de loi visant à renforcer l’accès des femmes aux responsabilités dans la fonction publique.

Ces candidatures seront ratifiées si la présidence n’a pas reçu d’opposition dans le délai d’une heure prévu par notre règlement.

Photo de Jérémy Bacchi

Monsieur le président, je n'avais pas compris que l'amendement du Gouvernement était retiré. Dans ces conditions, nous maintenons les amendements n° 25 et 18.

L'amendement n'est pas adopté.

Photo de Pierre Laurent

M. le président. Mes chers collègues, j’ai le plaisir de saluer, dans la tribune d’honneur, une délégation internationale composée de plusieurs parlementaires du Brésil, du Botswana, de Colombie, du Mexique, du Pérou, du Royaume-Uni et de Zambie.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

Je suis saisi de six amendements faisant l'objet d'une discussion commune.

L'amendement n° 17, présenté par M. Bacchi, Mmes Apourceau-Poly, Cohen et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste, est ainsi libellé :

I. – Après l'alinéa 7

Insérer quatre alinéas ainsi rédigés :

« Chapitre ...

« Établissement

« Art. L. 5591 - – Tout armateur communautaire ou du Royaume-Uni peut constituer et gérer une entreprise maritime sur le territoire national afin d'y exploiter un ou plusieurs navires sur des services de cabotage maritime réguliers, à passagers, entre la France et le Royaume-Uni, et l'Irlande, dans les conditions prévues par la législation française pour ses propres ressortissants, sous réserve d'être en conformité avec la législation relative aux capitaux et aux paiements définie par le traité sur le fonctionnement de l'Union européenne, au titre de la libre circulation des personnes, des services et des capitaux dans le marché intérieur.

« Les navires effectuant ces liaisons et services maritimes de transport à passagers, au sens de la règlementation française, doivent être immatriculés au pavillon français de premier registre, conformément aux conditions définies par la législation française pour ses propres ressortissants. Le registre international français est exclu. »

II. – Alinéas 10 à 14

Rédiger ainsi ces alinéas :

« Art. L. 5592 -1. – Les dispositions du présent chapitre s'appliquent aux contrats de travail de tous les salariés employés sur les navires des entreprises maritimes établies au Royaume-Uni ou en Irlande, effectuant des liaisons régulières à passagers avec la France, au sens de la règlementation française.

« Les dispositions légales et les stipulations conventionnelles applicables aux salariés employés sur les navires mentionnés à l'article L. 5591-1 sont celles applicables aux salariés employés par les entreprises de la même branche d'activité établies en France, pour :

« 1° La détermination du salaire minimum horaire et mensuel sur la base de 8 heures de travail par jour ;

« 2° La détermination et l'acquisition des jours minimums de repos et de congés.

« Les obligations mentionnées au premier alinéa ne s'appliquent que pour les périodes où les navires sont exploités sur les lignes régulières internationales mentionnées à l'article L. 5591-1. »

La parole est à M. Jérémy Bacchi.

Photo de Pierre Laurent

La délégation est particulièrement impliquée dans les politiques de développement durable et les efforts de conservation des ressources à l’échelle internationale. Elle est arrivée hier à Paris à l’occasion du sommet pour un nouveau pacte financier mondial, qui se déroulera les 22 et 23 juin au palais Brongniart.

La délégation a été invitée aujourd’hui au Sénat par nos collègues Ronan Dantec et Christian Cambon pour une réunion de travail consacrée à la protection de l’environnement, suivie d’une visite institutionnelle du palais du Luxembourg.

Demain, elle prendra part à une table ronde organisée à l’Assemblée nationale par notre collègue député Hubert Julien-Laferrière.

Mes chers collègues, permettez-moi de souhaiter à nos homologues, en votre nom à tous, la plus cordiale bienvenue, ainsi qu’un excellent et fructueux séjour.

Debut de section - PermalienPhoto de Jérémy Bacchi

La règle de la libre concurrence empêchant d'appliquer le droit français aux gens de mer qui assurent le transport de passagers entre la France et le Royaume-Uni, la proposition de loi prévoit une loi de police assez ferme.

Plutôt que d'y avoir recours, le syndicat CGT propose d'imposer l'obligation d'établissement et de pavillon pour les deux pays concernés par les liaisons, ainsi que des règles de réciprocité et de coopération, afin de préserver les pavillons français et britannique et leurs emplois.

Par ailleurs, les syndicats des marins suggèrent de travailler la question de l'établissement. Les compagnies de transport devraient être domiciliées dans les pays où elles agissent. De cette façon, le droit du travail s'appliquerait à elles, ce qui protégerait les marins sur ces bateaux.

Il nous faut dire le droit sans nous sentir obligés de plier devant cette volonté de concurrence à tout prix. La libre prestation de services doit être encadrée, dès lors qu'elle met en danger nos systèmes de protection sociale.

De ce fait, le Gouvernement doit engager une lutte à Bruxelles et obtenir le droit de déroger aux règles de la directive Services ou une révision des règles en faveur d'un haut niveau de protection sociale pour nos marins.

Photo de Pierre Laurent

Je suis saisi de six amendements faisant l'objet d'une discussion commune.

L'amendement n° 17, présenté par M. Bacchi, Mmes Apourceau-Poly, Cohen et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste, est ainsi libellé :

I. – Après l'alinéa 7

Insérer quatre alinéas ainsi rédigés :

« Chapitre ...

« Établissement

« Art. L. 5591 - – Tout armateur communautaire ou du Royaume-Uni peut constituer et gérer une entreprise maritime sur le territoire national afin d'y exploiter un ou plusieurs navires sur des services de cabotage maritime réguliers, à passagers, entre la France et le Royaume-Uni, et l'Irlande, dans les conditions prévues par la législation française pour ses propres ressortissants, sous réserve d'être en conformité avec la législation relative aux capitaux et aux paiements définie par le traité sur le fonctionnement de l'Union européenne, au titre de la libre circulation des personnes, des services et des capitaux dans le marché intérieur.

« Les navires effectuant ces liaisons et services maritimes de transport à passagers, au sens de la règlementation française, doivent être immatriculés au pavillon français de premier registre, conformément aux conditions définies par la législation française pour ses propres ressortissants. Le registre international français est exclu. »

II. – Alinéas 10 à 14

Rédiger ainsi ces alinéas :

« Art. L. 5592 -1. – Les dispositions du présent chapitre s'appliquent aux contrats de travail de tous les salariés employés sur les navires des entreprises maritimes établies au Royaume-Uni ou en Irlande, effectuant des liaisons régulières à passagers avec la France, au sens de la règlementation française.

« Les dispositions légales et les stipulations conventionnelles applicables aux salariés employés sur les navires mentionnés à l'article L. 5591-1 sont celles applicables aux salariés employés par les entreprises de la même branche d'activité établies en France, pour :

« 1° La détermination du salaire minimum horaire et mensuel sur la base de 8 heures de travail par jour ;

« 2° La détermination et l'acquisition des jours minimums de repos et de congés.

« Les obligations mentionnées au premier alinéa ne s'appliquent que pour les périodes où les navires sont exploités sur les lignes régulières internationales mentionnées à l'article L. 5591-1. »

La parole est à M. Jérémy Bacchi.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 19 rectifié, présenté par Mmes Apourceau-Poly, Cohen, Brulin et Gréaume, M. Lahellec et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste, est ainsi libellé :

Alinéa 10

Après le mot :

horaire

insérer les mots :

, le paiement du salaire, y compris les majorations pour les heures supplémentaires, ainsi que pour la durée du travail, les repos compensateurs, les jours fériés, les congés annuels payés et le travail de nuit des jeunes travailleurs

La parole est à Mme Céline Brulin.

Photo de Jérémy Bacchi

Face à la règle de la libre concurrence qui empêche d'appliquer le droit français aux gens de mer assurant le transport de passagers entre la France et le Royaume-Uni, la proposition de loi prévoit une loi de police assez ferme.

Plutôt que d'y avoir recours, le syndicat CGT propose d'imposer l'obligation d'établissement et de pavillon pour les deux pays concernés par les liaisons, ainsi que des règles de réciprocité et de coopération, afin de préserver les pavillons français et britannique et leurs emplois.

Par ailleurs, les syndicats des marins suggèrent de travailler la question de l'établissement. Les compagnies de transport devraient être domiciliées dans les pays où elles agissent. De cette façon, le droit du travail s'appliquerait à elles, ce qui protégerait les marins sur ces bateaux.

Il nous faut dire le droit sans nous sentir obligés de plier devant cette volonté de concurrence à tout prix. La libre prestation de service doit être encadrée, dès lors qu'elle met en danger nos systèmes de protection sociale.

De ce fait, le Gouvernement doit engager une lutte à Bruxelles et obtenir le droit de déroger aux règles de la directive Services ou une révision des règles en faveur d'un haut niveau de protection sociale pour nos marins.

Debut de section - PermalienPhoto de Céline Brulin

Monsieur le président, avec votre permission, je défendrai en même temps les amendements n° 19 rectifié et 21 rectifié.

Photo de Pierre Laurent

L'amendement n° 19 rectifié, présenté par Mmes Apourceau-Poly, Cohen, Brulin et Gréaume, M. Lahellec et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste, est ainsi libellé :

Alinéa 10

Après le mot :

horaire

insérer les mots :

, le paiement du salaire, y compris les majorations pour les heures supplémentaires, ainsi que pour la durée du travail, les repos compensateurs, les jours fériés, les congés annuels payés et le travail de nuit des jeunes travailleurs

La parole est à Mme Céline Brulin.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

J'appelle donc en discussion l'amendement n° 21 rectifié, présenté par Mmes Apourceau-Poly, Cohen, Brulin et Gréaume, M. Lahellec et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste, et ainsi libellé :

Alinéa 10

Après le mot :

horaire

insérer les mots :

et pour le paiement du salaire, y compris les majorations pour les heures supplémentaires

Veuillez poursuivre, ma chère collègue.

Photo de Pierre Laurent

L’ordre du jour appelle la discussion de la proposition de loi, adoptée par l’Assemblée nationale, visant à lutter contre le dumping social sur le transmanche (proposition n° 469, texte de la commission n° 735, rapport n° 734, avis n° 728).

Dans la discussion générale, la parole est à M. le secrétaire d’État.

Photo de Céline Brulin

Monsieur le président, avec votre permission, je défendrai en même temps les amendements n° 19 rectifié et 21 rectifié.

Debut de section - PermalienPhoto de Céline Brulin

Les amendements n° 19 rectifié et 21 rectifié visent à étendre la prise en compte des éléments relatifs aux salaires – par exemple, les heures supplémentaires –, mais aussi aux conditions de travail.

Nous l'avons tous dit, le trafic dans la Manche est extrêmement dense. Certaines compagnies transmanche effectuent même plusieurs rotations journalières, ce qui contraint les marins à faire de nombreuses manœuvres. Ces manœuvres, en raison de l'allongement du temps de travail des marins et de la fatigue qu'il entraîne, peuvent poser des problèmes de sécurité.

Je répète donc la question que je vous ai déjà posée, monsieur le secrétaire d'État : pouvez-vous nous indiquer ce que prévoira le décret d'application s'agissant du temps à bord et du temps à terre, puisque ces éléments ne figurent plus dans le texte de la commission ?

À juste titre, nous avons tous évoqué le sort que P&O Ferries a réservé il y a quelques mois à ses 786 marins. Cela continue ! Nous avons ainsi appris voilà quelques semaines que cette même entreprise avait informé les équipages existants qu'ils devaient s'inscrire auprès de nouvelles agences – pour ma part, j'appelle cela des boîtes d'intérim. Sur le site de l'une d'elles, site qui ne compte que trois pauvres pages, on découvre que cette agence se trouve domiciliée à Malte et qu'elle partage son adresse avec plus de vingt autres sociétés ! Bien plus, cette agence demande déjà aux marins de revoir leurs exigences salariales et leurs conditions de travail à la baisse.

On le voit, ce mouvement continue, ce qui justifie que nous légiférions rapidement.

Hervé Berville

Monsieur le président, madame la présidente de la commission des affaires sociales, madame la rapporteure, madame la rapporteure pour avis, mesdames, messieurs les sénateurs, il y a un peu plus d’un an, en mars 2022, la compagnie britannique P&O Ferries licenciait 786 marins, par visioconférence, sans préavis ! On a donné l’ordre à ces 786 personnes de quitter leur lieu de travail, de descendre de leur ferry, puis on les a remplacées par des marins deux fois moins payés, ne bénéficiant pas de jours de repos, pouvant embarquer jusqu’à quinze semaines en mer et travailler à un rythme effréné sans revenir à terre se reposer.

Voilà, mesdames, messieurs les sénateurs, l’une des réalités du transport maritime dans nos eaux !

Nous voyons se développer des pratiques brutales, une course au moins-disant social, une concurrence déloyale qui peut détruire de nombreuses entreprises, des milliers d’emplois et qui, si nous ne faisons rien, emportera telle une vague scélérate un pan entier de notre économie maritime.

L’urgence de lutter contre le dumping social nous concerne tous, élus des territoires littoraux ou non, des Hauts-de-France, de la Normandie, de la Bretagne, des Pays de la Loire, de la Nouvelle-Aquitaine, de l’Occitanie, de la région Sud, de la Corse ou des outre-mer.

Je vous remercie – notamment vous, madame la rapporteure, car vous n’êtes pas issue d’un territoire de littoral, preuve qu’il s’agit là d’un sujet qui concerne tout le monde – de votre présence aujourd’hui et de votre implication sur cette proposition de loi, qui est cruciale pour préserver notre modèle social, assurer la sécurité en mer et protéger nos espaces maritimes, notamment du point de vue environnemental.

Dès le mois de juillet de l’année dernière, nous avons travaillé avec les organisations syndicales, la CFDT, la CFE-CGC, la CGT, et les organisations patronales – je remercie Armateurs de France –, notamment Brittany Ferries et DFDS Seaways, afin de trouver des solutions communes. Je tenais particulièrement à saluer à cette tribune l’implication remarquable de Jean-Marc Roué.

Nous avons d’abord construit une réponse collective pour mettre fin aux pratiques scandaleuses de dumping social sur le transmanche, c’est-à-dire dans les liaisons avec le Royaume-Uni. Ces pratiques sont une conséquence du renoncement, après le Brexit, au statut protecteur, bien que perfectible, apporté par l’Union européenne. Le Royaume-Uni est devenu un État tiers, ce qui a ouvert la voie à des pratiques dérégulées de la part de certains armateurs peu scrupuleux, pratiques contre lesquelles nous nous battons aujourd’hui.

Nous avons formé une coalition inédite. Nous avons cheminé ensemble et réfléchi aux solutions à déployer. Nous avons abouti dans un premier temps à la mise en œuvre par toutes les compagnies maritimes d’une charte d’engagement volontaire.

Cette charte a été élaborée en concertation avec les autorités britanniques, elles-mêmes désormais conscientes et inquiètes de la situation. Elle est conforme aux différents standards et définit un certain nombre de priorités.

Cette charte invite les armateurs à s’engager à aller plus loin que les exigences minimales en matière de formation, de congés, de pratiques environnementales, et à atteindre un niveau plus élevé, conforme à nos attentes.

Le Sénat a d’ailleurs largement participé à ces travaux précurseurs grâce, notamment, à la contribution d’Agnès Canayer, de Jean-François Rapin et de Michel Canévet. Tous ces travaux et ceux qui ont été menés en parallèle par les parlementaires de tous bords politiques ont abouti à un triple constat.

Tout d’abord, aucune entreprise respectant la concurrence libre et non faussée, à laquelle je sais que Mme la rapporteure est très attachée, ne peut s’aligner sur les pratiques déloyales proches de l’esclavage moderne que j’ai évoquées au début de mon intervention et que nous dénonçons collectivement.

Ensuite, aucune entreprise qui fait travailler ses marins à un rythme effréné ne peut nier qu’elle fait courir un risque à la vie de ses passagers et de ses équipages. La fatigue que ce rythme induit est une menace grave pour la sécurité maritime, tout particulièrement dans le détroit du Pas-de-Calais, l’une des mers les plus dangereuses et les plus fréquentées au monde.

Enfin, aucune entreprise ne peut prétendre contribuer à notre politique énergétique et environnementale lorsqu’elle pratique ce type de dumping social, à l’heure où nous voulons renforcer notre souveraineté et accroître la protection de la biodiversité marine.

C’est en réponse à ce triple constat, simple, clair et sans ambiguïté que le Gouvernement a soutenu cette proposition de loi du député Didier Le Gac, car elle s’inscrit pleinement dans le cadre défendu par le Président de la République lors la présidence française de l’Union européenne en matière de lutte contre le dumping social dans tous les modes de transports.

Vous le voyez, mesdames, messieurs les sénateurs, les quatre articles initialement proposés dans ce texte sont fondamentaux pour lutter contre la concurrence déloyale et renforcer notre modèle social.

L’article 1er vise à réguler les liaisons internationales : premièrement, en imposant un salaire minimum horaire ; deuxièmement, en exigeant une équivalence entre le temps de repos et le temps de travail. L’objectif est double : il s’agit d’éviter le recrutement de marins moins payés que les marins français et de garantir la sécurité en mer en instaurant de réelles périodes de repos permettant de lutter contre la fatigue.

Les discussions que vous avez eues en commission ont visé ces mêmes objectifs et ont permis d’apporter des clarifications. Vous avez ainsi renforcé utilement la robustesse juridique du dispositif et supprimé du texte certaines mentions qui n’y avaient pas leur place.

Soucieux d’affermir encore les dispositions de la proposition de loi et de prendre en compte les remarques que vous avez formulées en commission, madame la rapporteure, nous présenterons un amendement visant à prévoir que l’article 1er ne s’applique qu’au transmanche, conformément à l’objectif initial de cette proposition de loi.

L’article 1er concernant les liaisons internationales, la restriction de son champ d’application aux liaisons entre la France et le Royaume-Uni permettra de faire face aux problèmes urgents que nous connaissons tous.

Le Gouvernement a d’ailleurs pris ses responsabilités sur ce sujet en interdisant, par décret paru ce matin, l’utilisation du registre international français sur cette liaison, comme nous l’avions fait sur le Maghreb par le passé. Dès lors, et je tiens à le redire ici, cette proposition de loi n’a pas pour objet les liaisons internationales en Méditerranée.

L’article 2, quant à lui, sanctionne pénalement le recours à des marins ne disposant pas d’un certificat médical de même niveau que les certificats établis en France. C’est une question de santé et de sécurité.

Les articles 1er bis et 1er ter sont fondamentaux pour lutter contre le dumping social sur toutes nos façades maritimes.

L’article 1er visait à régler de façon urgente les problèmes constatés uniquement sur les liaisons internationales avec le Royaume-Uni. Or nous nous sommes rendu compte au cours de nos nombreuses discussions que la concurrence déloyale était un fléau qui concernait toutes les façades maritimes, en raison en particulier du développement des éoliennes et des énergies marines renouvelables, qui est un sujet d’avenir.

Les navires qui construiront, installeront et assureront la maintenance des parcs éoliens sur toutes nos façades devront appliquer une partie du droit du travail français, y compris les navires étrangers. C’est le dispositif de l’État d’accueil, que le Parlement a étendu aux navires étrangers dans la loi relative à l’accélération de la production d’énergies renouvelables.

Ce dispositif s’applique aujourd’hui dans les eaux européennes uniquement au transport de passagers entre deux ports français, comme entre la Corse et le Continent, mais aussi sur toutes les îles de la façade Atlantique.

Par conséquent, l’article 1er bis vise à renforcer les sanctions pénales en cas de non-respect du droit français à bord des navires étrangers. Il s’agit d’aligner les sanctions prévues dans le cadre du dispositif de l’État d’accueil, qui existe depuis plus de vingt ans, sur celles du dispositif spécifique prévues à l’article 1er du texte concernant les liaisons transmanche.

En effet, comment pourrions-nous collectivement assumer que le niveau de sanction soit moins élevé dans les eaux nationales ou européennes que sur les liaisons transmanche ?

De la même manière, l’article 1er ter crée un régime de sanctions administratives, alors qu’il n’en existait pas jusqu’à présent dans le cadre du dispositif de l’État d’accueil.

Nous proposerons donc de rétablir les articles 1er bis et 1er ter, par cohérence avec les dispositions applicables aux liaisons transmanche, pour anticiper le développement de l’éolien en mer et rendre la loi plus efficace sur toutes nos façades maritimes.

J’ai suivi attentivement vos discussions en commission et je partage la nécessité de clarifier certains points. Toutefois, il est essentiel de rétablir ces deux articles. Sans eux, nous serions démunis pour lutter contre le dumping social, notamment dans le secteur en plein développement des énergies marines renouvelables, et pour atteindre l’objectif important de souveraineté énergétique et économique.

Tous les armateurs français, toutes les confédérations syndicales, tous les élus qui sont amenés à connaître le déploiement de l’éolien en mer nous alertent sur ce risque. De Fécamp jusqu’à Fos-sur-Mer en passant par Saint-Brieuc, L’Île-d’Yeu, Saint-Nazaire, nous avons besoin du dispositif renforcé de l’État d’accueil.

Grâce à la clarification que vous avez apportée en commission, madame la rapporteure, et aux améliorations que nous défendrons ici au cours de la discussion, nous pourrons bâtir ensemble un véritable texte de justice sociale, ambitieux, et envoyer un signal clair : la France refuse ces pratiques concurrentielles inacceptables, se bat pour assurer la sécurité en mer sur toutes ses façades maritimes et défend sa souveraineté.

Avec cette proposition de loi, mesdames, messieurs les sénateurs, votre assemblée, votre belle institution, peut hisser haut le pavillon de la France pour notre souveraineté économique, pour notre souveraineté énergétique, pour la réindustrialisation de notre pays, pour la défense de notre modèle social, pour le bien-être des gens de mer, pour la sécurité maritime et pour la protection de l’environnement.

Debut de section - Permalien
Hervé Berville

Monsieur le président, madame la présidente de la commission des affaires sociales, madame la rapporteure, madame la rapporteure pour avis, mesdames, messieurs les sénateurs, il y a un peu plus d’un an, en mars 2022, la compagnie britannique P&O Ferries licenciait 786 marins, par visioconférence, sans préavis ! On a donné l’ordre à ces 786 personnes de quitter leur lieu de travail, de descendre de leur ferry, puis on les a remplacées par des marins deux fois moins payés, ne bénéficiant pas de jours de repos, pouvant embarquer jusqu’à quinze semaines en mer et travailler à un rythme effréné sans revenir à terre se reposer.

Voilà, mesdames, messieurs les sénateurs, l’une des réalités du transport maritime dans nos eaux !

Nous voyons se développer des pratiques brutales, une course au moins-disant social, une concurrence déloyale qui peut détruire de nombreuses entreprises, des milliers d’emplois et qui, si nous ne faisons rien, emportera telle une vague scélérate un pan entier de notre économie maritime.

L’urgence de lutter contre le dumping social nous concerne tous, élus des territoires littoraux ou non, des Hauts-de-France, de la Normandie, de la Bretagne, des Pays de la Loire, de la Nouvelle-Aquitaine, de l’Occitanie, de la région Sud, de la Corse ou des outre-mer.

Je vous remercie – notamment vous, madame la rapporteure, car vous n’êtes pas issue d’un territoire de littoral, preuve qu’il s’agit là d’un sujet qui concerne tout le monde – de votre présence aujourd’hui et de votre implication sur cette proposition de loi, qui est cruciale pour préserver notre modèle social, assurer la sécurité en mer et protéger nos espaces maritimes, notamment du point de vue environnemental.

Dès le mois de juillet de l’année dernière, nous avons travaillé avec les organisations syndicales, la CFDT, la CFE-CGC, la CGT, et les organisations patronales – je remercie Armateurs de France –, notamment Brittany Ferries et DFDS Seaways, afin de trouver des solutions communes. Je tenais particulièrement à saluer à cette tribune l’implication remarquable de Jean-Marc Roué.

Nous avons d’abord construit une réponse collective pour mettre fin aux pratiques scandaleuses de dumping social sur le transmanche, c’est-à-dire dans les liaisons avec le Royaume-Uni. Ces pratiques sont une conséquence du renoncement, après le Brexit, au statut protecteur, bien que perfectible, apporté par l’Union européenne. Le Royaume-Uni est devenu un État tiers, ce qui a ouvert la voie à des pratiques dérégulées de la part de certains armateurs peu scrupuleux, pratiques contre lesquelles nous nous battons aujourd’hui.

Nous avons formé une coalition inédite. Nous avons cheminé ensemble et réfléchi aux solutions à déployer. Nous avons abouti dans un premier temps à la mise en œuvre par toutes les compagnies maritimes d’une charte d’engagement volontaire.

Cette charte a été élaborée en concertation avec les autorités britanniques, elles-mêmes désormais conscientes et inquiètes de la situation. Elle est conforme aux différents standards et définit un certain nombre de priorités.

Cette charte invite les armateurs à s’engager à aller plus loin que les exigences minimales en matière de formation, de congés, de pratiques environnementales, et à atteindre un niveau plus élevé, conforme à nos attentes.

Le Sénat a d’ailleurs largement participé à ces travaux précurseurs grâce, notamment, à la contribution d’Agnès Canayer, de Jean-François Rapin et de Michel Canévet. Tous ces travaux et ceux qui ont été menés en parallèle par les parlementaires de tous bords politiques ont abouti à un triple constat.

Tout d’abord, aucune entreprise respectant la concurrence libre et non faussée, à laquelle je sais que Mme la rapporteure est très attachée, ne peut s’aligner sur les pratiques déloyales proches de l’esclavage moderne que j’ai évoquées au début de mon intervention et que nous dénonçons collectivement.

Ensuite, aucune entreprise qui fait travailler ses marins à un rythme effréné ne peut nier qu’elle fait courir un risque à la vie de ses passagers et de ses équipages. La fatigue que ce rythme induit est une menace grave pour la sécurité maritime, tout particulièrement dans le détroit du Pas-de-Calais, l’une des mers les plus dangereuses et les plus fréquentées au monde.

Enfin, aucune entreprise ne peut prétendre contribuer à notre politique énergétique et environnementale lorsqu’elle pratique ce type de dumping social, à l’heure où nous voulons renforcer notre souveraineté et accroître la protection de la biodiversité marine.

C’est en réponse à ce triple constat, simple, clair et sans ambiguïté que le Gouvernement a soutenu cette proposition de loi du député Didier Le Gac, car elle s’inscrit pleinement dans le cadre défendu par le Président de la République lors la présidence française de l’Union européenne en matière de lutte contre le dumping social dans tous les modes de transports.

Vous le voyez, mesdames, messieurs les sénateurs, les quatre articles initialement proposés dans ce texte sont fondamentaux pour lutter contre la concurrence déloyale et renforcer notre modèle social.

L’article 1er vise à réguler les liaisons internationales : premièrement, en imposant un salaire minimum horaire ; deuxièmement, en exigeant une équivalence entre le temps de repos et le temps de travail. L’objectif est double : il s’agit d’éviter le recrutement de marins moins payés que les marins français et de garantir la sécurité en mer en instaurant de réelles périodes de repos permettant de lutter contre la fatigue.

Les discussions que vous avez eues en commission ont visé ces mêmes objectifs et ont permis d’apporter des clarifications. Vous avez ainsi renforcé utilement la robustesse juridique du dispositif et supprimé du texte certaines mentions qui n’y avaient pas leur place.

Soucieux d’affermir encore les dispositions de la proposition de loi et de prendre en compte les remarques que vous avez formulées en commission, madame la rapporteure, nous présenterons un amendement visant à prévoir que l’article 1er ne s’applique qu’au transmanche, conformément à l’objectif initial de cette proposition de loi.

L’article 1er concernant les liaisons internationales, la restriction de son champ d’application aux liaisons entre la France et le Royaume-Uni permettra de faire face aux problèmes urgents que nous connaissons tous.

Le Gouvernement a d’ailleurs pris ses responsabilités sur ce sujet en interdisant, par décret paru ce matin, l’utilisation du registre international français sur cette liaison, comme nous l’avions fait sur le Maghreb par le passé. Dès lors, et je tiens à le redire ici, cette proposition de loi n’a pas pour objet les liaisons internationales en Méditerranée.

L’article 2, quant à lui, sanctionne pénalement le recours à des marins ne disposant pas d’un certificat médical de même niveau que les certificats établis en France. C’est une question de santé et de sécurité.

Les articles 1er bis et 1er ter sont fondamentaux pour lutter contre le dumping social sur toutes nos façades maritimes.

L’article 1er visait à régler de façon urgente les problèmes constatés uniquement sur les liaisons internationales avec le Royaume-Uni. Or nous nous sommes rendu compte au cours de nos nombreuses discussions que la concurrence déloyale était un fléau qui concernait toutes les façades maritimes, en raison en particulier du développement des éoliennes et des énergies marines renouvelables, qui est un sujet d’avenir.

Les navires qui construiront, installeront et assureront la maintenance des parcs éoliens sur toutes nos façades devront appliquer une partie du droit du travail français, y compris les navires étrangers. C’est le dispositif de l’État d’accueil, que le Parlement a étendu aux navires étrangers dans la loi relative à l’accélération de la production d’énergies renouvelables.

Ce dispositif s’applique aujourd’hui dans les eaux européennes uniquement au transport de passagers entre deux ports français, comme entre la Corse et le Continent, mais aussi sur toutes les îles de la façade Atlantique.

Par conséquent, l’article 1er bis vise à renforcer les sanctions pénales en cas de non-respect du droit français à bord des navires étrangers. Il s’agit d’aligner les sanctions prévues dans le cadre du dispositif de l’État d’accueil, qui existe depuis plus de vingt ans, sur celles du dispositif spécifique prévues à l’article 1er du texte concernant les liaisons transmanche.

En effet, comment pourrions-nous collectivement assumer que le niveau de sanction soit moins élevé dans les eaux nationales ou européennes que sur les liaisons transmanche ?

De la même manière, l’article 1er ter crée un régime de sanctions administratives, alors qu’il n’en existait pas jusqu’à présent dans le cadre du dispositif de l’État d’accueil.

Nous proposerons donc de rétablir les articles 1er bis et 1er ter, par cohérence avec les dispositions applicables aux liaisons transmanche, pour anticiper le développement de l’éolien en mer et rendre la loi plus efficace sur toutes nos façades maritimes.

J’ai suivi attentivement vos discussions en commission et je partage la nécessité de clarifier certains points. Toutefois, il est essentiel de rétablir ces deux articles. Sans eux, nous serions démunis pour lutter contre le dumping social, notamment dans le secteur en plein développement des énergies marines renouvelables, et pour atteindre l’objectif important de souveraineté énergétique et économique.

Tous les armateurs français, toutes les confédérations syndicales, tous les élus qui sont amenés à connaître le déploiement de l’éolien en mer nous alertent sur ce risque. De Fécamp jusqu’à Fos-sur-Mer en passant par Saint-Brieuc, l’île d’Yeu, Saint-Nazaire, nous avons besoin du dispositif renforcé de l’État d’accueil.

Grâce à la clarification que vous avez apportée en commission, madame la rapporteure, et aux améliorations que nous défendrons ici au cours de la discussion, nous pourrons bâtir ensemble un véritable texte de justice sociale, ambitieux, et envoyer un signal clair : la France refuse ces pratiques concurrentielles inacceptables, se bat pour assurer la sécurité en mer sur toutes ses façades maritimes et défend sa souveraineté.

Avec cette proposition de loi, mesdames, messieurs les sénateurs, votre assemblée, votre belle institution, peut hisser haut le pavillon de la France pour notre souveraineté économique, pour notre souveraineté énergétique, pour la réindustrialisation de notre pays, pour la défense de notre modèle social, pour le bien-être des gens de mer, pour la sécurité maritime et pour la protection de l’environnement.

Debut de section - Permalien
Hervé Berville

Monsieur le président, madame la présidente de la commission des affaires sociales, madame la rapporteure, madame la rapporteure pour avis, mesdames, messieurs les sénateurs, il y a un peu plus d’un an, en mars 2022, la compagnie britannique P&O Ferries licenciait 786 marins, par visioconférence, sans préavis ! On a donné l’ordre à ces 786 personnes de quitter leur lieu de travail, de descendre de leur ferry, puis on les a remplacées par des marins deux fois moins payés, ne bénéficiant pas de jours de repos, pouvant embarquer jusqu’à quinze semaines en mer et travailler à un rythme effréné sans revenir à terre se reposer.

Voilà, mesdames, messieurs les sénateurs, l’une des réalités du transport maritime dans nos eaux !

Nous voyons se développer des pratiques brutales, une course au moins-disant social, une concurrence déloyale qui peut détruire de nombreuses entreprises, des milliers d’emplois et qui, si nous ne faisons rien, emportera telle une vague scélérate un pan entier de notre économie maritime.

L’urgence de lutter contre le dumping social nous concerne tous, élus des territoires littoraux ou non, des Hauts-de-France, de la Normandie, de la Bretagne, des Pays de la Loire, de la Nouvelle-Aquitaine, de l’Occitanie, de la région Sud, de la Corse ou des outre-mer.

Je vous remercie – notamment vous, madame la rapporteure, car vous n’êtes pas issue d’un territoire de littoral, preuve qu’il s’agit là d’un sujet qui concerne tout le monde – de votre présence aujourd’hui et de votre implication sur cette proposition de loi, qui est cruciale pour préserver notre modèle social, assurer la sécurité en mer et protéger nos espaces maritimes, notamment du point de vue environnemental.

Dès le mois de juillet de l’année dernière, nous avons travaillé avec les organisations syndicales, la CFDT, la CFE-CGC, la CGT, et les organisations patronales – je remercie Armateurs de France –, notamment Brittany Ferries et DFDS Seaways, afin de trouver des solutions communes. Je tenais particulièrement à saluer à cette tribune l’implication remarquable de Jean-Marc Roué.

Nous avons d’abord construit une réponse collective pour mettre fin aux pratiques scandaleuses de dumping social sur le transmanche, c’est-à-dire dans les liaisons avec le Royaume-Uni. Ces pratiques sont une conséquence du renoncement, après le Brexit, au statut protecteur, bien que perfectible, apporté par l’Union européenne. Le Royaume-Uni est devenu un État tiers, ce qui a ouvert la voie à des pratiques dérégulées de la part de certains armateurs peu scrupuleux, pratiques contre lesquelles nous nous battons aujourd’hui.

Nous avons formé une coalition inédite. Nous avons cheminé ensemble et réfléchi aux solutions à déployer. Nous avons abouti dans un premier temps à la mise en œuvre par toutes les compagnies maritimes d’une charte d’engagement volontaire.

Cette charte a été élaborée en concertation avec les autorités britanniques, elles-mêmes désormais conscientes et inquiètes de la situation. Elle est conforme aux différents standards et définit un certain nombre de priorités.

Cette charte invite les armateurs à s’engager à aller plus loin que les exigences minimales en matière de formation, de congés, de pratiques environnementales, et à atteindre un niveau plus élevé, conforme à nos attentes.

Le Sénat a d’ailleurs largement participé à ces travaux précurseurs grâce, notamment, à la contribution d’Agnès Canayer, de Jean-François Rapin et de Michel Canévet. Tous ces travaux et ceux qui ont été menés en parallèle par les parlementaires de tous bords politiques ont abouti à un triple constat.

Tout d’abord, aucune entreprise respectant la concurrence libre et non faussée, à laquelle je sais que Mme la rapporteure est très attachée, ne peut s’aligner sur les pratiques déloyales proches de l’esclavage moderne que j’ai évoquées au début de mon intervention et que nous dénonçons collectivement.

Ensuite, aucune entreprise qui fait travailler ses marins à un rythme effréné ne peut nier qu’elle fait courir un risque à la vie de ses passagers et de ses équipages. La fatigue que ce rythme induit est une menace grave pour la sécurité maritime, tout particulièrement dans le détroit du Pas-de-Calais, l’une des mers les plus dangereuses et les plus fréquentées au monde.

Enfin, aucune entreprise ne peut prétendre contribuer à notre politique énergétique et environnementale lorsqu’elle pratique ce type de dumping social, à l’heure où nous voulons renforcer notre souveraineté et accroître la protection de la biodiversité marine.

C’est en réponse à ce triple constat, simple, clair et sans ambiguïté que le Gouvernement a soutenu cette proposition de loi du député Didier Le Gac, car elle s’inscrit pleinement dans le cadre défendu par le Président de la République lors la présidence française de l’Union européenne en matière de lutte contre le dumping social dans tous les modes de transports.

Vous le voyez, mesdames, messieurs les sénateurs, les quatre articles initialement proposés dans ce texte sont fondamentaux pour lutter contre la concurrence déloyale et renforcer notre modèle social.

L’article 1er vise à réguler les liaisons internationales : premièrement, en imposant un salaire minimum horaire ; deuxièmement, en exigeant une équivalence entre le temps de repos et le temps de travail. L’objectif est double : il s’agit d’éviter le recrutement de marins moins payés que les marins français et de garantir la sécurité en mer en instaurant de réelles périodes de repos permettant de lutter contre la fatigue.

Les discussions que vous avez eues en commission ont visé ces mêmes objectifs et ont permis d’apporter des clarifications. Vous avez ainsi renforcé utilement la robustesse juridique du dispositif et supprimé du texte certaines mentions qui n’y avaient pas leur place.

Soucieux d’affermir encore les dispositions de la proposition de loi et de prendre en compte les remarques que vous avez formulées en commission, madame la rapporteure, nous présenterons un amendement visant à prévoir que l’article 1er ne s’applique qu’au transmanche, conformément à l’objectif initial de cette proposition de loi.

L’article 1er concernant les liaisons internationales, la restriction de son champ d’application aux liaisons entre la France et le Royaume-Uni permettra de faire face aux problèmes urgents que nous connaissons tous.

Le Gouvernement a d’ailleurs pris ses responsabilités sur ce sujet en interdisant, par décret paru ce matin, l’utilisation du registre international français sur cette liaison, comme nous l’avions fait sur le Maghreb par le passé. Dès lors, et je tiens à le redire ici, cette proposition de loi n’a pas pour objet les liaisons internationales en Méditerranée.

L’article 2, quant à lui, sanctionne pénalement le recours à des marins ne disposant pas d’un certificat médical de même niveau que les certificats établis en France. C’est une question de santé et de sécurité.

Les articles 1er bis et 1er ter sont fondamentaux pour lutter contre le dumping social sur toutes nos façades maritimes.

L’article 1er visait à régler de façon urgente les problèmes constatés uniquement sur les liaisons internationales avec le Royaume-Uni. Or nous nous sommes rendu compte au cours de nos nombreuses discussions que la concurrence déloyale était un fléau qui concernait toutes les façades maritimes, en raison en particulier du développement des éoliennes et des énergies marines renouvelables, qui est un sujet d’avenir.

Les navires qui construiront, installeront et assureront la maintenance des parcs éoliens sur toutes nos façades devront appliquer une partie du droit du travail français, y compris les navires étrangers. C’est le dispositif de l’État d’accueil, que le Parlement a étendu aux navires étrangers dans la loi relative à l’accélération de la production d’énergies renouvelables.

Ce dispositif s’applique aujourd’hui dans les eaux européennes uniquement au transport de passagers entre deux ports français, comme entre la Corse et le Continent, mais aussi sur toutes les îles de la façade Atlantique.

Par conséquent, l’article 1er bis vise à renforcer les sanctions pénales en cas de non-respect du droit français à bord des navires étrangers. Il s’agit d’aligner les sanctions prévues dans le cadre du dispositif de l’État d’accueil, qui existe depuis plus de vingt ans, sur celles du dispositif spécifique prévu à l’article 1er du texte concernant les liaisons transmanche.

En effet, comment pourrions-nous collectivement assumer que le niveau de sanction soit moins élevé dans les eaux nationales ou européennes que sur les liaisons transmanche ?

De la même manière, l’article 1er ter crée un régime de sanctions administratives, alors qu’il n’en existait pas jusqu’à présent dans le cadre du dispositif de l’État d’accueil.

Nous proposerons donc de rétablir les articles 1er bis et 1er ter, par cohérence avec les dispositions applicables aux liaisons transmanche, pour anticiper le développement de l’éolien en mer et rendre la loi plus efficace sur toutes nos façades maritimes.

J’ai suivi attentivement vos discussions en commission et je partage la nécessité de clarifier certains points. Toutefois, il est essentiel de rétablir ces deux articles. Sans eux, nous serions démunis pour lutter contre le dumping social, notamment dans le secteur en plein développement des énergies marines renouvelables, et pour atteindre l’objectif important de souveraineté énergétique et économique.

Tous les armateurs français, toutes les confédérations syndicales, tous les élus qui sont amenés à connaître le déploiement de l’éolien en mer nous alertent sur ce risque. De Fécamp jusqu’à Fos-sur-Mer en passant par Saint-Brieuc, l’île d’Yeu, Saint-Nazaire, nous avons besoin du dispositif renforcé de l’État d’accueil.

Grâce à la clarification que vous avez apportée en commission, madame la rapporteure, et aux améliorations que nous défendrons ici au cours de la discussion, nous pourrons bâtir ensemble un véritable texte de justice sociale, ambitieux, et envoyer un signal clair : la France refuse ces pratiques concurrentielles inacceptables, se bat pour assurer la sécurité en mer sur toutes ses façades maritimes et défend sa souveraineté.

Avec cette proposition de loi, mesdames, messieurs les sénateurs, votre assemblée, votre belle institution, peut hisser haut le pavillon de la France pour notre souveraineté économique, pour notre souveraineté énergétique, pour la réindustrialisation de notre pays, pour la défense de notre modèle social, pour le bien-être des gens de mer, pour la sécurité maritime et pour la protection de l’environnement.

Photo de Pierre Laurent

J'appelle donc en discussion l'amendement n° 21 rectifié, présenté par Mmes Apourceau-Poly, Cohen, Brulin et Gréaume, M. Lahellec et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste, et ainsi libellé :

Alinéa 10

Après le mot :

horaire

insérer les mots :

et pour le paiement du salaire, y compris les majorations pour les heures supplémentaires

Veuillez poursuivre, ma chère collègue.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 20 rectifié, présenté par Mmes Apourceau-Poly, Cohen, Brulin et Gréaume, M. Lahellec et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste, est ainsi libellé :

Alinéa 10

Après le mot :

horaire,

insérer les mots :

ainsi que pour la durée du travail, les repos compensateurs, les jours fériés, les congés annuels payés et le travail de nuit des jeunes travailleurs

La parole est à Mme Cathy Apourceau-Poly.

Photo de Céline Brulin

Les amendements n° 19 rectifié et 21 rectifié visent à étendre la prise en compte des éléments relatifs aux salaires – par exemple, les heures supplémentaires –, mais aussi aux conditions de travail.

Nous l'avons tous dit, le trafic dans la Manche est extrêmement dense. Certaines compagnies transmanche effectuent même plusieurs rotations journalières, ce qui contraint les marins à faire de nombreuses manœuvres. Ces manœuvres, en raison de l'allongement du temps de travail des marins et de la fatigue qu'il entraîne, peuvent poser des problèmes de sécurité.

Je répète donc la question que je vous ai déjà posée, monsieur le secrétaire d'État. Pouvez-vous nous indiquer ce que prévoira le décret d'application s'agissant du temps à bord et du temps à terre, puisque ces éléments ne figurent plus dans le texte de la commission ?

À juste titre, nous avons tous évoqué le sort que P&O Ferries a réservé il y a quelques mois à ses 786 marins. Cela continue ! Nous avons ainsi appris voilà quelques semaines que cette même entreprise avait informé les équipages existants qu'ils devaient s'inscrire auprès de nouvelles agences – pour ma part, j'appelle cela des boîtes d'intérim. Sur le site de l'une d'elles, site qui ne compte que trois pauvres pages, on découvre que cette agence se trouve domiciliée à Malte et qu'elle partage son adresse avec plus de vingt autres sociétés ! Bien plus, cette agence demande déjà aux marins de revoir leurs exigences salariales et leurs conditions de travail à la baisse.

On le voit, ce mouvement continue, ce qui justifie que nous légiférions rapidement.

Photo de Pierre Laurent

M. le président. La parole est à Mme le rapporteur.

Photo de Pierre Laurent

L'amendement n° 20 rectifié, présenté par Mmes Apourceau-Poly, Cohen, Brulin et Gréaume, M. Lahellec et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste, est ainsi libellé :

Alinéa 10

Après le mot :

horaire,

insérer les mots :

ainsi que pour la durée du travail, les repos compensateurs, les jours fériés, les congés annuels payés et le travail de nuit des jeunes travailleurs

La parole est à Mme Cathy Apourceau-Poly.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 5, présenté par Mmes M. Vogel et Poncet Monge, MM. Benarroche, Breuiller et Dantec, Mme de Marco et MM. Dossus, Fernique, Gontard, Labbé, Parigi et Salmon, est ainsi libellé :

Alinéa 10

Compléter cet alinéa par une phrase ainsi rédigée :

Pour la détermination des indemnités de congés, les articles L. 3141-24 à L. 3141-29 du code de travail et pour la détermination des indemnités compensatrices de congés, l'article L. 3141-28 du même code sont applicables aux salariés employés sur les navires mentionnés à l'article L. 5591-1 du présent code.

La parole est à Mme Mélanie Vogel.

Photo de Cathy Apourceau-Poly

Il est défendu, monsieur le président.

Debut de section - PermalienPhoto de Mélanie Vogel

Cet amendement s'inscrit dans le droit fil des amendements qui viennent d'être présentés et tend quant à lui à élargir le socle de protection sociale garanti aux congés payés. Il vise uniquement le niveau d'indemnités des congés, et non leur ratio, afin de préserver le périmètre déterminé en commission.

Il s'agit donc de garantir des congés payés aux salariés qui travaillent sur les ferries internationaux. Cela devrait aller de soi, pourtant, ce n'est pas le cas.

Nous sommes convaincus que les congés payés sont un droit fondamental, qui n'a rien à voir avec le temps de repos, tout aussi important par ailleurs, et que les personnes qui travaillent sur les ferries internationaux doivent aussi pouvoir en jouir.

Photo de Catherine Procaccia

Mme Catherine Procaccia, rapporteur de la commission des affaires sociales. Monsieur le président, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, je sais que certains d’entre vous, férus de géographie, se demandent pourquoi une sénatrice dont le département n’est traversé que par la Marne et la Seine est rapporteur de ce texte ! Je pense tout simplement que la présidente de la commission des affaires sociales, Catherine Deroche, connaît mon goût pour les sujets originaux, mon attrait pour les mers chaudes et a voulu que je me plonge dans des eaux un peu plus froides.

Photo de Pierre Laurent

L'amendement n° 5, présenté par Mmes M. Vogel et Poncet Monge, MM. Benarroche, Breuiller et Dantec, Mme de Marco et MM. Dossus, Fernique, Gontard, Labbé, Parigi et Salmon, est ainsi libellé :

Alinéa 10

Compléter cet alinéa par une phrase ainsi rédigée :

Pour la détermination des indemnités de congés, les articles L. 3141-24 à L. 3141-29 du code de travail et pour la détermination des indemnités compensatrices de congés, l'article L. 3141-28 du même code sont applicables aux salariés employés sur les navires mentionnés à l'article L. 5591-1 du présent code.

La parole est à Mme Mélanie Vogel.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 26 rectifié, présenté par Mmes Apourceau-Poly, Cohen, Brulin et Gréaume, M. Lahellec et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste, est ainsi libellé :

Alinéa 12

Rédiger ainsi le début de cet alinéa :

« Art. L. 5592 -2. – Dans l'intérêt de la sécurité de la navigation et de la lutte contre les pollutions marines, (le reste sans changement)

La parole est à Mme Cathy Apourceau-Poly.

Photo de Mélanie Vogel

Cet amendement s'inscrit dans le droit fil des amendements qui viennent d'être présentés et tend quant à lui à élargir le socle de protection sociale garanti aux congés payés. Il vise uniquement le niveau d'indemnités des congés, et non leur ratio, afin de préserver le périmètre déterminé en commission.

Il s'agit donc de garantir des congés payés aux salariés qui travaillent sur les ferries internationaux. Cela devrait aller de soi, pourtant, ce n'est pas le cas.

Nous sommes convaincus que les congés payés sont un droit fondamental, qui n'a rien à voir avec le temps de repos, tout aussi important par ailleurs, et que les personnes qui travaillent sur les ferries internationaux doivent aussi pouvoir en jouir.

Debut de section - PermalienPhoto de Cathy Apourceau-Poly

Il s'agit d'un amendement d'appel.

Nous cherchons à comprendre pourquoi, au cours de ses travaux ce matin, la commission des affaires sociales a supprimé le début de l'alinéa 12 de l'article 1er dans lequel il était mentionné que l'organisation du travail applicable aux salariés employés sur les navires était justifiée dans « l'intérêt de la sécurité de la navigation et de la lutte contre les pollutions marines ».

Nous ne sommes pas certains d'avoir compris pourquoi les objectifs de « sécurité de la navigation et de [...] lutte contre les pollutions marines » sont renvoyés à un futur décret pris en Conseil d'État. Pour autant, nous sommes prêts à souscrire à la rédaction de la commission si l'on nous donne l'assurance que ces objectifs, qui sous-tendent la loi de police, seront bien pris en compte pour déterminer la durée de repos.

Je vous remercie de votre éclairage sur cette question.

Photo de Catherine Procaccia

Celles de la Manche ont connu une diminution du trafic maritime consécutive au Brexit, puis à la crise sanitaire. L’arrivée d’un nouvel opérateur sur les liaisons transmanche a conduit certaines compagnies à abaisser les conditions de travail de leur personnel navigant pour optimiser leurs coûts et diminuer leurs tarifs. Elles ont opté pour des pavillons n’offrant que de faibles garanties en matière de droits sociaux pour les gens de mer.

Monsieur le secrétaire d’État l’a rappelé, le 17 mars 2022, la compagnie P&O Ferries a licencié, avec effet immédiat, 786 marins.

Selon Armateurs de France, les compagnies P&O Ferries et Irish Ferries, dont les navires battent pavillon chypriote, font appel à du personnel international, mais aussi beaucoup européen, dont les salaires de base pourraient être inférieurs de 60 % aux salaires français. En conséquence, leur coût de production du transport serait inférieur de 35 % à celui des navires battant pavillon français.

Alors que Brittany Ferries et DFDS Seaways, dont les navires battent pavillon français ou britannique, appliquent une équivalence entre la durée d’embarquement et le temps de repos à terre, les durées d’embarquement du personnel navigant de ces compagnies sont bien supérieures.

Permises par le droit international et européen, ces pratiques de dumping social sont, hélas ! légales. Elles laissent peu de marges aux États pour les réguler.

La convention de Montego Bay et le droit de l’Union européenne permettent aux compagnies de choisir librement le pavillon de leurs navires et d’appliquer aux contrats de travail la loi de n’importe quel État. Ce sont donc les règles de l’État du pavillon qui prévalent pour les liaisons internationales. Si les navires battant pavillon français sont tenus de respecter le droit du travail français, certains pavillons n’imposent presque aucune garantie sociale. Je l’ai découvert, comme peut-être certains d’entre vous, en étudiant ce texte…

Pour autant, ces pratiques de dumping social ne sont pas acceptables : elles perturbent significativement le marché du transport maritime transmanche, elles se traduisent par des droits sociaux limités pour le personnel employé et elles fragilisent la sécurité de la navigation dans l’un des détroits les plus fréquentés au monde.

Dans cette situation, le droit européen offre la possibilité aux États de prendre une loi de police, qui vise à fixer des dispositions impératives, dont le respect est jugé crucial par un pays pour la sauvegarde de ses intérêts publics, au point d’en exiger l’application à toute situation, quelle que soit par ailleurs la loi applicable au contrat. Pour ma part, je vous avoue que, après dix-neuf ans de mandat, je découvre ce type de loi, que j’appelle un ovni juridique !

L’article 1er impose deux obligations aux employeurs du personnel embarqué sur les navires : d’une part, le versement du salaire minimum horaire de branche applicable en France ; d’autre part, une organisation du travail fondée sur l’équivalence entre la durée d’embarquement et le temps de repos à terre, qui n’est pas une obligation en droit maritime.

Pour être considérées comme des lois de police au regard du droit européen, ces obligations doivent apporter des restrictions aux libertés économiques proportionnées à l’objectif visé, afin de ne pas être censurées par le juge.

Tout en souscrivant pleinement à ces mesures, la commission a donc voulu sécuriser le dispositif, en assurant la stricte proportionnalité des sanctions prévues.

En matière de sanctions pénales, la commission a approuvé les peines prévues de 7 500 euros d’amende par salarié concerné, puis de 15 000 euros d’amende et de six mois d’emprisonnement en cas de récidive.

Ces sanctions sont très dissuasives, comme nous avons pu le constater au cours de nos auditions. C’est pourquoi l’ajout à ces sanctions, à la troisième infraction, d’une interdiction d’accoster dans un port français pour tous les navires de la compagnie fautive a été supprimé par la commission. Cette sanction, qui méconnaît les principes constitutionnels d’individualisation des peines et de légalité des délits et des peines, est manifestement disproportionnée.

Le texte issu de la commission prévoit la possibilité pour l’autorité administrative de prononcer, alternativement à une amende, un avertissement à l’employeur ou à l’armateur en cas de manquement, alignant ainsi le régime de sanctions administratives créé à l’article 1er sur le droit commun du travail.

Nous avons décidé de fixer une date d’entrée en vigueur du texte afin de donner aux employeurs suffisamment de prévisibilité pour tirer les conséquences des nouvelles règles applicables. Ce sera le 1er janvier 2024, cette date coïncidant avec l’entrée en vigueur de la loi votée par le Parlement britannique, qui rendra applicable le salaire minimum horaire britannique sur les navires assurant un service international de transport de passagers.

Afin de renforcer la sécurité maritime, la commission a également adopté, à l’article 2, l’extension des sanctions pénales en matière d’aptitude des gens de mer au cas d’admission à bord d’un membre d’équipage ayant un certificat médical d’aptitude non valide établi à l’étranger.

En revanche, la commission a supprimé les articles 1er bis et 1er ter, ce que déplore M. le secrétaire d’État. Introduits à l’Assemblée nationale par voie d’amendements en séance publique, ils tendaient à renforcer les sanctions pénales ou administratives pouvant être prononcées sur les liaisons maritimes nationales où s’appliquent les conditions sociales de l’État d’accueil, notamment sur les liaisons entre la Corse et la France continentale.

Il existe sans doute des risques de distorsion de concurrence entre les compagnies battant pavillon français et celles qui opèrent sous le pavillon d’un autre pays européen, notamment italien. Ces dernières bénéficient en effet de conditions fiscales et sociales plus favorables, mais le droit de l’Union européenne l’autorise. Toutefois, le dispositif de l’État d’accueil, prévu par un règlement européen, limite fortement les possibilités de dumping social sur les navires concernés.

Les dispositions légales et les stipulations conventionnelles applicables aux salariés employés sur ces navires sont celles qui sont applicables aux salariés des entreprises de la même branche d’activité établies en France. Elles portent sur le salaire minimum, la durée du travail, la santé et la sécurité au travail ou encore sur les libertés individuelles et collectives dans la relation de travail.

Par ailleurs, les gens de mer bénéficient obligatoirement du régime de protection sociale d’un État membre comprenant une couverture des risques santé, accidents du travail et maladies professionnelles, maternité, famille, chômage et vieillesse.

Dans ce contexte, la commission a considéré que les mesures proposées, qui ne portent que sur les sanctions et ne modifient pas les normes sociales applicables sur les navires concernés, ne sont pas de nature à répondre aux problématiques de concurrence sur le marché des liaisons entre la Corse et le continent. M. le secrétaire d’État vient de nous apprendre à l’instant que les installations éoliennes étaient également concernées par le dumping social…

D’une part, ces enjeux de concurrence relèvent du niveau de l’Union européenne, notamment en ce qui concerne l’harmonisation des règles encadrant l’usage des pavillons internationaux sur les liaisons intraeuropéennes. Alors que la France exclut l’usage du registre international français (RIF) sur les navires transporteurs de passagers assurant des lignes régulières intracommunautaires, l’Italie permet, elle, une utilisation plus large de son pavillon international.

D’autre part, si le respect des règles de l’État d’accueil posait des difficultés, il serait plus efficace de renforcer les moyens de contrôle et d’appliquer effectivement les sanctions existantes. Je rappelle qu’il existe déjà un régime de sanctions pénales et que l’autorité administrative peut également infliger des amendes en cas de non-respect du salaire minimum. Encore faut-il que les contrôles soient effectifs.

Au total, la commission n’a pas été convaincue de la nécessité d’introduire ces mesures. Celles qui concernent le cabotage en Méditerranée, introduites en séance par voie d’amendements, dans un texte visant à lutter contre le dumping social sur le transmanche, risquent de brouiller les intentions du législateur, alors que la situation de ces deux marchés est difficilement comparable. Surtout, et c’est la préoccupation essentielle, elles pourraient fragiliser le texte, ce que personne ne souhaite.

Suivant la position constante du Sénat, la commission a supprimé les articles 3 et 4, qui prévoyaient la remise par le Gouvernement de rapports au Parlement.

Enfin, en cohérence avec l’objet des articles 1er et 2, la commission des affaires sociales a modifié l’intitulé de la proposition de loi pour indiquer qu’elle vise également « à renforcer la sécurité du transport maritime ».

J’espère que vous avez compris que ma préoccupation et celle de la commission ont été d’assurer l’effectivité, la solidité juridique du texte et la proportionnalité de ses dispositions. Cette proposition de loi est d’ailleurs déjà sous les fourches caudines de la Commission européenne alors que le Sénat ne l’a pas encore examinée ni votée.

La situation sur le transmanche nous impose de légiférer en nous assurant que ce texte aura des conséquences réelles, qu’il permettra d’améliorer les conditions de travail des marins et de renforcer la sécurité maritime. Voter une loi d’affichage qui ne s’appliquera pas ferait à mon sens plus de mal que de bien et conforterait les comportements que nous voulons contrôler.

C’est pourquoi je vous invite à adopter le texte issu des travaux de la commission.

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Procaccia

Celles de la Manche ont connu une diminution du trafic maritime consécutive au Brexit, puis à la crise sanitaire. L’arrivée d’un nouvel opérateur sur les liaisons transmanche a conduit certaines compagnies à abaisser les conditions de travail de leur personnel navigant pour optimiser leurs coûts et diminuer leurs tarifs. Elles ont opté pour des pavillons n’offrant que de faibles garanties en matière de droits sociaux pour les gens de mer.

Monsieur le secrétaire d’État l’a rappelé, le 17 mars 2022, la compagnie P&O Ferries a licencié, avec effet immédiat, 786 marins.

Selon Armateurs de France, les compagnies P&O Ferries et Irish Ferries, dont les navires battent pavillon chypriote, font appel à du personnel international, mais aussi beaucoup européen, dont les salaires de base pourraient être inférieurs de 60 % aux salaires français. En conséquence, leur coût de production du transport serait inférieur de 35 % à celui des navires battant pavillon français.

Alors que Brittany Ferries et DFDS Seaways, dont les navires battent pavillon français ou britannique, appliquent une équivalence entre la durée d’embarquement et le temps de repos à terre, les durées d’embarquement du personnel navigant de ces compagnies sont bien supérieures.

Permises par le droit international et européen, ces pratiques de dumping social sont, hélas ! légales. Elles laissent peu de marges aux États pour les réguler.

La convention de Montego Bay et le droit de l’Union européenne permettent aux compagnies de choisir librement le pavillon de leurs navires et d’appliquer aux contrats de travail la loi de n’importe quel État. Ce sont donc les règles de l’État du pavillon qui prévalent pour les liaisons internationales. Si les navires battant pavillon français sont tenus de respecter le droit du travail français, certains pavillons n’imposent presque aucune garantie sociale. Je l’ai découvert, comme peut-être certains d’entre vous, en étudiant ce texte…

Pour autant, ces pratiques de dumping social ne sont pas acceptables : elles perturbent significativement le marché du transport maritime transmanche, elles se traduisent par des droits sociaux limités pour le personnel employé et elles fragilisent la sécurité de la navigation dans l’un des détroits les plus fréquentés au monde.

Dans cette situation, le droit européen offre la possibilité aux États de prendre une loi de police, qui vise à fixer des dispositions impératives, dont le respect est jugé crucial par un pays pour la sauvegarde de ses intérêts publics, au point d’en exiger l’application à toute situation, quelle que soit par ailleurs la loi applicable au contrat. Pour ma part, je vous avoue que, après dix-neuf ans de mandat, je découvre ce type de loi, que j’appelle un ovni juridique !

L’article 1er impose deux obligations aux employeurs du personnel embarqué sur les navires : d’une part, le versement du salaire minimum horaire de branche applicable en France ; d’autre part, une organisation du travail fondée sur l’équivalence entre la durée d’embarquement et le temps de repos à terre, qui n’est pas une obligation en droit maritime.

Pour être considérées comme des lois de police au regard du droit européen, ces obligations doivent apporter des restrictions aux libertés économiques proportionnées à l’objectif visé, afin de ne pas être censurées par le juge.

Tout en souscrivant pleinement à ces mesures, la commission a donc voulu sécuriser le dispositif, en assurant la stricte proportionnalité des sanctions prévues.

En matière de sanctions pénales, la commission a approuvé les peines prévues de 7 500 euros d’amende par salarié concerné, puis de 15 000 euros d’amende et de six mois d’emprisonnement en cas de récidive.

Ces sanctions sont très dissuasives, comme nous avons pu le constater au cours de nos auditions. C’est pourquoi l’ajout à ces sanctions, à la troisième infraction, d’une interdiction d’accoster dans un port français pour tous les navires de la compagnie fautive a été supprimé par la commission. Cette sanction, qui méconnaît les principes constitutionnels d’individualisation des peines et de légalité des délits et des peines, est manifestement disproportionnée.

Le texte issu de la commission prévoit la possibilité pour l’autorité administrative de prononcer, en lieu et place d’une amende, un avertissement à l’employeur ou à l’armateur en cas de manquement, alignant ainsi le régime de sanctions administratives créé à l’article 1er sur le droit commun du travail.

Nous avons décidé de fixer une date d’entrée en vigueur du texte afin de donner aux employeurs suffisamment de prévisibilité pour tirer les conséquences des nouvelles règles applicables. Ce sera le 1er janvier 2024, cette date coïncidant avec l’entrée en vigueur de la loi votée par le Parlement britannique, qui rendra applicable le salaire minimum horaire britannique sur les navires assurant un service international de transport de passagers.

Afin de renforcer la sécurité maritime, la commission a également adopté, à l’article 2, l’extension des sanctions pénales en matière d’aptitude des gens de mer au cas d’admission à bord d’un membre d’équipage ayant un certificat médical d’aptitude non valide établi à l’étranger.

En revanche, la commission a supprimé les articles 1er bis et 1er ter, ce que déplore M. le secrétaire d’État. Introduits à l’Assemblée nationale par voie d’amendements en séance publique, ils tendaient à renforcer les sanctions pénales ou administratives pouvant être prononcées sur les liaisons maritimes nationales où s’appliquent les conditions sociales de l’État d’accueil, notamment sur les liaisons entre la Corse et la France continentale.

Il existe sans doute des risques de distorsion de concurrence entre les compagnies battant pavillon français et celles qui opèrent sous le pavillon d’un autre pays européen, notamment italien. Ces dernières bénéficient en effet de conditions fiscales et sociales plus favorables, mais le droit de l’Union européenne l’autorise. Toutefois, le dispositif de l’État d’accueil, prévu par un règlement européen, limite fortement les possibilités de dumping social sur les navires concernés.

Les dispositions légales et les stipulations conventionnelles applicables aux salariés employés sur ces navires sont celles qui sont applicables aux salariés des entreprises de la même branche d’activité établies en France. Elles portent sur le salaire minimum, la durée du travail, la santé et la sécurité au travail ou encore sur les libertés individuelles et collectives dans la relation de travail.

Par ailleurs, les gens de mer bénéficient obligatoirement du régime de protection sociale d’un État membre comprenant une couverture des risques santé, accidents du travail et maladies professionnelles, maternité, famille, chômage et vieillesse.

Dans ce contexte, la commission a considéré que les mesures proposées, qui ne portent que sur les sanctions et ne modifient pas les normes sociales applicables sur les navires concernés, ne sont pas de nature à répondre aux problématiques de concurrence sur le marché des liaisons entre la Corse et le continent. M. le secrétaire d’État vient de nous apprendre à l’instant que les installations éoliennes étaient également concernées par le dumping social…

D’une part, ces enjeux de concurrence relèvent du niveau de l’Union européenne, notamment en ce qui concerne l’harmonisation des règles encadrant l’usage des pavillons internationaux sur les liaisons intraeuropéennes. Alors que la France exclut l’usage du registre international français (RIF) sur les navires transporteurs de passagers assurant des lignes régulières intracommunautaires, l’Italie permet, elle, une utilisation plus large de son pavillon international.

D’autre part, si le respect des règles de l’État d’accueil posait des difficultés, il serait plus efficace de renforcer les moyens de contrôle et d’appliquer effectivement les sanctions existantes. Je rappelle qu’il existe déjà un régime de sanctions pénales et que l’autorité administrative peut également infliger des amendes en cas de non-respect du salaire minimum. Encore faut-il que les contrôles soient effectifs.

Au total, la commission n’a pas été convaincue de la nécessité d’introduire ces mesures. Celles qui concernent le cabotage en Méditerranée, introduites en séance par voie d’amendements, dans un texte visant à lutter contre le dumping social sur le transmanche, risquent de brouiller les intentions du législateur, alors que la situation de ces deux marchés est difficilement comparable. Surtout, et c’est la préoccupation essentielle, elles pourraient fragiliser le texte, ce que personne ne souhaite.

Suivant la position constante du Sénat, la commission a supprimé les articles 3 et 4, qui prévoyaient la remise par le Gouvernement de rapports au Parlement.

Enfin, en cohérence avec l’objet des articles 1er et 2, la commission des affaires sociales a modifié l’intitulé de la proposition de loi pour indiquer qu’elle vise également « à renforcer la sécurité du transport maritime ».

J’espère que vous avez compris que ma préoccupation et celle de la commission ont été d’assurer l’effectivité, la solidité juridique du texte et la proportionnalité de ses dispositions. Cette proposition de loi est d’ailleurs déjà sous les fourches caudines de la Commission européenne alors que le Sénat ne l’a pas encore examinée ni votée.

La situation sur le transmanche nous impose de légiférer en nous assurant que ce texte aura des conséquences réelles, qu’il permettra d’améliorer les conditions de travail des marins et de renforcer la sécurité maritime. Voter une loi d’affichage qui ne s’appliquera pas ferait à mon sens plus de mal que de bien et conforterait les comportements que nous voulons contrôler.

C’est pourquoi je vous invite à adopter le texte issu des travaux de la commission.

Photo de Pierre Laurent

L'amendement n° 26 rectifié, présenté par Mmes Apourceau-Poly, Cohen, Brulin et Gréaume, M. Lahellec et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste, est ainsi libellé :

Alinéa 12

Rédiger ainsi le début de cet alinéa :

« Art. L. 5592 -2. – Dans l'intérêt de la sécurité de la navigation et de la lutte contre les pollutions marines, (le reste sans changement)

La parole est à Mme Cathy Apourceau-Poly.

Photo de Cathy Apourceau-Poly

Il s'agit d'un amendement d'appel.

Nous cherchons à comprendre pourquoi, au cours de ses travaux ce matin, la commission des affaires sociales a supprimé le début de l'alinéa 12 de l'article 1er dans lequel il était mentionné que l'organisation du travail applicable aux salariés employés sur les navires était justifiée dans « l'intérêt de la sécurité de la navigation et de la lutte contre les pollutions marines ».

Nous ne sommes pas certains d'avoir compris pourquoi les objectifs de « sécurité de la navigation et de [...] lutte contre les pollutions marines » sont renvoyés à un futur décret pris en Conseil d'État. Pour autant, nous sommes prêts à souscrire à la rédaction de la commission si nous avons l'assurance que ces objectifs, qui sous-tendent la loi de police, seront bien pris en compte pour déterminer la durée de repos.

Je vous remercie de votre éclairage sur cette question.

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Procaccia

L'amendement n° 17 tend à modifier substantiellement l'article 1er et à créer deux régimes distincts de liaison entre la France, le Royaume-Uni ou l'Irlande.

Il tend à imposer aux armateurs français le pavillon français, donc, forcément, l'application du droit du travail local. En revanche, il vise à imposer aux armateurs établis au Royaume-Uni ou en Irlande que les salariés soient rémunérés au moins au Smic et qu'ils bénéficient des règles de repos et de congés du droit du travail français. Outre le fait qu'il crée une différence de traitement non justifiée selon le lieu d'établissement de l'armateur, cet amendement a un objet manifestement contraire au droit européen et au droit international maritime. Par conséquent, la commission émet un avis défavorable.

Avant de poursuivre, je précise que, sur le fond, la commission non seulement comprend les propositions qui sont formulées, mais aimerait qu'elles puissent s'appliquer. Toutefois, comme je l'ai indiqué lors de la discussion générale, nous avons pour objectif de garantir un salaire minimum ainsi qu'un certain nombre d'autres éléments, plutôt que de proposer un texte, dont nous serions fiers, puisqu'il prévoirait que c'est le droit français qui s'applique à tout le monde, mais qui serait remis en cause par l'Union européenne dans quelques mois. C'est ce principe qui guide l'avis que je formulerai au nom de la commission des affaires sociales.

Les amendements n° 19 rectifié, 21 rectifié, 20 rectifié et 5 tendent à créer des obligations supplémentaires pour les employeurs des personnels naviguant sur le transmanche. En visant à imposer l'application du droit français pour le salaire, la durée du travail, les heures supplémentaires, les congés, les repos, les jours fériés, le travail de nuit des jeunes travailleurs, ils vont bien au-delà de la lutte contre le dumping social et de la nécessité de préserver les intérêts de la France et la sécurité de la navigation.

En outre, certaines règles sont difficilement applicables en pratique à des contrats étrangers qui répondent forcément à des modes et des normes complètement différents de notre code du travail.

En conséquence, l'adoption de ces amendements fragiliserait considérablement la conformité de la proposition de loi au droit de l'Union européenne. On sortirait du cadre de la loi de police et on prendrait in fine le risque qu'aucune garantie sociale ne soit applicable sur le transmanche, si le juge venait à annuler le texte.

C'est la raison pour laquelle la commission émet un avis défavorable sur ces amendements.

Enfin, l'amendement n° 26 rectifié vise à revenir sur une modification apportée par la commission. En effet, plutôt que d'inscrire dans le texte les objectifs de « sécurité de navigation et de [...] lutte contre les pollutions marines », ce qui serait sans effet normatif, il nous a paru préférable qu'ils soient pris en compte concrètement dans le décret pour déterminer la durée maximale d'embarquement autorisée. C'était d'ailleurs l'une de vos interrogations, mes chers collègues. Telle est la raison pour laquelle la commission a modifié le texte.

Par conséquent, la précision demandée au travers de cet amendement paraît satisfaite. La commission demande donc le retrait de cet amendement ; à défaut, elle émettra un avis défavorable.

Photo de Pierre Laurent

La parole est à Mme le rapporteur pour avis.

Photo de Nadège Havet

Monsieur le président, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, cinq minutes, c’est le temps dont je dispose aujourd’hui pour vous faire part de mon rapport sur la proposition de loi du député Didier Le Gac, adoptée en première lecture à l’Assemblée nationale.

Cinq minutes, c’est bien plus de temps qu’il n’en aura fallu au dirigeant de P&O Ferries pour licencier 786 marins. En effet, après un message vidéo de trois minutes, 786 marins ont dû quitter sur-le-champ leur navire et leur emploi, pendant que leurs remplaçants, moins bien rémunérés et aux conditions de travail dégradées, attendaient sur le quai pour monter à bord.

C’est donc peu dire que le texte dont nous débattons aujourd’hui, qui vise à lutter contre le dumping social sur le transmanche, est attendu dans le secteur du transport maritime par les armateurs, par les syndicats du secteur et par les gens de mer eux-mêmes.

La concurrence déloyale exercée par les compagnies utilisant une main-d’œuvre à bas coût ne laisse en réalité que l’alternative suivante aux opérateurs historiques : disparaître ou adopter le nouveau modèle. Cela implique d’en finir avec le pavillon français, pas assez compétitif, dans le transmanche.

Pour compléter le propos de Mme Procaccia, rapporteur au fond, dont je salue le travail sur un sujet qu’elle ne connaissait pas, j’insisterai sur deux raisons, bien éloignées des préoccupations protectionnistes ou anticoncurrentielles, qui justifient d’empêcher cette situation.

La première est un enjeu de sécurité des navigations. Sur le transmanche, les navires réalisent des manœuvres d’accostage jusqu’à dix fois par jour et traversent la mer perpendiculairement aux principales routes de circulation, dans ce qui est le deuxième détroit le plus fréquenté au monde.

Ce rythme extrêmement intense se traduit chez tous les gens de mer, et pas seulement les officiers, par des journées de travail de seize heures, voire plus, et par une très forte fatigue à mesure que le temps à bord s’allonge. C’est pourquoi, historiquement, sur cette zone, les gens de mer alternent entre une ou deux semaines à bord et une ou deux semaines de repos à terre.

Les compagnies qui ont choisi le modèle low cost emploient des gens de mer qui peuvent rester six semaines à bord, le nombre de dix-sept semaines ayant même été évoqué. Ils passent systématiquement au moins les deux tiers de l’année en mer.

Or la parité entre durée à terre et temps en mer et la limitation du temps à bord sont des éléments clés pour la sécurité des navigations. L’épuisement du personnel multiplie le risque d’incidents à bord. Surtout, en cas d’incident, chacun à bord, de l’agent d’accueil des passagers aux officiers, a un rôle défini à jouer. Comment bien remplir ce rôle alors que l’on a accumulé la fatigue durant des semaines ? Doit-on attendre un drame humain ou une pollution grave pour légiférer et garantir la sécurité des navigations ? La réponse est non !

La seconde raison est un enjeu de souveraineté.

Les navires de la marine marchande sous pavillon français sont fréquemment mobilisés lors des opérations militaires françaises à l’étranger. Lors de l’intervention de la France au Koweït, deux navires de Brittany Ferries, le Coutances et le Quiberon, ont convoyé des troupes et du matériel français sur place. Chaque année, des navires de Brittany Ferries sont mobilisés lors des exercices de contre-terrorisme maritime Armor.

Il est donc essentiel pour notre souveraineté d’éviter la disparition d’un pan entier de notre marine marchande, alors que la guerre est de retour sur le sol européen et que les tensions géopolitiques croissent partout sur la planète, notamment dans l’Indopacifique.

Ce texte répond avec efficacité à une situation d’urgence. C’est pourquoi, dans mon rapport pour avis, j’ai proposé une adoption conforme du texte issu de l’Assemblée nationale. Cette solution me semblait opportune, car, la procédure accélérée n’ayant pas été déclarée, la durée de la navette parlementaire pourrait ne pas laisser assez de temps au Gouvernement pour prendre avant le mois de janvier 2024 les décrets auxquels l’application de la loi est suspendue.

Telle n’est pas l’option retenue par la commission des affaires sociales. Cependant, je me félicite que mes collègues n’aient pas apporté de modifications substantielles au texte sur le volet concernant le transmanche.

J’espère, donc, monsieur le secrétaire d’État, que la navette pourra se poursuivre le plus rapidement possible. Je me réjouis à cet égard que l’examen du texte figure dans le décret portant convocation du Parlement en session extraordinaire. Le dispositif devra en effet être mis en œuvre au début de l’année 2024, en même temps que celui qu’ont déjà adopté nos voisins britanniques.

Photo de Catherine Procaccia

L'amendement n° 17 tend à modifier substantiellement l'article 1er et à créer deux régimes distincts de liaison entre la France, le Royaume-Uni ou l'Irlande.

Il tend à imposer aux armateurs français le pavillon français, donc, forcément, l'application du droit du travail local. En revanche, il vise à imposer aux armateurs établis au Royaume-Uni ou en Irlande que les salariés soient rémunérés au moins au Smic et qu'ils bénéficient des règles de repos et de congés du droit du travail français. Outre le fait qu'il crée une différence de traitement non justifiée selon le lieu d'établissement de l'armateur, cet amendement a un objet manifestement contraire au droit européen et au droit international maritime. Par conséquent, la commission émet un avis défavorable.

Avant de poursuivre, je précise que, sur le fond, la commission non seulement comprend les propositions qui sont formulées, mais aimerait qu'elles puissent s'appliquer. Toutefois, comme je l'ai indiqué lors de la discussion générale, nous avons pour objectif de garantir un salaire minimum ainsi qu'un certain nombre d'autres éléments, plutôt que de proposer un texte, dont nous serions fiers, puisqu'il prévoirait que c'est le droit français qui s'applique à tout le monde, mais qui serait remis en cause par l'Union européenne dans quelques mois. C'est ce principe qui guide l'avis que je formulerai au nom de la commission des affaires sociales.

Les amendements n° 19 rectifié, 21 rectifié, 20 rectifié et 5 tendent à créer des obligations supplémentaires pour les employeurs des personnels naviguant sur le transmanche. En visant à imposer l'application du droit français pour le salaire, la durée du travail, les heures supplémentaires, les congés, les repos, les jours fériés, le travail de nuit des jeunes travailleurs, ils vont bien au-delà de la lutte contre le dumping social et de la nécessité de préserver les intérêts de la France et la sécurité de la navigation.

En outre, certaines règles sont difficilement applicables en pratique à des contrats étrangers qui répondent forcément à des modes et des normes complètement différents de notre code du travail.

En conséquence, l'adoption de ces amendements fragiliserait considérablement la conformité de la proposition de loi au droit de l'Union européenne. On sortirait du cadre de la loi de police et on prendrait in fine le risque qu'aucune garantie sociale ne soit applicable sur le transmanche, si le juge l'annulait.

C'est la raison pour laquelle la commission émet un avis défavorable sur ces amendements.

Enfin, l'amendement n° 26 rectifié vise à revenir sur une modification apportée par la commission. En effet, plutôt que d'inscrire dans le texte les objectifs de « sécurité de navigation et de [...] lutte contre les pollutions marines », ce qui serait sans effet normatif, il nous a paru préférable qu'ils soient pris en compte concrètement dans le décret pour déterminer la durée maximale d'embarquement autorisée. C'était d'ailleurs l'une de vos interrogations, mes chers collègues. Telle est la raison pour laquelle la commission a modifié le texte.

Par conséquent, la précision demandée au travers de cet amendement paraît satisfaite. C'est la raison pour laquelle la commission demande le retrait de cet amendement ; à défaut, elle émettra un avis défavorable.

Debut de section - Permalien
Hervé Berville

Sur l'ensemble de ces amendements, le Gouvernement émet un avis défavorable, non pas sur le fond, mais sur la forme. En outre, si ces amendements étaient adoptés, le texte pourrait ne pas être opérationnel, notamment au regard du droit européen.

Mesdames, messieurs les sénateurs, le texte tel qu'il résulte des travaux de la commission contient bien des dispositions relatives au temps de travail. Celles-ci figuraient d'ailleurs déjà dans la version issue des travaux de l'Assemblée nationale ; elles ont été maintenues. Je les rappelle dans la rédaction issue des travaux de votre commission : « L'organisation du travail applicable aux salariés employés sur les navires mentionnés à l'article L. 5591-1 est fondée sur une durée de repos à terre au moins équivalente à la durée de leur embarquement. »

En revanche, la commission des affaires sociales du Sénat a souverainement décidé de supprimer les motifs justifiant une équivalence entre la durée d'embarquement et le temps de repos, considérant qu'il n'était pas utile de les indiquer. Pour notre part, nous considérions qu'il fallait justifier cette équivalence, notamment pour des raisons de sécurité de la navigation.

L'essentiel pour moi, c'est que ce dispositif soit inscrit dans la loi – nous sommes le premier pays en Europe à agir ainsi.

Pour lutter contre le dumping social sur le transmanche, trois critères ont été fixés dans le texte.

Premièrement, le salaire minimum doit être équivalent entre le Royaume-Uni, les îles anglo-normandes et la France.

Deuxièmement, une durée égale entre temps en mer et temps à terre est garantie. C'est fondamental, car c'est sur cette variable que se joue le dumping social.

Troisièmement, le décret d'application apportera les précisions nécessaires qui ne figureront pas dans le texte. Elles seront soumises au Conseil supérieur de la marine marchande, qui regroupe syndicats et organisations patronales.

Ces trois éléments seront inscrits dans le dur de la loi, c'est une avancée considérable.

Monsieur Bacchi, imposer une nationalité de pavillon aux armateurs pour qu'ils puissent effectuer des liaisons maritimes est totalement contraire au droit européen. Si l'on peut imposer des conditions sociales et salariales – ce que nous faisons avec les différents dispositifs sur le salaire minimum et la durée égale entre temps à terre et temps en mer –, on ne peut en revanche imposer une nationalité, d'autant que certains pays peuvent avoir fixé des conditions sociales moins favorables. On ne peut donc pas prévoir que seuls les navires battant pavillon français peuvent assurer les liaisons sur le transmanche.

En revanche, vous avez raison, il faut un alignement des conditions de travail. C'est tout l'objet de la charte proposée aux armateurs du transport maritime transmanche, mais aussi de ce texte, qui met en œuvre ces différents dispositifs, notamment des clauses miroirs avec la loi britannique.

Mesdames Vogel, Apourceau-Poly et Brulin, sur les heures supplémentaires, qui trop embrasse mal étreint, comme disait ma grand-mère. §J'aimerais pouvoir vous suivre sur ce terrain, mais le traité sur le fonctionnement de l'Union européenne est très clair : il ne revient pas aux États de procéder à de telles régulations. C'est pourquoi le Gouvernement demande le retrait des amendements concernés : ces propositions, nous le savons très bien, ne sont absolument pas conformes au droit européen.

Pour autant, il faut continuer à travailler sur les questions des heures supplémentaires et des indemnités de congés, notamment dans le cadre des chartes entre les différentes compagnies maritimes. Elles sont toutefois déconnectées des deux éléments que nous pouvons inscrire dans la loi : le salaire minimum et la durée égale entre temps en mer et temps à terre.

Photo de Pierre Laurent

M. le président. La parole est à Mme Mélanie Vogel.

Hervé Berville

Sur l'ensemble de ces amendements, le Gouvernement émet un avis défavorable, non pas sur le fond, mais sur la forme. En outre, si ces amendements étaient adoptés, le texte pourrait ne pas être opérationnel, notamment au regard du droit européen.

Mesdames, messieurs les sénateurs, le texte tel qu'il résulte des travaux de la commission contient bien des dispositions relatives au temps de travail. Celles-ci figuraient d'ailleurs déjà dans la version issue des travaux de l'Assemblée nationale ; elles ont été maintenues. Je les rappelle dans la rédaction issue des travaux de votre commission : « L'organisation du travail applicable aux salariés employés sur les navires mentionnés à l'article L. 5591-1 est fondée sur une durée de repos à terre au moins équivalente à la durée de leur embarquement. »

En revanche, la commission des affaires sociales du Sénat a souverainement décidé de supprimer les motifs justifiant une équivalence entre la durée d'embarquement et le temps de repos, considérant qu'il n'était pas utile de les indiquer. Pour notre part, nous considérions qu'il fallait justifier cette équivalence, notamment pour des raisons de sécurité de la navigation.

L'essentiel pour moi, c'est que ce dispositif soit inscrit dans la loi – nous sommes le premier pays en Europe à agir ainsi.

Pour lutter contre le dumping social sur le transmanche, trois critères ont été fixés dans la loi.

Premièrement, le salaire minimum doit être équivalent entre le Royaume-Uni, les îles anglo-normandes et la France.

Deuxièmement, une durée égale entre temps en mer et temps à terre est garantie. C'est fondamental, car c'est sur cette variable que se joue le dumping social.

Troisièmement, le décret d'application apportera les précisions nécessaires qui ne figureront pas dans le texte. Elles seront soumises au Conseil supérieur de la marine marchande, qui regroupe syndicats et organisations patronales.

Ces trois éléments seront inscrits dans le dur de la loi, ce qui constitue une avancée considérable.

Monsieur Bacchi, imposer une nationalité de pavillon aux armateurs pour qu'ils puissent effectuer des liaisons maritimes est totalement contraire au droit européen. Si l'on peut imposer des conditions sociales et salariales – ce que nous faisons avec les différents dispositifs sur le salaire minimum et la durée égale entre temps à terre et temps en mer –, on ne peut en revanche imposer une nationalité, d'autant que certains pays peuvent avoir fixé des conditions sociales moins favorables. On ne peut donc pas prévoir que seuls les navires battant pavillon français peuvent assurer les liaisons dans le transmanche.

En revanche, vous avez raison, il faut un alignement des conditions de travail. C'est tout l'objet de la charte proposée aux armateurs du transport maritime transmanche, mais aussi de ce texte, qui met en œuvre ces différents dispositifs, notamment des clauses miroirs avec la loi britannique.

Mesdames Vogel, Apourceau-Poly et Brulin, sur les heures supplémentaires, qui trop embrasse mal étreint, comme disait ma grand-mère. §J'aimerais pouvoir vous suivre sur ce terrain, mais le traité sur le fonctionnement de l'Union européenne est très clair : il ne revient pas aux États de procéder à de telles régulations. C'est pourquoi le Gouvernement demande le retrait des amendements concernés : ces propositions, nous le savons très bien, ne sont absolument pas conformes au droit européen.

Pour autant, il faut continuer à travailler sur la question des heures supplémentaires et d'indemnités de congés, notamment dans le cadre des chartes entre les différentes compagnies maritimes. Elles sont toutefois déconnectées des deux éléments que nous pouvons inscrire dans la loi : le salaire minimum et la durée égale entre temps en mer et temps à terre.

L'amendement n'est pas adopté.

Photo de Mélanie Vogel

Monsieur le président, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, le 8 décembre 2022 au petit matin, le capitaine Michael Michieli embarque à bord de son bateau de pêche, accompagné de deux matelots, au port de l’île de Jersey. En parallèle, le ferry Commodore Goodwill est en route de Guernesey à Jersey. Le bâtiment, long de 126 mètres, bat pavillon des Bahamas, mais effectue des liaisons régulières entre les îles anglo-normandes, le Royaume-Uni et la France.

Ce 8 décembre, le ferry, dont l’équipage compte 24 personnes, transporte des camions et cinq passagers. Le vent vient du nord, il fait 4 degrés Celsius. Soudain, vers cinq heures trente, le capitaine actionne la corne de brume, cinq fois. Il annonce ensuite par haut-parleur : « Ceci n’est pas un exercice ». Quelques instants après, le ferry heurte le bateau de pêche, qui coule instantanément.

Aucune trace des membres de l’équipage du chalutier n’est visible. Pendant des heures, des hélicoptères et des avions de la sécurité civile et de la marine nationale cherchent le capitaine et ses deux matelots, en vain. Ce n’est que la semaine suivante que l’on retrouve les corps des deux matelots au fond de la mer. Le corps du capitaine, lui, n’est retrouvé que le 26 avril.

Nous attendons toujours les conclusions définitives de l’enquête, mais il est évident que ce naufrage n’est pas un incident isolé. Le risque de collision en mer est bien réel, surtout dans la Manche, deuxième route maritime au monde. En effet, 25 % du trafic maritime mondial traverse ce détroit. À cela s’ajoutent les bateaux de pêche : pour le seul côté, français, on en compte 302.

Le risque est encore plus grand quand les membres d’équipage, sous-payés, sont épuisés.

Employeurs et armateurs s’ingénient à réduire toujours plus les coûts de la main-d’œuvre : des marins et marines, des agents d’escale, des matelots, des chefs de quart, et j’en passe.

En mars 2022, cela a été rappelé, P&O Ferries a licencié 786 employés en quatre minutes en leur ordonnant dans un message vidéo de quitter le navire dans la demi-heure. Sur le quai attendaient leurs remplaçants, des intérimaires venus du monde entier, recrutés par l’intermédiaire d’une société prestataire de main-d’œuvre, payés deux fois moins que le salaire minimum sur les deux rives, française et britannique, et travaillant à des rythmes intenses et dangereux.

Et ce n’est que la partie émergée de l’iceberg. En effet, les syndicats estiment que Brittany Ferries a supprimé 250 postes en CDI, pour les laisser vacants ou pour les remplacer par des intérimaires, toujours au nom de la recherche du profit.

Ce dumping social, dont les conséquences sont néfastes et dangereuses, est évidemment inacceptable.

D’une part, les conditions de travail se dégradent massivement. Leurs salaires ne leur suffisant plus, et parce qu’ils ne bénéficient d’aucune protection juridique, les employés travaillent des mois pour un salaire de misère afin d’échapper à une misère plus grande encore.

D’autre part, le remplacement des employés expérimentés par des intérimaires et des prestataires corvéables à merci est dangereux. Quand vous ne connaissez pas le navire sur lequel vous travaillez pendant seulement quelques semaines, le risque d’un incident est beaucoup plus grand.

Il est donc grand temps de mettre fin à cette dangereuse course vers le moins-disant social.

Le groupe Écologiste – Solidarité et Territoires se félicite que cette proposition de loi introduise un salaire minimum sur les ferries et un minimum de temps de repos pour les gens de mers, soit une journée de repos par journée en mer.

Madame le rapporteure, je tiens à vous remercier de votre travail, et plus particulièrement de votre amendement adopté en commission visant à préciser que le décret d’application sur la durée de repos doit garantir la sécurité et permettre de lutter contre la pollution maritime.

Cependant, le dumping social touche tous les aspects de l’organisation du travail, et pas seulement la rémunération et le temps de repos. Ce n’est pas pour rien que le code du travail français va bien au-delà de ces deux aspects. C’est pourquoi cette proposition de loi doit, selon nous, être complétée par l’instauration d’autres minima sociaux. C’est seulement en garantissant un ensemble complet de droits sociaux aux travailleurs et travailleuses que nous pourrons réellement mettre fin au dumping social.

Par ailleurs, à en juger par l’intervention M. le secrétaire d’État, nous allons avoir cet après-midi de riches discussions sur le champ d’application des différentes dispositions de cette proposition de loi, du fait notamment des rédactions retenues par l’Assemblée nationale, mais aussi sur l’intitulé du texte, qui ne correspond pas au fond, ce qui a pu entraîner des confusions.

Pour les écologistes, la lutte contre le dumping social doit évidemment être la plus large possible et s’appliquer au maximum de situations, même si d’éventuels effets de bord doivent aussi être contrôlés.

Nous attendons donc un certain nombre de clarifications de la part du Gouvernement, notamment sur les décrets d’application et sur le champ d’application de chacun des articles, lesquels ont provoqué des migraines chez nombre d’entre nous.

Enfin, monsieur le secrétaire d’État, nous regrettons que la proposition de loi qui nous est aujourd’hui soumise ne soit pas assortie d’une étude d’impact et d’un avis du Conseil d’État, contrairement au texte de nos collègues britanniques. Cela aurait rendu la proposition de loi plus lisible et nous aurait permis de mieux apprécier ses dispositions.

Cela étant, quel que soit son point d’atterrissage, ce texte constituera une avancée sociale. Aussi, nous le soutiendrons.

Debut de section - PermalienPhoto de Mélanie Vogel

Monsieur le président, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, le 8 décembre 2022 au petit matin, le capitaine Michael Michieli embarque à bord de son bateau de pêche, accompagné de deux matelots, au port de l’île de Jersey. En parallèle, le ferry Commodore Goodwill est en route de Guernesey à Jersey. Le bâtiment, long de 126 mètres, bat pavillon des Bahamas, mais effectue des liaisons régulières entre les îles anglo-normandes, le Royaume-Uni et la France.

Ce 8 décembre, le ferry, dont l’équipage compte 24 personnes, transporte des camions et cinq passagers. Le vent vient du nord, il fait 4 degrés Celsius. Soudain, vers cinq heures trente, le capitaine actionne la corne de brume, cinq fois. Il annonce ensuite par haut-parleur : « Ceci n’est pas un exercice ». Quelques instants après, le ferry heurte le bateau de pêche, qui coule instantanément.

Aucune trace des membres de l’équipage du chalutier n’est visible. Pendant des heures, des hélicoptères et des avions de la sécurité civile et de la marine nationale cherchent le capitaine et ses deux matelots, en vain. Ce n’est que la semaine suivante que l’on retrouve les corps des deux matelots au fond de la mer. Le corps du capitaine, lui, n’est retrouvé que le 26 avril.

Nous attendons toujours les conclusions définitives de l’enquête, mais il est évident que ce naufrage n’est pas un incident isolé. Le risque de collision en mer est bien réel, surtout dans la Manche, deuxième route maritime au monde. En effet, 25 % du trafic maritime mondial traverse ce détroit. À cela s’ajoutent les bateaux de pêche : pour le seul côté, français, on en compte 302.

Le risque est encore plus grand quand les membres d’équipage, sous-payés, sont épuisés.

Employeurs et armateurs s’ingénient à réduire toujours plus les coûts de la main-d’œuvre : des marins et marines, des agents d’escale, des matelots, des chefs de quart, et j’en passe.

En mars 2022, cela a été rappelé, P&O Ferries a licencié 786 employés en quatre minutes en leur ordonnant dans un message vidéo de quitter le navire dans la demi-heure. Sur le quai attendaient leurs remplaçants, des intérimaires venus du monde entier, recrutés par l’intermédiaire d’une société prestataire de main-d’œuvre, payés deux fois moins que le salaire minimum sur les deux rives, française et britannique, et travaillant à des rythmes intenses et dangereux.

Et ce n’est que la partie émergée de l’iceberg. En effet, les syndicats estiment que Brittany Ferries a supprimé 250 postes en CDI, pour les laisser vacants ou pour les remplacer par des intérimaires, toujours au nom de la recherche du profit.

Ce dumping social, dont les conséquences sont néfastes et dangereuses, est évidemment inacceptable.

D’une part, les conditions de travail se dégradent massivement. Leurs salaires ne leur suffisant plus, et parce qu’ils ne bénéficient d’aucune protection juridique, les employés travaillent des mois pour un salaire de misère afin d’échapper à une misère plus grande encore.

D’autre part, le remplacement des employés expérimentés par des intérimaires et des prestataires corvéables à merci est dangereux. Quand vous ne connaissez pas le navire sur lequel vous travaillez pendant seulement quelques semaines, le risque d’un incident est beaucoup plus grand.

Il est donc grand temps de mettre fin à cette dangereuse course vers le moins-disant social.

Le groupe Écologiste – Solidarité et Territoires se félicite que cette proposition de loi introduise un salaire minimum sur les ferries et un minimum de temps de repos pour les gens de mer, soit une journée de repos par journée en mer.

Madame le rapporteure, je tiens à vous remercier de votre travail, et plus particulièrement de votre amendement adopté en commission visant à préciser que le décret d’application sur la durée de repos doit garantir la sécurité et permettre de lutter contre la pollution maritime.

Cependant, le dumping social touche tous les aspects de l’organisation du travail, et pas seulement la rémunération et le temps de repos. Ce n’est pas pour rien que le code du travail français va bien au-delà de ces deux aspects. C’est pourquoi cette proposition de loi doit, selon nous, être complétée par l’instauration d’autres minima sociaux. C’est seulement en garantissant un ensemble complet de droits sociaux aux travailleurs et travailleuses que nous pourrons réellement mettre fin au dumping social.

Par ailleurs, à en juger par l’intervention M. le secrétaire d’État, nous allons avoir cet après-midi de riches discussions sur le champ d’application des différentes dispositions de cette proposition de loi, du fait notamment des rédactions retenues par l’Assemblée nationale, mais aussi sur l’intitulé du texte, qui ne correspond pas au fond, ce qui a pu entraîner des confusions.

Pour les écologistes, la lutte contre le dumping social doit évidemment être la plus large possible et s’appliquer au maximum de situations, même si d’éventuels effets de bord doivent aussi être contrôlés.

Nous attendons donc un certain nombre de clarifications de la part du Gouvernement, notamment sur les décrets d’application et sur le champ d’application de chacun des articles, lesquels ont provoqué des migraines chez nombre d’entre nous.

Enfin, monsieur le secrétaire d’État, nous regrettons que la proposition de loi qui nous est aujourd’hui soumise ne soit pas assortie d’une étude d’impact et d’un avis du Conseil d’État, contrairement au texte de nos collègues britanniques. Cela aurait rendu la proposition de loi plus lisible et nous aurait permis de mieux apprécier ses dispositions.

Cela étant, quel que soit son point d’atterrissage, ce texte constituera une avancée sociale. Aussi, nous le soutiendrons.

Photo de Bernard Buis

Monsieur le président, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, cette proposition de loi, déposée par le député Didier Le Gac, vise à lutter contre le dumping social pratiqué par certains armateurs étrangers en refusant les pratiques concurrentielles déloyales dans les eaux françaises.

Ce texte fait écho au licenciement brutal, en mars 2022, de 786 marins de la compagnie britannique P&O Ferries, sans préavis, par visioconférence, et à leur remplacement par des marins non européens, de diverses nationalités, majoritairement des Philippins. Les navires de la compagnie, initialement sous pavillon britannique, étaient passés sous pavillon chypriote. L’objectif de la compagnie était bien de réduire ses coûts en augmentant le temps de travail, en diminuant les temps de repos et en abaissant le salaire horaire des marins.

Les compagnies françaises font face à une concurrence déloyale très brutale, notamment sur les liaisons maritimes entre la France et l’Angleterre.

Le transport transmanche s’effectue dans un couloir de navigation parmi les plus empruntés au monde, dans lequel on dénombre plus de 700 passages de navires par jour. Les deux compagnies Irish Ferries et P&O Ferries concentrent aujourd’hui 30 % du marché transmanche.

Le Brexit est venu accroître le risque de généralisation du dumping social en sortant les relations maritimes entre les ports français et le Royaume-Uni du cadre réglementaire européen, notamment des règles de protection des travailleurs mobiles internationaux.

Ainsi, la proposition de loi que nous examinons tend à restaurer la justice sociale en renforçant la protection des marins, mise à mal par la concurrence de compagnies se livrant à des pratiques commerciales déloyales.

Pour ce faire, il est proposé d’imposer l’application du salaire minimum français aux équipages de toutes les compagnies maritimes, quel que soit leur pavillon, assurant des liaisons régulières internationales de passagers touchant un port français.

Il est également proposé de mettre en place une durée de repos à terre au moins équivalente à la durée d’embarquement des marins, afin d’assurer la sécurité de la navigation et de lutter contre les pollutions marines.

Enfin, la fourniture, par les marins résidant à l’étranger, d’un certificat d’aptitude médicale à la navigation répondant aux exigences minimales fixées à l’échelon international est également prévue.

À l’Assemblée nationale, les députés ont souhaité profiter de ce véhicule législatif pour lutter contre le dumping social sur toutes les façades maritimes et dans toutes les activités en reprenant le dispositif de l’État d’accueil, qui impose les mêmes règles en matière de droit du travail et de salaire aux navires transportant des voyageurs entre deux ports français et aux navires qui travaillent dans les eaux françaises.

Ils ont ainsi ajouté deux articles dans le texte.

L’article 1er bis visait à renforcer les sanctions pénales en cas de non-respect des conditions sociales minimales françaises sur les navires étrangers assurant la liaison entre la Corse et le continent, sur les navires de travaux, de service et d’exploitation des éoliennes en mer et sur les yachts battant pavillon autre que français.

L’article 1er ter prévoyait des sanctions administratives pour permettre à l’administration de sanctionner plus facilement le manquement des employeurs et des armateurs à ces obligations sociales.

Nous regrettons que ces deux articles visant à sécuriser le dispositif de l’État d’accueil aient été supprimés par la commission des affaires sociales du Sénat. C’est la raison pour laquelle nous proposerons de les rétablir afin de permettre l’extension du champ d’application du texte au-delà du transmanche. Nous souhaitons ainsi renforcer nos moyens de lutte contre les compagnies qui viennent fausser le jeu de la concurrence en ne respectant pas les conditions salariales minimales des marins.

Nous attendons de connaître le sort qui sera réservé à l’amendement du Gouvernement visant à modifier les dispositions initiales du texte, mais notre groupe votera bien sûr cette proposition de loi. Nous espérons par ailleurs que la navette parlementaire aboutira le plus rapidement possible afin de répondre aux attentes très fortes du secteur. Il s’agit de faire en sorte que la loi puisse entrer en vigueur si possible dès le mois de janvier 2024, car il y a urgence !

Photo de Pierre Laurent

M. le président. La parole est à M. Jean-Luc Fichet.

Photo de Jean-Luc Fichet

Monsieur le président, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, nous sommes réunis aujourd’hui au Sénat pour examiner la proposition de loi visant à lutter contre le dumping social sur le transmanche et à renforcer la sécurité du transport maritime, l’intitulé du texte ayant été complété à la suite de l’adoption de l’amendement de notre rapporteur, dont je salue la qualité du travail.

Cette proposition de loi est la réponse aux agissements scandaleux de la compagnie P&O Ferries, dont les navires battent pavillon chypriote : le 17 mars 2022, elle a licencié 786 marins britanniques sans préavis ni la moindre consultation des organisations syndicales. Dans la foulée, cette compagnie a embauché des salariés venant de pays où la main-d’œuvre est à bas coût et où le droit du travail et le salaire minimum britannique ne sont pas respectés.

Face à cette situation intolérable, les acteurs français de la liaison transmanche et les élus ont lancé un appel, le 5 novembre 2022, à Saint-Malo, pour demander collectivement d’agir contre le dumping social. Cette initiative a été relayée par l’ensemble des parlementaires bretons, qui vous ont alerté dans un courrier commun, monsieur le secrétaire d’État.

Le trafic maritime transmanche représente la zone de navigation la plus dense d’Europe : un camion fait la traversée par bateau toutes les cinq secondes ; un navire y entre et en sort toutes les trois minutes ; 91 000 personnes la traversent quotidiennement.

La bonne nouvelle, c’est que le besoin de légiférer est partagé des deux côtés de la Manche. En effet, un projet de loi de même nature doit être adopté côté britannique. J’insiste par ailleurs sur le fait que les scandaleux licenciements de marins le 17 mars 2022 ont été rendus possibles par le Brexit.

Cette proposition de loi vise donc à protéger tous les marins et à imposer le versement du salaire minimum français aux équipages de toutes les compagnies maritimes, peu importe leur pavillon, dès lors qu’elles assurent des liaisons régulières internationales de passagers touchant un port français. Les lignes concernées seront définies par décret.

La proposition de loi impose également une durée de repos à terre au moins équivalente à la durée d’embarquement des marins afin d’assurer la sécurité de la navigation et de lutter contre les pollutions marines. La durée maximale d’embarquement sera également déterminée par décret.

Je serai donc très attentif, monsieur le secrétaire d’État, à la rédaction de ces décrets, qui doivent répondre aux attentes des différents acteurs.

Je suis par ailleurs très conscient du caractère contraint de cette proposition de loi. Nous devons veiller à ce qu’elle ne soit pas considérée comme contraire à la Constitution ou au droit de l’Union européenne.

Il faut sécuriser le dispositif en veillant, en particulier, à la stricte proportionnalité des sanctions prévues en cas de manquement à ces obligations. De plus, il ne faut pas brouiller notre message commun de lutte contre le dumping social sur le transmanche en introduisant des mesures sans rapport avec l’objet du texte.

Il est urgent de tordre le cou à la concurrence déloyale que nous connaissons aujourd’hui et que l’on peut assimiler à une forme d’esclavage dans le milieu marin.

Notre groupe est également favorable à l’alignement des sanctions pénales prévues en cas de non-conformité des certificats d’aptitude médicale étrangers, ainsi qu’à l’adoption de l’amendement de notre rapporteur, qui vise à étendre cette disposition aux gens de mer autres que les marins.

Si nous sommes favorables à ce texte, nous serons toutefois vigilants sur un certain nombre de points, tout d’abord, je l’ai déjà dit, à la rédaction des décrets, instruits que nous sommes sur la propension du Gouvernement à passer en force sans dialogue ni écoute.

Nous serons ensuite attentifs à l’évolution de la législation côté britannique. Un texte a certes été voté par le Parlement britannique le 28 mars dernier, mais il n’entrera pleinement en vigueur qu’après l’adoption de dispositions réglementaires au début de l’année 2024.

Cette proposition de loi est un appel à la responsabilité et à la mobilisation partout en Europe pour lutter contre le dumping social dans le domaine maritime. Que compte faire le gouvernement français, monsieur le secrétaire d’État, pour promouvoir cette législation ?

Tout en restant très vigilants sur ces différents points, nous voterons bien sûr ce texte visant à lutter contre le dumping social sur le transmanche et à renforcer la sécurité du transport maritime.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Luc Fichet

Monsieur le président, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, nous sommes réunis aujourd’hui au Sénat pour examiner la proposition de loi visant à lutter contre le dumping social sur le transmanche et à renforcer la sécurité du transport maritime, l’intitulé du texte ayant été complété à la suite de l’adoption de l’amendement de notre rapporteur, dont je salue la qualité du travail.

Cette proposition de loi est la réponse aux agissements scandaleux de la compagnie P&O Ferries, dont les navires battent pavillon chypriote : le 17 mars 2022, elle a licencié 786 marins britanniques sans préavis ni la moindre consultation des organisations syndicales. Dans la foulée, cette compagnie a embauché des salariés venant de pays où la main-d’œuvre est à bas coût et où le droit du travail et le salaire minimum britannique ne sont pas respectés.

Face à cette situation intolérable, les acteurs français de la liaison transmanche et les élus ont lancé un appel, le 5 novembre 2022, à Saint-Malo, pour demander collectivement d’agir contre le dumping social. Cette initiative a été relayée par l’ensemble des parlementaires bretons, qui vous ont alerté dans un courrier commun, monsieur le secrétaire d’État.

Le trafic maritime transmanche représente la zone de navigation la plus dense d’Europe : un camion fait la traversée par bateau toutes les cinq secondes ; un navire y entre et en sort toutes les trois minutes ; 91 000 personnes la traversent quotidiennement.

La bonne nouvelle, c’est que le besoin de légiférer est partagé des deux côtés de la Manche. En effet, un projet de loi de même nature doit être adopté du côté britannique. J’insiste par ailleurs sur le fait que les scandaleux licenciements de marins le 17 mars 2022 ont été rendus possibles par le Brexit.

Cette proposition de loi vise donc à protéger tous les marins et à imposer le versement du salaire minimum français aux équipages de toutes les compagnies maritimes, peu importe leur pavillon, dès lors qu’elles assurent des liaisons régulières internationales de passagers touchant un port français. Les lignes concernées seront définies par décret.

La proposition de loi impose également une durée de repos à terre au moins équivalente à la durée d’embarquement des marins afin d’assurer la sécurité de la navigation et de lutter contre les pollutions marines. La durée maximale d’embarquement sera également déterminée par décret.

Je serai donc très attentif, monsieur le secrétaire d’État, à la rédaction de ces décrets, qui doivent répondre aux attentes des différents acteurs.

Je suis par ailleurs très conscient du caractère contraint de cette proposition de loi. Nous devons veiller à ce qu’elle ne soit pas considérée comme contraire à la Constitution ou au droit de l’Union européenne.

Il faut sécuriser le dispositif en veillant, en particulier, à la stricte proportionnalité des sanctions prévues en cas de manquement à ces obligations. De plus, il ne faut pas brouiller notre message commun de lutte contre le dumping social sur le transmanche en introduisant des mesures sans rapport avec l’objet du texte.

Il est urgent de tordre le cou à la concurrence déloyale que nous connaissons aujourd’hui et que l’on peut assimiler à une forme d’esclavage dans le milieu marin.

Notre groupe est également favorable à l’alignement des sanctions pénales prévues en cas de non-conformité des certificats d’aptitude médicale étrangers, ainsi qu’à l’adoption de l’amendement de notre rapporteur, qui vise à étendre cette disposition aux gens de mer autres que les marins.

Si nous sommes favorables à ce texte, nous serons toutefois vigilants sur un certain nombre de points, tout d’abord, je l’ai déjà dit, à la rédaction des décrets, instruits que nous sommes sur la propension du Gouvernement à passer en force sans dialogue ni écoute.

Nous serons ensuite attentifs à l’évolution de la législation du côté britannique. Un texte a certes été voté par le Parlement britannique le 28 mars dernier, mais il n’entrera pleinement en vigueur qu’après l’adoption de dispositions réglementaires au début de l’année 2024.

Cette proposition de loi est un appel à la responsabilité et à la mobilisation partout en Europe pour lutter contre le dumping social dans le domaine maritime. Que compte faire le gouvernement français, monsieur le secrétaire d’État, pour promouvoir cette législation ?

Tout en restant très vigilants sur ces différents points, nous voterons bien sûr ce texte visant à lutter contre le dumping social sur le transmanche et à renforcer la sécurité du transport maritime.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 8, présenté par Mmes Vogel et Poncet Monge, MM. Benarroche, Breuiller et Dantec, Mme de Marco et MM. Dossus, Fernique, Gontard, Labbé, Parigi et Salmon, est ainsi libellé :

Alinéa 17

1° Remplacer les mots :

ainsi que les langues dans lesquelles ces documents doivent être disponibles sont fixées

par les mots :

est fixée

2° Compléter cet alinéa par une phrase ainsi rédigée :

Les documents que l'employeur a l'obligation de mettre à disposition sont établis dans plusieurs langues comprenant notamment le français et l'anglais. Le non-respect de cette obligation est puni d'une sanction dont les modalités sont définies par décret.

La parole est à Mme Mélanie Vogel.

Photo de Cathy Apourceau-Poly

Monsieur le président, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, je débuterai mon intervention en ayant une pensée pour les soixante-dix-huit morts et les centaines de disparus lors du naufrage d’un navire la semaine dernière au large du Péloponnèse, ainsi que pour les migrants qui meurent chaque mois dans la Manche.

Ces drames doivent nous conduire à renforcer les sanctions internationales contre les passeurs, qui profitent de la détresse au mépris des vies humaines.

La proposition de loi qui nous est aujourd’hui soumise vise à lutter contre le dumping social sur le transmanche. L’objectif est de fixer des normes minimales de travail pour les marins des navires en activité dans le transmanche afin de lutter contre la concurrence des compagnies maritimes qui tirent les droits sociaux vers le bas. Cette concurrence affecte nos compagnies qui opèrent sur les lignes au départ de Bretagne, de Normandie, des Hauts-de-France, ainsi que l’activité du port sec de Calais-Eurotunnel.

Le transport maritime fait l’objet depuis de nombreuses années d’un dumping social massif, y compris sous l’égide de l’Union européenne, dont le principe de concurrence libre et non faussée a brisé beaucoup de normes et même remis en cause la continuité territoriale et les liaisons intérieures.

Les compagnies les moins regardantes socialement ont vu dans le Brexit l’occasion de développer des stratégies commerciales agressives, afin de s’imposer sur le marché du cabotage entre le continent et les côtes britanniques. Elles ont cassé les prix et appliqué les droits sociaux les plus réduits possible en ayant recours au pavillon chypriote.

Le point de départ de cette proposition de loi est le licenciement de 786 marins le 17 mars 2022 par la société P&O Ferries, au cours d’une visioconférence de trois minutes, et leur remplacement par des personnels issus de pays extraeuropéens à faible coût de main-d’œuvre.

À 6 dollars de l’heure, le groupe propose un salaire inférieur de moitié au minimum français ou britannique, alors que les rythmes de travail sont particulièrement intenses.

La rotation des équipages est un puissant élément de réduction des coûts de la main-d’œuvre. Chez P&O Ferries, les contrats de travail temporaires prévoient jusqu’à 17 semaines consécutives passées à bord des navires et 82 heures de travail hebdomadaire pour les personnels d’exécution. En outre, ils n’intègrent pas les repos compensateurs et les congés payés.

Cette situation n’est pas complètement nouvelle, puisqu’en 2014, déjà, mon collègue Éric Bocquet avait rédigé un rapport d’information, Le droit en soute : le dumping social dans les transports européens, dans lequel il mettait en garde contre les conséquences du dumping social dans le transport maritime et recommandait d’appliquer le critère de rattachement au droit du pays du port dans lequel les gens de mer exercent régulièrement leur activité.

Le 31 janvier 2023, nos collègues députés communistes Sébastien Jumel et Jean-Paul Lecoq ont déposé une proposition de loi visant à lutter contre le dumping social dans le cabotage maritime transmanche, qui allait plus loin que le texte proposé par le groupe Renaissance.

Ce dernier constitue néanmoins un progrès pour les marins en fixant l’obligation de verser un salaire minimum équivalent au Smic français et en prévoyant une organisation du travail fondée sur l’équivalence entre la durée d’embarquement et le temps de repos à terre.

Cette proposition de loi va dans le bon sens, mais elle reste au milieu du gué. En effet, elle ne prend pas en compte les rythmes de travail, élément essentiel à la sécurité en mer.

Le groupe communiste républicain citoyen et écologiste votera néanmoins ce texte. Nous pensons en effet qu’il y a véritablement urgence. Cette proposition de loi ne réglera pas l’ensemble des problèmes et il nous reste beaucoup à faire pour lutter efficacement contre le dumping social, mais il s’agit d’un premier pas. Monsieur le secrétaire d’État, faites en sorte qu’un véritable travail soit engagé pour aller encore plus loin.

Debut de section - PermalienPhoto de Cathy Apourceau-Poly

Monsieur le président, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, je commencerai mon intervention en ayant une pensée pour les soixante-dix-huit morts et les centaines de disparus lors du naufrage d’un navire la semaine dernière au large du Péloponnèse, ainsi que pour les migrants qui meurent chaque mois dans la Manche.

Ces drames doivent nous conduire à renforcer les sanctions internationales contre les passeurs, qui profitent de la détresse au mépris des vies humaines.

La proposition de loi qui nous est aujourd’hui soumise vise à lutter contre le dumping social sur le transmanche. L’objectif est de fixer des normes minimales de travail pour les marins des navires en activité dans le transmanche afin de lutter contre la concurrence des compagnies maritimes qui tirent les droits sociaux vers le bas. Cette concurrence affecte nos compagnies qui opèrent sur les lignes au départ de Bretagne, de Normandie, des Hauts-de-France, ainsi que l’activité du port sec de Calais-Eurotunnel.

Le transport maritime fait l’objet depuis de nombreuses années d’un dumping social massif, y compris sous l’égide de l’Union européenne, dont le principe de concurrence libre et non faussée a brisé beaucoup de normes et même remis en cause la continuité territoriale et les liaisons intérieures.

Les compagnies les moins regardantes socialement ont vu dans le Brexit l’occasion de développer des stratégies commerciales agressives, afin de s’imposer sur le marché du cabotage entre le continent et les côtes britanniques. Elles ont cassé les prix et appliqué les droits sociaux les plus réduits possible en ayant recours au pavillon chypriote.

Le point de départ de cette proposition de loi est le licenciement de 786 marins le 17 mars 2022 par la société P&O Ferries, au cours d’une visioconférence de trois minutes, et leur remplacement par des personnels issus de pays extraeuropéens à faible coût de main-d’œuvre.

À 6 dollars de l’heure, le groupe propose un salaire inférieur de moitié au minimum français ou britannique, alors que les rythmes de travail sont particulièrement intenses.

La rotation des équipages est un puissant élément de réduction des coûts de la main-d’œuvre. Chez P&O Ferries, les contrats de travail temporaires prévoient jusqu’à 17 semaines consécutives passées à bord des navires et 82 heures de travail hebdomadaire pour les personnels d’exécution. En outre, ils n’intègrent pas les repos compensateurs et les congés payés.

Cette situation n’est pas complètement nouvelle, puisqu’en 2014, déjà, mon collègue Éric Bocquet avait rédigé un rapport d’information, Le droit en soute : le dumping social dans les transports européens, dans lequel il mettait en garde contre les conséquences du dumping social dans le transport maritime et recommandait d’appliquer le critère de rattachement au droit du pays du port dans lequel les gens de mer exercent régulièrement leur activité.

Le 31 janvier 2023, nos collègues députés communistes Sébastien Jumel et Jean-Paul Lecoq ont déposé une proposition de loi visant à lutter contre le dumping social dans le cabotage maritime transmanche, qui allait plus loin que le texte proposé par le groupe Renaissance.

Ce dernier constitue néanmoins un progrès pour les marins en fixant l’obligation de verser un salaire minimum équivalent au Smic français et en prévoyant une organisation du travail fondée sur l’équivalence entre la durée d’embarquement et le temps de repos à terre.

Cette proposition de loi va dans le bon sens, mais elle reste au milieu du gué. En effet, elle ne prend pas en compte les rythmes de travail, élément essentiel à la sécurité en mer.

Le groupe communiste républicain citoyen et écologiste votera néanmoins ce texte. Nous pensons en effet qu’il y a véritablement urgence. Cette proposition de loi ne réglera pas l’ensemble des problèmes et il nous reste beaucoup à faire pour lutter efficacement contre le dumping social, mais il s’agit d’un premier pas. Monsieur le secrétaire d’État, faites en sorte qu’un véritable travail soit engagé pour aller encore plus loin.

Debut de section - PermalienPhoto de Mélanie Vogel

Cet amendement vise à prévoir que les documents obligatoires tenus à la disposition de l'équipage des navires doivent être rédigés au moins en français et en anglais. Si ces documents sont incompréhensibles par les personnes qui travaillent sur les navires parce qu'ils ne sont pas rédigés dans une langue qu'ils comprennent, cela pose problème. Nous souhaitons donc un engagement du Gouvernement sur ce point.

Nous avons beaucoup parlé des 786 salariés en CDI qui ont été licenciés en quatre minutes par visioconférence. On a peu dit que la majorité des personnes qui les ont remplacés venaient majoritairement de pays comme la Colombie, par exemple. Comment comprendraient-elles des documents rédigés en français ?

Il s'agit donc surtout d'un amendement d'appel visant à inciter le Gouvernement à rendre obligatoire la fourniture de documents dans des langues compréhensibles par les personnes qui travaillent sur les navires. Pour pouvoir exercer leurs droits sociaux, ces personnes doivent pouvoir comprendre ces documents, qui sont souvent complexes, et les dispositions légales qui les concernent.

Photo de Pierre Laurent

L'amendement n° 8, présenté par Mmes Vogel et Poncet Monge, MM. Benarroche, Breuiller et Dantec, Mme de Marco et MM. Dossus, Fernique, Gontard, Labbé, Parigi et Salmon, est ainsi libellé :

Alinéa 17

1° Remplacer les mots :

ainsi que les langues dans lesquelles ces documents doivent être disponibles sont fixées

par les mots :

est fixée

2° Compléter cet alinéa par une phrase ainsi rédigée :

Les documents que l'employeur a l'obligation de mettre à disposition sont établis dans plusieurs langues comprenant notamment le français et l'anglais. Le non-respect de cette obligation est puni d'une sanction dont les modalités sont définies par décret.

La parole est à Mme Mélanie Vogel.

Photo de Pierre Laurent

M. le président. La parole est à M. Jean-Marie Vanlerenberghe.

Photo de Mélanie Vogel

Cet amendement vise à prévoir que les documents obligatoires tenus à la disposition de l'équipage des navires doivent être rédigés au moins en français et en anglais. Si ces documents sont incompréhensibles par les personnes qui travaillent parce qu'ils ne sont pas rédigés dans une langue qu'ils comprennent, cela pose problème. Nous souhaitons donc un engagement du Gouvernement sur ce point.

Nous avons beaucoup parlé des 786 salariés en CDI qui ont été licenciés en quatre minutes par visioconférence. On a peu dit que la majorité des personnes qui les ont remplacés venaient majoritairement de pays comme la Colombie, par exemple. Comment comprendraient-elles des documents rédigés en français ?

Il s'agit donc surtout d'un amendement d'appel visant à inciter le Gouvernement à rendre obligatoire la fourniture de documents dans des langues compréhensibles par les personnes qui travaillent sur les navires. Pour pouvoir exercer leurs droits sociaux, ces personnes doivent pouvoir comprendre ces documents, qui sont souvent complexes, et les dispositions légales qui les concernent.

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Procaccia

Mme Vogel a clairement expliqué l'objet de son amendement. Beaucoup de mesures font l'objet de décrets, ce qui n'est pas toujours confortable pour le législateur – vous le savez bien, monsieur le secrétaire d'État, puisque vous avez été député.

Pour autant, il nous semble difficile de prévoir par décret que les documents concernés doivent être rédigés au minimum dans deux langues. En outre, le mot « notamment » a toujours été proscrit au Sénat, car il est insuffisamment précis. Enfin, il n'est pas possible de renvoyer à un décret la définition d'un régime de sanctions. C'est pourquoi la commission a émis un avis défavorable sur cet amendement.

Photo de Jean-Marie Vanlerenberghe

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, la Manche est l’une des mers les plus fréquentées au monde. Quatre ans après le Brexit, elle est au cœur de la relation franco-britannique. Le trafic de passagers et de fret représente en effet une activité importante pour les ports de nos deux pays.

Jusqu’à récemment, le transport transmanche était caractérisé par la bonne qualité des relations entre les principaux concurrents du marché, des compagnies françaises et anglo-saxonnes pour l’essentiel. Cet équilibre garantissait des conditions de travail décentes pour les marins et une sécurité accrue pour les passagers, dans un contexte de trafic dense, où la formation des travailleurs de la mer se doit d’être optimale pour éviter les accidents.

Les choses ont commencé à changer au printemps 2021, lorsque le transporteur irlandais Irish Ferries s’est mis à lancer des traversées France-Angleterre low cost sous pavillon chypriote, en payant ses marins au rabais pour des semaines de travail à rallonge. La compagnie anglaise P&O Ferries lui a emboîté le pas, jusqu’à licencier brutalement, en mars 2022, près de 800 marins britanniques. Grâce au pavillon chypriote, P&O Ferries a ensuite remplacé ces marins par des salariés colombiens et des intérimaires bien moins rémunérés.

Ces pratiques, qui peuvent à juste titre être qualifiées de dumping social, sont une forme de concurrence déloyale nuisant à la compétitivité des transporteurs français sur le marché transmanche. Elles menacent les conditions de travail et les droits sociaux des marins de nos deux pays et, en soumettant les gens de mer les moins qualifiés à des cadences de travail déraisonnables, comme cela a été rappelé, elles multiplient les risques d’accident et de catastrophe écologique.

Or ces abus sont rendus possibles par l’insuffisance du droit en vigueur, qui soumet les navires non pas au droit du travail des pays dans les eaux desquels ils naviguent, mais plutôt à celui, moins protecteur, du pays dont ils battent pavillon.

La présente proposition de loi est donc bienvenue, d’autant qu’elle fait écho à un texte similaire déjà adopté par le Parlement britannique et promulgué le 28 mars dernier. Il était en effet nécessaire que nos pays coordonnent leurs efforts pour proposer un cadre commun qui limite les risques d’insécurité juridique pour les marins et les entreprises de transport transmanche.

L’objet du présent texte est ainsi d’appliquer les garanties essentielles des droits du travail français et britannique, au premier chef le salaire minimum, aux équipages de toutes les compagnies maritimes, quel que soit leur pavillon, effectuant des liaisons régulières de passagers touchant un port français. Je remercie les rapporteures, Catherine Procaccia et Nadège Havet, d’avoir éclairci les dispositions de cette proposition de loi et d’en avoir enrichi le contenu en commission.

Grâce au travail du Sénat, la sécurité de la navigation et la lutte contre les pollutions marines seront mieux prises en compte pour déterminer la durée maximale d’embarquement des marins, et donc leur durée minimale de repos à terre. Non seulement les marins, mais aussi tous les gens de mer, qu’ils soient mécaniciens, cuisiniers, hôtes ou hôtesses de bord, devront disposer d’un certificat d’aptitude médical valide garantissant la plus grande sécurité des passagers.

Avec les membres du groupe Union Centriste, je soutiens l’adoption de la présente proposition de loi, qui permettra de rétablir un juste équilibre entre concurrence et protection des droits des travailleurs sur le trafic transmanche. Il n’est pas tolérable que des entreprises dictent aux États le droit du travail s’appliquant dans leurs propres eaux territoriales.

Restera ensuite au Gouvernement le soin de préciser le cadre d’application de la loi, et notamment les lignes de trafic concernées par ses dispositions. En l’état, le texte prévoit que ces lignes seront déterminées « selon des critères d’exploitation, notamment la fréquence de touchée d’un port français par un navire, fixés par décret en Conseil d’État ». Il pourrait être judicieux, monsieur le secrétaire d’État, que la fréquence de touchée soit alignée sur celle qui est prévue par la loi britannique adoptée en mars, à savoir un minimum de cent vingt touchées par an.

Pour respecter la volonté du législateur, il conviendra également de faire en sorte que ce texte s’applique en priorité au transmanche, et avec discernement aux autres mers ou océans. Je pense en particulier à l’article 1er ter, que le Gouvernement semble vouloir rétablir.

Enfin, un travail de coordination avec le Gouvernement britannique s’imposera pour préciser lequel, du salaire minimum français ou britannique, s’imposera aux transporteurs. Bien que les différences entre les deux salaires soient faibles, évitons de plonger les compagnies dans l’incertitude et limitons les pratiques d’optimisation sociale susceptibles d’en découler.

Au bénéfice de ces observations, mon groupe votera ce texte.

Photo de Catherine Procaccia

Mme Vogel a clairement expliqué l'objet de son amendement. Beaucoup de mesures font l'objet de décrets, ce qui n'est pas toujours confortable pour le législateur – vous le savez bien, monsieur le secrétaire d'État, puisque vous avez été député.

Pour autant, il nous semble difficile de prévoir par décret que les documents concernés doivent être rédigés au minimum dans deux langues. En outre, le mot « notamment » a toujours été proscrit au Sénat, car il est insuffisamment précis. Enfin, il n'est pas possible de renvoyer à un décret la définition d'un régime de sanctions. C'est pourquoi la commission a émis un avis défavorable sur cet amendement.

Debut de section - Permalien
Hervé Berville

Je comprends parfaitement l'intention des auteurs de cet amendement, sur lequel le Gouvernement émet toutefois un avis défavorable.

Cependant, je prends l'engagement de faire en sorte que ces documents soient compréhensibles par toutes les personnes présentes sur le bateau, lesquelles sont parfois, en effet, de nationalités différentes, et de porter une attention particulière au français et à l'anglais dans le cadre du transport transmanche. C'est une question de sécurité.

Applaudissements sur les travées du groupe UC . – Mme Colette Mélot applaudit également.

Photo de Pierre Laurent

M. le président. La parole est à M. Christian Bilhac.

Hervé Berville

Je comprends parfaitement l'intention des auteurs de cet amendement, sur lequel le Gouvernement émet toutefois un avis défavorable.

Cependant, je prends l'engagement de faire en sorte que ces documents soient compréhensibles par toutes les personnes présentes sur le bateau, lesquelles sont parfois, en effet, de plusieurs nationalités, et de porter une attention particulière au français et à l'anglais dans le cadre du transport transmanche. C'est une question de sécurité.

Photo de Pierre Laurent

Madame Vogel, l'amendement n° 8 est-il maintenu ?

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 8 est retiré.

L'amendement n° 9, présenté par Mmes Vogel et Poncet Monge, MM. Benarroche, Breuiller et Dantec, Mme de Marco et MM. Dossus, Fernique, Gontard, Labbé, Parigi et Salmon, est ainsi libellé :

Après les alinéas 23 et 26

Insérer un alinéa ainsi rédigé :

« Le fait de porter atteinte à l'exercice régulier des fonctions et missions des agents chargés des contrôles est puni d'un emprisonnement de six mois et d'une amende de 3 750 euros.

La parole est à Mme Mélanie Vogel.

Photo de Christian Bilhac

Monsieur le président, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, le texte qui nous arrive de l’Assemblée nationale vise à répondre à la dégradation des conditions de travail des marins embarqués sur les ferries des liaisons maritimes transmanche et, dans un même élan, de limiter la concurrence déloyale exercée par les armateurs étrangers.

Il oppose aux compagnies qui ne respecteraient pas les dispositions votées un double régime de sanctions, à la fois pénales et administratives, en s’appuyant sur un outil méconnu du droit européen : la loi de police.

Les gens de mer connaissent des conditions de travail et de rémunération très différentes selon le droit en vigueur du pavillon dont relève le navire sur lequel ils naviguent ou encore suivant le pays choisi en référence dans le contrat de travail signé avec la compagnie qui les emploie. Le droit du travail en la matière se limite à une simple recommandation de l’Organisation internationale du travail (OIT) de fixer à 658 dollars américains le salaire minimum mensuel pour les marins.

Ainsi, la flotte sous pavillon français est confrontée à la concurrence déloyale des compagnies maritimes sous pavillon de complaisance.

En 2021, l’arrivée de la compagnie Irish Ferries sur le marché a provoqué un séisme. Battant pavillon chypriote, elle a embauché des personnels à moindre coût. Ses concurrents se sont alignés et, en 2022, la société P&O Ferries, passée elle aussi sous pavillon chypriote, a licencié 786 salariés pour recruter des marins essentiellement philippins, à des conditions sociales tirées vers le bas, entraînant tout le secteur : salaires inférieurs de 60 % aux salaires français, coûts de production inférieurs de 35 % à ceux des bateaux français, durée d’embarquement très supérieure à la durée du repos.

Pour les navires sous pavillon d’un État membre de l’Union européenne, le droit européen donne aux États membres la possibilité de voter des lois de police valables quelles que soient les lois nationales applicables au contrat de travail individuel. L’État côtier peut alors refuser au bateau ne respectant pas cette loi de police l’accès à ses eaux.

Cette dérogation aux règles de la libre prestation de services est ainsi énoncée : « Une loi de police est une disposition impérative dont le respect est jugé crucial par un pays pour la sauvegarde de ses intérêts publics, tels que son organisation politique, sociale ou économique, au point d’en exiger l’application à toute situation entrant dans son champ d’application, quelle que soit par ailleurs la loi applicable au contrat ».

Aussi, la proposition de loi prévoit le versement d’un salaire minimum horaire de branche, applicable en France, ainsi qu’une parité entre temps de repos à terre et durée d’embarquement.

Saisie sur le fond, la commission des affaires sociales a limité les risques qu’une juridiction considère les sanctions prévues non conformes au droit de l’Union européenne. Quant à la commission des affaires économiques, son avis est favorable, malgré quelques réserves mineures.

Un décret en Conseil d’État devra préciser quelles lignes internationales seront concernées par la loi. Il devra, en tout état de cause, entrer en vigueur avant janvier 2024, date à laquelle une loi britannique similaire entrera en application.

La peine d’interdiction d’accoster dans un port français pour tous les navires de la flotte d’une compagnie, en cas de troisième infraction constatée, a été supprimée en commission. Il est vrai qu’elle était manifestement disproportionnée. On connaît les pratiques des armateurs en matière de volatilité des pavillons de leurs navires…

Je m’interroge aussi sur le caractère suffisamment dissuasif du montant des amendes prévues.

Enfin, le groupe du RDSE propose de réintroduire les articles 1er bis et 1er ter sur le dispositif de l’État d’accueil ; nous espérons que nous serons suivis. Le doublement des sanctions pénales et la création de sanctions administratives permettront de réprimer les manquements en matière de droit du travail maritime, de droit social, mais aussi les actions mettant en péril la sécurité maritime.

Si le texte ne visait initialement que le transmanche, les travaux de l’Assemblée nationale avaient permis d’étendre son champ d’application, afin de renforcer nos moyens de lutte et d’action contre tous ceux qui viennent fausser le jeu de la concurrence sur le dos des marins. Ce texte doit nous permettre de refuser des pratiques déloyales partout dans les eaux françaises et de préserver le pavillon français, très respectueux des droits sociaux.

C’est dans cet esprit que le groupe du RDSE votera ce texte, protecteur du bien-être des gens de mer.

Photo de Mélanie Vogel

Non, je le retire, monsieur le président.

Debut de section - PermalienPhoto de Mélanie Vogel

Cet amendement vise à punir le fait de faire obstacle aux contrôles visant à s'assurer que le salaire minimum horaire et la durée de repos sont bien respectés.

La situation est un peu particulière : actuellement, si un armateur fait obstacle à des opérations de contrôles menées pour vérifier que les personnes sont bien payées au salaire minimum et que le temps de repos est bien respecté, aucune sanction n'est prévue. En revanche, s'il ne s'y oppose pas et si le contrôle révèle des irrégularités, il s'expose à des sanctions. C'est absurde…

Nous souhaitons donc que des sanctions dissuasives soient prévues en cas d'opposition active aux opérations de contrôle sur le respect des dispositions prévues dans cette proposition de loi, comme le salaire minimum et la durée de repos. Il s'agit de garantir que la mise en œuvre des dispositions que nous votons puisse être contrôlée convenablement.

Photo de Pierre Laurent

L'amendement n° 8 est retiré.

L'amendement n° 9, présenté par Mmes Vogel et Poncet Monge, MM. Benarroche, Breuiller et Dantec, Mme de Marco et MM. Dossus, Fernique, Gontard, Labbé, Parigi et Salmon, est ainsi libellé :

Après les alinéas 23 et 26

Insérer un alinéa ainsi rédigé :

« Le fait de porter atteinte à l'exercice régulier des fonctions et missions des agents chargés des contrôles est puni d'un emprisonnement de six mois et d'une amende de 3 750 euros.

La parole est à Mme Mélanie Vogel.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

Le sous-amendement n° 35, présenté par le Gouvernement, est ainsi libellé :

Amendement n° 9, alinéa 3

1° Après le mot :

contrôles

insérer les mots :

mentionnés à l'article L. 5595-1

2° Remplacer les mots :

de six mois

par les mots :

d'un an

et le nombre :

par le nombre :

La parole est à M. le secrétaire d'État pour présenter le sous-amendement n° 35 et donner l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 9.

Photo de Pierre Laurent

M. le président. La parole est à Mme Agnès Canayer.

Photo de Mélanie Vogel

Cet amendement vise à punir le fait de faire obstacle aux contrôles visant à s'assurer que le salaire minimum horaire et la durée de repos sont bien respectés.

La situation est un peu particulière : actuellement, si un armateur fait obstacle à des opérations de contrôles menées pour vérifier que les personnes sont bien payées au salaire minimum et que le temps de repos est bien respecté, aucune sanction n'est prévue. En revanche, s'il ne s'y oppose pas et que le contrôle révèle des irrégularités, il s'expose à des sanctions. C'est absurde…

Nous souhaitons donc que des sanctions dissuasives soient prévues en cas d'opposition active aux opérations de contrôle relatives aux dispositions prévues dans cette proposition de loi, comme le salaire minimum et la durée de repos. Il s'agit de garantir que la mise en œuvre des dispositions que nous votons puisse être contrôlée convenablement.

Debut de section - Permalien
Hervé Berville

Le Gouvernement émet un avis favorable sur l'amendement n° 9, sous réserve de l'adoption de son sous-amendement n° 35.

Vous avez raison, nous devons être en mesure de contrôler le respect des dispositions que nous adoptons. Il existe d'ores et déjà un délit d'entrave aux missions des agents de contrôle de l'inspection du travail. En outre, le quantum de la peine pour ce même délit est plus élevé dans le code du travail. Les agents de contrôle des affaires maritimes, eux, ne sont pas protégés par ce délit d'entrave. Notre sous-amendement vise donc à apporter des précisions qui permettront de renforcer nos capacités de contrôle.

Photo de Pierre Laurent

Le sous-amendement n° 35, présenté par le Gouvernement, est ainsi libellé :

Amendement n° 9, alinéa 3

1° Après le mot :

contrôles

insérer les mots :

mentionnés à l'article L. 5595-1

2° Remplacer les mots :

de six mois

par les mots :

d'un an

et le nombre :

par le nombre :

La parole est à M. le secrétaire d'État pour présenter le sous-amendement n° 35 et donner l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 9.

Photo de Agnès Canayer

Monsieur le président, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, la Manche est une mer hyperfréquentée, près de 17 millions de voyageurs embarquant ou débarquant de France.

Le Brexit a ravivé cette frontière naturelle de la France. Il a aussi souligné l’importance d’une coordination européenne dans la gestion des flux, des marchandises et des personnes qui la traversent.

Or, depuis près de deux années, rien ne va plus. Un dumping social s’installe à nos portes, déstabilisant un secteur générateur d’emplois de chaque côté de la Manche.

L’exemple le plus frappant aura été le licenciement, par surprise et à distance, de près de 800 marins par la compagnie P&O Ferries le 17 mars 2022. L’armateur britannique les a remplacés par des marins extraeuropéens, à moindre coût, par souci de rentabilité.

Aujourd’hui, le droit international ne prévoit aucune obligation en matière salariale. L’Organisation internationale du travail n’a émis qu’une recommandation pour que le salaire minimum mensuel des marins soit fixé à 658 dollars américains.

Cependant, les navires battant pavillon français sont tenus, eux, de respecter le droit du travail français, sous réserve des adaptations prévues par le code des transports pour les gens de mer.

Selon Armateurs de France, les compagnies P&O Ferries et Irish Ferries utilisent un modèle social moins-disant, en faisant appel à des sociétés de placement de gens de mer pour leurs navires sous pavillon chypriote et en employant un personnel très faiblement rémunéré. On estime que la différence entre armateurs français et britanniques en matière de charges salariales peut aller jusqu’à 80 %.

Les écarts du coût du transport de passagers entre les navires sous pavillons français et les navires sous pavillon chypriote s’établissent à 35 %, selon l’excellent travail de notre rapporteur, Catherine Procaccia.

La situation actuelle est inacceptable. Cette concurrence déloyale suscite des inquiétudes chez nos armateurs, notamment au sein de la Brittany Ferries, actrice incontournable des liaisons transmanche, qui ne peut rivaliser avec ces conditions d’emplois.

Le trafic transmanche est une préoccupation majeure pour le département de la Seine-Maritime, qui a investi massivement pour assurer la liaison entre la France et le Royaume-Uni. Le département a largement soutenu la ligne transmanche Dieppe-Newhaven, cordon ombilical majeur avec la Grande-Bretagne.

Depuis le 1er janvier 2018, son exploitation a été déléguée à DFDS par le Syndicat mixte de promotion de l’activité transmanche (SMPAT), dont le département est le principal financeur.

Mais l’équilibre financier précaire a été fragilisé par la crise sanitaire. Pour faire face aux difficultés rencontrées par les lignes transmanche lors de la crise du covid, auxquelles s’ajoutent les problématiques du dumping social, il a notamment été décidé de rembourser l’intégralité des cotisations salariales aux compagnies de ferries battant pavillon français exerçant sur des lignes internationales.

Le 1er janvier 2023, la délégation de service public (DSP) en Seine-Maritime a été renouvelée et réattribuée à DFDS. Malheureusement, la gestion en DSP de la ligne Dieppe-Newhaven l’exclut de ces aides dites net wage, pourtant prolongées de trois années supplémentaires lors du Fontenoy du maritime du 18 mars 2021.

Je regrette que ce sujet d’importance ne soit pas abordé dans cette proposition de loi, tant cette différence de traitement peut être préjudiciable pour les futurs choix de gestion publique, notamment pour le département de la Seine-Maritime.

Préserver les emplois français, protéger nos marins, assurer un haut niveau de sécurité pour les passagers, les équipages et le trafic : telle est notre boussole.

La Manche est un espace vital pour la France. Tout ce qui s’y passe l’intéresse, tant cela peut influencer sa stabilité, sa sécurité et sa tranquillité.

Je félicite la commission des affaires sociales, notamment sa rapporteure Catherine Procaccia, pour son excellent travail de précision afin que le personnel embarqué sur les navires de passagers soit rémunéré au niveau du salaire minimum français et qu’il bénéficie d’un temps de repos acceptable.

La volonté de sécurisation d’un dispositif de stricte proportionnalité des sanctions prévues en cas de manquement aux obligations est aussi la bienvenue, même si le champ d’application reste en débat et constitue un véritable enjeu.

C’est pourquoi le groupe Les Républicains votera cette proposition de loi, qui vise à rétablir la justice pour nos marins, lesquels méritent de gagner honnêtement leur vie pour un travail bien fait.

Debut de section - PermalienPhoto de Agnès Canayer

Monsieur le président, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, la Manche est une mer hyperfréquentée, près de 17 millions de voyageurs embarquant ou débarquant de France.

Le Brexit a ravivé cette frontière naturelle de la France. Il a aussi souligné l’importance d’une coordination européenne dans la gestion des flux, des marchandises et des personnes qui la traversent.

Or, depuis près de deux années, rien ne va plus. Un dumping social s’installe à nos portes, déstabilisant un secteur générateur d’emplois de chaque côté de la Manche.

L’exemple le plus frappant aura été le licenciement, par surprise et à distance, de près de 800 marins par la compagnie P&O Ferries le 17 mars 2022. L’armateur britannique les a remplacés par des marins extraeuropéens, à moindre coût, par souci de rentabilité.

Aujourd’hui, le droit international ne prévoit aucune obligation en matière salariale. L’Organisation internationale du travail n’a émis qu’une recommandation pour que le salaire minimum mensuel des marins soit fixé à 658 dollars américains.

Cependant, les navires battant pavillon français sont tenus, eux, de respecter le droit du travail français, sous réserve des adaptations prévues par le code des transports pour les gens de mer.

Selon Armateurs de France, les compagnies P&O Ferries et Irish Ferries utilisent un modèle social moins-disant, en faisant appel à des sociétés de placement de gens de mer pour leurs navires sous pavillon chypriote et en employant un personnel très faiblement rémunéré. On estime que la différence entre armateurs français et britanniques en matière de charges salariales peut aller jusqu’à 80 %.

Les écarts du coût du transport de passagers entre les navires sous pavillons français et les navires sous pavillon chypriote s’établissent à 35 %, selon l’excellent travail de notre rapporteur, Catherine Procaccia.

La situation actuelle est inacceptable. Cette concurrence déloyale suscite des inquiétudes chez nos armateurs, notamment au sein de la Brittany Ferries, actrice incontournable des liaisons transmanche, qui ne peut rivaliser avec ces conditions d’emplois.

Le trafic transmanche est une préoccupation majeure pour le département de la Seine-Maritime, qui a investi massivement pour assurer la liaison entre la France et le Royaume-Uni. Le département a largement soutenu la ligne transmanche Dieppe-Newhaven, cordon ombilical majeur avec la Grande-Bretagne.

Depuis le 1er janvier 2018, son exploitation a été déléguée à DFDS par le Syndicat mixte de promotion de l’activité transmanche (SMPAT), dont le département est le principal financeur.

Mais l’équilibre financier précaire a été fragilisé par la crise sanitaire. Pour faire face aux difficultés rencontrées par les lignes transmanche lors de la crise du covid-19, auxquelles s’ajoutent les problématiques du dumping social, il a notamment été décidé de rembourser l’intégralité des cotisations salariales aux compagnies de ferries battant pavillon français exerçant sur des lignes internationales.

Le 1er janvier 2023, la délégation de service public (DSP) en Seine-Maritime a été renouvelée et réattribuée à DFDS. Malheureusement, la gestion en DSP de la ligne Dieppe-Newhaven l’exclut de ces aides dites net wage, pourtant prolongées de trois années supplémentaires lors du Fontenoy du maritime du 18 mars 2021.

Je regrette que ce sujet d’importance ne soit pas abordé dans cette proposition de loi, tant cette différence de traitement peut être préjudiciable pour les futurs choix de gestion publique, notamment pour le département de la Seine-Maritime.

Préserver les emplois français, protéger nos marins, assurer un haut niveau de sécurité pour les passagers, les équipages et le trafic : telle est notre boussole.

La Manche est un espace vital pour la France. Tout ce qui s’y passe l’intéresse, tant cela peut influencer sa stabilité, sa sécurité et sa tranquillité.

Je félicite la commission des affaires sociales, notamment sa rapporteure Catherine Procaccia, pour son excellent travail de précision afin que le personnel embarqué sur les navires de passagers soit rémunéré au niveau du salaire minimum français et qu’il bénéficie d’un temps de repos acceptable.

La volonté de sécurisation d’un dispositif de stricte proportionnalité des sanctions prévues en cas de manquement aux obligations est aussi la bienvenue, même si le champ d’application reste en débat et constitue un véritable enjeu.

C’est pourquoi le groupe Les Républicains votera cette proposition de loi, qui vise à rétablir la justice pour nos marins, lesquels méritent de gagner honnêtement leur vie pour un travail bien fait.

Hervé Berville

Le Gouvernement émettra un avis favorable sur l'amendement n° 9 sous réserve de l'adoption de son sous-amendement n° 35.

Vous avez raison, nous devons être en mesure de contrôler le respect des dispositions que nous adoptons. Il existe d'ores et déjà un délit d'entrave aux missions des agents de contrôle de l'inspection du travail. En outre, le quantum de la peine pour ce même délit est plus élevé dans le code du travail. Les agents de contrôle des affaires maritimes, eux, ne sont pas protégés par ce délit d'entrave. Notre sous-amendement vise à apporter des précisions qui permettront de renforcer nos capacités de contrôle.

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Procaccia

Le code du travail prévoit déjà que le fait de faire obstacle à l'accomplissement des devoirs d'un inspecteur du travail est puni d'un an d'emprisonnement et de 37 500 euros d'amende.

Par ailleurs, le code des transports établit déjà des prérogatives pour le contrôle sur les navires : contrôle par l'État du port pour les navires étrangers, principe de libre accès à bord pour procéder à des visites et inspections en matière de sécurité.

En outre, la nature de l'infraction visée dans l'amendement nous paraît imprécise : « l'exercice régulier des fonctions et missions des agents chargés des contrôles » semble couvrir un champ d'action très large, qui irait au-delà de l'obstacle à un contrôle sur un navire visé à l'article 1er.

Enfin, je rappelle que la commission a considéré que les sanctions pénales déjà prévues étaient dissuasives. Il est risqué de les alourdir et d'ajouter des sanctions spécifiques au trafic transmanche.

Le sous-amendement du Gouvernement vise à restreindre le champ de cet amendement aux seuls agents des affaires maritimes. Pour autant, il ne lève aucune des difficultés que j'ai évoquées à l'instant. La commission émet donc un avis défavorable sur l'amendement n° 9 et sur le sous-amendement n° 35.

Photo de Pierre Laurent

M. le président. La parole est à Mme Colette Mélot.

Photo de Catherine Procaccia

Le code du travail prévoit déjà que le fait de faire obstacle à l'accomplissement des devoirs d'un inspecteur du travail est puni d'un an d'emprisonnement et de 37 500 euros d'amende.

Par ailleurs, le code des transports établit déjà des prérogatives pour le contrôle sur les navires : contrôle par l'État du port pour les navires étrangers, principe de libre accès à bord pour procéder à des visites et inspections en matière de sécurité.

En outre, la nature de l'infraction visée dans l'amendement nous paraît imprécise : « l'exercice régulier des fonctions et missions des agents chargés des contrôles » semble couvrir un champ d'action très large, qui irait au-delà de l'obstacle à un contrôle sur un navire visé à l'article 1er.

Enfin, je rappelle que la commission a considéré que les sanctions pénales déjà prévues étaient dissuasives. Il est risqué de les alourdir et d'ajouter des sanctions spécifiques au trafic transmanche.

Le sous-amendement du Gouvernement vise à restreindre le champ de cet amendement aux seuls agents des affaires maritimes. Pour autant, il ne lève aucune des difficultés que j'ai évoquées à l'instant. La commission émet donc un avis défavorable sur l'amendement n° 9 et sur le sous-amendement n° 35.

Le sous-amendement n'est pas adopté.

Photo de Colette Mélot

Monsieur le président, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, 800 personnes licenciées sans préavis et autant de familles mises en difficulté : telles peuvent être les conséquences du dumping social.

En mars 2022, P&O Ferries annonçait licencier 786 marins britanniques pour les remplacer par des marins extracommunautaires afin de réduire les coûts liés à leur masse salariale.

En matière de transport maritime de passagers entre deux pays, le droit applicable est régi par le droit international et le droit européen, qui permettent tous deux la pratique du dumping social. Les armateurs ont en effet la liberté de choisir le pavillon de leur navire, à condition de respecter les règles établies par l’État du pavillon choisi.

Le droit du travail applicable aux employés du navire étant laissé au libre choix des parties, il peut s’agir du droit de n’importe quel État, dans la mesure où les conditions de l’État du pavillon l’autorisent.

Il est donc fort tentant, pour les compagnies maritimes qui souhaiteraient diminuer leurs charges et proposer ainsi des tarifs compétitifs, de choisir leur pavillon et le droit social applicable dans un État proposant une réglementation peu avantageuse pour les salariés. Certaines compagnies opérant des liaisons transmanche ne se privent d’ailleurs pas de cette opportunité, et trois des cinq compagnies concernées ont choisi d’établir leur pavillon à Chypre ou aux Bahamas.

Les victimes du dumping social sont évidemment les salariés évincés des pays dont les ports sont exploités par ces compagnies, mais aussi les salariés employés sur ces navires, dont les conditions de travail sont bien souvent largement contestables, la rémunération très faible et les durées d’embarquement bien supérieures aux temps de repos.

En conséquence, les risques pour la sécurité sont majeurs, qui plus dans l’une des zones les plus fréquentées d’Europe, où l’on compte plus de 130 passages par jour.

Cette concurrence, bien que légale, impose à la France de se doter d’outils de façon à lutter contre ce phénomène. Tel est justement l’objectif de cette proposition de loi, qui prévoit de recourir à une loi de police, seul outil pouvant permettre à la France d’imposer certaines règles en matière de droit du travail applicable aux gens de mer travaillant sur un navire dont le pavillon est étranger.

Les dispositions d’une loi de police, dont le mécanisme a été expliqué par la rapporteure, doivent être proportionnées à l’objectif poursuivi, qu’il nous faudra garder à l’esprit durant l’examen du texte, le but n’étant pas que cette loi finisse par être censurée, car elle ne serait pas conforme au droit de l’Union européenne…

Cette proposition de loi impose plusieurs obligations aux employeurs, dépassant ainsi la loi du pays initialement choisi pour régir ses contrats de travail.

Ainsi, elle prévoit le versement au personnel de bord du salaire minimum de branche applicable en France, mais aussi l’obligation de respecter une durée de repos à terre pour les salariés au moins équivalente à leur durée d’embarquement. Elle instaure un régime de sanctions pénales et administratives en cas de manquement à ces obligations.

Le texte prévoit par ailleurs des sanctions pour l’armateur ou le capitaine d’un navire battant pavillon français qui accepterait à son bord du personnel présentant un certificat médical d’aptitude établi à l’étranger non valide. Nous saluons l’extension en commission de cette mesure, initialement prévue pour les marins, à l’ensemble des gens de mer.

Dans sa version transmise par l’Assemblée nationale, le texte comportait également deux autres articles qui s’inscrivaient dans le cadre du dispositif de l’État d’accueil, dont relèvent les lignes reliant la France continentale et la Corse, mais pas uniquement. Demain, ce dispositif concernera même davantage de façades maritimes, du fait du développement des parcs éoliens en mer.

Ces articles prévoyaient d’aggraver les sanctions pénales existantes en cas de non-respect du salaire minimum, mais aussi de créer des sanctions administratives dans le cadre de ce même dispositif. Ils ont tous deux été supprimés en commission.

Nous entendons les arguments ayant conduit à leur suppression, à savoir, notamment, qu’ils ne concernaient pas le transmanche, objet initial du texte, et qu’il serait d’abord préférable de renforcer les moyens de contrôle. C’est vrai, mais voter des sanctions plus lourdes n’empêcherait nullement de renforcer les moyens de contrôle. En outre, étendre l’objet d’un texte au-delà de sa portée initiale n’a rien d’inédit.

Madame la rapporteure, comme vous l’avez vous-même souligné en commission, cette proposition de loi traite un sujet rarement abordé par celle-ci. Qui sait quand nous aurons l’occasion d’y revenir ?

Dès lors, pourquoi ne pas se saisir de cette proposition de loi pour s’attaquer, au-delà du dumping qui touche le transmanche, à celui qui affecte plus largement notre pays ?

Notre groupe approuve l’état d’esprit de ce texte.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 27 rectifié, présenté par Mmes Apourceau-Poly, Cohen, Brulin et Gréaume, M. Lahellec et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste, est ainsi libellé :

Après l'alinéa 23

Insérer un alinéa ainsi rédigé :

« À la troisième infraction constatée, une interdiction d'accoster dans un port français est prononcée à l'encontre des navires appartenant à la compagnie maritime en infraction. Un décret pris en Conseil d'État précise la durée de l'interdiction.

La parole est à Mme Céline Brulin.

Photo de Pierre Laurent

M. le président. La parole est à M. Jean-Michel Houllegatte.

Debut de section - PermalienPhoto de Céline Brulin

Cet amendement vise à durcir les sanctions applicables en y ajoutant une interdiction d'accoster dans un port français dès la troisième infraction constatée. Il s'agit là d'une mesure adoptée à l'Assemblée nationale.

Le montant actuel de l'amende et la sanction pénale prévue sont insuffisants pour contraindre des entreprises se comportant comme des voyous. Il nous semble donc nécessaire de renforcer les sanctions en cas de récidive.

Nous avons bien entendu les arguments de Mme la rapporteure sur la fragilité juridique de la définition de la troisième infraction, mais l'absence d'équivalence en droit pénal s'explique par la spécificité du droit des transports maritimes.

Enfin, on peut discuter du caractère manifestement disproportionné de l'interdiction d'accoster, mais, à la suite des affaires de l'Amoco Cadiz et de l'Erika, il avait été établi que la sanction pour manquement à la réglementation devait être plus coûteuse que le respect de celle-ci.

Photo de Pierre Laurent

L'amendement n° 27 rectifié, présenté par Mmes Apourceau-Poly, Cohen, Brulin et Gréaume, M. Lahellec et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste, est ainsi libellé :

Après l'alinéa 23

Insérer un alinéa ainsi rédigé :

« À la troisième infraction constatée, une interdiction d'accoster dans un port français est prononcée à l'encontre des navires appartenant à la compagnie maritime en infraction. Un décret pris en Conseil d'État précise la durée de l'interdiction.

La parole est à Mme Céline Brulin.

Photo de Jean-Michel Houllegatte

Monsieur le président, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, la décision de la compagnie maritime P&O Ferries de procéder, en mars 2022, au licenciement de 786 marins britanniques pour les remplacer par des salariés venant de pays à bas coût de main-d’œuvre a provoqué un avis de tempête sur le transmanche.

Celui-ci, depuis quelques années, n’en est pas à son premier coup de tabac. La fin du duty free l’avait obligé à revoir son modèle économique. L’entrée en service du tunnel sous la Manche, en 1994, l’avait fait douter de sa pertinence. Les dispositions de la convention internationale pour la prévention de la pollution par les navires (Marpol) sur la teneur en soufre du fuel-oil utilisé à bord des navires, puis la nécessaire réduction des émissions de CO2, l’ont obligé à revoir la motorisation des navires. Le risque terroriste et le covid ont conduit à canaliser et à sécuriser les flux de passagers et de marchandises. Enfin, le Brexit a complètement reconfiguré les échanges entre le continent, le Royaume-Uni et l’Irlande.

Touchées mais pas coulées, les compagnies transmanche, dont Brittany Ferries, ont su faire face aux aléas, se maintenir à flot et repartir.

Le coup de force de P&O Ferries, qui a utilisé l’arme du dumping social, s’apparente à un acte de piraterie contre le modèle que nous souhaitons construire en Europe.

On le sait, la libre concurrence peut être faussée, d’une part, par le dumping social et, d’autre part, par le dumping environnemental.

Concernant ce dernier, on ne peut que se féliciter des avancées faites par l’Europe, notamment via l’instauration d’une taxe carbone aux frontières de l’Union afin de rétablir, pour certains produits, un équilibre environnemental dans les échanges.

Cette proposition de loi visant à lutter contre le dumping social est un premier point d’ancrage, certes très limité, mais elle est aussi un marqueur et traduit la volonté politique française de promouvoir et de préserver un modèle européen respectueux de son modèle social, qui, au-delà des tenants de l’ultralibéralisme, apporte une protection statutaire aux salariés.

En effet, ne l’oublions pas, la directive sur les travailleurs détachés avait oublié les gens de mer, et l’Europe a, jusque-là, marqué son impuissance face à certains États ayant cédé leur pavillon national dérégulé à des armateurs sans scrupules.

En réglementant les droits des salariés, notamment le temps de repos, cette proposition de loi apporte aussi une garantie sur le plan de la sécurité maritime.

De fait, comme cela a été mentionné, la mer de la Manche est la plus fréquentée du monde. Plus de 350 navires de fort tonnage, souvent chargés de matières dangereuses, circulent chaque jour dans les sens montant et descendant de cette véritable autoroute maritime. Ce flux est cisaillé par les milliers de liaisons annuelles des opérateurs maritimes transmanche.

Enfin, cette mer se caractérise par des flux qui résultent des usages multiples de la mer, issus des activités de pêche ou de plaisance, d’extractions de granulats, de pose de câbles sous-marins ou encore d’implantation de champs d’éoliennes offshore. Cette mer est dangereuse à en juger par les 3 400 interventions annuelles de la préfecture maritime.

C’est donc aussi au regard de la sécurité maritime qu’il convient d’examiner ce texte, que les élus du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, dans leur ensemble, voteront, en veillant à ce qu’un élargissement de son périmètre ne le rende pas caduc ou ne retarde son application, car il y a urgence à agir en mer de Manche.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Michel Houllegatte

Monsieur le président, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, la décision de la compagnie maritime P&O Ferries de procéder, en mars 2022, au licenciement de 786 marins britanniques pour les remplacer par des salariés venant de pays à bas coût de main-d’œuvre a provoqué un avis de tempête sur le transmanche.

Celui-ci, depuis quelques années, n’en est pas à son premier coup de tabac. La fin du duty free l’avait obligé à revoir son modèle économique. L’entrée en service du tunnel sous la Manche, en 1994, l’avait fait douter de sa pertinence. Les dispositions de la convention internationale pour la prévention de la pollution par les navires (Marpol) sur la teneur en soufre du fuel-oil utilisé à bord des navires, puis la nécessaire réduction des émissions de CO2, l’ont obligé à revoir la motorisation des navires. Le risque terroriste et le covid-19 ont conduit à canaliser et à sécuriser les flux de passagers et de marchandises. Enfin, le Brexit a complètement reconfiguré les échanges entre le continent, le Royaume-Uni et l’Irlande.

Touchées mais pas coulées, les compagnies transmanche, dont Brittany Ferries, ont su faire face aux aléas, se maintenir à flot et repartir.

Le coup de force de P&O Ferries, qui a utilisé l’arme du dumping social, s’apparente à un acte de piraterie contre le modèle que nous souhaitons construire en Europe.

On le sait, la libre concurrence peut être faussée, d’une part, par le dumping social et, d’autre part, par le dumping environnemental.

Concernant ce dernier, on ne peut que se féliciter des avancées faites par l’Europe, notamment via l’instauration d’une taxe carbone aux frontières de l’Union afin de rétablir, pour certains produits, un équilibre environnemental dans les échanges.

Cette proposition de loi visant à lutter contre le dumping social est un premier point d’ancrage, certes très limité, mais elle est aussi un marqueur et traduit la volonté politique française de promouvoir et de préserver un modèle européen respectueux de son modèle social, qui, au-delà des tenants de l’ultralibéralisme, apporte une protection statutaire aux salariés.

En effet, ne l’oublions pas, la directive sur les travailleurs détachés avait oublié les gens de mer, et l’Europe a, jusque-là, marqué son impuissance face à certains États ayant cédé leur pavillon national dérégulé à des armateurs sans scrupules.

En réglementant les droits des salariés, notamment le temps de repos, cette proposition de loi apporte aussi une garantie sur le plan de la sécurité maritime.

De fait, comme cela a été mentionné, la mer de la Manche est la plus fréquentée du monde. Plus de 350 navires de fort tonnage, souvent chargés de matières dangereuses, circulent chaque jour dans les sens montant et descendant de cette véritable autoroute maritime. Ce flux est cisaillé par les milliers de liaisons annuelles des opérateurs maritimes transmanche.

Enfin, cette mer se caractérise par des flux qui résultent des usages multiples de la mer, issus des activités de pêche ou de plaisance, d’extractions de granulats, de pose de câbles sous-marins ou encore d’implantation de champs d’éoliennes offshore. Cette mer est dangereuse à en juger par les 3 400 interventions annuelles de la préfecture maritime.

C’est donc aussi au regard de la sécurité maritime qu’il convient d’examiner ce texte, que les élus du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, dans leur ensemble, voteront, en veillant à ce qu’un élargissement de son périmètre ne le rende pas caduc ou ne retarde son application, car il y a urgence à agir en mer de Manche.

Photo de Céline Brulin

Cet amendement vise à durcir les sanctions applicables en y ajoutant une interdiction d'accoster dans un port français dès la troisième infraction constatée. Il s'agit là d'une mesure adoptée à l'Assemblée nationale.

Le montant actuel de l'amende et la sanction pénale prévue sont insuffisants pour contraindre des entreprises ayant des comportements de voyous. Il nous semble donc nécessaire de renforcer les sanctions en cas de récidive.

Nous avons bien entendu les arguments de Mme la rapporteure sur la fragilité juridique de la définition de la troisième infraction, mais l'absence d'équivalence en droit pénal s'explique par la spécificité du droit des transports maritimes.

Enfin, on peut discuter du caractère manifestement disproportionné de l'interdiction d'accoster, mais, à la suite des affaires de l'Amoco Cadiz et de l'Erika, il avait été établi que la sanction pour manquement à la réglementation devait être plus coûteuse que le respect de celle-ci.

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Procaccia

Vous avez vous-même indiqué, chère collègue, les arguments qui justifient l'avis défavorable de la commission.

Cet amendement méconnaît les principes constitutionnels de l'individualisation des peines et de la légalité des délits et des peines. En outre, la disposition qu'il tend à introduire revêt un caractère manifestement disproportionné.

Nous souhaitons que cette proposition de loi puisse s'appliquer ; évitons donc de donner aux juridictions européennes le moindre motif d'empêcher sa mise en œuvre !

Photo de Pierre Laurent

M. le président. La parole est à M. Didier Mandelli.

Photo de Catherine Procaccia

Vous avez vous-même indiqué, madame la sénatrice, les arguments qui justifient l'avis défavorable de la commission.

Cet amendement méconnaît les principes constitutionnels de l'individualisation des peines et de la légalité des délits et des peines. En outre, la disposition qu'il tend à introduire revêt un caractère manifestement disproportionné.

Nous souhaitons que cette proposition de loi puisse s'appliquer ; évitons donc de donner aux juridictions européennes le moindre motif d'empêcher sa mise en œuvre !

Debut de section - Permalien
Hervé Berville

Même avis, pour les mêmes raisons.

Photo de Didier Mandelli

Monsieur le président, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, il est toujours difficile d’intervenir en fin de discussion générale, l’essentiel ayant été dit par les orateurs précédents.

Je vais toutefois tâcher de vous présenter ma position ainsi que celle de mon groupe, laquelle a d’ores et déjà été exprimée par Agnès Canayer.

En ma qualité de président du groupe d’études Mer et littoral et de rapporteur de la récente loi relative à l’accélération de la production d’énergies renouvelables, qui a traité la question de l’éolien offshore et des sujets que nous abordons aujourd’hui, je suis heureux d’évoquer une proposition de loi qui porte sur un sujet central pour l’avenir du pavillon français et qui vise à répondre de manière urgence au problème du développement de pratiques de concurrence déloyale sur les liaisons internationales de passagers dans la Manche.

Voilà tout juste un an et demi, le Fontenoy du maritime, lancé par le Gouvernement, avait permis de mettre en avant les nombreuses potentialités de la marine marchande française, ainsi que les défis auxquels elle est confrontée aujourd’hui, à commencer par ceux de la compétitivité et de la transition écologique.

Des mesures ont été prises pour soutenir l’emploi maritime, par exemple dans la loi pour l’économie bleue, à l’instar du net wage, que nous avions mis en place pour que les opérateurs de transport maritime international et régulier de passagers puissent être exonérés de charges patronales jusqu’en 2024.

Néanmoins, ces mesures ne suffiront pas à compenser les perturbations induites par les pratiques de dumping social observées depuis deux ans sur la liaison transmanche.

Je rappelle à mon tour que, en 2021, Irish Ferries est entré sur le marché du transmanche avec des navires battant pavillon chypriote répondant à des règles de droit social moins protectrices que celles des pavillons français et britannique, mais aussi que, en mars 2022, la compagnie P&O Ferries a licencié 786 gens de mer britanniques, avec effet immédiat, avant de les remplacer par des employés rémunérés à des niveaux très inférieurs et employés dans des conditions de travail dégradées.

Ces pratiques permettent aux compagnies concernées d’optimiser considérablement leurs coûts salariaux et de pratiquer des baisses de tarifs sensibles, de l’ordre de 35 %.

Si ces pratiques sont légales au regard du principe de libre choix du pavillon, dont les armateurs bénéficient en vertu du droit international, elles n’en sont pas moins préjudiciables, à deux titres.

Premièrement, cette situation risque de dégrader la qualité de service pour les passagers et, de manière plus préoccupante encore, la sécurité maritime sur un détroit qui est l’un des plus fréquentés au monde.

Deuxièmement, ces pratiques, que l’on peut qualifier de déloyales, pèsent lourdement sur les compagnies de ferry françaises et britanniques ayant fait le choix d’appliquer des normes de droit social plus respectueuses des gens de mer, déjà fragilisées par la crise sanitaire et le Brexit. À terme, cette situation risque fort d’affaiblir ce segment pourtant essentiel de la marine marchande française et d’avoir les conséquences néfastes que l’on peut imaginer et qui ont déjà été largement décrites ici pour la compétitivité du pavillon français et pour l’emploi maritime.

Conscient de ces enjeux, le Royaume-Uni s’est également saisi du sujet, en adoptant en mars dernier une loi visant à instituer un salaire minimum sur les liaisons de transport de passagers dans la Manche. Nous pouvons nous en réjouir, car l’adoption de la proposition de loi qui nous est soumise ne saurait porter ses fruits sans une parfaite coordination avec notre voisin britannique.

En effet, en l’absence d’une telle coopération, nous aurions pu craindre un report de trafic vers d’autres ports voisins – en Belgique, par exemple –, au détriment des ports du nord de la France assurant des liaisons avec le Royaume-Uni.

Tel n’a pas été le cas, et je me réjouis que nos deux pays aient pu s’entendre sur des mesures pragmatiques répondant à un intérêt commun.

On l’aura compris, le risque est fort de voir d’autres armateurs contraints de revoir à la baisse leurs normes sociales pour être en mesure de se maintenir sur le marché du transmanche, déjà soumis à une intense pression concurrentielle. Il est de notre responsabilité collective, en tant que parlementaires, d’éviter le développement d’une guerre des prix sur cette liaison maritime. À cet égard, il me semble que le texte qui nous est soumis va dans la bonne direction.

Aussi, je veux remercier Catherine Procaccia, rapporteure de la commission des affaires sociales, ainsi que Nadège Havet, rapporteure pour avis de la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable, dont je suis membre, pour le soutien apporté à ce texte et pour l’important travail qu’elles ont conduit dans les négociations, jusqu’à ces dernières minutes.

Debut de section - PermalienPhoto de Didier Mandelli

Monsieur le président, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, il est toujours difficile d’intervenir en fin de discussion générale, l’essentiel ayant été dit par les orateurs précédents.

Je vais toutefois tâcher de vous présenter ma position ainsi que celle de mon groupe, laquelle a d’ores et déjà été exprimée par Agnès Canayer.

En ma qualité de président du groupe d’études Mer et littoral et de rapporteur de la récente loi relative à l’accélération de la production d’énergies renouvelables, qui a traité la question de l’éolien offshore et des sujets que nous abordons aujourd’hui, je suis heureux d’évoquer une proposition de loi qui porte sur un sujet central pour l’avenir du pavillon français et qui vise à répondre de manière urgence au problème du développement de pratiques de concurrence déloyale sur les liaisons internationales de passagers dans la Manche.

Voilà tout juste un an et demi, le Fontenoy du maritime, lancé par le Gouvernement, avait permis de mettre en avant les nombreuses potentialités de la marine marchande française, ainsi que les défis auxquels elle est confrontée aujourd’hui, à commencer par ceux de la compétitivité et de la transition écologique.

Des mesures ont été prises pour soutenir l’emploi maritime, par exemple dans la loi pour l’économie bleue, à l’instar du net wage, que nous avions mis en place pour que les opérateurs de transport maritime international et régulier de passagers puissent être exonérés de charges patronales jusqu’en 2024.

Néanmoins, ces mesures ne suffiront pas à compenser les perturbations induites par les pratiques de dumping social observées depuis deux ans sur la liaison transmanche.

Je rappelle à mon tour que, en 2021, Irish Ferries est entré sur le marché du transmanche avec des navires battant pavillon chypriote répondant à des règles de droit social moins protectrices que celles des pavillons français et britannique, mais aussi que, en mars 2022, la compagnie P&O Ferries a licencié 786 gens de mer britanniques, avec effet immédiat, avant de les remplacer par des employés rémunérés à des niveaux très inférieurs et employés dans des conditions de travail dégradées.

Ces pratiques permettent aux compagnies concernées d’optimiser considérablement leurs coûts salariaux et de pratiquer des baisses de tarifs sensibles, de l’ordre de 35 %.

Si ces pratiques sont légales au regard du principe de libre choix du pavillon, dont les armateurs bénéficient en vertu du droit international, elles n’en sont pas moins préjudiciables, à deux titres.

Premièrement, cette situation risque de dégrader la qualité de service pour les passagers et, de manière plus préoccupante encore, la sécurité maritime sur un détroit qui est l’un des plus fréquentés au monde.

Deuxièmement, ces pratiques, que l’on peut qualifier de déloyales, pèsent lourdement sur les compagnies de ferry françaises et britanniques ayant fait le choix d’appliquer des normes de droit social plus respectueuses des gens de mer, déjà fragilisées par la crise sanitaire et le Brexit. À terme, cette situation risque fort d’affaiblir ce segment pourtant essentiel de la marine marchande française et d’avoir les conséquences néfastes que l’on peut imaginer et qui ont déjà été largement décrites ici pour la compétitivité du pavillon français et pour l’emploi maritime.

Conscient de ces enjeux, le Royaume-Uni s’est également saisi du sujet, en adoptant en mars dernier une loi visant à instituer un salaire minimum sur les liaisons de transport de passagers dans la Manche. Nous pouvons nous en réjouir, car l’adoption de la proposition de loi qui nous est soumise ne saurait porter ses fruits sans une parfaite coordination avec notre voisin britannique.

En effet, en l’absence d’une telle coopération, nous aurions pu craindre un report de trafic vers d’autres ports voisins – en Belgique, par exemple –, au détriment des ports du nord de la France assurant des liaisons avec le Royaume-Uni.

Tel n’a pas été le cas, et je me réjouis que nos deux pays aient pu s’entendre sur des mesures pragmatiques répondant à un intérêt commun.

On l’aura compris, le risque est fort de voir d’autres armateurs contraints de revoir à la baisse leurs normes sociales pour être en mesure de se maintenir sur le marché du transmanche, déjà soumis à une intense pression concurrentielle. Il est de notre responsabilité collective, en tant que parlementaires, d’éviter le développement d’une guerre des prix sur cette liaison maritime. À cet égard, il me semble que le texte qui nous est soumis va dans la bonne direction.

Aussi, je veux remercier Catherine Procaccia, rapporteure de la commission des affaires sociales, ainsi que Nadège Havet, rapporteure pour avis de la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable, dont je suis membre, pour le soutien apporté à ce texte et pour l’important travail qu’elles ont conduit dans les négociations, jusqu’à ces dernières minutes.

Hervé Berville

Même avis, pour les mêmes raisons.

L'amendement n'est pas adopté.

Photo de Pierre Laurent

M. le président. La parole est à M. Pascal Allizard.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 10, présenté par Mmes M. Vogel et Poncet Monge, MM. Benarroche, Breuiller et Dantec, Mme de Marco et MM. Dossus, Fernique, Gontard, Labbé, Parigi et Salmon, est ainsi libellé :

Alinéas 29 à 31

Remplacer ces alinéas par un alinéa ainsi rédigé :

« Art. L. 5595 -1. – Les infractions au présent titre sont constatées par les officiers et les fonctionnaires affectés dans les services exerçant les missions de contrôle de l'application de la législation du travail dans le domaine du transport maritime, conformément aux articles L. 5548-1 à L. 5548-5.

La parole est à Mme Mélanie Vogel.

Debut de section - PermalienPhoto de Mélanie Vogel

Cet amendement vise à prévoir que seule l'inspection du travail est autorisée à constater les infractions aux règles relatives au salaire minimum et aux temps de repos, qui sont, par définition, de son ressort.

Tel qu'il est actuellement rédigé, le texte prévoit que le respect des dispositions minimales qu'il fixe sera contrôlé par des personnes qui n'y sont pas spécifiquement formées : il accorde ce droit aux officiers ou fonctionnaires affectés dans les services exerçant des missions de contrôle dans le domaine des affaires maritimes, aux administrateurs et administratrices des affaires maritimes, à la déléguée à la mer et au littoral et aux agents publics commissionnés à cet effet et assermentés. Certes, ces personnes sont formées et expérimentées, mais pas forcément dans le domaine du droit du travail.

Il nous paraît primordial de confier ces contrôles aux personnes qui sont formées en la matière. En particulier, il faut savoir comment s'effectue un contrôle, quelles questions poser, quelles sont les stratégies habituelles des employeurs pour masquer telle ou telle disposition du contrat de travail…

Il nous semble plus logique de confier ce contrôle aux agents de l'inspection du travail, dès lors qu'il s'agit d'encadrer les conditions de travail des employés à bord des ferries.

Photo de Pascal Allizard

Monsieur le président, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, je suis très heureux de retrouver un certain nombre d’entre vous cet après-midi, dans la continuité de la réunion de Saint-Malo qui s’est tenue sur ce sujet en novembre dernier.

Portée par la mondialisation des échanges, l’accélération de la production, notamment chinoise, et l’essor du tourisme, la maritimisation de l’économie est devenue une réalité.

En quelques années, les flux maritimes ont fortement augmenté : même si certaines années sont moins bonnes que d’autres, la tendance est là. Ils devraient continuer à croître sur les principales routes commerciales.

Dès lors, un bilan s’impose.

Je pense d’abord aux conséquences environnementales induites par tous ces mouvements de navires. La décarbonation du transport maritime, la lutte contre les dégazages sauvages, la sécurité des navires et de la navigation ont connu des évolutions, mais restent, je le pense, des enjeux majeurs pour les prochaines années.

Il convient également d’évoquer, et c’est le cœur de notre sujet d’aujourd’hui, les conséquences sociales liées à un besoin de main-d’œuvre et à une compétition acharnée sur les tarifs dans ce secteur.

De nombreux gens de mer ont été recrutés avec des rémunérations et une protection sociale faibles, pour des rythmes de travail élevés, dès lors que le droit international et européen est, en réalité, peu exigeant.

Les armateurs étant libres de leurs choix, la concurrence entre pavillons conduit un certain nombre d’États à n’imposer que peu de contraintes aux navires qui battent leur pavillon.

Ces exigences minimales sont très éloignées des règles applicables en France, puisque les navires battant pavillon français doivent respecter le droit du travail français.

Sur le transmanche, dans une zone parmi les plus fréquentées au monde, la concurrence fait rage et des pratiques déloyales existent.

Pour diminuer les coûts, certaines compagnies exploitent désormais des liaisons avec un équipage international et des effectifs réduits, sous des pavillons moins protecteurs que les pavillons français et britannique. Des centaines de licenciements ont ainsi eu lieu.

Ce faisant, ces compagnies peuvent proposer des tarifs significativement inférieurs à ceux des autres opérateurs, au détriment des gens de mer qu’elles emploient dans des conditions précaires.

Cette économie du transport maritime transmanche est très importante pour les compagnies, les marins et les territoires, comme c’est le cas en Normandie. Les ports normands de Cherbourg, Caen-Ouistreham, Le Havre et Dieppe sont particulièrement concernés, ainsi que mes collègues normands l’ont rappelé.

Depuis l’achat du port du Pirée, en Grèce, par les Chinois et leurs investissements intéressés dans de nombreux ports du monde, les Européens redécouvrent, avec un certain retard, que les ports sont des actifs stratégiques à protéger. Il faut donc préserver l’activité économique de nos ports, déjà distancés par Rotterdam, Anvers ou Hambourg, et la pérennité du pavillon français.

L’affaiblissement des compagnies sous pavillon français, la baisse des normes sociales auraient de lourdes conséquences. J’ajoute que, avec des personnels moins formés, moins reposés, les risques d’accidents et de pollutions marines sont accrus dans cette zone à forte densité de trafic.

Il est utile que la question de la sécurité de la navigation soit prise en compte pour déterminer la durée maximale d’embarquement des personnels.

Dans ces efforts de régulation du transmanche, la coopération avec le Royaume-Uni est essentielle. J’avais d’ailleurs été, en janvier dernier, le rapporteur au Sénat du projet de loi autorisant l’approbation de l’accord entre la France et le Royaume-Uni relatif à la coopération sur les questions de sûreté maritime et portuaire s’agissant spécifiquement des navires à passagers dans la Manche.

La proposition de loi qui nous est aujourd’hui soumise, si elle est adoptée – ce que bien évidemment je souhaite – et mise en œuvre rapidement, permettrait de préserver nos intérêts et ceux des personnels employés sous pavillon français. Comme dans de nombreux autres domaines, nous devons résister au nivellement par le bas et à la concurrence faussée.

L’ubérisation du transport maritime n’est pas une fatalité. Pour l’éviter, défendons notre modèle, comme notre souveraineté.

Photo de Pierre Laurent

L'amendement n° 10, présenté par Mmes M. Vogel et Poncet Monge, MM. Benarroche, Breuiller et Dantec, Mme de Marco et MM. Dossus, Fernique, Gontard, Labbé, Parigi et Salmon, est ainsi libellé :

Alinéas 29 à 31

Remplacer ces alinéas par un alinéa ainsi rédigé :

« Art. L. 5595 -1. – Les infractions au présent titre sont constatées par les officiers et les fonctionnaires affectés dans les services exerçant les missions de contrôle de l'application de la législation du travail dans le domaine du transport maritime, conformément aux articles L. 5548-1 à L. 5548-5.

La parole est à Mme Mélanie Vogel.

Photo de Pierre Laurent

La parole est à M. le secrétaire d’État.

Photo de Mélanie Vogel

Cet amendement vise à prévoir que seule l'inspection du travail est autorisée à constater les infractions aux règles relatives au salaire minimum et aux temps de repos, qui sont, par définition, de son ressort.

Tel qu'il est actuellement rédigé, le texte prévoit que le respect des dispositions minimales qu'il fixe sera contrôlé par des personnes qui n'y sont pas spécifiquement formées : il accorde ce droit aux officiers ou fonctionnaires affectés dans les services exerçant des missions de contrôle dans le domaine des affaires maritimes, aux administrateurs et administratrices des affaires maritimes, à la déléguée à la mer et au littoral et aux agents publics commissionnés à cet effet et assermentés. Certes, ces personnes sont formées et expérimentées, mais pas forcément dans le domaine du droit du travail.

Il nous paraît primordial de confier ces contrôles aux personnes qui sont formées en la matière. En particulier, il faut savoir comment on effectue un contrôle, quelles questions poser, quelles sont les stratégies habituelles des employeurs pour masquer telle ou telle disposition du contrat de travail…

Il nous semble plus logique de confier ce contrôle aux agents de l'inspection du travail, dès lors qu'il s'agit d'encadrer les conditions de travail des employés à bord des ferries.

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Procaccia

Vos objectifs sont clairs, madame Vogel, mais vous savez bien que les effectifs affectés aux contrôles sont faibles. En outre, ces contrôles sont très complexes à effectuer, les personnels ayant des contrats de travail de droit étranger et les règles d'embarquement pouvant différer selon les navires.

Dès lors, il nous paraît utile de mobiliser l'expertise de plusieurs corps de contrôle pour constater les infractions. Les inspecteurs du travail et des affaires maritimes seront d'autant plus mobilisés pour effectuer des contrôles.

De ce point de vue, l'amendement est donc satisfait.

Il pourra être utile que d'autres agents concourent aux contrôles. L'important, en effet, est que des contrôles aient effectivement lieu : il est inutile de les prescrire dans un texte et de multiplier les sanctions si l'on ne dispose pas des personnes pour les réaliser. Plus les personnels affectés aux contrôles seront nombreux, mieux cela vaudra !

Avis défavorable.

Hervé Berville

Monsieur le président, mesdames les rapporteures, mesdames, messieurs les sénateurs, je tiens tout d’abord à vous remercier de votre implication et de votre engagement sur ce sujet très complexe, qui doit conjuguer droit maritime, droit européen, enjeux géographiques et urgence à agir. Tout cela n’est pas simple à démêler. Grâce à son travail, la commission est parvenue à apporter des clarifications sur lesquelles nous aurons l’occasion de revenir.

La discussion générale a montré qu’un consensus se dégageait sur trois sujets.

Premièrement, il y a bien urgence à agir. Des marins, des armateurs, des syndicats, nous regardent et attendent que nous les aidions dans la lutte contre le dumping social et la concurrence déloyale qui vont s’accélérant. C’est une véritable course contre la montre qui nous est imposée.

Deuxièmement, vous l’avez à juste titre souligné, mesdames, messieurs les sénateurs, en plus d’être un enjeu important pour le quotidien de nos marins, la lutte contre le dumping social constitue à la fois un enjeu de souveraineté, un enjeu territorial et un enjeu d’équité par rapport à d’autres secteurs. On a vu ce qui s’est passé dans le Pirée, l’économie maritime est parfois ubérisée.

Troisièmement, au-delà de devoir mettre en place un dispositif spécifique pour le transmanche en raison de la sortie du Royaume-Uni de l’espace européen, il est nécessaire de disposer d’outils complémentaires sur toutes les façades maritimes, notamment du dispositif de l’État d’accueil sur lequel, là aussi, nous reviendrons.

Mesdames, messieurs les sénateurs, je vous remercie d’ores et déjà d’avoir à la fois exposé très clairement les différents enjeux et tiré des lignes de force et de consensus.

Debut de section - Permalien
Hervé Berville

Monsieur le président, mesdames les rapporteures, mesdames, messieurs les sénateurs, je tiens tout d’abord à vous remercier de votre implication et de votre engagement sur ce sujet très complexe, qui doit conjuguer droit maritime, droit européen, enjeux géographiques et urgence à agir. Tout cela n’est pas simple à démêler. Grâce à son travail, la commission est parvenue à apporter des clarifications sur lesquelles nous aurons l’occasion de revenir.

La discussion générale a montré qu’un consensus se dégageait sur trois sujets.

Premièrement, il y a bien urgence à agir. Des marins, des armateurs, des syndicats, nous regardent et attendent que nous les aidions dans la lutte contre le dumping social et la concurrence déloyale qui vont s’accélérant. C’est une véritable course contre la montre qui nous est imposée.

Deuxièmement, vous l’avez à juste titre souligné, mesdames, messieurs les sénateurs, en plus d’être un enjeu important pour le quotidien de nos marins, la lutte contre le dumping social constitue à la fois un enjeu de souveraineté, un enjeu territorial et un enjeu d’équité par rapport à d’autres secteurs. On a vu ce qui s’est passé au Pirée, l’économie maritime est parfois ubérisée.

Troisièmement, au-delà de devoir mettre en place un dispositif spécifique pour le transmanche en raison de la sortie du Royaume-Uni de l’espace européen, il est nécessaire de disposer d’outils complémentaires sur toutes les façades maritimes, notamment du dispositif de l’État d’accueil sur lequel, là aussi, nous reviendrons.

Mesdames, messieurs les sénateurs, je vous remercie d’ores et déjà d’avoir à la fois exposé très clairement les différents enjeux et tiré des lignes de force et de consensus.

Photo de Pierre Laurent

La discussion générale est close.

Nous passons à la discussion du texte de la commission.

Photo de Catherine Procaccia

Vos objectifs sont clairs, madame Vogel, mais vous savez bien que les effectifs affectés aux contrôles sont faibles. En outre, ces contrôles sont très complexes à effectuer, les personnels ayant des contrats de travail de droit étranger et les règles d'embarquement pouvant être différentes selon les navires.

Dès lors, il nous paraît utile de mobiliser l'expertise de plusieurs corps de contrôle pour constater les infractions. Les inspecteurs du travail et des affaires maritimes seront d'autant plus mobilisés pour effectuer des contrôles.

De ce point de vue, l'amendement est donc satisfait.

Il pourra être utile que d'autres agents concourent aux contrôles. L'important, en effet, est que des contrôles aient effectivement lieu : il est inutile de les prescrire dans un texte et de multiplier les sanctions si l'on ne dispose pas des personnes pour les effectuer. Plus les personnels affectés aux contrôles seront nombreux, mieux cela vaudra !

Avis défavorable.

Debut de section - Permalien
Hervé Berville

L'augmentation du trafic maritime rend nécessaire de renforcer les contrôles. Pour cela, nous devons mobiliser toutes les forces en présence.

À la suite de l'appel de Saint-Malo, le Gouvernement a annoncé la mise en place d'une véritable task force pour contrôler les navires. Mieux vaut, donc, élargir le corps des personnes qui sont habilitées à effectuer des contrôles que de le restreindre. C'est ce que nous faisons, en formant au droit maritime toutes les personnes qui connaissent le droit du travail.

Ainsi, nous lutterons mieux contre le dumping social. Le Gouvernement émet donc un avis défavorable sur cet amendement.

Article 1er

Debut de section - Permalien
Hervé Berville

L'augmentation du trafic maritime rend nécessaire de renforcer les contrôles. Pour cela, nous devons mobiliser toutes les forces en présence.

À la suite de l'appel de Saint-Malo, le Gouvernement a annoncé la mise en place d'une véritable task force pour contrôler les navires. Mieux vaut, donc, élargir le corps des personnes qui sont habilitées à effectuer des contrôles que de le restreindre. C'est ce que nous faisons, en formant au droit maritime toutes les personnes qui connaissent le droit du travail.

Ainsi, nous lutterons mieux contre le dumping social. Le Gouvernement émet donc un avis défavorable sur cet amendement.

L'amendement n'est pas adopté.

I. – Le livre V de la cinquième partie du code des transports est complété par un titre IX ainsi rédigé :

« TITRE IX

« CONDITIONS SOCIALES APPLICABLES À CERTAINES DESSERTES INTERNATIONALES

« CHAPITRE I ER

« Champ dapplication

« Art. L. 5591 -1. – Le présent titre est applicable aux navires transporteurs de passagers assurant des lignes régulières internationales touchant un port français. Ces lignes sont déterminées selon des critères d’exploitation, notamment la fréquence de touchée d’un port français par un navire, fixés par décret en Conseil d’État.

« Art. L. 5591 -2. –

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 6, présenté par Mmes M. Vogel et Poncet Monge, MM. Benarroche, Breuiller et Dantec, Mme de Marco et MM. Dossus, Fernique, Gontard, Labbé, Parigi et Salmon, est ainsi libellé :

Alinéa 38

Compléter cet alinéa par une phrase ainsi rédigée :

Lorsqu'une amende est prononcée en application du 1° de l'article L. 5596-1, l'autorité administrative informe par tout moyen les organisations syndicales représentatives de la marine marchande et du personnel portuaire.

La parole est à Mme Mélanie Vogel.

Supprimé

L'amendement n'est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Mélanie Vogel

Cet amendement vise à prévoir que, lorsqu'une amende est prononcée en application de l'article 1er, l'autorité administrative en informe par tout moyen les organisations syndicales représentatives de la marine marchande et du personnel portuaire.

On m'a objecté en commission que la liste des organisations syndicales représentatives variait selon les pays. L'amendement est clair, toutefois : il s'agit des organisations syndicales représentatives de la marine marchande et du personnel portuaire.

Ainsi, les syndicats auront connaissance d'éventuels comportements systémiques frauduleux de la part de certains employeurs. D'autres organisations sont automatiquement informées. Il s'agit d'informer aussi les syndicats.

« CHAPITRE II

« Droits des salariés

« Art. L. 5592 -1. – Pour la détermination du salaire minimum horaire, les dispositions légales et les stipulations conventionnelles applicables aux salariés employés sur les navires mentionnés à l’article L. 5591-1 sont celles applicables aux salariés employés par les entreprises de la même branche d’activité établies en France.

« Le présent article ne s’applique que pour les périodes au cours desquelles les navires sont exploités sur les lignes régulières internationales mentionnées au même article L. 5591-1.

« Art. L. 5592 -2. – L’organisation du travail applicable aux salariés employés sur les navires mentionnés à l’article L. 5591-1 est fondée sur une durée de repos à terre au moins équivalente à la durée de leur embarquement.

« Un décret en Conseil d’État détermine la durée maximale de l’embarquement, en prenant en compte les critères d’exploitation des lignes concernées, de sécurité de la navigation et de lutte contre les pollutions marines.

« Art. L. 5592 -3

« CHAPITRE III

« Documents obligatoires

« Art. L. 5593 -1. – La liste des documents qui sont tenus à la disposition des membres de l’équipage et affichés dans les locaux réservés à l’équipage ainsi que les langues dans lesquelles ces documents doivent être disponibles sont fixées par décret.

« Art. L. 5593 -2. – La liste des documents qui sont tenus à la disposition des agents mentionnés à l’article L. 5595-1 et dont ils peuvent prendre copie, quel que soit le support, est fixée par décret.

« CHAPITRE IV

« Sanctions pénales

« Art. L. 5594 -1. – Lorsque le navire est dans les eaux intérieures ou dans une installation portuaire située en dehors de ces eaux, est puni d’une amende de 7 500 euros le fait pour l’employeur de verser un salaire minimum horaire inférieur à celui résultant de l’article L. 5592-1. La même peine est applicable à l’armateur du navire à bord duquel est employé le salarié.

« La récidive est punie de six mois d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende.

« Les infractions donnent lieu à autant d’amendes qu’il y a de salariés concernés.

« Art. L. 5594 -2. – Lorsque le navire est dans les eaux intérieures ou dans une installation portuaire située en dehors de ces eaux, est puni d’une amende de 7 500 euros le fait pour l’employeur de ne pas respecter les obligations en matière de durée de repos à terre résultant de l’article L. 5592-2. La même peine est applicable à l’armateur du navire à bord duquel est employé le salarié.

« La récidive est punie de six mois d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende.

« Les infractions donnent lieu à autant d’amendes qu’il y a de salariés concernés.

« CHAPITRE V

« Constatation des infractions

« Art. L. 5595 -1. – Les infractions au présent titre sont constatées par :

« 1° Les officiers et les fonctionnaires affectés dans les services exerçant des missions de contrôle dans le domaine des affaires maritimes sous l’autorité ou à la disposition du ministre chargé de la mer ;

« 2° Les personnes mentionnées aux 2°, 3°, 8° et 10° de l’article L. 5222-1.

« Art. L. 5595 -2. – Pour l’exercice des missions mentionnées à l’article L. 5595-1, les personnes mentionnées au même article L. 5595-1 sont habilitées à demander à l’employeur, à l’armateur ou à la personne faisant fonction ainsi qu’à toute personne employée à quelque titre que ce soit à bord d’un navire de justifier de son identité, de son adresse et, le cas échéant, de sa qualité de salarié à bord du navire.

« CHAPITRE VI

« Sanctions administratives

« Art. L. 5596 -1. – L’autorité administrative peut, sur le rapport des agents de contrôle de l’inspection du travail mentionnés à l’article L. 8112-1 du code du travail, des officiers et des fonctionnaires affectés dans les services exerçant des missions de contrôle dans le domaine des affaires maritimes sous l’autorité ou à la disposition du ministre chargé de la mer et des personnes mentionnées aux 1° à 3°, 8° et 10° de l’article L. 5222-1 du présent code, sous réserve de l’absence de poursuites pénales, soit adresser à l’employeur ou à l’armateur un avertissement, soit prononcer à l’encontre de l’employeur ou de l’armateur une amende en cas de manquement :

« 1° Au versement du salaire minimum horaire prévu à l’article L. 5592-1 ;

« 2° À l’organisation du travail prévue à l’article L. 5592-2.

« Art. L. 5596 -2. – Lorsqu’une amende est prononcée en application de l’article L. 5596-1, l’autorité administrative informe par tout moyen le procureur de la République des suites données au rapport des agents mentionnés au même article L. 5596-1.

« Art. L. 5596 -3. – Le montant maximal de l’amende prononcée en application de l’article L. 5596-1 est de 4 000 euros et peut être appliqué autant de fois qu’il y a de salariés concernés.

« Le plafond de l’amende est porté au double en cas de nouveau manquement constaté dans un délai de deux ans à compter de la notification de l’amende concernant un précédent manquement de même nature.

« Il est majoré de 50 % en cas de nouveau manquement constaté dans un délai d’un an à compter de la notification d’un avertissement concernant un précédent manquement de même nature.

« Art. L. 5596 -4. – Pour déterminer si elle prononce un avertissement ou une amende prévus à l’article L. 5596-1 et, le cas échéant, pour fixer le montant de l’amende, l’autorité administrative prend en compte les circonstances et la gravité du manquement, le comportement de son auteur ainsi que les ressources et les charges de celui-ci.

« Art. L. 5596 -5. – Avant toute décision, l’autorité administrative informe par écrit l’armateur de la sanction envisagée, en portant à sa connaissance le manquement retenu à son encontre et en l’invitant à présenter ses observations dans un délai d’un mois.

« À l’expiration de ce délai, l’autorité administrative peut, par décision motivée, prononcer l’amende prévue à l’article L. 5596-1 et émettre le titre de perception correspondant.

« Art. L. 5596 -6. – La décision d’infliger une amende administrative ne peut être prise plus de deux ans après le jour où le manquement a été commis.

« Art. L. 5596 -7. – La décision d’infliger une amende administrative ne peut pas faire l’objet d’un recours hiérarchique.

« Art. L. 5596 -8. – L’amende prononcée en application de l’article L. 5596-1 est recouvrée selon les modalités prévues pour les créances de l’État étrangères à l’impôt et au domaine. »

II

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 6, présenté par Mmes M. Vogel et Poncet Monge, MM. Benarroche, Breuiller et Dantec, Mme de Marco et MM. Dossus, Fernique, Gontard, Labbé, Parigi et Salmon, est ainsi libellé :

Alinéa 38

Compléter cet alinéa par une phrase ainsi rédigée :

Lorsqu'une amende est prononcée en application du 1° de l'article L. 5596-1, l'autorité administrative informe par tout moyen les organisations syndicales représentatives de la marine marchande et du personnel portuaire.

La parole est à Mme Mélanie Vogel.

Debut de section - PermalienPhoto de Mélanie Vogel

Cet amendement vise à prévoir que, lorsqu'une amende est prononcée en application de l'article 1er, l'autorité administrative en informe par tout moyen les organisations syndicales représentatives de la marine marchande et du personnel portuaire.

On m'a objecté en commission que la liste des organisations syndicales représentatives variait selon les pays. L'amendement est clair, toutefois : il s'agit des organisations syndicales représentatives de la marine marchande et du personnel portuaire.

Ainsi, les syndicats auront connaissance d'éventuels comportements systémiques frauduleux de la part de certains employeurs. D'autres organisations sont automatiquement informées. Il s'agit d'informer aussi les syndicats.

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Procaccia

La position de la commission n'a pas varié, madame Vogel, et celle-ci émet un avis défavorable sur cet amendement.

Pour un navire qui bat pavillon chypriote, à quelles organisations syndicales s'adresser ? Sans compter que les marins à bord peuvent être roumains, ou autre… Puis, en quelle langue diffuser l'information sur la sanction ? Cela semble très compliqué.

Cette disposition pourrait s'appliquer aux navires battant pavillon français et aux organisations syndicales françaises, mais non à tous les bateaux.

Debut de section - PermalienPhoto de Céline Brulin

L’article 1er constitue le cœur de cette proposition de loi. À cet égard, je regrette que la commission des affaires sociales en ait retiré les dispositions relatives au temps de travail, notamment l’équivalence entre la durée d’embarquement et le temps de repos passé à terre.

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Procaccia

La position de la commission n'a pas varié, madame Vogel, et celle-ci émet un avis défavorable sur cet amendement.

Pour un navire qui bat pavillon chypriote, à quelles organisations syndicales s'adresser ? Sans compter que les marins à bord peuvent être roumains, ou autre… Puis, en quelle langue diffuser l'information sur la sanction ? Cela semble très compliqué.

Cette disposition pourrait s'appliquer aux navires battant pavillon français et aux organisations syndicales françaises, mais non à tous les bateaux.

Debut de section - Permalien
Hervé Berville

Il est essentiel, dans le moment que nous vivons, de dénoncer publiquement ceux qui sont en infraction et se livrent à ce type de pratiques.

C'est la raison pour laquelle mon ministère va signer une convention avec le ministère du travail afin de communiquer au Conseil supérieur de la marine marchande, où siègent des organisations syndicales, le bilan des contrôles effectués.

Avec cette convention, nous répondons aux objections très claires et très pertinentes de Mme la rapporteure, mais aussi à la nécessité d'informer et de communiquer le bilan des contrôles. Cela permet enfin de montrer que nous sommes sur le terrain, que nous agissons et que nous effectuons des contrôles.

Le Gouvernement émet donc un avis défavorable sur cet amendement.

Debut de section - PermalienPhoto de Céline Brulin

Vous aurez l’occasion de me répondre, madame la rapporteure.

Elle l’a fait au motif que ce texte pourrait être censuré par le droit européen.

Or si nous sommes aujourd’hui amenés à discuter de cette proposition de loi, c’est précisément parce que le droit européen ne nous protège pas du dumping social. On ne peut donc pas uniquement s’y référer : il faut au contraire le faire évoluer.

Il a beaucoup été question de la nécessaire égalité entre temps d’embarquement et temps de repos. Pourtant, cela ne figure pas dans ce texte – évidemment, nous n’avons pas pour but de fragiliser cette proposition de loi, que nous voulons voir mise en œuvre rapidement. Quel sera donc le ratio entre ces deux temps ?

Vous l’avez évoqué vous-même, monsieur le secrétaire d’État, il existe des disparités énormes entre les compagnies maritimes. Cette problématique est à mon sens au moins aussi importante que la question salariale, et ce pour des raisons de sécurité.

Pour rendre cette proposition de loi efficiente, nous nous appuyons sur un véhicule législatif particulier, la loi de police, qui permet de fixer des critères très stricts en matière de sécurité. On nous indique que ceux-ci seront définis par décret. Pour pouvoir débattre sereinement, monsieur le secrétaire d’État, nous avons besoin de savoir ce que celui-ci contiendra. C’est important pour la suite de nos discussions.

Debut de section - Permalien
Hervé Berville

Il est essentiel, dans le moment que nous vivons, de dénoncer publiquement ceux qui sont en infraction et se livrent à ce type de pratique.

C'est la raison pour laquelle mon ministère va signer une convention avec le ministère du travail afin de communiquer au Conseil supérieur de la marine marchande, où siègent des organisations syndicales, le bilan des contrôles effectués.

Cela répond aux objections très claires et très pertinentes de Mme la rapporteur, mais aussi à la nécessité d'informer et de communiquer le bilan des contrôles. Cela permet enfin de montrer que nous sommes sur le terrain, que nous agissons et que nous effectuons des contrôles.

Le Gouvernement émet donc un avis défavorable sur cet amendement.

L'amendement n'est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Michel Canevet

La France est un grand pays maritime et nous tenons absolument à ce qu’elle le reste.

L’article 1er concerne le transport international de passagers. Il est vrai que notre pays compte de grands opérateurs : en Bretagne, région que je connais le mieux, opère depuis le siècle dernier la compagnie Brittany Ferries. Elle a été créée par des agriculteurs, qui sont toujours à la manœuvre et qui ont pour ambition de désenclaver le territoire. Pour autant, il faut que cela se fasse à conditions de concurrence identiques, afin que cette dernière ne soit pas faussée.

Tel est bien l’objet de cet article, sur lequel nous nous rejoignons : faire en sorte que la concurrence soit la plus équitable possible, de sorte que la France reste un grand pays maritime.

Je me réjouis que, lors de la conférence sur le dumping social qui s’est tenue à l’occasion de la quatrième édition des rencontres du transmanche à Saint-Malo, les armateurs de France aient pu appeler l’attention de l’ensemble des parlementaires et des pouvoirs publics sur la nécessité de réagir face à certaines pratiques observées notamment dans le transmanche.

Un texte était donc nécessaire et je remercie tous ceux qui ont œuvré à son élaboration et qui, malgré les tempêtes, continuent, en bons capitaines, de garder le cap.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 4, présenté par le Gouvernement, est ainsi libellé :

Alinéa 43

Après le mot :

écrit

insérer les mots :

l'employeur ou

La parole est à M. le secrétaire d'État.

Sourires.

L'amendement n'est pas adopté.

Debut de section - Permalien
Hervé Berville

Il s'agit d'un amendement rédactionnel.

Debut de section - PermalienPhoto de Michel Canevet

J’espère que nous aboutirons très rapidement à la mise en œuvre de ce texte.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 4, présenté par le Gouvernement, est ainsi libellé :

Alinéa 43

Après le mot :

écrit

insérer les mots :

l'employeur ou

La parole est à M. le secrétaire d'État.

Applaudissements sur des travées du groupe UC – M. Christian Bilhac applaudit également.

Applaudissements sur des travées du groupe UC . – M. Christian Bilhac applaudit également.

Debut de section - Permalien
Hervé Berville

Il s'agit d'un amendement rédactionnel.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

Je suis saisi de trois amendements faisant l’objet d’une discussion commune.

L’amendement n° 3, présenté par le Gouvernement, est ainsi libellé :

I. – Alinéa 3

Rédiger ainsi cet alinéa :

« Conditions d’établissement et règles sociales applicables aux lignes régulières entre la France et le Royaume-Uni, ou les îles anglo-normandes

II. – Alinéa 6, première phrase

Remplacer les mots :

touchant un port français

par les mots :

entre la France et le Royaume-Uni, ou les îles anglo-normandes

La parole est à M. le secrétaire d’État.

L'amendement est adopté.

Debut de section - Permalien
Hervé Berville

Cet amendement visait à inscrire dans le texte que les dispositions introduites par l’article 1er s’appliquaient uniquement aux liaisons sur le transmanche. Au fil des discussions en commission que nous avons eues au cours des dernières semaines avec Mme la rapporteure et vous-même, mesdames, messieurs les sénateurs, sur ce texte important pour notre puissance maritime, un consensus s’est dégagé sur ce point.

Il paraît aujourd’hui judicieux que ce soit un décret d’application qui précise que les dispositifs prévus à cet article concernent les liaisons internationales transmanche entre les ports français et les ports du Royaume-Uni.

L’examen de cet amendement me donne l’occasion de préciser, parce que cela fait parfois l’objet de discussions, d’inquiétudes et de questionnements, que l’article 1er concerne uniquement les liaisons transmanche, mais que nous aurons ensuite à discuter de dispositifs qui concernent toutes les façades maritimes, notamment au regard du développement de l’éolien en mer.

Je redis donc ici même, devant vous, mesdames, messieurs les sénateurs, que le dispositif prévu à l’article 1er ne concerne bien que le transmanche. Cette précision figurera bien dans le décret d’application, j’en prends ici l’engagement : ce sera plus efficace, plus rapide et correspondra aux attentes que vous avez soulignées.

Par conséquent, je retire bien évidemment cet amendement.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

La parole est à M. Jérémy Bacchi, pour explication de vote sur l'article.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L’amendement n° 3 est retiré.

L’amendement n° 25, présenté par M. Bacchi, Mmes Apourceau-Poly, Cohen et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste, est ainsi libellé :

I. – Alinéa 3

Compléter cet alinéa par les mots :

entre la France et le Royaume-Uni

II. – Alinéa 6

Après le mot :

internationales

insérer les mots :

entre la France et le Royaume-Uni,

La parole est à M. Jérémy Bacchi.

L'amendement est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Jérémy Bacchi

C'est dommage.

À titre personnel, je ne voterai pas cet article. Nous aurions pu essayer de fluidifier les choses à moindres frais.

Debut de section - PermalienPhoto de Jérémy Bacchi

Monsieur le président, si vous m’y autorisez, je présenterai en même temps l’amendement n° 18.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

La parole est à M. Jérémy Bacchi, pour explication de vote sur l'article.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

J’appelle donc en discussion l’amendement n° 18, présenté par M. Bacchi, Mmes Apourceau-Poly, Cohen et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste, et qui est ainsi libellé :

Alinéa 6, première phrase

1° Après le mot :

applicable

insérer le mot :

exclusivement

2° Compléter cette phrase par les mots :

entre la France et le Royaume-Uni

Veuillez poursuivre, mon cher collègue.

Debut de section - PermalienPhoto de Jérémy Bacchi

C'est dommage.

À titre personnel, je ne voterai pas cet article. Nous aurions pu essayer de fluidifier les choses à moindres frais.

Debut de section - Permalien
Hervé Berville, secrétaire d'État

Monsieur le sénateur Bacchi, je vous remercie de votre engagement sur ce sujet.

Nous sommes très clairs sur notre objectif et sur ce que nous allons faire. En l'espace de six mois, nous sommes passés de l'absence d'action politique et d'acte législatif à une proposition de loi que nous avons portée et défendue, qui permet de lutter véritablement contre le dumping social.

Je m'étais engagé à exclure le transmanche du registre international français : le décret a été publié aujourd'hui. De même, je m'engage aujourd'hui à ce que les dispositifs prévus dans le texte soient circonscrits au transmanche.

Dans le décret d'application, nous pourrons aller encore plus loin et être beaucoup plus précis, mais vous savez très bien que l'on ne peut pas inscrire dans la loi certains éléments, au risque qu'ils soient retoqués ou qu'ils ne soient pas applicables, sachant en outre qu'il est urgent d'adopter le présent texte.

Pour les liaisons internationales entre les côtes méditerranéennes françaises et, notamment, le Maghreb, il n'y aura aucun changement, j'en prends l'engagement. Nous maintiendrons le premier registre, c'est-à-dire les standards qui ont toujours été portés par les marins, les syndicats et les organisations patronales.

Cette proposition de loi vise à mettre fin à une aberration sociale et économique : le développement de pratiques low cost dans le transmanche. Elle crée également des outils pour faire face au déploiement de l'éolien en mer et à de potentielles pratiques de concurrence déloyale.

J'ai tenu mes engagements sur le registre international français, je les tiens sur le transmanche, et je les tiendrai sur la Méditerranée.

Debut de section - PermalienPhoto de Jérémy Bacchi

Les marins ont de fortes attentes en matière de lutte contre le dumping social, non seulement dans le transmanche, mais également ailleurs, en particulier en mer Méditerranée.

Aujourd’hui, les marins de la ville de Marseille sont en grève reconductible pour dénoncer leurs conditions de travail, mais aussi l’extension des règles de l’État d’accueil aux liaisons maritimes entre les ports français de Méditerranée et les ports des pays du Maghreb – Algérie, Tunisie, Maroc.

Le syndicat CGT des marins de Marseille m’a interpellé sur les conséquences néfastes que pourrait avoir l’application d’une telle mesure aux navires de la Méditerranée.

La concurrence des armateurs entraîne une pression sur les droits sociaux des marins. Dans ce contexte, nous avons le devoir de garantir un haut niveau de protection sociale.

Face aux entreprises qui n’hésitent pas à battre pavillon chypriote pour appliquer des droits sociaux au rabais, la France devrait imposer l’obligation d’établissement et de pavillon pour les deux pays concernés par les liaisons, ainsi que des règles de réciprocité et de coopération.

Cela nécessiterait d’engager une procédure contentieuse avec l’Union européenne, qui demeure absente du dossier de la préservation des droits sociaux des marins au nom de la libre concurrence.

La situation ne peut plus durer. En attendant une initiative politique sur ce sujet, il est indispensable de préserver les droits des marins.

Debut de section - Permalien
Hervé Berville, secrétaire d'État

Monsieur le sénateur Bacchi, je vous remercie de votre engagement sur ce sujet.

Nous sommes très clairs sur notre objectif et sur ce que nous allons faire. En l'espace de six mois, nous sommes passés de l'absence d'action politique et d'acte législatif à une proposition de loi que nous avons portée et défendue, qui permet de lutter véritablement contre le dumping social.

Je m'étais engagé à exclure le transmanche du registre international français : le décret a été publié aujourd'hui. De même, je m'engage aujourd'hui à ce que les dispositifs prévus dans le texte soient circonscrits au transmanche.

Dans le décret d'application, nous pourrons aller encore plus loin et être beaucoup plus précis, mais vous savez très bien que l'on ne peut pas inscrire dans la loi certains éléments, au risque qu'ils soient retoqués ou qu'ils ne soient pas applicables, sachant en outre qu'il est urgent d'adopter le présent texte.

Pour les liaisons internationales entre les côtes méditerranéennes françaises et, notamment, le Maghreb, il n'y aura aucun changement, j'en prends l'engagement. Nous maintiendrons le premier registre, c'est-à-dire les standards qui ont toujours été portés par les marins, les syndicats et les organisations patronales.

Cette proposition de loi vise à mettre fin à une aberration sociale et économique : le développement de pratiques low cost dans le transmanche. Elle crée également des outils pour faire face au déploiement de l'éolien en mer et à de potentielles pratiques de concurrence déloyale.

J'ai tenu mes engagements sur le registre international français, je les tiens sur le transmanche, et je les tiendrai sur la Méditerranée.

L'article 1 er est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Procaccia

Je remercie M. le secrétaire d’État d’avoir retiré l’amendement n° 3, d’autant que la commission des affaires sociales a toujours cru en l’efficacité du décret en Conseil d’État.

Même si l’amendement visait à préciser que les dispositions introduites par l’article 1er s’appliquent uniquement aux liaisons « entre la France et le Royaume-Uni, ou les îles anglo-normandes » – merci, monsieur le secrétaire d’État, d’avoir ajouté ces dernières, qui nous préoccupaient –, un décret était bien nécessaire pour préciser les liaisons concernées.

Pour cette raison et au regard des engagements pris par M. le secrétaire d’État, la commission demande le retrait des amendements n° 25 et 18.

L'article 1 er est adopté.

Hervé Berville

Le Gouvernement demande également le retrait des amendements n° 25 et 18.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

Je suis saisi de quatre amendements identiques.

L'amendement n° 7 rectifié est présenté par Mmes M. Vogel et Poncet Monge, MM. Benarroche, Breuiller et Dantec, Mme de Marco et MM. Dossus, Fernique, Gontard, Labbé et Salmon.

L'amendement n° 28 rectifié est présenté par MM. Guérini, Requier, Bilhac, Cabanel, Fialaire, Guiol et Roux.

L'amendement n° 30 est présenté par MM. Hassani, Iacovelli, Lévrier, Patriat et les membres du groupe Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants.

L'amendement n° 32 est présenté par M. Canévet.

Ces quatre amendements sont ainsi libellés :

Rétablir cet article dans la rédaction suivante :

Le chapitre VI du titre VI du livre V de la cinquième partie du code des transports est complété par des articles L. 5566-... et L. 5566-... ainsi rédigés :

« Art. L. 5566 - – Est puni de 7 500 euros d'amende le fait pour l'armateur ou l'employeur de payer :

« 1° Des salaires inférieurs au salaire minimum de croissance prévu aux articles L. 3231-1 à L. 3231-12 du code du travail ;

« 2° Des rémunérations inférieures à la rémunération mensuelle minimale prévue à l'article L. 3232-1 du même code ;

« 3° Des salaires inférieurs à ceux fixés par la convention collective ou l'accord collectif étendu applicables aux navires battant pavillon français et exerçant dans la même activité.

« La récidive est punie de six mois d'emprisonnement et de 15 000 euros d'amende.

« Les infractions donnent lieu à autant d'amendes qu'il y a de salariés concernés.

« Art. L. 5566 - – Est puni de 7 500 euros d'amende le fait pour l'armateur ou l'employeur de méconnaître les stipulations conventionnelles relatives aux accessoires du salaire prévus par la convention collective ou l'accord collectif de travail étendu applicables aux navires battant pavillon français et exerçant dans la même activité.

« La récidive est punie de six mois d'emprisonnement et de 15 000 euros d'amende.

« Les infractions donnent lieu à autant d'amendes qu'il y a de salariés concernés. »

La parole est à Mme Mélanie Vogel, pour présenter l'amendement n° 7 rectifié.

Photo de Pierre Laurent

La parole est à M. Jérémy Bacchi, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Mélanie Vogel

Cet amendement a pour objet de rétablir l'article 1er bis adopté à l'Assemblée nationale. Le but est que les armateurs ou les employeurs qui ne respectent pas le salaire minimum puissent faire l'objet de sanctions pénales.

La loi prévoit certes déjà des sanctions, mais celles-ci ne sont pas assez dissuasives, dans le contexte de la bataille concurrentielle sur le transmanche. Le code des transports prévoit une amende de 200 euros si l'employeur ne respecte pas le salaire minimum. Or ce n'est rien pour un armateur : la compagnie Irish Ferries réalise en effet des économies de 60 % sur chaque trajet, simplement parce que ses ferries battent pavillon chypriote !

Il faut donc que le montant des amendes soit plus élevé. L'article que nous souhaitons rétablir prévoit une amende de 7 500 euros pour la première infraction. Vous nous avez fait part de vos doutes en commission, madame la rapporteure : vous craignez que ces dispositions ne fragilisent le texte, car elles ne seraient pas proportionnées.

À mon sens, l'État est tout à fait dans son rôle en mettant en place des manières de sanctionner le non-respect des règles. Cette légitimité découle de l'article 25 de la convention de Montego Bay, qui consacre le dispositif de l'État d'accueil. Le droit de l'Union européenne n'y fait pas non plus obstacle. Le règlement Rome I permet de prendre des dispositions impératives pour la sauvegarde des intérêts publics. Enfin, l'instauration de sanctions est acceptée par la Cour de justice de l'Union européenne depuis 1999.

Cet article n'est donc pas plus fragile juridiquement que d'autres dispositions du texte. Et il est nécessaire.

Photo de Jérémy Bacchi

Il est indispensable de se battre pour préserver un haut niveau d’exigence en matière sociale pour nos marins.

Les marins des navires dans le transmanche doivent obtenir des garanties face à la mise en concurrence avec des travailleurs hors Union européenne, auxquels on impose des salaires horaires de 5, 50 euros.

L’application aux navires de la Méditerranée de la règle de l’État d’accueil entraînerait la fin du premier registre du pavillon français et la disparition des droits sociaux.

Je le rappelle, les marins de Marseille ont déposé un préavis de grève reconductible face au risque de l’extension de cette règle aux liaisons régulières à passagers entre la France et les pays du Maghreb.

Nous sommes donc satisfaits de constater que l’amendement du Gouvernement a pour objet l’exclusion de la Méditerranée du texte. Nous sommes également satisfaits qu’il vise à modifier l’article pour évoquer les « Conditions d’établissement et règles sociales applicables aux lignes régulières entre la France et le Royaume-Uni, ou les îles anglo-normandes ».

Cet amendement va dans le bon sens. Il s’agit d’interdire le libre choix des pavillons et de n’autoriser que les navires sous pavillon français premier registre pour les sociétés établies en France et les navires battant pavillon britannique pour les sociétés établies au Royaume-Uni.

Un accord de coopération entre les deux pays demeure plus que jamais d’actualité afin d’interdire, par exemple, le recrutement des marins par des sociétés de manning.

En attendant, nous soutiendrons l’amendement du Gouvernement. C’est pourquoi je retire les amendements n° 25 et 18.

Debut de section - PermalienPhoto de Jérémy Bacchi

Il est indispensable de se battre pour préserver un haut niveau d’exigence en matière sociale pour nos marins.

Les marins des navires dans le transmanche doivent obtenir des garanties face à la mise en concurrence avec des travailleurs hors Union européenne, auxquels on impose des salaires horaires de 5, 50 euros.

L’application aux navires de la Méditerranée de la règle de l’État d’accueil entraînerait la fin du premier registre du pavillon français et la disparition des droits sociaux.

Je le rappelle, les marins de Marseille ont déposé un préavis de grève reconductible face au risque de l’extension de cette règle aux liaisons régulières à passagers entre la France et les pays du Maghreb.

Nous sommes donc satisfaits de constater que l’amendement du Gouvernement a pour objet l’exclusion de la Méditerranée du texte. Nous sommes également satisfaits qu’il vise à modifier l’article pour évoquer les « Conditions d’établissement et règles sociales applicables aux lignes régulières entre la France et le Royaume-Uni, ou les îles anglo-normandes ».

Cet amendement va dans le bon sens. Il s’agit d’interdire le libre choix des pavillons et de n’autoriser que les navires sous pavillon français et immatriculés au premier registre pour les sociétés établies en France et les navires battant pavillon britannique pour les sociétés établies au Royaume-Uni.

Un accord de coopération entre les deux pays demeure plus que jamais d’actualité afin d’interdire, par exemple, le recrutement des marins par des sociétés de manning.

En attendant, nous soutiendrons l’amendement du Gouvernement. C’est pourquoi je retire les amendements n° 25 et 18.

Photo de Pierre Laurent

Je suis saisi de quatre amendements identiques.

L'amendement n° 7 rectifié est présenté par Mmes M. Vogel et Poncet Monge, MM. Benarroche, Breuiller et Dantec, Mme de Marco et MM. Dossus, Fernique, Gontard, Labbé et Salmon.

L'amendement n° 28 rectifié est présenté par MM. Guérini, Requier, Bilhac, Cabanel, Fialaire, Guiol et Roux.

L'amendement n° 30 est présenté par MM. Hassani, Iacovelli, Lévrier, Patriat et les membres du groupe Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants.

L'amendement n° 32 est présenté par M. Canévet.

Ces quatre amendements sont ainsi libellés :

Rétablir cet article dans la rédaction suivante :

Le chapitre VI du titre VI du livre V de la cinquième partie du code des transports est complété par des articles L. 5566-... et L. 5566-... ainsi rédigés :

« Art. L. 5566 - – Est puni de 7 500 euros d'amende le fait pour l'armateur ou l'employeur de payer :

« 1° Des salaires inférieurs au salaire minimum de croissance prévu aux articles L. 3231-1 à L. 3231-12 du code du travail ;

« 2° Des rémunérations inférieures à la rémunération mensuelle minimale prévue à l'article L. 3232-1 du même code ;

« 3° Des salaires inférieurs à ceux fixés par la convention collective ou l'accord collectif étendu applicables aux navires battant pavillon français et exerçant dans la même activité.

« La récidive est punie de six mois d'emprisonnement et de 15 000 euros d'amende.

« Les infractions donnent lieu à autant d'amendes qu'il y a de salariés concernés.

« Art. L. 5566 - – Est puni de 7 500 euros d'amende le fait pour l'armateur ou l'employeur de méconnaître les stipulations conventionnelles relatives aux accessoires du salaire prévus par la convention collective ou l'accord collectif de travail étendu applicables aux navires battant pavillon français et exerçant dans la même activité.

« La récidive est punie de six mois d'emprisonnement et de 15 000 euros d'amende.

« Les infractions donnent lieu à autant d'amendes qu'il y a de salariés concernés. »

La parole est à Mme Mélanie Vogel, pour présenter l'amendement n° 7 rectifié.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

La parole est à M. Jean-Claude Requier, pour présenter l'amendement n° 28 rectifié.

Photo de Mélanie Vogel

Cet amendement a pour objet de rétablir l'article 1er bis adopté à l'Assemblée nationale. Le but est que les armateurs ou les employeurs qui ne respectent pas le salaire minimum puissent faire l'objet de sanctions pénales.

La loi prévoit certes déjà des sanctions, mais celles-ci ne sont pas assez dissuasives, dans le contexte de la bataille concurrentielle sur le transmanche. Le code des transports prévoit une amende de 200 euros si l'employeur ne respecte pas le salaire minimum. Or ce n'est rien pour un armateur : la compagnie Irish Ferries réalise en effet des économies de 60 % sur chaque trajet, simplement parce que ses ferries battent pavillon chypriote !

Il faut donc des amendes plus élevées. L'article que nous souhaitons rétablir prévoit une amende de 7 500 euros pour la première infraction. Vous nous avez fait part de vos doutes en commission, madame la rapporteure : vous craignez que ces dispositions ne fragilisent le texte, car elles ne seraient pas proportionnées.

À mon sens, l'État est tout à fait dans son rôle en mettant en place des manières de sanctionner le non-respect des règles. Cette légitimité découle de l'article 25 de la convention de Montego Bay, qui consacre le dispositif de l'État d'accueil. Le droit de l'Union européenne n'y fait pas non plus obstacle. Le règlement Rome I permet de prendre des dispositions impératives pour la sauvegarde des intérêts publics. Enfin, l'instauration de sanctions est acceptée par la Cour de justice de l'Union européenne depuis 1999.

Cet article n'est donc pas plus fragile juridiquement que d'autres dispositions du texte. Et il est nécessaire.

Photo de Pierre Laurent

Les amendements n° 25 et 18 sont retirés.

La parole est à M. le secrétaire d’État.

Photo de Pierre Laurent

La parole est à M. Bernard Buis, pour présenter l'amendement n° 30.

Hervé Berville

Monsieur le sénateur, je vous remercie de vos explications.

Je rappelle que le but de cette proposition de loi, comme de toute notre action à l’échelon européen ou en matière de coopération bilatérale avec le Royaume-Uni ou avec d’autres pays, est de renforcer le pavillon France et d’accroître la protection sociale des marins. C’est vrai dans le transmanche, mais aussi en Méditerranée.

Nous poursuivons dans cette voie et ce texte y contribue. Soyez donc rassuré, monsieur le sénateur. Je le répète, toutes ces dispositions figureront bien dans le décret d’application. C’est pourquoi j’ai retiré l’amendement du Gouvernement.

Photo de Jérémy Bacchi

Monsieur le président, je n’avais pas compris que l’amendement du Gouvernement était retiré. Dans ces conditions, nous maintenons les amendements n° 25 et 18.

Photo de Pierre Laurent

La parole est à M. Bernard Buis, pour présenter l'amendement n° 30.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 30 est retiré.

La parole est à M. Michel Canévet, pour présenter l'amendement n° 32.

Photo de Bernard Buis

Je le retire, monsieur le président.

Photo de Pierre Laurent

L'amendement n° 30 est retiré.

La parole est à M. Michel Canévet, pour présenter l'amendement n° 32.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

Quel est l'avis de la commission sur les trois amendements restant en discussion ?

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Procaccia

Ces amendements visent à rétablir l'article 1er bis relatif aux sanctions pénales applicables aux armateurs effectuant les liaisons entre la Corse et le continent, que la commission a supprimé. Celle-ci a donc émis un avis défavorable sur ces amendements.

En supprimant cet article, nous n'avons pas voulu nier les risques de distorsion de concurrence existant pour les liaisons entre la Corse et le continent, mais ceux-ci ne sont pas de même nature que le dumping social qui s'est développé sur le transmanche.

Nous avons considéré que la mesure proposée, qui ne porte que sur les sanctions et non sur les règles de droit social applicables sur les navires concernés, ne répond pas réellement à ces enjeux, lesquels, au demeurant, sont largement étrangers à l'objet de cette proposition de loi.

Prévoir un régime de sanctions exorbitant du droit commun ne nous paraît pas justifié. Cela n'aura aucun effet si les pratiques des armateurs sont conformes au droit de l'Union européenne, qui n'est pas exactement le droit que nous aimerions voir appliqué en France… Je n'ai jamais été une fanatique de l'Europe, vous le savez ! §

Sur ces lignes, le dispositif de l'État d'accueil s'applique, qui garantit des standards français, quels que soient le pavillon du navire et la nationalité des marins. Les difficultés proviennent du défaut d'harmonisation des règles d'usage des pavillons internationaux sur les liaisons intraeuropéennes.

M. le secrétaire d'État a parlé du registre international français : certes, l'Italie permet une utilisation plus large de son pavillon, mais la question doit être discutée avec nos voisins européens, et non dans le cadre de cette proposition de loi visant à lutter contre le dumping social.

Photo de Pierre Laurent

Quel est l'avis de la commission sur les trois amendements restant en discussion ?

Photo de Pierre Laurent

Je suis saisi de six amendements faisant l’objet d’une discussion commune.

L’amendement n° 17, présenté par M. Bacchi, Mmes Apourceau-Poly, Cohen et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste, est ainsi libellé :

I. – Après l’alinéa 7

Insérer quatre alinéas ainsi rédigés :

« Chapitre …

« Établissement

« Art. L. 5591 - … . – Tout armateur communautaire ou du Royaume-Uni peut constituer et gérer une entreprise maritime sur le territoire national afin d’y exploiter un ou plusieurs navires sur des services de cabotage maritime réguliers, à passagers, entre la France et le Royaume-Uni, et l’Irlande, dans les conditions prévues par la législation française pour ses propres ressortissants, sous réserve d’être en conformité avec la législation relative aux capitaux et aux paiements définie par le traité sur le fonctionnement de l’Union européenne, au titre de la libre circulation des personnes, des services et des capitaux dans le marché intérieur.

« Les navires effectuant ces liaisons et services maritimes de transport à passagers, au sens de la règlementation française, doivent être immatriculés au pavillon français de premier registre, conformément aux conditions définies par la législation française pour ses propres ressortissants. Le registre international français est exclu. »

II. – Alinéas 10 à 14

Rédiger ainsi ces alinéas :

« Art. L. 5592 -1. – Les dispositions du présent chapitre s’appliquent aux contrats de travail de tous les salariés employés sur les navires des entreprises maritimes établies au Royaume-Uni ou en Irlande, effectuant des liaisons régulières à passagers avec la France, au sens de la règlementation française.

« Les dispositions légales et les stipulations conventionnelles applicables aux salariés employés sur les navires mentionnés à l’article L. 5591-1 sont celles applicables aux salariés employés par les entreprises de la même branche d’activité établies en France, pour :

« 1° La détermination du salaire minimum horaire et mensuel sur la base de 8 heures de travail par jour ;

« 2° La détermination et l’acquisition des jours minimums de repos et de congés.

« Les obligations mentionnées au premier alinéa ne s’appliquent que pour les périodes où les navires sont exploités sur les lignes régulières internationales mentionnées à l’article L. 5591-1. »

La parole est à M. Jérémy Bacchi.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

Je suis saisi de six amendements faisant l’objet d’une discussion commune.

L’amendement n° 17, présenté par M. Bacchi, Mmes Apourceau-Poly, Cohen et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste, est ainsi libellé :

I. – Après l’alinéa 7

Insérer quatre alinéas ainsi rédigés :

« Chapitre …

« Établissement

« Art. L. 5591 - … . – Tout armateur communautaire ou du Royaume-Uni peut constituer et gérer une entreprise maritime sur le territoire national afin d’y exploiter un ou plusieurs navires sur des services de cabotage maritime réguliers, à passagers, entre la France et le Royaume-Uni, et l’Irlande, dans les conditions prévues par la législation française pour ses propres ressortissants, sous réserve d’être en conformité avec la législation relative aux capitaux et aux paiements définie par le traité sur le fonctionnement de l’Union européenne, au titre de la libre circulation des personnes, des services et des capitaux dans le marché intérieur.

« Les navires effectuant ces liaisons et services maritimes de transport à passagers, au sens de la réglementation française, doivent être immatriculés au pavillon français de premier registre, conformément aux conditions définies par la législation française pour ses propres ressortissants. Le registre international français est exclu. »

II. – Alinéas 10 à 14

Rédiger ainsi ces alinéas :

« Art. L. 5592 -1. – Les dispositions du présent chapitre s’appliquent aux contrats de travail de tous les salariés employés sur les navires des entreprises maritimes établies au Royaume-Uni ou en Irlande, effectuant des liaisons régulières à passagers avec la France, au sens de la réglementation française.

« Les dispositions légales et les stipulations conventionnelles applicables aux salariés employés sur les navires mentionnés à l’article L. 5591-1 sont celles applicables aux salariés employés par les entreprises de la même branche d’activité établies en France, pour :

« 1° La détermination du salaire minimum horaire et mensuel sur la base de 8 heures de travail par jour ;

« 2° La détermination et l’acquisition des jours minimums de repos et de congés.

« Les obligations mentionnées au premier alinéa ne s’appliquent que pour les périodes où les navires sont exploités sur les lignes régulières internationales mentionnées à l’article L. 5591-1. »

La parole est à M. Jérémy Bacchi.

Photo de Catherine Procaccia

Ces amendements visent à rétablir l'article 1er bis relatif aux sanctions pénales applicables aux armateurs effectuant les liaisons entre la Corse et le continent, que la commission a supprimé. Celle-ci a donc émis un avis défavorable sur ces amendements.

En supprimant cet article, nous n'avons pas voulu nier les risques de distorsion de concurrence existant pour les liaisons entre la Corse et le continent, mais ceux-ci ne sont pas de même nature que le dumping social qui s'est développé sur le transmanche.

Nous avons considéré que la mesure proposée, qui ne porte que sur les sanctions et non sur les règles de droit social applicables sur les navires concernés, ne répond pas réellement à ces enjeux – qui, au demeurant, sont largement étrangers à l'objet de cette proposition de loi.

Prévoir un régime de sanctions exorbitant du droit commun ne nous paraît pas justifié. Cela n'aura aucun effet si les pratiques des armateurs sont conformes au droit de l'Union européenne, qui n'est pas exactement le droit que nous aimerions voir appliqué en France… Je n'ai jamais été une fanatique de l'Europe, vous le savez ! §

Sur ces lignes, le dispositif de l'État d'accueil s'applique, qui garantit des standards français, quels que soient le pavillon du navire et la nationalité des marins. Les difficultés proviennent du défaut d'harmonisation des règles d'usage des pavillons internationaux sur les liaisons intraeuropéennes.

M. le secrétaire d'État a parlé du registre international français : certes, l'Italie permet une utilisation plus large de son pavillon, mais la question doit être discutée avec nos voisins européens, et non dans le cadre de cette proposition de loi visant à lutter contre le dumping social.

Debut de section - Permalien
Hervé Berville

Le Gouvernement émet un avis défavorable sur ces amendements.

Nous aurons l'occasion de débattre d'outils complémentaires lorsque nous aborderons le rétablissement de l'article 1er ter.

On ne comprendrait pas que l'on ne dispose pas d'outils nous permettant de nous aligner sur ce que l'on a fait sur le transmanche et surtout d'anticiper le développement d'activités partout sur nos façades maritimes. Le dispositif de l'État d'accueil nous permettra de renforcer les sanctions, notamment pour lutter contre le dumping social dans le secteur de l'éolien en mer, pour les navires qui effectueront l'installation et la maintenance de nos installations.

Mais nous aurons l'occasion d'en rediscuter à propos de l'article 1er ter.

Photo de Jérémy Bacchi

La règle de la libre concurrence empêchant d’appliquer le droit français aux gens de mer qui assurent le transport de passagers entre la France et le Royaume-Uni, la proposition de loi prévoit une loi de police assez ferme.

Plutôt que d’y avoir recours, le syndicat CGT propose d’imposer l’obligation d’établissement et de pavillon pour les deux pays concernés par les liaisons, ainsi que des règles de réciprocité et de coopération, afin de préserver les pavillons français et britannique et leurs emplois.

Par ailleurs, les syndicats des marins suggèrent de travailler la question de l’établissement. Les compagnies de transport devraient être domiciliées dans les pays où elles agissent. De cette façon, le droit du travail s’appliquerait à elles, ce qui protégerait les marins sur ces bateaux.

Il nous faut dire le droit sans nous sentir obligés de plier devant cette volonté de concurrence à tout prix. La libre prestation de services doit être encadrée, dès lors qu’elle met en danger nos systèmes de protection sociale.

De ce fait, le Gouvernement doit engager une lutte à Bruxelles et obtenir le droit de déroger aux règles de la directive Services ou une révision des règles en faveur d’un haut niveau de protection sociale pour nos marins.

Photo de Pierre Laurent

L’amendement n° 19 rectifié, présenté par Mmes Apourceau-Poly, Cohen, Brulin et Gréaume, M. Lahellec et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste, est ainsi libellé :

Alinéa 10

Après le mot :

horaire

insérer les mots :

, le paiement du salaire, y compris les majorations pour les heures supplémentaires, ainsi que pour la durée du travail, les repos compensateurs, les jours fériés, les congés annuels payés et le travail de nuit des jeunes travailleurs

La parole est à Mme Céline Brulin.

Hervé Berville

Le Gouvernement émet un avis défavorable sur ces amendements.

Nous aurons l'occasion de débattre d'outils complémentaires lorsque nous aborderons le rétablissement de l'article 1er ter.

On ne comprendrait que l'on ne dispose pas d'outils nous permettant de nous aligner sur ce que l'on a fait sur le transmanche et surtout d'anticiper le développement d'activités partout sur nos façades maritimes. Le dispositif de l'État d'accueil nous permettra de renforcer les sanctions, notamment pour lutter contre le dumping social dans le secteur de l'éolien en mer, pour les navires qui effectueront la maintenance de nos installations.

Mais nous aurons l'occasion d'en rediscuter à propos de l'article 1er ter.

Photo de Céline Brulin

Monsieur le président, avec votre permission, je défendrai en même temps les amendements n° 19 rectifié et 21 rectifié.

Photo de Pierre Laurent

J’appelle donc en discussion l’amendement n° 21 rectifié, présenté par Mmes Apourceau-Poly, Cohen, Brulin et Gréaume, M. Lahellec et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste, et ainsi libellé :

Alinéa 10

Après le mot :

horaire

insérer les mots :

et pour le paiement du salaire, y compris les majorations pour les heures supplémentaires

Veuillez poursuivre, ma chère collègue.

Photo de Jean-Claude Requier

Non, je le retire, monsieur le président.

Photo de Céline Brulin

Les amendements n° 19 rectifié et 21 rectifié visent à étendre la prise en compte des éléments relatifs aux salaires – par exemple, les heures supplémentaires –, mais aussi aux conditions de travail.

Nous l’avons tous dit, le trafic dans la Manche est extrêmement dense. Certaines compagnies transmanche effectuent même plusieurs rotations journalières, ce qui contraint les marins à faire de nombreuses manœuvres. Ces manœuvres, en raison de l’allongement du temps de travail des marins et de la fatigue qu’il entraîne, peuvent poser des problèmes de sécurité.

Je répète donc la question que je vous ai déjà posée, monsieur le secrétaire d’État : pouvez-vous nous indiquer ce que prévoira le décret d’application s’agissant du temps à bord et du temps à terre, puisque ces éléments ne figurent plus dans le texte de la commission ?

À juste titre, nous avons tous évoqué le sort que P&O Ferries a réservé il y a quelques mois à ses 786 marins. Cela continue ! Nous avons ainsi appris voilà quelques semaines que cette même entreprise avait informé les équipages existants qu’ils devaient s’inscrire auprès de nouvelles agences – pour ma part, j’appelle cela des boîtes d’intérim. Sur le site de l’une d’elles, site qui ne compte que trois pauvres pages, on découvre que cette agence se trouve domiciliée à Malte et qu’elle partage son adresse avec plus de vingt autres sociétés ! Bien plus, cette agence demande déjà aux marins de revoir leurs exigences salariales et leurs conditions de travail à la baisse.

On le voit, ce mouvement continue, ce qui justifie que nous légiférions rapidement.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 28 rectifié est retiré.

Monsieur Canévet, l'amendement n° 32 est-il maintenu ?

Photo de Pierre Laurent

L’amendement n° 20 rectifié, présenté par Mmes Apourceau-Poly, Cohen, Brulin et Gréaume, M. Lahellec et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste, est ainsi libellé :

Alinéa 10

Après le mot :

horaire,

insérer les mots :

ainsi que pour la durée du travail, les repos compensateurs, les jours fériés, les congés annuels payés et le travail de nuit des jeunes travailleurs

La parole est à Mme Cathy Apourceau-Poly.

Photo de Michel Canevet

Non, je le retire, monsieur le président.

Photo de Cathy Apourceau-Poly

Il est défendu, monsieur le président.

Photo de Pierre Laurent

L'amendement n° 28 est retiré.

Monsieur Canévet, l'amendement n° 32 est-il maintenu ?

Photo de Pierre Laurent

L’amendement n° 5, présenté par Mmes M. Vogel et Poncet Monge, MM. Benarroche, Breuiller et Dantec, Mme de Marco et MM. Dossus, Fernique, Gontard, Labbé, Parigi et Salmon, est ainsi libellé :

Alinéa 10

Compléter cet alinéa par une phrase ainsi rédigée :

Pour la détermination des indemnités de congés, les articles L. 3141-24 à L. 3141-29 du code de travail et pour la détermination des indemnités compensatrices de congés, l’article L. 3141-28 du même code sont applicables aux salariés employés sur les navires mentionnés à l’article L. 5591-1 du présent code.

La parole est à Mme Mélanie Vogel.

Photo de Michel Canevet

Non, je le retire, monsieur le président.

L'amendement n'est pas adopté.

Photo de Mélanie Vogel

Cet amendement s’inscrit dans le droit fil des amendements qui viennent d’être présentés et tend quant à lui à élargir le socle de protection sociale garanti aux congés payés. Il vise uniquement le niveau d’indemnités des congés, et non leur ratio, afin de préserver le périmètre déterminé en commission.

Il s’agit donc de garantir des congés payés aux salariés qui travaillent sur les ferries internationaux. Cela devrait aller de soi, pourtant, ce n’est pas le cas.

Nous sommes convaincus que les congés payés sont un droit fondamental, qui n’a rien à voir avec le temps de repos, tout aussi important par ailleurs, et que les personnes qui travaillent sur les ferries internationaux doivent aussi pouvoir en jouir.

Photo de Pierre Laurent

L'amendement n° 32 est retiré.

Je mets aux voix l'amendement n° 7 rectifié.

Photo de Pierre Laurent

L’amendement n° 26 rectifié, présenté par Mmes Apourceau-Poly, Cohen, Brulin et Gréaume, M. Lahellec et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste, est ainsi libellé :

Alinéa 12

Rédiger ainsi le début de cet alinéa :

« Art. L. 5592 -2. – Dans l’intérêt de la sécurité de la navigation et de la lutte contre les pollutions marines, (le reste sans changement)

La parole est à Mme Cathy Apourceau-Poly.

Photo de Cathy Apourceau-Poly

Il s’agit d’un amendement d’appel.

Nous cherchons à comprendre pourquoi, au cours de ses travaux ce matin, la commission des affaires sociales a supprimé le début de l’alinéa 12 de l’article 1er dans lequel il était mentionné que l’organisation du travail applicable aux salariés employés sur les navires était justifiée dans « l’intérêt de la sécurité de la navigation et de la lutte contre les pollutions marines ».

Nous ne sommes pas certains d’avoir compris pourquoi les objectifs de « sécurité de la navigation et de […] lutte contre les pollutions marines » sont renvoyés à un futur décret pris en Conseil d’État. Pour autant, nous sommes prêts à souscrire à la rédaction de la commission si l’on nous donne l’assurance que ces objectifs, qui sous-tendent la loi de police, seront bien pris en compte pour déterminer la durée de repos.

Je vous remercie de votre éclairage sur cette question.

Photo de Pierre Laurent

En conséquence, l'article 1er bis demeure supprimé.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

Je suis saisi de trois amendements identiques.

L'amendement n° 29 rectifié est présenté par MM. Guérini, Requier, Bilhac, Cabanel, Fialaire, Guiol et Roux.

L'amendement n° 31 est présenté par MM. Hassani, Iacovelli, Lévrier, Patriat et les membres du groupe Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants.

L'amendement n° 33 est présenté par M. Canévet.

Ces trois amendements sont ainsi libellés :

Rétablir cet article dans la rédaction suivante :

Le titre VI du livre V de la cinquième partie du code des transports est complété par un chapitre ... ainsi rédigé :

« Chapitre ...

« Sanctions administratives

« Art. L. 5568 -1. – L'autorité administrative compétente peut, sur le rapport des agents de contrôle de l'inspection du travail mentionnés à l'article L. 8112-1 du code du travail, sous réserve de l'absence de poursuites pénales, soit adresser à l'employeur ou à l'armateur un avertissement, soit prononcer à l'encontre de l'employeur ou de l'armateur une amende en cas de manquement :

« 1° Aux règles relatives aux dispositions légales et aux stipulations conventionnelles applicables aux salariés employés par les entreprises de la même branche d'activité établies en France pour les matières mentionnées aux 3°, 4°, 6°et 8° de l'article L. 5562-1 ;

« 2° Aux règles relatives à la protection sociale mentionnée à l'article L. 5563-1 ;

« 3° À l'article L. 5562-2 relatif au contrat conclu entre l'armateur, l'employeur et chacun des salariés relevant des gens de mer ;

« 4° Aux règles relatives à la déclaration des accidents survenus à bord, mentionnées à l'article L. 5563-2 ;

« 5° À la présentation aux agents de contrôle de l'inspection du travail des documents sollicités en application de l'article L. 5565-2 ou de ne pas les présenter en français.

« Art. L. 5568 -1 -1. – L'autorité administrative compétente peut, sur le rapport des officiers et des fonctionnaires affectés dans les services exerçant des missions de contrôle dans le domaine des affaires maritimes sous l'autorité ou à la disposition du ministre chargé de la mer et des personnes mentionnées aux 1° à 3°, 8° et 10° de l'article L. 5222-1, sous réserve de l'absence de poursuites pénales, soit adresser à l'employeur ou à l'armateur un avertissement, soit prononcer à l'encontre de l'employeur ou de l'armateur une amende en cas de manquement :

« 1° Aux règles relatives aux personnels désignés pour aider les passagers en situation d'urgence mentionnées à l'article L. 5564-1 ;

« 2° À la présentation aux officiers et des fonctionnaires affectés dans les services exerçant des missions de contrôle dans le domaine des affaires maritimes sous l'autorité ou à la disposition du ministre chargé de la mer et des personnes mentionnées aux 1° à 3°, 8° et 10° de l'article L. 5222-1 des documents sollicités en application de l'article L. 5565-2 ou de ne pas les présenter en français.

« Art. L. 5568 -2. – Lorsqu'une amende est prononcée en application des articles L. 5568-1 et L. 5568-1-1, l'autorité compétente informe par tout moyen le procureur de la République des suites données au rapport des agents mentionnés aux articles L. 5568-1 et L. 5568-1-1.

« Art. L. 5568 -3. – Le montant maximal de l'amende prononcée en application des articles L. 5568-1 à L. 5568-1-1 est de 4 000 euros et peut être appliqué autant de fois qu'il y a de manquements constatés au titre du 5° de l'article L. 5568-1 et du 2° de l'article L. 5568-1-1 ou qu'il y a de travailleurs concernés au titre des 1° à 4° de l'article L. 5568-1 et 2° de l'article L. 5568-1-1.

« Le plafond de l'amende est porté au double en cas de nouveau manquement constaté dans un délai de deux ans à compter de la notification de l'amende concernant un précédent manquement de même nature.

« Il est majoré de 50 % en cas de nouveau manquement constaté dans un délai d'un an à compter de la notification d'un avertissement concernant un précédent manquement de même nature.

« Art. L. 5568 -4. – Pour déterminer si elle prononce un avertissement ou une amende prévue aux articles L. 5568-1 et L. 5568-1-1 et, le cas échéant, pour fixer le montant de l'amende, l'autorité compétente prend en compte les circonstances et la gravité du manquement, le comportement de son auteur ainsi que ses ressources et ses charges.

« Art. L. 5568 -5. – Avant toute décision, l'autorité compétente informe par écrit l'employeur ou l'armateur de la sanction envisagée, en portant à sa connaissance le manquement retenu à son encontre et en l'invitant à présenter ses observations dans un délai d'un mois.

« À l'expiration de ce délai, l'autorité compétente peut, par décision motivée, prononcer l'amende prévue aux articles L. 5568-1 et L. 5568-1-1 et émettre le titre de perception correspondant.

« Art. L. 5568 -6. – La décision d'infliger une amende administrative ne peut être prise plus de deux ans après le jour où le manquement a été commis.

« Art. L. 5568 -7. – La décision d'infliger une amende administrative ne peut pas faire l'objet d'un recours hiérarchique.

« Art L. 5568 -8. – L'amende prononcée en application des articles L. 5568-1 et L. 5568-1-1 est recouvrée selon les modalités prévues pour les créances de l'État étrangères à l'impôt et au domaine. »

La parole est à M. Jean-Claude Requier, pour présenter l'amendement n° 29 rectifié.

Photo de Catherine Procaccia

L’amendement n° 17 tend à modifier substantiellement l’article 1er et à créer deux régimes distincts de liaison entre la France, le Royaume-Uni ou l’Irlande.

Il tend à imposer aux armateurs français le pavillon français, donc, forcément, l’application du droit du travail local. En revanche, il vise à imposer aux armateurs établis au Royaume-Uni ou en Irlande que les salariés soient rémunérés au moins au Smic et qu’ils bénéficient des règles de repos et de congés du droit du travail français. Outre le fait qu’il crée une différence de traitement non justifiée selon le lieu d’établissement de l’armateur, cet amendement a un objet manifestement contraire au droit européen et au droit international maritime. Par conséquent, la commission émet un avis défavorable.

Avant de poursuivre, je précise que, sur le fond, la commission non seulement comprend les propositions qui sont formulées, mais aimerait qu’elles puissent s’appliquer. Toutefois, comme je l’ai indiqué lors de la discussion générale, nous avons pour objectif de garantir un salaire minimum ainsi qu’un certain nombre d’autres éléments, plutôt que de proposer un texte, dont nous serions fiers, puisqu’il prévoirait que c’est le droit français qui s’applique à tout le monde, mais qui serait remis en cause par l’Union européenne dans quelques mois. C’est ce principe qui guide l’avis que je formulerai au nom de la commission des affaires sociales.

Les amendements n° 19 rectifié, 21 rectifié, 20 rectifié et 5 tendent à créer des obligations supplémentaires pour les employeurs des personnels naviguant sur le transmanche. En visant à imposer l’application du droit français pour le salaire, la durée du travail, les heures supplémentaires, les congés, les repos, les jours fériés, le travail de nuit des jeunes travailleurs, ils vont bien au-delà de la lutte contre le dumping social et de la nécessité de préserver les intérêts de la France et la sécurité de la navigation.

En outre, certaines règles sont difficilement applicables en pratique à des contrats étrangers qui répondent forcément à des modes et des normes complètement différents de notre code du travail.

En conséquence, l’adoption de ces amendements fragiliserait considérablement la conformité de la proposition de loi au droit de l’Union européenne. On sortirait du cadre de la loi de police et on prendrait in fine le risque qu’aucune garantie sociale ne soit applicable sur le transmanche, si le juge venait à annuler le texte.

C’est la raison pour laquelle la commission émet un avis défavorable sur ces amendements.

Enfin, l’amendement n° 26 rectifié vise à revenir sur une modification apportée par la commission. En effet, plutôt que d’inscrire dans le texte les objectifs de « sécurité de navigation et de […] lutte contre les pollutions marines », ce qui serait sans effet normatif, il nous a paru préférable qu’ils soient pris en compte concrètement dans le décret pour déterminer la durée maximale d’embarquement autorisée. C’était d’ailleurs l’une de vos interrogations, mes chers collègues. Telle est la raison pour laquelle la commission a modifié le texte.

Par conséquent, la précision demandée au travers de cet amendement paraît satisfaite. La commission demande donc le retrait de cet amendement ; à défaut, elle émettra un avis défavorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Claude Requier

Cet amendement a pour objet de rétablir le dispositif adopté à l'Assemblée nationale et que notre commission des affaires sociales a supprimé.

Il s'agit d'instaurer des sanctions administratives en cas de non-respect des normes sociales françaises dans nos eaux territoriales. L'enjeu est simple : aller plus vite. Les sanctions administratives sont plus rapides à mettre en œuvre que les sanctions pénales, car il n'y a pas de transmission au parquet. Et le déclenchement de la sanction relève de l'administration.

La logique est la même que celle de notre précédent amendement, que nous avons retiré. Nous devons être ambitieux dans la lutte contre le dumping social aussi bien dans le transport des passagers entre la France et le Royaume-Uni que dans les parcs éoliens en mer, ou encore dans le transport de passagers entre la Corse et le continent – Jean-Noël Guérini est à l'origine de cet amendement…

Photo de Pierre Laurent

Je suis saisi de trois amendements identiques.

L'amendement n° 29 rectifié est présenté par MM. Guérini, Requier, Bilhac, Cabanel, Fialaire, Guiol et Roux.

L'amendement n° 31 est présenté par MM. Hassani, Iacovelli, Lévrier, Patriat et les membres du groupe Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants.

L'amendement n° 33 est présenté par M. Canévet.

Ces trois amendements sont ainsi libellés :

Rétablir cet article dans la rédaction suivante :

Le titre VI du livre V de la cinquième partie du code des transports est complété par un chapitre ... ainsi rédigé :

« Chapitre ...

« Sanctions administratives

« Art. L. 5568 -1. – L'autorité administrative compétente peut, sur le rapport des agents de contrôle de l'inspection du travail mentionnés à l'article L. 8112-1 du code du travail, sous réserve de l'absence de poursuites pénales, soit adresser à l'employeur ou à l'armateur un avertissement, soit prononcer à l'encontre de l'employeur ou de l'armateur une amende en cas de manquement :

« 1° Aux règles relatives aux dispositions légales et aux stipulations conventionnelles applicables aux salariés employés par les entreprises de la même branche d'activité établies en France pour les matières mentionnées aux 3°, 4°, 6°et 8° de l'article L. 5562-1 ;

« 2° Aux règles relatives à la protection sociale mentionnée à l'article L. 5563-1 ;

« 3° À l'article L. 5562-2 relatif au contrat conclu entre l'armateur, l'employeur et chacun des salariés relevant des gens de mer ;

« 4° Aux règles relatives à la déclaration des accidents survenus à bord, mentionnées à l'article L. 5563-2 ;

« 5° À la présentation aux agents de contrôle de l'inspection du travail des documents sollicités en application de l'article L. 5565-2 ou de ne pas les présenter en français.

« Art. L. 5568 -1 -1. – L'autorité administrative compétente peut, sur le rapport des officiers et des fonctionnaires affectés dans les services exerçant des missions de contrôle dans le domaine des affaires maritimes sous l'autorité ou à la disposition du ministre chargé de la mer et des personnes mentionnées aux 1° à 3°, 8° et 10° de l'article L. 5222-1, sous réserve de l'absence de poursuites pénales, soit adresser à l'employeur ou à l'armateur un avertissement, soit prononcer à l'encontre de l'employeur ou de l'armateur une amende en cas de manquement :

« 1° Aux règles relatives aux personnels désignés pour aider les passagers en situation d'urgence mentionnées à l'article L. 5564-1 ;

« 2° À la présentation aux officiers et des fonctionnaires affectés dans les services exerçant des missions de contrôle dans le domaine des affaires maritimes sous l'autorité ou à la disposition du ministre chargé de la mer et des personnes mentionnées aux 1° à 3°, 8° et 10° de l'article L. 5222-1 des documents sollicités en application de l'article L. 5565-2 ou de ne pas les présenter en français.

« Art. L. 5568 -2. – Lorsqu'une amende est prononcée en application des articles L. 5568-1 et L. 5568-1-1, l'autorité compétente informe par tout moyen le procureur de la République des suites données au rapport des agents mentionnés aux articles L. 5568-1 et L. 5568-1-1.

« Art. L. 5568 -3. – Le montant maximal de l'amende prononcée en application des articles L. 5568-1 à L. 5568-1-1 est de 4 000 euros et peut être appliqué autant de fois qu'il y a de manquements constatés au titre du 5° de l'article L. 5568-1 et du 2° de l'article L. 5568-1-1 ou qu'il y a de travailleurs concernés au titre des 1° à 4° de l'article L. 5568-1 et 2° de l'article L. 5568-1-1.

« Le plafond de l'amende est porté au double en cas de nouveau manquement constaté dans un délai de deux ans à compter de la notification de l'amende concernant un précédent manquement de même nature.

« Il est majoré de 50 % en cas de nouveau manquement constaté dans un délai d'un an à compter de la notification d'un avertissement concernant un précédent manquement de même nature.

« Art. L. 5568 -4. – Pour déterminer si elle prononce un avertissement ou une amende prévue aux articles L. 5568-1 et L. 5568-1-1 et, le cas échéant, pour fixer le montant de l'amende, l'autorité compétente prend en compte les circonstances et la gravité du manquement, le comportement de son auteur ainsi que ses ressources et ses charges.

« Art. L. 5568 -5. – Avant toute décision, l'autorité compétente informe par écrit l'employeur ou l'armateur de la sanction envisagée, en portant à sa connaissance le manquement retenu à son encontre et en l'invitant à présenter ses observations dans un délai d'un mois.

« À l'expiration de ce délai, l'autorité compétente peut, par décision motivée, prononcer l'amende prévue aux articles L. 5568-1 et L. 5568-1-1 et émettre le titre de perception correspondant.

« Art. L. 5568 -6. – La décision d'infliger une amende administrative ne peut être prise plus de deux ans après le jour où le manquement a été commis.

« Art. L. 5568 -7. – La décision d'infliger une amende administrative ne peut pas faire l'objet d'un recours hiérarchique.

« Art L. 5568 -8. – L'amende prononcée en application des articles L. 5568-1 et L. 5568-1-1 est recouvrée selon les modalités prévues pour les créances de l'État étrangères à l'impôt et au domaine. »

La parole est à M. Jean-Claude Requier, pour présenter l'amendement n° 29 rectifié.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

La parole est à M. Bernard Buis, pour présenter l'amendement n° 31.

Hervé Berville

Sur l’ensemble de ces amendements, le Gouvernement émet un avis défavorable, non pas sur le fond, mais sur la forme. En outre, si ces amendements étaient adoptés, le texte pourrait ne pas être opérationnel, notamment au regard du droit européen.

Mesdames, messieurs les sénateurs, le texte tel qu’il résulte des travaux de la commission contient bien des dispositions relatives au temps de travail. Celles-ci figuraient d’ailleurs déjà dans la version issue des travaux de l’Assemblée nationale ; elles ont été maintenues. Je les rappelle dans la rédaction issue des travaux de votre commission : « L’organisation du travail applicable aux salariés employés sur les navires mentionnés à l’article L. 5591-1 est fondée sur une durée de repos à terre au moins équivalente à la durée de leur embarquement. »

En revanche, la commission des affaires sociales du Sénat a souverainement décidé de supprimer les motifs justifiant une équivalence entre la durée d’embarquement et le temps de repos, considérant qu’il n’était pas utile de les indiquer. Pour notre part, nous considérions qu’il fallait justifier cette équivalence, notamment pour des raisons de sécurité de la navigation.

L’essentiel pour moi, c’est que ce dispositif soit inscrit dans la loi – nous sommes le premier pays en Europe à agir ainsi.

Pour lutter contre le dumping social sur le transmanche, trois critères ont été fixés dans le texte.

Premièrement, le salaire minimum doit être équivalent entre le Royaume-Uni, les îles anglo-normandes et la France.

Deuxièmement, une durée égale entre temps en mer et temps à terre est garantie. C’est fondamental, car c’est sur cette variable que se joue le dumping social.

Troisièmement, le décret d’application apportera les précisions nécessaires qui ne figureront pas dans le texte. Elles seront soumises au Conseil supérieur de la marine marchande, qui regroupe syndicats et organisations patronales.

Ces trois éléments seront inscrits dans le dur de la loi, c’est une avancée considérable.

Monsieur Bacchi, imposer une nationalité de pavillon aux armateurs pour qu’ils puissent effectuer des liaisons maritimes est totalement contraire au droit européen. Si l’on peut imposer des conditions sociales et salariales – ce que nous faisons avec les différents dispositifs sur le salaire minimum et la durée égale entre temps à terre et temps en mer –, on ne peut en revanche imposer une nationalité, d’autant que certains pays peuvent avoir fixé des conditions sociales moins favorables. On ne peut donc pas prévoir que seuls les navires battant pavillon français peuvent assurer les liaisons sur le transmanche.

En revanche, vous avez raison, il faut un alignement des conditions de travail. C’est tout l’objet de la charte proposée aux armateurs du transport maritime transmanche, mais aussi de ce texte, qui met en œuvre ces différents dispositifs, notamment des clauses miroirs avec la loi britannique.

Mesdames Vogel, Apourceau-Poly et Brulin, sur les heures supplémentaires, qui trop embrasse mal étreint, comme disait ma grand-mère. §J’aimerais pouvoir vous suivre sur ce terrain, mais le traité sur le fonctionnement de l’Union européenne est très clair : il ne revient pas aux États de procéder à de telles régulations. C’est pourquoi le Gouvernement demande le retrait des amendements concernés : ces propositions, nous le savons très bien, ne sont absolument pas conformes au droit européen.

Pour autant, il faut continuer à travailler sur les questions des heures supplémentaires et des indemnités de congés, notamment dans le cadre des chartes entre les différentes compagnies maritimes. Elles sont toutefois déconnectées des deux éléments que nous pouvons inscrire dans la loi : le salaire minimum et la durée égale entre temps en mer et temps à terre.

Photo de Jean-Claude Requier

Cet amendement a pour objet de rétablir le dispositif adopté à l'Assemblée nationale et que notre commission des affaires sociales a supprimé.

Il s'agit d'instaurer des sanctions administratives en cas de non-respect des normes sociales françaises dans nos eaux territoriales. L'enjeu est simple : aller plus vite. Les sanctions administratives sont plus rapides à mettre en œuvre que les sanctions pénales, car il n'y a pas de transmission au parquet. Et le déclenchement de la sanction relève de l'administration.

La logique est la même que celle de notre précédent amendement, que nous avons retiré. Nous devons être ambitieux dans la lutte contre le dumping social aussi bien dans le transport des passagers entre la France et le Royaume-Uni que sur les parcs éoliens en mer, ou encore dans le transport de passagers entre la Corse et le continent – Jean-Noël Guérini est à l'origine de cet amendement…

Debut de section - PermalienPhoto de Bernard Buis

L'article 1er ter permet d'instaurer des sanctions administratives en cas de manquement aux dispositions relatives aux conditions de travail des salariés, comme la durée de travail, le paiement des heures supplémentaires, la protection sociale, la déclaration des accidents survenus à bord ou l'obligation de désigner des personnels pour aider les passagers en situation d'urgence.

Cet article, s'il est rétabli, permettra de rendre cohérentes les sanctions en cas de non-respect des dispositifs de lutte contre la concurrence déloyale dans les eaux nationales et dans les eaux internationales.

Photo de Pierre Laurent

La parole est à M. Michel Canévet, pour présenter l'amendement n° 33.

Photo de Bernard Buis

L'article 1er ter permet d'instaurer des sanctions administratives en cas de manquement aux dispositions relatives aux conditions de travail des salariés, comme la durée de travail, le paiement des heures supplémentaires, la protection sociale, la déclaration des accidents survenus à bord ou l'obligation de désigner des personnels pour aider les passagers en situation d'urgence.

Cet article, s'il est rétabli, permettra de rendre cohérentes les sanctions en cas de non-respect des dispositifs de lutte contre la concurrence déloyale dans les eaux nationales et dans les eaux internationales.

Photo de Pierre Laurent

La parole est à M. Michel Canévet, pour présenter l'amendement n° 33.

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Procaccia

La commission avait décidé de supprimer l'article 1er ter de ce texte ; elle a donc donné un avis défavorable sur ces amendements de rétablissement.

Cependant, une lecture plus attentive de ces amendements montre qu'ils sont légèrement différents de la rédaction adoptée initialement par l'Assemblée nationale. Cette rédaction est nettement meilleure. C'est pourquoi, à titre personnel, je m'en remets à la sagesse du Sénat.

Photo de Catherine Procaccia

La commission avait décidé de supprimer l'article 1er ter de ce texte ; elle a donc donné un avis défavorable sur ces amendements de rétablissement.

Cependant, une lecture plus attentive de ces amendements montre qu'ils sont légèrement différents de la rédaction adoptée initialement par l'Assemblée nationale. Cette rédaction est nettement meilleure. C'est pourquoi, à titre personnel, je m'en remets à la sagesse du Sénat.

Debut de section - Permalien
Hervé Berville, secrétaire d'État

Favorable, monsieur le président.

Je tiens d'ailleurs à remercier leurs auteurs d'avoir déposé ces amendements ; ils sont importants, parce que renforcer le régime des sanctions administratives permet d'accroître le côté dissuasif de notre dispositif.

C'est pourquoi je veux aussi remercier la rapporteure de s'en remettre finalement à la sagesse du Sénat. Ce type de sanctions permet de combattre le dumping social de la manière la plus efficace possible.

Il reste bien sûr la question des moyens et je prends l'engagement de revenir devant vous pour en discuter, en particulier dans le cadre des débats budgétaires.

En tout cas, de nombreux acteurs du secteur maritime – marins, représentants syndicaux ou patronaux, etc. – nous regardent et il est important de leur montrer que nous saisissons les occasions législatives qui se présentent à nous pour avancer.

Cette disposition nous permettra de préserver notre modèle social et de lutter contre le dumping. Je veux donc de nouveau remercier la commission de faire une exception à sa jurisprudence tendant à s'opposer au rétablissement d'une disposition qu'elle avait préalablement supprimée.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

La parole est à Mme Mélanie Vogel, pour explication de vote.

Hervé Berville, secrétaire d'État

Favorable, monsieur le président.

Je tiens d'ailleurs à remercier leurs auteurs d'avoir déposé ces amendements ; ils sont importants, parce que renforcer le régime des sanctions administratives permet d'accroître le côté dissuasif de notre dispositif.

C'est pourquoi je veux aussi remercier la rapporteure de s'en remettre finalement à la sagesse du Sénat. Ce type de sanctions permet de combattre le dumping social de la manière la plus efficace possible.

Il reste bien sûr la question des moyens et je prends l'engagement de revenir devant vous pour en discuter, en particulier dans le cadre des débats budgétaires.

En tout cas, de nombreux acteurs du secteur maritime – marins, représentants syndicaux ou patronaux, etc. – nous regardent et il est important de leur montrer que nous saisissons les occasions législatives qui se présentent à nous pour avancer.

Cette disposition nous permettra de préserver notre modèle social et de lutter contre le dumping. Je veux donc de nouveau remercier la commission de faire une exception à sa jurisprudence tendant à s'opposer au rétablissement d'une disposition qu'elle avait préalablement supprimée.

Debut de section - PermalienPhoto de Mélanie Vogel

Nous aurions bien sûr aimé que l'article 1er bis connaisse le même sort que l'article 1er ter et qu'il soit lui aussi rétabli.

Pour autant, je veux remercier, d'une part, les auteurs de ces amendements d'avoir retravaillé la rédaction du dispositif, d'autre part, la rapporteure de ne pas s'opposer à leur adoption.

Il se trouve, paradoxalement, que les sanctions administratives peuvent être un outil encore plus efficace dans ce type de situation pour lutter contre le dumping social. En effet, elles peuvent s'appliquer plus rapidement et elles ont une force dissuasive indéniable.

L'adoption de ces amendements rendra le texte plus efficace et plus équilibré et je me réjouis que la commission ait fait évoluer sa position.

Photo de Pierre Laurent

La parole est à M. Jean-Luc Fichet, pour explication de vote.

Photo de Mélanie Vogel

Nous aurions bien sûr aimé que l'article 1er bis connaisse le même sort que l'article 1er ter et qu'il soit lui aussi rétabli.

Pour autant, je veux remercier, d'une part, les auteurs de ces amendements d'avoir retravaillé la rédaction du dispositif, d'autre part, la rapporteure de ne pas s'opposer à leur adoption.

Il se trouve, paradoxalement, que les sanctions administratives peuvent être un outil encore plus efficace dans ce type de situation pour lutter contre le dumping social. En effet, elles peuvent s'appliquer plus rapidement et elles ont une force dissuasive indéniable.

L'adoption de ces amendements rendra le texte plus efficace et plus équilibré et je me réjouis que la commission ait fait évoluer sa position.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Luc Fichet

Nous voterons ces amendements.

Jusqu'ici, nous nous sommes abstenus sur les amendements : nous ne les contestions pas sur le fond, ils étaient même intéressants, mais nous sommes soucieux de la compatibilité de ce texte avec le droit international et européen – c'est aussi le souci de Mme la rapporteure d'ailleurs.

Ce texte s'inscrit dans le cadre d'une loi de police et nous ne devons pas complexifier les choses, parce qu'il est très important, dans le contexte d'urgence que chacun connaît, de voter cette proposition de loi rapidement et que ses dispositions s'appliquent dans les meilleurs délais.

Nous sommes donc favorables à tout ce qui améliore le texte sans pour autant faire porter de risque sur son application dans l'ensemble du champ maritime, y compris en ce qui concerne les éoliennes.

Photo de Pierre Laurent

La parole est à M. Jean-Luc Fichet, pour explication de vote.

Photo de Pierre Laurent

L’amendement n° 8, présenté par Mmes Vogel et Poncet Monge, MM. Benarroche, Breuiller et Dantec, Mme de Marco et MM. Dossus, Fernique, Gontard, Labbé, Parigi et Salmon, est ainsi libellé :

Alinéa 17

1° Remplacer les mots :

ainsi que les langues dans lesquelles ces documents doivent être disponibles sont fixées

par les mots :

est fixée

2° Compléter cet alinéa par une phrase ainsi rédigée :

Les documents que l’employeur a l’obligation de mettre à disposition sont établis dans plusieurs langues comprenant notamment le français et l’anglais. Le non-respect de cette obligation est puni d’une sanction dont les modalités sont définies par décret.

La parole est à Mme Mélanie Vogel.

Photo de Jean-Luc Fichet

Nous voterons ces amendements.

Jusqu'ici, nous nous sommes abstenus sur les amendements : nous ne les contestions pas sur le fond, ils étaient même intéressants, mais nous sommes soucieux de la compatibilité de ce texte avec le droit international et européen – c'est aussi le souci de Mme la rapporteure d'ailleurs.

Ce texte s'inscrit dans le cadre d'une loi de police et nous ne devons pas complexifier les choses, parce qu'il est très important, dans le contexte d'urgence que chacun connaît, de voter cette proposition de loi rapidement et que ses dispositions s'appliquent dans les meilleurs délais.

Nous sommes donc favorables à tout ce qui améliore le texte sans pour autant faire porter de risque sur son application dans l'ensemble du champ maritime, y compris en ce qui concerne les éoliennes.

Les amendements sont adoptés.

Photo de Mélanie Vogel

Cet amendement vise à prévoir que les documents obligatoires tenus à la disposition de l’équipage des navires doivent être rédigés au moins en français et en anglais. Si ces documents sont incompréhensibles par les personnes qui travaillent sur les navires parce qu’ils ne sont pas rédigés dans une langue qu’ils comprennent, cela pose problème. Nous souhaitons donc un engagement du Gouvernement sur ce point.

Nous avons beaucoup parlé des 786 salariés en CDI qui ont été licenciés en quatre minutes par visioconférence. On a peu dit que la majorité des personnes qui les ont remplacés venaient majoritairement de pays comme la Colombie, par exemple. Comment comprendraient-elles des documents rédigés en français ?

Il s’agit donc surtout d’un amendement d’appel visant à inciter le Gouvernement à rendre obligatoire la fourniture de documents dans des langues compréhensibles par les personnes qui travaillent sur les navires. Pour pouvoir exercer leurs droits sociaux, ces personnes doivent pouvoir comprendre ces documents, qui sont souvent complexes, et les dispositions légales qui les concernent.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

En conséquence, l'article 1 ter est rétabli dans cette rédaction.

Photo de Catherine Procaccia

Mme Vogel a clairement expliqué l’objet de son amendement. Beaucoup de mesures font l’objet de décrets, ce qui n’est pas toujours confortable pour le législateur – vous le savez bien, monsieur le secrétaire d’État, puisque vous avez été député.

Pour autant, il nous semble difficile de prévoir par décret que les documents concernés doivent être rédigés au minimum dans deux langues. En outre, le mot « notamment » a toujours été proscrit au Sénat, car il est insuffisamment précis. Enfin, il n’est pas possible de renvoyer à un décret la définition d’un régime de sanctions. C’est pourquoi la commission a émis un avis défavorable sur cet amendement.

Photo de Pierre Laurent

En conséquence, l'article 1 ter est rétabli dans cette rédaction.

Adopté.

Hervé Berville

Je comprends parfaitement l’intention des auteurs de cet amendement, sur lequel le Gouvernement émet toutefois un avis défavorable.

Cependant, je prends l’engagement de faire en sorte que ces documents soient compréhensibles par toutes les personnes présentes sur le bateau, lesquelles sont parfois, en effet, de nationalités différentes, et de porter une attention particulière au français et à l’anglais dans le cadre du transport transmanche. C’est une question de sécurité.

Photo de Pierre Laurent

Madame Vogel, l’amendement n° 8 est-il maintenu ?

Photo de Mélanie Vogel

Non, je le retire, monsieur le président.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 23 rectifié, présenté par Mmes Apourceau-Poly, Cohen, Brulin et Gréaume, M. Lahellec et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste, est ainsi libellé :

Rétablir cet article dans la rédaction suivante :

Dans un délai de six mois à compter de la promulgation de la présente loi, le Gouvernement remet au Parlement un rapport sur l'état des pratiques relatives au « dumping social » sur les lignes régulières de ferries au sein de l'espace communautaire européen.

La parole est à Mme Cathy Apourceau-Poly.

Photo de Pierre Laurent

L’amendement n° 8 est retiré.

L’amendement n° 9, présenté par Mmes Vogel et Poncet Monge, MM. Benarroche, Breuiller et Dantec, Mme de Marco et MM. Dossus, Fernique, Gontard, Labbé, Parigi et Salmon, est ainsi libellé :

Après les alinéas 23 et 26

Insérer un alinéa ainsi rédigé :

« Le fait de porter atteinte à l’exercice régulier des fonctions et missions des agents chargés des contrôles est puni d’un emprisonnement de six mois et d’une amende de 3 750 euros.

La parole est à Mme Mélanie Vogel.

Debut de section - Permalien
Mme

J'espère que cet amendement aura la même chance que les précédents… Certes, il s'agit de rétablir une demande de rapport et la commission des affaires sociales a suivi sa jurisprudence constante en supprimant cet article, mais j'espère vous convaincre qu'il est important de le rétablir.

Il a été adopté par l'Assemblée nationale sur l'initiative de Sébastien Jumel et il avait pour objet de demander au Gouvernement de remettre au Parlement, dans un délai de six mois à compter de la promulgation de ce texte, un rapport sur l'état des pratiques relatives au dumping social sur les lignes régulières de ferries au sein de l'espace communautaire européen.

Il existe aujourd'hui une très grande opacité quant aux conditions sociales d'exploitation des lignes régulières au sein de l'espace communautaire, ce qui favorise la multiplication des pratiques sociales défavorables.

Ce rapport permettrait d'éclairer le Parlement sur les enjeux d'un tel phénomène afin de pouvoir prendre à l'avenir des dispositions législatives sur ces pratiques et protéger ainsi notre économie maritime, en œuvrant à l'harmonisation sociale sur les lignes maritimes intracommunautaires.

Photo de Mélanie Vogel

Cet amendement vise à punir le fait de faire obstacle aux contrôles visant à s’assurer que le salaire minimum horaire et la durée de repos sont bien respectés.

La situation est un peu particulière : actuellement, si un armateur fait obstacle à des opérations de contrôles menées pour vérifier que les personnes sont bien payées au salaire minimum et que le temps de repos est bien respecté, aucune sanction n’est prévue. En revanche, s’il ne s’y oppose pas et si le contrôle révèle des irrégularités, il s’expose à des sanctions. C’est absurde…

Nous souhaitons donc que des sanctions dissuasives soient prévues en cas d’opposition active aux opérations de contrôle sur le respect des dispositions prévues dans cette proposition de loi, comme le salaire minimum et la durée de repos. Il s’agit de garantir que la mise en œuvre des dispositions que nous votons puisse être contrôlée convenablement.

Photo de Pierre Laurent

L'amendement n° 23 rectifié, présenté par Mmes Apourceau-Poly, Cohen, Brulin et Gréaume, M. Lahellec et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste, est ainsi libellé :

Rétablir cet article dans la rédaction suivante :

Dans un délai de six mois à compter de la promulgation de la présente loi, le Gouvernement remet au Parlement un rapport sur l'état des pratiques relatives au « dumping social » sur les lignes régulières de ferries au sein de l'espace communautaire européen.

La parole est à Mme Cathy Apourceau-Poly.

Photo de Pierre Laurent

Le sous-amendement n° 35, présenté par le Gouvernement, est ainsi libellé :

Amendement n° 9, alinéa 3

1° Après le mot :

contrôles

insérer les mots :

mentionnés à l’article L. 5595-1

2° Remplacer les mots :

de six mois

par les mots :

d’un an

et le nombre :

par le nombre :

La parole est à M. le secrétaire d’État pour présenter le sous-amendement n° 35 et donner l’avis du Gouvernement sur l’amendement n° 9.

Mme

J'espère que cet amendement aura la même chance que les précédents… Certes, il s'agit de rétablir une demande de rapport et la commission des affaires sociales a suivi sa jurisprudence constante en supprimant cet article, mais j'espère vous convaincre qu'il est important de le rétablir.

Il a été adopté par l'Assemblée nationale sur l'initiative de Sébastien Jumel et il avait pour objet de demander au Gouvernement de remettre au Parlement, dans un délai de six mois à compter de la promulgation de ce texte, un rapport sur l'état des pratiques relatives au dumping social sur les lignes régulières de ferries au sein de l'espace communautaire européen.

Il existe aujourd'hui une très grande opacité quant aux conditions sociales d'exploitation des lignes régulières au sein de l'espace communautaire, ce qui favorise la multiplication des pratiques sociales défavorables.

Ce rapport permettrait d'éclairer le Parlement sur les enjeux d'un tel phénomène afin de pouvoir prendre à l'avenir des dispositions législatives sur ces pratiques et protéger ainsi notre économie maritime, en œuvrant à l'harmonisation sociale sur les lignes maritimes intracommunautaires.

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Procaccia

Vous l'avez dit, la commission rend de manière générale des avis défavorables sur les demandes de rapport, et cela pour plusieurs raisons.

Tout d'abord, ils sont peu souvent remis au Parlement : beaucoup de demandes de rapport ne sont jamais suivies d'effets.

Ensuite, vous auriez pu choisir un délai plus long, ma chère collègue, parce que six mois pour un tel rapport, c'est extrêmement court.

Enfin, je veux vous faire part d'une anecdote : en tant que rapporteur du projet de loi sur le dialogue social et la continuité du service public dans les transports terrestres réguliers de voyageurs, j'ai fait inscrire dans la loi une demande de rapport sur l'opportunité d'étendre le dispositif du service minimum aux autres modes de transport public de voyageurs, en particulier dans l'aérien et le maritime. C'était en 2007 ; vous connaissez ma ténacité : eh bien, je n'ai eu ce rapport qu'en 2012 !

Hervé Berville

Le Gouvernement émet un avis favorable sur l’amendement n° 9, sous réserve de l’adoption de son sous-amendement n° 35.

Vous avez raison, nous devons être en mesure de contrôler le respect des dispositions que nous adoptons. Il existe d’ores et déjà un délit d’entrave aux missions des agents de contrôle de l’inspection du travail. En outre, le quantum de la peine pour ce même délit est plus élevé dans le code du travail. Les agents de contrôle des affaires maritimes, eux, ne sont pas protégés par ce délit d’entrave. Notre sous-amendement vise donc à apporter des précisions qui permettront de renforcer nos capacités de contrôle.

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Procaccia

Vous l'avez dit, la commission rend de manière générale des avis défavorables sur les demandes de rapport, et cela pour plusieurs raisons.

Tout d'abord, ils sont peu souvent remis au Parlement : beaucoup de demandes de rapport ne sont jamais suivies d'effets.

Ensuite, vous auriez pu choisir un délai plus long, ma chère collègue, parce que six mois pour un tel rapport, c'est extrêmement court.

Enfin, je veux vous faire part d'une anecdote : en tant que rapporteur du projet de loi sur le dialogue social et la continuité du service public dans les transports terrestres réguliers de voyageurs, j'ai fait inscrire dans la loi une demande de rapport sur l'opportunité d'étendre le dispositif du service minimum aux autres modes de transport public de voyageurs, en particulier dans l'aérien et le maritime. C'était en 2007 ; vous connaissez ma ténacité : eh bien, je n'ai eu ce rapport qu'en 2012 !

Debut de section - Permalien
Hervé Berville, secrétaire d'État

Madame la sénatrice, je suis convaincu, sur le fond, de l'intérêt d'un tel rapport, mais pas sous cette forme.

Tout d'abord, le délai de six mois que vous fixez est très ambitieux.

Photo de Catherine Procaccia

Le code du travail prévoit déjà que le fait de faire obstacle à l’accomplissement des devoirs d’un inspecteur du travail est puni d’un an d’emprisonnement et de 37 500 euros d’amende.

Par ailleurs, le code des transports établit déjà des prérogatives pour le contrôle sur les navires : contrôle par l’État du port pour les navires étrangers, principe de libre accès à bord pour procéder à des visites et inspections en matière de sécurité.

En outre, la nature de l’infraction visée dans l’amendement nous paraît imprécise : « l’exercice régulier des fonctions et missions des agents chargés des contrôles » semble couvrir un champ d’action très large, qui irait au-delà de l’obstacle à un contrôle sur un navire visé à l’article 1er.

Enfin, je rappelle que la commission a considéré que les sanctions pénales déjà prévues étaient dissuasives. Il est risqué de les alourdir et d’ajouter des sanctions spécifiques au trafic transmanche.

Le sous-amendement du Gouvernement vise à restreindre le champ de cet amendement aux seuls agents des affaires maritimes. Pour autant, il ne lève aucune des difficultés que j’ai évoquées à l’instant. La commission émet donc un avis défavorable sur l’amendement n° 9 et sur le sous-amendement n° 35.

Hervé Berville, secrétaire d'État

Madame la sénatrice, je suis convaincu, sur le fond, de l'intérêt d'un tel rapport, mais pas sous cette forme.

Tout d'abord, le délai de six mois que vous fixez est très ambitieux.

Debut de section - Permalien
Hervé Berville, secrétaire d'État

Ensuite, nous avons déjà beaucoup travaillé sur la situation particulière du transmanche, tandis que le Conseil supérieur de la marine marchande a mis en place, de son côté, un groupe de travail sur la question plus générale du dumping social : il est présidé par Jean-Marc Roué et il réunit les différents acteurs du monde maritime. Je vous propose d'être associée aux travaux de ce groupe.

En tout cas, je souhaite que ce groupe de travail aboutisse à des propositions concrètes pour aller au-delà des dispositions de la présente proposition de loi, qui – je l'espère – sera mise en œuvre le plus rapidement possible.

C'est pourquoi je demande le retrait de cet amendement. À défaut, l'avis serait défavorable.

Hervé Berville, secrétaire d'État

Ensuite, nous avons déjà beaucoup travaillé sur la situation particulière du transmanche, tandis que le Conseil supérieur de la marine marchande a mis en place, de son côté, un groupe de travail sur la question plus générale du dumping social : il est présidé par Jean-Marc Roué et il réunit les différents acteurs du monde maritime. Je vous propose d'être associée aux travaux de ce groupe.

En tout cas, je souhaite que ce groupe de travail aboutisse à des propositions concrètes pour aller au-delà des dispositions de la présente proposition de loi, qui – je l'espère – sera mise en œuvre le plus rapidement possible.

C'est pourquoi je demande le retrait de cet amendement. À défaut, l'avis serait défavorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Cathy Apourceau-Poly

Je vous remercie de cette belle proposition, monsieur le secrétaire d'État. Nous acceptons bien évidemment de participer aux travaux de ce groupe et j'espère que vous associerez également mon collègue Sébastien Jumel qui est tout de même à l'origine de cette demande de rapport…

Par conséquent, je retire cet amendement.

Photo de Pierre Laurent

Madame Apourceau-Poly, l'amendement n° 23 rectifié est-il maintenu ?

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 23 rectifié est retiré.

En conséquence, l'article 3 demeure supprimé.

Photo de Pierre Laurent

L’amendement n° 27 rectifié, présenté par Mmes Apourceau-Poly, Cohen, Brulin et Gréaume, M. Lahellec et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste, est ainsi libellé :

Après l’alinéa 23

Insérer un alinéa ainsi rédigé :

« À la troisième infraction constatée, une interdiction d’accoster dans un port français est prononcée à l’encontre des navires appartenant à la compagnie maritime en infraction. Un décret pris en Conseil d’État précise la durée de l’interdiction.

La parole est à Mme Céline Brulin.

Photo de Cathy Apourceau-Poly

Je vous remercie de cette belle proposition, monsieur le secrétaire d'État. Nous acceptons bien évidemment de participer aux travaux de ce groupe et j'espère que vous associerez également mon collègue Sébastien Jumel qui est tout de même à l'origine de cette demande de rapport…

Par conséquent, je retire cet amendement.

Photo de Céline Brulin

Cet amendement vise à durcir les sanctions applicables en y ajoutant une interdiction d’accoster dans un port français dès la troisième infraction constatée. Il s’agit là d’une mesure adoptée à l’Assemblée nationale.

Le montant actuel de l’amende et la sanction pénale prévue sont insuffisants pour contraindre des entreprises se comportant comme des voyous. Il nous semble donc nécessaire de renforcer les sanctions en cas de récidive.

Nous avons bien entendu les arguments de Mme la rapporteure sur la fragilité juridique de la définition de la troisième infraction, mais l’absence d’équivalence en droit pénal s’explique par la spécificité du droit des transports maritimes.

Enfin, on peut discuter du caractère manifestement disproportionné de l’interdiction d’accoster, mais, à la suite des affaires de l’Amoco Cadiz et de l’Erika, il avait été établi que la sanction pour manquement à la réglementation devait être plus coûteuse que le respect de celle-ci.

Photo de Pierre Laurent

L'amendement n° 23 rectifié est retiré.

En conséquence, l'article 3 demeure supprimé.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 24 rectifié, présenté par Mmes Apourceau-Poly, Cohen, Brulin et Gréaume, M. Lahellec et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste, est ainsi libellé :

Rétablir cet article dans la rédaction suivante :

Dans un délai de six mois à compter de la promulgation de la présente loi, le Gouvernement remet au Parlement un rapport recensant les besoins humains et financiers des services en charge de l'inspection du travail maritime pour assurer leurs missions, notamment dans la lutte contre le phénomène de « dumping social ».

Le rapport précise également les pistes d'amélioration de la formation des agents en charge de l'inspection du travail maritime en matière de droit du travail maritime.

La parole est à Mme Céline Brulin.

Photo de Catherine Procaccia

Vous avez vous-même indiqué, chère collègue, les arguments qui justifient l’avis défavorable de la commission.

Cet amendement méconnaît les principes constitutionnels de l’individualisation des peines et de la légalité des délits et des peines. En outre, la disposition qu’il tend à introduire revêt un caractère manifestement disproportionné.

Nous souhaitons que cette proposition de loi puisse s’appliquer ; évitons donc de donner aux juridictions européennes le moindre motif d’empêcher sa mise en œuvre !

Debut de section - PermalienPhoto de Céline Brulin

Madame la rapporteure, nous allons continuer d'essayer de vous convaincre !

Vous avez vous-même expliqué que, avant même de créer de nouvelles sanctions, nous avions besoin de renforcer les moyens de contrôle si nous voulions déjà appliquer les sanctions existantes.

C'est précisément l'objet de cette demande de rapport. Tout le monde sait bien que les demandes de rapport servent en général à contourner l'article 40 de la Constitution : en l'espèce, il ne nous permet pas de proposer nous-mêmes d'augmenter ces moyens de contrôle afin de faire respecter le droit du travail et de lutter contre le dumping social.

Monsieur le secrétaire d'État, vous nous avez donné rendez-vous au prochain débat budgétaire pour précisément avancer dans cette voie et je ne doute pas de votre engagement.

Travailler sur le rapport que nous vous proposons vous donnerait des arguments pour exiger que ces moyens de contrôle soient renforcés. Face à Bercy, on n'a jamais trop d'arguments et on n'est jamais trop rassemblés pour faire front !

Nous avons déjà vu des évolutions dans l'examen de ce texte, puisque l'article 1er ter a été rétabli grâce à la force de conviction du Sénat, certes après conciliabules et négociations… Je ne doute pas que cet amendement connaîtra le même développement et que nous pourrons l'adopter ensemble pour montrer qu'il y a un réel besoin de renforcer les contrôles. Faisons pression collectivement pour obtenir ces moyens supplémentaires !

Photo de Pierre Laurent

L'amendement n° 24 rectifié, présenté par Mmes Apourceau-Poly, Cohen, Brulin et Gréaume, M. Lahellec et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste, est ainsi libellé :

Rétablir cet article dans la rédaction suivante :

Dans un délai de six mois à compter de la promulgation de la présente loi, le Gouvernement remet au Parlement un rapport recensant les besoins humains et financiers des services en charge de l'inspection du travail maritime pour assurer leurs missions, notamment dans la lutte contre le phénomène de « dumping social ».

Le rapport précise également les pistes d'amélioration de la formation des agents en charge de l'inspection du travail maritime en matière de droit du travail maritime.

La parole est à Mme Céline Brulin.

Hervé Berville

Même avis, pour les mêmes raisons.

Photo de Céline Brulin

Madame la rapporteure, nous allons continuer d'essayer de vous convaincre !

Vous avez vous-même expliqué que, avant même de créer de nouvelles sanctions, nous avions besoin de renforcer les moyens de contrôle si nous voulions déjà appliquer les sanctions existantes.

C'est précisément l'objet de cette demande de rapport. Tout le monde sait bien que les demandes de rapport servent en général à contourner l'article 40 de la Constitution : en l'espèce, il ne nous permet pas de proposer nous-mêmes d'augmenter ces moyens de contrôle afin de faire respecter le droit du travail et de lutter contre le dumping social.

Monsieur le secrétaire d'État, vous nous avez donné rendez-vous au prochain débat budgétaire pour précisément avancer dans cette voie et je ne doute pas de votre engagement.

Travailler sur le rapport que nous vous proposons vous donnerait des arguments pour exiger que ces moyens de contrôle soient renforcés. Face à Bercy, on n'a jamais trop d'arguments et on n'est jamais trop rassemblés pour faire front !

Nous avons déjà vu des évolutions dans l'examen de ce texte, puisque l'article 1er ter a été rétabli grâce à la force de conviction du Sénat, certes après conciliabules et négociations… Je ne doute pas que cet amendement connaîtra le même développement et que nous pourrons l'adopter ensemble pour montrer qu'il y a un réel besoin de renforcer les contrôles. Faisons pression collectivement pour obtenir ces moyens supplémentaires !

Hervé Berville, secrétaire d'État

Défavorable.

Photo de Pierre Laurent

L’amendement n° 10, présenté par Mmes M. Vogel et Poncet Monge, MM. Benarroche, Breuiller et Dantec, Mme de Marco et MM. Dossus, Fernique, Gontard, Labbé, Parigi et Salmon, est ainsi libellé :

Alinéas 29 à 31

Remplacer ces alinéas par un alinéa ainsi rédigé :

« Art. L. 5595 -1. – Les infractions au présent titre sont constatées par les officiers et les fonctionnaires affectés dans les services exerçant les missions de contrôle de l’application de la législation du travail dans le domaine du transport maritime, conformément aux articles L. 5548-1 à L. 5548-5.

La parole est à Mme Mélanie Vogel.

Photo de Mélanie Vogel

Cet amendement vise à prévoir que seule l’inspection du travail est autorisée à constater les infractions aux règles relatives au salaire minimum et aux temps de repos, qui sont, par définition, de son ressort.

Tel qu’il est actuellement rédigé, le texte prévoit que le respect des dispositions minimales qu’il fixe sera contrôlé par des personnes qui n’y sont pas spécifiquement formées : il accorde ce droit aux officiers ou fonctionnaires affectés dans les services exerçant des missions de contrôle dans le domaine des affaires maritimes, aux administrateurs et administratrices des affaires maritimes, à la déléguée à la mer et au littoral et aux agents publics commissionnés à cet effet et assermentés. Certes, ces personnes sont formées et expérimentées, mais pas forcément dans le domaine du droit du travail.

Il nous paraît primordial de confier ces contrôles aux personnes qui sont formées en la matière. En particulier, il faut savoir comment s’effectue un contrôle, quelles questions poser, quelles sont les stratégies habituelles des employeurs pour masquer telle ou telle disposition du contrat de travail…

Il nous semble plus logique de confier ce contrôle aux agents de l’inspection du travail, dès lors qu’il s’agit d’encadrer les conditions de travail des employés à bord des ferries.

Hervé Berville, secrétaire d'État

Défavorable.

L'amendement n'est pas adopté.

Photo de Catherine Procaccia

Vos objectifs sont clairs, madame Vogel, mais vous savez bien que les effectifs affectés aux contrôles sont faibles. En outre, ces contrôles sont très complexes à effectuer, les personnels ayant des contrats de travail de droit étranger et les règles d’embarquement pouvant différer selon les navires.

Dès lors, il nous paraît utile de mobiliser l’expertise de plusieurs corps de contrôle pour constater les infractions. Les inspecteurs du travail et des affaires maritimes seront d’autant plus mobilisés pour effectuer des contrôles.

De ce point de vue, l’amendement est donc satisfait.

Il pourra être utile que d’autres agents concourent aux contrôles. L’important, en effet, est que des contrôles aient effectivement lieu : il est inutile de les prescrire dans un texte et de multiplier les sanctions si l’on ne dispose pas des personnes pour les réaliser. Plus les personnels affectés aux contrôles seront nombreux, mieux cela vaudra !

Avis défavorable.

Photo de Pierre Laurent

En conséquence, l'article 4 demeure supprimé.

Photo de Pierre Laurent

Je suis saisi de trois amendements faisant l'objet d'une discussion commune.

Les deux premiers sont identiques.

L'amendement n° 12 est présenté par MM. Hassani, Iacovelli, Lévrier, Patriat et les membres du groupe Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants.

L'amendement n° 34 est présenté par M. Canévet.

Ces deux amendements sont ainsi libellés :

Supprimer les mots :

sur le transmanche

La parole est à M. Bernard Buis, pour présenter l'amendement n° 12.

Hervé Berville

L’augmentation du trafic maritime rend nécessaire de renforcer les contrôles. Pour cela, nous devons mobiliser toutes les forces en présence.

À la suite de l’appel de Saint-Malo, le Gouvernement a annoncé la mise en place d’une véritable task force pour contrôler les navires. Mieux vaut, donc, élargir le corps des personnes qui sont habilitées à effectuer des contrôles que de le restreindre. C’est ce que nous faisons, en formant au droit maritime toutes les personnes qui connaissent le droit du travail.

Ainsi, nous lutterons mieux contre le dumping social. Le Gouvernement émet donc un avis défavorable sur cet amendement.

Debut de section - Permalien
Hervé Berville

L’augmentation du trafic maritime rend nécessaire le renforcement des contrôles. Pour cela, nous devons mobiliser toutes les forces en présence.

À la suite de l’appel de Saint-Malo, le Gouvernement a annoncé la mise en place d’une véritable task force pour contrôler les navires. Mieux vaut, donc, élargir le corps des personnes qui sont habilitées à effectuer des contrôles que de le restreindre. C’est ce que nous faisons, en formant au droit maritime toutes les personnes qui connaissent le droit du travail.

Ainsi, nous lutterons mieux contre le dumping social. Le Gouvernement émet donc un avis défavorable sur cet amendement.

Debut de section - PermalienPhoto de Bernard Buis

Pour être en cohérence avec l'adoption de notre amendement n° 31, nous vous proposons de changer l'intitulé de la proposition pour clarifier le fait que la lutte contre le dumping social ne concerne pas que le transmanche.

Photo de Pierre Laurent

Je suis saisi de trois amendements faisant l'objet d'une discussion commune.

Les deux premiers sont identiques.

L'amendement n° 12 est présenté par MM. Hassani, Iacovelli, Lévrier, Patriat et les membres du groupe Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants.

L'amendement n° 34 est présenté par M. Canévet.

Ces deux amendements sont ainsi libellés :

Supprimer les mots :

sur le transmanche

La parole est à M. Bernard Buis, pour présenter l'amendement n° 12.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

La parole est à M. Michel Canévet, pour présenter l'amendement n° 34.

Photo de Bernard Buis

Pour être en cohérence avec l'adoption de notre amendement n° 31, nous vous proposons de changer l'intitulé de la proposition pour clarifier le fait que la lutte contre le dumping social ne concerne pas que le transmanche.

Debut de section - PermalienPhoto de Michel Canevet

Inscrire dans l'intitulé de ce texte qu'il vise à lutter contre le dumping social, sans restriction au seul transmanche, correspond mieux aux travaux du Sénat.

Photo de Pierre Laurent

L’amendement n° 6, présenté par Mmes M. Vogel et Poncet Monge, MM. Benarroche, Breuiller et Dantec, Mme de Marco et MM. Dossus, Fernique, Gontard, Labbé, Parigi et Salmon, est ainsi libellé :

Alinéa 38

Compléter cet alinéa par une phrase ainsi rédigée :

Lorsqu’une amende est prononcée en application du 1° de l’article L. 5596-1, l’autorité administrative informe par tout moyen les organisations syndicales représentatives de la marine marchande et du personnel portuaire.

La parole est à Mme Mélanie Vogel.

Photo de Pierre Laurent

La parole est à M. Michel Canévet, pour présenter l'amendement n° 34.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 11, présenté par Mmes M. Vogel et Poncet Monge, MM. Benarroche, Breuiller et Dantec, Mme de Marco et MM. Dossus, Fernique, Gontard, Labbé, Parigi et Salmon, est ainsi libellé :

Remplacer les mots :

sur le transmanche

par les mots :

du personnel des ferries internationaux

La parole est à Mme Mélanie Vogel.

Photo de Mélanie Vogel

Cet amendement vise à prévoir que, lorsqu’une amende est prononcée en application de l’article 1er, l’autorité administrative en informe par tout moyen les organisations syndicales représentatives de la marine marchande et du personnel portuaire.

On m’a objecté en commission que la liste des organisations syndicales représentatives variait selon les pays. L’amendement est clair, toutefois : il s’agit des organisations syndicales représentatives de la marine marchande et du personnel portuaire.

Ainsi, les syndicats auront connaissance d’éventuels comportements systémiques frauduleux de la part de certains employeurs. D’autres organisations sont automatiquement informées. Il s’agit d’informer aussi les syndicats.

Photo de Michel Canevet

Inscrire dans l'intitulé de ce texte qu'il vise à lutter contre le dumping social, sans restriction au seul transmanche, correspond mieux aux travaux du Sénat.

Debut de section - PermalienPhoto de Mélanie Vogel

Cet amendement va dans le même sens que les deux précédents ; il vise au fond à mettre en cohérence l'intitulé de la proposition de loi avec ce que nous avons voté, c'est-à-dire des dispositions qui ne s'appliquent pas qu'aux seules liaisons transmanche. Si nous ne changeons pas l'intitulé du texte, il risque d'y avoir une incohérence, au moins dans la forme.

Photo de Pierre Laurent

L'amendement n° 11, présenté par Mmes M. Vogel et Poncet Monge, MM. Benarroche, Breuiller et Dantec, Mme de Marco et MM. Dossus, Fernique, Gontard, Labbé, Parigi et Salmon, est ainsi libellé :

Remplacer les mots :

sur le transmanche

par les mots :

du personnel des ferries internationaux

La parole est à Mme Mélanie Vogel.

Photo de Catherine Procaccia

La position de la commission n’a pas varié, madame Vogel, et celle-ci émet un avis défavorable sur cet amendement.

Pour un navire qui bat pavillon chypriote, à quelles organisations syndicales s’adresser ? Sans compter que les marins à bord peuvent être roumains, ou autre… Puis, en quelle langue diffuser l’information sur la sanction ? Cela semble très compliqué.

Cette disposition pourrait s’appliquer aux navires battant pavillon français et aux organisations syndicales françaises, mais non à tous les bateaux.

Photo de Mélanie Vogel

Cet amendement va dans le même sens que les deux précédents ; il vise au fond à mettre en cohérence l'intitulé de la proposition de loi avec ce que nous avons voté, c'est-à-dire des dispositions qui ne s'appliquent pas qu'aux seules liaisons transmanche. Si nous ne changeons pas l'intitulé du texte, il risque d'y avoir une incohérence, au moins dans la forme.

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Procaccia

Comme vous le savez, la commission a déjà modifié l'intitulé de ce texte pour y inclure les questions relatives à la sécurité maritime. En outre, l'article 1er s'applique bien aux liaisons transmanche.

La commission souhaite donc conserver l'intitulé suivant : proposition de loi visant à lutter contre le dumping social sur le transmanche et à renforcer la sécurité du transport maritime.

L'avis est donc défavorable.

Hervé Berville

Il est essentiel, dans le moment que nous vivons, de dénoncer publiquement ceux qui sont en infraction et se livrent à ce type de pratiques.

C’est la raison pour laquelle mon ministère va signer une convention avec le ministère du travail afin de communiquer au Conseil supérieur de la marine marchande, où siègent des organisations syndicales, le bilan des contrôles effectués.

Avec cette convention, nous répondons aux objections très claires et très pertinentes de Mme la rapporteure, mais aussi à la nécessité d’informer et de communiquer le bilan des contrôles. Cela permet enfin de montrer que nous sommes sur le terrain, que nous agissons et que nous effectuons des contrôles.

Le Gouvernement émet donc un avis défavorable sur cet amendement.

Photo de Catherine Procaccia

Comme vous le savez, la commission a déjà modifié l'intitulé de ce texte pour y inclure les questions relatives à la sécurité maritime. En outre, l'article 1er s'applique bien aux liaisons transmanche.

La commission souhaite donc conserver l'intitulé suivant : proposition de loi visant à lutter contre le dumping social sur le transmanche et à renforcer la sécurité du transport maritime.

L'avis est donc défavorable.

Debut de section - Permalien
Hervé Berville, secrétaire d'État

On voit bien la complexité du sujet !

Le texte a évolué par rapport à la rédaction adoptée à l'Assemblée nationale.

En outre, le Gouvernement a retiré son amendement à l'article 1er qui tendait à préciser que cet article était circonscrit aux liaisons transmanche. En effet, nous pensons que cette précision aura davantage sa place dans le décret d'application – le dispositif sera ainsi plus opérationnel et plus rapide à mettre en œuvre.

Je demande donc le retrait de ces amendements. À défaut, j'y serai défavorable.

L'intitulé actuel répond d'ailleurs aux interrogations de M. Bacchi et du groupe CRCE sur le fait que cette proposition de loi a pour objet de lutter contre le dumping social sur les liaisons transmanche et de renforcer, pour toutes nos façades maritimes, la sécurité du transport maritime et la protection de notre modèle social – c'est l'ajout réalisé sur l'initiative de Mme la rapporteure.

Avec cet intitulé, il est clair que nous traitons les deux aspects : le dumping social sur le transmanche et la sécurité maritime sur toutes nos façades maritimes, ce qui favorisera notamment le développement de l'éolien en mer.

En tout cas, ce débat montre bien que le cheminement parlementaire est important et que nous devons pouvoir adapter les choses jusqu'au bout en cas de besoin.

Hervé Berville, secrétaire d'État

On voit bien la complexité du sujet !

Le texte a évolué par rapport à la rédaction adoptée à l'Assemblée nationale.

En outre, le Gouvernement a retiré son amendement à l'article 1er qui tendait à préciser que cet article était circonscrit aux liaisons transmanche. En effet, nous pensons que cette précision aura davantage sa place dans le décret d'application – le dispositif sera ainsi plus opérationnel et plus rapide à mettre en œuvre.

Je demande donc le retrait de ces amendements. À défaut, j'y serai défavorable.

L'intitulé actuel répond d'ailleurs aux interrogations de M. Bacchi et du groupe CRCE sur le fait que cette proposition de loi a pour objet de lutter contre le dumping social sur les liaisons transmanche et de renforcer, pour toutes nos façades maritimes, la sécurité du transport maritime et la protection de notre modèle social – c'est l'ajout réalisé sur l'initiative de Mme la rapporteure.

Avec cet intitulé, il est clair que nous traitons les deux aspects : le dumping social sur le transmanche et la sécurité maritime sur toutes nos façades maritimes, ce qui favorisera notamment le développement de l'éolien en mer.

En tout cas, ce débat montre bien que le cheminement parlementaire est important et que nous devons pouvoir adapter les choses jusqu'au bout en cas de besoin.

Photo de Pierre Laurent

L’amendement n° 4, présenté par le Gouvernement, est ainsi libellé :

Alinéa 43

Après le mot :

écrit

insérer les mots :

l’employeur ou

La parole est à M. le secrétaire d’État.

Photo de Pierre Laurent

Monsieur Buis, l'amendement n° 12 est-il maintenu ?

Hervé Berville

Il s’agit d’un amendement rédactionnel.

Photo de Pierre Laurent

Avant de mettre aux voix l'ensemble de la proposition de loi, je donne la parole à M. Jacques Fernique, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Jacques Fernique

Avant de voter, je tiens à saluer le dépôt de ce texte qui vise à lutter contre le dumping social – il va dans le bon sens.

Je regrette toutefois que le travail parlementaire ait été quelque peu limité : il aurait sans doute été plus pertinent que le Gouvernement dépose un projet de loi pour qu'une étude d'impact et un avis du Conseil d'État éclairent nos délibérations.

Le groupe écologiste aurait aussi souhaité que l'ambition de ce texte soit plus élevée. Oui, l'application du Smic français aux équipages de toutes les compagnies maritimes, quel que soit le pavillon utilisé, est une bonne avancée.

En revanche, le texte n'apporte pas de progrès sur la question des sanctions pénales pour les entreprises qui ne respecteraient pas leurs obligations.

Nous aurions également voulu que le même niveau d'indemnités de congés soit assuré pour tous les salariés, que l'entreprise soit ou non établie en France.

Au-delà de la question du dumping social, nous devons aussi avancer sur le volet de la transition écologique, car les trajets en ferry sont extrêmement polluants.

Photo de Pierre Laurent

La parole est à M. Jérémy Bacchi, pour explication de vote sur l’article.

Photo de Pierre Laurent

Avant de mettre aux voix l'ensemble de la proposition de loi, je donne la parole à M. Jacques Fernique, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

La parole est à Mme Céline Brulin, pour explication de vote.

Photo de Jérémy Bacchi

C’est dommage.

À titre personnel, je ne voterai pas cet article. Nous aurions pu essayer de fluidifier les choses à moindres frais.

Photo de Jacques Fernique

Avant de voter, je tiens à saluer le dépôt de ce texte qui vise à lutter contre le dumping social – il va dans le bon sens.

Je regrette toutefois que le travail parlementaire ait été quelque peu limité : il aurait sans doute été plus pertinent que le Gouvernement dépose un projet de loi pour qu'une étude d'impact et un avis du Conseil d'État éclairent nos délibérations.

Le groupe écologiste aurait aussi souhaité que l'ambition de ce texte soit plus élevée. Oui, l'application du Smic français aux équipages de toutes les compagnies maritimes, quel que soit le pavillon utilisé, est une bonne avancée.

En revanche, le texte n'apporte pas de progrès sur la question des sanctions pénales pour les entreprises qui ne respecteraient pas leurs obligations.

Nous aurions également voulu que le même niveau d'indemnités de congés soit assuré pour tous les salariés, que l'entreprise soit ou non établie en France.

Au-delà de la question du dumping social, nous devons aussi avancer sur le volet de la transition écologique, car les trajets en ferry sont extrêmement polluants.

Debut de section - PermalienPhoto de Céline Brulin

Nous l'avons dit, le groupe CRCE va voter cette proposition de loi qui constitue un pas dans la lutte contre le dumping social sur le trafic transmanche.

Ce dumping n'est pas derrière nous ; au contraire, il redouble et un certain nombre de compagnies sont à l'offensive. Elles tirent encore plus vers le bas les conditions de travail de nos marins, ce qui risque, au-delà de l'impact sur les marins eux-mêmes, d'avoir des conséquences extrêmement douloureuses pour l'activité économique, en particulier dans des régions comme les Hauts-de-France, la Bretagne ou la Normandie.

En tant qu'élue du département de Seine-Maritime, je sais combien l'activité maritime a des conséquences positives sur de nombreux emplois. Cette proposition de loi sera aussi utile de ce point de vue.

Vous aurez aussi compris, à travers les amendements que nous avons défendus, que nous considérons – je crois que nous ne sommes pas les seuls – que cette proposition de loi ne va pas, à elle seule, épuiser l'ensemble du sujet. Il faut continuer de travailler pour faire avancer les choses, si nous voulons lutter efficacement contre le dumping social.

Pour conclure, monsieur le secrétaire d'État, je voudrais vous interroger sur le calendrier. Ce texte est censé entrer en vigueur de manière concomitante avec la loi qui a été adoptée par le Parlement britannique et qui devrait elle-même entrer en vigueur en janvier prochain. Serons-nous prêts ? Pourquoi ne pas avoir utilisé la procédure accélérée, pourtant souvent engagée, afin que ce texte soit opérant le plus rapidement possible ?

Photo de Pierre Laurent

La parole est à M. le secrétaire d’État.

Photo de Pierre Laurent

La parole est à M. Jean-Luc Fichet, pour explication de vote.

Hervé Berville

Monsieur le sénateur Bacchi, je vous remercie de votre engagement sur ce sujet.

Nous sommes très clairs sur notre objectif et sur ce que nous allons faire. En l’espace de six mois, nous sommes passés de l’absence d’action politique et d’acte législatif à une proposition de loi que nous avons portée et défendue, qui permet de lutter véritablement contre le dumping social.

Je m’étais engagé à exclure le transmanche du registre international français : le décret a été publié aujourd’hui. De même, je m’engage aujourd’hui à ce que les dispositifs prévus dans le texte soient circonscrits au transmanche.

Dans le décret d’application, nous pourrons aller encore plus loin et être beaucoup plus précis, mais vous savez très bien que l’on ne peut pas inscrire dans la loi certains éléments, au risque qu’ils soient retoqués ou qu’ils ne soient pas applicables, sachant en outre qu’il est urgent d’adopter le présent texte.

Pour les liaisons internationales entre les côtes méditerranéennes françaises et, notamment, le Maghreb, il n’y aura aucun changement, j’en prends l’engagement. Nous maintiendrons le premier registre, c’est-à-dire les standards qui ont toujours été portés par les marins, les syndicats et les organisations patronales.

Cette proposition de loi vise à mettre fin à une aberration sociale et économique : le développement de pratiques low cost dans le transmanche. Elle crée également des outils pour faire face au déploiement de l’éolien en mer et à de potentielles pratiques de concurrence déloyale.

J’ai tenu mes engagements sur le registre international français, je les tiens sur le transmanche, et je les tiendrai sur la Méditerranée.

Debut de section - Permalien
Hervé Berville

Monsieur le sénateur Bacchi, je vous remercie de votre engagement sur ce sujet.

Nous sommes très clairs sur notre objectif et sur ce que nous allons faire. En l’espace de six mois, nous sommes passés de l’absence d’action politique et d’acte législatif à une proposition de loi que nous avons portée et défendue, qui permet de lutter véritablement contre le dumping social.

Je m’étais engagé à exclure le transmanche du registre international français : le décret a été publié aujourd’hui. De même, je m’engage aujourd’hui à ce que les dispositifs prévus dans le texte soient circonscrits au transmanche.

Dans le décret d’application, nous pourrons aller encore plus loin et être beaucoup plus précis, mais vous savez très bien que l’on ne peut pas inscrire dans la loi certains éléments, au risque qu’ils soient censurés ou qu’ils ne soient pas applicables, sachant en outre qu’il est urgent d’adopter le présent texte.

Pour les liaisons internationales entre les côtes méditerranéennes françaises et, notamment, le Maghreb, il n’y aura aucun changement, j’en prends l’engagement. Nous maintiendrons le premier registre, c’est-à-dire les standards qui ont toujours été portés par les marins, les syndicats et les organisations patronales.

Cette proposition de loi vise à mettre fin à une aberration sociale et économique : le développement de pratiques low cost dans le transmanche. Elle crée également des outils pour faire face au déploiement de l’éolien en mer et à de potentielles pratiques de concurrence déloyale.

J’ai tenu mes engagements sur le registre international français, je les tiens sur le transmanche, et je les tiendrai sur la Méditerranée.

Photo de Céline Brulin

Nous l'avons dit, le groupe CRCE va voter cette proposition de loi qui constitue un pas dans la lutte contre le dumping social sur le trafic transmanche.

Ce dumping n'est pas derrière nous ; au contraire, il redouble et un certain nombre de compagnies sont à l'offensive. Elles tirent encore plus vers le bas les conditions de travail de nos marins, ce qui risque, au-delà de l'impact sur les marins eux-mêmes, d'avoir des conséquences extrêmement douloureuses pour l'activité économique, en particulier dans des régions comme les Hauts-de-France, la Bretagne ou la Normandie.

En tant qu'élue du département de Seine-Maritime, je sais combien l'activité maritime a des conséquences positives sur de nombreux emplois. Cette proposition de loi sera aussi utile de ce point de vue.

Vous aurez aussi compris, à travers les amendements que nous avons défendus, que nous considérons – je crois que nous ne sommes pas les seuls – que cette proposition de loi ne va pas, à elle seule, épuiser l'ensemble du sujet. Il faut continuer de travailler pour faire avancer les choses, si nous voulons lutter efficacement contre le dumping social.

Pour conclure, monsieur le secrétaire d'État, je voudrais vous interroger sur le calendrier. Ce texte est censé entrer en vigueur de manière concomitante avec la loi qui a été adoptée par le Parlement britannique et qui devrait elle-même entrer en vigueur en janvier prochain. Serons-nous prêts ? Pourquoi ne pas avoir utilisé la procédure accélérée, pourtant souvent engagée, afin que ce texte soit opérant le plus rapidement possible ?

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Luc Fichet

Je veux d'abord dire notre satisfaction de voir ce texte avancer de manière très positive. Il est très important, parce qu'il concerne des gens qui connaissent des conditions de travail souvent déplorables.

Et nous revenons de loin, cela a été rappelé !

Nous devons toutefois rester prudents, parce qu'il faut encore assurer la convergence avec la nouvelle législation britannique et avec le droit européen.

C'est d'ailleurs pour cette raison que le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain n'a pas soutenu une augmentation des sanctions ou des primes. Certes, il s'agissait d'améliorer les conditions de travail des marins, mais nous voulions que ce texte puisse s'appliquer en toute sécurité juridique et au 1er janvier 2024 – il y va de l'intérêt général et de celui des marins.

Nous sommes donc très heureux que cette proposition de loi puisse être adoptée, qui plus est à l'unanimité.

Photo de Pierre Laurent

Je mets aux voix l’article 1er, modifié.

Photo de Pierre Laurent

La parole est à M. Bernard Buis, pour explication de vote.

Photo de Jean-Luc Fichet

Je veux d'abord dire notre satisfaction de voir ce texte avancer de manière très positive. Il est très important, parce qu'il concerne des gens qui connaissent des conditions de travail souvent déplorables.

Et nous revenons de loin, cela a été rappelé !

Nous devons toutefois rester prudents, parce qu'il faut encore assurer la convergence avec la nouvelle législation britannique et avec le droit européen.

C'est d'ailleurs pour cette raison que le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain n'a pas soutenu une augmentation des sanctions ou des primes. Certes, il s'agissait d'améliorer les conditions de travail des marins, mais nous voulions que ce texte puisse s'appliquer en toute sécurité juridique et au 1er janvier 2024 – il y va de l'intérêt général et de celui des marins.

Nous sommes donc très heureux que cette proposition de loi puisse être adoptée, qui plus est à l'unanimité.

Debut de section - PermalienPhoto de Bernard Buis

À mon tour de saluer cette proposition de loi qui sera sans aucun doute votée dans quelques minutes par le Sénat !

Le licenciement brutal en mars 2022 de 786 marins a provoqué un choc qui a abouti au dépôt de cette proposition de loi par notre collègue député Didier Le Gac.

Comme les orateurs précédents, je souhaite que ce texte soit adopté définitivement le plus rapidement possible afin d'être applicable dès 2024.

Photo de Pierre Laurent

La parole est à Mme Colette Mélot, pour explication de vote.

Photo de Bernard Buis

À mon tour de saluer cette proposition de loi qui sera sans aucun doute votée dans quelques minutes par le Sénat !

Le licenciement brutal en mars 2022 de 786 marins a provoqué un choc qui a abouti au dépôt de cette proposition de loi par notre collègue député Didier Le Gac.

Comme les orateurs précédents, je souhaite que ce texte soit adopté définitivement le plus rapidement possible afin d'être applicable dès 2024.

Debut de section - PermalienPhoto de Colette Mélot

Nous pouvons effectivement nous réjouir de l'issue favorable que devrait connaître ce texte. Au départ, nous n'étions pas très sûrs de ce qui se passerait. À l'arrivée, tout est bien qui finit bien !

Les marins et tous les gens de mer bénéficieront des dispositions dont nous venons de débattre et devraient donc connaître un meilleur sort en ce qui concerne leurs conditions de travail.

Photo de Pierre Laurent

Je suis saisi de quatre amendements identiques.

L’amendement n° 7 rectifié est présenté par Mmes M. Vogel et Poncet Monge, MM. Benarroche, Breuiller et Dantec, Mme de Marco et MM. Dossus, Fernique, Gontard, Labbé et Salmon.

L’amendement n° 28 rectifié est présenté par MM. Guérini, Requier, Bilhac, Cabanel, Fialaire, Guiol et Roux.

L’amendement n° 30 est présenté par MM. Hassani, Iacovelli, Lévrier, Patriat et les membres du groupe Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants.

L’amendement n° 32 est présenté par M. Canévet.

Ces quatre amendements sont ainsi libellés :

Rétablir cet article dans la rédaction suivante :

Le chapitre VI du titre VI du livre V de la cinquième partie du code des transports est complété par des articles L. 5566-… et L. 5566-… ainsi rédigés :

« Art. L. 5566 -…. – Est puni de 7 500 euros d’amende le fait pour l’armateur ou l’employeur de payer :

« 1° Des salaires inférieurs au salaire minimum de croissance prévu aux articles L. 3231-1 à L. 3231-12 du code du travail ;

« 2° Des rémunérations inférieures à la rémunération mensuelle minimale prévue à l’article L. 3232-1 du même code ;

« 3° Des salaires inférieurs à ceux fixés par la convention collective ou l’accord collectif étendu applicables aux navires battant pavillon français et exerçant dans la même activité.

« La récidive est punie de six mois d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende.

« Les infractions donnent lieu à autant d’amendes qu’il y a de salariés concernés.

« Art. L. 5566 -…. – Est puni de 7 500 euros d’amende le fait pour l’armateur ou l’employeur de méconnaître les stipulations conventionnelles relatives aux accessoires du salaire prévus par la convention collective ou l’accord collectif de travail étendu applicables aux navires battant pavillon français et exerçant dans la même activité.

« La récidive est punie de six mois d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende.

« Les infractions donnent lieu à autant d’amendes qu’il y a de salariés concernés. »

La parole est à Mme Mélanie Vogel, pour présenter l’amendement n° 7 rectifié.

Photo de Pierre Laurent

La parole est à M. Pascal Allizard, pour explication de vote.

Photo de Mélanie Vogel

Cet amendement a pour objet de rétablir l’article 1er bis adopté à l’Assemblée nationale. Le but est que les armateurs ou les employeurs qui ne respectent pas le salaire minimum puissent faire l’objet de sanctions pénales.

La loi prévoit certes déjà des sanctions, mais celles-ci ne sont pas assez dissuasives, dans le contexte de la bataille concurrentielle sur le transmanche. Le code des transports prévoit une amende de 200 euros si l’employeur ne respecte pas le salaire minimum. Or ce n’est rien pour un armateur : la compagnie Irish Ferries réalise en effet des économies de 60 % sur chaque trajet, simplement parce que ses ferries battent pavillon chypriote !

Il faut donc que le montant des amendes soit plus élevé. L’article que nous souhaitons rétablir prévoit une amende de 7 500 euros pour la première infraction. Vous nous avez fait part de vos doutes en commission, madame la rapporteure : vous craignez que ces dispositions ne fragilisent le texte, car elles ne seraient pas proportionnées.

À mon sens, l’État est tout à fait dans son rôle en mettant en place des manières de sanctionner le non-respect des règles. Cette légitimité découle de l’article 25 de la convention de Montego Bay, qui consacre le dispositif de l’État d’accueil. Le droit de l’Union européenne n’y fait pas non plus obstacle. Le règlement Rome I permet de prendre des dispositions impératives pour la sauvegarde des intérêts publics. Enfin, l’instauration de sanctions est acceptée par la Cour de justice de l’Union européenne depuis 1999.

Cet article n’est donc pas plus fragile juridiquement que d’autres dispositions du texte. Et il est nécessaire.

Photo de Colette Mélot

Nous pouvons effectivement nous réjouir de l'issue favorable que devrait connaître ce texte. Au départ, nous n'étions pas très sûrs de ce qui se passerait. À l'arrivée, tout est bien qui finit bien !

Les marins et tous les gens de mer bénéficieront des dispositions dont nous venons de débattre et devraient donc connaître un meilleur sort en ce qui concerne leurs conditions de travail.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascal Allizard

Je voudrais tout d'abord saluer le travail réalisé par nos deux commissions, parce que la rédaction à laquelle nous avons abouti est un équilibre subtil qui me semble opérationnel. Oui, il y a eu des réglages de dernière minute, mais c'est aussi cela le travail parlementaire. L'essentiel, c'est le résultat : nous apportons une réponse à un véritable problème.

Monsieur le secrétaire d'État, c'est maintenant sur vous et vos services que nous comptons pour faire fonctionner tout cela. Certes, nous devions envoyer un signal politique, mais il fallait aussi s'assurer que le dispositif soit opérant et compatible avec le droit européen – je sais que c'était le souci principal de nos rapporteures. Si nous avons dû sacrifier quelques bonnes intentions, c'est au nom de l'efficacité !

J'ai participé à la réunion de travail de Saint-Malo au mois de novembre dernier ; nous espérions alors que les choses avancent. Je crois que nous passons ce soir un cap décisif et nous le faisons à l'unanimité. Le groupe Les Républicains votera bien évidemment ce texte !

Photo de Pierre Laurent

La parole est à M. Jean-Claude Requier, pour présenter l’amendement n° 28 rectifié.

Photo de Pierre Laurent

La parole est à M. Jean-Marie Vanlerenberghe, pour explication de vote.

Photo de Pascal Allizard

Je voudrais tout d'abord saluer le travail réalisé par nos deux commissions, parce que la rédaction à laquelle nous avons abouti est un équilibre subtil qui me semble opérationnel. Oui, il y a eu des réglages de dernière minute, mais c'est aussi cela le travail parlementaire. L'essentiel, c'est le résultat : nous apportons une réponse à un véritable problème.

Monsieur le secrétaire d'État, c'est maintenant sur vous et vos services que nous comptons pour faire fonctionner tout cela. Certes, nous devions envoyer un signal politique, mais il fallait aussi s'assurer que le dispositif soit opérant et compatible avec le droit européen – je sais que c'était le souci principal de nos rapporteures. Si nous avons dû sacrifier quelques bonnes intentions, c'est au nom de l'efficacité !

J'ai participé à la réunion de travail de Saint-Malo au mois de novembre dernier ; nous espérions alors que les choses avancent. Je crois que nous passons ce soir un cap décisif et nous le faisons à l'unanimité. Le groupe Les Républicains votera bien évidemment ce texte !

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Marie Vanlerenberghe

Je veux à mon tour saluer le travail réalisé par nos rapporteures. Il nous a notamment permis de bien comprendre tout l'enjeu de cette proposition de loi qui nous venait de l'Assemblée nationale.

Je crois que tout le monde est conscient du fait que nous avions besoin d'un texte pour lutter le plus efficacement possible – et dans le cadre du droit européen, ce qui n'est pas toujours facile – contre le dumping social. C'est pourquoi je me réjouis que nos commissions et le Gouvernement aient pu trouver un accord.

Nous avons vu tout à l'heure, notamment lors de l'examen des articles 1er bis et 1er ter, qu'il était parfois nécessaire de couper la poire en deux ! Je souhaite que nous puissions continuer dans cette voie et que la concertation entre le Gouvernement et le Parlement permette de construire, dans l'intérêt de nos concitoyens, des textes qui aboutissent à des dispositifs efficaces.

Photo de Pierre Laurent

La parole est à M. Bernard Buis, pour présenter l’amendement n° 30.

Photo de Pierre Laurent

La parole est à M. Jean-Marie Vanlerenberghe, pour explication de vote.

Photo de Bernard Buis

Je le retire, monsieur le président.

Photo de Jean-Marie Vanlerenberghe

Je veux à mon tour saluer le travail réalisé par nos rapporteures. Il nous a notamment permis de bien comprendre tout l'enjeu de cette proposition de loi qui nous venait de l'Assemblée nationale.

Je crois que tout le monde est conscient du fait que nous avions besoin d'un texte pour lutter le plus efficacement possible – et dans le cadre du droit européen, ce qui n'est pas toujours facile – contre le dumping social. C'est pourquoi je me réjouis que nos commissions et le Gouvernement aient pu trouver un accord.

Nous avons vu tout à l'heure, notamment lors de l'examen des articles 1er bis et 1er ter, qu'il était parfois nécessaire de couper la poire en deux ! Je souhaite que nous puissions continuer dans cette voie et que la concertation entre le Gouvernement et le Parlement permette de construire, dans l'intérêt de nos concitoyens, des textes qui aboutissent à des dispositifs efficaces.

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Deroche

Au vu des explications de vote, je pense qu'il n'y a pas trop de suspense sur le résultat final…

Mais je veux profiter de cet instant pour remercier Catherine Procaccia, dont c'est le dernier texte en tant que rapporteure

Photo de Pierre Laurent

L’amendement n° 30 est retiré.

La parole est à M. Michel Canévet, pour présenter l’amendement n° 32.

Photo de Pierre Laurent

La parole est à Mme la présidente de la commission.

Applaudissements.

Photo de Catherine Deroche

Au vu des explications de vote, je pense qu'il n'y a pas trop de suspense sur le résultat final…

Mais je veux profiter de cet instant pour remercier Catherine Procaccia, dont c'est le dernier texte en tant que rapporteure

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Deroche

Monsieur le secrétaire d'État, nous avons réussi à nous mettre d'accord et j'espère que l'Assemblée nationale pourra voter ce texte conforme de façon à ce qu'il puisse s'appliquer rapidement.

Photo de Pierre Laurent

Quel est l’avis de la commission sur les trois amendements restant en discussion ?

Photo de Catherine Procaccia

Ces amendements visent à rétablir l’article 1er bis relatif aux sanctions pénales applicables aux armateurs effectuant les liaisons entre la Corse et le continent, que la commission a supprimé. Celle-ci a donc émis un avis défavorable sur ces amendements.

En supprimant cet article, nous n’avons pas voulu nier les risques de distorsion de concurrence existant pour les liaisons entre la Corse et le continent, mais ceux-ci ne sont pas de même nature que le dumping social qui s’est développé sur le transmanche.

Nous avons considéré que la mesure proposée, qui ne porte que sur les sanctions et non sur les règles de droit social applicables sur les navires concernés, ne répond pas réellement à ces enjeux, lesquels, au demeurant, sont largement étrangers à l’objet de cette proposition de loi.

Prévoir un régime de sanctions exorbitant du droit commun ne nous paraît pas justifié. Cela n’aura aucun effet si les pratiques des armateurs sont conformes au droit de l’Union européenne, qui n’est pas exactement le droit que nous aimerions voir appliqué en France… Je n’ai jamais été une fanatique de l’Europe, vous le savez !

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Procaccia

Ces amendements visent à rétablir l’article 1er bis relatif aux sanctions pénales applicables aux armateurs effectuant les liaisons entre la Corse et le continent, que la commission a supprimé. Celle-ci a donc émis un avis défavorable sur ces amendements.

En supprimant cet article, nous n’avons pas voulu nier les risques de distorsion de concurrence existant pour les liaisons entre la Corse et le continent, mais ceux-ci ne sont pas de même nature que le dumping social qui s’est développé sur le transmanche.

Nous avons considéré que la mesure proposée, qui ne porte que sur les sanctions et non sur les règles de droit social applicables sur les navires concernés, ne répond pas réellement à ces enjeux, lesquels, au demeurant, sont largement étrangers à l’objet de cette proposition de loi.

Prévoir un régime de sanctions exorbitant du droit commun ne nous paraît pas justifié. Cela n’aura aucun effet si les pratiques des armateurs sont conformes au droit de l’Union européenne, qui n’est pas exactement le droit que nous aimerions voir appliquer en France… Je n’ai jamais été une fanatique de l’Europe, vous le savez !

Photo de Catherine Deroche

Monsieur le secrétaire d'État, nous avons réussi à nous mettre d'accord et j'espère que l'Assemblée nationale pourra voter ce texte conforme de façon à ce qu'il puisse s'appliquer rapidement.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

Personne ne demande plus la parole ?...

Je mets aux voix, dans le texte de la commission, modifié, l'ensemble de la proposition de loi dont la commission a ainsi rédigé l'intitulé : proposition de loi visant à lutter contre le dumping social sur le transmanche et à renforcer la sécurité du transport maritime.

J'ai été saisi d'une demande de scrutin public émanant du groupe Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants.

Il va être procédé au scrutin dans les conditions fixées par l'article 56 du règlement.

Le scrutin est ouvert.

Le scrutin a lieu.

Photo de Catherine Procaccia

Sur ces lignes, le dispositif de l’État d’accueil s’applique, qui garantit des standards français, quels que soient le pavillon du navire et la nationalité des marins. Les difficultés proviennent du défaut d’harmonisation des règles d’usage des pavillons internationaux sur les liaisons intraeuropéennes.

M. le secrétaire d’État a parlé du registre international français : certes, l’Italie permet une utilisation plus large de son pavillon, mais la question doit être discutée avec nos voisins européens, et non dans le cadre de cette proposition de loi visant à lutter contre le dumping social.

Photo de Pierre Laurent

Personne ne demande plus la parole ?...

Je mets aux voix, dans le texte de la commission, modifié, l'ensemble de la proposition de loi dont la commission a ainsi rédigé l'intitulé : proposition de loi visant à lutter contre le dumping social sur le transmanche et à renforcer la sécurité du transport maritime.

J'ai été saisi d'une demande de scrutin public émanant du groupe Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants.

Il va être procédé au scrutin dans les conditions fixées par l'article 56 du règlement.

Le scrutin est ouvert.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

Personne ne demande plus à voter ?…

Le scrutin est clos.

J'invite Mmes et MM. les secrétaires à constater le résultat du scrutin.

Mmes et MM. les secrétaires constatent le résultat du scrutin.

Hervé Berville

Le Gouvernement émet un avis défavorable sur ces amendements.

Nous aurons l’occasion de débattre d’outils complémentaires lorsque nous aborderons le rétablissement de l’article 1er ter.

On ne comprendrait pas que l’on ne dispose pas d’outils nous permettant de nous aligner sur ce que l’on a fait sur le transmanche et surtout d’anticiper le développement d’activités partout sur nos façades maritimes. Le dispositif de l’État d’accueil nous permettra de renforcer les sanctions, notamment pour lutter contre le dumping social dans le secteur de l’éolien en mer, pour les navires qui effectueront l’installation et la maintenance de nos installations.

Mais nous aurons l’occasion d’en rediscuter à propos de l’article 1er ter.

Photo de Pierre Laurent

Personne ne demande plus à voter ?…

Le scrutin est clos.

J'invite Mmes et MM. les secrétaires à constater le résultat du scrutin.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

Voici, compte tenu de l'ensemble des délégations de vote accordées par les sénateurs aux groupes politiques et notifiées à la présidence, le résultat du scrutin n° 310 :

Nombre de votants343Nombre de suffrages exprimés342Pour l'adoption342Le Sénat a adopté à l'unanimité.

Bravo ! et applaudissements sur de nombreuses travées.

Photo de Pierre Laurent

Voici, compte tenu de l'ensemble des délégations de vote accordées par les sénateurs aux groupes politiques et notifiées à la présidence, le résultat du scrutin n° 310 :

Nombre de votants343Nombre de suffrages exprimés342Pour l'adoption342Le Sénat a adopté à l'unanimité.

Debut de section - Permalien
Hervé Berville, secrétaire d'État

Mesdames, messieurs les sénateurs, je veux d'abord vous remercier de cette unanimité qui fait honneur à cette belle institution, ainsi qu'à la tradition maritime française et à tous les combats que nous menons de manière transpartisane sur ces questions, en particulier en ce qui concerne la lutte contre le dumping social.

Je veux aussi remercier tout particulièrement votre rapporteure, Catherine Procaccia, pour les travaux qu'elle a menés, d'autant qu'il s'agit là de son dernier texte à cette fonction. On dit souvent qu'il faut des civils pour traiter des questions militaires ; manifestement, il faut aussi des gens qui habitent loin du littoral pour embrasser les sujets maritimes… Vous avez su faire preuve à la fois d'exigence et d'ouverture, toujours dans le souci d'aboutir à un texte opérationnel et efficace à même de changer concrètement et le plus rapidement possible la vie de nos marins.

Je voudrais aussi remercier la présidente de la commission des affaires sociales et tous ceux qui se sont impliqués dans ce travail.

Ce texte apporte des progrès, que ce soit sur le salaire minimum, l'équivalence entre temps de repos et temps en mer ou le renforcement des sanctions, alors que la situation est aujourd'hui inacceptable sur les liaisons transmanche.

Finalement, nous avons là des dispositifs opérationnels pour lutter contre le dumping social sur toutes nos façades maritimes. Avec ce texte, vous changez concrètement le quotidien de nombreux marins, ce qui permettra aussi de renforcer l'attractivité de ces métiers, qui font la fierté de notre pays.

La puissance maritime d'un pays ne se mesure pas au nombre de navires, mais à l'attention qu'il porte à ceux qui la font rayonner au quotidien – les marins et tous les personnels embarqués. Vous avez donc aujourd'hui renforcé la puissance maritime de notre pays. Je vous en remercie.

Madame la rapporteure, je sais que vous continuerez, même après la fin de votre mandat de sénatrice, à suivre avec beaucoup d'attention les sujets maritimes et vous serez toujours la bienvenue en Bretagne pour mesurer les progrès auxquels vous avez contribué !

Photo de Jean-Claude Requier

Non, je le retire, monsieur le président.

Photo de Pierre Laurent

La parole est à M. le secrétaire d'État.

Applaudissements.

Photo de Pierre Laurent

L’amendement n° 28 rectifié est retiré.

Monsieur Canévet, l’amendement n° 32 est-il maintenu ?

Hervé Berville, secrétaire d'État

Mesdames, messieurs les sénateurs, je veux d'abord vous remercier de cette unanimité qui fait honneur à cette belle institution, ainsi qu'à la tradition maritime française et à tous les combats que nous menons de manière transpartisane sur ces questions, en particulier en ce qui concerne la lutte contre le dumping social.

Je veux aussi remercier tout particulièrement votre rapporteure, Catherine Procaccia, pour les travaux qu'elle a menés, d'autant qu'il s'agit là de son dernier texte à cette fonction. On dit souvent qu'il faut des civils pour traiter des questions militaires ; manifestement, il faut aussi des gens qui habitent loin du littoral pour embrasser les sujets maritimes… Vous avez su faire preuve à la fois d'exigence et d'ouverture, toujours dans le souci d'aboutir à un texte opérationnel et efficace à même de changer concrètement et le plus rapidement possible la vie de nos marins.

Je voudrais aussi remercier la présidente de la commission des affaires sociales et tous ceux qui se sont impliqués dans ce travail.

Ce texte apporte des progrès, que ce soit sur le salaire minimum, l'équivalence entre temps de repos et temps en mer ou le renforcement des sanctions, alors que la situation est aujourd'hui inacceptable sur les liaisons transmanche.

Finalement, nous avons là des dispositifs opérationnels pour lutter contre le dumping social sur toutes nos façades maritimes. Avec ce texte, vous changez concrètement le quotidien de nombreux marins, ce qui permettra aussi de renforcer l'attractivité de ces métiers, qui font la fierté de notre pays.

La puissance maritime d'un pays ne se mesure pas au nombre de navires, mais à l'attention qu'il porte à ceux qui la font rayonner au quotidien – les marins et tous les personnels embarqués. Vous avez donc aujourd'hui renforcé la puissance maritime de notre pays. Je vous en remercie.

Madame la rapporteure, je sais que vous continuerez, même après la fin de votre mandat de sénatrice, à suivre avec beaucoup d'attention les sujets maritimes et vous serez toujours la bienvenue en Bretagne pour mesurer les progrès auxquels vous avez contribué !

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

Mes chers collègues, nous allons interrompre nos travaux pour quelques instants.

La séance est suspendue.

Photo de Michel Canevet

Non, je le retire, monsieur le président.

La séance, suspendue à dix-neuf heures vingt-huit, est reprise à dix-neuf heures trente.

Photo de Pierre Laurent

L’amendement n° 32 est retiré.

Je mets aux voix l’amendement n° 7 rectifié.

Photo de Pierre Laurent

Mes chers collègues, nous allons interrompre nos travaux pour quelques instants.

La séance est suspendue.

Photo de Pierre Laurent

En conséquence, l’article 1er bis demeure supprimé.

Photo de Pierre Laurent

L'ordre du jour appelle la suite de la discussion du projet de loi relatif à l'industrie verte (projet n° 607, texte de la commission n° 737, rapport n° 736, avis n° 727, 725 et 731).

La procédure accélérée a été engagée sur ce texte.

Nous poursuivons l'examen du texte de la commission.

TITRE Ier

MESURES DESTINÉES À ACCÉLÉRER LES IMPLANTATIONS INDUSTRIELLES ET À RÉHABILITER LES FRICHES

Chapitre II

Moderniser la consultation du public

Dans la suite de la discussion du texte de la commission, nous reprenons, au sein du chapitre II du titre Ier, l'examen des amendements à l'article 2.

Photo de Pierre Laurent

Je suis saisi de trois amendements identiques.

L’amendement n° 29 rectifié est présenté par MM. Guérini, Requier, Bilhac, Cabanel, Fialaire, Guiol et Roux.

L’amendement n° 31 est présenté par MM. Hassani, Iacovelli, Lévrier, Patriat et les membres du groupe Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants.

L’amendement n° 33 est présenté par M. Canévet.

Ces trois amendements sont ainsi libellés :

Rétablir cet article dans la rédaction suivante :

Le titre VI du livre V de la cinquième partie du code des transports est complété par un chapitre … ainsi rédigé :

« Chapitre …

« Sanctions administratives

« Art. L. 5568 -1. – L’autorité administrative compétente peut, sur le rapport des agents de contrôle de l’inspection du travail mentionnés à l’article L. 8112-1 du code du travail, sous réserve de l’absence de poursuites pénales, soit adresser à l’employeur ou à l’armateur un avertissement, soit prononcer à l’encontre de l’employeur ou de l’armateur une amende en cas de manquement :

« 1° Aux règles relatives aux dispositions légales et aux stipulations conventionnelles applicables aux salariés employés par les entreprises de la même branche d’activité établies en France pour les matières mentionnées aux 3°, 4°, 6°et 8° de l’article L. 5562-1 ;

« 2° Aux règles relatives à la protection sociale mentionnée à l’article L. 5563-1 ;

« 3° À l’article L. 5562-2 relatif au contrat conclu entre l’armateur, l’employeur et chacun des salariés relevant des gens de mer ;

« 4° Aux règles relatives à la déclaration des accidents survenus à bord, mentionnées à l’article L. 5563-2 ;

« 5° À la présentation aux agents de contrôle de l’inspection du travail des documents sollicités en application de l’article L. 5565-2 ou de ne pas les présenter en français.

« Art. L. 5568 -1 -1. – L’autorité administrative compétente peut, sur le rapport des officiers et des fonctionnaires affectés dans les services exerçant des missions de contrôle dans le domaine des affaires maritimes sous l’autorité ou à la disposition du ministre chargé de la mer et des personnes mentionnées aux 1° à 3°, 8° et 10° de l’article L. 5222-1, sous réserve de l’absence de poursuites pénales, soit adresser à l’employeur ou à l’armateur un avertissement, soit prononcer à l’encontre de l’employeur ou de l’armateur une amende en cas de manquement :

« 1° Aux règles relatives aux personnels désignés pour aider les passagers en situation d’urgence mentionnées à l’article L. 5564-1 ;

« 2° À la présentation aux officiers et des fonctionnaires affectés dans les services exerçant des missions de contrôle dans le domaine des affaires maritimes sous l’autorité ou à la disposition du ministre chargé de la mer et des personnes mentionnées aux 1° à 3°, 8° et 10° de l’article L. 5222-1 des documents sollicités en application de l’article L. 5565-2 ou de ne pas les présenter en français.

« Art. L. 5568 -2. – Lorsqu’une amende est prononcée en application des articles L. 5568-1 et L. 5568-1-1, l’autorité compétente informe par tout moyen le procureur de la République des suites données au rapport des agents mentionnés aux articles L. 5568-1 et L. 5568-1-1.

« Art. L. 5568 -3. – Le montant maximal de l’amende prononcée en application des articles L. 5568-1 à L. 5568-1-1 est de 4 000 euros et peut être appliqué autant de fois qu’il y a de manquements constatés au titre du 5° de l’article L. 5568-1 et du 2° de l’article L. 5568-1-1 ou qu’il y a de travailleurs concernés au titre des 1° à 4° de l’article L. 5568-1 et 2° de l’article L. 5568-1-1.

« Le plafond de l’amende est porté au double en cas de nouveau manquement constaté dans un délai de deux ans à compter de la notification de l’amende concernant un précédent manquement de même nature.

« Il est majoré de 50 % en cas de nouveau manquement constaté dans un délai d’un an à compter de la notification d’un avertissement concernant un précédent manquement de même nature.

« Art. L. 5568 -4. – Pour déterminer si elle prononce un avertissement ou une amende prévue aux articles L. 5568-1 et L. 5568-1-1 et, le cas échéant, pour fixer le montant de l’amende, l’autorité compétente prend en compte les circonstances et la gravité du manquement, le comportement de son auteur ainsi que ses ressources et ses charges.

« Art. L. 5568 -5. – Avant toute décision, l’autorité compétente informe par écrit l’employeur ou l’armateur de la sanction envisagée, en portant à sa connaissance le manquement retenu à son encontre et en l’invitant à présenter ses observations dans un délai d’un mois.

« À l’expiration de ce délai, l’autorité compétente peut, par décision motivée, prononcer l’amende prévue aux articles L. 5568-1 et L. 5568-1-1 et émettre le titre de perception correspondant.

« Art. L. 5568 -6. – La décision d’infliger une amende administrative ne peut être prise plus de deux ans après le jour où le manquement a été commis.

« Art. L. 5568 -7. – La décision d’infliger une amende administrative ne peut pas faire l’objet d’un recours hiérarchique.

« Art L. 5568 -8. – L’amende prononcée en application des articles L. 5568-1 et L. 5568-1-1 est recouvrée selon les modalités prévues pour les créances de l’État étrangères à l’impôt et au domaine. »

La parole est à M. Jean-Claude Requier, pour présenter l’amendement n° 29 rectifié.

Photo de Pierre Laurent

L'ordre du jour appelle la suite de la discussion du projet de loi relatif à l'industrie verte (projet n° 607, texte de la commission n° 737, rapport n° 736, avis n° 727, 725 et 731).

La procédure accélérée a été engagée sur ce texte.

Nous poursuivons l'examen du texte de la commission.

TITRE Ier

MESURES DESTINÉES À ACCÉLÉRER LES IMPLANTATIONS INDUSTRIELLES ET À RÉHABILITER LES FRICHES

Chapitre II

Moderniser la consultation du public

Dans la suite de la discussion du texte de la commission, nous reprenons, au sein du chapitre II du titre Ier, l'examen des amendements à l'article 2.

Photo de Jean-Claude Requier

Cet amendement a pour objet de rétablir le dispositif adopté à l’Assemblée nationale et que notre commission des affaires sociales a supprimé.

Il s’agit d’instaurer des sanctions administratives en cas de non-respect des normes sociales françaises dans nos eaux territoriales. L’enjeu est simple : aller plus vite. Les sanctions administratives sont plus rapides à mettre en œuvre que les sanctions pénales, car il n’y a pas de transmission au parquet. Et le déclenchement de la sanction relève de l’administration.

La logique est la même que celle de notre précédent amendement, que nous avons retiré. Nous devons être ambitieux dans la lutte contre le dumping social aussi bien dans le transport des passagers entre la France et le Royaume-Uni que dans les parcs éoliens en mer, ou encore dans le transport de passagers entre la Corse et le continent – Jean-Noël Guérini est à l’origine de cet amendement…

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 74 rectifié bis, présenté par Mme Préville, M. Montaugé, Mme Briquet, MM. Marie et J. Bigot, Mme Bonnefoy, M. Devinaz, Mme M. Filleul, MM. Gillé, Houllegatte et Jacquin, Mmes Artigalas et Blatrix Contat, MM. Lurel et Mérillou, Mme Monier, MM. Redon-Sarrazy, Stanzione, Kanner et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Après l'alinéa 26

Insérer un alinéa ainsi rédigé :

« Le commissaire enquêteur doit avoir suivi une formation spécifique portant notamment sur la procédure d'enquête publique prévue à l'article L. 123-1 et de l'instruction de l'autorisation environnementale prévue aux articles L. 181-9 et L. 181-10, dans des conditions définies par arrêté.

La parole est à Mme Angèle Préville.

Photo de Pierre Laurent

La parole est à M. Bernard Buis, pour présenter l’amendement n° 31.

Debut de section - PermalienPhoto de Angèle Préville

L'article 2 de ce projet de loi met le commissaire enquêteur au cœur du nouveau dispositif de consultation du public pour les procédures d'autorisation environnementale.

Son rôle sera donc majeur pour s'assurer que cette consultation se déroule dans de bonnes conditions.

Dans sa rédaction actuelle, l'article dispose que ce commissaire enquêteur est désigné par le président du tribunal administratif, sur saisine de l'autorité administrative. Certes, le code de l'environnement contient des dispositions visant à s'assurer de la compétence et de la neutralité de ces commissaires, mais nous estimons qu'il faut aller plus loin.

Nous proposons donc par cet amendement d'inscrire dans la loi que tout commissaire enquêteur désigné devra avoir reçu une formation spécifique sur les procédures d'enquête publique et d'instruction des autorisations environnementales. En effet, comme le droit environnemental est très changeant – nous en avons particulièrement conscience en tant que parlementaires –, il faut s'assurer de la parfaite formation de ces commissaires enquêteurs.

Photo de Bernard Buis

L’article 1er ter permet d’instaurer des sanctions administratives en cas de manquement aux dispositions relatives aux conditions de travail des salariés, comme la durée de travail, le paiement des heures supplémentaires, la protection sociale, la déclaration des accidents survenus à bord ou l’obligation de désigner des personnels pour aider les passagers en situation d’urgence.

Cet article, s’il est rétabli, permettra de rendre cohérentes les sanctions en cas de non-respect des dispositifs de lutte contre la concurrence déloyale dans les eaux nationales et dans les eaux internationales.

Photo de Pierre Laurent

L'amendement n° 74 rectifié bis, présenté par Mme Préville, M. Montaugé, Mme Briquet, MM. Marie et J. Bigot, Mme Bonnefoy, M. Devinaz, Mme M. Filleul, MM. Gillé, Houllegatte et Jacquin, Mmes Artigalas et Blatrix Contat, MM. Lurel et Mérillou, Mme Monier, MM. Redon-Sarrazy, Stanzione, Kanner et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Après l'alinéa 26

Insérer un alinéa ainsi rédigé :

« Le commissaire enquêteur doit avoir suivi une formation spécifique portant notamment sur la procédure d'enquête publique prévue à l'article L. 123-1 et de l'instruction de l'autorisation environnementale prévue aux articles L. 181-9 et L. 181-10, dans des conditions définies par arrêté.

La parole est à Mme Angèle Préville.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

Quel est l'avis de la commission de l'aménagement du territoire ?

Photo de Pierre Laurent

La parole est à M. Michel Canévet, pour présenter l’amendement n° 33.

Photo de Angèle Préville

L'article 2 de ce projet de loi met le commissaire enquêteur au cœur du nouveau dispositif de consultation du public pour les procédures d'autorisation environnementale.

Son rôle sera donc majeur pour s'assurer que cette consultation se déroule dans de bonnes conditions.

Dans sa rédaction actuelle, l'article dispose que ce commissaire enquêteur est désigné par le président du tribunal administratif, sur saisine de l'autorité administrative. Certes, le code de l'environnement contient des dispositions visant à s'assurer de la compétence et de la neutralité de ces commissaires, mais nous estimons qu'il faut aller plus loin.

Nous proposons donc par cet amendement d'inscrire dans la loi que tout commissaire enquêteur désigné devra avoir reçu une formation spécifique sur les procédures d'enquête publique et d'instruction des autorisations environnementales. En effet, comme le droit environnemental est très changeant – nous en avons particulièrement conscience en tant que parlementaires –, il faut s'assurer de la parfaite formation de ces commissaires enquêteurs.

Debut de section - PermalienPhoto de Fabien Genet

L'inscription des commissaires enquêteurs sur la liste d'aptitude est déjà conditionnée – Mme Préville y a fait allusion – à une série de garanties définies au niveau réglementaire : les candidats renseignent leurs titres ou diplômes, leurs éventuels travaux scientifiques et les différentes fonctions qu'ils ont occupées. Ils sont ensuite auditionnés par une commission départementale qui juge leur compétence et leur capacité à accomplir leur mission.

Ce mode de désignation permet de contrôler la compétence des commissaires enquêteurs. Il ne semble donc pas nécessaire de rendre obligatoire une formation spécifique complémentaire.

C'est pourquoi la commission a émis un avis défavorable sur cet amendement.

Photo de Pierre Laurent

Quel est l'avis de la commission de l'aménagement du territoire ?

Photo de Fabien Genet

L'inscription des commissaires enquêteurs sur la liste d'aptitude est déjà conditionnée – Mme Préville y a fait allusion – à une série de garanties définies au niveau réglementaire : les candidats renseignent leurs titres ou diplômes, leurs éventuels travaux scientifiques et les différentes fonctions qu'ils ont occupées. Ils sont ensuite auditionnés par une commission départementale qui juge leur compétence et leur capacité à accomplir leur mission.

Ce mode de désignation permet de contrôler la compétence des commissaires enquêteurs. Il ne semble donc pas nécessaire de rendre obligatoire une formation spécifique complémentaire.

C'est pourquoi la commission a émis un avis défavorable sur cet amendement.

Debut de section - Permalien
Roland Lescure, ministre délégué auprès du ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, chargé de l'industrie

Je voudrais d'abord exprimer toute la solidarité du Gouvernement avec les personnes blessées à la suite de l'explosion et de l'incendie qui ont eu lieu tout à l'heure non loin d'ici, dans le Ve arrondissement de Paris. Je souhaite aussi exprimer, toujours au nom du Gouvernement – mais j'imagine que la représentation nationale s'y joindrait volontiers –, toute notre gratitude envers les agents aujourd'hui mobilisés pour circonscrire l'incendie et porter assistance aux victimes.

Pour ce qui concerne l'amendement n° 74 rectifié bis, son objet est d'ores et déjà satisfait. Les dispositions proposées relèvent du domaine réglementaire plutôt que du champ de la loi. Dans le droit existant, les articles D. 123-40 et R. 123-41 du code de l'environnement soumettent déjà les commissaires enquêteurs à une obligation de formation. Je rappelle que, en cas de manquement à cette obligation, la radiation du commissaire enquêteur peut être prononcée. Lors de la réinscription sur la liste d'aptitude, le respect de l'obligation de formation doit être vérifié.

Je vous invite donc, madame la sénatrice, à retirer votre amendement ; à défaut, l'avis du Gouvernement serait défavorable.

Photo de Catherine Procaccia

La commission avait décidé de supprimer l’article 1er ter de ce texte ; elle a donc donné un avis défavorable sur ces amendements de rétablissement.

Cependant, une lecture plus attentive de ces amendements montre qu’ils sont légèrement différents de la rédaction adoptée initialement par l’Assemblée nationale. Cette rédaction est nettement meilleure. C’est pourquoi, à titre personnel, je m’en remets à la sagesse du Sénat.

Roland Lescure, ministre délégué auprès du ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, chargé de l'industrie

Je voudrais d'abord exprimer toute la solidarité du Gouvernement avec les personnes blessées à la suite de l'explosion et de l'incendie qui ont eu lieu tout à l'heure non loin d'ici, dans le Ve arrondissement de Paris. Je souhaite aussi exprimer, toujours au nom du Gouvernement – mais j'imagine que la représentation nationale s'y joindrait volontiers –, toute notre gratitude envers les agents aujourd'hui mobilisés pour circonscrire l'incendie et porter assistance aux victimes.

Pour ce qui concerne l'amendement n° 74 rectifié bis, son objet est d'ores et déjà satisfait. Les dispositions proposées relèvent du domaine réglementaire plutôt que du champ de la loi. Dans le droit existant, les articles D. 123-40 et R. 123-41 du code de l'environnement soumettent déjà les commissaires enquêteurs à une obligation de formation. Je rappelle que, en cas de manquement à cette obligation, la radiation du commissaire enquêteur peut être prononcée. Lors de la réinscription sur la liste d'aptitude, le respect de l'obligation de formation doit être vérifié.

Je vous invite donc, madame la sénatrice, à retirer votre amendement ; à défaut, l'avis du Gouvernement serait défavorable.

Photo de Pierre Laurent

Madame Préville, l'amendement n° 74 rectifié bis est-il maintenu ?

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 74 rectifié bis est retiré.

L'amendement n° 75 rectifié bis, présenté par Mme Préville, M. Montaugé, Mme Briquet, MM. Marie et J. Bigot, Mme Bonnefoy, M. Devinaz, Mme M. Filleul, MM. Gillé, Houllegatte et Jacquin, Mmes Artigalas et Blatrix Contat, MM. Lurel et Mérillou, Mme Monier, MM. Redon-Sarrazy, Stanzione, Kanner et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Après l'alinéa 26

Insérer un alinéa ainsi rédigé :

« Dans un délai d'une semaine après sa désignation, le commissaire enquêteur indique au président du tribunal administratif les activités exercées au titre de ses fonctions précédentes ou en cours qui pourraient être jugées incompatibles avec les fonctions de commissaire enquêteur en application de l'article L. 123-5, et signe une déclaration sur l'honneur attestant qu'il n'a pas d'intérêt personnel au projet, plan ou programme. Le manquement à cette règle constitue un motif de radiation de la liste d'aptitude de commissaire enquêteur.

La parole est à Mme Angèle Préville.

Hervé Berville

Favorable, monsieur le président.

Je tiens d’ailleurs à remercier leurs auteurs d’avoir déposé ces amendements ; ils sont importants, parce que renforcer le régime des sanctions administratives permet d’accroître le côté dissuasif de notre dispositif.

C’est pourquoi je veux aussi remercier la rapporteure de s’en remettre finalement à la sagesse du Sénat. Ce type de sanctions permet de combattre le dumping social de la manière la plus efficace possible.

Il reste bien sûr la question des moyens et je prends l’engagement de revenir devant vous pour en discuter, en particulier dans le cadre des débats budgétaires.

En tout cas, de nombreux acteurs du secteur maritime – marins, représentants syndicaux ou patronaux, etc. – nous regardent et il est important de leur montrer que nous saisissons les occasions législatives qui se présentent à nous pour avancer.

Cette disposition nous permettra de préserver notre modèle social et de lutter contre le dumping. Je veux donc de nouveau remercier la commission de faire une exception à sa jurisprudence tendant à s’opposer au rétablissement d’une disposition qu’elle avait préalablement supprimée.

Photo de Angèle Préville

Non, je le retire, monsieur le président.

Debut de section - PermalienPhoto de Angèle Préville

Cet amendement vise à s'assurer que le commissaire enquêteur ne se trouve pas en position de conflit d'intérêts du fait de ses fonctions antérieures ou en cours.

L'article L. 123-5 du code de l'environnement apporte déjà un début de réponse à ce problème, en disposant que « ne peuvent être désignées commissaires enquêteurs […] des personnes intéressées au projet à titre personnel » ou « en raison de leurs fonctions électives exercées sur le territoire concerné par l'enquête publique ».

Par cet amendement, nous proposons d'aller plus loin, en précisant que le commissaire enquêteur nouvellement désigné devra adresser lui-même au président du tribunal administratif les informations relatives à son parcours, à savoir les activités exercées ou en cours d'exercice, et déclarer sur l'honneur qu'il n'a pas d'intérêt personnel au projet.

On s'assurerait ainsi de la parfaite neutralité de ce commissaire enquêteur, qui sera la pierre angulaire du dispositif de participation du public, grâce à une actualisation en temps réel de sa déclaration d'intérêts dans la semaine qui suit sa nomination.

Photo de Pierre Laurent

La parole est à Mme Mélanie Vogel, pour explication de vote.

Photo de Pierre Laurent

L'amendement n° 74 rectifié bis est retiré.

L'amendement n° 75 rectifié bis, présenté par Mme Préville, M. Montaugé, Mme Briquet, MM. Marie et J. Bigot, Mme Bonnefoy, M. Devinaz, Mme M. Filleul, MM. Gillé, Houllegatte et Jacquin, Mmes Artigalas et Blatrix Contat, MM. Lurel et Mérillou, Mme Monier, MM. Redon-Sarrazy, Stanzione, Kanner et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Après l'alinéa 26

Insérer un alinéa ainsi rédigé :

« Dans un délai d'une semaine après sa désignation, le commissaire enquêteur indique au président du tribunal administratif les activités exercées au titre de ses fonctions précédentes ou en cours qui pourraient être jugées incompatibles avec les fonctions de commissaire enquêteur en application de l'article L. 123-5, et signe une déclaration sur l'honneur attestant qu'il n'a pas d'intérêt personnel au projet, plan ou programme. Le manquement à cette règle constitue un motif de radiation de la liste d'aptitude de commissaire enquêteur.

La parole est à Mme Angèle Préville.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

Quel est l'avis de la commission de l'aménagement du territoire ?

Photo de Mélanie Vogel

Nous aurions bien sûr aimé que l’article 1er bis connaisse le même sort que l’article 1er ter et qu’il soit lui aussi rétabli.

Pour autant, je veux remercier, d’une part, les auteurs de ces amendements d’avoir retravaillé la rédaction du dispositif, d’autre part, la rapporteure de ne pas s’opposer à leur adoption.

Il se trouve, paradoxalement, que les sanctions administratives peuvent être un outil encore plus efficace dans ce type de situation pour lutter contre le dumping social. En effet, elles peuvent s’appliquer plus rapidement et elles ont une force dissuasive indéniable.

L’adoption de ces amendements rendra le texte plus efficace et plus équilibré et je me réjouis que la commission ait fait évoluer sa position.

Photo de Angèle Préville

Cet amendement vise à s'assurer que le commissaire enquêteur ne se trouve pas en position de conflit d'intérêts du fait de ses fonctions antérieures ou en cours.

L'article L. 123-5 du code de l'environnement apporte déjà un début de réponse à ce problème, en disposant que « ne peuvent être désignées commissaires enquêteurs […] des personnes intéressées au projet à titre personnel » ou « en raison de leurs fonctions électives exercées sur le territoire concerné par l'enquête publique ».

Par cet amendement, nous proposons d'aller plus loin, en précisant que le commissaire enquêteur nouvellement désigné devra adresser lui-même au président du tribunal administratif les informations relatives à son parcours, à savoir les activités exercées ou en cours d'exercice, et déclarer sur l'honneur qu'il n'a pas d'intérêt personnel au projet.

On s'assurerait ainsi de la parfaite neutralité de ce commissaire enquêteur, qui sera la pierre angulaire du dispositif de participation du public, grâce à une actualisation en temps réel de sa déclaration d'intérêts dans la semaine qui suit sa nomination.

Debut de section - PermalienPhoto de Fabien Genet

Cet amendement nous semble déjà satisfait par l'article R. 123-4 du code de l'environnement, qui oblige le commissaire enquêteur, avant chaque désignation, à indiquer au président du tribunal administratif d'éventuelles incompatibilités.

L'avis de la commission est donc défavorable.

Photo de Pierre Laurent

La parole est à M. Jean-Luc Fichet, pour explication de vote.

Photo de Pierre Laurent

Quel est l'avis de la commission de l'aménagement du territoire ?

Photo de Jean-Luc Fichet

Nous voterons ces amendements.

Jusqu’ici, nous nous sommes abstenus sur les amendements : nous ne les contestions pas sur le fond, ils étaient même intéressants, mais nous sommes soucieux de la compatibilité de ce texte avec le droit international et européen – c’est aussi le souci de Mme la rapporteure d’ailleurs.

Ce texte s’inscrit dans le cadre d’une loi de police et nous ne devons pas complexifier les choses, parce qu’il est très important, dans le contexte d’urgence que chacun connaît, de voter cette proposition de loi rapidement et que ses dispositions s’appliquent dans les meilleurs délais.

Nous sommes donc favorables à tout ce qui améliore le texte sans pour autant faire porter de risque sur son application dans l’ensemble du champ maritime, y compris en ce qui concerne les éoliennes.

Photo de Fabien Genet

Cet amendement nous semble déjà satisfait par l'article R. 123-4 du code de l'environnement, qui oblige le commissaire enquêteur, avant chaque désignation, à indiquer au président du tribunal administratif d'éventuelles incompatibilités.

L'avis de la commission est donc défavorable.

Debut de section - Permalien
Roland Lescure, ministre délégué

Même avis.

Roland Lescure, ministre délégué

Même avis.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 75 rectifié bis est retiré.

Je suis saisi de quatre amendements faisant l'objet d'une discussion commune.

Les trois premiers sont identiques.

L'amendement n° 56 rectifié est présenté par MM. Sautarel, Burgoa et Cambon, Mme Belrhiti, M. Panunzi, Mme Dumont, M. Reichardt, Mmes Goy-Chavent, Bellurot, Estrosi Sassone et Ventalon, MM. Tabarot et E. Blanc, Mme Gruny, MM. Brisson, Lefèvre, Meurant, Klinger, Mouiller, Gueret, Charon, Belin, Laménie, Mandelli, Darnaud et Bascher, Mme F. Gerbaud, MM. C. Vial, Bouchet et de Nicolaÿ, Mmes Joseph et Gosselin et MM. B. Fournier, Piednoir et Rapin.

L'amendement n° 108 rectifié quater est présenté par M. Canévet, Mme N. Goulet, MM. Bonnecarrère, Folliot et Duffourg, Mme Saint-Pé, MM. Bonneau et Kern, Mmes Billon et Doineau, M. Détraigne, Mmes Férat, Gacquerre, Jacquemet et Havet, M. Moga, Mme Gatel et MM. Le Nay, Cigolotti, Delcros, Maurey et J.M. Arnaud.

L'amendement n° 123 rectifié est présenté par Mme N. Delattre, MM. Artano, Roux, Fialaire, Guiol, Requier, Bilhac, Cabanel et Gold et Mme Guillotin.

Ces trois amendements sont ainsi libellés :

Alinéa 29, seconde phrase

Remplacer cette phrase par trois phrases ainsi rédigées :

La durée maximale de la phase d'examen et de consultation est de trois mois à compter de la date d'accusé de réception du dossier. Elle peut être portée à quatre mois sur décision motivée de l'autorité compétente. Lorsque l'avis de l'autorité environnementale est requis, celle-ci dispose d'un mois de plus que le délai de deux mois imparti pour rendre son avis.

La parole est à M. Stéphane Sautarel, pour présenter l'amendement n° 56 rectifié.

Photo de Pierre Laurent

En conséquence, l’article 1 ter est rétabli dans cette rédaction.

Photo de Angèle Préville

Je retire l'amendement, monsieur le président.

Debut de section - PermalienPhoto de Stéphane Sautarel

Cet amendement vise à revenir sur la rédaction de l'article 2, qui apparaît imprécise.

Il demeure en effet une incertitude juridique sur la durée maximale que peut prendre la phase d'examen dans le cadre de l'instruction de l'autorisation environnementale, dans la mesure où il n'est pas indiqué de manière suffisamment explicite que le délai de cette phase d'examen est enfermé dans le délai d'instruction maximal de trois mois. En outre, la formulation employée suscite un doute d'interprétation.

Nous proposons donc, par le présent amendement, que le délai imparti à l'autorité environnementale, lorsque son avis est requis, soit de deux mois.

Photo de Pierre Laurent

L'amendement n° 75 rectifié bis est retiré.

Je suis saisi de quatre amendements faisant l'objet d'une discussion commune.

Les trois premiers sont identiques.

L'amendement n° 56 rectifié est présenté par MM. Sautarel, Burgoa et Cambon, Mme Belrhiti, M. Panunzi, Mme Dumont, M. Reichardt, Mmes Goy-Chavent, Bellurot, Estrosi Sassone et Ventalon, MM. Tabarot et E. Blanc, Mme Gruny, MM. Brisson, Lefèvre, Meurant, Klinger, Mouiller, Gueret, Charon, Belin, Laménie, Mandelli, Darnaud et Bascher, Mme F. Gerbaud, MM. C. Vial, Bouchet et de Nicolaÿ, Mmes Joseph et Gosselin et MM. B. Fournier, Piednoir et Rapin.

L'amendement n° 108 rectifié quater est présenté par M. Canévet, Mme N. Goulet, MM. Bonnecarrère, Folliot et Duffourg, Mme Saint-Pé, MM. Bonneau et Kern, Mmes Billon et Doineau, M. Détraigne, Mmes Férat, Gacquerre, Jacquemet et Havet, M. Moga, Mme Gatel et MM. Le Nay, Cigolotti, Delcros, Maurey et J.M. Arnaud.

L'amendement n° 123 rectifié est présenté par Mme N. Delattre, MM. Artano, Roux, Fialaire, Guiol, Requier, Bilhac, Cabanel et Gold et Mme Guillotin.

Ces trois amendements sont ainsi libellés :

Alinéa 29, seconde phrase

Remplacer cette phrase par trois phrases ainsi rédigées :

La durée maximale de la phase d'examen et de consultation est de trois mois à compter de la date d'accusé de réception du dossier. Elle peut être portée à quatre mois sur décision motivée de l'autorité compétente. Lorsque l'avis de l'autorité environnementale est requis, celle-ci dispose d'un mois de plus que le délai de deux mois imparti pour rendre son avis.

La parole est à M. Stéphane Sautarel, pour présenter l'amendement n° 56 rectifié.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

La parole est à Mme Annick Billon, pour présenter l'amendement n° 108 rectifié quater.

Photo de Stéphane Sautarel

Cet amendement vise à revenir sur la rédaction de l'article 2, qui apparaît imprécise.

Il demeure en effet une incertitude juridique sur la durée maximale que peut prendre la phase d'examen dans le cadre de l'instruction de l'autorisation environnementale, dans la mesure où il n'est pas indiqué de manière suffisamment explicite que le délai de cette phase d'examen est enfermé dans le délai d'instruction maximal de trois mois. En outre, la formulation employée suscite un doute d'interprétation.

Nous proposons donc, par le présent amendement, que le délai imparti à l'autorité environnementale, lorsque son avis est requis, soit de deux mois.

Debut de section - PermalienPhoto de Annick Billon

Cet amendement, déposé par mon collègue Michel Canévet, a été présenté à l'instant par M. Sautarel. Son objet est de simplifier et d'accélérer les procédures, sans pour autant les remettre en cause ; j'imagine qu'on ne peut qu'y être favorable.

Photo de Pierre Laurent

La parole est à M. Henri Cabanel, pour présenter l'amendement n° 123 rectifié.

Photo de Annick Billon

Cet amendement, déposé par mon collègue Michel Canévet, a été présenté à l'instant par M. Sautarel. Son objet est de simplifier et d'accélérer les procédures, sans pour autant les remettre en cause ; j'imagine qu'on ne peut qu'y être favorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Henri Cabanel

M. Sautarel et Mme Billon ont fort bien présenté l'objet de cet amendement ; il est donc défendu.

Photo de Pierre Laurent

La parole est à M. Henri Cabanel, pour présenter l'amendement n° 123 rectifié.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 100 rectifié bis, présenté par MM. Levi, Bonhomme, Decool, Burgoa, Tabarot, Laugier, Folliot et Bonneau, Mme Saint-Pé, M. Kern, Mmes Gacquerre et Vermeillet, MM. Pellevat, Sautarel et Henno, Mme Gosselin, MM. Détraigne, Mizzon, J.M. Arnaud, Belin, S. Demilly, Canévet et Le Nay, Mme Gatel, MM. Cigolotti et Duffourg, Mme Morin-Desailly et M. P. Martin, est ainsi libellé :

Alinéa 29, seconde phrase

Remplacer cette phrase par trois phrases ainsi rédigées :

La durée maximale de la phase d'examen et de consultation est de trois mois à compter de la date d'accusé de réception du dossier. Elle peut être portée à quatre mois sur décision motivée de l'autorité compétente. Lorsque l'avis de l'autorité environnementale est requis, celle-ci dispose d'un mois de plus que le délai imparti pour rendre son avis.

La parole est à M. Pierre-Antoine Levi.

Photo de Pierre Laurent

L’amendement n° 23 rectifié, présenté par Mmes Apourceau-Poly, Cohen, Brulin et Gréaume, M. Lahellec et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste, est ainsi libellé :

Rétablir cet article dans la rédaction suivante :

Dans un délai de six mois à compter de la promulgation de la présente loi, le Gouvernement remet au Parlement un rapport sur l’état des pratiques relatives au « dumping social » sur les lignes régulières de ferries au sein de l’espace communautaire européen.

La parole est à Mme Cathy Apourceau-Poly.

Photo de Henri Cabanel

M. Sautarel et Mme Billon ont fort bien présenté l'objet de cet amendement ; il est donc défendu.

Photo de Cathy Apourceau-Poly

J’espère que cet amendement aura la même chance que les précédents… Certes, il s’agit de rétablir une demande de rapport et la commission des affaires sociales a suivi sa jurisprudence constante en supprimant cet article, mais j’espère vous convaincre qu’il est important de le rétablir.

Il a été adopté par l’Assemblée nationale sur l’initiative de Sébastien Jumel et il avait pour objet de demander au Gouvernement de remettre au Parlement, dans un délai de six mois à compter de la promulgation de ce texte, un rapport sur l’état des pratiques relatives au dumping social sur les lignes régulières de ferries au sein de l’espace communautaire européen.

Il existe aujourd’hui une très grande opacité quant aux conditions sociales d’exploitation des lignes régulières au sein de l’espace communautaire, ce qui favorise la multiplication des pratiques sociales défavorables.

Ce rapport permettrait d’éclairer le Parlement sur les enjeux d’un tel phénomène afin de pouvoir prendre à l’avenir des dispositions législatives sur ces pratiques et protéger ainsi notre économie maritime, en œuvrant à l’harmonisation sociale sur les lignes maritimes intracommunautaires.

Photo de Pierre Laurent

L'amendement n° 100 rectifié bis, présenté par MM. Levi, Bonhomme, Decool, Burgoa, Tabarot, Laugier, Folliot et Bonneau, Mme Saint-Pé, M. Kern, Mmes Gacquerre et Vermeillet, MM. Pellevat, Sautarel et Henno, Mme Gosselin, MM. Détraigne, Mizzon, J.M. Arnaud, Belin, S. Demilly, Canévet et Le Nay, Mme Gatel, MM. Cigolotti et Duffourg, Mme Morin-Desailly et M. P. Martin, est ainsi libellé :

Alinéa 29, seconde phrase

Remplacer cette phrase par trois phrases ainsi rédigées :

La durée maximale de la phase d'examen et de consultation est de trois mois à compter de la date d'accusé de réception du dossier. Elle peut être portée à quatre mois sur décision motivée de l'autorité compétente. Lorsque l'avis de l'autorité environnementale est requis, celle-ci dispose d'un mois de plus que le délai imparti pour rendre son avis.

La parole est à M. Pierre-Antoine Levi.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

Quel est l'avis de la commission de l'aménagement du territoire ?

Photo de Pierre-Antoine Levi

Il est défendu, monsieur le président.

Debut de section - PermalienPhoto de Fabien Genet

Ne confondons pas vitesse et précipitation, mes chers collègues !

Nous sommes bien sûr tous attachés à l'accélération des procédures, mais la fixation d'une durée maximale de trois mois pour la phase d'examen et de consultation n'apparaît pas opportune. Il semble en effet difficile, à la fois pour assurer une consultation efficace et pour garantir que l'examen par les services administratifs se fera dans des conditions satisfaisantes, de réduire la durée de cette phase d'examen et de consultation au-delà du délai fixé par le texte, qui est de trois mois et trois semaines.

La fixation à deux mois du délai d'avis de l'autorité environnementale est une proposition déjà satisfaite par l'article R. 122-7 du code de l'environnement. Selon les services interrogés, ce délai est respecté par l'autorité environnementale ; aucune alerte sur ce point n'est à signaler.

C'est pourquoi la commission a émis un avis défavorable sur ces quatre amendements.

Photo de Catherine Procaccia

Vous l’avez dit, la commission rend de manière générale des avis défavorables sur les demandes de rapport, et cela pour plusieurs raisons.

Tout d’abord, ils sont peu souvent remis au Parlement : beaucoup de demandes de rapport ne sont jamais suivies d’effets.

Ensuite, vous auriez pu choisir un délai plus long, ma chère collègue, parce que six mois pour un tel rapport, c’est extrêmement court.

Enfin, je veux vous faire part d’une anecdote : en tant que rapporteur du projet de loi sur le dialogue social et la continuité du service public dans les transports terrestres réguliers de voyageurs, j’ai fait inscrire dans la loi une demande de rapport sur l’opportunité d’étendre le dispositif du service minimum aux autres modes de transport public de voyageurs, en particulier dans l’aérien et le maritime. C’était en 2007 ; vous connaissez ma ténacité : eh bien, je n’ai eu ce rapport qu’en 2012 !

Photo de Pierre Laurent

Quel est l'avis de la commission de l'aménagement du territoire ?

Photo de Fabien Genet

Ne confondons pas vitesse et précipitation, mes chers collègues !

Nous sommes bien sûr tous attachés à l'accélération des procédures, mais la fixation d'une durée maximale de trois mois pour la phase d'examen et de consultation n'apparaît pas opportune. Il semble en effet difficile, à la fois pour assurer une consultation efficace et pour garantir que l'examen par les services administratifs se fera dans des conditions satisfaisantes, de réduire la durée de cette phase d'examen et de consultation au-delà du délai fixé par le texte, qui est de trois mois et trois semaines.

La fixation à deux mois du délai d'avis de l'autorité environnementale est une proposition déjà satisfaite par l'article R. 122-7 du code de l'environnement. Selon les services interrogés, ce délai est respecté par l'autorité environnementale ; aucune alerte sur ce point n'est à signaler.

C'est pourquoi la commission a émis un avis défavorable sur ces quatre amendements.

Debut de section - Permalien
Roland Lescure, ministre délégué

Il est également défavorable.

L'adoption de ces amendements, dont on comprend la logique, risquerait même d'être contre-productive, en entraînant un grand nombre de refus automatiques. En effet, la date de départ retenue dans les dispositifs proposés est celle du dépôt initial du dossier et non celle où celui-ci est déclaré complet et recevable. Ainsi, paradoxalement, en voulant s'assurer que la procédure sera rapidement conclue, on aboutirait à de nombreux échecs. Nous ne saurions donc être favorables à ces amendements.

J'indique néanmoins que les décrets d'application préciseront évidemment tous les délais de ces procédures : nous veillerons bien sûr à ce qu'ils soient respectés.

Hervé Berville

Madame la sénatrice, je suis convaincu, sur le fond, de l’intérêt d’un tel rapport, mais pas sous cette forme.

Tout d’abord, le délai de six mois que vous fixez est très ambitieux.

Roland Lescure, ministre délégué

Il est également défavorable.

L'adoption de ces amendements, dont on comprend la logique, risquerait même d'être contre-productive, en entraînant un grand nombre de refus automatiques. En effet, la date de départ retenue dans les dispositifs proposés est celle du dépôt initial du dossier et non celle où celui-ci est déclaré complet et recevable. Ainsi, paradoxalement, en voulant s'assurer que la procédure sera rapidement conclue, on aboutirait à de nombreux échecs. Nous ne saurions donc être favorables à ces amendements.

J'indique néanmoins que les décrets d'application préciseront évidemment tous les délais de ces procédures : nous veillerons bien sûr à ce qu'ils soient respectés.

Hervé Berville

Ensuite, nous avons déjà beaucoup travaillé sur la situation particulière du transmanche, tandis que le Conseil supérieur de la marine marchande a mis en place, de son côté, un groupe de travail sur la question plus générale du dumping social : il est présidé par Jean-Marc Roué et il réunit les différents acteurs du monde maritime. Je vous propose d’être associée aux travaux de ce groupe.

En tout cas, je souhaite que ce groupe de travail aboutisse à des propositions concrètes pour aller au-delà des dispositions de la présente proposition de loi, qui – je l’espère – sera mise en œuvre le plus rapidement possible.

C’est pourquoi je demande le retrait de cet amendement. À défaut, l’avis serait défavorable.

Photo de Pierre Laurent

L'amendement n° 56 rectifié est retiré.

Madame Billon, l'amendement n° 108 rectifié quater est-il maintenu ?

Photo de Cathy Apourceau-Poly

Je vous remercie de cette belle proposition, monsieur le secrétaire d’État. Nous acceptons bien évidemment de participer aux travaux de ce groupe et j’espère que vous associerez également mon collègue Sébastien Jumel qui est tout de même à l’origine de cette demande de rapport…

Par conséquent, je retire cet amendement.

Photo de Pierre Laurent

L'amendement n° 56 rectifié est retiré.

Madame Billon, l'amendement n° 108 rectifié quater est-il maintenu ?

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 108 rectifié quater est retiré.

Monsieur Cabanel, l'amendement n° 123 rectifié est-il maintenu ?

Photo de Pierre Laurent

L’amendement n° 23 rectifié est retiré.

En conséquence, l’article 3 demeure supprimé.

Photo de Henri Cabanel

Non, je le retire, monsieur le président.

Photo de Pierre Laurent

L'amendement n° 108 rectifié quater est retiré.

Monsieur Cabanel, l'amendement n° 123 rectifié est-il maintenu ?

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 123 rectifié est retiré.

Monsieur Levi, l'amendement n° 100 rectifié bis est-il maintenu ?

Photo de Pierre-Antoine Levi

Non, je le retire, monsieur le président.

Photo de Pierre Laurent

L’amendement n° 24 rectifié, présenté par Mmes Apourceau-Poly, Cohen, Brulin et Gréaume, M. Lahellec et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste, est ainsi libellé :

Rétablir cet article dans la rédaction suivante :

Dans un délai de six mois à compter de la promulgation de la présente loi, le Gouvernement remet au Parlement un rapport recensant les besoins humains et financiers des services en charge de l’inspection du travail maritime pour assurer leurs missions, notamment dans la lutte contre le phénomène de « dumping social ».

Le rapport précise également les pistes d’amélioration de la formation des agents en charge de l’inspection du travail maritime en matière de droit du travail maritime.

La parole est à Mme Céline Brulin.

Photo de Pierre Laurent

L'amendement n° 123 rectifié est retiré.

Monsieur Levi, l'amendement n° 100 rectifié bis est-il maintenu ?

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 100 rectifié bis est retiré.

L'amendement n° 76 rectifié bis, présenté par M. Gillé, Mme Préville, M. Montaugé, Mme Briquet, MM. Marie et J. Bigot, Mme Bonnefoy, M. Devinaz, Mme M. Filleul, MM. Houllegatte et Jacquin, Mmes Artigalas et Blatrix Contat, MM. Lurel et Mérillou, Mme Monier, MM. Redon-Sarrazy, Stanzione, Kanner et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Alinéa 34

Compléter cet alinéa par une phrase ainsi rédigée :

Une remise de ces observations et propositions peut être effectuée sous forme physique dans les maisons de services au public des territoires concernés ;

La parole est à Mme Angèle Préville.

Photo de Céline Brulin

Madame la rapporteure, nous allons continuer d’essayer de vous convaincre !

Vous avez vous-même expliqué que, avant même de créer de nouvelles sanctions, nous avions besoin de renforcer les moyens de contrôle si nous voulions déjà appliquer les sanctions existantes.

C’est précisément l’objet de cette demande de rapport. Tout le monde sait bien que les demandes de rapport servent en général à contourner l’article 40 de la Constitution : en l’espèce, il ne nous permet pas de proposer nous-mêmes d’augmenter ces moyens de contrôle afin de faire respecter le droit du travail et de lutter contre le dumping social.

Monsieur le secrétaire d’État, vous nous avez donné rendez-vous au prochain débat budgétaire pour précisément avancer dans cette voie et je ne doute pas de votre engagement.

Travailler sur le rapport que nous vous proposons vous donnerait des arguments pour exiger que ces moyens de contrôle soient renforcés. Face à Bercy, on n’a jamais trop d’arguments et on n’est jamais trop rassemblés pour faire front !

Nous avons déjà vu des évolutions dans l’examen de ce texte, puisque l’article 1er ter a été rétabli grâce à la force de conviction du Sénat, certes après conciliabules et négociations… Je ne doute pas que cet amendement connaîtra le même développement et que nous pourrons l’adopter ensemble pour montrer qu’il y a un réel besoin de renforcer les contrôles. Faisons pression collectivement pour obtenir ces moyens supplémentaires !

Photo de Pierre-Antoine Levi

Non, je le retire, monsieur le président.

Debut de section - PermalienPhoto de Angèle Préville

La commission a décidé, à cet article 2, de permettre que les observations et propositions du public sur l'enquête publique soient adressées non seulement par voie électronique, mais aussi par voie postale.

Nous souhaitons compléter ce dispositif en permettant la remise de ces observations et propositions sous forme physique, dans les maisons de service au public des territoires concernés. On pourrait ainsi inclure la population la plus large possible.

Photo de Pierre Laurent

L'amendement n° 100 rectifié bis est retiré.

L'amendement n° 76 rectifié bis, présenté par M. Gillé, Mme Préville, M. Montaugé, Mme Briquet, MM. Marie et J. Bigot, Mme Bonnefoy, M. Devinaz, Mme M. Filleul, MM. Houllegatte et Jacquin, Mmes Artigalas et Blatrix Contat, MM. Lurel et Mérillou, Mme Monier, MM. Redon-Sarrazy, Stanzione, Kanner et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Alinéa 34

Compléter cet alinéa par une phrase ainsi rédigée :

Une remise de ces observations et propositions peut être effectuée sous forme physique dans les maisons de services au public des territoires concernés ;

La parole est à Mme Angèle Préville.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

Quel est l'avis de la commission de l'aménagement du territoire ?

Photo de Angèle Préville

La commission a décidé, à cet article 2, de permettre que les observations et propositions du public sur l'enquête publique soient adressées non seulement par voie électronique, mais aussi par voie postale.

Nous souhaitons compléter ce dispositif en permettant la remise de ces observations et propositions sous forme physique, dans les maisons de service au public des territoires concernés. On pourrait ainsi inclure la population la plus large possible.

Debut de section - PermalienPhoto de Fabien Genet

Nous sommes bien sûr sensibles à l'argument de notre collègue, comme nous l'avions été en commission sur l'amendement tendant à permettre la remise de ces observations et propositions par voie postale, que nous avons adopté de manière à permettre à ceux qui ont des difficultés à accéder aux services en ligne de faire valoir leurs arguments.

Toutefois, le dispositif initial permet déjà au commissaire enquêteur de définir les modalités de remise des observations et propositions.

Par ailleurs, si nous sommes tous très sensibles au rôle des maisons de service au public, la mention de celles-ci semble juridiquement assez imprécise, d'autant qu'elles sont souvent remplacées aujourd'hui par des espaces ayant reçu le label France Services.

Dès lors, au vu de cette imprécision et de la liberté laissée au commissaire enquêteur d'organiser les modalités de remise des observations, la commission a émis un avis défavorable sur cet amendement.

Photo de Pierre Laurent

Quel est l'avis de la commission de l'aménagement du territoire ?

Hervé Berville

Défavorable.

Photo de Fabien Genet

Nous sommes bien sûr sensibles à l'argument de notre collègue, comme nous l'avions été en commission sur l'amendement tendant à permettre la remise de ces observations et propositions par voie postale, que nous avons adopté de manière à permettre à ceux qui ont des difficultés à accéder aux services en ligne de faire valoir leurs arguments.

Toutefois, le dispositif initial permet déjà au commissaire enquêteur de définir les modalités de remise des observations et propositions.

Par ailleurs, si nous sommes tous très sensibles au rôle des maisons de service au public, la mention de celles-ci semble juridiquement assez imprécise, d'autant qu'elles sont souvent remplacées aujourd'hui par des espaces ayant reçu le label France Services.

Dès lors, au vu de cette imprécision et de la liberté laissée au commissaire enquêteur d'organiser les modalités de remise des observations, la commission a émis un avis défavorable sur cet amendement.

Debut de section - Permalien
Roland Lescure, ministre délégué

Même avis, pour les mêmes raisons.

Roland Lescure, ministre délégué

Même avis, pour les mêmes raisons.

L'amendement n'est pas adopté.

Photo de Pierre Laurent

En conséquence, l’article 4 demeure supprimé.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 77 rectifié bis, présenté par Mme Préville, M. Montaugé, Mme Briquet, MM. Marie et J. Bigot, Mme Bonnefoy, M. Devinaz, Mme M. Filleul, MM. Gillé, Houllegatte et Jacquin, Mmes Artigalas et Blatrix Contat, MM. Lurel et Mérillou, Mme Monier, MM. Redon-Sarrazy, Stanzione, Kanner et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Alinéa 39

Après le mot :

motivées

insérer les mots :

en précisant si elles sont favorables, favorables sous réserves ou défavorables au projet,

La parole est à Mme Angèle Préville.

Debut de section - PermalienPhoto de Angèle Préville

Cet amendement vise à préciser que l'avis du commissaire enquêteur doit exprimer clairement sa position sur le projet concerné.

En effet, la rédaction actuelle de l'article 2 n'apportant pas cette précision, il pourrait s'avérer difficile, à la lecture des conclusions de l'enquête, de déterminer clairement, rapidement et de façon transparente la position du commissaire enquêteur. Or il nous paraît essentiel que des non-spécialistes – je pense notamment au grand public – qui auraient pu participer activement à la phase de consultation préalable à la remise des conclusions du commissaire enquêteur puissent avoir accès instantanément à cette information, sans être obligés, comme c'est le cas parfois, de lire entre les lignes.

C'est pourquoi, dans l'esprit de la législation actuelle, le présent amendement tend à préciser que les conclusions du commissaire enquêteur devront explicitement préciser si elles sont dans l'ensemble favorables, favorables sous réserves, ou défavorables. On s'assurerait ainsi que l'administration tienne compte dans l'instruction du dossier d'un avis autre que favorable.

Photo de Pierre Laurent

Je suis saisi de trois amendements faisant l’objet d’une discussion commune.

Les deux premiers sont identiques.

L’amendement n° 12 est présenté par MM. Hassani, Iacovelli, Lévrier, Patriat et les membres du groupe Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants.

L’amendement n° 34 est présenté par M. Canévet.

Ces deux amendements sont ainsi libellés :

Supprimer les mots :

sur le transmanche

La parole est à M. Bernard Buis, pour présenter l’amendement n° 12.

Photo de Pierre Laurent

L'amendement n° 77 rectifié bis, présenté par Mme Préville, M. Montaugé, Mme Briquet, MM. Marie et J. Bigot, Mme Bonnefoy, M. Devinaz, Mme M. Filleul, MM. Gillé, Houllegatte et Jacquin, Mmes Artigalas et Blatrix Contat, MM. Lurel et Mérillou, Mme Monier, MM. Redon-Sarrazy, Stanzione, Kanner et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Alinéa 39

Après le mot :

motivées

insérer les mots :

en précisant si elles sont favorables, favorables sous réserves ou défavorables au projet,

La parole est à Mme Angèle Préville.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

Quel est l'avis de la commission de l'aménagement du territoire ?

Photo de Bernard Buis

Pour être en cohérence avec l’adoption de notre amendement n° 31, nous vous proposons de changer l’intitulé de la proposition pour clarifier le fait que la lutte contre le dumping social ne concerne pas que le transmanche.

Photo de Angèle Préville

Cet amendement vise à préciser que l'avis du commissaire enquêteur doit exprimer clairement sa position sur le projet concerné.

En effet, la rédaction actuelle de l'article 2 n'apportant pas cette précision, il pourrait s'avérer difficile, à la lecture des conclusions de l'enquête, de déterminer clairement, rapidement et de façon transparente la position du commissaire enquêteur. Or il nous paraît essentiel que des non-spécialistes – je pense notamment au grand public – qui auraient pu participer activement à la phase de consultation préalable à la remise des conclusions du commissaire enquêteur puissent avoir accès instantanément à cette information, sans être obligés, comme c'est le cas parfois, de lire entre les lignes.

C'est pourquoi, dans l'esprit de la législation actuelle, le présent amendement tend à préciser que les conclusions du commissaire enquêteur devront explicitement préciser si elles sont dans l'ensemble favorables, favorables sous réserves, ou défavorables. On s'assurerait ainsi que l'administration tienne compte dans l'instruction du dossier d'un avis autre que favorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Fabien Genet

Dans le cadre de l'enquête publique, l'article L. 123-15 du code de l'environnement prévoit déjà que le commissaire enquêteur remet des « conclusions motivées ». En pratique, cette disposition amène le commissaire à émettre un avis sur le projet. L'article 2, à l'alinéa 39, dispose également que le commissaire enquêteur remet des « conclusions motivées » dans le cadre de la nouvelle procédure de participation du public.

Il me semble que l'expression « conclusions motivées » est suffisante. C'est pourquoi la commission a émis un avis défavorable sur cet amendement.

Photo de Pierre Laurent

La parole est à M. Michel Canévet, pour présenter l’amendement n° 34.

Photo de Pierre Laurent

Quel est l'avis de la commission de l'aménagement du territoire ?

Photo de Michel Canevet

Inscrire dans l’intitulé de ce texte qu’il vise à lutter contre le dumping social, sans restriction au seul transmanche, correspond mieux aux travaux du Sénat.

Photo de Fabien Genet

Dans le cadre de l'enquête publique, l'article L. 123-15 du code de l'environnement prévoit déjà que le commissaire enquêteur remet des « conclusions motivées ». En pratique, cette disposition amène le commissaire à émettre un avis sur le projet. L'article 2, à l'alinéa 39, dispose également que le commissaire enquêteur remet des « conclusions motivées » dans le cadre de la nouvelle procédure de participation du public.

Il me semble que l'expression « conclusions motivées » est suffisante. C'est pourquoi la commission a émis un avis défavorable sur cet amendement.

Debut de section - Permalien
Roland Lescure, ministre délégué

Au-delà de l'argument pertinent du rapporteur pour avis, qui a rappelé que des « conclusions motivées » sont déjà prévues dans la loi, je précise que le règlement prévoit un avis du commissaire enquêteur. De ce fait, madame la sénatrice, votre amendement, dont je comprends la logique, est satisfait.

Je vous invite donc, au vu de l'absence de régression dans les dispositions nouvelles inscrites à l'article 2, à le retirer ; à défaut, l'avis du Gouvernement serait défavorable.

Photo de Pierre Laurent

L’amendement n° 11, présenté par Mmes M. Vogel et Poncet Monge, MM. Benarroche, Breuiller et Dantec, Mme de Marco et MM. Dossus, Fernique, Gontard, Labbé, Parigi et Salmon, est ainsi libellé :

Remplacer les mots :

sur le transmanche

par les mots :

du personnel des ferries internationaux

La parole est à Mme Mélanie Vogel.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

La parole est à Mme Angèle Préville, pour explication de vote.

Photo de Mélanie Vogel

Cet amendement va dans le même sens que les deux précédents ; il vise au fond à mettre en cohérence l’intitulé de la proposition de loi avec ce que nous avons voté, c’est-à-dire des dispositions qui ne s’appliquent pas qu’aux seules liaisons transmanche. Si nous ne changeons pas l’intitulé du texte, il risque d’y avoir une incohérence, au moins dans la forme.

Roland Lescure, ministre délégué

Au-delà de l'argument pertinent du rapporteur pour avis, qui a rappelé que des « conclusions motivées » sont déjà prévues dans la loi, je précise que le règlement prévoit un avis du commissaire enquêteur. De ce fait, madame la sénatrice, votre amendement, dont je comprends la logique, est satisfait.

Je vous invite donc, au vu de l'absence de régression dans les dispositions nouvelles inscrites à l'article 2, à le retirer ; à défaut, l'avis du Gouvernement serait défavorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Angèle Préville

Je ne retirerai pas l'amendement, et je réitère mon interrogation : les « conclusions motivées » consisteront-elles à préciser clairement, comme je le demande, que l'avis du commissaire enquêteur est favorable, favorable sous réserves, ou défavorable ? Si tel n'est pas le cas, la lecture des conclusions peut s'avérer difficile.

Photo de Pierre Laurent

La parole est à Mme Angèle Préville, pour explication de vote.

Photo de Catherine Procaccia

Comme vous le savez, la commission a déjà modifié l’intitulé de ce texte pour y inclure les questions relatives à la sécurité maritime. En outre, l’article 1er s’applique bien aux liaisons transmanche.

La commission souhaite donc conserver l’intitulé suivant : proposition de loi visant à lutter contre le dumping social sur le transmanche et à renforcer la sécurité du transport maritime.

L’avis est donc défavorable.

Photo de Angèle Préville

Je ne retirerai pas l'amendement, et je réitère mon interrogation : les « conclusions motivées » consisteront-elles à préciser clairement, comme je le demande, que l'avis du commissaire enquêteur est favorable, favorable sous réserves, ou défavorable ? Si tel n'est pas le cas, la lecture des conclusions peut s'avérer difficile.

L'amendement n'est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

Je suis saisi de trois amendements identiques.

L'amendement n° 46 rectifié est présenté par Mme Paoli-Gagin, MM. Capus, Guerriau et A. Marc, Mme Mélot et MM. Lagourgue, Grand, Chasseing, Wattebled, Malhuret, Decool et Menonville.

L'amendement n° 170 est présenté par Mme Micouleau, MM. Anglars et Belin, Mmes Bellurot, Belrhiti et Bonfanti-Dossat, MM. Bouchet, Brisson, Burgoa, Cambon et Charon, Mmes Dumont, Garriaud-Maylam, Gosselin et Imbert, MM. Karoutchi et Klinger, Mme Lherbier, MM. Mandelli, Mouiller et Panunzi, Mme Procaccia et MM. Savary, Segouin, Sol et C. Vial.

L'amendement n° 199 rectifié ter est présenté par MM. Marseille, Bonnecarrère, Folliot et Laugier, Mmes Herzog et Devésa, M. Levi, Mmes Létard, Vérien, Vermeillet et Billon, MM. S. Demilly, Détraigne et Moga, Mme Jacquemet, MM. Cigolotti et Canévet, Mmes Guidez et Gatel, MM. Janssens, Longeot et Lafon, Mme Perrot et MM. Kern, Henno, Cazabonne, Duffourg, L. Hervé, Le Nay et Capo-Canellas.

Ces trois amendements sont ainsi libellés :

Après l'alinéa 45

Insérer deux alinéas ainsi rédigés :

…° Le même article L. 181-17 est complété par un alinéa ainsi rédigé :

« Le délai de recours contentieux, fixé par décret en Conseil d'État, n'est pas prorogé par l'exercice d'un recours administratif. » ;

L'amendement n° 46 rectifié n'est pas soutenu.

La parole est à Mme Béatrice Gosselin, pour présenter l'amendement n° 170.

Hervé Berville

On voit bien la complexité du sujet !

Le texte a évolué par rapport à la rédaction adoptée à l’Assemblée nationale.

En outre, le Gouvernement a retiré son amendement à l’article 1er qui tendait à préciser que cet article était circonscrit aux liaisons transmanche. En effet, nous pensons que cette précision aura davantage sa place dans le décret d’application – le dispositif sera ainsi plus opérationnel et plus rapide à mettre en œuvre.

Je demande donc le retrait de ces amendements. À défaut, j’y serai défavorable.

L’intitulé actuel répond d’ailleurs aux interrogations de M. Bacchi et du groupe CRCE sur le fait que cette proposition de loi a pour objet de lutter contre le dumping social sur les liaisons transmanche et de renforcer, pour toutes nos façades maritimes, la sécurité du transport maritime et la protection de notre modèle social – c’est l’ajout réalisé sur l’initiative de Mme la rapporteure.

Avec cet intitulé, il est clair que nous traitons les deux aspects : le dumping social sur le transmanche et la sécurité maritime sur toutes nos façades maritimes, ce qui favorisera notamment le développement de l’éolien en mer.

En tout cas, ce débat montre bien que le cheminement parlementaire est important et que nous devons pouvoir adapter les choses jusqu’au bout en cas de besoin.

Debut de section - PermalienPhoto de Béatrice Gosselin

Par cet amendement, déposé par ma collègue Brigitte Micouleau, nous proposons de modifier les dispositions relatives au contentieux des autorisations environnementales en précisant que l'exercice d'un recours administratif ne pourra pas prolonger le délai ouvert pour le recours contentieux.

Photo de Pierre Laurent

Monsieur Buis, l’amendement n° 12 est-il maintenu ?

Photo de Pierre Laurent

Je suis saisi de trois amendements identiques.

L'amendement n° 46 rectifié est présenté par Mme Paoli-Gagin, MM. Capus, Guerriau et A. Marc, Mme Mélot et MM. Lagourgue, Grand, Chasseing, Wattebled, Malhuret, Decool et Menonville.

L'amendement n° 170 est présenté par Mme Micouleau, MM. Anglars et Belin, Mmes Bellurot, Belrhiti et Bonfanti-Dossat, MM. Bouchet, Brisson, Burgoa, Cambon et Charon, Mmes Dumont, Garriaud-Maylam, Gosselin et Imbert, MM. Karoutchi et Klinger, Mme Lherbier, MM. Mandelli, Mouiller et Panunzi, Mme Procaccia et MM. Savary, Segouin, Sol et C. Vial.

L'amendement n° 199 rectifié ter est présenté par MM. Marseille, Bonnecarrère, Folliot et Laugier, Mmes Herzog et Devésa, M. Levi, Mmes Létard, Vérien, Vermeillet et Billon, MM. S. Demilly, Détraigne et Moga, Mme Jacquemet, MM. Cigolotti et Canévet, Mmes Guidez et Gatel, MM. Janssens, Longeot et Lafon, Mme Perrot et MM. Kern, Henno, Cazabonne, Duffourg, L. Hervé, Le Nay et Capo-Canellas.

Ces trois amendements sont ainsi libellés :

Après l'alinéa 45

Insérer deux alinéas ainsi rédigés :

…° Le même article L. 181-17 est complété par un alinéa ainsi rédigé :

« Le délai de recours contentieux, fixé par décret en Conseil d'État, n'est pas prorogé par l'exercice d'un recours administratif. » ;

L'amendement n° 46 rectifié n'est pas soutenu.

La parole est à Mme Béatrice Gosselin, pour présenter l'amendement n° 170.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

La parole est à Mme Annick Billon, pour présenter l'amendement n° 199 rectifié ter.

Photo de Bernard Buis

M. Bernard Buis. Non, je le retire, monsieur le président. Je veux être agréable envers M. le secrétaire d’État, même si ses explications étaient quelque peu tarabiscotées…

Photo de Béatrice Gosselin

Par cet amendement, déposé par ma collègue Brigitte Micouleau, nous proposons de modifier les dispositions relatives au contentieux des autorisations environnementales en précisant que l'exercice d'un recours administratif ne pourra pas prolonger le délai ouvert pour le recours contentieux.

Debut de section - PermalienPhoto de Annick Billon

Cet amendement a été déposé par Hervé Marseille, président du groupe Union Centriste. Il vise également à préciser que l'exercice d'un recours administratif ne vaut pas prolongation du délai ouvert pour le recours contentieux. Cette mesure contribuerait à réduire les retards liés au contentieux de ces autorisations environnementales, qui est en moyenne de deux mois.

Photo de Pierre Laurent

La parole est à Mme Annick Billon, pour présenter l'amendement n° 199 rectifié ter.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

Quel est l'avis de la commission de l'aménagement du territoire ?

Photo de Annick Billon

Cet amendement a été déposé par Hervé Marseille, président du groupe Union Centriste. Il vise également à préciser que l'exercice d'un recours administratif ne vaut pas prolongation du délai ouvert pour le recours contentieux. Cette mesure contribuerait à réduire les retards liés au contentieux de ces autorisations environnementales, qui est en moyenne de deux mois.

Debut de section - PermalienPhoto de Fabien Genet

La fixation du délai de recours contentieux relatif aux autorisations environnementales relève du domaine réglementaire et non du champ de la loi ; ce délai figure à l'article R. 181-50 du code de l'environnement. Il revient donc au Gouvernement de se prononcer sur cette proposition, en sachant qu'une disposition similaire a déjà été adoptée pour les projets d'énergies renouvelables, dans le décret du 29 octobre 2022.

Pour sa part, la commission appelle le Gouvernement à répondre favorablement à cette demande par voie réglementaire. En effet, le recours gracieux est parfois utilisé par des requérants comme un simple moyen de reporter de deux mois le délai de recours contentieux. Il convient donc certainement de limiter l'utilisation de cet outil contentieux pour prévenir les abus.

Au bénéfice de ces observations, je demanderai aux auteurs de ces amendements de bien vouloir les retirer, de manière à laisser au Gouvernement la possibilité d'exercer son pouvoir réglementaire en la matière.

Photo de Pierre Laurent

Quel est l'avis de la commission de l'aménagement du territoire ?

Photo de Fabien Genet

La fixation du délai de recours contentieux relatif aux autorisations environnementales relève du domaine réglementaire et non du champ de la loi ; ce délai figure à l'article R. 181-50 du code de l'environnement. Il revient donc au Gouvernement de se prononcer sur cette proposition, en sachant qu'une disposition similaire a déjà été adoptée pour les projets d'énergies renouvelables, dans le décret du 29 octobre 2022.

Pour sa part, la commission appelle le Gouvernement à répondre favorablement à cette demande par voie réglementaire. En effet, le recours gracieux est parfois utilisé par des requérants comme un simple moyen de reporter de deux mois le délai de recours contentieux. Il convient donc certainement de limiter l'utilisation de cet outil contentieux pour prévenir les abus.

Au bénéfice de ces observations, je demanderai aux auteurs de ces amendements de bien vouloir les retirer, de manière à laisser au Gouvernement la possibilité d'exercer son pouvoir réglementaire en la matière.

Debut de section - Permalien
Roland Lescure, ministre délégué

Je vous confirme que le Gouvernement est favorable, sur le principe, à de telles dispositions, qui relèvent bien de son pouvoir réglementaire. Des dispositions identiques ont déjà été prises dans les décrets d'application d'autres lois ; nous envisageons de le faire également pour l'application du présent projet de loi.

Le Gouvernement se joint donc à la demande de retrait exprimée par le rapporteur pour avis.

Roland Lescure, ministre délégué

Je vous confirme que le Gouvernement est favorable, sur le principe, à de telles dispositions, qui relèvent bien de son pouvoir réglementaire. Des dispositions identiques ont déjà été prises dans les décrets d'application d'autres lois ; nous envisageons de le faire également pour l'application du présent projet de loi.

Le Gouvernement se joint donc à la demande de retrait exprimée par le rapporteur pour avis.

Photo de Pierre Laurent

Avant de mettre aux voix l’ensemble de la proposition de loi, je donne la parole à M. Jacques Fernique, pour explication de vote.

Photo de Pierre Laurent

Madame Gosselin, l'amendement n° 170 est-il maintenu ?

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 170 est retiré.

Madame Billon, l'amendement n° 199 rectifié ter est-il maintenu ?

Photo de Jacques Fernique

Avant de voter, je tiens à saluer le dépôt de ce texte qui vise à lutter contre le dumping social – il va dans le bon sens.

Je regrette toutefois que le travail parlementaire ait été quelque peu limité : il aurait sans doute été plus pertinent que le Gouvernement dépose un projet de loi pour qu’une étude d’impact et un avis du Conseil d’État éclairent nos délibérations.

Le groupe écologiste aurait aussi souhaité que l’ambition de ce texte soit plus élevée. Oui, l’application du Smic français aux équipages de toutes les compagnies maritimes, quel que soit le pavillon utilisé, est une bonne avancée.

En revanche, le texte n’apporte pas de progrès sur la question des sanctions pénales pour les entreprises qui ne respecteraient pas leurs obligations.

Nous aurions également voulu que le même niveau d’indemnités de congés soit assuré pour tous les salariés, que l’entreprise soit ou non établie en France.

Au-delà de la question du dumping social, nous devons aussi avancer sur le volet de la transition écologique, car les trajets en ferry sont extrêmement polluants.

Photo de Béatrice Gosselin

Non, je le retire, monsieur le président.

Debut de section - PermalienPhoto de Annick Billon

Au vu des arguments de M. le rapporteur et de M. le ministre, puisque nous sommes d'accord sur les objectifs et qu'ils seront atteints, je le retire, monsieur le président.

Photo de Pierre Laurent

La parole est à Mme Céline Brulin, pour explication de vote.

Photo de Pierre Laurent

L'amendement n° 170 est retiré.

Madame Billon, l'amendement n° 199 rectifié ter est-il maintenu ?

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 199 rectifié ter est retiré.

Je suis saisi de six amendements faisant l'objet d'une discussion commune.

L'amendement n° 355 rectifié n'est pas soutenu.

L'amendement n° 58 rectifié bis, présenté par MM. Sautarel, Burgoa et Cambon, Mme Belrhiti, M. Panunzi, Mme Dumont, M. Reichardt, Mmes Goy-Chavent, Bellurot et Ventalon, MM. Tabarot et E. Blanc, Mme Gruny, MM. Brisson, Lefèvre, Meurant, Klinger, Mouiller, Pointereau, Gueret, Charon, Belin, Laménie, Anglars, Mandelli, Darnaud, Bascher, C. Vial et Bouchet, Mme Gosselin, MM. B. Fournier et Piednoir, Mme Borchio Fontimp et M. Rapin, est ainsi libellé :

Après l'alinéa 45

Insérer deux alinéas ainsi rédigés :

L'article L. 181-17 est complété par un alinéa ainsi rédigé :

« Lorsque le droit de former un recours contre une de ces décisions est mis en œuvre dans des conditions qui traduisent un comportement abusif de la part du requérant et qui causent un préjudice au bénéficiaire de l'autorisation, celui-ci peut demander, par un mémoire distinct, au juge administratif saisi du recours de condamner son auteur à lui verser des dommages et intérêts. La demande peut être présentée pour la première fois en appel. » ;

La parole est à Mme Béatrice Gosselin.

Photo de Céline Brulin

Nous l’avons dit, le groupe CRCE va voter cette proposition de loi qui constitue un pas dans la lutte contre le dumping social sur le trafic transmanche.

Ce dumping n’est pas derrière nous ; au contraire, il redouble et un certain nombre de compagnies sont à l’offensive. Elles tirent encore plus vers le bas les conditions de travail de nos marins, ce qui risque, au-delà de l’impact sur les marins eux-mêmes, d’avoir des conséquences extrêmement douloureuses pour l’activité économique, en particulier dans des régions comme les Hauts-de-France, la Bretagne ou la Normandie.

En tant qu’élue du département de Seine-Maritime, je sais combien l’activité maritime a des conséquences positives sur de nombreux emplois. Cette proposition de loi sera aussi utile de ce point de vue.

Vous aurez aussi compris, à travers les amendements que nous avons défendus, que nous considérons – je crois que nous ne sommes pas les seuls – que cette proposition de loi ne va pas, à elle seule, épuiser l’ensemble du sujet. Il faut continuer de travailler pour faire avancer les choses, si nous voulons lutter efficacement contre le dumping social.

Pour conclure, monsieur le secrétaire d’État, je voudrais vous interroger sur le calendrier. Ce texte est censé entrer en vigueur de manière concomitante avec la loi qui a été adoptée par le Parlement britannique et qui devrait elle-même entrer en vigueur en janvier prochain. Serons-nous prêts ? Pourquoi ne pas avoir utilisé la procédure accélérée, pourtant souvent engagée, afin que ce texte soit opérant le plus rapidement possible ?

Photo de Annick Billon

Au vu des arguments de M. le rapporteur et de M. le ministre, puisque nous sommes d'accord sur les objectifs et qu'ils seront atteints, je le retire, monsieur le président.

Photo de Pierre Laurent

La parole est à M. Jean-Luc Fichet, pour explication de vote.

Photo de Pierre Laurent

L'amendement n° 199 rectifié ter est retiré.

Je suis saisi de six amendements faisant l'objet d'une discussion commune.

L'amendement n° 355 rectifié n'est pas soutenu.

L'amendement n° 58 rectifié bis, présenté par MM. Sautarel, Burgoa et Cambon, Mme Belrhiti, M. Panunzi, Mme Dumont, M. Reichardt, Mmes Goy-Chavent, Bellurot et Ventalon, MM. Tabarot et E. Blanc, Mme Gruny, MM. Brisson, Lefèvre, Meurant, Klinger, Mouiller, Pointereau, Gueret, Charon, Belin, Laménie, Anglars, Mandelli, Darnaud, Bascher, C. Vial et Bouchet, Mme Gosselin, MM. B. Fournier et Piednoir, Mme Borchio Fontimp et M. Rapin, est ainsi libellé :

Après l'alinéa 45

Insérer deux alinéas ainsi rédigés :

L'article L. 181-17 est complété par un alinéa ainsi rédigé :

« Lorsque le droit de former un recours contre une de ces décisions est mis en œuvre dans des conditions qui traduisent un comportement abusif de la part du requérant et qui causent un préjudice au bénéficiaire de l'autorisation, celui-ci peut demander, par un mémoire distinct, au juge administratif saisi du recours de condamner son auteur à lui verser des dommages et intérêts. La demande peut être présentée pour la première fois en appel. » ;

La parole est à Mme Béatrice Gosselin.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 47 rectifié n'est pas soutenu.

Les trois amendements suivants sont identiques.

L'amendement n° 124 rectifié est présenté par Mme N. Delattre, MM. Artano, Roux, Fialaire, Guiol, Requier, Bilhac, Cabanel et Gold et Mme Guillotin.

L'amendement n° 169 rectifié est présenté par Mmes Micouleau, Bonfanti-Dossat, Garriaud-Maylam et Imbert, M. Karoutchi, Mmes Lherbier et Procaccia et MM. Savary, Segouin et Sol.

L'amendement n° 198 rectifié ter est présenté par MM. Marseille, Bonnecarrère et Folliot, Mme Herzog, M. Laugier, Mme Devésa, M. Levi, Mmes Létard, Vérien, Vermeillet et Billon, MM. Détraigne et S. Demilly, Mme Saint-Pé, M. Moga, Mme Jacquemet, MM. Janssens, Cigolotti et Canévet, Mmes Guidez et Gatel, MM. Longeot et Lafon, Mme Perrot et MM. Kern, Henno, Cazabonne, Duffourg, L. Hervé, Capo-Canellas et Le Nay.

Ces trois amendements sont ainsi libellés :

Après l'alinéa 45

Insérer deux alinéas ainsi rédigés :

...° La section 5 du chapitre unique du titre VIII du livre Ier du code de l'environnement est complétée par un article L. 181-18-… ainsi rédigé :

« Art. L. 181 -18 -…. – Lorsque le droit de former un recours contre une autorisation environnementale est mis en œuvre dans des conditions qui traduisent un comportement abusif de la part du requérant et qui causent un préjudice au bénéficiaire de l'autorisation, celui-ci peut demander, par un mémoire distinct, au juge administratif saisi du recours de condamner l'auteur de celui-ci à lui allouer des dommages et intérêts. La demande peut être présentée pour la première fois en appel. » ;

La parole est à M. Henri Cabanel, pour présenter l'amendement n° 124 rectifié.

Photo de Jean-Luc Fichet

Je veux d’abord dire notre satisfaction de voir ce texte avancer de manière très positive. Il est très important, parce qu’il concerne des gens qui connaissent des conditions de travail souvent déplorables.

Et nous revenons de loin, cela a été rappelé !

Nous devons toutefois rester prudents, parce qu’il faut encore assurer la convergence avec la nouvelle législation britannique et avec le droit européen.

C’est d’ailleurs pour cette raison que le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain n’a pas soutenu une augmentation des sanctions ou des primes. Certes, il s’agissait d’améliorer les conditions de travail des marins, mais nous voulions que ce texte puisse s’appliquer en toute sécurité juridique et au 1er janvier 2024 – il y va de l’intérêt général et de celui des marins.

Nous sommes donc très heureux que cette proposition de loi puisse être adoptée, qui plus est à l’unanimité.

Debut de section - PermalienPhoto de Henri Cabanel

Les recours contentieux sont l'une des principales sources de retard dans le développement des projets industriels et des projets d'énergies renouvelables. Si des mesures législatives et réglementaires peuvent permettre de réduire les délais de traitement des contentieux, il est également nécessaire de limiter à leur source les recours contentieux.

Nous proposons donc de sanctionner les recours abusifs, en nous inspirant de l'article 80 de la loi du 23 novembre 2018 portant évolution du logement, de l'aménagement et du numérique, dite loi Élan, concernant les contentieux en urbanisme.

En effet, dans des conditions qui traduisent un comportement abusif de la part du requérant et qui causent un préjudice au bénéficiaire du permis de construire, la loi Élan permet à ce dernier de demander, par un mémoire distinct, au juge administratif saisi du recours de condamner l'auteur de celui-ci à lui allouer des dommages et intérêts.

Cette mesure constituait l'une des propositions formulées par les pilotes pour le présent projet de loi. Ainsi, leur rapport note : « Certains porteurs de projets sont très inquiets des délais de contentieux possibles, dont la durée se compte en années et dépasse largement les durées de procédure, au point de renoncer purement et simplement aux projets qui font l'objet d'un contentieux sans en attendre l'issue. La durée des contentieux devient un critère déterminant pour les choix de pays d'implantation. » Ils insistent par conséquent sur la nécessité de prendre des « mesures permettant de rendre plus prévisible l'évolution des contentieux et d'en réduire partiellement la durée » afin de permettre à plus de projets d'industrie verte de s'installer en France.

Photo de Pierre Laurent

La parole est à M. Bernard Buis, pour explication de vote.

Photo de Pierre Laurent

L'amendement n° 47 rectifié n'est pas soutenu.

Les trois amendements suivants sont identiques.

L'amendement n° 124 rectifié est présenté par Mme N. Delattre, MM. Artano, Roux, Fialaire, Guiol, Requier, Bilhac, Cabanel et Gold et Mme Guillotin.

L'amendement n° 169 rectifié est présenté par Mmes Micouleau, Bonfanti-Dossat, Garriaud-Maylam et Imbert, M. Karoutchi, Mmes Lherbier et Procaccia et MM. Savary, Segouin et Sol.

L'amendement n° 198 rectifié ter est présenté par MM. Marseille, Bonnecarrère et Folliot, Mme Herzog, M. Laugier, Mme Devésa, M. Levi, Mmes Létard, Vérien, Vermeillet et Billon, MM. Détraigne et S. Demilly, Mme Saint-Pé, M. Moga, Mme Jacquemet, MM. Janssens, Cigolotti et Canévet, Mmes Guidez et Gatel, MM. Longeot et Lafon, Mme Perrot et MM. Kern, Henno, Cazabonne, Duffourg, L. Hervé, Capo-Canellas et Le Nay.

Ces trois amendements sont ainsi libellés :

Après l'alinéa 45

Insérer deux alinéas ainsi rédigés :

...° La section 5 du chapitre unique du titre VIII du livre Ier du code de l'environnement est complétée par un article L. 181-18-… ainsi rédigé :

« Art. L. 181 -18 -…. – Lorsque le droit de former un recours contre une autorisation environnementale est mis en œuvre dans des conditions qui traduisent un comportement abusif de la part du requérant et qui causent un préjudice au bénéficiaire de l'autorisation, celui-ci peut demander, par un mémoire distinct, au juge administratif saisi du recours de condamner l'auteur de celui-ci à lui allouer des dommages et intérêts. La demande peut être présentée pour la première fois en appel. » ;

La parole est à M. Henri Cabanel, pour présenter l'amendement n° 124 rectifié.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L'amendement n° 169 rectifié n'est pas soutenu.

La parole est à Mme Annick Billon, pour présenter l'amendement n° 198 rectifié ter.

Photo de Bernard Buis

À mon tour de saluer cette proposition de loi qui sera sans aucun doute votée dans quelques minutes par le Sénat !

Le licenciement brutal en mars 2022 de 786 marins a provoqué un choc qui a abouti au dépôt de cette proposition de loi par notre collègue député Didier Le Gac.

Comme les orateurs précédents, je souhaite que ce texte soit adopté définitivement le plus rapidement possible afin d’être applicable dès 2024.

Photo de Henri Cabanel

Les recours contentieux sont l'une des principales sources de retard dans le développement des projets industriels et des projets d'énergies renouvelables. Si des mesures législatives et réglementaires peuvent permettre de réduire les délais de traitement des contentieux, il est également nécessaire de limiter à leur source les recours contentieux.

Nous proposons donc de sanctionner les recours abusifs, en nous inspirant de l'article 80 de la loi du 23 novembre 2018 portant évolution du logement, de l'aménagement et du numérique, dite loi Élan, concernant les contentieux en urbanisme.

En effet, dans des conditions qui traduisent un comportement abusif de la part du requérant et qui causent un préjudice au bénéficiaire du permis de construire, la loi Élan permet à ce dernier de demander, par un mémoire distinct, au juge administratif saisi du recours de condamner l'auteur de celui-ci à lui allouer des dommages et intérêts.

Cette mesure constituait l'une des propositions formulées par les pilotes pour le présent projet de loi. Ainsi, leur rapport note : « Certains porteurs de projets sont très inquiets des délais de contentieux possibles, dont la durée se compte en années et dépasse largement les durées de procédure, au point de renoncer purement et simplement aux projets qui font l'objet d'un contentieux sans en attendre l'issue. La durée des contentieux devient un critère déterminant pour les choix de pays d'implantation. » Ils insistent par conséquent sur la nécessité de prendre des « mesures permettant de rendre plus prévisible l'évolution des contentieux et d'en réduire partiellement la durée » afin de permettre à plus de projets d'industrie verte de s'installer en France.

Debut de section - PermalienPhoto de Annick Billon

Ce nouvel amendement de M. Marseille a également pour objet de renforcer l'attractivité et la compétitivité de notre pays, ainsi que d'apporter une réponse aux enjeux climatiques.

Au-delà des délais liés aux contentieux, il convient également de limiter le risque de recours abusifs liés aux autorisations environnementales. La reconnaissance et la sanction des recours abusifs figurent déjà dans le code de l'urbanisme, à son article L. 600-7. Le bénéficiaire d'un permis de construire, d'aménager ou de démolir peut ainsi demander au juge administratif de condamner l'auteur d'un recours pour excès de pouvoir mis en œuvre dans des conditions qui traduisent un comportement abusif à lui allouer des dommages et intérêts.

Par le présent amendement, nous souhaitons étendre ce dispositif aux autorisations environnementales nécessaires à la réalisation d'un projet industriel.

Photo de Pierre Laurent

La parole est à Mme Colette Mélot, pour explication de vote.

Photo de Pierre Laurent

L'amendement n° 169 rectifié n'est pas soutenu.

La parole est à Mme Annick Billon, pour présenter l'amendement n° 198 rectifié ter.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

Quel est l'avis de la commission de l'aménagement du territoire ?

Photo de Colette Mélot

Nous pouvons effectivement nous réjouir de l’issue favorable que devrait connaître ce texte. Au départ, nous n’étions pas très sûrs de ce qui se passerait. À l’arrivée, tout est bien qui finit bien !

Les marins et tous les gens de mer bénéficieront des dispositions dont nous venons de débattre et devraient donc connaître un meilleur sort en ce qui concerne leurs conditions de travail.

Debut de section - PermalienPhoto de Colette Mélot

Nous pouvons donc nous réjouir de l’issue favorable que devrait connaître ce texte. Au départ, nous n’étions pas très sûrs de ce qui se passerait. À l’arrivée, tout est bien qui finit bien !

Les marins et tous les gens de mer bénéficieront des dispositions dont nous venons de débattre et devraient donc connaître un meilleur sort en ce qui concerne leurs conditions de travail.

Photo de Annick Billon

Ce nouvel amendement de M. Marseille a également pour objet de renforcer l'attractivité et la compétitivité de notre pays, ainsi que d'apporter une réponse aux enjeux climatiques.

Au-delà des délais liés aux contentieux, il convient également de limiter le risque de recours abusifs liés aux autorisations environnementales. La reconnaissance et la sanction des recours abusifs figurent déjà dans le code de l'urbanisme, à son article L. 600-7. Le bénéficiaire d'un permis de construire, d'aménager ou de démolir peut ainsi demander au juge administratif de condamner l'auteur d'un recours pour excès de pouvoir mis en œuvre dans des conditions qui traduisent un comportement abusif à lui allouer des dommages et intérêts.

Par le présent amendement, nous souhaitons étendre ce dispositif aux autorisations environnementales nécessaires à la réalisation d'un projet industriel.

Debut de section - PermalienPhoto de Fabien Genet

Sans aller jusque-là, nous pourrions sans doute nous retrouver autour des arguments développés en justification de ces amendements. En effet, un certain nombre d'entreprises connaissent de telles préoccupations et souhaiteraient donc que soient limités les délais contentieux liés à des recours abusifs. D'ailleurs, nous avons déjà rappelé dans la discussion générale qu'une action pourrait être menée en la matière par le Gouvernement par son pouvoir réglementaire.

Néanmoins, la rédaction proposée nous semble difficile à mettre en œuvre. Certes, vous avez rappelé que cette possibilité existe en droit de l'urbanisme, à l'article L. 600-7 du code de l'urbanisme. Force est de constater pourtant que cette disposition est peu efficace : les condamnations sont particulièrement rares. Le caractère abusif du recours ainsi que l'existence d'un préjudice doivent être prouvés par le requérant ; en outre, le juge concilie cette disposition avec le principe constitutionnel du droit au recours effectif. Cette disposition semble par ailleurs ne pas avoir d'effet dissuasif sur les éventuels requérants abusifs. Une association qui dispose de moyens juridiques pour effectuer ce type de recours dispose aussi de moyens suffisants pour constater que le caractère abusif du recours est très difficile à prouver.

Dès lors, il ne me paraît pas judicieux de transposer dans le droit de l'environnement une disposition qui apparaît déjà inefficace dans le droit de l'urbanisme.

Je le répète, en matière de procédures contentieuses, il y a matière à se pencher sur les délais contentieux, dans le cadre des possibilités offertes au Gouvernement dans l'exercice de son pouvoir réglementaire.

Au vu de ces observations, la commission demande le retrait de l'ensemble de ces amendements.

Photo de Pierre Laurent

La parole est à M. Pascal Allizard, pour explication de vote.

Photo de Pierre Laurent

Quel est l'avis de la commission de l'aménagement du territoire ?

Photo de Pascal Allizard

Je voudrais tout d’abord saluer le travail réalisé par nos deux commissions, parce que la rédaction à laquelle nous avons abouti est un équilibre subtil qui me semble opérationnel. Oui, il y a eu des réglages de dernière minute, mais c’est aussi cela le travail parlementaire. L’essentiel, c’est le résultat : nous apportons une réponse à un véritable problème.

Monsieur le secrétaire d’État, c’est maintenant sur vous et vos services que nous comptons pour faire fonctionner tout cela. Certes, nous devions envoyer un signal politique, mais il fallait aussi s’assurer que le dispositif soit opérant et compatible avec le droit européen – je sais que c’était le souci principal de nos rapporteures. Si nous avons dû sacrifier quelques bonnes intentions, c’est au nom de l’efficacité !

J’ai participé à la réunion de travail de Saint-Malo au mois de novembre dernier ; nous espérions alors que les choses avancent. Je crois que nous passons ce soir un cap décisif et nous le faisons à l’unanimité. Le groupe Les Républicains votera bien évidemment ce texte !

Photo de Fabien Genet

Sans aller jusque-là, nous pourrions sans doute nous retrouver autour des arguments développés en justification de ces amendements. En effet, un certain nombre d'entreprises connaissent de telles préoccupations et souhaiteraient donc que soient limités les délais contentieux liés à des recours abusifs. D'ailleurs, nous avons déjà rappelé dans la discussion générale qu'une action pourrait être menée en la matière par le Gouvernement par son pouvoir réglementaire.

Néanmoins, la rédaction proposée nous semble difficile à mettre en œuvre. Certes, vous avez rappelé que cette possibilité existe en droit de l'urbanisme, à l'article L. 600-7 du code de l'urbanisme. Force est de constater pourtant que cette disposition est peu efficace : les condamnations sont particulièrement rares. Le caractère abusif du recours ainsi que l'existence d'un préjudice doivent être prouvés par le requérant ; en outre, le juge concilie cette disposition avec le principe constitutionnel du droit au recours effectif. Cette disposition semble par ailleurs ne pas avoir d'effet dissuasif sur les éventuels requérants abusifs. Une association qui dispose de moyens juridiques pour effectuer ce type de recours dispose aussi de moyens suffisants pour constater que le caractère abusif du recours est très difficile à prouver.

Dès lors, il ne me paraît pas judicieux de transposer dans le droit de l'environnement une disposition qui apparaît déjà inefficace dans le droit de l'urbanisme.

Je le répète, en matière de procédures contentieuses, il y a matière à se pencher sur les délais contentieux, dans le cadre des possibilités offertes au Gouvernement dans l'exercice de son pouvoir réglementaire.

Au vu de ces observations, la commission demande le retrait de l'ensemble de ces amendements.

Debut de section - Permalien
Roland Lescure, ministre délégué

J'entends les arguments de M. le rapporteur pour avis. Je ne me permettrais pas de citer un poète, mais j'évoquerai un cinéaste, Billy Wilder, auteur de Sept Ans de réflexion. Sept ans, c'est la durée maximale qu'atteignent, trop souvent, ces recours dits « abusifs ».

Il faut reconnaître que les juges sont parfois frileux quand on leur demande de reconnaître le caractère abusif de ces recours. Il n'en reste pas moins que le Gouvernement est favorable à l'extension de ce dispositif. Ce serait un signal envoyé aux investisseurs, mais aussi, peut-être, à celles et à ceux qui ont parfois tendance à utiliser les possibilités de recours de manière abusive.

Enfin, ce serait aussi un signal adressé à l'administration pour qu'elle agisse un peu plus vite et un peu mieux. Nous pouvons évidemment examiner, avec le ministère de la justice, notre capacité collective à accélérer le traitement de ces contentieux.

Toujours est-il qu'il me paraît important que ces dispositions puissent figurer dans la loi. L'avis du Gouvernement sur ces amendements est donc favorable.

Photo de Pierre Laurent

La parole est à M. Jean-Marie Vanlerenberghe, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

La parole est à M. Stéphane Sautarel, pour explication de vote.

Photo de Jean-Marie Vanlerenberghe

Je veux à mon tour saluer le travail réalisé par nos rapporteures. Il nous a notamment permis de bien comprendre tout l’enjeu de cette proposition de loi qui nous venait de l’Assemblée nationale.

Je crois que tout le monde est conscient du fait que nous avions besoin d’un texte pour lutter le plus efficacement possible – et dans le cadre du droit européen, ce qui n’est pas toujours facile – contre le dumping social. C’est pourquoi je me réjouis que nos commissions et le Gouvernement aient pu trouver un accord.

Nous avons vu tout à l’heure, notamment lors de l’examen des articles 1er bis et 1er ter, qu’il était parfois nécessaire de couper la poire en deux ! Je souhaite que nous puissions continuer dans cette voie et que la concertation entre le Gouvernement et le Parlement permette de construire, dans l’intérêt de nos concitoyens, des textes qui aboutissent à des dispositifs efficaces.

Roland Lescure, ministre délégué

J'entends les arguments de M. le rapporteur pour avis. Je ne me permettrais pas de citer un poète, mais j'évoquerai un cinéaste, Billy Wilder, auteur de Sept Ans de réflexion. Sept ans, c'est la durée maximale qu'atteignent, trop souvent, ces recours dits « abusifs ».

Il faut reconnaître que les juges sont parfois frileux quand on leur demande de reconnaître le caractère abusif de ces recours. Il n'en reste pas moins que le Gouvernement est favorable à l'extension de ce dispositif. Ce serait un signal envoyé aux investisseurs, mais aussi, peut-être, à celles et à ceux qui ont parfois tendance à utiliser les possibilités de recours de manière abusive.

Enfin, ce serait aussi un signal adressé à l'administration pour qu'elle agisse un peu plus vite et un peu mieux. Nous pouvons évidemment examiner, avec le ministère de la justice, notre capacité collective à accélérer le traitement de ces contentieux.

Toujours est-il qu'il me paraît important que ces dispositions puissent figurer dans la loi. L'avis du Gouvernement sur ces amendements est donc favorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Stéphane Sautarel

N'ayant pas pu présenter l'amendement n° 58 rectifié bis, je veux exposer quelques arguments en sa faveur, tout en me réjouissant de la position favorable de M. le ministre à son égard.

Cette mesure, qui viendrait transcrire dans le droit de l'environnement ce que la loi Élan a inscrit dans le code de l'urbanisme, permettrait d'envoyer un signe aux investisseurs et de les rassurer. Certes, il conviendra d'être prudent dans son application et de s'assurer de sa bonne mise en œuvre, mais je veux m'adresser à notre rapporteur pour avis pour qu'il veuille bien nous permettre d'entreprendre cette expérimentation. Ainsi, un autre poète, René Char, nous invite à imposer notre chance…

Photo de Pierre Laurent

La parole est à Mme la présidente de la commission.

Photo de Pierre Laurent

La parole est à M. Stéphane Sautarel, pour explication de vote.

Sourires.

Photo de Catherine Deroche

Au vu des explications de vote, je pense qu’il n’y a pas trop de suspense sur le résultat final…

Mais je veux profiter de cet instant pour remercier Catherine Procaccia, dont c’est le dernier texte en tant que rapporteure

Photo de Stéphane Sautarel

N'ayant pas pu présenter l'amendement n° 58 rectifié bis, je veux exposer quelques arguments en sa faveur, tout en me réjouissant de la position favorable de M. le ministre à son égard.

Cette mesure, qui viendrait transcrire dans le droit de l'environnement ce que la loi Élan a inscrit dans le code de l'urbanisme, permettrait d'envoyer un signe aux investisseurs et de les rassurer. Certes, il conviendra d'être prudent dans son application et de s'assurer de sa bonne mise en œuvre, mais je veux m'adresser à notre rapporteur pour avis pour qu'il veuille bien nous permettre d'entreprendre cette expérimentation. Ainsi, un autre poète, René Char, nous invite à imposer notre chance…

Debut de section - PermalienPhoto de Fabien Genet

M. Fabien Genet, rapporteur pour avis. Et à aller vers notre risque !

Nouveaux sourires.

Photo de Catherine Deroche

Monsieur le secrétaire d’État, nous avons réussi à nous mettre d’accord et j’espère que l’Assemblée nationale pourra voter ce texte conforme de façon à ce qu’il puisse s’appliquer rapidement.

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Deroche

Monsieur le secrétaire d’État, nous avons réussi à nous mettre d’accord et j’espère que l’Assemblée nationale pourra voter ce texte conforme de façon qu’il puisse s’appliquer rapidement.

Photo de Fabien Genet

M. Fabien Genet, rapporteur pour avis. Et à aller vers notre risque !

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

La parole est à Mme Annick Billon, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Annick Billon

Sans vouloir abuser de notre liberté, nous entendons tout de même user de notre liberté d'amendement : au vu de l'avis favorable du Gouvernement, nous maintenons notre amendement.

Photo de Pierre Laurent

Personne ne demande plus la parole ?…

Je mets aux voix, dans le texte de la commission, modifié, l’ensemble de la proposition de loi dont la commission a ainsi rédigé l’intitulé : proposition de loi visant à lutter contre le dumping social sur le transmanche et à renforcer la sécurité du transport maritime.

J’ai été saisi d’une demande de scrutin public émanant du groupe Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants.

Il va être procédé au scrutin dans les conditions fixées par l’article 56 du règlement.

Le scrutin est ouvert.

Photo de Pierre Laurent

La parole est à Mme Annick Billon, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

M. le président. Voilà bien des citations poétiques sur un sujet qui ne l'est pas vraiment…

Photo de Annick Billon

Sans vouloir abuser de notre liberté, nous entendons tout de même user de notre liberté d'amendement : au vu de l'avis favorable du Gouvernement, nous maintenons notre amendement.

Sourires.

Photo de Pierre Laurent

Personne ne demande plus à voter ?…

Le scrutin est clos.

J’invite Mmes et MM. les secrétaires à constater le résultat du scrutin.

Photo de Pierre Laurent

M. le président. Voilà bien des citations poétiques sur un sujet qui ne l'est pas vraiment…

L'amendement n'est pas adopté.

Photo de Pierre Laurent

Voici, compte tenu de l’ensemble des délégations de vote accordées par les sénateurs aux groupes politiques et notifiées à la présidence, le résultat du scrutin n° 310 :

Nombre de votants343Nombre de suffrages exprimés342Pour l’adoption342Le Sénat a adopté à l’unanimité.

Photo de Pierre Laurent

La parole est à M. le secrétaire d’État.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

Je suis saisi de deux amendements faisant l'objet d'une discussion commune.

L'amendement n° 242, présenté par Mmes Cukierman et Varaillas, MM. Gay, Lahellec et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste, est ainsi libellé :

Alinéa 51

Après le mot :

environnementale

insérer les mots :

pour des projets situés sur des espaces en friche commerciale, industrielle ou militaire, au sens de l'article L. 111-26 du code de l'urbanisme,

La parole est à Mme Cécile Cukierman.

Hervé Berville

Mesdames, messieurs les sénateurs, je veux d’abord vous remercier de cette unanimité qui fait honneur à cette belle institution, ainsi qu’à la tradition maritime française et à tous les combats que nous menons de manière transpartisane sur ces questions, en particulier en ce qui concerne la lutte contre le dumping social.

Je veux aussi remercier tout particulièrement votre rapporteure, Catherine Procaccia, pour les travaux qu’elle a menés, d’autant qu’il s’agit là de son dernier texte à cette fonction. On dit souvent qu’il faut des civils pour traiter des questions militaires ; manifestement, il faut aussi des gens qui habitent loin du littoral pour embrasser les sujets maritimes… Vous avez su faire preuve à la fois d’exigence et d’ouverture, toujours dans le souci d’aboutir à un texte opérationnel et efficace à même de changer concrètement et le plus rapidement possible la vie de nos marins.

Je voudrais aussi remercier la présidente de la commission des affaires sociales et tous ceux qui se sont impliqués dans ce travail.

Ce texte apporte des progrès, que ce soit sur le salaire minimum, l’équivalence entre temps de repos et temps en mer ou le renforcement des sanctions, alors que la situation est aujourd’hui inacceptable sur les liaisons transmanche.

Finalement, nous avons là des dispositifs opérationnels pour lutter contre le dumping social sur toutes nos façades maritimes. Avec ce texte, vous changez concrètement le quotidien de nombreux marins, ce qui permettra aussi de renforcer l’attractivité de ces métiers, qui font la fierté de notre pays.

La puissance maritime d’un pays ne se mesure pas au nombre de navires, mais à l’attention qu’il porte à ceux qui la font rayonner au quotidien – les marins et tous les personnels embarqués. Vous avez donc aujourd’hui renforcé la puissance maritime de notre pays. Je vous en remercie.

Madame la rapporteure, je sais que vous continuerez, même après la fin de votre mandat de sénatrice, à suivre avec beaucoup d’attention les sujets maritimes et vous serez toujours la bienvenue en Bretagne pour mesurer les progrès auxquels vous avez contribué !

Debut de section - PermalienPhoto de Cécile Cukierman

Cet amendement vise à réserver les facilitations prévues à l'article 2 pour les procédures d'instruction aux friches, dans leur ensemble.

On recense 8 300 friches, qui représentent entre 90 000 et 150 000 hectares – la différence est presque du simple au double. Il convient donc d'achever leur recensement, mais aussi de proposer des mesures concrètes et incitatives, de manière à les résorber, dans une trajectoire fixée selon des objectifs de réussite.

Nous proposons d'y contribuer par cet amendement : cibler des sites industriels, militaires ou commerciaux est un moyen de favoriser une procédure plus rapide pour des projets qui s'installeraient dans des espaces déjà familiarisés avec des sites de production, où l'acceptation des riverains serait plus facile, voire majoritairement acquise, et où les enjeux environnementaux ont déjà été intégrés par les implantations précédentes.

Dans un texte censé être relatif à l'industrie verte, les aménagements apportés à la législation gagneraient à être plus vertueux et à mieux tenir compte de l'environnement. La relocalisation est indispensable pour retrouver une souveraineté, mais aussi, d'un point de vue écologique, pour réduire les transports, rapprocher les producteurs des consommateurs et, pourquoi pas, recycler des friches plutôt que de donner la prime à l'artificialisation. C'est ce que nous proposons de faire au travers de procédures d'instruction accélérées pour les projets situés sur des friches.

Photo de Pierre Laurent

L'amendement n° 241, présenté par Mmes Cukierman et Varaillas, MM. Gay, Lahellec et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste, est ainsi libellé :

Alinéa 51

Après le mot :

environnementale

insérer les mots :

pour des projets situés sur des espaces en friche commerciale, industrielle ou militaire, au sens de l'article L. 111-26 du code de l'urbanisme, depuis plus de dix ans,

La parole est à Mme Cécile Cukierman.

Photo de Pierre Laurent

Mes chers collègues, nous allons interrompre nos travaux pour quelques instants.

La séance est suspendue.

Photo de Cécile Cukierman

Par cet amendement, qui pourrait être considéré comme un amendement de repli par rapport au précédent, nous proposons de concentrer les efforts sur les friches les plus anciennes.

Un enjeu nous occupe tous et nous occupera jusqu'à la fin de la session extraordinaire qui va s'ouvrir dans quelques jours : l'objectif de « zéro artificialisation nette » (ZAN) des sols. À nos yeux, nous manquons d'ailleurs toujours de soutien de la part du Gouvernement dans notre effort pour ne pas pénaliser les collectivités et redonner un sens positif à la transition écologique pour tous les territoires, quelles que soient leur strate, leur localisation et leur population.

Si nous voulons redynamiser nos territoires sans artificialiser davantage dans les dix ou vingt prochaines années, nous aurons besoin de nous appuyer sur l'utilisation des friches, en particulier des friches anciennes.

Nous proposons donc, dans cet amendement, de réserver les procédures accélérées aux projets qui s'implanteraient sur des friches anciennes. On offrirait ainsi un soutien intéressant aux porteurs, qui pourraient arbitrer le choix de leur implantation en tenant compte des coûts économisés par un démarrage plus rapide de leur activité rendu possible par le réemploi d'une friche et les délais d'instruction raccourcis.

Pour la collectivité, c'est également une économie de foncier supplémentaire, alors que celui-ci va se raréfier. Ce sera surtout un atout pour soutenir le développement économique de ces territoires.

Debut de section - PermalienPhoto de Cécile Cukierman

Cet amendement vise à réserver les facilitations prévues à l'article 2 pour les procédures d'instruction aux friches, dans leur ensemble.

On recense 8 300 friches, qui représentent entre 90 000 et 150 000 hectares – la différence est presque du simple au double. Il convient donc d'achever leur recensement, mais aussi de proposer des mesures concrètes et incitatives, de manière à les résorber, dans une trajectoire fixée selon des objectifs de réussite.

Nous proposons d'y contribuer par cet amendement : cibler des sites industriels, militaires ou commerciaux est un moyen de favoriser une procédure plus rapide pour des projets qui s'installeraient dans des espaces déjà familiarisés avec des sites de production, où l'acceptation des riverains serait plus facile, voire majoritairement acquise, et où les enjeux environnementaux ont déjà été intégrés par les implantations précédentes.

Dans un texte censé être relatif à l'industrie verte, les aménagements apportés à la législation gagneraient à être plus vertueux et à mieux tenir compte de l'environnement. La relocalisation est indispensable pour retrouver une souveraineté, mais aussi, d'un point de vue écologique, pour réduire les transports, rapprocher les producteurs des consommateurs et, pourquoi pas, recycler des friches plutôt que de donner la prime à l'artificialisation. C'est ce que nous proposons de faire au travers de procédures d'instruction accélérées pour les projets situés sur des friches.

Photo de Pierre Laurent

L'amendement n° 241, présenté par Mmes Cukierman et Varaillas, MM. Gay, Lahellec et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste, est ainsi libellé :

Alinéa 51

Après le mot :

environnementale

insérer les mots :

pour des projets situés sur des espaces en friche commerciale, industrielle ou militaire, au sens de l'article L. 111-26 du code de l'urbanisme, depuis plus de dix ans,

La parole est à Mme Cécile Cukierman.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

Quel est l'avis de la commission de l'aménagement du territoire ?

Photo de Cécile Cukierman

Par cet amendement, qui pourrait être considéré comme un amendement de repli par rapport au précédent, nous proposons de concentrer les efforts sur les friches les plus anciennes.

Un enjeu nous occupe tous et nous occupera jusqu'à la fin de la session extraordinaire qui va s'ouvrir dans quelques jours : l'objectif de « zéro artificialisation nette » (ZAN) des sols. À nos yeux, nous manquons d'ailleurs toujours de soutien de la part du Gouvernement dans notre effort pour ne pas pénaliser les collectivités et redonner un sens positif à la transition écologique pour tous les territoires, quelles que soient leur strate, leur localisation et leur population.

Si nous voulons redynamiser nos territoires sans artificialiser davantage dans les dix ou vingt prochaines années, nous aurons besoin de nous appuyer sur l'utilisation des friches, en particulier des friches anciennes.

Nous proposons donc, dans cet amendement, de réserver les procédures accélérées aux projets qui s'implanteraient sur des friches anciennes. On offrirait ainsi un soutien intéressant aux porteurs, qui pourraient arbitrer le choix de leur implantation en tenant compte des coûts économisés par un démarrage plus rapide de leur activité rendu possible par le réemploi d'une friche et les délais d'instruction raccourcis.

Pour la collectivité, c'est également une économie de foncier supplémentaire, alors que celui-ci va se raréfier. Ce sera surtout un atout pour soutenir le développement économique de ces territoires.

Debut de section - PermalienPhoto de Fabien Genet

Nous sommes d'accord – vous le savez très bien, ma chère collègue – quant à l'importance de la reconquête des friches industrielles. Pour autant, limiter l'application de l'article 2 à ces friches, ou aux plus anciennes d'entre elles, apparaît contraire à l'objectif plus global d'accélération de la réindustrialisation, qui exige de mobiliser l'ensemble des terrains disponibles et non pas seulement les friches.

Par ailleurs, les friches, en particulier les plus anciennes, sont souvent concentrées géographiquement autour des villes, ce qui peut susciter diverses difficultés, notamment logistiques, pour l'accueil de nouvelles industries.

Vos propositions, ma chère collègue, ne nous paraissent donc pas de nature à permettre l'accélération de la reconquête des friches, tout en limitant par trop le champ d'application de l'article 2.

C'est pourquoi, à regret, j'émets au nom de la commission un avis défavorable sur ces deux amendements.

Photo de Pierre Laurent

Quel est l'avis de la commission de l'aménagement du territoire ?

Photo de Fabien Genet

Nous sommes d'accord – vous le savez très bien, ma chère collègue – quant à l'importance de la reconquête des friches industrielles. Pour autant, limiter l'application de l'article 2 à ces friches, ou aux plus anciennes d'entre elles, apparaît contraire à l'objectif plus global d'accélération de la réindustrialisation, qui exige de mobiliser l'ensemble des terrains disponibles et non pas seulement les friches.

Par ailleurs, les friches, en particulier les plus anciennes, sont souvent concentrées géographiquement autour des villes, ce qui peut susciter diverses difficultés, notamment logistiques, pour l'accueil de nouvelles industries.

Vos propositions, ma chère collègue, ne nous paraissent donc pas de nature à permettre l'accélération de la reconquête des friches, tout en limitant par trop le champ d'application de l'article 2.

C'est pourquoi, à regret, j'émets au nom de la commission un avis défavorable sur ces deux amendements.

Debut de section - Permalien
Roland Lescure, ministre délégué

Même avis.

Madame la sénatrice, si l'on favorise les zones qui disposent de friches industrielles, on pénalise celles qui en sont dépourvues, ce qui serait contraire à l'égalité des territoires devant l'industrialisation.

Vous avez raison, il faut favoriser l'utilisation des friches. La Banque des territoires consacrera ainsi 1 milliard d'euros à la mise à niveau de 2 000 hectares de friches. En revanche, les délais d'instruction des procédures doivent être les mêmes pour tout le monde. Nous souhaitons accélérer la réindustrialisation de tous les territoires, qu'ils aient des friches ou non.

Photo de Pierre Laurent

L’ordre du jour appelle la suite de la discussion du projet de loi relatif à l’industrie verte (projet n° 607, texte de la commission n° 737, rapport n° 736, avis n° 727, 725 et 731).

La procédure accélérée a été engagée sur ce texte.

Nous poursuivons l’examen du texte de la commission.

TITRE Ier

MESURES DESTINÉES À ACCÉLÉRER LES IMPLANTATIONS INDUSTRIELLES ET À RÉHABILITER LES FRICHES

Chapitre II

Moderniser la consultation du public

Dans la suite de la discussion du texte de la commission, nous reprenons, au sein du chapitre II du titre Ier, l’examen des amendements à l’article 2.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

La parole est à Mme Cécile Cukierman, pour explication de vote.

Article 2

Debut de section - Permalien
Roland Lescure, ministre délégué

Même avis.

Madame la sénatrice, si l'on favorise les zones qui disposent de friches industrielles, on pénalise celles qui en sont dépourvues, ce qui serait contraire à l'égalité des territoires devant l'industrialisation.

Vous avez raison, il faut favoriser l'utilisation des friches. La Banque des territoires consacrera ainsi 1 milliard d'euros à la mise à niveau de 2 000 hectares de friches. En revanche, les délais d'instruction des procédures doivent être les mêmes pour tout le monde. Nous souhaitons accélérer la réindustrialisation de tous les territoires, qu'ils aient des friches ou non.

Debut de section - PermalienPhoto de Cécile Cukierman

Monsieur le ministre, je crois que nous n'avons pas la même définition de l'égalité des territoires ! Un territoire ne s'aménage pas en un an, ni loi après loi ! Si l'on permet à tous les projets de bénéficier de l'accélération des procédures, on va faciliter la réindustrialisation de certains territoires, mais on laissera en l'état des friches et des verrues à d'autres endroits, et pas seulement en zone urbaine.

Pendant plus de dix ans, j'ai participé à la gestion des fonds européens dans le Massif central : les vingt-deux départements qui le composent ne sont, si l'on omet les grandes préfectures, guère urbanisés ; or ils abritent de nombreux terrains en friche ou laissés à l'abandon, pour de multiples raisons – décès du propriétaire, spéculation, pollution, etc. Ces vieux territoires industriels, qui ont fait la grandeur de la France, risquent, si nous ne faisons rien, d'être les grands oubliés de la réindustrialisation.

Il convient de définir des trajectoires, et non simplement de fixer des objectifs quantifiés à l'horizon d'un an ou deux. Il est urgent de réindustrialiser, mais veillons à ne pas aggraver les différences entre les territoires.

Je ne souhaiterais pas que le département de la Loire soit le cocu de cette réforme – pardonnez-moi d'utiliser cette expression, mais je m'exprime avec passion. Ce département doit faire face aux difficultés liées à son passé industriel et n'est pas en mesure d'accueillir, du moins pas autant que d'autres territoires, des industries immédiatement dans le cadre du plan en faveur de l'industrie verte. La question des friches doit être résolue, sinon ce département finira par se replier sur lui-même, subissant les effets de la désindustrialisation, tout en étant, en application du ZAN, dans l'incapacité de procéder à des aménagements.

I. – Le livre Ier du code de l’environnement est ainsi modifié :

1° L’article L. 123-1-A est complété par un 4° ainsi rédigé :

« 4° De la consultation du public mentionnée à l’article L. 181-10-1, lorsqu’elle est applicable. » ;

2° Après le même article L. 123-1-A, il est inséré un article L. 123-1-B ainsi rédigé :

« Art. L. 123 -1-B. – Le juge administratif des référés fait droit à toute demande de suspension d’une décision prise sans que la participation du public mentionnée à l’article L. 123-1-A ait eu lieu, alors qu’elle était requise. » ;

3° Le 1° du I de l’article L. 123-2 est ainsi modifié :

a) Après le premier alinéa, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :

« – des projets auxquels s’applique, au titre de la première autorisation mentionnée au III de l’article L. 122-1-1, la consultation du public prévue à l’article L. 181-10-1 ; »

b) La seconde phrase du quatrième alinéa est complétée par les mots : « ou de la procédure prévue à l’article L. 181-10-1 » ;

4° À la fin de la seconde phrase de l’article L. 123-7, les mots : « ou à la procédure de participation du public par voie électronique prévue à l’article L. 123-19 » sont remplacés par les mots : «, à la procédure de participation du public par voie électronique prévue à l’article L. 123-19 ou à la consultation du public prévue à l’article L. 181-10-1, selon le cas » ;

5° Le deuxième alinéa de l’article L. 123-16 est supprimé ;

6° Le 1° du I de l’article L. 123-19 est complété par les mots : « s’ils ne relèvent pas de la consultation du public prévue à l’article L. 181-10-1 » ;

7° L’article L. 181-9 est ainsi modifié :

a) Le premier alinéa et les 1° à 3° sont remplacés par un alinéa et des 1° et 2° ainsi rédigés :

« L’instruction de la demande d’autorisation environnementale, après qu’elle a été jugée complète et régulière par l’autorité administrative, se déroule en deux phases :

« 1° Une phase d’examen et de consultation ;

« 2° Une phase de décision. » ;

b) Au cinquième alinéa, après le mot : « examen », sont insérés les mots : « et de consultation » ;

c) Le dernier alinéa est supprimé ;

8° Le I de l’article L. 181-10 est ainsi rédigé :

« I. – La consultation du public est réalisée selon les modalités fixées à l’article L. 181-10-1. Toutefois, dans le cas prévu au troisième alinéa du III de l’article L. 122-1-1, elle est réalisée selon les modalités prévues à l’article L. 123-19.

« Lorsque l’instruction de l’autorisation d’urbanisme relative au même projet nécessite la mise en œuvre de l’une des modalités de participation du public mentionnées aux 1° à 3° de l’article L. 123-1-A et que celle-ci n’a pas encore été réalisée, la consultation prévue à l’article L. 181-10-1 en tient lieu.

« Lorsqu’il doit être procédé par ailleurs à une enquête publique préalablement à une autre décision qu’une autorisation d’urbanisme, nécessaire à la réalisation du projet, et que cette enquête n’a pas encore été réalisée, la consultation du public est organisée conformément au chapitre III du titre II du présent livre par une enquête publique unique, sauf dérogation demandée par le pétitionnaire et accordée, lorsqu’elle est de nature à favoriser la bonne réalisation du projet, par l’autorité administrative compétente pour délivrer l’autorisation environnementale.

« Par dérogation à l’article L. 123-6, cette enquête publique unique est ouverte et organisée par cette autorité administrative. Sa durée n’est pas inférieure à un mois. Le dossier d’enquête comprend l’ensemble des éléments requis pour la délivrance de l’autorisation environnementale. » ;

9° Après le même article L. 181-10, il est inséré un article L. 181-10-1 ainsi rédigé :

« Art. L. 181 -10 -1. – I. – Dès réception du dossier, l’autorité administrative saisit le président du tribunal administratif compétent en vue de la désignation, dans les conditions prévues aux articles L. 123-4 et L. 123-5, d’un commissaire enquêteur ou d’une commission d’enquête chargé de la consultation du public et respectivement d’un suppléant ou de plusieurs suppléants en mesure de se substituer sans délai au commissaire enquêteur ou aux membres de la commission d’enquête en cas d’empêchement.

« Dès que le dossier de demande est jugé complet et régulier et que le commissaire enquêteur ou la commission d’enquête est désigné, l’autorité administrative organise une consultation du public selon les modalités prévues aux II à V du présent article, sauf si la demande a déjà fait l’objet d’un rejet dans les conditions prévues au quatrième alinéa de l’article L. 181-9.

« II. – La consultation mentionnée au second alinéa du I a pour objet d’assurer l’information et la participation du public ainsi que la prise en compte des intérêts des tiers lors de l’élaboration de la décision. Les observations et propositions parvenues pendant le délai de la consultation sont prises en considération par le maître d’ouvrage et par l’autorité compétente pour prendre la décision.

« Le public est avisé de l’ouverture de la consultation selon les mêmes modalités que celles prévues au II de l’article L. 123-19. La durée de la consultation est de trois mois ou, lorsque l’avis de l’autorité environnementale est requis, d’un mois de plus que le délai imparti à celle-ci pour rendre son avis.

« Le dossier de la consultation est constitué et mis à la disposition du public dans les conditions prévues au même II. L’étude d’impact, quand elle est requise, est mise à disposition du public au plus tard au moment de l’ouverture de la consultation. Les avis recueillis par l’administration sur la demande, ou l’indication d’une absence d’avis résultant de l’expiration des délais impartis, sont mis à la disposition du public sans délai au fur et à mesure de leur émission.

« III. – La consultation est conduite par le commissaire enquêteur ou la commission d’enquête de manière à permettre au public de disposer d’une information complète sur le projet et de participer effectivement au processus de décision.

« À cet effet :

« 1° Dans les quinze jours suivant le début de la consultation, le commissaire enquêteur ou la commission d’enquête organise une réunion publique d’ouverture avec la participation du pétitionnaire ;

« 2° Le public peut faire parvenir ses observations et propositions, pendant la durée de la consultation, par courrier électronique, par voie postale, ainsi que par toute autre modalité précisée dans l’avis d’ouverture de la consultation ;

« 3° Les observations et propositions transmises par voie électronique sont accessibles sur un site internet désigné dans des conditions fixées par voie réglementaire ;

« 4° Les réponses éventuelles du pétitionnaire aux avis mis en ligne et aux observations et propositions du public sont transmises et publiées dans les mêmes conditions, y compris lorsque ces réponses ont été formulées lors d’une réunion publique ;

« 5° Dans les quinze derniers jours de la consultation du public, le commissaire enquêteur ou la commission d’enquête organise une réunion publique de clôture avec la participation du pétitionnaire. Il ou elle recueille les observations des parties prenantes jusqu’à la clôture de la consultation.

« Les réponses apportées par le pétitionnaire au plus tard lors de la réunion de clôture de la consultation sont réputées faire partie du dossier de demande, de même que les éventuelles modifications consécutives du projet, sous réserve qu’elles n’en modifient pas l’économie générale.

« IV. – Le commissaire enquêteur ou, à défaut, son suppléant ou la commission d’enquête, rend son rapport et ses conclusions motivées à l’autorité administrative, après échange avec le pétitionnaire et dans le délai de trois semaines après la clôture de la consultation du public.

« Le rapport fait état des principaux éléments relatifs au projet recueillis lors de la consultation du public et comporte une synthèse des observations et propositions du public et des réponses du pétitionnaire.

« Le rapport et les conclusions motivées sont rendus publics.

« La réception de ce rapport et de ces conclusions motivées, ou l’expiration du délai de trois semaines, met fin à la phase d’examen et de consultation et ouvre la phase de décision.

« Dans tous les cas, le projet de décision ne peut être définitivement adopté avant l’expiration d’un délai permettant la prise en considération des observations et propositions formulées pendant la consultation et des réponses du pétitionnaire.

« V. – Le pétitionnaire assume les frais afférents à la consultation du public, notamment ceux relatifs aux différentes mesures de publicité de la consultation et l’indemnisation du commissaire enquêteur ou de son suppléant ou de la commission d’enquête, dans les conditions prévues au chapitre III du titre II du présent livre. » ;

9° bis

10° Le I de l’article L. 181-31 est ainsi rédigé :

« I. – Par dérogation au chapitre III du titre II du présent livre, les diverses modalités de consultation du public prévues à l’article L. 181-10 pour les projets relevant des articles L. 217-2 et L. 217-3 ou de l’article L. 517-1 sont régies par le présent article.

« Les procédures de consultation du public mentionnées par l’article L. 181-10 sont dirigées par le représentant de l’État dans le département à l’initiative du ministre de la défense.

« À la demande du ministre, le représentant de l’État dans le département retire du dossier mis en consultation les éléments soumis à des règles de protection du secret de la défense nationale ou ceux dont la divulgation serait de nature à nuire aux intérêts de la défense nationale.

« Le rapport de consultation du public ainsi que les avis recueillis sont transmis par le représentant de l’État dans le département au ministre de la défense. »

II. – Le présent article s’applique aux demandes d’autorisation environnementale déposées à compter d’une date fixée par décret, et au plus tard un an après la publication de la présente loi.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

La parole est à Mme Sophie Primas, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L’amendement n° 74 rectifié bis, présenté par Mme Préville, M. Montaugé, Mme Briquet, MM. Marie et J. Bigot, Mme Bonnefoy, M. Devinaz, Mme M. Filleul, MM. Gillé, Houllegatte et Jacquin, Mmes Artigalas et Blatrix Contat, MM. Lurel et Mérillou, Mme Monier, MM. Redon-Sarrazy, Stanzione, Kanner et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Après l’alinéa 26

Insérer un alinéa ainsi rédigé :

« Le commissaire enquêteur doit avoir suivi une formation spécifique portant notamment sur la procédure d’enquête publique prévue à l’article L. 123-1 et de l’instruction de l’autorisation environnementale prévue aux articles L. 181-9 et L. 181-10, dans des conditions définies par arrêté.

La parole est à Mme Angèle Préville.

Debut de section - PermalienPhoto de Cécile Cukierman

Monsieur le ministre, je crois que nous n'avons pas la même définition de l'égalité des territoires ! Un territoire ne s'aménage pas en un an, ni loi après loi ! Si l'on permet à tous les projets de bénéficier de l'accélération des procédures, on va faciliter la réindustrialisation de certains territoires, mais on laissera en l'état des friches et des verrues à d'autres endroits, et pas seulement en zone urbaine.

Pendant plus de dix ans, j'ai participé à la gestion des fonds européens dans le Massif central : les vingt-deux départements qui le composent ne sont, si l'on omet les grandes préfectures, guère urbanisés ; or ils abritent de nombreux terrains en friche ou laissés à l'abandon, pour de multiples raisons – décès du propriétaire, spéculation, pollution, etc. Ces vieux territoires industriels, qui ont fait la grandeur de la France, risquent, si nous ne faisons rien, d'être les grands oubliés de la réindustrialisation.

Il convient de définir des trajectoires, et non simplement de fixer des objectifs quantifiés à l'horizon d'un an ou deux. Il est urgent de réindustrialiser, mais veillons à ne pas aggraver les différences entre les territoires.

Je ne souhaiterais pas que le département de la Loire soit le cocu de cette réforme – pardonnez-moi d'utiliser cette expression, mais je m'exprime avec passion. Ce département doit faire face aux difficultés liées à son passé industriel et n'est pas en mesure d'accueillir, du moins pas autant que d'autres territoires, des industries immédiatement dans le cadre du plan en faveur de l'industrie verte. La question des friches doit être résolue, sinon ce département finira par se replier sur lui-même, subissant les effets de la désindustrialisation, tout en étant, en application du ZAN, dans l'incapacité de procéder à des aménagements.

Debut de section - PermalienPhoto de Sophie Primas

Je suis très sensible au discours de Cécile Cukierman. Nous avons tous des friches dans nos territoires.

Comme me le faisait remarquer mon collègue Louis-Jean de Nicolaÿ, il est plus coûteux, pour une entreprise, de s'installer dans une friche qu'ailleurs. Il ne serait donc pas illégitime que, pour compenser, l'implantation puisse être plus rapide.

L'État aide beaucoup les collectivités par le biais du fonds friches, qui dépend du fonds vert. Je suis inquiète, car ce dernier a été amputé cette année de 1 milliard d'euros, sur les 2 milliards d'euros dont il disposait, pour compenser le manque à gagner des départements dû à la suppression de la moitié la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE). Cette dernière doit disparaître intégralement en 2024. Si vous procédez à une nouvelle ponction de 1 milliard l'année prochaine, le fonds vert sera asséché et ne pourra plus financer le fonds friches.

Enfin, j'ai bien entendu l'explication de notre rapporteur sur l'amendement n° 242. La rédaction proposée est réductrice et aboutit à restreindre le champ d'application de l'article 2. Pour y remédier, je vous propose de le rectifier pour que les dérogations prévues par l'article 2 puissent valoir pour tous les projets d'implantation industrielle sur des friches, qu'il s'agisse d'industrie verte ou non.

Je propose ainsi de rectifier l'amendement n° 242 pour insérer, à l'alinéa 51, après le mot : « environnementale », les mots : « et pour tous les projets situés sur des espaces en friche commerciale, industrielle ou militaire, au sens de l'article L. 111-26 du code de l'urbanisme, ».

Debut de section - PermalienPhoto de Angèle Préville

L’article 2 de ce projet de loi met le commissaire enquêteur au cœur du nouveau dispositif de consultation du public pour les procédures d’autorisation environnementale.

Son rôle sera donc majeur pour s’assurer que cette consultation se déroule dans de bonnes conditions.

Dans sa rédaction actuelle, l’article dispose que ce commissaire enquêteur est désigné par le président du tribunal administratif, sur saisine de l’autorité administrative. Certes, le code de l’environnement contient des dispositions visant à s’assurer de la compétence et de la neutralité de ces commissaires, mais nous estimons qu’il faut aller plus loin.

Nous proposons donc par cet amendement d’inscrire dans la loi que tout commissaire enquêteur désigné devra avoir reçu une formation spécifique sur les procédures d’enquête publique et d’instruction des autorisations environnementales. En effet, comme le droit environnemental est très changeant – nous en avons particulièrement conscience en tant que parlementaires –, il faut s’assurer de la parfaite formation de ces commissaires enquêteurs.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

La parole est à Mme Sophie Primas, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

Quel est l’avis de la commission de l’aménagement du territoire ?

Debut de section - PermalienPhoto de Sophie Primas

Je suis très sensible au discours de Cécile Cukierman. Nous avons tous des friches dans nos territoires.

Comme me le faisait remarquer mon collègue Louis-Jean de Nicolaÿ, il est plus coûteux, pour une entreprise, de s'installer dans une friche qu'ailleurs. Il ne serait donc pas illégitime que, pour compenser, l'implantation puisse être plus rapide.

L'État aide beaucoup les collectivités par le biais du fonds friches, qui dépend du fonds vert. Je suis inquiète, car ce dernier a été amputé cette année de 1 milliard d'euros, sur les 2 milliards d'euros dont il disposait, pour compenser le manque à gagner des départements dû à la suppression de la moitié la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE). Cette dernière doit disparaître intégralement en 2024. Si vous procédez à une nouvelle ponction de 1 milliard l'année prochaine, le fonds vert sera asséché et ne pourra plus financer le fonds friches.

Enfin, j'ai bien entendu l'explication de notre rapporteur sur l'amendement n° 242. La rédaction proposée est réductrice et aboutit à restreindre le champ d'application de l'article 2. Pour y remédier, je vous propose de le rectifier pour que les dérogations prévues par l'article 2 puissent valoir pour tous les projets d'implantation industrielle sur des friches, qu'il s'agisse d'industrie verte ou non.

Je propose ainsi de rectifier l'amendement n° 242 pour insérer, à l'alinéa 51, après le mot : « environnementale », les mots : « et pour tous les projets situés sur des espaces en friche commerciale, industrielle ou militaire, au sens de l'article L. 111-26 du code de l'urbanisme, ».

Debut de section - PermalienPhoto de Fabien Genet

Nous sommes d'accord sur l'importance de reconquérir les friches industrielles, d'autant plus qu'elles représentent une source de foncier disponible dans le cadre de la mise en œuvre du ZAN – mais ne rouvrons pas le débat sur ce point.

L'amendement n° 242 porte sur l'alinéa 51. Celui-ci est ainsi rédigé : « Le présent article s'applique aux demandes d'autorisation environnementale déposées à compter d'une date fixée par décret, et au plus tard un an après la publication de la présente loi. » Cela signifie que l'article 2 s'applique à l'ensemble des projets. Il est donc superfétatoire de préciser qu'il concerne les friches. Tout projet d'implantation sur une friche bénéficiera de la nouvelle procédure, peu importe la nature de l'industrie.

Debut de section - PermalienPhoto de Fabien Genet

L’inscription des commissaires enquêteurs sur la liste d’aptitude est déjà conditionnée – Mme Préville y a fait allusion – à une série de garanties définies au niveau réglementaire : les candidats renseignent leurs titres ou diplômes, leurs éventuels travaux scientifiques et les différentes fonctions qu’ils ont occupées. Ils sont ensuite auditionnés par une commission départementale qui juge leur compétence et leur capacité à accomplir leur mission.

Ce mode de désignation permet de contrôler la compétence des commissaires enquêteurs. Il ne semble donc pas nécessaire de rendre obligatoire une formation spécifique complémentaire.

C’est pourquoi la commission a émis un avis défavorable sur cet amendement.

Mme Sophie Primas acquiesce.

Debut de section - PermalienPhoto de Fabien Genet

Nous sommes d'accord sur l'importance de reconquérir les friches industrielles, d'autant plus qu'elles représentent une source de foncier disponible dans le cadre de la mise en œuvre du ZAN – mais ne rouvrons pas le débat sur ce point.

L'amendement n° 242 porte sur l'alinéa 51. Celui-ci est ainsi rédigé : « Le présent article s'applique aux demandes d'autorisation environnementale déposées à compter d'une date fixée par décret, et au plus tard un an après la publication de la présente loi. » Cela signifie que l'article 2 s'applique à l'ensemble des projets. Il est donc superfétatoire de préciser qu'il concerne les friches. Tout projet d'implantation sur une friche bénéficiera de la nouvelle procédure, peu importe la nature de l'industrie.

Debut de section - Permalien
Roland Lescure

Je voudrais d’abord exprimer toute la solidarité du Gouvernement avec les personnes blessées à la suite de l’explosion et de l’incendie qui ont eu lieu tout à l’heure non loin d’ici, dans le Ve arrondissement de Paris. Je souhaite aussi exprimer, toujours au nom du Gouvernement – mais j’imagine que la représentation nationale s’y joindrait volontiers –, toute notre gratitude envers les agents aujourd’hui mobilisés pour circonscrire l’incendie et porter assistance aux victimes.

Pour ce qui concerne l’amendement n° 74 rectifié bis, son objet est d’ores et déjà satisfait. Les dispositions proposées relèvent du domaine réglementaire plutôt que du champ de la loi. Dans le droit existant, les articles D. 123-40 et R. 123-41 du code de l’environnement soumettent déjà les commissaires enquêteurs à une obligation de formation. Je rappelle que, en cas de manquement à cette obligation, la radiation du commissaire enquêteur peut être prononcée. Lors de la réinscription sur la liste d’aptitude, le respect de l’obligation de formation doit être vérifié.

Je vous invite donc, madame la sénatrice, à retirer votre amendement ; à défaut, l’avis du Gouvernement serait défavorable.

Mme Sophie Primas acquiesce.

Debut de section - Permalien
Roland Lescure, ministre délégué

Je suis, moi aussi, très sensible à vos arguments, madame Cukierman. Nous devons « mettre le paquet » pour réindustrialiser les vieux départements industriels. Le changement de mentalité auquel j'appelais dans mon intervention en discussion générale a déjà eu lieu dans ces territoires. J'y insiste, nous sommes très attachés à la revitalisation des friches, mais votre proposition n'est pas la meilleure manière d'y arriver.

Madame Primas, le fonds friches fait partie du fonds vert, mais les fonds consacrés aux friches doivent rester destinés à la revitalisation de celles-ci.

La Banque des territoires a pour mission de mettre en valeur le foncier, en lien avec les collectivités territoriales. Elle souhaite consacrer 1 milliard d'euros à la revitalisation des friches. Votre priorité, madame la sénatrice, est donc aussi la nôtre. Simplement, ces amendements ne sont pas la meilleure manière pour atteindre l'objectif.

Quant à la rectification proposée par Mme Primas, elle est déjà satisfaite par la rédaction de l'article 2. Restons-en à la rédaction initiale. Il est important de tout faire pour revitaliser les friches. Je note d'ailleurs que, avec la mise en œuvre du fameux ZAN, elles auront plus de valeur que jamais aux yeux des porteurs de projets.

Debut de section - PermalienPhoto de Cécile Cukierman

Je retire mes amendements, monsieur le président !

Debut de section - Permalien
Roland Lescure, ministre délégué

Je suis, moi aussi, très sensible à vos arguments, madame Cukierman. Nous devons « mettre le paquet » pour réindustrialiser les vieux départements industriels. Le changement de mentalité auquel j'appelais dans mon intervention en discussion générale a déjà eu lieu dans ces territoires. J'y insiste, nous sommes très attachés à la revitalisation des friches, mais votre proposition n'est pas la meilleure manière d'y arriver.

Madame Primas, le fonds friches fait partie du fonds vert, mais les fonds consacrés aux friches doivent rester destinés à la revitalisation de celles-ci.

La Banque des territoires a pour mission de mettre en valeur le foncier, en lien avec les collectivités territoriales. Elle souhaite consacrer 1 milliard d'euros à la revitalisation des friches. Votre priorité, madame la sénatrice, est donc aussi la nôtre. Simplement, ces amendements ne sont pas la meilleure manière pour atteindre l'objectif.

Quant à la rectification proposée par Mme Primas, elle est déjà satisfaite par la rédaction de l'article 2. Restons-en à la rédaction initiale. Il est important de tout faire pour revitaliser les friches. Je note d'ailleurs que, avec la mise en œuvre du fameux ZAN, elles auront plus de valeur que jamais aux yeux des porteurs de projets.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

Les amendements n° 242 et 241 sont retirés.

La parole est à M. Daniel Salmon, pour explication de vote sur l'article.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L’amendement n° 74 rectifié bis est retiré.

L’amendement n° 75 rectifié bis, présenté par Mme Préville, M. Montaugé, Mme Briquet, MM. Marie et J. Bigot, Mme Bonnefoy, M. Devinaz, Mme M. Filleul, MM. Gillé, Houllegatte et Jacquin, Mmes Artigalas et Blatrix Contat, MM. Lurel et Mérillou, Mme Monier, MM. Redon-Sarrazy, Stanzione, Kanner et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Après l’alinéa 26

Insérer un alinéa ainsi rédigé :

« Dans un délai d’une semaine après sa désignation, le commissaire enquêteur indique au président du tribunal administratif les activités exercées au titre de ses fonctions précédentes ou en cours qui pourraient être jugées incompatibles avec les fonctions de commissaire enquêteur en application de l’article L. 123-5, et signe une déclaration sur l’honneur attestant qu’il n’a pas d’intérêt personnel au projet, plan ou programme. Le manquement à cette règle constitue un motif de radiation de la liste d’aptitude de commissaire enquêteur.

La parole est à Mme Angèle Préville.

Debut de section - PermalienPhoto de Cécile Cukierman

Je retire mes amendements, monsieur le président !

Debut de section - PermalienPhoto de Daniel Salmon

Mon groupe votera contre cet article.

La procédure d'instruction d'une demande d'autorisation environnementale en vigueur actuellement obéit à une certaine logique et n'est pas le fruit du hasard : l'instruction administrative précède la consultation du public, de telle sorte que ce dernier se prononce de manière éclairée. Si l'on adopte la « parallélisation » de ces phases, le public sera consulté alors que l'instruction sera en cours. C'est un problème.

En outre, faute d'une définition précise de la notion d'« industrie verte », le champ de l'article est beaucoup trop large, puisqu'il inclut tous les projets industriels, verts ou non. C'est donc contraire à l'objet du texte.

Quant à la durée des procédures, elle peut résulter des contentieux, évidemment, mais elle est aussi due souvent au manque de moyens des services de l'État pour procéder à l'instruction des dossiers, mais nous reviendrons sur ce point lors de l'examen du projet de loi de finances…

Debut de section - PermalienPhoto de Angèle Préville

Cet amendement vise à s’assurer que le commissaire enquêteur ne se trouve pas en position de conflit d’intérêts du fait de ses fonctions antérieures ou en cours.

L’article L. 123-5 du code de l’environnement apporte déjà un début de réponse à ce problème, en disposant que « ne peuvent être désignées commissaires enquêteurs […] des personnes intéressées au projet à titre personnel » ou « en raison de leurs fonctions électives exercées sur le territoire concerné par l’enquête publique ».

Par cet amendement, nous proposons d’aller plus loin, en précisant que le commissaire enquêteur nouvellement désigné devra adresser lui-même au président du tribunal administratif les informations relatives à son parcours, à savoir les activités exercées ou en cours d’exercice, et déclarer sur l’honneur qu’il n’a pas d’intérêt personnel au projet.

On s’assurerait ainsi de la parfaite neutralité de ce commissaire enquêteur, qui sera la pierre angulaire du dispositif de participation du public, grâce à une actualisation en temps réel de sa déclaration d’intérêts dans la semaine qui suit sa nomination.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

Les amendements n° 242 et 241 sont retirés.

La parole est à M. Daniel Salmon, pour explication de vote sur l'article.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

Quel est l’avis de la commission de l’aménagement du territoire ?

Debut de section - PermalienPhoto de Daniel Salmon

Mon groupe votera contre cet article.

La procédure d'instruction d'une demande d'autorisation environnementale en vigueur actuellement obéit à une certaine logique et n'est pas le fruit du hasard : l'instruction administrative précède la consultation du public, de telle sorte que ce dernier se prononce de manière éclairée. Si l'on adopte la « parallélisation » de ces phases, le public sera consulté alors que l'instruction sera en cours. C'est un problème.

En outre, faute d'une définition précise de la notion d'« industrie verte », le champ de l'article est beaucoup trop large, puisqu'il inclut tous les projets industriels, verts ou non. C'est donc contraire à l'objet du texte.

Quant à la durée des procédures, elle peut résulter des contentieux, évidemment, mais elle est aussi due souvent au manque de moyens des services de l'État pour procéder à l'instruction des dossiers, mais nous reviendrons sur ce point lors de l'examen du projet de loi de finances…

L'article 2 est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Fabien Genet

Cet amendement nous semble déjà satisfait par l’article R. 123-4 du code de l’environnement, qui oblige le commissaire enquêteur, avant chaque désignation, à indiquer au président du tribunal administratif d’éventuelles incompatibilités.

L’avis de la commission est donc défavorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

Mes chers collègues, nous allons maintenant interrompre nos travaux ; nous les reprendrons à vingt et une heures quarante.

La séance est suspendue.

L'article 2 est adopté.

La séance, suspendue à vingt heures dix, est reprise à vingt-et-une heures quarante, sous la présidence de Mme Pascale Gruny.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

Mes chers collègues, nous allons maintenant interrompre nos travaux ; nous les reprendrons à vingt et une heures quarante.

La séance est suspendue.

Debut de section - PermalienPhoto de Angèle Préville

Je retire l’amendement, monsieur le président.

La séance, suspendue à vingt heures dix, est reprise à vingt-et-une heures quarante, sous la présidence de Mme Pascale Gruny.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L’amendement n° 75 rectifié bis est retiré.

Je suis saisi de quatre amendements faisant l’objet d’une discussion commune.

Les trois premiers sont identiques.

L’amendement n° 56 rectifié est présenté par MM. Sautarel, Burgoa et Cambon, Mme Belrhiti, M. Panunzi, Mme Dumont, M. Reichardt, Mmes Goy-Chavent, Bellurot, Estrosi Sassone et Ventalon, MM. Tabarot et E. Blanc, Mme Gruny, MM. Brisson, Lefèvre, Meurant, Klinger, Mouiller, Gueret, Charon, Belin, Laménie, Mandelli, Darnaud et Bascher, Mme F. Gerbaud, MM. C. Vial, Bouchet et de Nicolaÿ, Mmes Joseph et Gosselin et MM. B. Fournier, Piednoir et Rapin.

L’amendement n° 108 rectifié quater est présenté par M. Canévet, Mme N. Goulet, MM. Bonnecarrère, Folliot et Duffourg, Mme Saint-Pé, MM. Bonneau et Kern, Mmes Billon et Doineau, M. Détraigne, Mmes Férat, Gacquerre, Jacquemet et Havet, M. Moga, Mme Gatel et MM. Le Nay, Cigolotti, Delcros, Maurey et J.M. Arnaud.

L’amendement n° 123 rectifié est présenté par Mme N. Delattre, MM. Artano, Roux, Fialaire, Guiol, Requier, Bilhac, Cabanel et Gold et Mme Guillotin.

Ces trois amendements sont ainsi libellés :

Alinéa 29, seconde phrase

Remplacer cette phrase par trois phrases ainsi rédigées :

La durée maximale de la phase d’examen et de consultation est de trois mois à compter de la date d’accusé de réception du dossier. Elle peut être portée à quatre mois sur décision motivée de l’autorité compétente. Lorsque l’avis de l’autorité environnementale est requis, celle-ci dispose d’un mois de plus que le délai de deux mois imparti pour rendre son avis.

La parole est à M. Stéphane Sautarel, pour présenter l’amendement n° 56 rectifié.

Debut de section - PermalienPhoto de Stéphane Sautarel

Cet amendement vise à revenir sur la rédaction de l’article 2, qui apparaît imprécise.

Il demeure en effet une incertitude juridique sur la durée maximale que peut prendre la phase d’examen dans le cadre de l’instruction de l’autorisation environnementale, dans la mesure où il n’est pas indiqué de manière suffisamment explicite que le délai de cette phase d’examen est enfermé dans le délai d’instruction maximal de trois mois. En outre, la formulation employée suscite un doute d’interprétation.

Nous proposons donc, par le présent amendement, que le délai imparti à l’autorité environnementale, lorsque son avis est requis, soit de deux mois.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

La parole est à Mme Annick Billon, pour présenter l’amendement n° 108 rectifié quater.

Debut de section - PermalienPhoto de Annick Billon

Cet amendement, déposé par mon collègue Michel Canévet, a été présenté à l’instant par M. Sautarel. Son objet est de simplifier et d’accélérer les procédures, sans pour autant les remettre en cause ; j’imagine qu’on ne peut qu’y être favorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

La parole est à M. Henri Cabanel, pour présenter l’amendement n° 123 rectifié.

Debut de section - PermalienPhoto de Henri Cabanel

M. Sautarel et Mme Billon ont fort bien présenté l’objet de cet amendement ; il est donc défendu.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L’amendement n° 100 rectifié bis, présenté par MM. Levi, Bonhomme, Decool, Burgoa, Tabarot, Laugier, Folliot et Bonneau, Mme Saint-Pé, M. Kern, Mmes Gacquerre et Vermeillet, MM. Pellevat, Sautarel et Henno, Mme Gosselin, MM. Détraigne, Mizzon, J.M. Arnaud, Belin, S. Demilly, Canévet et Le Nay, Mme Gatel, MM. Cigolotti et Duffourg, Mme Morin-Desailly et M. P. Martin, est ainsi libellé :

Alinéa 29, seconde phrase

Remplacer cette phrase par trois phrases ainsi rédigées :

La durée maximale de la phase d’examen et de consultation est de trois mois à compter de la date d’accusé de réception du dossier. Elle peut être portée à quatre mois sur décision motivée de l’autorité compétente. Lorsque l’avis de l’autorité environnementale est requis, celle-ci dispose d’un mois de plus que le délai imparti pour rendre son avis.

La parole est à M. Pierre-Antoine Levi.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

Quel est l’avis de la commission de l’aménagement du territoire ?

Debut de section - PermalienPhoto de Fabien Genet

Ne confondons pas vitesse et précipitation, mes chers collègues !

Nous sommes bien sûr tous attachés à l’accélération des procédures, mais la fixation d’une durée maximale de trois mois pour la phase d’examen et de consultation n’apparaît pas opportune. Il semble en effet difficile, à la fois pour assurer une consultation efficace et pour garantir que l’examen par les services administratifs se fera dans des conditions satisfaisantes, de réduire la durée de cette phase d’examen et de consultation au-delà du délai fixé par le texte, qui est de trois mois et trois semaines.

La fixation à deux mois du délai d’avis de l’autorité environnementale est une proposition déjà satisfaite par l’article R. 122-7 du code de l’environnement. Selon les services interrogés, ce délai est respecté par l’autorité environnementale ; aucune alerte sur ce point n’est à signaler.

C’est pourquoi la commission a émis un avis défavorable sur ces quatre amendements.

Debut de section - Permalien
Roland Lescure

Il est également défavorable.

L’adoption de ces amendements, dont on comprend la logique, risquerait même d’être contre-productive, en entraînant un grand nombre de refus automatiques. En effet, la date de départ retenue dans les dispositifs proposés est celle du dépôt initial du dossier et non celle où celui-ci est déclaré complet et recevable. Ainsi, paradoxalement, en voulant s’assurer que la procédure sera rapidement conclue, on aboutirait à de nombreux échecs. Nous ne saurions donc être favorables à ces amendements.

J’indique néanmoins que les décrets d’application préciseront évidemment tous les délais de ces procédures : nous veillerons bien sûr à ce qu’ils soient respectés.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L’amendement n° 56 rectifié est retiré.

Madame Billon, l’amendement n° 108 rectifié quater est-il maintenu ?

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L’amendement n° 108 rectifié quater est retiré.

Monsieur Cabanel, l’amendement n° 123 rectifié est-il maintenu ?

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L’amendement n° 123 rectifié est retiré.

Monsieur Levi, l’amendement n° 100 rectifié bis est-il maintenu ?

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L’amendement n° 100 rectifié bis est retiré.

L’amendement n° 76 rectifié bis, présenté par M. Gillé, Mme Préville, M. Montaugé, Mme Briquet, MM. Marie et J. Bigot, Mme Bonnefoy, M. Devinaz, Mme M. Filleul, MM. Houllegatte et Jacquin, Mmes Artigalas et Blatrix Contat, MM. Lurel et Mérillou, Mme Monier, MM. Redon-Sarrazy, Stanzione, Kanner et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Alinéa 34

Compléter cet alinéa par une phrase ainsi rédigée :

Une remise de ces observations et propositions peut être effectuée sous forme physique dans les maisons de services au public des territoires concernés ;

La parole est à Mme Angèle Préville.

Debut de section - PermalienPhoto de Angèle Préville

La commission a décidé, à cet article 2, de permettre que les observations et propositions du public sur l’enquête publique soient adressées non seulement par voie électronique, mais aussi par voie postale.

Nous souhaitons compléter ce dispositif en permettant la remise de ces observations et propositions sous forme physique, dans les maisons de service au public des territoires concernés. On pourrait ainsi inclure la population la plus large possible.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

Quel est l’avis de la commission de l’aménagement du territoire ?

Debut de section - PermalienPhoto de Fabien Genet

Nous sommes bien sûr sensibles à l’argument de notre collègue, comme nous l’avions été en commission sur l’amendement tendant à permettre la remise de ces observations et propositions par voie postale, que nous avons adopté de manière à permettre à ceux qui ont des difficultés à accéder aux services en ligne de faire valoir leurs arguments.

Toutefois, le dispositif initial permet déjà au commissaire enquêteur de définir les modalités de remise des observations et propositions.

Par ailleurs, si nous sommes tous très sensibles au rôle des maisons de service au public, la mention de celles-ci semble juridiquement assez imprécise, d’autant qu’elles sont souvent remplacées aujourd’hui par des espaces ayant reçu le label France Services.

Dès lors, au vu de cette imprécision et de la liberté laissée au commissaire enquêteur d’organiser les modalités de remise des observations, la commission a émis un avis défavorable sur cet amendement.

Debut de section - Permalien
Roland Lescure

Même avis, pour les mêmes raisons.

L ’ amendement n ’ est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L’amendement n° 77 rectifié bis, présenté par Mme Préville, M. Montaugé, Mme Briquet, MM. Marie et J. Bigot, Mme Bonnefoy, M. Devinaz, Mme M. Filleul, MM. Gillé, Houllegatte et Jacquin, Mmes Artigalas et Blatrix Contat, MM. Lurel et Mérillou, Mme Monier, MM. Redon-Sarrazy, Stanzione, Kanner et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Alinéa 39

Après le mot :

motivées

insérer les mots :

en précisant si elles sont favorables, favorables sous réserves ou défavorables au projet,

La parole est à Mme Angèle Préville.

Debut de section - PermalienPhoto de Angèle Préville

Cet amendement vise à préciser que l’avis du commissaire enquêteur doit exprimer clairement sa position sur le projet concerné.

En effet, la rédaction actuelle de l’article 2 n’apportant pas cette précision, il pourrait s’avérer difficile, à la lecture des conclusions de l’enquête, de déterminer clairement, rapidement et de façon transparente la position du commissaire enquêteur. Or il nous paraît essentiel que des non-spécialistes – je pense notamment au grand public – qui auraient pu participer activement à la phase de consultation préalable à la remise des conclusions du commissaire enquêteur puissent avoir accès instantanément à cette information, sans être obligés, comme c’est le cas parfois, de lire entre les lignes.

C’est pourquoi, dans l’esprit de la législation actuelle, le présent amendement tend à préciser que les conclusions du commissaire enquêteur devront explicitement préciser si elles sont dans l’ensemble favorables, favorables sous réserves, ou défavorables. On s’assurerait ainsi que l’administration tienne compte dans l’instruction du dossier d’un avis autre que favorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

Quel est l’avis de la commission de l’aménagement du territoire ?

Debut de section - PermalienPhoto de Fabien Genet

Dans le cadre de l’enquête publique, l’article L. 123-15 du code de l’environnement prévoit déjà que le commissaire enquêteur remet des « conclusions motivées ». En pratique, cette disposition amène le commissaire à émettre un avis sur le projet. L’article 2, à l’alinéa 39, dispose également que le commissaire enquêteur remet des « conclusions motivées » dans le cadre de la nouvelle procédure de participation du public.

Il me semble que l’expression « conclusions motivées » est suffisante. C’est pourquoi la commission a émis un avis défavorable sur cet amendement.

Debut de section - Permalien
Roland Lescure

Au-delà de l’argument pertinent du rapporteur pour avis, qui a rappelé que des « conclusions motivées » sont déjà prévues dans la loi, je précise que le règlement prévoit un avis du commissaire enquêteur. De ce fait, madame la sénatrice, votre amendement, dont je comprends la logique, est satisfait.

Je vous invite donc, au vu de l’absence de régression dans les dispositions nouvelles inscrites à l’article 2, à le retirer ; à défaut, l’avis du Gouvernement serait défavorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

La parole est à Mme Angèle Préville, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Angèle Préville

Je ne retirerai pas l’amendement, et je réitère mon interrogation : les « conclusions motivées » consisteront-elles à préciser clairement, comme je le demande, que l’avis du commissaire enquêteur est favorable, favorable sous réserves, ou défavorable ? Si tel n’est pas le cas, la lecture des conclusions peut s’avérer difficile.

L ’ amendement n ’ est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

Je suis saisi de trois amendements identiques.

L’amendement n° 46 rectifié est présenté par Mme Paoli-Gagin, MM. Capus, Guerriau et A. Marc, Mme Mélot et MM. Lagourgue, Grand, Chasseing, Wattebled, Malhuret, Decool et Menonville.

L’amendement n° 170 est présenté par Mme Micouleau, MM. Anglars et Belin, Mmes Bellurot, Belrhiti et Bonfanti-Dossat, MM. Bouchet, Brisson, Burgoa, Cambon et Charon, Mmes Dumont, Garriaud-Maylam, Gosselin et Imbert, MM. Karoutchi et Klinger, Mme Lherbier, MM. Mandelli, Mouiller et Panunzi, Mme Procaccia et MM. Savary, Segouin, Sol et C. Vial.

L’amendement n° 199 rectifié ter est présenté par MM. Marseille, Bonnecarrère, Folliot et Laugier, Mmes Herzog et Devésa, M. Levi, Mmes Létard, Vérien, Vermeillet et Billon, MM. S. Demilly, Détraigne et Moga, Mme Jacquemet, MM. Cigolotti et Canévet, Mmes Guidez et Gatel, MM. Janssens, Longeot et Lafon, Mme Perrot et MM. Kern, Henno, Cazabonne, Duffourg, L. Hervé, Le Nay et Capo-Canellas.

Ces trois amendements sont ainsi libellés :

Après l’alinéa 45

Insérer deux alinéas ainsi rédigés :

…° Le même article L. 181-17 est complété par un alinéa ainsi rédigé :

« Le délai de recours contentieux, fixé par décret en Conseil d’État, n’est pas prorogé par l’exercice d’un recours administratif. » ;

L’amendement n° 46 rectifié n’est pas soutenu.

La parole est à Mme Béatrice Gosselin, pour présenter l’amendement n° 170.

Debut de section - PermalienPhoto de Béatrice Gosselin

Par cet amendement, déposé par ma collègue Brigitte Micouleau, nous proposons de modifier les dispositions relatives au contentieux des autorisations environnementales en précisant que l’exercice d’un recours administratif ne pourra pas prolonger le délai ouvert pour le recours contentieux.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

La parole est à Mme Annick Billon, pour présenter l’amendement n° 199 rectifié ter.

Debut de section - PermalienPhoto de Annick Billon

Cet amendement a été déposé par Hervé Marseille, président du groupe Union Centriste. Il vise également à préciser que l’exercice d’un recours administratif ne vaut pas prolongation du délai ouvert pour le recours contentieux. Cette mesure contribuerait à réduire les retards liés au contentieux de ces autorisations environnementales, qui est en moyenne de deux mois.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

Quel est l’avis de la commission de l’aménagement du territoire ?

Debut de section - PermalienPhoto de Fabien Genet

La fixation du délai de recours contentieux relatif aux autorisations environnementales relève du domaine réglementaire et non du champ de la loi ; ce délai figure à l’article R. 181-50 du code de l’environnement. Il revient donc au Gouvernement de se prononcer sur cette proposition, en sachant qu’une disposition similaire a déjà été adoptée pour les projets d’énergies renouvelables, dans le décret du 29 octobre 2022.

Pour sa part, la commission appelle le Gouvernement à répondre favorablement à cette demande par voie réglementaire. En effet, le recours gracieux est parfois utilisé par des requérants comme un simple moyen de reporter de deux mois le délai de recours contentieux. Il convient donc certainement de limiter l’utilisation de cet outil contentieux pour prévenir les abus.

Au bénéfice de ces observations, je demanderai aux auteurs de ces amendements de bien vouloir les retirer, de manière à laisser au Gouvernement la possibilité d’exercer son pouvoir réglementaire en la matière.

Debut de section - Permalien
Roland Lescure

Je vous confirme que le Gouvernement est favorable, sur le principe, à de telles dispositions, qui relèvent bien de son pouvoir réglementaire. Des dispositions identiques ont déjà été prises dans les décrets d’application d’autres lois ; nous envisageons de le faire également pour l’application du présent projet de loi.

Le Gouvernement se joint donc à la demande de retrait exprimée par le rapporteur pour avis.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L’amendement n° 170 est retiré.

Madame Billon, l’amendement n° 199 rectifié ter est-il maintenu ?

Debut de section - PermalienPhoto de Annick Billon

Au vu des arguments de M. le rapporteur et de M. le ministre, puisque nous sommes d’accord sur les objectifs et qu’ils seront atteints, je le retire, monsieur le président.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L’amendement n° 199 rectifié ter est retiré.

Je suis saisi de six amendements faisant l’objet d’une discussion commune.

L’amendement n° 355 rectifié n’est pas soutenu.

L’amendement n° 58 rectifié bis, présenté par MM. Sautarel, Burgoa et Cambon, Mme Belrhiti, M. Panunzi, Mme Dumont, M. Reichardt, Mmes Goy-Chavent, Bellurot et Ventalon, MM. Tabarot et E. Blanc, Mme Gruny, MM. Brisson, Lefèvre, Meurant, Klinger, Mouiller, Pointereau, Gueret, Charon, Belin, Laménie, Anglars, Mandelli, Darnaud, Bascher, C. Vial et Bouchet, Mme Gosselin, MM. B. Fournier et Piednoir, Mme Borchio Fontimp et M. Rapin, est ainsi libellé :

Après l’alinéa 45

Insérer deux alinéas ainsi rédigés :

L’article L. 181-17 est complété par un alinéa ainsi rédigé :

« Lorsque le droit de former un recours contre une de ces décisions est mis en œuvre dans des conditions qui traduisent un comportement abusif de la part du requérant et qui causent un préjudice au bénéficiaire de l’autorisation, celui-ci peut demander, par un mémoire distinct, au juge administratif saisi du recours de condamner son auteur à lui verser des dommages et intérêts. La demande peut être présentée pour la première fois en appel. » ;

La parole est à Mme Béatrice Gosselin.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L’amendement n° 47 rectifié n’est pas soutenu.

Les trois amendements suivants sont identiques.

L’amendement n° 124 rectifié est présenté par Mme N. Delattre, MM. Artano, Roux, Fialaire, Guiol, Requier, Bilhac, Cabanel et Gold et Mme Guillotin.

L’amendement n° 169 rectifié est présenté par Mmes Micouleau, Bonfanti-Dossat, Garriaud-Maylam et Imbert, M. Karoutchi, Mmes Lherbier et Procaccia et MM. Savary, Segouin et Sol.

L’amendement n° 198 rectifié ter est présenté par MM. Marseille, Bonnecarrère et Folliot, Mme Herzog, M. Laugier, Mme Devésa, M. Levi, Mmes Létard, Vérien, Vermeillet et Billon, MM. Détraigne et S. Demilly, Mme Saint-Pé, M. Moga, Mme Jacquemet, MM. Janssens, Cigolotti et Canévet, Mmes Guidez et Gatel, MM. Longeot et Lafon, Mme Perrot et MM. Kern, Henno, Cazabonne, Duffourg, L. Hervé, Capo-Canellas et Le Nay.

Ces trois amendements sont ainsi libellés :

Après l’alinéa 45

Insérer deux alinéas ainsi rédigés :

…° La section 5 du chapitre unique du titre VIII du livre Ier du code de l’environnement est complétée par un article L. 181-18-… ainsi rédigé :

« Art. L. 181 -18 -…. – Lorsque le droit de former un recours contre une autorisation environnementale est mis en œuvre dans des conditions qui traduisent un comportement abusif de la part du requérant et qui causent un préjudice au bénéficiaire de l’autorisation, celui-ci peut demander, par un mémoire distinct, au juge administratif saisi du recours de condamner l’auteur de celui-ci à lui allouer des dommages et intérêts. La demande peut être présentée pour la première fois en appel. » ;

La parole est à M. Henri Cabanel, pour présenter l’amendement n° 124 rectifié.

Debut de section - PermalienPhoto de Henri Cabanel

Les recours contentieux sont l’une des principales sources de retard dans le développement des projets industriels et des projets d’énergies renouvelables. Si des mesures législatives et réglementaires peuvent permettre de réduire les délais de traitement des contentieux, il est également nécessaire de limiter à leur source les recours contentieux.

Nous proposons donc de sanctionner les recours abusifs, en nous inspirant de l’article 80 de la loi du 23 novembre 2018 portant évolution du logement, de l’aménagement et du numérique, dite loi Élan, concernant les contentieux en urbanisme.

En effet, dans des conditions qui traduisent un comportement abusif de la part du requérant et qui causent un préjudice au bénéficiaire du permis de construire, la loi Élan permet à ce dernier de demander, par un mémoire distinct, au juge administratif saisi du recours de condamner l’auteur de celui-ci à lui allouer des dommages et intérêts.

Cette mesure constituait l’une des propositions formulées par les pilotes pour le présent projet de loi. Ainsi, leur rapport note : « Certains porteurs de projets sont très inquiets des délais de contentieux possibles, dont la durée se compte en années et dépasse largement les durées de procédure, au point de renoncer purement et simplement aux projets qui font l’objet d’un contentieux sans en attendre l’issue. La durée des contentieux devient un critère déterminant pour les choix de pays d’implantation. » Ils insistent par conséquent sur la nécessité de prendre des « mesures permettant de rendre plus prévisible l’évolution des contentieux et d’en réduire partiellement la durée » afin de permettre à plus de projets d’industrie verte de s’installer en France.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L’amendement n° 169 rectifié n’est pas soutenu.

La parole est à Mme Annick Billon, pour présenter l’amendement n° 198 rectifié ter.

Debut de section - PermalienPhoto de Annick Billon

Ce nouvel amendement de M. Marseille a également pour objet de renforcer l’attractivité et la compétitivité de notre pays, ainsi que d’apporter une réponse aux enjeux climatiques.

Au-delà des délais liés aux contentieux, il convient également de limiter le risque de recours abusifs liés aux autorisations environnementales. La reconnaissance et la sanction des recours abusifs figurent déjà dans le code de l’urbanisme, à son article L. 600-7. Le bénéficiaire d’un permis de construire, d’aménager ou de démolir peut ainsi demander au juge administratif de condamner l’auteur d’un recours pour excès de pouvoir mis en œuvre dans des conditions qui traduisent un comportement abusif à lui allouer des dommages et intérêts.

Par le présent amendement, nous souhaitons étendre ce dispositif aux autorisations environnementales nécessaires à la réalisation d’un projet industriel.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

Quel est l’avis de la commission de l’aménagement du territoire ?

Debut de section - PermalienPhoto de Fabien Genet

M. Fabien Genet, rapporteur pour avis. Peut-être conviendrait-il, à cet instant de notre discussion, de relire Paul Éluard, selon lequel « il faut toujours abuser de sa liberté ».

Exclamations élogieuses sur les travées du groupe Les Républicains.

Debut de section - PermalienPhoto de Fabien Genet

Sans aller jusque-là, nous pourrions sans doute nous retrouver autour des arguments développés en justification de ces amendements. En effet, un certain nombre d’entreprises connaissent de telles préoccupations et souhaiteraient donc que soient limités les délais contentieux liés à des recours abusifs. D’ailleurs, nous avons déjà rappelé dans la discussion générale qu’une action pourrait être menée en la matière par le Gouvernement par son pouvoir réglementaire.

Néanmoins, la rédaction proposée nous semble difficile à mettre en œuvre. Certes, vous avez rappelé que cette possibilité existe en droit de l’urbanisme, à l’article L. 600-7 du code de l’urbanisme. Force est de constater pourtant que cette disposition est peu efficace : les condamnations sont particulièrement rares. Le caractère abusif du recours ainsi que l’existence d’un préjudice doivent être prouvés par le requérant ; en outre, le juge concilie cette disposition avec le principe constitutionnel du droit au recours effectif. Cette disposition semble par ailleurs ne pas avoir d’effet dissuasif sur les éventuels requérants abusifs. Une association qui dispose de moyens juridiques pour effectuer ce type de recours dispose aussi de moyens suffisants pour constater que le caractère abusif du recours est très difficile à prouver.

Dès lors, il ne me paraît pas judicieux de transposer dans le droit de l’environnement une disposition qui apparaît déjà inefficace dans le droit de l’urbanisme.

Je le répète, en matière de procédures contentieuses, il y a matière à se pencher sur les délais contentieux, dans le cadre des possibilités offertes au Gouvernement dans l’exercice de son pouvoir réglementaire.

Au vu de ces observations, la commission demande le retrait de l’ensemble de ces amendements.

Debut de section - Permalien
Roland Lescure

J’entends les arguments de M. le rapporteur pour avis. Je ne me permettrais pas de citer un poète, mais j’évoquerai un cinéaste, Billy Wilder, auteur de Sept Ans de réflexion. Sept ans, c’est la durée maximale qu’atteignent, trop souvent, ces recours dits « abusifs ».

Il faut reconnaître que les juges sont parfois frileux quand on leur demande de reconnaître le caractère abusif de ces recours. Il n’en reste pas moins que le Gouvernement est favorable à l’extension de ce dispositif. Ce serait un signal envoyé aux investisseurs, mais aussi, peut-être, à celles et à ceux qui ont parfois tendance à utiliser les possibilités de recours de manière abusive.

Enfin, ce serait aussi un signal adressé à l’administration pour qu’elle agisse un peu plus vite et un peu mieux. Nous pouvons évidemment examiner, avec le ministère de la justice, notre capacité collective à accélérer le traitement de ces contentieux.

Toujours est-il qu’il me paraît important que ces dispositions puissent figurer dans la loi. L’avis du Gouvernement sur ces amendements est donc favorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

La parole est à M. Stéphane Sautarel, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Stéphane Sautarel

N’ayant pas pu présenter l’amendement n° 58 rectifié bis, je veux exposer quelques arguments en sa faveur, tout en me réjouissant de la position favorable de M. le ministre à son égard.

Cette mesure, qui viendrait transcrire dans le droit de l’environnement ce que la loi Élan a inscrit dans le code de l’urbanisme, permettrait d’envoyer un signe aux investisseurs et de les rassurer. Certes, il conviendra d’être prudent dans son application et de s’assurer de sa bonne mise en œuvre, mais je veux m’adresser à notre rapporteur pour avis pour qu’il veuille bien nous permettre d’entreprendre cette expérimentation. Ainsi, un autre poète, René Char, nous invite à imposer notre chance…

Sourires.

Debut de section - PermalienPhoto de Fabien Genet

M. Fabien Genet, rapporteur pour avis. Et à aller vers notre risque !

Nouveaux sourires.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

La parole est à Mme Annick Billon, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Annick Billon

Sans vouloir abuser de notre liberté, nous entendons tout de même user de notre liberté d’amendement : au vu de l’avis favorable du Gouvernement, nous maintenons notre amendement.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

M. le président. Voilà bien des citations poétiques sur un sujet qui ne l’est pas vraiment…

Sourires.

L ’ amendement n ’ est pas adopté.

Les amendements ne sont pas adoptés.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

Je suis saisi de deux amendements faisant l’objet d’une discussion commune.

L’amendement n° 242, présenté par Mmes Cukierman et Varaillas, MM. Gay, Lahellec et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste, est ainsi libellé :

Alinéa 51

Après le mot :

environnementale

insérer les mots :

pour des projets situés sur des espaces en friche commerciale, industrielle ou militaire, au sens de l’article L. 111-26 du code de l’urbanisme,

La parole est à Mme Cécile Cukierman.

Debut de section - PermalienPhoto de Cécile Cukierman

Cet amendement vise à réserver les facilitations prévues à l’article 2 pour les procédures d’instruction aux friches, dans leur ensemble.

On recense 8 300 friches, qui représentent entre 90 000 et 150 000 hectares – la différence est presque du simple au double. Il convient donc d’achever leur recensement, mais aussi de proposer des mesures concrètes et incitatives, de manière à les résorber, dans une trajectoire fixée selon des objectifs de réussite.

Nous proposons d’y contribuer par cet amendement : cibler des sites industriels, militaires ou commerciaux est un moyen de favoriser une procédure plus rapide pour des projets qui s’installeraient dans des espaces déjà familiarisés avec des sites de production, où l’acceptation des riverains serait plus facile, voire majoritairement acquise, et où les enjeux environnementaux ont déjà été intégrés par les implantations précédentes.

Dans un texte censé être relatif à l’industrie verte, les aménagements apportés à la législation gagneraient à être plus vertueux et à mieux tenir compte de l’environnement. La relocalisation est indispensable pour retrouver une souveraineté, mais aussi, d’un point de vue écologique, pour réduire les transports, rapprocher les producteurs des consommateurs et – pourquoi pas ? – recycler des friches plutôt que de donner la prime à l’artificialisation. C’est ce que nous proposons de faire au travers de procédures d’instruction accélérées pour les projets situés sur des friches.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

L’amendement n° 241, présenté par Mmes Cukierman et Varaillas, MM. Gay, Lahellec et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste, est ainsi libellé :

Alinéa 51

Après le mot :

environnementale

insérer les mots :

pour des projets situés sur des espaces en friche commerciale, industrielle ou militaire, au sens de l’article L. 111-26 du code de l’urbanisme, depuis plus de dix ans,

La parole est à Mme Cécile Cukierman.

Debut de section - PermalienPhoto de Cécile Cukierman

Par cet amendement, qui pourrait être considéré comme un amendement de repli par rapport au précédent, nous proposons de concentrer les efforts sur les friches les plus anciennes.

Un enjeu nous occupe tous et nous occupera jusqu’à la fin de la session extraordinaire qui va s’ouvrir dans quelques jours : l’objectif de « zéro artificialisation nette » (ZAN) des sols. À nos yeux, nous manquons d’ailleurs toujours de soutien de la part du Gouvernement dans notre effort pour ne pas pénaliser les collectivités et redonner un sens positif à la transition écologique pour tous les territoires, quelles que soient leur strate, leur localisation et leur population.

Si nous voulons redynamiser nos territoires sans artificialiser davantage dans les dix ou vingt prochaines années, nous aurons besoin de nous appuyer sur l’utilisation des friches, en particulier des friches anciennes.

Nous proposons donc, dans cet amendement, de réserver les procédures accélérées aux projets qui s’implanteraient sur des friches anciennes. On offrirait ainsi un soutien intéressant aux porteurs, qui pourraient arbitrer le choix de leur implantation en tenant compte des coûts économisés par un démarrage plus rapide de leur activité rendu possible par le réemploi d’une friche et les délais d’instruction raccourcis.

Pour la collectivité, c’est également une économie de foncier supplémentaire, alors que celui-ci va se raréfier. Ce sera surtout un atout pour soutenir le développement économique de ces territoires.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

Quel est l’avis de la commission de l’aménagement du territoire ?

Debut de section - PermalienPhoto de Fabien Genet

Nous sommes d’accord – vous le savez très bien, ma chère collègue – quant à l’importance de la reconquête des friches industrielles. Pour autant, limiter l’application de l’article 2 à ces friches, ou aux plus anciennes d’entre elles, apparaît contraire à l’objectif plus global d’accélération de la réindustrialisation, qui exige de mobiliser l’ensemble des terrains disponibles et non pas seulement les friches.

Par ailleurs, les friches, en particulier les plus anciennes, sont souvent concentrées géographiquement autour des villes, ce qui peut susciter diverses difficultés, notamment logistiques, pour l’accueil de nouvelles industries.

Vos propositions, ma chère collègue, ne nous paraissent donc pas de nature à permettre l’accélération de la reconquête des friches, tout en limitant par trop le champ d’application de l’article 2.

C’est pourquoi, à regret, j’émets au nom de la commission un avis défavorable sur ces deux amendements.

Debut de section - Permalien
Roland Lescure

Même avis.

Madame la sénatrice, si l’on favorise les zones qui disposent de friches industrielles, on pénalise celles qui en sont dépourvues, ce qui serait contraire à l’égalité des territoires devant l’industrialisation.

Vous avez raison, il faut favoriser l’utilisation des friches. La Banque des territoires consacrera ainsi 1 milliard d’euros à la mise à niveau de 2 000 hectares de friches. En revanche, les délais d’instruction des procédures doivent être les mêmes pour tout le monde. Nous souhaitons accélérer la réindustrialisation de tous les territoires, qu’ils aient des friches ou non.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

La parole est à Mme Cécile Cukierman, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Cécile Cukierman

Monsieur le ministre, je crois que nous n’avons pas la même définition de l’égalité des territoires ! Un territoire ne s’aménage pas en un an, ni loi après loi ! Si l’on permet à tous les projets de bénéficier de l’accélération des procédures, on va faciliter la réindustrialisation de certains territoires, mais on laissera en l’état des friches et des verrues à d’autres endroits, et pas seulement en zone urbaine.

Pendant plus de dix ans, j’ai participé à la gestion des fonds européens dans le Massif central : les vingt-deux départements qui le composent ne sont, si l’on omet les grandes préfectures, guère urbanisés ; or ils abritent de nombreux terrains en friche ou laissés à l’abandon, pour de multiples raisons – décès du propriétaire, spéculation, pollution, etc. Ces vieux territoires industriels, qui ont fait la grandeur de la France, risquent, si nous ne faisons rien, d’être les grands oubliés de la réindustrialisation.

Il convient de définir des trajectoires, et non simplement de fixer des objectifs quantifiés à l’horizon d’un an ou deux. Il est urgent de réindustrialiser, mais veillons à ne pas aggraver les différences entre les territoires.

Je ne souhaiterais pas que le département de la Loire soit le cocu de cette réforme – pardonnez-moi d’utiliser cette expression, mais je m’exprime avec passion. Ce département doit faire face aux difficultés liées à son passé industriel et n’est pas en mesure d’accueillir, du moins pas autant que d’autres territoires, des industries immédiatement dans le cadre du plan en faveur de l’industrie verte. La question des friches doit être résolue, sinon ce département finira par se replier sur lui-même, subissant les effets de la désindustrialisation, tout en étant, en application du ZAN, dans l’incapacité de procéder à des aménagements.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

La parole est à Mme Sophie Primas, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Sophie Primas

Je suis très sensible au discours de Cécile Cukierman. Nous avons tous des friches dans nos territoires.

Comme me le faisait remarquer mon collègue Louis-Jean de Nicolaÿ, il est plus coûteux, pour une entreprise, de s’installer dans une friche qu’ailleurs. Il ne serait donc pas illégitime que, pour compenser, l’implantation puisse être plus rapide.

L’État aide beaucoup les collectivités par le biais du fonds friches, qui dépend du fonds vert. Je suis inquiète, car ce dernier a été amputé cette année de 1 milliard d’euros, sur les 2 milliards d’euros dont il disposait, pour compenser le manque à gagner des départements dû à la suppression de la moitié la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE). Cette dernière doit disparaître intégralement en 2024. Si vous procédez à une nouvelle ponction de 1 milliard l’année prochaine, le fonds vert sera asséché et ne pourra plus financer le fonds friches.

Enfin, j’ai bien entendu l’explication de notre rapporteur sur l’amendement n° 242. La rédaction proposée est réductrice et aboutit à restreindre le champ d’application de l’article 2. Pour y remédier, je vous propose de le rectifier pour que les dérogations prévues par l’article 2 puissent valoir pour tous les projets d’implantation industrielle sur des friches, qu’il s’agisse d’industrie verte ou non.

Je propose ainsi de rectifier l’amendement n° 242 pour insérer, à l’alinéa 51, après le mot : « environnementale », les mots : « et pour tous les projets situés sur des espaces en friche commerciale, industrielle ou militaire, au sens de l’article L. 111-26 du code de l’urbanisme, ».

Debut de section - PermalienPhoto de Fabien Genet

Nous sommes d’accord sur l’importance de reconquérir les friches industrielles, d’autant plus qu’elles représentent une source de foncier disponible dans le cadre de la mise en œuvre du ZAN – mais ne rouvrons pas le débat sur ce point.

L’amendement n° 242 porte sur l’alinéa 51. Celui-ci est ainsi rédigé : « Le présent article s’applique aux demandes d’autorisation environnementale déposées à compter d’une date fixée par décret, et au plus tard un an après la publication de la présente loi. » Cela signifie que l’article 2 s’applique à l’ensemble des projets. Il est donc superfétatoire de préciser qu’il concerne les friches. Tout projet d’implantation sur une friche bénéficiera de la nouvelle procédure, peu importe la nature de l’industrie.

Mme Sophie Primas acquiesce.

Debut de section - Permalien
Roland Lescure

Je suis, moi aussi, très sensible à vos arguments, madame Cukierman. Nous devons « mettre le paquet » pour réindustrialiser les vieux départements industriels. Le changement de mentalité auquel j’appelais dans mon intervention en discussion générale a déjà eu lieu dans ces territoires. J’y insiste, nous sommes très attachés à la revitalisation des friches, mais votre proposition n’est pas la meilleure manière d’y arriver.

Madame Primas, le fonds friches fait partie du fonds vert, mais les fonds consacrés aux friches doivent rester destinés à la revitalisation de celles-ci.

La Banque des territoires a pour mission de mettre en valeur le foncier, en lien avec les collectivités territoriales. Elle souhaite consacrer 1 milliard d’euros à la revitalisation des friches. Votre priorité, madame la sénatrice, est donc aussi la nôtre. Simplement, ces amendements ne sont pas la meilleure manière pour atteindre l’objectif.

Quant à la rectification proposée par Mme Primas, elle est déjà satisfaite par la rédaction de l’article 2. Restons-en à la rédaction initiale. Il est important de tout faire pour revitaliser les friches. Je note d’ailleurs que, avec la mise en œuvre du fameux ZAN, elles auront plus de valeur que jamais aux yeux des porteurs de projets.

Debut de section - PermalienPhoto de Cécile Cukierman

Je retire mes amendements, monsieur le président !

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

Les amendements n° 242 et 241 sont retirés.

La parole est à M. Daniel Salmon, pour explication de vote sur l’article.

Debut de section - PermalienPhoto de Daniel Salmon

Mon groupe votera contre cet article.

La procédure d’instruction d’une demande d’autorisation environnementale en vigueur actuellement obéit à une certaine logique et n’est pas le fruit du hasard : l’instruction administrative précède la consultation du public, de telle sorte que ce dernier se prononce de manière éclairée. Si l’on adopte la « parallélisation » de ces phases, le public sera consulté alors que l’instruction sera en cours. C’est un problème.

En outre, faute d’une définition précise de la notion d’« industrie verte », le champ de l’article est beaucoup trop large, puisqu’il inclut tous les projets industriels, verts ou non. C’est donc contraire à l’objet du texte.

Quant à la durée des procédures, elle peut résulter des contentieux, évidemment, mais elle est aussi due souvent au manque de moyens des services de l’État pour procéder à l’instruction des dossiers, mais nous reviendrons sur ce point lors de l’examen du projet de loi de finances…

L ’ article 2 est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

Mes chers collègues, nous allons maintenant interrompre nos travaux ; nous les reprendrons à vingt et une heures quarante.

La séance est suspendue.

La séance, suspendue à vingt heures dix, est reprise à vingt-et-une heures quarante, sous la présidence de Mme Pascale Gruny.

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